«Ne laissez pas la brièveté des passages qui suivent vous empêcher de savourer toute la profondeur des conseils que vous êtes sur le point de recevoir.»

Dans son livre How to Get Rich, 2004

L’avertissement est posé tout en douceur, en exergue d’un des ouvrages les plus remarqués de Donald Trump. How to Get Rich («Comment devenir riche») n’est pas seulement une histoire de (très) gros sous, c’est aussi le secret du «devenir riche» en sagesse, et son auteur sait comment susurrer à l’oreille du lecteur pour le faire glisser, docile, dans sa conception du subtil et du sensible. Surprise heureuse: le conseil s’applique parfaitement à la sélection, déroulée sur les pages qui suivent, de ses meilleures sorties, saillies, sottises et autres saisissantes idées, qui portent la marque du Trump tout-puissant, du Trump tout-pensant. Savourez.

«Il y a beaucoup de gens qui s’assoient et qui discutent de leur vie, de choses comme “est-ce qu’on est heureux?”, mais avec moi ça ne marche pas comme ça. Je ne pense pas de façon positive, je ne pense pas de façon négative, je pense uniquement à mon objectif. Mais attention, je ne suis pas en train de dire que je m’assois et que j’écris mes objectifs sur un bout de papier. J’agis, c’est tout.»

Cité par Gwenda Blair dans Master Apprentice, livre-portrait de Donald Trump, 2005

Quoi qu’il en dise, cet Action Man parle aussi beaucoup, de quoi motiver la composition de ce livre et passer sans tergiverser à l’action.

«Les Afro-Américains sont très paresseux. Tout ce qu’ils savent faire c’est d’errer dans des ghettos et de se plaindre parce qu’ils sont discriminés. L’Amérique n’a pas besoin de ces gens-là. Ils sont les ennemis du progrès.»

Indianapolis, 25 octobre 2015

Et l’Amérique n’a pas besoin non plus de Barack Obama, afro-américain avant d’être président des États-Unis dans la logique de Trump, qui s’étonne que l’individu n’ait pas plus de maîtrise sur sa propre communauté.

«Notre président afro-américain si génial n’a pas eu une influence si positive que ça sur les voyous qui détruisent Baltimore avec plaisir et sans se cacher.»

Tweet du 28 avril 2015

«Je promets de rendre sa grandeur à l’Amérique en restaurant notre dignité, celle que nous avons perdue à cause d’Obama. C’est une autre raison pour laquelle je pense que lui, ainsi que ses frères et sœurs kenyans, devraient être déportés et renvoyés au Kenya pour que l’Amérique soit en sécurité.»

Indianapolis, 25 octobre 2015

À noter que l’Américano-Américain Trump a clairement mis en doute l’identité afro-américaine d’Obama. Sur la deuxième composante. Voir [O comme… Obama].

«Nous allons redonner sa grandeur à notre pays. Rappelez-vous de cela: le rêve américain fera son retour, plus grand et plus fort que jamais, je vous le promets. Plus grand que jamais.»

Jacksonville, Floride, 24 octobre 2015

Certains sceptiques prédisent non pas le rêve, mais le cauchemar à échelle globale.

«J’ai de beaux et longs doigts, ce qui est aussi le cas d’autres parties de mon corps, comme on a pu le dire ici et là.»

Page Six, entretien, 2011

Trump répond là, avec panache, aux remarques déplacées de son concurrent républicain, le sénateur Marco Rubio, qui avait déclaré une semaine auparavant: «Je ne comprends pas pourquoi ses mains font la taille de quelqu’un qui devrait mesurer 1,60 m», avant d’ajouter: «Et vous savez ce qu’on dit à propos des hommes qui ont de petites mains? Qu’on ne peut pas leur faire confiance.»

Marco Rubio joue sur un terrain très sensible. Donald Trump se bat contre l’insulte des «mains riquiqui» depuis la fin des années 1980. C’est le journal satirique Spy qui le premier s’était moqué, en 1988, de l’homme aux «petits doigts difformes». Trump semble accepter plus facilement les moqueries relatives à ses cheveux (qui eux sont plus longs que la moyenne).

Pour l’anecdote, le magnat maniaque aurait envoyé pendant vingt-cinq ans des clichés de ses mains au rédacteur en chef de Vanity Fair pour obtenir justice et faire éclater la vérité au grand jour. Un dossier à prendre avec des pincettes.

«Je vous rappelle que tous les produits dérivés de la campagne (chapeaux, gadgets, etc.) sont à acheter uniquement sur donaldjtrump.com. Faites attention, ne vous faites pas arnaquer.»

Tweet du 23 octobre 2015

Il serait en effet dommage de se laisser dépouiller par des êtres malintentionnés.

«Souvent, quand je couchais avec une des plus belles femmes au monde, j’avais tendance à me revoir comme ce jeune homme issu du Queens, et alors je me disais: “Est-ce que tu peux y croire une seule seconde, regarde ce que tu es en train de devenir !”»

Dans son livre Think Big: Make It Happen in Business and Life, 2008

Pour le récit complet de ce conte à la Dick-ens, voir aussi [S comme… Self-made-man].

«Je possède un magasin Gucci qui vaut plus d’argent que ce que possède Romney.»

Des Moines Register, entretien avec Josh Hafner, 1er juin 2015

Face à Colin Cowherd, dans l’émission The Herd sur Fox Sports One, le 2 novembre 2015, le roi du show livre sa conception des débats télévisés:

«Le fait est que le seul enjeu de tout ça, c’est l’audience, qu’on le veuille ou non.»

Donald Trump a été désigné d’emblée comme le candidat de l’argent.

S’il n’est pas le plus grand contributeur au débat d’idées, il faut lui reconnaître des qualités intellectuelles certaines: un vrai sens de la logique et de la cohérence. Les chiffres, il les aime tous, sans discrimination. Billets de banque, audiences: tant que les comptes et les décomptes sont gros, il apprécie.

Après avoir longtemps défendu le droit à l’avortement, se définissant comme un «pro-choice» (émission Meet the Press, 24 octobre 1999), Donald a estimé que faire les yeux doux aux pro-life servirait peut-être davantage la concrétisation de sa Trumprésidence. Mais il n’est pas si facile de jouer l’homme politique, quand le jeu de questions-réponses n’est pas préparé à l’avance. Sur le ring: Chris Matthews pour la chaîne MSNBC; Donald Trump pour Donald Trump.

«Êtes-vous pour le principe d’une punition – oui ou non

– en ce qui concerne l’avortement?

– La réponse est qu’il doit y avoir une forme de punition.

– À l’encontre de la femme?

– Oui, il faut qu’il y ait une sorte de punition.

– 10 cents, 10 ans, quoi?

– Ça, je ne sais pas.»

Certaines femmes déplorent les sautes d’humeur qu’entraîne chez elles la prise de la pilule contraceptive. Chez Trump, ce sont les opinions qui jouent au yoyo sur le sujet délicat de l’avortement. Avant même que ses balbutiements face à Chris Matthews passent à l’antenne, le soir du 31 mars 2016, il fait marche arrière (en zigzagant) à travers des communiqués de presse et les déclarations de ses porte-parole. Sur CBS, dès le lendemain, il s’en lave les mains:

«Les lois sur l’avortement sont d’ores et déjà définies et elles resteront telles quelles jusqu’à ce qu’elles soient changées.»

… avant de refiler le bébé aux États: la décision de punir ou non? Ce sont eux qui devraient se prononcer, pas lui !

«Forcément, c’est très difficile de m’attaquer sur mon physique, étant donné que je suis très beau.»

Dans l’émission dominicale Meet the Press sur NBC, 9 août 2015

Au contraire, il est très facile pour Trump d’attaquer les autres sur leur physique. Le concurrent républicain Rand Paul en fait les frais:

«Je ne l’ai jamais attaqué sur son physique et, croyez-moi, il y aurait pas mal de choses à dire.»

Débat républicain du 16 septembre 2015

Pas de quoi pleurer, en comparaison aux attaques – et plus fréquentes, et plus perfides – que doit essuyer la rédactrice en chef du Huffington Post et femme politique Arianna Huffington, affligée de toutes les tares du monde.

«Arianna Huffington est laide, au-dedans comme au- dehors. Je comprends très bien pourquoi son ex-mari l’a quittée pour un homme – il a pris la bonne décision.»

Tweet du 28 août 2012

Pour plus de prises de position signées Trump en faveur de la cause gay, consulter la lettre [M comme… Mariage gay].

En dehors du monde politique, Trump, juge impartial, ne se gêne pas pour distribuer d’autres claques sur d’autres visages disgrâcieux.

«Angelina Jolie, c’est un sujet assez incroyable. Parce que tout le monde la voit comme un grand modèle de beauté. Et je ne dis pas que c’est une femme repoussante mais… elle n’est pas belle, même si on fait jouer son imagination. Moi, je sais ce que c’est vraiment, la beauté.»

Sur CNN, 9 octobre 2006

Alors qu’il envisage une candidature en tant qu’indépendant pour la présidentielle de 2012, notre Apollon dévoile sa propre botte secrète:

«Ce qui fait en partie ma beauté, c’est que je suis extrêmement riche.»

Dans l’émission Good Morning America sur ABC, mars 2011

Sur le quai des brumes. Jean Gabin à Michèle Morgan: «T’as de beaux yeux tu sais.»

Au sommet de la Trump Tower. Melania à Donald: «T’as de beaux billets.»

«Parfois, ça paye, d’être un peu sauvage.»

The Art of the Deal, 1987

Depuis la nuit des temps, le Tyran(nosaurus) Trump sait qu’il est bon de sortir les griffes, les crocs, ou pire, la langue, pour être remarqué. Le plus important, ce n’est pas d’être respecté, mais de faire du bruit.

«Si j’ai appris une chose à propos de la presse, c’est qu’ils sont toujours friands d’une bonne histoire, et plus c’est sensationnel, mieux c’est… Le fait est que si vous jouez la carte de la différence, ou si vous êtes un peu provocant, ou si vous faites des choses qui paraissent osées ou propres à la controverse, la presse écrira sur vous.»

«Un jour ils écrivent quelque chose de positif sur vous, un jour ils écrivent quelque chose de négatif. Mais du point de vue des retombées pour les affaires, le simple fait qu’on écrive sur vous a des retombées bénéfiques qui contrebalancent largement les désavantages.»

The Art of the Deal, 1987

«Si je réussis à avoir mon nom dans les journaux, si les gens font attention à moi, c’est ce qui importe.»

Cité par Gwenda Blair dans Master Apprentice, 2005

Philosophie inchangée, pari gagné.

«Je ne suis pas la personne la plus heureuse au monde.»

New York Magazine, 5 mars 1990

Les activités foisonnantes de Donald Trump dans le monde des affaires ont de quoi user le moral. De toute évidence, le voici arrivé à un âge où il convient de se ménager un peu et d’arrondir les angles. En donnant à son bureau une forme un peu plus ovale, par exemple.

«Il n’y a qu’à aller à Bruxelles. Je suis allé à Bruxelles il y a longtemps, il y a vingt ans de cela; c’était tellement beau, tout était tellement beau. Aujourd’hui, c’est comme vivre en enfer.»

