SCÈNE IV
Westminster.--Appartement dans le palais.
Entrent LE ROI HENRI, CLARENCE, LE PRINCE HUMPHREY, WARWICK, et autres personnes.
LE ROI.--Maintenant, lords, si le ciel donne une heureuse issue à la sanglante querelle qui retentit à nos portes, nous conduirons notre jeunesse sur de plus nobles champs de bataille, et nous ne manierons plus que des armes sanctifiées. Notre flotte est équipée, nos troupes rassemblées, les lieutenants qui doivent gouverner en notre absence revêtus des pouvoirs nécessaires; tout est au point où nous le désirons: seulement nous avons besoin d'un peu plus de forces personnelles, et nous attendons aussi que les rebelles, maintenant armés, soient rentrés sous le joug du gouvernement.
WARWICK.--Nous ne doutons pas que Votre Majesté ne jouisse bientôt de ce double avantage.
LE ROI.--Humphrey de Glocester, mon fils, où est le prince votre frère?
GLOCESTER.--Je crois, seigneur, qu'il est allé chasser à Windsor.
LE ROI.--Et avec qui?
GLOCESTER.--Je l'ignore, seigneur.
LE ROI.--Son frère Thomas de Clarence n'est-il pas avec lui?
GLOCESTER.--Non, mon bon seigneur, il est ici présent.
CLARENCE.--Que veut de moi mon seigneur et mon père?
LE ROI.--Je ne te veux que du bien, Thomas de Clarence. Par quel hasard n'es-tu pas avec le prince ton frère? Il t'aime, Thomas, et tu le négliges. Tu es placé dans son affection plus avant qu'aucun de tes frères: cultive-la, mon fils; et après que je serai mort, tu pourras revêtir entre sa puissance et tes autres frères le noble rôle de médiateur. N'omets donc rien de ce qui peut lui plaire, n'émousse point la vivacité de sa tendresse, et ne perds point l'avantage de ses bonnes grâces, en te montrant froid ou négligent pour ce qu'il désire; car il est bienveillant pour qui sait le ménager par des soins: il a une larme pour la pitié, et une main ouverte comme le jour, quand la charité l'attendrit. Et cependant si on l'irrite, il devient comme le rocher; son humeur est aussi capricieuse que l'hiver, aussi soudaine que le coup de la gelée aux premiers rayons du jour. Il faut donc se conformer soigneusement à son caractère. Quand vous le verrez disposé à la gaieté, remontrez-lui ses fautes et toujours avec respect; s'il est mal disposé, donnez-lui de l'espace et lâchez-lui le câble, jusqu'à ce que ses passions, comme une baleine amenée sur le sable, se soient consumées par leurs propres efforts. Retiens cette leçon, Thomas, et tu seras le protecteur de tes amis, un cercle d'or qui unira tellement tous tes frères, que jamais le vase où vient se mêler leur sang ne sera brisé par le poison des mauvais conseils que les années y verseront nécessairement, dût-il le travailler aussi violemment que l'aconit ou la poudre impétueuse.
CLARENCE.--Je le cultiverai avec tout le soin et toute la tendresse dont je suis capable.
LE ROI.--Pourquoi, Thomas, n'es-tu pas avec lui à Windsor?
CLARENCE.--Il n'y est pas aujourd'hui; il dîne à Londres.
LE ROI.--Et avec qui? peux-tu me le dire?
CLARENCE.--Avec Poins et le reste de cette bande qui ne le quitte pas.
LE ROI.--Le sol le plus gras est aussi celui qui produit le plus de mauvaises herbes: il en est surchargé, lui, la noble image de ma jeunesse. Aussi mes chagrins s'étendent par delà l'heure de ma mort; et des larmes de sang s'échappent de mon coeur, quand mon imagination me fait concevoir les jours d'égarement, les temps de corruption que vous allez voir, lorsque je me serai endormi avec mes ancêtres; car, aussitôt que la violence de ses goûts de débauche n'aura plus de frein, que la fougue et l'ardeur du sang seront ses seuls guides, lorsque le pouvoir viendra se joindre à ses penchants dissolus, de quel essor ne verrez-vous pas ses passions voler à la rencontre du péril et de la chute dont il sera menacé?
WARWICK.--Mon gracieux souverain, vous allez beaucoup trop loin: le prince ne fait autre chose qu'étudier ses compagnons, comme on étudie une langue étrangère. Pour la bien comprendre, il est nécessaire d'en voir et d'en apprendre jusqu'aux expressions les plus indécentes: une fois qu'on y est parvenu, Votre Altesse sait qu'on n'en fait plus d'autre usage que de les connaître pour les détester. De même, le prince, quand il sera mûri par l'âge, repoussera loin de lui ses compagnons, comme on rejette ces termes grossiers; et leur souvenir vivra seulement dans sa mémoire, comme une espèce de règle sur laquelle il mesurera la conduite et la vie des autres, tirant ainsi avantage de ses fautes passées.
LE ROI.--Il est rare que l'abeille abandonne le rayon de miel qu'elle a déposé dans un cadavre. Qui entre là? Westmoreland!
(Entre Westmoreland.)
WESTMORELAND.--Santé à mon souverain! Et puisse un nouveau bonheur s'ajouter encore à celui que je viens lui annoncer! Le prince Jean votre fils baise les mains de Votre Grâce. Mowbray, l'évêque Scroop, Hastings et tous les chefs, sont allés recevoir le châtiment des lois. Il n'y a pas maintenant une seule épée rebelle hors du fourreau, et la paix arbore partout son rameau d'olivier: Votre Majesté pourra en particulier lire à son loisir dans cet écrit la manière dont a été conduite l'action et en suivre toutes les circonstances.
LE ROI.--O Westmoreland: tu es l'oiseau d'été, qui sur les pas de l'hiver vient chanter la naissance du jour. Tenez: voici encore d'autres nouvelles!
(Entre Harcourt.)
HARCOURT.--Le ciel garde Votre Majesté d'avoir des ennemis; et lorsqu'il s'en élèvera contre vous, puissent-ils tomber comme ceux dont je viens vous apprendre le sort! Le comte Northumberland, et le lord Bardolph à la tête d'une armée nombreuse d'Anglais et d'Écossais, ont été totalement défaits par le shérif de la province d'York. Ces dépêches, s'il vous plaît de les lire, renferment dans le plus grand détail toutes les dispositions et les événements du combat.
LE ROI.--Eh! pourquoi donc ces heureuses nouvelles me rendent-elles plus malade? La fortune ne viendra-t-elle jamais les deux mains pleines? Ne tracera-t-elle jamais ses plus belles paroles qu'en sombres caractères? Tantôt elle donne l'appétit, et refuse l'aliment; c'est le sort du pauvre en santé; tantôt elle offre un festin et retire l'appétit; c'est le sort du riche, qui possède l'abondance et n'en jouit pas. Je devrais en ce moment me réjouir à ces heureuses nouvelles, et c'est en ce moment même que je sens ma vue se troubler, et ma tête se perdre. Oh! Dieu, venez à moi: je me trouve bien mal.
(Il tombe sans connaissance.)
GLOCESTER.--Que Votre Majesté prenne courage!
CLARENCE.--O mon auguste père!
WESTMORELAND.--Mon souverain, reprenez vos esprits, levez les yeux....
WARWICK.--Calmez-vous, princes: attendez; vous savez que ces accès lui sont très-ordinaires. Éloignez-vous de lui: donnez-lui de l'air: bientôt vous le verrez revenir à lui.
CLARENCE.--Non, non, il ne peut soutenir longtemps ces angoisses. Les inquiétudes et les peines continuelles de son âme ont tellement usé l'enceinte qui devait les contenir, qu'à travers sa mince épaisseur, on aperçoit la vie prête à s'échapper.
