Théâtres.
Georges et Thérèse (Gymnase).--La Chambre Verte.--Un Péché (Vaudeville).--Mademoiselle Déjazet au Sérail (Palais-Royal).--Un Tour de Roulette (Odéon).--Les Marocains (Cirque-Olympique).--Le paradis des Funambules. La Statue de sainte Claire (Gaieté).--L'escamoteur Philippe.
D'où venez-vous, mes chers enfants? Toi, Thérèse, avec ta jeunesse et ton bonnet blanc à barbes flottantes, ton doux et naïf sourire et ton cotillon court?--Toi, Georges, avec tes longs cheveux lisses, ton bâton noueux, ton air à la fois candide et résolu et la veste bretonne?--Ah! monsieur, nous venons de bien loin, bien loin.... de par delà les mers!--Quoi! seuls?--Oui, seuls.--Si jeunes:--Ma soeur a seize ans et moi dix-huit.--Mais d'où, enfin?--De Pondichéry; et, chemin faisant, nous sommes arrivés en Bretagne.
Et voilà Georges et Thérèse qui se remettent en route, la soeur s'appuyant sur le bras du frère, le frère soutenant la soeur et veillant sur elle, d'un regard tendre et intrépide. Il écarte les ronces et les cailloux de son chemin: si elle est lasse, il lui prépare un siège de mousse; si le soleil est trop ardent, il lui fait un abri de feuillage; la fatigue a-t-elle excité sa soif, il court puiser une eau pure à quelque source murmurante; et prenez garde! n'approchez pas de Thérèse d'un air provoquant, attiré par l'attrait de sa beauté, il vous en arriverait mal. Georges fait sentinelle comme un jeune molosse vigilant, tout prêt à donner la chasse aux larrons.
Il est un nom qu'ils prononcent dans tous leurs dangers et dans toutes leurs prières, comme le nom d'un bon ange: c'est le nom de leur mère. Elle leur a dit en mourant: «Allez, mes pauvres orphelins, allez chercher la France;» et ils sont venus en France, après avoir couvert de baisers et inondé de larmes le linceul et la tombe.
(Théâtre du Gymnase.--Une scène de Georges et
Thérèse.--Mademoiselle Julienne.)
Les voici à Paris, perdus dans cette grande ville, mais Thérèse toujours avec sa candeur, et Georges avec son courage. Ils cherchent à utiliser honnêtement leur résignation et leur jeunesse: une marquise les accueille, une bonne et vieille marquise. D'abord tout leur sourit dans cette maison hospitalière; la marquise les aime. Et qui ne les aimerait pas, si bons, si sincères, si dévoués? Mais l'amour vient se jeter à travers ce bonheur. L'amour gâte tout.--La marquise a un neveu et Thérèse a deux beaux yeux. Le neveu s'éprend des deux beaux yeux, et les deux beaux yeux, tout chastes qu'ils sont, regardent furtivement le neveu. «Quoi! dit la marquise, vous aviser d'être aimable et d'être aimée! allez-vous-en, petite malheureuse!»--Georges est fier, et il va partir, et Thérèse, le coeur gros, va le suivre. Mon Dieu! faudra-t-il nous embarquer avec Thérèse et Georges pour retourner à Pondichéry?... Je soupçonne que quelque lettre, venue je ne sais d'où, nous épargnera les frais de ce grand voyage.
La lettre arrive en effet, ou tombe de la poche de Georges, peu importe. Ô merveilleux effet de la lettre! au lieu d'être chassés cruellement, Georges et Thérèse sont reconnus pour les petits enfants de la marquise. C'est toute une histoire de fils exilé, maudit et repentant, dont je n'ai pas le loisir aujourd'hui d'aller chercher les preuves authentiques dans les Indes.
Et ainsi la Providence tient toujours en réserve une grand'maman marquise, et un bon petit cousin pour les orphelines qui viennent de Pondichéry et qui sont bien sages.--Petit drame mouillé de pleurs.
Un comte et un duc sont mariés tous deux; rien de plus ordinaire. Le comte n'aime guère sa femme, et le duc n'aime pas du tout la sienne; cela s'est vu. C'est la duchesse que le comte désire, c'est la comtesse que désire le duc; je n'y trouve rien d'invraisemblable.--Cependant la nuit vient. Ô nuit favorable! Duc et comte se glissent d'un pas conquérant dans une certaine chambre verte, chacun à son heure, bien entendu. Le comte croit en sortir emportant pour trophée une couronne de duchesse, et le duc une branche du laurier, ou plutôt de myrte, cueillie sur les domaines d'une comtesse. Mais le comte s'était entendu avec le duché pour se moquer des deux infidèles, et l'un avait pris la place de l'autre dans l'obscurité et dans la chambre verte. Ainsi le duc et le comte, croyant braconner sur les terres du voisin, n'ont fait, en définitive, que chasser légitimement sur les leurs. Qui se moque du comté? c'est le duché. Oui se moque du duché? c'est le comté. Et la comtesse n'épargne pas le comte! et la duchesse n'épargne pas le duc! Si ce vaudeville n'est pas d'un goût très-virginal, il n'encourage pas du moins l'usurpation.