Face à Maria Bartiromo sur Fox Business, 26 janvier 2016

Un tableau à peine exagéré, un mois et demi avant les attentats terroristes qui ont frappé la capitale belge.

Le jour des attaques, même musique grinçante sur son compte Twitter:

«Vous vous rappelez tous la beauté et la sécurité qui caractérisaient Bruxelles? C’est du passé, c’est une ville d’un autre monde! Les États-Unis doivent être vigilants et intelligents.»

Tweet du 22 mars 2016

«NBC News vient tout juste d’appeler ça “le Grand Gel” – le climat le plus glacial qu’on ait eu depuis des années. Alors, est-ce que notre pays continue à gaspiller de l’argent pour ce canular du changement climatique?»

Tweet du 25 janvier 2014

«Il fait vraiment très froid dehors, ils disent que c’est une vague de froid majeure qui défie la normale depuis des semaines. Dites donc, on se paierait bien un bon petit coup de réchauffement climatique, là, tout de suite!»

Tweet du 19 octobre 2015

Quelle température fait-il dans le cerveau de Trump?

«L’argent est roi, et c’est ce qui fait en partie la beauté du monde du casino.»

Playboy, entretien, mars 1990

Les codes esthétiques de Mister Money sont simples: on aime quand il y en a beaucoup et quand c’est énorme.

«J’aime le monde du casino. J’aime les dimensions gigantesques du lieu, j’aime le glamour, et par-dessus tout, j’aime le cash qui coule à flots.»

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes: dans la topographie Trump, les rivières de billets ne coulent jamais que dans un sens, défiant les lois de la physique, pour faire leur chemin du bas de l’échelle jusqu’aux bureaux du grand patron au sommet des montagnes de Manhattan. Et, dans ce monde-là, on peut être sûr qu’il ne pleut jamais de pièces depuis les poches marquées des initiales D.T.

«Les gens pensent que je suis un flambeur. En réalité, je n’ai jamais parié de ma vie. Pour moi, un flambeur, c’est quelqu’un qui joue aux machines à sous. Je préfère être propriétaire des machines à sous. C’est une affaire très juteuse, être le casino.»

The Art of the Deal, 1987

Rien ne sert de jouer quand la caisse est déjà pleine… En réalité, j’ai souvent parié sur les petits travers des moins bien lotis que moi.

«La Chine nous persécute…»

Sur Fox News, 8 novembre 2015

Face à l’animateur Sean Hannity, dans l’émission qui porte son nom, Donald Trump résume le message qu’il distille depuis son début de campagne: la puissance chinoise est un fauteur de troubles dans la cour… d’école (il parle de bullying, «harcèlement») des grands de ce monde et vole la vedette au géant américain. Pas seulement la vedette: ses marchés aussi, et son argent.

Il s’en inquiétait déjà lors de l’annonce officielle de sa candidature à la présidence des États-Unis, le 16 juin 2015:

«À quand remonte la dernière fois où on nous a vus nous imposer face à la Chine dans un accord commercial? Ils sont en train de nous tuer. Moi je bats la Chine tout le temps. Tout le temps.»

Il fut pourtant un temps où les relations semblaient plus douces (et plus juteuses)…

«Je connais les Chinois. J’ai fait beaucoup d’argent en traitant avec les Chinois. Je comprends l’esprit chinois.»

Xinhua, avril 2011

Mais l’ami a trahi.

«Ce que la Chine nous a fait, c’est le plus grand vol qui ait jamais été commis, c’est la plus grande arnaque qui ait jamais été organisée au monde… C’est la vérité… La Chine s’est reconstruite avec notre argent. Et j’adore les Chinois. Ils achètent mes appartements. Ce sont des gens bien. Ils peuvent commettre un meurtre et ils s’en tirent, ils le savent bien. Moi je m’entends bien avec eux – ce sont mes locataires, dans mes appartements. C’est des gens bien.»

Jacksonville, Floride, 24 octobre 2015

Je t’aime, moi non plus. Qui est schizophrène: la communauté chinoise tantôt vénérable, tantôt criminelle? Ou celui qui en l’espace d’une minute déclare sa haine, et son amour, et son mépris, et son respect, et son amour-haine?

À l’issue d’un voyage au Mexique, à la mi-février 2016, le pape François refuse de s’exprimer directement sur les prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Mais pèche en exposant le fond de sa pensée, lors d’une conférence de presse au Saint-Siège:

«Quelqu’un qui ne pense qu’à dresser des murs et non des ponts n’est pas un bon chrétien, on ne trouve pas ça dans l’Évangile. Voter ou ne pas voter pour lui? Je ne m’en mêle pas, je dis seulement: ce n’est pas une attitude chrétienne.»

Donald Trump n’est pas disposé à boire le calice jusqu’à la lie et ne tarde pas à réagir sur la chaîne Fox Business:

«Je suis fier d’être chrétien et, comme président, je ne laisserai pas la chrétienté être constamment attaquée et affaiblie, contrairement à ce qui se produit en ce moment avec notre actuel président.»

«Le clown libéral Arianna Huffington a dit à ses Minions au Huffington Post, ce journal qui ne fait que perdre de l’argent, de me caser dans les pages “Divertissement”. Je suis numéro un selon les sondages Huff Post.»

Tweet du 18 juillet 2015

Donald Trump a vu Détestable moi 1, il a aimé Détestable moi 2 et a adoré Les Minions. Il ne recommande pas Détestable Elle.

Autre plaisir coupable sur pellicule de celui qui ne possède étonnamment pas encore de salles de cinéma, Pulp Fiction:

«Mon moment préféré, c’est quand Sam sort son flingue dans la salle à manger et qu’il dit au mec de dire à sa copine de fermer sa gueule. “Dis à cette connasse de se calmer. Dis-lui: Connasse, tu te calmes.” J’adore ces répliques.»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation: The Art of Being The Donald, 2005

Cela laisse augurer de sa conception de la femme. Voir [F comme… Féminisme].

«Si vous ne parlez pas de votre succès aux autres, ils n’en sauront probablement jamais rien.»

How to Get Rich, 2004

Dans la cartographie Trump, le monde artistique inclut le monde des affaires, celui qui l’a fait grandir – si ce n’est pas l’inverse. Le titre de son petit précis de businessman comblé, publié en 1987, en est une énième preuve. Donald insiste dans ces pages: le vrai talent consiste à savoir vendre sa came(lote), quel que soit son domaine.

«Il existe des chanteurs qui ont une voix aussi belle que celle de Frank Sinatra, mais ils chantent dans leur garage parce que personne n’a jamais entendu parler d’eux. Il faut savoir générer de l’intérêt, et il faut savoir créer l’excitation.»

The Art of the Deal, 1987

L’existence tout entière n’est qu’une grande opération commerciale:

«Je sais vendre. La vente, c’est la vie. Vous pouvez avoir le plus grand chanteur au monde, mais si personne ne sait qu’il existe, il n’aura jamais l’opportunité de se produire.»

Sports Illustrated, entretien, 13 février 1984

«C’est bien parce que j’ai réussi, parce que je gagne beaucoup d’argent, que je fais la une des journaux et signe des livres qui sont des best-sellers que j’ai bien plus de chances de faire connaître mes idées du public, à la différence d’autres personnes qui sont moins connues.»

Dans son livre The America We Deserve, 2000

«Je pense sérieusement que cette élection portera sur la compétence. Je suis une personne extrêmement compétente, voyez-vous… Les inégalités, ce sera un grand sujet, mais la compétence sera sans conteste le vrai sujet, le plus important. Ils veulent voir débarquer quelqu’un de supercompétent, et cette personne, c’est moi.»

The Economist, entretien, 3 septembre 2015

On connaissait Supertramp, voici Super-Trump. Héros en devenir, il admet ne pas avoir terminé de coudre sa cape. Interrogé sur son manque de maîtrise sur de nombreux sujets brûlants, le sauveur de la nation réclame un temps d’adaptation justifié et mérité…

«Au moment d’entrer en fonction, je connaîtrai mieux tous les problèmes auxquels doit faire face le monde, et si vous regardez ce qui est en train de se passer dans le monde en ce moment et tous ces gens qui étaient censés savoir… C’est le bordel complet!»

Débat républicain du 16 septembre 2015

«Ça vous dérange si je me recule un peu au fond de mon siège, parce que vous avez vraiment mauvaise haleine. Vraiment.»

À l’attention du présentateur Larry King dans le Larry King Live sur CNN, en 1989

Dans la droite ligne de ses exercices de courtoisie, Donald fait étalage de sa distinction en commentant devant ses partisans le débat démocrate du 21 décembre 2015. Hillary Clinton, qui a tardé à réapparaître après la pause publicitaire, fait l’objet d’un commentaire de haut niveau:

«Qu’est-ce qui lui est arrivé? Je regardais le débat et elle a disparu. Où est-elle allée? J’ai pensé qu’elle était partie, j’ai pensé qu’elle laissait tomber… Où est-elle allée? Où est allée Hillary? Ils ont dû commencer le débat sans elle, en deuxième partie. Je sais où elle est allée. C’est dégoûtant. Je ne veux pas en parler.»

Michigan, 22 décembre 2015

Les toilettes des femmes étaient un peu éloignées de la scène du débat.

«Regardez-moi cette tronche ! Est-ce que quelqu’un serait prêt à voter pour ça? Vous vous imaginez, ça, la tête de votre prochain président?»

Rolling Stone, entretien, 9 septembre 2015

Une attaque dirigée contre la candidate à l’investiture républicaine Carly Fiorina.

«J’ai prédit Oussama Ben Laden. Dans mon livre, j’ai prédit le terrorisme. Parce que je peux sentir ces choses, comme je peux flairer un bon terrain, vous voyez?»

Nashville, Tennessee, 16 novembre 2015

Trump tout-puissant peut prédire où se lèveront et où se coucheront les plus beaux gratte-ciel.

Au Family Leadership Summit, grand rendez-vous des conservateurs à Ames, Iowa, le 18 juillet 2015, le consultant politique et spécialiste des sondages Frank Lutz demande à Donald Trump s’il lui est déjà arrivé d’implorer le pardon de Dieu.

«Je crois que si je fais quelque chose de mal, j’essaie de réparer et de faire bien les choses. Je ne mêle pas Dieu à tout ça. Jamais.»

Donald ne fait jamais appel à Dieu pour corriger ses erreurs et règle ses problèmes lui-même. Or, Donald se prend pour Dieu. Donc, Donald fait en permanence appel à l’aide de Dieu. Et quand il consent à faire la différence, il finit toujours par prendre Dieu de haut (et l’Eucharistie pour une partie de bonne chère):

«Quand je bois mon petit vin [celui de sa propre production] – le seul vin que je boive, en fait – et que je m’offre un petit cracker, je pense que c’est là une manière de demander pardon à ma façon, et je le fais aussi souvent que possible parce que je me sens purifié après tout ça.»

Le sang du Christ, le cru du Donald sont une seule et même chose. Suite de la sainte Parole à la lettre [R comme… Religion].