GLOCESTER.--Le peuple m'épouvante de ses récits: il a vu des animaux nés sans père, des productions monstrueuses de la nature. Les saisons ont changé leur caractère; on dirait que l'année, dans son cours, a trouvé certains mois endormis, et les a franchis d'un saut.
CLARENCE.--La rivière a éprouvé trois flux successifs que n'a séparés aucun reflux; et les vieillards, chroniques babillardes du temps passé, disent que le même phénomène arriva peu de temps avant que notre aïeul, le grand Édouard, ne tombât malade et ne mourût.
WARWICK.--Parlez plus bas, princes: le roi commence à reprendre ses sens.
GLOCESTER.--Cette apoplexie sera sûrement le mal qui terminera ses jours.
LE ROI.--Je vous prie, soulevez-moi, et m'emportez dans quelque autre chambre.... Doucement, je vous en prie. (On emporte le roi dans une partie plus reculée de la chambre, où on le place sur un lit.) Qu'on n'y fasse aucun bruit, mes chers amis, à moins qu'une main secourable ne récrée mes sens fatigués par quelque douce musique.
WARWICK.--Qu'on fasse venir des musiciens dans la chambre voisine.
LE ROI.--Placez ma couronne ici sur le chevet de mon lit.
CLARENCE.--Ses yeux se creusent, il change visiblement.
WARWICK.--Moins de bruit, moins de bruit.
(Entre Henri.)
HENRI.--Qui de vous a vu le duc de Clarence?
CLARENCE.--Me voici, mon frère, accablé de tristesse.
HENRI.--Comment, de la pluie sous les toits quand il n'y en a pas dehors? Comment se porte le roi?
GLOCESTER.--Très-mal.
HENRI.--Sait-il les bonnes nouvelles? Dites-les-lui.
GLOCESTER.--C'est en les apprenant que sa santé s'est si fort altérée.
HENRI.--S'il est malade de joie, il se rétablira sans médecin.
WARWICK.--Pas tant de bruit, milords.--Cher prince, parlez bas: le roi votre père est disposé à s'assoupir.
CLARENCE.--Retirons-nous dans l'autre chambre.
WARWICK.--Votre Grâce voudrait-elle bien s'y retirer avec nous?
HENRI.--Non: je vais m'asseoir ici et veiller auprès du roi. (Tous sortent, excepté le prince.) Pourquoi la couronne, cette importune camarade de lit, est-elle placée sur son oreiller? O brillante agitation, inquiétude dorée, combien de fois ne tiens-tu pas les portes du sommeil toutes grandes ouvertes pendant des nuits sans repos!--Il dort avec elle maintenant, mais non pas d'un sommeil si parfait et si profondément doux que celui de l'homme qui, le front ceint d'un bonnet grossier, ronfle pendant toute la durée de la nuit. O grandeur, quand de ton poids tu presses celui qui te portes, tu te fais sentir à lui comme une riche armure qui, dans la chaleur du jour, brûle en même temps qu'elle défend. Je vois près des issues de son haleine un brin de duvet qui demeure immobile. S'il respirait, cette plume légère et mobile serait nécessairement agitée. Mon gracieux seigneur! mon père!--Ce sommeil est profond! En effet, c'est le sommeil qui a détaché pour jamais ce cercle d'or du front de tant de rois d'Angleterre.--Ce que je te dois ce sont des larmes, et la profonde douleur des affections du sang; la nature, l'amour, la tendresse filiale te les payeront, ô père chéri, et avec abondance! Ce que tu me dois, c'est ta couronne royale qu'héritier immédiat de ta place et de ton sang, je vois descendre naturellement sur ma tête. (Il la met sur sa tête.) Eh bien, l'y voilà: le ciel l'y maintiendra; et dût la force de l'univers entier se réunir dans le bras d'un géant, il ne m'arracherait pas cette couronne héréditaire; je la tiens de toi et la laisserai aux miens, comme tu me l'as laissée.
(Il sort.)
LE ROI.--Warwick! Glocester! Clarence!
(Rentrent Warwick et les autres.)
CLARENCE.--Le roi n'a-t-il pas appelé?
WARWICK.--Que désire Votre Majesté? Comment se trouve Votre Grâce?
LE ROI.--Pourquoi m'avez-vous laissé seul ici, milords?
CLARENCE.--Mon souverain, nous y avons laissé le prince mon frère; il a voulu s'asseoir et veiller auprès de vous.
LE ROI.--Le prince de Galles? où est-il? que je le voie. Il n'est pas ici.
WARWICK.--Cette porte est ouverte; il sera sorti de ce côté.
GLOCESTER.--Il n'a point passé par la chambre où nous nous tenions.
LE ROI.--Où est la couronne? Qui l'a ôtée de dessus mon oreiller?
WARWICK.--Nous l'y avons laissée, mon souverain, quand nous sommes sortis.
LE ROI.--C'est le prince qui l'aura prise.--Allez; cherchez où il peut être.--Est-il donc si impatient, qu'il prenne mon sommeil pour la mort?--Trouvez-le, lord Warwick; que vos reproches l'amènent ici.--Ce procédé de sa part s'unit à mon mal et hâte ma fin.--Voyez, enfants, ce que vous êtes; avec quelle promptitude la nature se laisse aller à la révolte, dès que l'or devient l'objet de ses désirs. C'est donc pour cela que les pères insensés, dans leur inquiète prévoyance, suspendent leur sommeil pour se livrer à leurs pensées, et brisent leur cerveau par les soucis, leurs os par le travail! C'est donc pour cela qu'ils ont rassemblé et entassé ces amas corrupteurs d'un or difficilement acquis! C'est donc pour cela qu'ils se sont appliqués à former leurs enfants dans la science et les exercices de la guerre! lorsque, semblables à l'abeille, recueillant sur chaque fleur des sucs bienfaisants, nous retournons à la ruche les cuisses chargées de cire et la bouche de miel, comme l'abeille, nous sommes tués pour notre salaire.--Cet amer sentiment ajoute son poids à celui sous lequel va succomber un père! (Rentre Warwick.) Eh bien, où est-il, ce fils qui ne veut pas attendre que la maladie qui le sert en ait fini avec moi?
WARWICK.--Seigneur, j'ai trouvé le prince dans la chambre voisine, couvrant de larmes de tendresse son visage ému, et la douleur si profondément empreinte dans tout son maintien, que la tyrannie, qui ne s'est jamais désaltérée que de sang, aurait, en le voyant, lavé son poignard dans des larmes de pitié.... Il vient.
LE ROI.--Mais pourquoi a-t-il emporté ma couronne?--Ah! le voilà! (Entre Henri.) Approche-toi de moi, Henri.--Vous, quittez la chambre et laissez-nous seuls.
HENRI.--Je ne croyais pas que je dusse vous entendre encore.
