CHAPITRE IV

New Washington.

Ou peut-être devrais-je dire « New New Washington » tant la physionomie de la ville a changé, depuis que je l’ai quittée, il y a quatre ans.

Elle s’est étalée, en flaque d’huile, sur toute sa périphérie, comme font la plupart des mégalopoles au point d’en pousser quelques-uns à prédire que d’ici un siècle ou deux, elles auront envahi la totalité du pays, confondu leurs faubourgs tentaculaires, et ne composeront plus qu’une seule ville super-géante, à l’échelle du continent.

Prédiction vaine – au train où vont les prédictions – car tant de choses peuvent intervenir, en un ou deux siècles, que nul ne possède les moyens de prévoir aujourd’hui !

Elle s’est transformée, aussi, la nouvelle « Nouvelle Washington », de mille et une façons qui n’apparaissent pas toutes au premier regard. « Réhabilités », je l’ai dit, les anciens « Quartiers Balkanisés » se sont refondus harmonieusement dans l’ensemble. Et l’évolution quasi quotidienne des techniques de pointe convertit peu à peu la ville en une seule immense machine dont tous les rouages dépendront, bientôt, d’un ordinateur central omniscient et omniprésent.

Les bons vieux robots-éboueurs, par exemple, qui ont joué un si grand rôle dans la fin de mon enfance (2), ont disparu de la circulation. Tous les déchets de la civilisation urbaine, liquides ou solides, organiques ou industriels, descendent directement, par les conduits d’évacuation et les vide-ordures, jusqu’aux super-égouts automatisés où ils sont triés, traités, acheminés, selon leur nature, vers des unités de transformation ou de recyclage. Dans ces canalisations souterraines, travaillent encore des hommes. À l’entretien et à la maintenance. Mais le jour est proche où toutes ces fonctions digestives de la ville pourront être automatiques.

Assis auprès de Bob Wharton, dans la petite quatre-places à « pile », je rêve un instant devant la statue monumentale d’Abraham Lincoln, enchâssée dans sa carapace protectrice de matière plastique translucide antiréfraction. Ça ne devait pas être un rigolo, le père Machin, mais tout de même :

— Le premier antiesclavagiste, hein, Bob ?

Il élude, prudent :

— Je ne suis pas tellement au courant de l’histoire ancienne.

Sacré colonel ! Un gars bien… pour un hachis. Rectification : un gars bien, tout court. Sans restriction d’aucune sorte. Il fallait ça pour qu’on puisse faire équipe. Parce que c’est une drôle de performance – pour un hachis – que de surmonter l’endoctrinement, le véritable lavage de cerveau encaissé durant ses années de formation, au point de pouvoir admettre que ceux des maquis, des U.P., des F.A., sont aussi des hommes et des femmes, bref des citoyens à part entière et pas les rebuts d’humanité, les erreurs de la nature annoncés à l’extérieur. Absolument pas des sous-merdes qu’on peut et qu’on doit écraser, pour la plus grande gloire du régime !

Mais quand on vous a, durant des années, martelé le contraire au plus profond des neurones…

— Ça va, Bob ?

— Ça va, Chris ! Il faut me laisser le temps de recâbler mes circuits, c’est tout ! De reprogrammer complètement mes banques de données !

Courageux de sa part que de reconnaître ainsi, par la bande, le côté robotisé du corps d’élite des Hughes-Jugend. Corollairement, je peux reconnaître qu’il n’y a pas si longtemps, la possibilité d’une telle amitié, avec un colonel de hachis, m’aurait paru monstrueusement impossible. J’ai doublé ce cap. Mais moi, je suis moi. Surdoué, comme ils disent ? Par rapport à quelles normes arbitrairement fixées ? Disons plutôt : pas trop con. Et surtout doté de facultés d’adaptation et de réajustement psychologique supérieures à la moyenne. Facultés que Bob Wharton partage, semble-t-il. Mais comme il l’a souligné lui-même, ça ne s’improvise pas, ce genre de truc. Pas du jour au lendemain. Il faut laisser au temps le soin d’arrondir les angles et de clarifier les choses…

Et d’étendre, dans une seconde phase – la plus longue, la plus difficile – cette compréhension réciproque à l’ensemble des hachis comme à l’ensemble des gars d’en face ! Le genre de restructuration des esprits qui n’a aucune chance de s’accomplir en un jour.

