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Aquatastique

Bien qu’Hermès eût terminé la distribution des invitations au mariage de Zeus et d’Héra la veille, il emmena Méduse pour sa tournée de livraison de courrier en chemin vers le mont Olympe. Elle l’aida à lancer les paquets et les rouleaux, non par gentillesse, bien entendu, mais pour faire avancer les choses. Il était midi lorsqu’ils arrivèrent enfin à l’AMO. Elle n’avait pas pris de petit déjeuner et elle était affamée.

L’Académie apparut, juste après qu’ils eurent traversé une épaisse couche de nuages blancs. Elle brillait au soleil sur la cime de la plus haute montagne de la Grèce. Entièrement construite en marbre blanc poli, l’Académie s’élevait sur cinq étages et était entourée de toutes parts de dizaines de colonnes ioniques. Des bas-reliefs étaient sculptés juste sous le toit pointu. Le bâtiment était si magnifique que parfois elle arrivait à peine à croire qu’elle fréquentait vraiment cette école. Elle espérait simplement qu’il n’arriverait rien qui l’obligerait à retourner à la maison !

Les ailes puissantes battirent plus lentement pendant qu’ils tournaient autour de l’école.

— Prochain arrêt : l’Académie du mont Olympe, grommela Hermès. On dirait… Zeu… train d’… annon…

Le vent emportait ses mots de sorte que Méduse n’arrivait pas à comprendre tout ce qu’il disait.

Mais lorsqu’ils atterrirent, elle vit le directeur Zeus debout dans la cour entouré d’une foule. Le héraut de l’école se tenait à son côté, ce qui signifiait que le directeur était sur le point de faire une annonce officielle.

S’arrêtant deux secondes à peine, Hermès fit basculer le char juste assez pour que Méduse puisse soit sauter, soit tomber. Elle sauta. Et par miracle, elle réussit à ne pas laisser tomber ses rouleaux de BD.

— Il n’y a pas de quoi ! lui cria-t-elle alors qu’il s’envolait sans un remerciement pour l’aide qu’elle lui avait apportée pour distribuer le courrier.

Il se contenta d’agiter la main joyeusement, ne semblant pas se rendre compte qu’elle était fâchée.

Le char ailé d’Hermès attirait toujours beaucoup d’attention ; les têtes se retournèrent donc de son côté lorsque les ailes battirent pour s’envoler. Quelqu’un avait-il entendu parler de l’incident du vol à l’étalage ? se demanda Méduse. « Incident » était le mot qu’Aphrodite utilisait pour tout problème important qu’elle causait par accident, comme la guerre de Troie. Voler à l’étalage n’était pas aussi mal que cela, mais tout de même. Et parlant d’Aphrodite, elle et ses trois amies, Athéna, Perséphone et Artémis se tenaient ensemble dans la foule qui entourait Zeus.

Méduse vit également Pheme, son ancienne compagne de chambre et seule soi-disant amie à l’école. À titre de déesse des rumeurs, elle saurait certainement s’il y en avait qui circulaient au sujet du vol à l’étalage. Tenant toujours ses rouleaux de BD bien serré sur la poitrine, Méduse se dirigea vers elle.

— As-tu entendu des rumeurs, dernièrement ? lui demanda-t-elle en guise de salutation.

Les yeux de Pheme étaient rivés sur Zeus comme si elle avait peur de manquer le début de son annonce si excitante.

— Chut, dit-elle, tout en secouant la tête en signe de dénégation.

Soulagée, Méduse porta son attention sur le héraut, qui demandait le silence avant de commencer à parler.

— Puisque le nombre sept porte chance, la tradition veut qu’un marié immortel choisisse sept garçons d’honneur pour son mariage. Aujourd’hui, le directeur Zeus, roi des dieux et maître des cieux, est ici devant vous pour les nommer. Alors, sans plus de cérémonie, voici… le directeur Zeus !

Sans plus de cérémonie ? pensa Méduse. Qui utilisait cette expression ? Personne sauf le pompeux héraut de l’AMO, à ce qu’elle sache. Tout le monde se mit à applaudir lorsque Zeus s’avança pour s’adresser à la foule. Déroulant son papyrus, il commença à lire ce qui y était écrit de sa voix aussi forte que le tonnerre qui le caractérisait.