LE ROI.--Ton désir, Henri, a fait naître en toi cette pensée.--Je demeure trop longtemps près de toi; je te fatigue.--Es-tu donc si pressé de voir mon siège vide, que tu ne puisses t'empêcher de t'investir de mes dignités avant que ton heure soit venue? O jeune insensé! tu aspires à un pouvoir qui te perdra. Attends encore un moment; le nuage de mes grandeurs n'est plus retenu dans sa chute que par un souffle si faible, qu'il ne tardera pas à se dissoudre; le jour de ma vie s'obscurcit. Tu as dérobé ce qui, dans quelques heures, t'appartenait sans reproche, et à l'instant de ma mort tu as mis le sceau à mon attente. Ta vie a clairement prouvé que tu ne m'aimais pas, et tu as voulu que j'en mourusse convaincu. Tu as caché dans tes pensées un millier de poignards que tu as aiguisés sur ton coeur de pierre, pour frapper la dernière demi-heure de ma vie! Quoi, ne peux-tu m'accorder encore une demi-heure? Eh bien, pars, va creuser toi-même mon tombeau, et commande aux cloches joyeuses d'annoncer à ton oreille non pas que je suis mort, mais que tu es couronné; qu'au lieu des larmes qui devraient arroser mon char funèbre, coule le baume qui consacrera ta tête. Confonds seulement mes restes dans une poussière oubliée, et donne aux vers celui qui t'a donné la vie. Arrache de leurs places mes officiers, viole mes décrets; car le temps est venu où l'on peut se moquer de toutes règles; Henri V est couronné. Lève-toi, folie; tombe, grandeur royale! Loin d'ici, vous tous, sages conseillers, et vous, singes fainéants, venez de tous les pays vous rassembler à la cour d'Angleterre! Nations voisines, purgez-vous de votre écume. Avez-vous quelque débauché qui jure, boive, danse et passe toute la nuit en orgies, qui vole, assassine et renouvelle, sous des formes différentes, tous les crimes déjà connus? Félicitez-vous, il ne troublera plus votre paix. L'Angleterre va de ses bienfaits redoublés secourir son triple forfait; l'Angleterre lui donnera des emplois, des honneurs, de la puissance: car Henri V va arracher à la licence la muselière qui la contenait, et ce chien fougueux va pouvoir à son gré entamer de sa dent la chair de l'innocent. O mon pauvre royaume, encore languissant des coups de la guerre civile, si tous mes soins n'ont pu te garantir des excès de la débauche et du vice, que deviendras-tu, quand la débauche sera ton unique souci? Oh! tu redeviendras un désert, peuplé de loups, tes anciens habitants.
HENRI, se mettant à genoux.--Oh! pardonnez-moi, mon souverain.--Sans mes larmes, l'humide obstacle qui m'a coupé la parole, j'aurais prévenu cette amère et déchirante réprimande, avant que la douleur se fût mêlée à vos paroles, et que j'eusse entendu tout ce que je viens d'entendre.--Voilà votre couronne, et que celui qui porte la couronne éternelle vous conserve longtemps celle-ci! Si je l'aime autrement que comme le gage de votre valeur et de votre renommée, que jamais je ne me relève de cette posture soumise, honorable témoignage de respect que m'enseigne le sincère et profond sentiment de mon devoir! Le ciel sait, lorsque entré dans ce lieu, je vis Votre Majesté entièrement privée de respiration, de quel froid mortel fut saisi mon coeur! Si je mens à la vérité, oh! puissé-je mourir au milieu du désordre de ma vie actuelle, sans que jamais ma vie apprenne au monde incrédule le noble changement résolu dans mon âme! Venant pour vous voir et vous croyant mort (presque mort moi-même, ô mon souverain, de l'idée que vous l'étiez), j'ai adressé la parole à cette couronne, comme si elle eût pu m'entendre, et je lui faisais ces reproches: «Les inquiétudes qui t'accompagnent ont pris pour aliment la santé de mon père. Ainsi donc, toi qui es composée de l'or le plus pur, de toutes les sortes d'or tu es le pire. Un or d'un degré moins raffiné devient bien plus précieux, puisqu'il conserve la vie quand la médecine l'a rendu potable; mais toi, le plus fin, le plus honoré, le plus célèbre de tous, tu dévores celui qui te porte.» C'était en l'accusant ainsi, mon très-honoré souverain, que je l'ai posée sur ma tête, pour m'essayer avec elle comme avec un ennemi qui avait, sous mes yeux mêmes, donné la mort à mon père: sujet de plainte pour un fidèle héritier! Mais si sa possession a souillé mon âme d'un seul sentiment de joie, ou enflé mes pensées d'aucun mouvement d'orgueil; si aucun sentiment de révolte ou de vaine présomption m'inspira l'idée de saluer sa puissance du moindre mouvement d'affection, que le ciel l'éloigne pour jamais de ma tête, et me rende semblable au plus misérable des vassaux qui se prosternent devant elle avec crainte et respect!
LE ROI.--O mon fils! c'est le ciel qui t'a inspiré l'idée de l'emporter d'ici, pour te fournir une nouvelle occasion de mieux regagner l'amour de ton père, en te justifiant avec autant de sagesse. Approche, Henri, assieds-toi près de mon lit; écoute le dernier conseil, je crois, que je doive jamais te donner. Le ciel sait, mon fils, par quelles voies détournées, par quels obliques et tortueux sentiers je suis parvenu à cette couronne; et je sais, moi, avec combien d'inquiétudes ma tête l'a portée: elle descendra sur la tienne, plus paisible, plus honorée, mieux affermie: car les reproches que m'a coûtés sa conquête vont s'ensevelir avec moi dans la terre. Elle n'a paru en moi qu'un honneur arraché d'une main violente, et un grand nombre de ceux qui m'environnaient me reprochaient le secours qu'ils m'avaient prêté pour m'en rendre maître. De là naissaient les querelles et l'effusion du sang qui chaque jour venaient troubler une paix imaginaire; tu vois avec quel péril j'ai soutenu ces audacieuses menaces. Tout mon règne n'a été, pour ainsi dire, qu'une scène où ce même sujet a été continuellement mis en action; mais aujourd'hui, ma mort change l'état des choses, car ce qui pour moi n'était qu'un bien acquis par la force tombe sur ta tête par un droit plus légitime; tu reçois et tu portes le diadème en vertu d'un titre héréditaire. Cependant, quoique tu sois plus affermi sur le trône que je n'ai pu l'être, tu ne l'es pas assez, tant que les ressentiments sont encore tout frais; et tous tes amis, ceux dont tu dois faire tes amis, n'ont été que tout récemment dépouillés de leur aiguillon et de leurs dents, dont la criminelle assistance avait fait mon élévation et dont la force pouvait me donner la crainte d'être renversé. Pour l'éviter, j'ai détruit les uns, et j'avais formé le dessein de conduire les autres à la Terre sainte, de crainte que le repos et le loisir de la paix ne leur donnassent la tentation d'examiner de trop près ma situation. Que ton soin, mon cher Henri, soit donc d'occuper dans des guerres étrangères ces esprits inquiets, afin d'user, dans une action portée hors de ce royaume, le souvenir des temps passés.--Je voudrais te parler encore; mais mes poumons sont tellement affaiblis, qu'il ne me reste plus d'haleine, et que la parole me manque entièrement. Oh! que Dieu me pardonne les moyens qui m'ont conduit à la couronne, et m'accorde que tu la puisses posséder en paix!
HENRI.--Mon bien-aimé souverain, vous l'avez gagnée, vous l'avez portée, vous l'avez soutenue, et vous me la donnez. Ma possession doit donc être légitime et paisible; et je promets de la défendre avec des efforts plus qu'ordinaires contre l'univers entier.
(Entrent le lord Jean de Lancastre, Warwick et autres lords.)
LE ROI.--Tenez, tenez, voilà mon fils Jean de Lancastre.
LANCASTRE.--Santé, paix et bonheur à mon auguste père!
LE ROI.--Tu m'apportes, ô mon fils Jean, le bonheur et la paix: mais pour la santé, hélas! elle s'est envolée sur ses jeunes ailes loin de ce tronc desséché et flétri: tu le vois, ma tâche en ce monde touche à sa fin.--Où est milord Warwick?
HENRI.--Milord Warwick!
LE ROI.--Est-il quelque nom particulier attaché à l'appartement où je me suis évanoui la première fois?
