[1] Nanterre était alors un village de maraîchers, dont toute la production se trouvait absorbée par le grand marché de Paris. Zola s’était rendu un matin de très bonne heure, sur l’avenue de Neuilly, pour assister à l’entrée des voitures de maraîchers.

[2] Après le coup d’état du 2 décembre 1851, les « commissions mixtes » avaient condamné à la « transportation » en Guyane et en Nouvelle-Calédonie plusieurs centaines des militants républicains qui avaient tenté de résister.

[3] Le Compas d’Or était une très vieille auberge de la rue Montorgueil. Construite au XVIe siècle, elle avait conservé l’apparence d’une ferme, avec sa grande porte carrée, son hangar et sa vaste cour où les poules picoraient.

[4] Nom donné au pavillon de la volaille et du gibier.

[5] La reconstruction des Halles, sous la direction de l’architecte Victor Baltard, a commencé en 1851. Dix pavillons, sur quatorze prévus, ont été ouverts entre 1857 et 1869. La halle au blé est plus ancienne. Elle a été construite en 1811.

[6] Pour mettre fin à la résistance républicaine qui s'était esquissée à Paris dans la journée du 3 décembre 1861, Louis-Napoléon Bonaparte, Morny et les généraux Saint-Arnaud et Magnan décidèrent de terroriser Paris. Dans le quartier avoisinant les Halles, des barricades s'étaient élevées. Des rassemblements se tenaient sur les boulevards. Le 4 décembre les troupes de ligne encerclèrent les quartiers barricadés et dispersèrent les obstacles amassés sur les boulevards, tandis que la foule refluait sur les trottoirs. Les barricades furent rapidement enlevées et leurs défenseurs passés par les armes. C'est vers trois heures que se produisit la fusillade des boulevards. Quelques coups de feu ayant éclaté vers la tête des troupes, celles-ci ripostèrent en tirant au hasard sur les maisons et les trottoirs, du boulevard Bonne-Nouvelle jusqu'au boulevard des italiens. On dénombra plusieurs dizaines de tués, parmi lesquels quelques femmes. Les sources officielles avouèrent trois cent quatre-vingts tués parmi les civils, sur les barricades et au cours de la fusillade des boulevards. Beaucoup avaient été abattus sur-le-champ par les soldats après la prise des barricades, en application d'un décret de Saint-Arnaud, ministre de la guerre, en date du 3 décembre : « Tout individu pris construisant ou défendant une barricade, ou les armes à la main, sera fusillé. » Voir Eugène Ténot, Paris en décembre 1851, Paris, 1868.

[7] Le commerce « au petit tas » se pratique autour des pavillons.

[8] Cette cloche réglait alors le déroulement des opérations commerciales dans les Halles.

[9] Limousine : manteau d’étoffe grossière (laine et fil), à raies blanches et noires, à l’usage des charretiers, des rouliers et des paysans.

[10] La pointe Saint-Eustache est le carrefour de la rue de Turbigo, de la rue Montmartre, de la rue Montorgueil et de la rue Rambuteau.

[11] Claude Lantier est décrit à l'image de Paul Cézanne, l'ami de jeunesse d'Émile Zola, qui a souvent déambulé avec lui à travers les rues du vieux Paris. Voir le début de L'Œuvre.

[12] Murillo : peintre espagnol, né à Séville (1617-1682). Il a peint des tableaux religieux, et aussi des toiles inspirées par les personnages ou les scènes de la vie quotidienne (Le Jeune Mendiant, Les Mangeurs de crevettes, Jeune paysanne espagnole).

[13] Les forts des Halles avaient un large chapeau enduit de blanc d'Espagne et un colletin en très gros velours d'Utrecht, qui empêchaient leurs fardeaux de glisser.

[14] Le marché des Innocents, établi à la fin du XVIIIe siècle sur l'emplacement de l'ancien cimetière des Innocents, avait disparu au moment de la construction des nouvelles Halles, et laissé la placé au square des Innocents.

[15] Toutes ces descriptions de boutiques sont issues des notes que Zola a prises chez les commerçants des Halles. Ce sont des témoignages de première main sur les aspects de Paris vers 1870.

[16] Rappelons que c'est à l'île du Diable, que le capitaine Dreyfus sera déporté, un peu plus de vingt années après la publication du ventre de Paris (voir Chroniques et Polémiques).

[17] Surinam est le nom officiel de la Guyane hollandaise d'après le nom d'un fleuve qui la traverse et qui se jette dans l'océan Atlantique.