— J’ai choisi mes sept garçons d’honneur chanceux parmi les élèves de l’AMO en fonction de leur réussite scolaire, de leur sens artistique, de leur force, de leur musicalité, de leur héroïsme et de bien d’autres facteurs. Félicitations à Apollon, Arès, Dionysos, Éros, Hadès, Héraclès et Poséidon.

Comme les acclamations se mirent à fuser pour les jeunes immortels et mortels honorés, les yeux verts de Méduse se fixèrent sur Poséidon. Habillé d’une tunique turquoise, il était encore plus mignon que d’habitude !

— Et comme c’est aussi la tradition lors des mariages entre immortels, poursuivit Zeus, ces garçons d’honneur choisiront les sept demoiselles d’honneur d’Héra. J’ordonne donc à chacun des sept garçons de tenir un concours pour choisir sa partenaire parmi les élèves de l’AMO et les filles des honorables invités qui viendront nous rendre visite pour le mariage.

Les oreilles de Méduse se dressèrent. Après des années à se languir de Poséidon, cela pourrait bien être sa chance. Peu importe le concours qu’il choisirait, elle allait le gagner !

Une fois son discours terminé, Zeus partit, et les élèves se dirigèrent vers la cafétéria. Certains des garçons d’honneur choisis tinrent rapidement des concours idiots pour choisir leur demoiselle d’honneur sur-le-champ, pendant que tous marchaient ensemble.

Arès fut le premier.

— La gagnante de mon concours de demoiselle d’honneur, lança-t-il à la foule, sera la première déesse dont je croiserai le regard et dont le nom comporte neuf lettres, commence par un A et se termine par un E. Et nous avons une gagnante ! dit-il en jetant un coup d’œil à Aphrodite, dont il tenait déjà la main.

Elle sourit, ce qui la fit paraître encore plus belle, si c’était encore possible. « Comme d’habitude, pensa Méduse. La beauté et l’immortalité d’Aphrodite font en sorte que tout fonctionne à merveille pour elle. Grrrr. Pas juste ! »

Puis ce fut le tour d’Héraclès.

— Je vais choisir la première fille qui peut trouver le mot le plus long et le mot le plus court n’ayant jamais existé.

Il y eut un moment de silence pendant que chacun tentait de trouver les deux mots. Cette devinette était presque aussi bonne que celles que Python lui avait demandées lors des Jeux olympiques !

Athéna répondit immédiatement, bien entendu.

— Le plus long est hippopotomonstrosesquipédaliophobie, qui est la peur des mots trop longs. Et quant au plus court, eh bien, il existe quelques mots d’une seule lettre tels qu’« y ». Mais comme il s’agit de la dernière des voyelles de l’alphabet, je dirais que le mot le plus court est « a », la première voyelle de l’alphabet.

Lorsqu’Héraclès la déclara gagnante, elle parut enchantée. Et soulagée. Tout le monde s’imaginait bien qu’elle aurait en effet voulu être demoiselle d’honneur au mariage de son propre père ! On aurait pu penser que Zeus s’en serait rendu compte par lui-même. Était-il possible que Zeus fût aussi ignorant de ces choses-là que son propre père ? se demanda Méduse. Au moins, Zeus, lui, ne parlait pas en grognant.

Hadès fut le suivant à tenir son concours, posant une question sur les fleurs qui poussaient aux Enfers. C’était une question à laquelle seule Perséphone pouvait répondre. Et naturellement, elle gagna. Mais Méduse ne faisait pas trop attention. Elle était occupée à ne pas perdre Poséidon de vue. Lorsqu’il annoncerait son concours, elle se précipiterait. Et elle gagnerait !

Une vision dansait derrière ses yeux : elle-même, habillée en demoiselle d’honneur, tenant un joli bouquet de fleurs alors qu’elle avançait à son bras lors de la procession de la fin de semaine suivante. Lorsqu’ils atteignirent tous la cafétéria, seuls quatre jeunes dieux, Apollon, Dionysos, Éros et Poséidon, n’avaient pas encore annoncé leur concours et n’avaient toujours pas de partenaire.