WARWICK.--On l'appelle Jérusalem, mon noble prince.
LE ROI.--Dieu soit loué! C'est là que ma vie doit finir. Il y a plusieurs années qu'on m'a prédit que je ne mourrais que dans Jérusalem: je crus à tort que ce serait dans la Terre sainte; mais portez-moi dans cette chambre: je veux qu'on m'y place: c'est dans cette Jérusalem que Henri mourra.
(Tous sortent.)
FIN DU QUATRIÈME ACTE.
ACTE CINQUIÈME
SCÈNE I
Dans le comté de Glocester; une salle de la maison de Shallow.
Entrent SHALLOW, FALSTAFF, BARDOLPH, LE PAGE.
SHALLOW.--Par la corbleu, chevalier, vous ne vous en irez pas ce soir. (Appelant.) Holà, Davy! m'entends-tu?
FALSTAFF.--Il faut que vous m'excusiez, maître Robert Shallow.
SHALLOW.--Je ne vous excuserai point; vous ne serez point excusé: on n'admettra point d'excuses: il n'y a pas d'excuses qui tiennent: vous ne serez point excusé. Hé! Davy!
(Entre Davy.)
DAVY.--Me voilà, monsieur!
SHALLOW.--Davy, Davy, Davy.--Attendez un peu, Davy; attendez que je voie un peu,--oui c'est cela; dites à Guillaume le cuisinier, dites-lui qu'il vienne me parler.--Sir Jean, vous ne serez point excusé.
DAVY.--Vraiment, monsieur, je vous le dirai, ces ordonnances-là ne sauraient s'exécuter.--Et puis encore autre chose; est-ce en froment que nous sèmerons la grande pièce de terre?
SHALLOW.--En froment rouge, Davy; mais appelez-moi Guillaume le cuisinier: n'avez-vous pas des pigeonneaux?
DAVY.--Oui-da, monsieur. Voici aussi le mémoire du maréchal, pour les fers de chevaux et les socs de charrue.
SHALLOW.--Voyez à quoi il se monte et qu'on le paye:--sir Jean, vous ne serez point excusé.
DAVY.--Monsieur, il faut de toute nécessité un cercle neuf au baquet.--Et puis encore, monsieur, voulez-vous qu'on retienne à Guillaume quelque chose sur ses gages, pour le sac qu'il a perdu l'autre jour à la foire de Hinckley?
SHALLOW.--Certainement il m'en répondra.--Quelques pigeons, Davy, une couple de petites poulardes fines, un gigot de mouton, et puis après quelques petites drôleries, dis cela à Guillaume.
DAVY.--L'homme de guerre restera-t-il ici à coucher, monsieur?
SHALLOW.--Oui, Davy, je veux le bien traiter; un ami à la cour vaut mieux qu'un penny dans la poche. Traite bien ses gens, Davy; car ce sont de fieffés coquins, qui pourraient mordre en arrière.
DAVY.--Pas plus toujours qu'ils ne sont mordus eux-mêmes, leur linge est joliment sale.
SHALLOW.--Bien trouvé, Davy; allons, à ton affaire, Davy.
DAVY.--Je vous serais bien obligé, monsieur, de vouloir bien protéger Guillaume Visor de Woncot, contre Clément Perkers de la Colline.
SHALLOW.--Il y a déjà bien des plaintes, Davy, contre ce Visor; ce Visor est, à ma connaissance, un grand coquin!
DAVY.--J'en conviens avec Votre Seigneurie, monsieur, c'est un coquin: cependant à Dieu ne plaise qu'un coquin ne puisse pas obtenir quelque protection à la prière de son ami. Un honnête homme, monsieur, est en état de se défendre lui-même, et un coquin n'a pas cet avantage. Il y a huit ans, monsieur, que je sers fidèlement Votre Seigneurie, et si je n'ai pas le crédit, une fois ou deux par quartier, de faire avoir le dessus à un coquin contre un honnête homme, il faut convenir que j'ai bien peu de crédit auprès de Votre Seigneurie. Ce coquin est un honnête ami à moi, monsieur, c'est pourquoi je supplie Votre Seigneurie de lui accorder sa protection.
SHALLOW.--Allons, c'est bon, il ne lui arrivera pas de mal. Aie soin de tout, Davy.--Où êtes-vous, sir Jean? Allons, quittez-moi ces bottes: donnez-moi la main, monsieur Bardolph.
BARDOLPH.--Je suis bien charmé de voir Votre Seigneurie.
SHALLOW.--Je te remercie de tout mon coeur, mon cher maître Bardolph: et toi aussi (au page), mon grand garçon, sois le bienvenu. Allons, sir Jean.
(Shallow sort.)
FALSTAFF.--Je vous suis, mon cher maître Robert Shallow.--Bardolph, donnez un coup d'oeil à nos chevaux. (Bardolph et le page sortent.) Si l'on me coupait en morceaux, on pourrait faire de moi quatre douzaines d'échalas barbus comme maître Shallow. C'est quelque chose d'admirable à voir que la parfaite concordance de l'esprit de ses gens avec le sien. Eux, à force de l'avoir devant les yeux, se comportent comme de sots juges de paix; et lui, à force de converser avec eux, il a pris la tournure d'un valet de juge: leurs esprits se sont si bien unis et confondus par cette société habituelle, qu'ils se jettent tous dans la même direction, comme une troupe d'oies sauvages. Si j'avais une affaire auprès de maître Shallow, je flatterais ses gens sur le crédit qu'ils ont auprès de leur maître; si j'en avais une avec ses gens, je chatouillerais maître Shallow de l'idée qu'il n'y a pas d'homme au monde qui ait plus d'autorité sur ses domestiques. Ce qu'il y a de certain, c'est que les manières ou habiles ou sottes se gagnent comme les maladies par la communication: c'est pourquoi les hommes doivent bien prendre garde à ceux qu'ils fréquentent.--Je veux tirer de ce Shallow de quoi tenir le prince Henri dans un accès de rire non interrompu pendant la durée de six mois, c'est-à-dire environ le temps de quatre plaidoiries, ou de deux procédures; et ce rire-là sera sans vacations. Oh! c'est quelque chose d'étonnant que l'effet d'un mensonge appuyé d'un long jurement, ou d'une plaisanterie faite d'un air triste, sur un gaillard qui n'a pas encore senti les épaules lui faire mal. Oh! vous le verrez rire jusqu'à ce que son visage se déforme comme un manteau mouillé mis de travers.
SHALLOW, derrière le théâtre.--Sir Jean!
FALSTAFF.--Je suis à vous, maître Shallow. Je suis à vous, maître Shallow.
(Il sort.)
SCÈNE II
A Westminster; un appartement du palais.
LE COMTE DE WARWICK ET LE GRAND JUGE.
WARWICK.--Qu'est-ce, milord grand juge, où allez-vous?
LE JUGE.--Comment se porte le roi?
WARWICK.--Que trop bien. Tous ses maux sont finis.
LE JUGE.--Il n'est pas mort, j'espère?
WARWICK.--Il a terminé son voyage en ce monde. Il ne vit plus pour nous.
LE JUGE.--J'aurais voulu que Sa Majesté m'eût mandé avant de mourir. Le zèle intègre avec lequel je l'ai servi pendant sa vie me laisse exposé à tous les traits de l'injustice.
WARWICK.--En effet, je crois que le jeune roi ne vous aime pas.
LE JUGE.--Je sais qu'il ne m'aime pas; aussi je m'arme de courage pour soutenir d'un front serein le poids des circonstances; elles ne peuvent me menacer d'une disgrâce plus affreuse que celle que me peint mon imagination.
(Entrent le prince Jean de Lancastre, Glocester, Clarence et autres lords.)