«Écoutez bien, vous là, bande d’enfoirés, on va vous coller une taxe à 25%!»

Las Vegas, avril 2011. Dans un de ses jours anti-Chine

«Stop aux injections de masse. Les petits enfants ne sont pas des chevaux – un vaccin à la fois, en prenant le temps qu’il faut.»

Tweet du 3 septembre 2014

Doutant des études qui ont établi l’absence de lien entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons ou la rubéole et le développement de troubles autistiques, le docteur Trump reste prudent: la part d’enfants autistes aux États-Unis serait de plus en plus importante. Ironie du sort, les centres de santé seraient les artisans du déclin de la race américaine.

«L’autisme est devenu une épidémie. Quand on regarde les statistiques d’il y a vingt-cinq ans, on ne s’approche même pas de loin des chiffres d’aujourd’hui. C’est devenu une vraie catastrophe.»

Affabulateur, Donald Trump? Vous n’y pensez pas! Ses mises en garde se nourrissent de constats empiriques:

«Il y a quelques jours à peine, un gamin de deux ans, deux ans et demi, un enfant tellement beau, est venu se faire vacciner, il est rentré chez lui, et une semaine plus tard, il a une fièvre terrible, il est tombé très, très malade; aujourd’hui il est autiste.»

Débat républicain du 16 septembre 2015

«Sincèrement, tout ce que je peux dire est quand même souvent très drôle, et c’est pour rigoler. On s’amuse quoi.»

Débat républicain du 6 août 2015

Ou quand Donald semble un instant saisir toute l’essence comique de Trump. Alerte: la plaisanterie pourrait virer à la catastrophe.

Ici, c’est à propos de ses remarques déplacées sur les femmes que le candidat du comedy club se fend d’une mise au point, signalant à ses détracteurs qu’il fait bon avoir un peu d’humour et ne pas s’offusquer outre-mesure des insultes qu’il profère.

«Un Noir avec des diplômes a un avantage considérable sur un Blanc, lui aussi diplômé, sur le marché de l’emploi. […] Si j’entrais tout juste dans la vie active aujourd’hui, j’aimerais vraiment être Noir, avec des diplômes, parce que, oui, je pense qu’ils sont bien plus avantagés.»

C’était sur NBC News… et c’était en septembre 1989!

De fait, Donald Trump se rêve, dans une certaine mesure, comme le prochain Barack Obama.

«Montrez-moi quelqu’un qui n’a pas d’ego, et je vous ferai voir un loser.»

Tweet du 19 juillet 2012

Trump reprend là une phrase de son livre How to Get Rich, publié en 2004. Il récidive sur Facebook le 9 décembre 2013, avec, en bonus, un petit message d’accompagnement plus doux, plus positive attitude:

«Avoir un ego sain, ou une haute opinion de soi, est un atout considérable dans la vie!»

Espérons que les ego surdimensionnés ne soient pas fatalement destinés à gagner.

«Je serai le plus grand président pour l’emploi que Dieu ait jamais créé.»

Trump Tower, New York, 16 juin 2015

Donald annonce ce jour-là son engagement dans la course présidentielle. On connaissait le ministre du Travail, le secrétaire d’État pour l’emploi… mais pas encore le président pour l’emploi. Donald ne promet pas de récompenser les électeurs en embauchant chez Trump & Cie. Il propose de recréer, sur le territoire national, des postes balayés par des ouragans bien connus, disséminés au hasard de la main-d’œuvre bon marché à l’étranger. C’est ce qu’on appelle la catastrophe naturelle(ment) capitaliste de l’externalisation des tâches.

«Un homme est venu me voir hier et il m’a dit: “Vous savez, monsieur Trump, je viens [dans votre hôtel, le Trump National Doral de Floride, Miami] depuis vingt-cinq ans. Si vous pouvez faire la même chose avec les États-Unis d’Amérique que ce que vous avez fait de cet endroit, en le rendant si incroyable…” – parce c’est quand même le meilleur complexe hôtelier du pays aujourd’hui, il faut le dire! – Il a dit: “… Ça, ce serait quelque chose!” Je lui ai répondu: “C’est exactement ce que je vais faire!”»

Jacksonville, Floride, 24 octobre 2015

Tout le monde se sentirait-il aussi bien dans l’Amérique devenue Trump-patrie?

«L’esprit peut surmonter n’importe quel obstacle. Je ne pense jamais au côté négatif des choses.»

New York Times, 7 août 1983

Serait-ce justement parce qu’il n’en envisage pas toutes les facettes que notre apprenti philosophe ne saisit pas toutes les conséquences des actions qu’il préconise?

Serait-ce en raison de cet optimisme de fer qu’il noircit très volontairement certains tableaux, comme celui de l’immigration?

«Dans le monde imaginaire, on vous paiera automatiquement selon votre vraie valeur. Le monde réel ne fonctionne pas comme ça. Vous êtes payé à votre juste valeur seulement quand la personne qui est en face de vous n’a pas d’autre choix.»

Donald Trump et Bill Zanker, Think big & Kick ass, 2007

Seul le grand patron aura les mains (et donc le porte-monnaie) parfaitement libres. Donald Trump, à la tête d’un véritable empire d’entreprises, connaît bien la chanson et s’en est souvent vanté…

«S’excuser c’est très bien, mais encore faut-il avoir tort. Je présenterai sans hésiter mes plus plates excuses si jamais il devait s’avérer, dans un futur lointain, que j’ai eu tort sur le moindre point.»

Dans le Tonight Show de Jimmy Fallon sur NBC, 11 septembre 2015

Se trumper: verbe pronominal. Adopter une fausse posture d’humilité intellectuelle. Reconnaître en façade la possibilité de l’erreur, en étant certain, dans son for intérieur, de ne pas se tromper.

«Oui, c’est un sacré petit bout de femme… et quelle beauté! Si je n’étais pas marié et heureux en couple… Et puis vous savez, elle a un de ces pères…»

Rolling Stone, 9 septembre 2015

«Trump loves Trump», ou quand le candidat républicain déclare son amour pour… sa propre fille, Ivanka… et pour lui-même.

Accompagné de l’intéressée, il avait déjà fait part de ses goûts précis en matière de femmes:

«Si Ivanka n’était pas ma fille, je sortirais peut-être avec elle.»

Dans l’émission The View sur ABC, 6 mars 2006

Selon le site Bustle, le porte-parole de Donald Trump a fait savoir que cette phrase n’était qu’une «blague pour se moquer de lui-même, à cause de sa tendance à sortir avec des filles plus jeunes».

«Elle n’est pas concentrée à 100% sur moi. À moi, elle donne 84%, et les 16% restants, elle les emploie à s’occuper des enfants.»

Time, portrait, 23 mai 2011

Ces propos pleins de bienveillance s’appliquent à la dévouée Melania, Mme Trump depuis 2005, avec qui – il faut le noter – Donald n’a eu qu’un seul enfant, Barron William. Les attentions de la parfaite épouse sont-elles d’autant plus louables aux yeux de l’ogre qu’elle couve, outre son propre enfant, les enfants des précédentes unions Trump et les enfants de ces enfants, sans discrimination?

«Je joue sur les fantasmes des gens. Peut-être que les gens ne rêvent pas toujours en grand par eux-mêmes, mais ça ne les empêche pas d’être complètement transportés par ceux qui le font. C’est pour cela que, une petite hyperbole, ça ne fait jamais de mal à personne. Les gens veulent croire en quelque chose qui soit la plus grande et la plus belle et la plus spectaculaire des choses.»

The Art of the Deal, 1987

Est-ce pour égayer les esprits en permanence que Donald J. Trump ne cesse de proférer des énormités?

Les femmes?

«Il faut les traiter comme de la merde.»

New York Magazine, 9 novembre 1992

À l’occasion, on se salit les mains en sortant un spécimen plein de fange du ruisseau. Pour la beauté du geste…

«Sincèrement, j’ai donné à beaucoup de femmes de très belles opportunités. Malheureusement, une fois qu’elles sont devenues célèbres, ça ne m’intéresse plus du tout.»

Dans l’émission Primetime Live sur ABC, 10 mars 1994

Mais le Donald du XXIe siècle est fait d’un autre bois. Entre-temps, il s’est souvenu que les femmes ont obtenu le droit de vote. Elles sont donc devenues plus intéressantes à ses yeux. Dans la course présidentielle, il ne faut pas négliger de séduire ces créatures elles-mêmes si séduisantes.

Le premier rapprochement est timide, tout en retenue…

«Il y a beaucoup de femmes qui travaillent pour moi.»

Dans l’émission Face the Nation sur CBS, 9 août 2015

Quelques minutes plus tard, la pudeur laisse la place aux éloges et aux promesses.

«Je serai phénoménal aux yeux des femmes. Ce que je veux dire, c’est que je veux aider les femmes.»

Et au cas où toutes les ménagères n’auraient pas pris note de la déclaration d’amour, on le répète sur toutes les chaînes.

«Je chéris les femmes. Je veux aider les femmes. Je serai en mesure de faire des choses pour les femmes qu’aucun autre candidat ne serait capable de faire.»

Sur CNN, le même jour

«J’ai toujours été bon avec les femmes et il n’y aura pas de président qui œuvre aussi bien pour les femmes que moi, parce que je prendrai soin d’elles. Quand je parle de questions de santé, je prendrai soin des femmes comme personne ne l’a jamais fait jusqu’ici. Je serai si bon pour les femmes. Je chéris les femmes. Je serai si bon pour les femmes. Je travaillerai dur pour protéger les femmes.»

À force de les aimer tant, on finit par les porter aux nues. Du fond du fossé au piédestal, il n’y a finalement que quelques étages à gravir. Et les ascenseurs de la Trump Tower sont les plus rapides au monde.

«Je respecte les femmes plus que je respecte les hommes. J’ai pour elles un immense respect, une grande admiration. Hillary Clinton dit qu’il ne faut pas chérir les femmes. Moi je chéris les femmes. J’aime les femmes. Ma mère est la femme la plus formidable qu’il m’ait jamais été donné de connaître.»

Sur CNN, face à Chris Cuomo, deux jours plus tard

L’ennemie des femmes Hillary Clinton est remise à sa place… à la lettre [H comme… Hillary].

«Il est bien possible que je sois un jour le tout premier candidat à me présenter pour la présidence et à me faire de l’argent dessus.»

Fortune, entretien, 3 avril 2000

Les gros chiffres devant un$: l’autre amour du très chic Mister Trump, assez loin devant les femmes.

«Mon raisonnement, c’est que si quelqu’un est prêt à me payer 225 000 dollars pour faire un discours, ce serait stupide de ne pas y aller. Vous savez ce qui me motive à y aller? C’est de savoir que personne n’a jamais autant payé.»

New Yorker, 19 mai 1997

On pensait que Donald était un canard. C’est en réalité la poule aux œufs d’or.

«J’ai vraiment hâte de montrer ma déclaration de revenus, parce que le chiffre est énorme.»