Théâtre du
Palais-Royal.--Costume
du rôle principal, dans le
vaudeville
Mademoiselle
Déjazet au sérail.
Comment! mademoiselle Déjazet au sérail! est-il possible? La grisette insouciante et légère enfermée dans cette cage? Frétillon, la vive et babillarde Frétillon, en compagnie des muets et des Calpigi? Mais elle en mourra, la poveretta, ne sachant plus à qui parler. Enfin elle y est, il faut bien qu'elle y reste. Et puis, Frétillon est philosophe; elle se contente de ce qu'elle a, quand elle n'a pas autre chose. Frétillon accepte le médiocre et même le mauvais, faute de mieux; c'est la bonne philosophie. Et le mieux, d'ailleurs, n'est-ce pas ce qu'on tient? Qui peut compter sur l'inconnu?
Ce que fait mademoiselle Déjazet au sérail? vraiment ce n'est pas difficile à deviner. Elle fait ce qu'elle fait partout: vêtue du costume albanais, elle chante, elle rit, elle jette au vent mille gaillardes bouffées d'insouciance et de gaieté. De son côté, Alcide Tousez roucoule et lance des regards langoureux et triomphants, qui laissent de beaucoup derrière lui tous les Amurath, tous les Sélim et tous les Mustapha du monde, et compromettent singulièrement la pruderie de la Sublime Porte.--Mais comment mademoiselle Déjazet a-t-elle permis qu'on donnât son nom, son propre nom, à un vaudeville?
Cirque
olympique.--
Les Sauteurs maroquins)
Je m'aperçois que j'ai oublié Un Péché, du théâtre du Vaudeville, et compagnon de la Chambre verte. Je m'en confesse. Ce péché se présente sous la forme d'une petite pensionnaire de dix-sept ans, joli péché! C'est M. d'Ercilly qui a fait ce péché, et qui l'a mis en pension sans en rien dire à personne; lui, cependant, a atteint la quarantaine.--Je passe les mois de nourrice.--D'Ercilly veut se marier; il convoite madame d'Harville, je crois, une veuve très-piquante; le vaudeville n'est peuplé que de veuves piquantes. Madame d'Harville est près de consentir, bien qu'elle trouve notre homme un tant soit peu jaloux et bourru. Mais voici qu'un jeune galant arrive, pâle, ému, égaré; il vient se mettre sous la protection de madame d'Harville: «Qu'avez-vous donc? --Je suis adoré d'une charmante pensionnaire, et la petite veut que je l'enlève; venez à mon aide.--Et son nom?--Thérèse d'Ercilly.--Comment?--La fille de M. d'Ercilly.--Oh! oh!» dit la veuve. Et la pièce continue ainsi de oh! oh! en ah! ah! spirituel quiproquo dans lequel d'Ercilly est plaisamment ballotté, et madame d'Harville avec lui: l'un voulant cacher son secret, l'autre voulant le lui arracher; si bien que d'Ercilly perd dans cette lutte, ingénieusement comique, le coeur et la main de la veuve.... Je vous le dis, en vérité, mes frères, en vérité, je vous le dis: il faut toujours, tôt ou tard, payer ses péchés mignons.
Un tour de roue, et vous êtes à terre, ou porté gaiement au but de votre route; un tour de roulette, et votre bourse est pleine ou vide; de haut en bas, la roue de fortune va et vient: elle élève le pauvre diable dans un moment de caprice, et fait choir le riche: le maître descend pour faire place au valet. Ainsi de Floricourt et de Bertrand; Bertrand est le valet, Floricourt est le maître. Floricourt, jeune étourdi, se ruine en folle paresse; le jeu l'a enrichi, le jeu le met à sec. Bertrand, tout au contraire, n'avait pas un denier, et le voici cousu d'or; c'est Floricourt qui le sert. Quant à lui, il prend des airs et se dandine. Heureusement que Floricourt est adoré: une jeune femme l'aimait riche; pauvre, elle l'aime davantage et l'épouse. Ô femme amoureuse! je te reconnais bien là. Floricourt est converti; il ne jouera plus et travaillera. Et Bertrand? un second tour de roulette le renvoie à l'antichambre. Pourquoi donc? ce Bertrand était bonhomme, au fond de l'âme; mais, après tout, laissons faire aux dieux!
Tomber du salon dans l'antichambre, c'est quelque chose; toutefois, on ne risque pas de se casser les reins, l'affaire étant de plain-pied, en définitive; mais tomber du haut de la pyramide humaine, Dieu vous en garde, et moi aussi! Pour moi, je suis sûr d'être à l'abri de cette chute; et la raison, c'est que je n'irai jamais me loger à un pareil étage; pas si Marocain!