WARWICK.--Voici les enfants affligés de feu Henri. Oh! plût au ciel que le Henri qui est vivant eût le caractère du moins estimable de ces trois princes! Combien de nobles conserveraient leurs emplois, qui vont devenir le butin d'hommes de la plus vile espèce?
LE JUGE.--Hélas! je crains bien que tout l'Etat ne soit bouleversé.
LANCASTRE.--Bonjour, cousin Warwick.
GLOCESTER ET CLARENCE.--Bonjour, cousin.
LANCASTRE.--Nous nous abordons comme des hommes qui ont perdu l'usage de la parole.
WARWICK.--Nous pourrions bien le retrouver; mais ce que nous aurions à dire est trop triste, pour souffrir de longs discours.
LANCASTRE.--Allons! que la paix soit avec celui qui nous cause cette tristesse!
LE JUGE.--Que la paix soit avec nous, et nous préserve de devenir plus tristes encore!
GLOCESTER.--O mon cher lord! vous avez en effet perdu un ami; et j'oserais jurer que vous n'avez pas emprunté le masque de la douleur: sûrement celle que vous montrez est sentie et bien sincère.
LANCASTRE.--Quoique nul homme dans ce royaume ne puisse savoir au juste quel sera son sort, cependant vous êtes celui qui a le moins à espérer. J'en suis affligé: je voudrais bien qu'il en fût autrement.
CLARENCE.--Il faut maintenant que vous ayez des égards pour sir Jean Falstaff. Il nage contre le cours qu'a suivi votre mérite.
LE JUGE.--Aimables princes, ce que j'ai fait, je l'ai fait en tout honneur, et conduit par l'impartiale direction de ma conscience, et vous ne m'en verrez jamais solliciter le pardon par de honteuses et inutiles supplications. Si la fidélité et l'irréprochable innocence ne suffisent pas à me défendre, j'irai trouver mon maître le roi mort, et je lui dirai qui m'envoie après lui.
WARWICK.--Voici le prince.
(Entre Henri V.)
LE JUGE.--Salut! Que le ciel conserve Votre Majesté!
LE ROI.--Ce vêtement somptueux et nouveau pour moi, la majesté, ne m'est pas aussi léger que vous pouvez le croire.--Mes frères, votre tristesse est mêlée de quelque crainte. Mais c'est ici la cour d'Angleterre et non la cour de Turquie. Ce n'est point un Amurat qui succède à un Amurat; c'est Henri qui succède à Henri.--Cependant, soyez tristes, mes bons frères; car il faut l'avouer, cette tristesse vous sied; la douleur se montre en vous d'un air si noble que je veux en imiter l'exemple, et la conserver au fond de mon âme. Soyez donc tristes, mais pas plus, mes bons frères, que vous ne devez l'être, d'un fardeau qui nous est imposé en commun. Quant à moi, j'en atteste le ciel, je vous demande d'être assurés que je serai votre père et votre frère à la fois. Chargez-vous seulement de m'aimer, et moi je me charge de tous vos autres soins. Cependant pleurez Henri mort: je veux le pleurer aussi: mais vous avez un Henri vivant, qui pour chacune de vos larmes vous rendra autant d'heures de bonheur.
LANCASTRE ET LES AUTRES.--Nous n'attendons pas moins de Votre Majesté.
LE ROI, les considérant l'un après l'autre.--Vous me regardez d'un air inquiet; (au juge) et vous plus que les autres; vous êtes, je crois, bien sûr que je ne vous aime pas.
LE JUGE.--Je suis sûr que, si l'on me rend la justice qui m'est due, Votre Majesté n'a nul motif légitime de me haïr.
LE ROI.--Non? Comment un prince élevé dans de si hautes espérances pourrait-il oublier des affronts tels que ceux que vous m'avez fait subir? Quoi! réprimander, maltraiter de paroles, envoyer rudement en prison l'héritier présomptif de l'Angleterre! cela se pourrait-il aisément supporter? cela peut-il être lavé dans le Léthé? cela peut-il être pardonné?
LE JUGE.--Je représentais alors la personne de votre père. L'image de sa puissance résidait en moi; et au moment où je dispensais sa loi, où j'étais occupé tout entier des intérêts publics, il plut à Votre Altesse d'oublier ma place, la majesté de la loi, l'autorité de la justice, et l'image du souverain que je représentais; et elle me frappa sur le siége même où je rendais un arrêt! Alors je déployai contre vous, comme criminel envers votre père, toute la hardiesse de mon autorité, et je vous fis emprisonner. Si ma conduite fut blâmable, consentez donc, aujourd'hui que vous portez le diadème, à voir votre fils mépriser vos décrets, arracher la justice de votre respectable tribunal, dédaigner la loi dans son cours, émousser le glaive qui protége la paix et la sûreté de votre personne, que dis-je? conspuer votre royale image, et insulter à vos oeuvres dans un second vous-même. Interrogez vos pensées de roi, placez-vous dans cette position: soyez aujourd'hui le père, et figurez-vous que vous avez un fils; que vous apprenez qu'il a profané votre dignité à cet excès, que vous voyez vos plus redoutables lois méprisées avec tant de légèreté, et vous-même dédaigné à ce point par un fils: et ensuite imaginez-vous que je remplis votre rôle, et que c'est au nom de votre autorité que j'impose, avec douceur, silence à votre fils: après cet examen de sang-froid, jugez-moi, et dites-moi, comme il convient à votre condition de roi, ce que j'ai fait de malséant à ma place, à mon caractère, ou à la majesté de mon souverain?
LE ROI.--Vous avez raison, juge, et vous avez pesé les choses comme vous le deviez. En conséquence, continuez de tenir la balance et le glaive; et je souhaite qu'élevé de jour en jour à de plus grands honneurs, vous viviez assez pour voir un de mes fils vous offenser, et vous obéir, comme j'ai fait; puissé-je vivre aussi pour lui répéter les paroles de mon père: «Je suis heureux d'avoir un magistrat assez courageux pour oser exercer la justice sur mon propre fils; et je ne suis pas moins heureux d'avoir un fils qui se dépouille ainsi de sa dignité entre les mains de la justice.»--Vous m'avez mis en prison: c'est pour cela que je mets en votre main le glaive sans tache que vous avez accoutumé de porter, en vous rappelant que vous devez en user avec la même fermeté, la même justice, la même impartialité que vous avez employées avec moi. Voilà ma main. Vous servirez de père à ma jeunesse; ma voix ne sera que l'écho des paroles que vous ferez entendre à mon oreille. Je soumettrai humblement mes résolutions aux sages conseils de votre expérience.--Et vous tous, princes, mes frères, croyez-moi, je vous en conjure.--Mon père a emporté avec lui mes égarements; tous les penchants déréglés de ma jeunesse sont ensevelis dans sa tombe. Je lui survis triste et animé de son esprit, pour tromper l'attente de l'univers, pour démentir les prédictions et pour effacer l'injuste opinion qui s'est établie sur moi, d'après les apparences: les flots de mon sang ont jusqu'ici coulé au sein d'orgueilleuses folies: maintenant ils vont refluer en arrière et retourner vers l'océan pour se mêler à ses vagues imposantes dans une solennelle majesté. Nous convoquons maintenant notre cour suprême du parlement, et choisissons pour membres de notre conseil des hommes si sages que le grand corps de l'État puisse le disputer à la nation la mieux gouvernée, et que les affaires de la paix ou de la guerre, ou de toutes deux ensemble, nous soient également connues et familières à tous. (Au grand juge.) Vous y aurez, mon père, la première place. Après la cérémonie de notre couronnement, nous assemblerons, comme je viens de l'annoncer, tous les membres de l'État, et si le ciel seconde mes bonnes intentions, nul prince, nul pair n'aura jamais sujet de dire: «Que le ciel abrège d'un seul jour la vie fortunée de Henri!»