Time, entretien, 14 avril 2011

«Je connais des hommes politiques qui aiment les femmes et qui préfèrent que ça ne se sache pas trop, parce qu’ils risqueraient de perdre les voix des gays, ok?»

Playboy, mars 1990

Donald, lui, aime beaucoup les femmes [voir F comme… Féminisme] et n’a apparemment pas peur de se priver de l’onction électorale de la communauté gay: voir [M comme… Mariage gay].

De la question de l’argent à celle de la générosité, il n’y a qu’un pas (de géant). En réponse à la question «N’êtes-vous pas trop “dur” en tant que personne pour devenir président?», Donald, loin d’être Picsou, répond à Willie Geist:

«Je suis vraiment une bonne personne. Je fais don de sommes d’argent incalculables. J’aime les gens…»

Grand seigneur (qui en a les moyens)! Mais il y a des limites à tout…

«Les gens en ont marre de la bienséance en politique.»

Dans The Today Show, 26 octobre 2015

Le fléau de la gentillesse aurait d’ailleurs bien pu causer la perte de l’Amérique. La menace plane depuis vingt-six ans:

«Je crois que si ce pays devient ne serait-ce qu’un brin plus gentil ou aimable, il va tout simplement cesser d’exister.»

Playboy, mars 1990

«Si Obama démissionne maintenant, rendant ainsi un immense service au pays, je promets de lui donner un accès gratuit à vie à n’importe lequel de mes terrains de golf!»

Tweet du 10 septembre 2014

Lorsqu’il s’agit d’aborder une autre question épineuse, le G de… Golf vient appuyer douloureusement sur le G de… Gay. Voir [M comme… Mariage gay].

«Quand vous regardez les guerres sur toutes ces années – et moi j’étudie les guerres, ma vie entière est une guerre –, un pays entre sur un territoire, il en fait la conquête, et il y reste!»

Dans l’émission The O’Reilly Factor sur Fox News, 31 mars 2011

«Quand t’y es, t’y restes!» Cette loi ne s’applique évidemment pas aux musulmans entrés aux États-Unis voir [M comme… Musulman].

Pour en savoir plus sur l’art de la guerre, voir [M comme… Moyen-Orient] et [P comme… Pétrole].

«[John McCain] n’est pas un héros de guerre.»

«Il est déclaré héros de guerre parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui ne se font pas capturer.»

Iowa, 17 juillet 2015

Ou comment flinguer son concurrent républicain, qui joue la carte du vétéran pour s’attirer la sympathie. Après les premières fureurs, Donald, qui est toujours resté bien à l’abri en haut de sa tour (il n’a jamais servi dans les rangs de l’armée et… le regrette), confesse à demi-mot que son inimitié relève du caprice et des jeux de la concurrence:

«C’est peut-être un héros de guerre, mais à l’heure qu’il est, il faut juste se rappeler qu’il a dit beaucoup de choses méchantes, sur beaucoup de gens.»

Crime le plus impardonnable: John McCain a perdu face à Barack Obama, lors de l’élection présidentielle de 2008.

«Je ne l’ai jamais aimé, parce que je n’aime pas les losers.»

Il ne les aime vraiment pas. Voir [W comme… Winner].

Une femme à la tête des États-Unis? Le citoyen Trump aurait de quoi se réjouir, lui qui les adule tant! Voir [F comme… Féminisme].

Si le Donald «d’avant» promettait aux dames une place à l’extrême opposé des hautes sphères, s’il leur souhaitait tout sauf la couleur blanche des maisons de Washington, il a changé. La femme, chez le Donald mature, suscite des sentiments entre admiration et amitié… à condition d’être assez jeune et désirable à son goût. Hillary Clinton, 68 ans, ne mérite rien d’autre que des (sales) coups.

«Si Hillary Clinton n’est pas capable de satisfaire son mari, comment peut-elle imaginer qu’elle pourrait satisfaire l’Amérique?»

Retweet du 16 avril 2015

Même quand c’est la faute des hommes, c’est un peu celle de leur femme… Pour preuve supplémentaire, les conquêtes de Bill:

«Certaines de ces femmes ont été détruites, non pas par lui mais par la façon dont Hillary Clinton les a traitées après que tout a été révélé au grand jour.»

Spokane, Washington, 7 mai 2016

Prénom Paris. Exemple de la femme jeune.

«J’ai connu Paris Hilton quand elle avait à peine 12 ans. J’étais ami avec ses parents, et la première fois que je l’ai vue, elle est entrée dans la pièce et j’ai dit: “Bon sang, qui est cette créature?”… Bon, elle n’avait que 12 ans, je n’étais pas intéressé. Ça n’a jamais trop été mon truc. Celles qui m’intéressent, elles ont en général 25 ans, par là.»

Dans le Howard Stern Show, 2003

«Il faut empêcher les patients atteints par Ebola d’entrer aux États-Unis. Soignez-les, du mieux que vous pouvez, mais là-bas. Les États-Unis ont déjà assez de problèmes comme ça!»

Tweet du 1er août 2014

«Les États-Unis ne peuvent pas laisser revenir les personnes infectées par Ebola. Les personnes qui partent au loin pour aider les autres sont formidables – mais elles doivent en assumer les conséquences!»

Tweet du 2 août 2014

Aide-toi et le ciel t’aidera… mais sans vol retour apparemment.

À la question «Quel nom de code choisiriez-vous pour vos contacts avec les Services secrets américains, si vous étiez élu président?», Donald Trump répond: «Humble» (Time, 10 novembre 2015).

En réalité, les Services secrets ont déjà accepté la demande de protection fédérale du candidat républicain (accordée également à son concurrent Ben Carson). Le nom de code qu’il s’est attribué? Mogul, «le magnat». Sa seule contrainte était de choisir un nom commençant par la lettre M…

Au cours du premier grand débat qui oppose tous les candidats républicains à l’investiture, Megyn Kelly, présentatrice-vedette de Fox News, a l’audace de demander à Donald Trump de se justifier sur ses habitudes oratoires concernant les femmes:

«ces débiles», «ces grosses truies», «ces chiennes», «les grosses», «des animaux dégoûtants».

Trump s’en défend. Il a employé ces termes, c’est vrai, mais «seulement concernant Rosie O’Donnell».

Débat républicain du 6 août 2015

Voir à ce sujet [R comme… (des) Roses pour Rosie].

Le lendemain, un journaliste demande au candidat de revenir sur sa confrontation avec Megyn Kelly.

«Tout à coup elle fait son entrée et elle commence à me poser toutes sortes de questions ridicules, et c’est facile à voir, elle avait du sang qui lui sortait par les yeux, du sang qui lui sortait de son… machin.»

Sur CNN, 7 août 2015

Selon les précisions à retardement de l’intéressé, dans le dictionnaire Trump, «machin» n’est pas synonyme de «vagin», mais de… «nez ou… oreilles…». Heureusement, le journaliste qui remet le sujet sur la table s’appelle Don Lemon. C’est un homme.

«Ma femme m’a dit: “Tu sais que si tu te présentes, tu gagneras, et tu le sais très bien.” Elle est vraiment très intelligente.»

Chambre de commerce afro-américaine de North Charleston, Caroline du Sud, 23 septembre 2015

Faut-il souhaiter que l’amour rende lucide ou aveugle?

«Je pourrais tirer sur quelqu’un que je ne perdrais pas d’électeurs!»

Sioux Center, Iowa, 23 janvier 2016

«Je les hais, mais je ne les tuerais pas pour autant. Je les hais. Soyons honnête, je les hais… Mais je ne ferais jamais ça. Mais imaginons que… Non, je plaisante. Jamais je ne les tuerais.»

Le 22 décembre 2015, dans le Michigan, Trump explique à ses partisans toute la distance qui le sépare du président russe Vladimir Poutine, accusé d’avoir fait exécuter des journalistes.

«Si je deviens président, nous recommencerons tous à dire “Joyeux Noël”, je peux vous l’assurer.»

Springfield, Illinois, 9 novembre 2015

«Je suis un bon chrétien. Si je deviens président, nous dirons “Joyeux Noël” dans tous les magasins. Fini le temps où on se souhaitait “Bonnes vacances” au coin de la rue.»

Burlington, Iowa, 21 octobre 2015

Si le peuple américain fait un gros cadeau à Donald Trump, en lui offrant les clés de la Maison Blanche, celui-ci s’engage à redonner du brillant, non pas tant aux guirlandes de Noël, mais à la religion chrétienne. De là à rendre les autres religions – une en particulier – responsables de tous les maux, il n’y a qu’un pas. Sous les auspices des plus beaux Noël, saupoudrés de neige, il est facile de déraper.

«Je veux que les gens soient en mesure de fêter Noël. J’ai entendu quelqu’un dire: “Ça n’est pas ça le plus important.” J’ai répondu: “Si, c’est très, très important.” Vous ne voyez pas ce qu’ils font? Chaque année c’est de pire en pire. Avant que vous n’ayez le temps de dire ouf, vous ne pourrez plus aller à l’église comme eux le font

Des Moines, Iowa, 19 septembre 2015

Attention aux irréductibles réfractaires à la période de Noël: ils s’exposent à l’exil. Face à la décision de Starbucks de servir son café dans de simples gobelets rouges pour la période des fêtes en 2015, abandonnant les bonshommes de neige et les pères Noël qui les ornaient auparavant, Trump oublie totalement l’esprit de tolérance propre à Noël:

«On devrait peut-être boycotter Starbucks.»

Springfield, Illinois, 9 novembre 2015

«Je ne veux pas utiliser le mot niquer, mais il se trouve que je l’ai bel et bien niqué. […] Je lui ai loué un petit bout de terrain. Il m’a payé pour une seule nuit plus que ce qu’aurait coûté le terrain sur deux ans. Et puis, au final, je ne l’ai même pas laissé utiliser ce terrain.»

Sur Fox News, mars 2011

Peu importe la pointure de son interlocuteur, Trump sait exercer ses talents d’homme d’affaires. L’histoire ne dit pas si c’est son attachement aux droits de l’Homme ou son insatiable porte-monnaie qui a motivé cette «punition» très particulière.

«J’ai des tas d’Hispaniques qui travaillent pour moi et ils m’aiment vraiment beaucoup.»

Tweet du 14 octobre 2015

Trump en est convaincu:

«Je gagnerai les voix des latinos parce que je créerai des emplois. Je créerai des emplois et les latinos auront des jobs qu’ils n’avaient pas avant.»

Sur NBC News, 8 juillet 2015

«Je suis en tête dans le vote hispanique, et je les gagnerai bel et bien, ces voix de la communauté hispanique. Je suis aussi en tête dans le vote global.»

Birch Run, Michigan, 11 août 2015

S’agissant des résidents mexicains, une présidence Trump pourrait créer plus de «renvois» que d’emplois (voir M comme… Mexique)… sauf pour un type particulier de travail (voir M comme… Mur).

«Ce que je dis, c’est ce que je dis.»

Débat républicain du 6 août 2015

«Vous n’avez même pas besoin de vous maquiller. Ce ne serait pas plus pratique? Je vous le dis, si j’étais une femme… (faisant semblant d’enfiler une burqa en se cachant derrière sa main): “Ça y est chéri, je suis prête, on peut y aller!”»