Toutefois, dans la file d’attente, Apollon emprunta un bol en forme de casque de l’une des préposées à la cafétéria.

— Que celles qui veulent m’accompagner au mariage déposent leur nom dans ce bol ! lança-t-il à la volée pendant que chacun attendait de prendre son repas.

Présumant que Poséidon n’annoncerait probablement pas son concours tant qu’Apollon n’aurait pas de partenaire, Méduse s’éclipsa dans sa chambre et rangea ses rouleaux de BD et les sacs de pièces de monsieur Dolos dans son placard.

Lorsqu’elle revint à la cafétéria quelques minutes plus tard, le concours d’Apollon était toujours en cours. Le bol circulait encore de table en table lorsqu’elle s’assit pour manger avec ses sœurs. Lorsqu’il arriva à elle, elle vit Arès dire quelque chose à Apollon et faire un geste en sa direction. Apollon lui jeta un coup d’œil alarmé. Elle fit un sourire méchant, certaine qu’il était inquiet qu’elle puisse devenir sa demoiselle d’honneur. Devait-elle déposer son nom, juste pour rire ? Non, elle ne voulait pas courir le risque qu’il soit tiré. Alors, elle écrivit le nom d’Arès à la place, pensant que ce serait bien drôle si Apollon pigeait le nom d’un garçon. Ha ! Ha ! Ha !

Le bol-casque revint enfin à Apollon après être passé par les mains de toutes les filles. Enroulant son bras gauche autour, il se leva et d’un geste théâtral, il ferma les yeux et plongea la main droite dans les bouts de papyrus pliés. Il en tira un et lut le nom qui y était écrit :

— Cassandre !

Une fille aux longs cheveux blond roux ondulés se leva.

— J’avais le pressentiment que tu allais me choisir ! lui lança-t-elle en riant.

— Ouais, c’est ça, marmonna Méduse.

Elle ne croyait pas cette fille une seconde, et elle ne serait pas surprise d’apprendre que les autres ne la croyaient pas non plus.

— Qui est-elle ? demanda-t-elle.

Des murmures se répandirent dans la cafétéria alors que tout le monde se posait la même question.

Quelques instants plus tard, Pheme arriva à la table des triplettes à pas furtifs.

— On dit qu’elle est la fille de l’un des rois en visite pour le mariage, leur dit-elle sans prendre le temps de respirer.

Puis elle fila vers une autre table pour répandre l’information avant que quelqu’un d’autre le fasse. Se rappelant les centaines d’invitations qu’elle avait distribuées avec Hermès, Méduse savait que beaucoup de dignitaires avaient été invités à l’AMO avec leurs familles pour les célébrations de la semaine et la cérémonie du mariage.

Après le déjeuner, Éros prit le bol et invita toutes les filles qui voulaient devenir sa demoiselle d’honneur à le suivre jusqu’au champ de tir du terrain de sports. La cafétéria se vida alors que tous s’y rendirent pour voir ce qui se passerait. Une fois qu’ils y furent tous réunis, Éros demanda aux filles de prendre les papyrus du casque d’Apollon et de les épingler sur une cible qu’il venait d’installer. Lorsque tout fut prêt, Éros visa et tira une flèche d’amour à 50 pas de distance de la cible.

— Pheme ! annonça-t-il en lisant le papyrus que sa flèche avait percé.

Lorsque Pheme couina de joie, un nuage de fumée s’échappa de ses lèvres et forma un nuage en forme de cœur au-dessus de sa tête.

Il ne restait plus que Dionysos et Poséidon. Puisque Méduse ne s’intéressait qu’à Poséidon, elle remarqua à peine que Dionysos annonçait son concours en mettant son bandeau « L’amour est aveugle », le même que lorsqu’il avait dansé avec elle lors de la semaine des Héros.

Après qu’Apollon l’eut fait tourner sur lui-même quelques fois, Dionysos se dirigea à l’aveuglette vers la fille la plus près. Et il se trouvait que c’était Méduse ! Pardieu ! Pas encore ! Elle fit un bond de côté pour l’éviter et il finit par toucher la mortelle qui se trouvait derrière elle.