Si elle doit s’accomplir un jour !

La graine est semée, c’est sûr, mais le champ est vaste. Et les mauvaises herbes, toujours promptes à rejaillir. Les mauvaises herbes. Celles qui doivent être éliminées, coûte que coûte, si l’on ne veut pas qu’elles empêchent les bonnes de prospérer ! J’en frémis intérieurement, des pieds à la tête. Les bonnes et les mauvaises herbes. Définies par quel jardinier ? Attention, Chris Boyd ! Attention de ne pas sombrer, à ton tour, dans cet esprit de destruction systématique de tout ce qui s’oppose à tes volontés, de tout ce qui est contraire à tes vues. Le style de « vision tunnel » qui produit les personnages du type Cornell Hughes !

J’essaie, pour échapper à ces pensées perturbatrices, de me concentrer sur l’image infiniment plus encourageante de la tournée d’inspection que nous venons d’effectuer, Bob Wharton et moi, dans les nouvelles « Communautés de Travailleurs Libres » de la ceinture industrielle de New Washington.

La première tournée « mixte », en quelque sorte, j’entends par là composée d’un hachis et d’un maquisard. En attendant de généraliser le système et de pouvoir parler d’anciens hachis et d’anciens maquisards. Réunis, sous la même bannière, par le même idéal d’évolution méthodique vers des conditions sociales équitables. Un équilibre appuyé sur des réalisations concrètes qui rendront, progressivement, nos interventions et jusqu’à notre existence inutiles…

Pas demain la veille ?

Sans doute.

Quoique pour le moment, tout soit tranquille dans les « Usines-Prisons » reconverties… Mais naturellement, même les « mauvaises herbes » ne repoussent pas en un jour. Il leur faut, à elles aussi, un peu de temps pour germer et proliférer. Et qui sait, sous ce calme apparent, peuvent couver quelles tempêtes ?

Parlant de tempêtes, ce n’est pas une, mais deux qui m’attendent, à mon retour à la Maison-Blanche, dans le bureau de Cornell Hughes. Ils avaient l’habitude, au XXe siècle, d’affubler de prénoms féminins les typhons, ouragans, cyclones qui désolaient, périodiquement, certaines régions du globe. Ces deux-là s’appellent Maud. Et Jennifer. Jennifer, la fille cadette de Cornell Hughes. Et Maud. Ma compagne de longue date. D’aussi longue date que l’ont permis nos jeunes existences ! Rapatriée, elle aussi, à New Washington, par les soins du prez. Une crise que je devais affronter, tôt ou tard. Mais qui, pour une raison ou pour une autre, me prend, aujourd’hui, totalement à l’improviste.

Les premiers échanges sont assez effroyables, l’ouragan Maud et le typhon Jennifer s’étant abattus sur moi, dès mon entrée, en hurlant à qui mieux mieux. Je tente, vainement, de ramener un semblant de calme. Pour un peu, je prendrais la fuite. Si je ne croisais, juste à point nommé, le regard de Cornell Hughes.

Un Cornell Hughes qui n’a rien oublié de toutes les mauvaises positions dans lesquelles je l’ai placé récemment, aux yeux de son épouse et de ses deux filles. Et qui se réjouit, d’avance, de voir comment je vais m’en sortir, de celle-là ! Qui n’a organisé cette confronta-non, au moment où je m’y attendais le moins, que pour pouvoir en jouir au maximum !

Finalement, je pousse un grand coup de gueule, et dès que le vacarme s’est apaisé, tente de raisonner calmement :

— Jennifer… voici Maud. Nous nous sommes connus à douze ans, dans les anciens « Quartiers Balkanisés » de New Washington. Ses parents et les miens sont morts, peu de temps après, dans des circonstances tragiques, et depuis quatre ans, nous ne nous sommes jamais quittés. Sinon le jour où j’ai pris la route, avec mes copains, pour venir m’introduire dans la propriété de ton père… et dans ta vie !