Salon.com, entretien avec Sophia Tesfaye, 26 octobre 2015

L’ex-mannequin Melania Knauss – devenue Mme Trump – n’est pas connue pour avoir la main particulièrement légère sur le rouge à lèvres, le fard à paupières et le blush.

«Je suis marié à mon business. Ça a été un mariage d’amour. Du coup, pour une femme, franchement, ce n’est pas facile en termes de relation. Mais il y a de nombreux avantages.»

New York Magazine, 13 décembre 2004

Après cette excellente définition de l’institution sacrée qu’est le mariage, on peut passer à la question brûlante du…

Au Trump International Hotel à Las Vegas, Donald s’essaie à la métaphore:

«C’est comme au golf. De nombreuses personnes… Je ne voudrais pas que ça ait l’air trivial, mais le fait est que de nombreuses personnes se convertissent à ces putters très très longs, vraiment pas très esthétiques. C’est bizarre. Vous voyez, tous ces très bons joueurs avec ces putters très, très longs, parce que ça y est, ils en ont marre des putts classiques de trois pieds. Ça, ça me met hors de moi. Je suis un traditionaliste. J’ai un paquet d’amis absolument formidables qui sont gays, mais je suis traditionaliste.»

Propos rapportés par le New York Times, 2 mai 2011

Parole d’un traditionaliste qui s’est déjà marié trois fois. On voudrait que ça n’ait pas l’air trivial, nous aussi.

Les critiques des journalistes? Trump est au-dessus de tout ça. Tout en restant en dessous de la ceinture.

«Vous savez, on s’en fiche pas mal de ce que les médias disent de vous, tant qu’on sort avec une nana qui a pour elle la jeunesse et un beau petit cul.»

Esquire, entretien, 1991

Cette citation aurait pu être répertoriée à la lettre [F comme… Féminisme].

«Bernie Sanders ment quand il affirme qu’il n’encourage pas ses fauteurs de troubles à venir à mes meetings. Attention, Bernie, ou moi aussi je vais t’envoyer mes supporters!»

Tweet du 13 mars 2016

L’élection américaine 2016 se caractérise par une liberté de parole inédite où tous les coups sont permis. Celui qui se présente comme l’homme le plus riche des États-Unis a été le premier à s’offrir le luxe de la violence verbale, jusqu’à lui donner des airs de normalité. Avant qu’il ne s’en mêle, un mot mal placé semblait pouvoir coûter sa place, dans la course à la Maison Blanche, à n’importe quel prétendant bien parti… Trump, déclencheur de bagarres au-dessus de la mêlée?

Dans le système de pensée Trump, si menace et Mexique commencent par la même lettre, ce n’est pas un hasard. Alors que certains républicains comme Jeb Bush font du pied aux électeurs d’origine mexicaine, en espérant s’attirer leurs voix, Trump compte bien s’en sortir sans eux. Et bouter hors des États-Unis ceux qu’il considère comme des envahisseurs.

«Dans ce pays, on parle anglais, pas espagnol.»

Débat républicain du 16 septembre 2015

Une pulsion de «chacun chez soi» qui aurait presque un goût d’ironie, si on se rappelle ses propos concernant l’Irak: «Maintenant qu’on y est entrés, il faut qu’on y reste!» L’attaque vise tout autant la communauté mexicaine que le candidat Jeb Bush, qui avait parlé espagnol lors de son discours de lancement de campagne.

Pas exempt de tout calcul électoral, Trump manifeste la même instabilité sentimentale qu’avec les Chinois ou les Hispaniques:

«J’aime les Mexicains, mais le Mexique n’est pas notre ami. Ils nous tuent à la frontière, ils nous volent nos emplois et tuent nos marchés. BATTEZ-VOUS!»

Tweet du 30 juin 2015

«Quand le Mexique nous envoie des gens, il n’envoie pas les meilleurs. Il ne vous envoie pas vous, ni vous (désignant des membres de son auditoire). On nous envoie des gens qui ont des tas de problèmes, et ils amènent ces problèmes avec eux. Ils apportent la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs. Et il y en a aussi, je veux bien le croire, qui sont de bonnes personnes.»

Trump Tower, New York, 16 juin 2015

Tout serait d’ailleurs calculé: «Le gouvernement mexicain pousse volontairement tous ses mauvais éléments à venir chez nous. Parce qu’ils sont intelligents. Ils sont plus intelligents que ceux qui nous dirigent.»

NCB News, 8 juillet 2015

«Je ne suis pas un grand fan des mails ni de tous ces trucs-là.»

Twitter, il adore. La plupart du temps, il dicte en personne les 140 caractères du jour à son équipe. Les messages électroniques, il aime moins. Pas pratique pour organiser une guerre:

«Autrefois, quand vous vouliez mener une attaque, vous aviez un coursier accompagné de gardes armés, vous aviez une enveloppe et vous la donniez au général. Maintenant, vous envoyez l’info au général et vous ne savez pas combien de personnes vont la voir et la lire. Nos messageries sont piratées. Je crois que MacArthur n’aimerait pas trop le concept des ordinateurs et tous ces machins-là.»

Dans The Hugh Hewitt Show sur Salem Radio, 22 octobre 2015

Peut-être parce que le général Douglas MacArthur aurait envie de vivre avec son époque. Ce qui n’est pas le cas de Donald.

«Les gens disent que les années 80, c’est du passé, c’est enterré, toute cette luxure, cette extravagance. Moi, j’entends ça et je dis: “Quoi?!” Est-ce que je suis censé changer mes goûts juste parce qu’on est entrés dans une nouvelle décennie? C’est des conneries tout ça!»

Playboy, mai 1997

L’artiste Trump affiche peu d’affinités avec une autre modernité, celle qu’on expose dans des galeries dédiées et dans certains musées.

«J’ai toujours eu le sentiment que l’art moderne, c’était du grand foutage de gueule, et la plupart des peintres qui ont du succès sont souvent de meilleurs vendeurs et commerciaux qu’ils ne sont artistes.»

The Art of the Deal, 1987

Savoir vendre, le sel de la vie. La théorie Trump ne se dément pas.

«Ben Carson est maintenant en tête des sondages dans l’Iowa. Trop de Monsanto dans le maïs, ça ramollit le cerveau?»

Retweet depuis le compte d’un particulier, @mygreenhippo

Ce mépris affiché pour les habitants de l’Iowa est injustement imputé à Donald Trump. Il n’a fait que retweeter… Lorsqu’on lui demande de bien vouloir s’excuser, le candidat à la présidence des États-Unis ne perd pas de sa superbe:

«S’excuser, c’est bon pour un jeune stagiaire qui n’a pas fait exprès de retweeter.»

Tweet du 22 octobre 2015

Pour le Moyen-Orient, les grands moyens. Le 12 novembre 2015, à Fort Dodge, dans l’Iowa, le grand patron – qui légitime sa position en affirmant: «J’en connais plus sur le prétendu État islamique que les généraux de l’armée» – dévoile ses plans:

«Daesh dispose de sommes d’argent incroyables parce qu’ils disposent de certains champs pétroliers, certaines zones de pétrole dont ils se sont emparés. […] Ils en ont en Syrie, ils en ont en Irak. Je bombarderais ces enfoirés pour les faire dégager. Je bombarderais ces salopards, tout simplement. Je ferais sauter les pipelines. Je bombarderais chaque centimètre de la zone. Il ne resterait plus rien.»

Plus rien du tout?

«Il suffit de bombarder ces enfoirés pour les faire dégager des zones de pétrole. Ne vous inquiétez pas pour les villes. Les villes sont tout simplement horribles.»

Dans l’émission Hannity sur Fox News, 17 juin 2015

Visée plus particulièrement par cette stratégie finement élaborée: la Syrie. Suite à la lettre [P comme… Pétrole].

Pour mettre un terme au «problème de voisinage» avec les Mexicains et protéger le pays de Mickey, Donald envisage d’avoir recours à une méthode vieille comme le monde:

«À tous ceux qui pensent qu’un mur ne servirait à rien, pourquoi vous ne proposez pas qu’on enlève la clôture autour de la Maison Blanche! Pauvres imbéciles!»

Tweet du 31 août 2015

«Le mur se dressera devant eux et les Mexicains commenceront à se tenir à carreau.»

Dans l’émission The O’Reilly Factor sur Fox News, 16 juin 2015

«Il vaut mieux vivre une journée comme un lion qu’un siècle comme un mouton.»

Tweet du 28 février 2016

«Je déploie des efforts surhumains pour éduquer le peuple.»

Tweet du 27 février 2016

«Vous me détestez parce que vous m’aimez encore.»

Tweet du 27 février 2016

Ces sentences comptent parmi les plus belles perles du compte Twitter officiel de Donald Trump, @realDonaldTrump. Des tweets, ou plutôt des retweets, tirés allègrement des discours du dictateur italien Benito Mussolini… Un piège tendu par le site américain Gawker, qui a mis en place un faux compte @ilduce2016 pour diffuser massivement ces citations, en étant certain d’emporter l’adhésion répétée et rayonnante du Duce Donald.

L’histoire commençait pourtant bien…

«J’ai des amis qui sont musulmans. Ce sont des gens bien, des gens formidables. Et la plupart des musulmans – comme tout ce qui existe –, enfin, ceux-là, sont des gens fabuleux. Mais ils représentent un problème pour nous, et ça, ça ne fait aucun doute.»

Face à Jake Tapper dans l’émission State of the Union sur CNN, 20 septembre 2015

Le clan Trump est donc prêt à se priver (et à priver tous les Américains) de la présence de concitoyens exceptionnels, si tel est le mal à endurer pour régler «certains problèmes».

«Donald J. Trump requiert la fermeture complète de toutes frontières pour les musulmans qui souhaiteraient entrer aux États-Unis, jusqu’à ce que nos représentants aient pu saisir la nature de ce qui est en train de se passer.»

Communiqué de presse signé Trump, 7 décembre 2015

Pour le présentateur Chris Matthews, qui a mené un long entretien avec Donald Trump, c’est là une posture de repli contre-productive: «Aujourd’hui, ils ont une certaine envie de combattre ce prétendu État islamique, mais ils en auront peut-être moins envie une fois qu’ils se diront: “Les Américains ne nous aiment même pas, alors…?”»

Réponse de notre matamore:

«Je ne sais pas, peut-être qu’ils seront un peu plus motivés pour combattre le prétendu État islamique. Peut-être qu’ils se diront: “Nous voulons rentrer en Amérique, nous devons résoudre ce problème.”»

Sur MSNBC, 30 mars 2016

«Pour moi, il y a deux types de public. Le vrai public, et puis, à part, il y a ce gros tas de merde qu’est la société new-yorkaise. Le vrai public a toujours aimé Donald Trump. Le vrai public est sensible à ce harcèlement auquel doit faire face Donal Trump. Maintenant, quand je sors dans la rue, n’y pensez même pas. La foule se jette sur moi. C’est la cohue.»