— Elle s’appelle Ariadne. Elle est la fille du roi Minos de Crète, entendit-elle Pheme annoncer à quiconque voulait l’entendre.

Ariadne parut absolument ravie d’avoir été choisie. Méduse ressentit une petite pointe de regret, mais elle la chassa. Elle avait jeté son dévolu sur Poséidon !

Tous les yeux se tournèrent vers lui, maintenant qu’il était le seul garçon d’honneur qui n’eût pas encore choisi celle qui l’accompagnerait. Méduse retint son souffle pendant qu’il annonçait enfin son concours.

— Puisque je suis le jeune dieu de la mer, je tiendrai une compétition de natation samedi prochain dans la piscine du centre sportif. La gagnante aura l’honneur d’être ma partenaire au mariage du directeur Zeus le dimanche.

« Une compétition de natation ? Comme c’est aquatastique… euh fantastique ! » pensa Méduse. Ayant vécu sur la côte de la mer Égée avec un monstre marin et un cochon de mer pour parents, elle avait appris à nager avant même de pouvoir marcher. Elle avait une réelle chance de gagner cette compétition !

Du coin de l’œil, elle jeta un regard à Pandore, qui avait l’air consternée. Elles avaient eu le cours de gym-ologie ensemble l’année précédente, de sorte que Méduse savait que Pandore ne nageait pas très bien. Si Poséidon avait voulu que Pandore gagne, il aurait choisi un concours qui aurait été facile pour elle, n’est-ce pas ? Peut-être quelque chose comme « Posez 20 questions ». Et qu’il ne l’ait pas fait signifiait sans doute qu’il n’avait pas le béguin pour elle, après tout.

— Suivez-moi si vous voulez vous inscrire à ma compétition, lança Poséidon.

Tout excitée, Méduse se joignit à la foule de filles qui le suivaient à la trace lorsqu’il quitta le champ de tir à l’arc. Les filles firent la queue pendant qu’il épinglait une feuille d’inscription sur le babillard du gymnase. Mais il ne resta pas là. Arès et d’autres jeunes dieux l’avaient invité à venir jouer une partie de lancer du disque sur l’un des terrains de sport à l’extérieur.

Même si elle voulait bousculer toutes les filles qui étaient devant elle pour signer son nom en premier, Méduse se retint. Ce n’est que lorsque la dernière fille fut partie et que la voie fut libre qu’elle approcha le babillard. Fronçant les sourcils, elle examina les noms de ses compétitrices. Elle pouvait facilement battre les mortelles. Mais beaucoup des filles qui avaient signé étaient des immortelles aux pouvoirs magiques. Quelle chance une mortelle comme elle avait-elle contre des filles qui pouvaient se servir de leur magie pendant la course ? La seule manière d’avoir sa chance serait d’être immortelle elle-même ! Hum.

Après avoir signé son nom rapidement, elle fila vers sa chambre. Elle attrapa le bon de commande du collier d’immortalisation partiellement rempli sur son bureau et finit de le remplir. Puis elle prit les deux sacs d’argent de son placard. Elle mit les 30 drachmes que monsieur Dolos lui avait données dans un seul sac, y mit le bon de commande et le referma bien serré. Enfin, elle écrivit l’adresse de livraison sur le sac et le posa sur le rebord de sa fenêtre.

Hésitant, elle fixa le sac pendant une minute. Et si elle faisait une bêtise ? Son esprit lui disait qu’il était impossible que le collier fonctionne. Mais dans son cœur, elle se mourait de devenir immortelle. Elle décida de passer outre à la raison. Il fallait que son plan parfait fonctionne !

Quelques minutes après, une brise magique se fit sentir. Les quatre vents et leurs brises livraient la plus grande partie du courrier de l’AMO. Mais lorsque cette brise tenta en vain de soulever le sac, elle appela du renfort.

Ce sac est trop lourd pour une simple brise

Vents de grande force, venez à ma rescousse. Avant que je ne me brise !

Lorsque les mots de la brise s’évanouirent, une rafale beaucoup plus forte arriva et se joignit à elle. Levant facilement le sac ensemble, les deux vents l’emportèrent.