La rage, la détresse, se partagent l’expression des traits de Jennifer, et je n’aime pas tellement le triomphe qui transparaît, simultanément, dans les yeux de Maud. Triomphe où la simple joie du triomphe me semble tenir une plus grande place que l’amour qu’elle peut me porter.

J’enchaîne :

— Maud… voici Jennifer. La fille du prez, comme tu le sais. J’ai tué pour la tirer d’un viol et la même nuit, elle s’est donnée à moi. Sous le poids de circonstances aussi exceptionnelles, aussi difficiles à expliquer, avec un peu de recul, que celles dans lesquelles nous nous sommes rencontrés, toi et moi.

Instantanément, les expressions s’inversent, sur ces deux visages, et la détresse, la tristesse sont pour moi tandis que je conclus sans conclure :

— Maud… Jennie… Je ne me cherche pas d’excuses… Je crois bien que ce qui est arrivé, compte tenu des circonstances, était inévitable. Et je crois bien qu’aujourd’hui, je vous… je vous aime toutes les deux et ne pourrais me passer longtemps, ni de l’une ni de l’autre… C’est comme ça. Je ne l’ai pas voulu, mais je n’y peux rien. Et je crois que… que nous devrions attendre un peu… il y a tellement à faire, avant de prendre une décision quelconque !

J’ai le sentiment, en agissant ainsi, de me conduire avec une parfaite lâcheté. Mais c’est le mieux que je puisse faire, à si courte échéance. En ayant eu si peu de temps, après mon séjour punitif dans cette « oubliette », avec Minh et Johnny et Zombie, pour réfléchir au problème.

Il y a un long, lourd silence au bout duquel Jennifer, fille gâtée de l’homme le plus puissant du pays, a le réflexe le plus logique, et le plus odieux qui soit, dans sa situation privilégiée :

— C’est toi le prez, p’pa ! Et je suis ta fille ! Tu peux exiger…

Je tranche, sec :

— La « réparation », c’est ça ? Un langage et une notion qui n’ont plus cours depuis un siècle, Jennie ! J’aurais préféré… j’aurais tellement préféré que tu ne le dises pas !

Elle me foudroie du regard et brièvement, le père domine le prez, dans le cerveau à facettes de Cornell Hughes.

— Chris Boyd ! Tu ne vas pas placer ma fille… la fille du président… sur le même pied que cette…

Je perds mon sang-froid. Vocifère :

— Stop !

Il s’étrangle :

— Quoi ?

— J’ai dit stop, prez ! Ou je vais croire que les conceptions égalitaires et les beaux projets de changement de société dont on parle beaucoup, dans cette maison, ne sont que de la frime ! Une attitude opportuniste qui ne correspondra strictement à rien… tant qu’au premier choc verbal, à propos de tout autre chose, ressortira cette sorte d’argument !

Tout juste si je n’entends pas grincer les rouages, dans la grosse tête retorse de Cornell Hughes.

Renonçant, dans un de ces revirements coutumiers, chez lui, à tenter de faire acte d’autorité au bénéfice de sa fille, il décide que Maud, comme Jennifer, va s’installer ici, à la Maison-Blanche, en attendant que « la question puisse trouver une réponse définitive ».

Je ne suis pas dupe de ce préjugement de Salomon.

Pour l’instant, Cornell Hughes a besoin de moi. Pour l’instant, j’existe à l’échelle nationale et mon existence sert ses intentions.

Pour l’instant, il n’essaiera pas de m’imposer, par la force, dans aucun domaine, quoi que ce soit qui puisse me braquer comme je viens de le faire.

Pour l’instant.

Mais je n’ai pas intérêt à cesser, du jour au lendemain, de lui être utile.