[18] Allusion à la guerre de Crimée (1854-1856).

[19] Melchior : autre nom du maillechort, alliage de cuivre, de nickel et de zinc, imitant l'argent (du nom des inventeurs, Maillot et Chorier).

[20] Voir La Fortune des Rougon. Sur la mère de Claude, Gervaise Macquart, voir L'Assommoir.

[21] À l'époque, les services de la préfecture de policé se trouvaient au palais de Justice, en bordure du quai de l'Horloge sur la rive nord de l'Île de la Cité.

[22] Les facteurs sont les « jurés vendeurs » d'autrefois. Ils ont acheté leur charge. Intermédiaires entre l'expéditeur et l'acheteur, ils effectuent les ventes en gros, et perçoivent les droits de la ville sur ces ventes. Ils sont rémunérés par un droit proportionnel au montant des transactions et disposent de plusieurs employés.

[23] Mazagran : café froid, servi dans un grand verre et auquel on ajoute de l'eau.

[24] Hébertiste : Les hébertistes étaient, en 1793, les partisans d'Hébert, directeur du Père Duchesne. Ils inspirèrent les mesures révolutionnaires les plus avancées (emprisonnement des suspects, loi du maximum, culte de la Raison, etc.). Robespierre, qui condamnait leur sectarisme et leur langage provocateur, et estimait qu'ils compromettaient la Révolution, fit arrêter, juger et exécuter leurs chefs.

[25] L'action du roman a commencé, d'après le dossier préparatoire, en septembre 1858. Il s'agit du discours prononcé à l'ouverture de la session de 1859.

[26] Clef des songes : ouvrage prétendant donner la signification des êtres, animaux et objets apparus pendant les rêves.

[27] Marmotte : fichu noué sous le menton, et dont la pointe retombe derrière la tête.

[28] Voir La Fortune des Rougon.

[29] L'inspecteur de la marée avait pour mission de surveiller les étalages, et de faire enlever et jeter aux ordures les poissons qui lui paraissaient avariés. Voir Maxime Du Camp, Paris, tome II.

[30] Muche : excellent, délicieux, parfait, dans l'argot faubourien (d'après A. Delvau, Dictionnaire de la langue verte, Paris, 1866).

[31] Maxime Du Camp, Paris, tome II, p. 162 : « Quel que soit le temps qu'il fasse, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il grêle, qu'il neige, ils sont réduits à rester là, en plein air, sur les trottoirs au carreau, grelottants, mouillés, transis. »

[32] Du Contrat Social : œuvre de Jean-Jacques Rousseau (1762). Selon l'auteur, les rapports sociaux sont gouvernés par une sorte de « contrat » : chaque contractant aliène sa liberté à la communauté. L'ouvrage inspira l'idéologie de la Révolution française.

[33] La fontaine des Innocents, construite par Pierre Lescot en 1550, au coin de la rue aux Fers et de la rue Saint-Denis, et transportée au milieu du marché des Innocents en 1788. Elle porte des bas-reliefs de Jean Goujon.

[34] Valenciennes : dentelle comportant une grande maille élargie et des dessins très clairs, et qui tire son nom de la ville de Valenciennes, dans le département du Nord.

[35] Voir les Salons d'Émile.

[36] Cette promenade dans le quartier des Halles, est nourrie des notes prises par Zola au cours de ses propres pérégrinations.

[37] Godiveaux : les godiveaux ordinaires sont un hachis de rouelle de veau et de graisse de rognon de bœuf, roulé en boulettes.

[38] Guenipe : « Femme sale, vile, méprisable, adonnée à une basse débauche » (P. Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle).

[39] Maniotte : action de « manier » divers échantillons de beurre, c’est-à-dire de les pétrir après les avoir ramollis dans de l’eau tiède, pour réduire le tout en une masse homogène.

[40] Bondon : fromage de Neufchâtel, qui a la forme d’un bondon de tonneau.

[41] Les rogatons s’appelaient également des « arlequins ».

[42] Sur Morny, voir Son Excellence Eugène Rougon.

[43] La Grâce de Dieu : drame en cinq actes de Gustave Lemoine et d’Ennergy, représenté pour la première fois au théâtre de la Gaîté, en 1841, et qui eut un très grand succès.

[44] Le Corps législatif eut à discuter, en 1859, de crédits demandés en suppléments de budget, et d’un impôt nouveau qui servirait à les couvrir.

[45] Pauline Macquart réapparaîtra dans La Joie de vivre.