(Ils sortent.)
SCÈNE III
Dans le comté de Glocester.--Le jardin de la maison de Shallow.
Entrent FALSTAFF, SHALLOW, SILENCE, BARDOLPH, LE PAGE ET DAVY.
SHALLOW, à Falstaff.--Oh! vous verrez mon verger, et sous mon berceau nous mangerons une reinette de l'année dernière, que j'ai greffée moi-même, avec un plat de biscuits et quelque chose comme ça. Allons, cousin Silence, et puis nous irons nous coucher.
FALSTAFF.--Pardieu, vous avez là une bonne et riche habitation!
SHALLOW.--Oh! toute nue, nue, nue! une pauvreté, une pauvreté, sir Jean: mais, ma foi, l'air y est bon.--Sers, Davy, sers, Davy; fort bien, Davy.
FALSTAFF.--Ce Davy vous sert à bien des choses; il est tout à la fois votre valet et votre laboureur.
SHALLOW.--C'est un bon valet, un bon valet, un très-bon valet, sir Jean. Par la messe, j'ai bu un peu trop de vin d'Espagne à souper.--C'est un bon valet.--Oh! çà, asseyez-vous donc, asseyez-vous donc: approchez donc, cousin.
SILENCE.--Ah! mon cher, je dis, je veux bien.
(Il chante.)
Ne faisons rien autre que manger et bonne chère,
Et remercier le ciel de cette joyeuse année;
Quand la viande est à bon marché et que les femelles sont chères
Que de jeunes gaillards rôdent çà et là...
Vive la joie, et vive la joie à jamais!
FALSTAFF.--Ah! voilà ce qui s'appelle un bon vivant! Maître Silence, je vous porte une santé pour cela.
SHALLOW.--Versez donc à M. Bardolph, Davy.
DAVY.--Mon cher monsieur, asseyez-vous donc. (Il fait asseoir le page et Bardolph à une autre table.) Je suis à vous tout à l'heure.--Mon très-cher monsieur, asseyez-vous.--Monsieur le page, mon bon monsieur le page, asseyez-vous. Grand bien vous fasse. Ce qui nous manque à manger, nous l'aurons en boisson.--Il faut excuser. Le coeur est tout.
(Il sort.)
SHALLOW.--Allons, gai, monsieur Bardolph; et vous, mon petit soldat aussi, que je vois là-bas, égayez-vous.
SILENCE chante.
Allons, gai, gai, ma femme est comme toutes les autres;
Car les femmes sont des diablesses, les petites et les grandes.
On est gai dans la salle quand les barbes se remuent.
Et vive la joie du carnaval!
Allons, gai, gai, etc.
FALSTAFF.--Je n'aurais pas cru que maître Silence eût été un homme de si bonne humeur.
SILENCE.--Qui? moi? J'ai été comme cela déjà plus d'une fois.
DAVY, rentre et sert un plat de pommes devant Bardolph.--Tenez, voilà un plat de pommes de rambour pour vous.
SHALLOW.--Davy?
DAVY.--Plaît-il, monsieur?--Je suis à vous tout à l'heure. Un verre de vin, n'est-ce pas, monsieur?
SILENCE chante.
Un verre de vin, pétillant et fin,
Et je bois à mes amours,
Et un coeur joyeux vit longtemps.
FALSTAFF.--Bravo, maître Silence.
SILENCE.--Et soyons gais, voilà le bon temps de la nuit.
FALSTAFF.--Santé et longue vie à vous, maître Silence!
SILENCE chante.
Remplissez le verre et faites-le passer,
Et je vous fais raison jusqu'à un mille de profondeur.
SHALLOW.--Honnête Bardolph, soyez le bienvenu: si tu as besoin de quelque chose et que tu ne le demandes pas, dame, tant pis pour toi. (Au page.) Bienvenu aussi, toi, mon petit fripon, et de toute mon âme! Je vais boire à monsieur Bardolph et à tous les joyeux cavalleros de Londres.
DAVY.--J'espère bien voir Londres une fois avant de mourir.
BARDOLPH.--Si j'ai le plaisir de vous y rencontrer, Davy....
SHALLOW.--Vous boirez bouteille ensemble? Ha! n'est-ce pas, monsieur Bardolph?
BARDOLPH.--Oui, monsieur, et à même le broc.
SHALLOW.--Pardieu, je te remercie.--Le drôle se collera à tes côtés, je puis t'en assurer: oh! il ne te renoncera pas, il est de bonne race.
BARDOLPH.--Et moi, je me collerai à lui aussi, monsieur.
SHALLOW.--C'est parler comme un roi!--Ne vous laissez manquer de rien; allons, qui? (On entend frapper à la porte.)--Voyez qui est-ce qui frappe là. Ho! qui est là?
(Davy sort.)
FALSTAFF, à Silence qui avale une rasade.--Ma foi! vous m'avez bien fait raison.
SILENCE chante.
Note 52:(retour) Samingo pour Domingo. C'est le refrain d'une vieille chanson.
N'est-ce pas cela?
FALSTAFF.--C'est cela.
SILENCE.--Est-ce cela? Eh bien, avouez donc qu'un vieux homme est encore bon à quelque chose.
(Rentre Davy.)
DAVY.--Plaise à Votre Seigneurie! il y a là-bas un certain Pistol qui arrive de la cour et apporte des nouvelles.
FALSTAFF.--De la cour? Faites-le entrer.
(Entre Pistol.)
FALSTAFF.--Eh bien, Pistol, qu'est-ce qu'il y a?
PISTOL.--Sir Jean, Dieu vous ait en sa garde!
FALSTAFF.--Quel vent vous a soufflé ici, Pistol?
PISTOL.--Ce n'est pas ce mauvais vent qui ne souffle rien de bon à l'homme.--Aimable chevalier, te voilà devenu des plus grands personnages du royaume.
SILENCE.--Ma foi! je crois qu'il n'est autre que le bonhomme Souffle de Barson? 53
Note 53:(retour) Puff de Barson. Il a fallu traduire le nom pour faire comprendre la réplique.
PISTOL.--Souffle! Je te souffle dans la face, mauvais poltron de païen. Sir Jean, je suis ton Pistol et ton ami. Et je suis venu ici ventre à terre; et je t'apporte des nouvelles et des bonheurs pleins de félicités, et un siècle d'or, et d'heureuses nouvelles du plus grand prix.
FALSTAFF.--Eh bien, je t'en prie, débite-les-nous donc, comme un homme de ce monde.
PISTOL.--Au diable ce monde et ses vilenies! 54 Je parle de l'Afrique et de joies d'or.
Note 54:(retour) A f.... a for the world.
FALSTAFF.--Maudit chevalier d'Assyrie, quelles sont les nouvelles? Que le roi Cophetua sache donc enfin de quoi il s'agit.
SILENCE chante.
Oui, et Robin-Hood, aussi, et Scarlet et le petit Jean.
PISTOL.--Est-ce à des mâtins de la basse-cour à se mettre en comparaison avec l'Hélicon? De bonnes nouvelles seront-elles ainsi reçues? Alors, Pistol, cache ta tête dans le giron des Furies.
SHALLOW.--Mon galant homme, je n'entends rien à vos manières d'agir.
PISTOL.--C'est de quoi tu dois te lamenter.
SHALLOW.--Pardonnez-moi, monsieur. Mais, monsieur, si vous arrivez avec des nouvelles de la cour, je pense qu'il n'y a que deux partis à prendre, c'est ou de les débiter, ou de les taire. Je suis, monsieur, dépositaire d'une certaine autorité, sous le bon plaisir du roi.