* *
*

Quarante-huit heures plus tard, explose le premier clash important entre néo-travailleurs libres, dans une usine productrice de protéines synthétiques de la ceinture industrielle de New Chicago. J’ai bien dit « entre néo-travailleurs libres ». Pas entre Hughes-Jugend et pensionnaires récemment affranchis des usines-prisons. Déplacés de leurs anciennes positions stratégiques, autour et à l’intérieur des usines, les hachis n’ont pas tenté d’intervenir. Pas encore. Mais seront appelés à le faire si l’affrontement continue. S’aggrave au point de compromettre le rendement des unités productrices de synthoviande. Desquelles dépendent l’approvisionnement de tout le secteur.

La situation est très tendue. Il y a eu, déjà, de nombreux blessés, voire quelques morts. Les deux clans en présence réclament mon arbitrage, et pas par le truchement du vidéophone ou de la tridi. Ils exigent que je me rende sur les lieux, et c’est en catastrophe que nous nous embarquons, Bob Wharton et Minh et Zombie et moi, dans un coptère qui nous dépose, quelques heures plus tard, sur le théâtre de l’affrontement.

Le rapport du gradé local des hachis, à son supérieur hiérarchique, est aussi bref que précis :

— À vos ordres, mon colonel ! Statu quo sur toute la ligne, depuis que ceux de l’usine ont reçu l’assurance que Chris Boyd était en route. On leur a donné votre heure d’arrivée probable et depuis ce moment-là, plus rien. Plus d’explosions ni de fusillades… Un calme parfait !

Qui sous-entend – bien sûr – la montée d’une tension née de l’attente et de l’appréhension, une fois épuisée l’énergie du premier élan, des conséquences de l’action entreprise.

Bob Wharton confirme à son collègue local, de la part du président, qu’il a bien fait de ne pas bouger, et lui transmet l’ordre d’observer la même modération, durant ce qui va suivre. C’est une curieuse sensation, pour Chris Boyd, ex-maquisard, que de sentir sur sa nuque les regards curieux, toujours hostiles, pour la plupart, de ces ennemis irréductibles d’avant-hier. Mais enfin, ils se tiennent tranquilles, et c’est tout ce que je leur demande…

J’enfourche un scootélec et pique droit vers l’entrée de l’usine, Minh, Zombie et Robert Wharton pareillement montés, à quelques mètres en arrière. La progression quasi silencieuse de nos légers deux-roues gâche un peu le côté « horde sauvage » de notre équipée. Les monstres pétaradants des bons vieux films d’archives avaient nettement plus de gueule… mais on ne peut pas tout avoir !

Ils nous attendent, à l’intérieur de la grille percée dans le mur d’enceinte. Une demi-douzaine de gaziers, armés jusqu’aux dents. Depuis l’offensive conjuguée des hachis contre les fermes à l’ancienne, les armes jonchent littéralement le terrain. Même au temps de la « ruée vers l’ouest », jamais les armes de tout style et de tout calibre n’ont été aussi communes sur le champ d’épandage !

Je note, au second plan, la présence d’un cameraman volant qui, son appareil à l’épaule, filme sans désemparer. Je me présente :

— C’est moi Chris Boyd. Il paraît que vous m’avez réclamé ?

Le grand type à l’expression vaguement bestiale qui semble commander le piquet de garde lance à ses camarades :

— Hé, les mecs ! C’est lui ou c’est pas lui, Chris Boyd ?

— Sûr, que c’est lui !

— Qui que tu veux que ce soit ?

— T’es miraud, Big Boy !

— Je trouve qu’il est pas pareil qu’à la tridi !

— Ben c’est lui quand même ! Ouvre, quoi, merde !

Lentement, comme à regret, la grille s’écarte. Big Boy, incertain, questionne :

— Et les autres ?

Là encore, je fais les présentations.

— Minh, prof d’arts martiaux et acupuncteur. Zombie, mon protec. Et le colonel Robert Wharton.

— Lui, y reste dehors !

— Pas d’hachis ! C’est de la provocation !

J’interviens patiemment :

— Il n’est là que comme observateur, de la part du prez…

— Alors, qu’y se déloque ! On est une C.T.L., oui ou merde ? Pas d’hachis en uniforme ! Surtout pas un colonel !