Vanity Fair, portrait, septembre 1990

«On n’est pas le meilleur quand on le croit, mais quand on le sait.» (Matrix)

Terme plus fréquent dans le vocabulaire Trump que l’expression «afro-américain».

Pour lui, le poids de la communauté noire aux États-Unis est un danger pour la justice électorale. En 2011, il s’approprie cet argument pour défendre Hillary Clinton, sortie perdante de l’investiture démocrate en 2008. Ou pour dénigrer Barack Obama, c’est selon.

«Je vais vous dire les choses comme elles sont. On entend des journalistes politiques dire et insister sur le fait que tout ça [les résultats de l’investiture] n’a rien à voir avec la race. Mais comment [Hillary Clinton] a-t-elle pu récolter si peu de voix auprès d’eux [les Afro-Américains]? Je vais vous dire, c’est bien triste.»

Ce qui n’altère en rien ses sentiments (envers les Noirs, pas envers Hillary):

«J’ai un très bon rapport avec les Noirs. J’ai toujours eu un très bon rapport avec les Noirs. Mais, malheureusement, les chiffres que vous donnez sont très effrayants.»

Face à Fred Dicker sur la chaîne de radio Talk1300, 2011

Au début de cet entretien, Donald Trump confiait sa peur de ne pas voir son amour rémunéré à sa juste valeur, en ne recevant pas le soutien qu’il mérite de la part de la communauté afro-américaine.

Dans une émission diffusée sur MSNBC, le présentateur Chris Matthews livre un combat sans merci pour faire parler le candidat à la présidence. Plus exactement pour lui faire répéter clairement ce qu’il a déjà laissé entendre:

«Pouvez-vous dire clairement que vous n’utiliserez pas l’arme nucléaire au Moyen-Orient?

– Je ne dirai jamais ça. Je garderai toutes mes cartes en main.

– Dites-le pour l’Europe alors: nous n’utiliserons pas l’arme nucléaire en Europe.

– Je… je garderai toutes mes cartes en main. […] Si quelqu’un vous attaquait avec un couteau, vous ne vous défendriez pas?»

Deux poids, deux mesures. Le va-t-en-guerre poursuit:

«D’accord, on ne parle pas du nucléaire. Mais n’y a-t-il pas un moment où il serait possible d’y avoir recours, juste possible?

– OK. Le problème, c’est que quand vous avez dit ça, tout le monde vous a entendu. David Cameron en Grande-Bretagne vous a entendu. Les Japonais, que nous avons bombardés en 1945, ont entendu eux aussi. Les gens entendent parler d’un type qui se présente pour être élu président des États-Unis et qui parle d’utiliser l’arme nucléaire. Personne ne veut entendre un président américain dire ça.

– Alors pourquoi est-ce qu’on les fabrique? Pourquoi on les fabrique?»

Sur MSNBC, 30 mars 2016

«Quand vous parlez du bouton nucléaire, ceux qui m’inquiètent ce sont ceux qui sont de l’autre côté et qui ont l’arme nucléaire. Mais pas la peine de vous inquiéter en ce qui me concerne…»

Dans l’émission Hannity sur Fox News, 17 juin 2015

On ne demande qu’à le croire…

L’épisode le plus intense de l’action anti-Obama menée depuis des années par Donald Trump remonte à 2012, quand l’homme d’affaires affirme avoir les preuves que le président n’est pas américain:

«Une source extrêmement fiable a appelé mon bureau et m’a fait savoir que l’acte de naissance de Barack Obama est un faux.»

Tweet du 6 août 2012

La rumeur avait été lancée dès 2008 par divers cercles. Mais Trump aime autant les «belles» histoires que les belles femmes, et jette un nouveau pavé (ou un lingot d’or) dans la mare alors que le président a publié les preuves de sa citoyenneté (il est né dans l’État de Hawaii).

«Merci Sarah – On se prévoit une pizza à New York avec toi et ta belle petite famille.»

Tweet du 17 juin 2015

Sarah Palin avait exprimé son adhésion à la machine Trump sur Facebook par ces mots: «Monsieur Trump doit savoir que, quand les mécontents fulminent, c’est la preuve qu’il fait bien les choses…»

Pour Trump, le P de Paris est aussi le P de Problème et de Port d’armes. Il s’en confie après les attaques de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher à Paris:

«N’est-il pas intéressant de constater que la tragédie de Paris a eu lieu dans un pays qui a une des politiques les plus restrictives en matière de port d’armes dans le monde?»

Tweet du 7 janvier 2015

Il réitère son analyse lors d’un discours public, au lendemain des attaques qui ont visé le Bataclan, plusieurs terrasses de café dans les 10e et 11e arrondissements de Paris et le stade de France à Saint-Denis:

«Quand vous regardez Paris – vous savez, là où les lois sur le port d’armes sont les plus restrictives au monde, Paris – personne n’avait d’armes à part les méchants. Personne n’avait une arme sur soi. Personne. Ils les descendaient juste les uns après les autres. […] On peut dire ce qu’on veut, mais s’ils avaient eu des armes, si ces gens qui sont comme vous et moi avaient eu des armes, si on les avait autorisés à en porter, la situation aurait été très, très différente.»

L’expert perd toute crédibilité après la tentative d’attaque d’une personne isolée dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris, début janvier 2016. Si ses prises de position sont déplacées en termes de timing (les tweets fusent peu de temps après les balles), il y a aussi un problème de décalage d’ordre… géographique.

«Homme abattu dans un commissariat à Paris. On vient d’annoncer que la menace terroriste est à son niveau maximal. L’Allemagne est un chaos complet où règne la grande criminalité. SOYEZ INTELLIGENTS!»

Tweet du 7 janvier 2016

«Les valeurs de ce pays, je les vois bien dans la façon dont le crime est toléré, et les gens ont vraiment peur de dire: “Je suis pour la peine de mort.” Eh bien moi, oui, je suis pour la peine de mort. Que penser de ce pays quand on vous fait comprendre qu’il n’est pas acceptable d’envoyer au cimetière le fils de pute qui a volé, tabassé, tué et jeté du haut de son immeuble une vieille femme de 90 ans?»

«En tant que candidat à la présidence des États-Unis, j’ai demandé à mon médecin de longue date de produire, sous un délai de deux semaines, un rapport médical complet – qui montrera une chose: la perfection.»

Tweet du 3 décembre 2015

Dans un livre coécrit avec Charles Leerhsen (pas toujours mentionné), il concède un zeste de médiocrité:

«Mon mariage est, il semblerait, le seul domaine de ma vie où j’ai pu accepter, de moi-même, quelque chose qui était en-deçà de la perfection.»

Surviving at the Top, 1990

Est-il permis de demander si Monsieur est resté en bons termes avec la première Mme Trump, Ivana, après leur divorce? À noter que le curriculum vitae de l’intéressée, ex-athlète et ex-mannequin, avait pourtant de quoi la placer haut dans l’estime de Trump, qui donne beaucoup de bons points à (celles et) ceux qui montrent de la force – quand il s’agit de passer à l’action – et à celles (et ceux) qui ont la beauté – quand il s’agit de bouger moins (et de sourire beaucoup, à ses côtés).

Ivana a, semble-t-il, fait l’objet d’un traitement de défaveur.

«Je n’ai jamais acheté de beaux bijoux ou de beaux tableaux à Ivana. Pourquoi lui aurais-je donné des biens qui ont une valeur négociable sur le marché?»

Vanity Fair, septembre 1990

Qu’elle se console, la suivante n’a pas été mieux lotie. À Timothy L. O’Brien, le mari idéal confie de quelle couleur étaient les feux de la passion qui l’unissaient à Marla, sa deuxième épouse:

«Quand je la voyais descendre l’allée, j’étais instantanément saisi d’ennui. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser: mais qu’est-ce que je peux bien foutre là? J’étais tellement absorbé par mes affaires. Je n’arrivais pas à me concentrer sur autre chose.»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation, 2005

Sur MSNBC, le 30 mars 2016, Trump fait une entrée en grande pompe. En grand Trump:

«De toute l’histoire de la politique de ce pays, on n’a jamais vu rien de comparable à ce qui est en train de se passer aujourd’hui.»

Le présentateur Chris Matthews dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas:

«Ça y est, le phénomène Donald Trump entre en piste.»

– Croyez-moi, c’est bien pour ça que je serai élu président.»

Ça tourne en rond et on en revient toujours au même sujet. Après les gros billets, les petites pièces bien rondes. Ça tourne en rond. Et on en revient à la même obsession.

«Se battre jusqu’au dernier cent, c’est une très bonne philosophie.»

Esquire, janvier 2004

«Je ne suis pas un homme politique, Dieu soit loué!»

Conservative Political Action Conference, Washington, 27 février 2015

«Les hommes politiques, c’est beaucoup de bla-bla et zéro action.»

Tweet du 27 mai 2015

«L’un des grands problèmes actuels, c’est que le monde politique est tellement pourri…! Les gens bien n’entrent jamais au gouvernement. Je voudrais changer ça.»

The Advocate, entretien, 2000

En renonçant à vouloir emménager à la Maison Blanche?

«Je crois que le grand problème de ce pays, c’est de faire dans le politiquement correct.»

Débat républicain du 10 mars 2016

Que ce soit sur l’égalité des sexes, le handicap, la religion, pas de tabous ou d’enrobages qui tiennent pour Donald Trump ! Son objectif à lui: l’efficacité.

«Il y a tellement d’idiots politiquement corrects dans notre pays. Nous devons tous nous remettre au travail et arrêter de perdre notre temps et notre énergie avec ces non-sens.»

Tweet du 8 août 2015

Et on ne change pas d’avis avec le changement d’année. Logique, le temps presse avant la grande bataille:

«Moi je ne suis pas politiquement correct. Parce qu’être politiquement correct, ça prend juste trop de temps.»

Tweet du 28 janvier 2016

À Marco Rubio, sur la question musulmane: «Vous pouvez être politiquement correct si vous en avez envie, moi, je veux résoudre des problèmes.»

Débat républicain du 10 mars 2016

«En ce qui concerne la Syrie, si Poutine veut y aller – et je le connais très bien Poutine, puisqu’on a fait ensemble l’émission 60 minutes, on est montés tous les deux sur le ring et on a été vraiment très bons ce soir-là. […] Mais, si Poutine veut y aller et botter le cul à l’EI, je suis tout à fait d’accord, à 100%, et je ne vois vraiment pas comment on peut s’opposer à ce projet…»

Débat républicain du 10 novembre 2015

Soixante minutes: c’est le temps nécessaire à Donald Trump pour sonder en profondeur la psyché de son interlocuteur. Ou quand les relations diplomatiques sont envisagées sur une base solide:

«Je pense que je m’entendrai bien avec Poutine, je m’entendrai avec bien d’autres dirigeants, et nous aurons un monde beaucoup, beaucoup plus stable.»

Débat républicain du 16 septembre 2015

«Tout est dans la traque et, une fois que vous l’avez, tout ça perd de son énergie. Je pense de manière compétitive, les hommes qui réussissent ont cet état d’esprit face aux femmes. Vous n’êtes pas d’accord? Sincèrement, vous n’êtes pas d’accord?»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation, 2005

La chasse à la femme est ouverte. Voir [F comme… Féminisme].