PISTOL.--Et quel roi, va-nu-pieds? Parle, ou meurs.
SHALLOW.--Du roi Henri.
PISTOL.--Henri IV, ou Henri V?
SHALLOW.--Henri IV.
PISTOL.--Au diable 55 ton office! Sir Jean, ton tendre agneau est à présent roi; Henri V, le voilà! Je dis vrai. Si Pistol te ment, tiens, fais-moi la figue, comme à un fanfaron espagnol.
FALSTAFF.--Comment? est-ce que le vieux roi est mort?
PISTOL.--Aussi ferme qu'un clou dans une porte 56: ce que je dis est la vérité.
Note 55:(retour) A f.... a for thine office.
Note 56:(retour) As nail in door; expression proverbiale. Door-nail signifie le clou sur lequel frappe le marteau de la porte. As nail in door pourrait signifier aussi comme un ongle pris dans une porte.
FALSTAFF.--Allons, Bardolph, partons: selle mon cheval. Maître Robert Shallow, choisis la place que tu voudras dans tout le pays; elle est à toi. Et toi, Pistol, je te surchargerai de dignités.
BARDOLPH.--Oh! jour heureux! Je ne donnerais pas ma fortune pour une baronnie.
PISTOL.--Eh bien? n'ai-je pas apporté de bonnes nouvelles?
FALSTAFF.--Portez maître Silence à son lit.--Maître Shallow, milord Shallow, vois ce que tu veux être: je suis l'intendant de la fortune; prends tes bottes; nous voyagerons toute la nuit.--Oh! mon cher Pistol! Vite, vite, Bardolph! (Bardolph sort.) Viens, Pistol; dis-moi encore quelque chose, et en même temps cherche dans ta tête quelque emploi pour toi, qui te fasse plaisir. Vos bottes, vos bottes, maître Shallow. Je suis sûr que le jeune roi languit après moi. Prenons les chevaux du premier venu: n'importe qui. Les lois d'Angleterre sont actuellement à mes ordres. Heureux ceux qui ont été mes amis; et malheur à milord grand juge!
PISTOL.--Que de vilains vautours lui mangent les poumons! Qu'est-elle devenue, comme on dit, la vie que je menais il n'y a pas longtemps? Eh bien! nous y voilà. Bénis soient ces jours de bonheur!
(Ils sortent.)
SCÈNE IV
Londres.--Une rue.
Entrent DEUX HUISSIERS traînant L'HÔTESSE QUICKLY ET DOROTHÉE TEAR-SHEET.
L'HÔTESSE.--Non, gueux de gredin, quand j'en devrais mourir, je voudrais te voir pendu. Tu m'as disloqué l'épaule.
LE PREMIER HUISSIER.--Les constables me l'ont remise entre les mains; elle aura du régime du fouet autant qu'il lui en faudra, je le lui promets. Il y a un homme ou deux de tués à cause d'elle.
DOROTHÉE.--Vous mentez, bec à corbin, bec à corbin que vous êtes. Viens donc, je te dis, moi, damné coquin au visage de tripes. Si tu me fais faire une fausse couche, il vaudrait mieux pour toi que tu eusses battu ta mère. Vilaine face de papier mâché!
L'HÔTESSE.--O Seigneur! pourquoi sir Jean n'est-il pas ici? Il y aurait du sang répandu d'abord. Mais voyez, mon Dieu, lui faire faire une fausse couche!
LE PREMIER HUISSIER.--Si cela arrive, vous lui remettrez sa douzaine de coussins; elle n'en a que onze maintenant. Allons, je vous commande à toutes deux de venir avec moi. Il est mort, cet homme que vous avez battu Pistol et vous.
DOROTHÉE.--Je vais te le dire, figure d'encensoir: allez, on vous fera solidement gambiller en l'air pour cela, vilaine mouche bleue 57 que vous êtes. Sale meurt-de-faim de correcteur, si vous n'êtes pas pendu, je quitte le métier 58.
Note 57:(retour) Allusion à l'habit bleu des huissiers.
Note 58:(retour) Half-kirtles. C'était, à ce qui paraît, une sorte de vêtement de nuit à l'usage des femmes de l'espèce de Dorothée.
LE PREMIER HUISSIER.--Venez, venez, chevaliers errants, venez.
L'HÔTESSE.--O Dieu! faut-il que la force l'emporte ainsi sur le bon droit? Bien, bien, de la patience vient l'aisance.
DOROTHÉE.--Allons donc, coquin, allons donc, menez-moi donc devant le juge.
L'HÔTESSE.--Oui, venez donc, chien de chasse affamé.
DOROTHÉE.--Mort de Dieu! tête de Dieu!
L'HÔTESSE.--Atome que tu es!
DOROTHÉE.--Allons donc, chose de rien du tout. Allons donc, gredin.
LE PREMIER HUISSIER.--C'est bien, c'est bien.
(Ils sortent.)
SCÈNE V
Une place publique près de l'abbaye de Westminster.
Entrent DEUX VALETS couvrant le pavé de joncs.
LE PREMIER VALET.--Encore des roseaux, encore des roseaux.
LE SECOND VALET.--Les trompettes ont sonné deux fanfares.
LE PREMIER VALET.--Il sera bien deux heures, avant qu'on revienne du couronnement.--Dépêchons, dépêchons.
(Ils sortent.)
(Entrent Falstaff, Shallow, Pistol, Bardolph, le Page.)
FALSTAFF.--Tenez-vous là à côté de moi, maître Robert Shallow. Je vous ferai faire accueil par le roi: je vais lui donner un coup d'oeil de côté lorsqu'il passera; et remarquez bien de quel air il me regardera.
PISTOL.--Bénédiction sur tes poumons, bon chevalier!
FALSTAFF.--Approche ici, Pistol; tiens-toi derrière moi. (A Shallow.) Oh! si j'avais eu le temps de faire faire des livrées neuves, j'aurais voulu y dépenser les mille livres sterling que je vous ai empruntées. Mais cela ne fait rien: cette manière modeste de se présenter sied mieux encore. Cela prouve combien j'étais pressé de le voir.
SHALLOW.--Oui, c'en est une preuve.
FALSTAFF.--Cela fait voir l'ardeur de mon affection.
SHALLOW.--Oui, sans doute.
FALSTAFF.--Mon dévouement.
SHALLOW.--Certainement, certainement, certainement.
FALSTAFF.--Cela a l'air d'un homme qui a couru la poste jour et nuit, et sans délibérer, sans songer à rien, sans se donner le temps de changer de chemise.
SHALLOW.--Cela est très-certain.
FALSTAFF.--Mais qui vient se poster là tout sali du voyage, tout en sueur du désir de le voir, n'ayant nulle autre idée en tête, mettant en oubli toute autre affaire, comme s'il n'y avait plus au monde rien à faire que de le voir....
PISTOL.--C'est semper idem, car absque hoc nihil est. Parfait en tout point.
SHALLOW.--Oui vraiment.
PISTOL.--Mon chevalier, je veux enflammer ton noble foie, et te mettre en fureur. Ta Dorothée, l'Hélène de tes nobles pensées, est dans une honteuse réclusion, dans une prison infecte, traînée là par la main la plus grossière et la plus sale. Fais sortir la Vengeance de son antre d'ébène avec les serpents agités de l'affreuse Alecton; car ta chère Dorothée est dedans: Pistol ne dit jamais rien que de vrai.
FALSTAFF.--Je la délivrerai.
(Acclamations, bruits de trompettes derrière le théâtre.)