Le cameraman continue de filmer tandis que Bob Wharton ôte son uniforme et revêt une combinaison aux couleurs de l’usine. Je m’informe :

— Tu fais du direct ou tu mets en boîte ?

Le technicien, flegmatique, tapote amoureusement sa caméra.

— Direct. Sans problèmes. Grâce à ce petit bijou portatif…

— Tridi nationale ?

— Sûr !

Bon ou mauvais ? Je me le demande un instant. La preuve – ou non – que Cornell Hughes a l’intention de jouer franc-jeu ? De montrer au pays les choses comme elles sont ? À mesure qu’elles se produisent ?

Puis je hausse les épaules, car tout ça ne signifie rien. En direct ou en différé, peu importe, ce monde est celui de la tridi, où l’événement n’existe que lorsqu’il est passé, simultanément ou avec un certain décalage, dans tous les holoblocs du continent. Chercher une signification, au-delà de sa diffusion synchrone ou retardée, n’est probablement qu’un leurre.

Cela précisé, reste une chose : c’est la première fois que je dois soigner une entorse caractérisée à la consigne de patience et d’attente que j’ai moi-même édictée. De quelle façon je vais procéder, ça, je n’en sais rien encore. Tout va dépendre de qui et de ce que je vais trouver en face de moi. Mais l’événement, de toute manière, va se passer en direct, sous les yeux des millions de tridispectateurs à l’affût. Donc, créer, à l’échelle nationale, un précédent qui ne manquera pas de conditionner toutes les manifestations ultérieures de même sorte. C’est trop pour une première fois. Trop pour un seul homme ! Mais je n’ai pas le choix. Les cameramen sont là – j’en aperçois un autre, là-bas dans le fond, avec sa boîte à indiscrétion sur l’épaule – et vouloir leur interdire une diffusion en direct, non seulement serait inutile, mais avouerait, à la face du monde, ma peur et ma faiblesse.

Je me demande encore, fugitivement, si c’est à l’intervention personnelle de Cornell Hughes que je suis redevable de cette attention délicate. De cette multiplication par le nombre de tridispectateurs du volume de l’événement. De cette responsabilité gigantesque, comme ça, sans coups d’essai, sans entraînement préalable. Quel acteur prendrait le risque de jouer, en public – et quel public – un rôle, une pièce qu’il n’a jamais répétés ? Et qui deviendra définitivement « injouable », s’il rate sa première entrée ?

Le changement de costume de Bob Wharton m’a procuré un léger répit. Il est marrant, le colonel, en ouvrier d’usine ! Même ainsi déguisé, il garde, dans son attitude, quelque chose de militaire. Une certaine raideur, peut-être ? Un soupçon de garde-à-vous mental et physique qui rétablit les distances, entre lui et le commun des mortels. Une nuance de mépris, un sentiment de supériorité qu’il ne peut dissimuler totalement, quand son regard se pose sur tous ces néo-travailleurs libres, anciens pensionnaires des usines-prisons…

Le surnommé Big Boy – qui me rappelle feu Husky Griffith, à plus d’un titre – mugit à fond de poitrail :

— Alors, ça y est ? On y va ?

Le cortège démarre.

Délestés de nos armes, encadrés de toutes parts, nous sommes à la merci de cette bande de dingues. Pour des gens qui renient l’autorité et crachent sur l’emploi de la force, ils nous convoient d’une manière qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’escorte de quatre prisonniers vers leur sort ultime, quel qu’il soit ! Je ne leur en veux pas pour autant. Eux-mêmes ont été traités trop souvent de cette façon-là.

Parce que je le connais comme si je l’avais fait, et que je l’observe du coin de l’œil, je vois Zombie escamoter, au passage, une pièce de métal dangereusement effilée, peut-être un outil, dont je ne connais pas la destination, mais qui pourra, le cas échéant, lui fournir une arme utilisable.

Ou qu’il soit, quelles que soient les circonstances, Zombie trouve, presque toujours, le moyen de se procurer une arme.