«Toutes les filles qui travaillaient sur The Apprentice flirtaient avec moi – consciemment ou inconsciemment. Forcément, il fallait s’y attendre.»

How to Get Rich, 2004

«Je n’ai jamais eu de problèmes au lit…»

Surviving at the Top, 1990

Avant que Trump et Poutine ne deviennent les meilleurs amis du monde dans l’émission 60 minutes de CBS News, le candidat républicain semblait avoir plus envie de l’écraser que de l’embrasser:

«On a besoin d’être un peu imprévisibles. C’est vraiment nécessaire… On est si prévisibles… On joue quand même contre Poutine.»

Greenville, Caroline du Sud, 27 août 2015

«Quand vous êtes riche, vous pouvez avoir autant d’enfants que vous le voulez. C’est plus facile d’avoir des enfants quand on est riche.»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation, 2005

Donald J. Trump ne serait pas mécontent de faire grimper sa fortune jusqu’au chiffre 5, suivi de neuf zéros (ses biens représentent quelque 4 milliards de dollars en 2015). C’est aussi le chiffre qu’il a retenu depuis longtemps en termes de progéniture.

«Moi je veux cinq enfants, comme ça a été le cas dans ma famille, comme ça j’aurai la garantie qu’au moins un d’entre eux devienne comme moi.»

Vanity Fair, septembre 1990

Après l’histoire du vilain petit canard, l’histoire de Donald à la recherche du petit canard en or.

Cinq enfants, malgré tout, c’est du boulot: «La chose la plus dure dans le fait d’avoir à élever des enfants, c’est de trouver le temps. J’ai des amis qui laissent leurs affaires de côté pour passer plus de temps avec leurs enfants. Moi, je dis, il faut pas charrier!»

New York Magazine, 13 décembre 2004

Ceci étant, pas de souci à se faire: Melania veille pour deux sur les mini-Trump. Voir [F comme… Famille moderne].

«Oui, en effet, j’adore provoquer les gens.»

BuzzFeed, entretien, 13 février 2014

«Désolé pour vous, bande de losers haineux, mais j’ai un des QI les plus élevés qui soient – et vous le savez tous!»

Tweet du 8 mai 2013

«Il n’y a pas une seule once de racisme dans mes gènes.»

Dans l’émission Entertainment Tonight sur CBS, 1er juillet 2015

Dans ses discours, en revanche…

«Je m’entends bien avec tout le monde… Je serai le plus grand rassembleur de tous les temps.»

Sioux City, Iowa, 27 octobre 2015

«Je crois que Ronald Reagan m’aimait beaucoup plus qu’il n’aimait pas mal d’autres personnes.»

Chambre de commerce afro-américaine de North Charleston, Caroline du Sud, 23 septembre 2015

Entre Ronald et Donald, il n’y a qu’une lettre de différence. Et le second d’emprunter au premier – sans jamais trop le citer – sa phrase la plus galvanisante: «Let’s make America great again!»

Donald Trump en remet une couche sur la couche d’ozone (pour boucher le trou?):

«Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour faire en sorte que les États-Unis ne soient plus compétitifs en termes de production.»

Tweet du 6 novembre 2012

À force de s’énerver tout rouge contre les Chinois, il risque de faire du réchauffement climatique un phénomène plus réel qu’il ne l’est déjà.

«Vous voulez savoir ce que c’est, la reconnaissance totale? Je vais vous dire comment on l’obtient. Quand vous voyez ces Nigériens au coin de la rue qui ne parlent pas un seul mot d’anglais, qui ne comprennent rien, qui vendent leurs montres à des types du New Jersey, quand vous passez devant eux et que ces mecs se mettent à dire: “Trump! Trump!”, c’est ça la reconnaissance totale.»

The New Yorker, entretien, 19 mai 1997

«J’adore le New York Times… Ils me mettent toujours en une au New York Times. Là aussi, on va encore battre tous les records.»

Greenville, Caroline du Sud, 27 août 2015

Quoi qu’on en dise, le couple Trump est bien assorti: la cover-girl a trouvé son cover-boy.

«J’adore la Bible; j’adore Dieu et la religion. Je suis pro-vie et plein d’autres trucs.»

The Economist, 3 septembre 2015

Leçon de campagne: séduire une partie importante de l’électorat en reprenant ses meilleurs arguments. Donald Trump s’y emploie lors d’un discours à Mobile, Alabama, le 23 août 2015. Robert Costa, journaliste pour le Washington Post, rapporte la sainte Parole dans un tweet:

«C’est quoi mon livre préféré? La Bible! La Bible!»

Quelques jours plus tard, les journalistes Mark Halperin et John Heilemann demandent à en savoir un peu plus…

«La Bible représente beaucoup pour moi, mais je n’ai pas envie d’entrer dans les détails… Je ne vais pas commencer à énumérer les versets.»

Grand Seigneur, M. Trump s’en voudrait d’ennuyer son public. Halperin et Heilemann insistent: «Plutôt branché Ancien Testament ou Nouveau Testament?»

«Je dirais 50-50. En fait, toute la Bible est vraiment incroyable.»

Dans l’émission With All Due Respect sur Bloomberg TV, 26 août 2015

Face à Chris Cuomo, concernant les dernières stars en vue de la religion catholique:

«J’aime bien le pape… Il a plutôt l’air d’être un bon gars.»

L’amour ne semble pas partagé, François ayant déclaré que Donald n’était «pas un bon chrétien». Que répondre au saint-père qui, sans le nommer, se dresse contre Trump en fustigeant le capitalisme et ses enfants, l’amour de l’argent et la corruption?

«Eh bien, je dirais que le prétendu État islamique veut mettre la main sur [le pape]. Vous le savez, non, que l’EI veut entrer dans le Vatican et en prendre le contrôle? Vous avez entendu parler de ça, non? Vous savez, c’est un de leurs rêves de toujours, aller en Italie…»

Dans l’émission New Day sur CNN, 20 août 2015

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, tout jeune homme de bonne famille désireux de parfaire son éducation et d’affiner sa sensibilité se devait de réaliser le «Grand Tour», un voyage à travers les pays d’Europe reconnus pour leur patrimoine culturel, dont l’Italie constituait le point culminant. Les amateurs et protecteurs de l’art que sont les soldats de Daesh ne voudraient pas faire l’impasse sur cette étape… Quand l’adage «Voir l’Italie et mourir» prend une dimension dramatiquement noire.

«On se moque de nous partout dans le monde.»

Conservative Political Action Conference, Washington, 27 février 2015

«Nous avons été mis au pilori. Nous sommes devenus un pays risible. Plus personne ne nous respecte. C’est pour cela que j’ai décidé d’entrer dans la course présidentielle.»

Dans l’émission Hannity sur Fox News, 17 juin 2015

«Laissez-moi vous dire quelque chose sur les riches. Ils ont un seuil de tolérance à la douleur très bas.»

New York Magazine, 11 février 1985

Et pourtant, dans la course à la présidence, il faut s’attendre à prendre des coups. Aboyer avant d’être mordu. Et quand on est très, très riche, on aboie très, très fort.

L’humoriste, productrice et animatrice de télévision Rosie O’Donnell – également actrice à l’occasion, notamment dans la série Queer as Folk (tout pour plaire à Donald) – n’est pas une grande fan de la méthode Trump, ni en famille, ni en affaires. Sommet de la mésentente: Rosie insinue que Donald est sur le chemin de la banqueroute.

«Rosie va payer cher les mots qu’elle a prononcés. Le plus probable, c’est que je la traîne en justice pour ses fausses déclarations – et ce sera bien marrant. Rosie est une perdante. Une vraie perdante. J’ai hâte de faire cracher de bonnes grosses sommes d’argent à ma gentille petite grosse, à ma Rosie.»

People, entretien, 20 décembre 2006

De quoi se familiariser avec les tribunaux, si Obama décidait d’attaquer celui qui ravive des rumeurs fallacieuses sur sa nationalité (voir [O comme… Obama]).

Mais comme dit l’adage, qui aime bien châtie bien:

«Rosie O’Donnell est grossière, vulgaire, odieuse et stupide – mais à part ça je l’aime beaucoup!»

Tweet du 11 juillet 2014

Misogynie à part…:

«Quand un homme quitte une femme, et encore plus si on pense qu’il l’a quittée pour s’en taper une autre – une nana bien roulée! – 50% de la population va se mettre à aimer la femme qui a été quittée.»

Vanity Fair, septembre 1990

«Ça n’a pas été facile pour moi. Ça n’a pas été facile pour moi ! Vous savez, j’ai commencé à Brooklyn. Mon père m’a accordé un petit prêt d’un million de dollars.»

Dans l’émission The Today Show sur NBC, 26 octobre 2015

Si, pour Louis XIV: «L’État, c’est moi», pour Donald:

«Le show, c’est Trump. Et ce sont des spectacles à guichet fermé absolument partout.»

Playboy, mars 1990

«Moi, je crois aux sondages. Si j’aime les sondages, c’est seulement parce que je suis placé en tête depuis déjà une centaine de jours, ce qui n’est pas mal du tout. Combien de fois les sondages se sont-ils trompés? Pas si souvent que ça.»

USA Today, entretien, 22 octobre 2015

Comme les petits enfants, Trump aime jouer, mais seulement quand il gagne. Deux jours après sa belle déclaration de confiance, il est annoncé à la traîne dans l’État de l’Iowa, derrière Ben Carson, par deux sondages consécutifs. Pas content. Veut plus jouer:

«Je crois très honnêtement que ces sondages sont faux.»

New York Times, 24 octobre 2015

«Être second, c’est une chose terrible pour moi.»

Sioux City, Iowa, 27 octobre 2015

«Ça a été le meilleur score de diffusion de toute l’histoire de CNN. Avec toutes ces guerres, c’est [ce débat] qui se place numéro un. Je me demande combien de personnes l’auraient regardé si je n’avais pas été là. Trois, probablement?»

Chambre de commerce afro-américaine de North Charleston, Caroline du Sud, 23 septembre 2015

Le petit écran n’est pas à la mesure de l’immensité du talent qu’incarne Donald J. Trump. Des envies de cinéma? Il semblerait que oui, et avec des velléités bien précises…

«Je veux que ce soit un très bel homme qui joue mon rôle.»

Cité par Gwenda Blair dans Master Apprentice, 2005

C’est que Donald Trump a eu le temps de se lasser d’être une star de la télévision. Ses apparitions très remarquées à l’écran ne se résument pas à la course à la présidence. De 2004 à 2015, pendant quatorze saisons, il a été la figure centrale de l’émission de télé-réalité The Apprentice, dont il est aussi l’un des producteurs. À la clé, un contrat dans une des entreprises de l’empire Trump. Ce jeu devait à l’origine être sous-titré For the love of money («Pour l’amour de l’argent»). Tout un programme.