PISTOL.--On a entendu mugir la mer et les sons éclatants de la trompette.
(Entre le roi avec sa suite, dans laquelle se trouve le lord grand juge.)
FALSTAFF.--Dieu conserve Ta Majesté, roi Hal, mon royal Hal!
PISTOL.--Que le ciel te garde et veille sur toi, très-royal rejeton de la gloire!
FALSTAFF.--Que Dieu te conserve, mon cher enfant!
LE ROI.--Milord grand juge, parlez à cet insensé.
LE JUGE.--Êtes-vous en votre bon sens? Savez-vous ce que vous dites?
FALSTAFF.--Mon roi, mon Jupiter! C'est à toi que je parle, mon coeur.
HENRI.--Je ne te connais point, vieillard. Va faire tes prières.--Que ces cheveux blancs siéent mal à un insensé, à un mauvais bouffon! J'ai vu en songe, pendant un long sommeil, un homme de cette espèce, gonflé de même d'un excès de nourriture, aussi vieux et aussi débauché. Mais éveillé, je méprise mon songe.--Va travailler à diminuer ton ventre et à grossir ton mérite. Quitte ta vie gloutonne: sache que la tombe ouvre pour toi une bouche trois fois plus large que pour les autres hommes.--Ne me réplique pas par une ridicule plaisanterie. Ne t'imagine pas que je sois aujourd'hui ce que j'étais. Le ciel sait, et l'univers verra, que j'ai renoncé à mon passé, et je rejetterai de même tous ceux qui firent ma société. Quand tu entendras dire que je suis ce que j'ai été, reviens vers moi, et tu seras ce que tu étais alors, le guide et le promoteur de mes dérèglements. Jusqu'à ce moment, je te bannis, sous peine de mort, comme j'ai déjà banni le reste de ceux qui m'ont égaré, et je te défends d'approcher de notre personne plus près que de dix milles. Quant à votre subsistance, je vous l'assurerai, afin que les besoins ne vous sollicitent pas au mal; et lorsque nous apprendrons que vous avez réformé votre vie, alors nous vous emploierons, selon votre capacité et votre mérite. (Au grand juge.) C'est vous, milord, que je charge de veiller sur l'exécution de mes ordres. Continuez la marche.
(Sortent le roi et sa suite.)
FALSTAFF.--Maître Shallow, je vous dois mille livres sterling.
SHALLOW.--Oui, vraiment, sir Jean, que je vous prie de me rendre, pour que je puisse les remporter avec moi.
FALSTAFF.--Cela est bien difficile, maître Shallow. Que tout ceci ne vous chagrine pas. Il va m'envoyer chercher pour me parler en particulier, voyez-vous. Il faut bien qu'il prenne ce ton devant le monde. N'ayez pas d'inquiétude sur votre fortune. Je suis encore, tel que vous me voyez, l'homme qui vous fera prospérer.
SHALLOW.--Je ne vois pas trop comment, à moins que vous ne me donniez votre pourpoint, et que vous ne me rembourriez de paille. Je vous en prie, mon cher sir Jean, sur les mille livres, rendez-m'en seulement cinq cents.
FALSTAFF.--Maître, je vous tiendrai parole: ce que vous avez entendu là n'était qu'une couleur.
SHALLOW.--Je crains bien que vous ne soyez teint 59 de cette couleur-là toute votre vie.
Note 59:(retour) That you will die in; jeu de mots entre die, mourir, et dye, teindre.
FALSTAFF.--Ne craignez point de couleurs; venez dîner avec moi. Viens, lieutenant Pistol; et toi aussi, Bardolph.--On m'enverra chercher ce soir de bonne heure.
(Rentrent le prince Jean de Lancastre, le lord grand juge, des officiers de justice, etc.)
LE JUGE, à des archers.--Allez, conduisez sir Jean Falstaff à la Flotte 60: emmenez avec lui toute sa compagnie.
Note 60:(retour) Dans la prison appelée la Flotte; selon toute apparence, pour assurer l'exécution des ordres du roi, car on verra plus loin qu'ils ne sont condamnés qu'au bannissement.
FALSTAFF.--Milord, milord....
LE JUGE.--Je n'ai pas le temps de vous parler: je vous entendrai tantôt.--Qu'on les emmène.
PISTOL.
Si fortuna me tormenta,
Spero me contenta.
(Sortent Falstaff, Shallow, Pistol, Bardolph, le page, et les officiers de justice.)
LANCASTRE.--J'aime beaucoup cette noble conduite du roi: il a l'intention de donner à ses anciens camarades une honnête aisance. Mais il les bannit tous, jusqu'à ce qu'ils aient pris devant le public un langage plus sensé et plus décent.
LE JUGE.--C'est ce qui va être exécuté.
LANCASTRE.--Le roi a convoqué son parlement, milord.
LE JUGE.--Oui, prince.
LANCASTRE.--Je parierais qu'avant la fin de cette année nous porterons nos armes concitoyennes et notre ardeur native jusqu'au sein de la France.--J'ai entendu quelque oiseau chanter l'air de ces paroles, et sa musique, à ce que je présume, a plu à l'oreille du roi. Allons, venez.
(Ils sortent.)
ÉPILOGUE
PRONONCÉ PAR UN DANSEUR.
D'abord ma crainte, ensuite ma révérence, et puis mon discours. Ma crainte, c'est votre mécontentement; ma révérence, c'est mon devoir; et mon discours, c'est de vous demander pardon. Si vous vous attendez à un bon discours, je suis perdu; car ce que j'ai à vous dire est de ma façon, et ce que je dois vous dire va encore, j'en ai peur, me faire tort. Mais au fait, et à tout hasard, il faut que vous sachiez, comme vous le savez très-bien, que je parus dernièrement ici à la fin d'une pièce qui vous avait déplu, pour vous demander votre indulgence et vous en promettre une meilleure; je comptais, pour vous dire la vérité, m'acquitter au moyen de celle-ci: mais si, comme une expédition malheureuse, elle me revient sans succès, je fais banqueroute; et vous, mes chers créanciers, vous perdez votre dû. Je vous promis que je me trouverais ici; et en vertu de ma parole, je viens livrer ma personne à votre merci. Rabattez-moi quelque chose, je vous payerai quelque chose; et suivant l'usage de la plupart des débiteurs, je vous ferai des promesses à l'infini.
Si ma langue ne peut vous persuader de me tenir quitte, voulez-vous m'ordonner d'user de mes jambes? Et pourtant ce serait un payement bien léger que de payer sa dette en gambades. Mais une conscience délicate offre toutes les satisfactions qui sont en son pouvoir, et c'est ce que je vais faire. Toutes les dames qui sont ici m'ont déjà pardonné; si les messieurs ne veulent pas en faire autant, alors les messieurs ne s'accordent donc pas avec les dames, et c'est ce qu'on n'a jamais vu dans une pareille assemblée.--Encore un mot, je vous en supplie. Si vous n'êtes pas trop dégoûtés de la chair grasse, notre humble auteur continuera son histoire, dans laquelle sir Jean continuera de jouer son rôle, et où il vous fera rire par le moyen de la belle Catherine de France; autant que j'en puis savoir, Falstaff y mourra de gras fondu, à moins que vous ne l'ayez déjà tué par votre disgrâce: car Oldcastle est mort martyr, et celui-ci n'est pas le même homme.--Ma langue est fatiguée: quand mes jambes le seront aussi, je vous souhaiterai le bonsoir, et sur ce je me prosterne à genoux devant vous; mais à la vérité c'est afin de prier pour la reine.
FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.
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Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
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because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
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Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
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and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation
The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
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permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
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Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
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increasing the number of public domain and licensed works that can be
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with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
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