Méduse se laissa tomber sur son lit, se sentant remplie d’espoir et d’excitation. Se tournant de côté, elle se souleva sur un coude et posa son menton sur la paume de sa main, rêvassant en regardant son babillard consacré à Poséidon. Elle s’imaginait que la semaine suivante son bouquet de demoiselle d’honneur pourrait bien y trouver sa place aussi. Et il y aurait peut-être aussi une image de tous les participants au mariage. Une image sur laquelle elle était habillée pour la circonstance, sa main posée sur le bras de Poséidon !

Les images du mariage de Zeus et d’Héra paraîtraient certainement un peu partout. Y compris sur la première page de la revue Adozine et de La Presse de Grèce. Même ses parents ne pourraient s’empêcher d’être fiers qu’elle soit demoiselle d’honneur pour le roi des dieux ! Ils accrocheraient probablement cette image dans leur maison. Et encore mieux, tous les enfants qui avaient été méchants avec elle lorsqu’elle était petite la verraient et sauraient qu’elle avait vraiment réussi à l’AMO !

Une envie soudaine de dessiner s’empara d’elle. Elle sortit les rouleaux de BD qu’elle avait rangés dans son placard. Lorsqu’elle eut trouvé un rouleau qui était presque vierge, elle posa sa plume sur le papyrus :

La reine de la haine (épisode no 24)

La meilleure demoiselle d’honneur de tous les temps !

— Dans l’épisode d’aujourd’hui, murmura-t-elle pendant qu’elle dessinait rapidement un serpent à l’œil mauvais qui se mordait la queue, le vilain serpent Ouroboros s’avance pour tenter de ruiner le mariage de Zeus.

Elle dessina ensuite deux personnages bâtons tournant de l’œil de terreur.

— Zeus et Héra s’évanouissent de peur à la vue du serpent, continua-t-elle. Tout le monde s’enfuit en courant, y compris tous les jeunes dieux. Sautant sur les pieds, la reine de la haine en appelle à sa magie de recouvrement en criant « Gorgonzola ! »

Et pendant que Méduse dessinait un personnage bâton de la reine de la haine tenant un fromage puant d’une main et un bouquet de fleurs de l’autre, elle dit :

— En un éclair, la reine lance son bouquet de demoiselle d’honneur à Poséidon pour qu’il le tienne pour elle, et elle file à la rescousse de Zeus ! Prisonnier dans la gueule du serpent gigantesque, qui avait alors lâché sa queue pour s’en prendre à lui, le directeur est terrifié.

Et en quelques coups de plume rapides, elle dessina un Zeus apeuré aux yeux exorbités.

Puis elle dessina quatre déesses jointes aux hanches comme une guirlande de poupées de papier découpées. Sous elles, elle fit une longue ligne sinueuse représentant de l’eau.

— Au même moment, Athéna, Aphrodite, Perséphone et Artémis trébuchent et tombent dans le bassin, ruinant leurs chitons et leurs coiffures. « Au secours ! crient-elles. Arrrgh ! »

Méduse sourit d’un air mauvais pendant qu’elle dessinait leurs visages aux yeux effrayés, leurs cheveux en désordre et leurs chitons dégoulinants.

Tout en écrivant et en dessinant, elle grignotait des bretzels d’ambroisie séchée. De temps en temps, elle en lançait une poignée dans les airs, et ses serpents les attrapaient avec entrain, puis les avalaient d’un coup.

Puis elle termina son histoire.

— Enfin ! La reine de la haine a raison du scélérat et bannit le serpent. Zeus est si reconnaissant qu’il promet de la changer en déesse de… en déesse de ce qui lui plaira, continua-t-elle, comme elle ne savait pas quoi écrire.

» Puis, Poséidon lui rend son bouquet et lui dit : « Avec ton regard ultra pétrifiant et ton fromage magique, tu réussis toujours à prendre la situation en main. Tu es extraordinaire, reine de la haine ! »

» Ensuite, continua-t-elle, les quatre déesses les plus populaires de l’AMO lui donnent un collier portant une breloque ADS tout comme les leurs et la supplient de devenir leur amie. Elle acquiesce humblement et devient instantanément populaire elle aussi. Fin.

Relisant sa BD, Méduse rigolait. C’était un chef-d’œuvre !