«Il y a quelque chose de très séduisant dans le fait d’être une star de la TV.»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation, 2005

«Je suis une célébrité, et alors, qu’est-ce que je peux y faire? Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, que je me cache sous une pierre?»

USA Today, entretien, 27 février 2004

«Tout ce que j’ai pu faire jusqu’ici a été un immense succès.»

Débat républicain du 16 septembre 2015

Fin 2012, le sujet de prédilection de Donald Trump n’est autre que… la trilogie Twilight, ou plus exactement les histoires de cœur du couple-star que forment Robert Pattinson et Kristen Stewart. Le docteur Trump est aussi un excellent conseiller conjugal.

«Robert Pattinson ne devrait pas se remettre avec Kristen Stewart. Elle l’a trompé comme une chienne et elle recommencera, vous verrez. Il vaut tellement mieux que ça!»

Tweet du 17 octobre 2012

Le contenu du tweet ne plaît pas particulièrement aux fans du film. Mais la course à la présidentielle n’a pas commencé, Trump n’a pas encore de raisons de craindre de s’aliéner une partie importante de l’électorat.

«Robert, tout le monde me tombe dessus parce que j’ai dit que tu devais plaquer Kristen – mais j’ai raison. Si tu avais vu les nanas au concours de Miss Univers, tu y repenserais à deux fois.»

Tweet du 18 octobre 2012

Entre 1996 et 2015, l’organisateur du concours Miss Univers n’est autre que Donald Trump en personne (en association avec la chaîne de télé NBC à partir de 2003). Il a l’expérience du terrain et peut donc prodiguer des conseils de sagesse aux plus jeunes en toute légitimité. Solidarité masculine oblige.

«Tout le monde sait que j’ai raison et que Robert Pattinson devrait larguer Kristen Stewart. Dans quelques années, il me remerciera. Sois intelligent, Robert.»

Tweet du 22 octobre 2012

«Mon compte Twitter est devenu si influent que je peux maintenant forcer mes ennemis à dire la vérité.»

Tweet du 17 octobre 2012

Preuve en est la fréquence à laquelle cancane le Donald et le flot de messages de 140 caractères qui pèsent lourd dans ce petit livre.

«Il me suffit de regarder les gens en face pour voir ce qu’ils sont vraiment.»

New York Post, 22 décembre 2006

«Je n’ai pas besoin de me vanter. Ça n’est pas nécessaire, croyez-moi si vous le voulez.»

Trump Tower, New York, 16 juin 2015

«Je ne peux pas m’excuser de la vérité.»

Sur Fox News, 5 juillet 2015

… «Alors qu’en politique, c’est souvent un bon calcul que d’envoyer de faux messages…»

Tweet du 1er novembre 2015

Trump se présente lui-même comme un candidat anti-système, le seul qui ose dire les vérités et qui ne ferme ni les yeux ni la bouche devant des réalités qu’il n’est pas de bon ton de décrire. C’est en jouant sur le ras-le-bol des citoyens face à la classe politique que le soi-disant non-politicien espère remporter le maximum de voix.

«Je peux être un vrai tueur et un mec adorable. Il faut pouvoir tout être. Il faut être fort. Il faut être doux. Il faut être impitoyable. Et je crois que rien de tout ça ne peut s’apprendre. Ou vous avez le petit truc ou vous ne l’avez pas. Et c’est bien pour ça que la plupart des gamins réussissent à enchaîner les meilleures notes à l’école mais échouent dans la vie.»

Playboy, mars 1990

Le Trump des années 1980 et 1990 était formel:

«Je n’ai aucune intention de me présenter à l’élection présidentielle.»

Time, entretien, 14 septembre 1987

«Je détesterais ça, avoir à penser que les gens me tiennent responsable des problèmes du monde. Pourtant les gens viennent déjà me voir pour me dire: “Pourquoi vous ne faites rien contre le fléau des sans-abri dans les villes?”, comme si je contrôlais la situation. Je ne suis candidat à aucun poste politique.»

Playboy, mars 1990

C’est peut-être qu’à l’époque, Donald est trop absorbé par ses propres misères. Après avoir acheté pour quelque 30 millions de dollars, en 1988, le yacht Kingdom 5KR du milliardaire saoudien Adnan Khashoggi, Trump et tout son monde sont ébranlés par la crise du marché immobilier. Pour éviter de se retrouver lui-même à la rue, le businessman doit travailler à la restructuration de ses petites affaires. Pas le temps de s’occuper de celles des autres. Mais si, vraiment, les choses tournaient très mal pour ses concitoyens, alors peut-être, peut-être que…

«Je ne souhaite pas être président. J’en suis sûr à 100%. Je ne pourrais changer d’avis que si je voyais que ce pays continue à sombrer vers le fond.»

Et si le bateau prenait l’eau, de quelle couleur serait la casquette du capitaine?

«Eh bien, si un jour je devais me présenter, je pense que j’aurais de meilleurs résultats en tant que démocrate qu’en tant que républicain – pas du tout parce que j’aurais des tendances libérales, puisque moi, je suis conservateur. Mais le fait est que les travailleurs voteraient pour moi. Ils m’apprécient.»

Playboy, mars 1990

Quelques années plus tard, et quelques mois seulement avant de se décider à entrer dans la course, la question n’est toujours pas tranchée:

«Vous savez, j’apporterai mon soutien aux démocrates, aux républicains, peu importe le camp, on s’en fiche.»

BuzzFeed, 13 février 2014

«Je crois que c’est encore mieux que n’importe quelle pub en ma faveur.»

Sur Fox News, 9 février 2016

L’arme (pas très) secrète du candidat Trump. Parmi ses insultes de prédilection:

imbécile, débile, petite nature, loser.

«Washington ne vaut plus rien et les choses ne vont pas aller en s’arrangeant sauf si on donne les clés au meilleur de tous.»

Conservative Political Action Conference, Washington, 27 février 2015

Pour découvrir l’identité du «meilleur de tous», voir [W comme… Winner].

À Maureen Dowd:

«Je suis une personne solide et stable. Je suis un homme qui réussit de grandes choses. Je suis un gagnant, Maureen, je gagne toujours. Touchons du bois. Je gagne. C’est ça que je fais. Je bats les autres. Je gagne.»

The New York Times, entretien, 15 août 2015

«Celui qui ne gagne pas ne s’en sort pas. Et moi je gagne, je gagne, je gagne toujours. À la fin, je finis toujours par gagner, que ce soit au golf, au tennis ou dans la vie, je gagne toujours, c’est tout. Et je dis aux gens que je gagne toujours tout simplement parce que c’est le cas.»

Timothy L. O’Brien, TrumpNation, 2005

Confessions d’un gagnant tout-terrain. Avoir confiance en ses capacités est toujours un atout. Être un battant, la moindre des choses. Le secret de la réussite? C’est très simple:

«Pour être un gagnant, il faut penser comme un gagnant.»

Conservative Political Action Conference,

Washington, 27 février 2015

«La plupart des gens pensent petit, parce que la plupart des gens ont peur du succès, peur de prendre des décisions, peur de gagner. Et ça donne une grande avance aux gens comme moi.»

The Art of the Deal, 1987

Si sa crinière est une preuve flagrante que Donald a mangé du lion, sa règle d’or, la loi du talion, en est une autre.

«Quand quelqu’un vous défie sans raison, rendez les coups – soyez brutaux, soyez forts – ne vous laissez pas faire. C’est toujours très important de GAGNER!»

Tweet du 27 juin 2015

À l’encontre d’un ennemi récurrent et multiforme, les médias:

«D’après ce que je peux constater, les critiques ont le droit de dire tout ce qu’ils veulent sur mon travail, alors pourquoi je n’aurais pas le droit d’en faire de même?»

The Art of the Deal, 1987

Mais si on lui fait vraiment un sale coup, Donald passe à la loi du Trumpalion. En réponse au journaliste Sean Hannity, il indique comment il compte réagir aux campagnes de dénigrement lancées par ses concurrents républicains:

«Je rends dix fois la pareille. C’est la règle du jeu.»

Dans l’émission Hannity sur Fox News, 9 novembre 2015

Cette philosophie a été forgée sur le terrain hostile de l’expérience. En réponse à la question «Quelle est votre plus grande faiblesse?», il confesse:

«Je suis trop crédule, et quand on me fait un sale coup, si on me fait un sale coup, je ne pardonne jamais.»

Débat républicain du 28 octobre 2015

Face au journaliste Chuck Todd qui l’interroge sur ses concurrents dans la course à la Maison Blanche, il se méfie…

«Je pense que tous ceux qui m’entourent sont une menace pour moi.»

Dans l’émission Meet the Press sur NBC, 8 novembre 2015

Mais:

«Tous ceux qui m’ont attaqué jusqu’ici se sont cassé la figure. Ils se sont écrasés au sol.»

Sioux City, Iowa, 27 octobre 2015

«Je suis prêt à faire presque n’importe quoi, dans les limites de la légalité, pour gagner.»

The Art of the Deal, 1987

Réforme du champ lexical du combat: «mettre une sacrée trempe» se dit désormais «mettre une sacrée trump».

«Sérieusement, ce ne sont pas des Suédois qui ont fait exploser le World Trade Center, Jake!»

Face à Jake Tapper dans l’émission State of the Union sur CNN, 20 septembre 2015

«Elle allait l’emporter, elle était donnée favorite… Et elle s’est fait schlonger, elle a perdu. Elle a perdu. Donc Hillary va perdre, et je n’ai même pas encore commencé avec elle.»

Michigan, 22 décembre 2015

Une traduction dans les règles de l’art aurait accouché d’une version plus parlante: pour nous francophones, le verbe peut avoir quelque chose d’amusant dans sa sonorité. En réalité, ce que Donald Trump suggère avec poésie, c’est que Mme Clinton «s’est bien fait mettre», en 2008, par un Barack Obama qui lui est passé devant et a emmené Michelle à la Maison Blanche. Le schlong, c’est le pénis «de bonne taille» (en opposition au schlort, le petit, et au schledium, le pas très grand) dans un yiddish très vulgaire. Quand le manque de classe made in Trump s’accompagne d’une petite dose de culture.

«J’ai vu comment, à Jersey City, dans le New Jersey, des milliers et des milliers de personnes se réjouissaient devant ce bâtiment qui s’écroulait. Des milliers de personnes, contentes.»

Birmingham, Alabama, 21 novembre 2015

Et vous, vous faisiez quoi le 11 septembre, quand c’est arrivé? Donald Trump, lui, affirme qu’il a assisté à un double spectacle d’horreur devant sa télévision: la fête face au drame, les bras levés de la victoire face aux tours qui tombent, l’explosion de joie devant l’explosion du World Trade Center. Il l’a vu à la télé, il en est sûr (il l’a dit et répété devant le journaliste George Stephanopoulos sur la chaîne ABC). C’était dans la ville de Jersey City. Le hasard veut que Jersey City soit situé dans le New Jersey et que le New Jersey soit le deuxième État américain comptant la plus forte population musulmane (derrière le Michigan).

Attention, la télévision peut parfois mentir. Ceux qui la regardent aussi.

Les Trumperies - le meilleur du pire de Donald Trump
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