On a fait des pyramides en pierre, en granit, en marbre, en je ne sais quoi; mais il fallait notre siècle de progrès pour bâtir des pyramides en chair humaine. Les fondations, comme vous le voyez, sont faites de pieds en chair et en os; l'entre-sol a des épaules pour assises, ainsi du second et ainsi du troisième; le Cirque-Olympique s'est arrêté à cette hauteur du bâtiment. Peut-être l'architecte-voyer a-t-il défendu de bâtir plus haut, de par M. le préfet de la Seine; mais, il y a deux ou trois ans, le théâtre de la Porte-Saint-Martin, ayant obtenu une dispense, avait élevé une maison à six étages de Marocains. Je dois dire que le cinquième et le sixième se louaient difficilement, et que le propriétaire, plusieurs fois, fit mander des architectes à l'amphithéâtre de l'École de Médecine et à l'Hôtel-Dieu pour récrépir une jambe, un bras, une cuisse de l'édifice, et faire toutes autres réparations locatives.
Puisque le Cirque-Olympique nous amène au boulevard du Temple, entrons sans façon au théâtre de la Gaieté. Dieu!!! la Statue de sainte Claire! Cette statue serait-elle, par hasard, une des victimes du jury de peinture et de sculpture, réfugiée là pour s'y faire un petit Louvre et une petite exposition particulière? Non, pas encore: il ne s'agit point d'un Phidias méconnu ou d'un Canova incompris; cette statue est de carton peint, et fabriquée par le mélodrame, seigneur du lieu, et pour ses besoins personnels; elle n'en a pas l'air, mais elle cache un gros crime. Le scélérat s'appelle Duhamel. J'avoue que je m'y serais laissé prendre; le nom de Duhamel est fait pour inspirer de la confiance. J'ai connu une grande quantité de Duhamel; tous faisaient croître des berceaux de capucines à leur fenêtre, et sautaient avec candeur à bas du lit, pour aller voir lever l'aurore, mais enfin, il n'y a pas de Duhamel qui n'ait son exception: celle-ci est affreuse. Ce Duhamel,--et j'espère bien que nous n'en verrons plus de pareil,--ce fieffé Duhamel, vole, pille, assassine, et fait bien d'autres choses encore. A la fin, il reçoit son prix de vertu: le procureur du roi le flaire, le gendarme le prend au collet, et je ne sais pas si la statue de sainte Claire ne lui tombe pas sur le dos; pour moi, je l'espère.--Tous mes honnêtes Duhamel sont venus me trouver ce matin, pour m'annoncer qu'ils allaient demander à qui de droit l'autorisation de changer leur nom en celui de Caramel.
Philippe le
prestidigitateur, au bazar du
boulevard
Bonne-Nouvelle.
Sortons de cet enfer, et montons au paradis... au paradis des Funambules. Ah! vraiment, oui, c'est le paradis; demandez plutôt aux habitants. Est-ce dans l'enfer qu'on se foule et qu'on se presse ainsi? Non pas, vraiment; les pauvres ombres n'y vont qu'à leurs corps défendant; il faut qu'elles soient damnées et condamnées, et poursuivies à outrance par la grande fourche de Belzébuth. Mais là, voyez nos gens; c'est à qui entrera; ils se poussent, ils se heurtent, ils se disputent la jouissance de ce séjour des bienheureux. Et comme les places manquent, on en fait en s'entassant, en s'enlaçant, en se pelotonnant, en s'asseyant sur son voisin; les têtes sont dans les bras, les bras sont dans les jambes, les yeux regardent à travers les dos, les nez se mettent je ne sais où, tout cela vit sans remuer ni respirer. Ô paradis! les anges y mangent de la galette avec délices, les archanges sucent du sucre d'orge, les dominations jettent des trognons de pommes à l'avant-scène.
Mais où sommes-nous? grand Dieu! je sens autour de moi comme une odeur de sorcier; et en effet, voici un magicien qui se dresse devant moi. Il est coiffé à l'égyptienne; il est vêtu d'une longue robe flottante ornée de mille broderies mystérieuses et de signes hiéroglyphiques. A-t-il soulevé quelque dalle du temple de Memphis? Sort-il de quelque forêt de Bohême, ou d'un exemplaire du Cabinet des fées? Peu importe; c'est un grand et un charmant sorcier. Demandez-le aux petites filles, demandez-le aux petits garçons, demandez-le même aux grands enfants, depuis vingt ans jusqu'à soixante, à toute cette multitude ébahie, que ce grand enchanteur Philippe, digne héritier de Merlin et de Parapharagaramus, charme et surprend, ravit et étonne, par son officine diabolique du bazar Bonne-Nouvelle. En ce moment, tel que j'ai l'honneur de vous le faire voir, Philippe exécute le tour merveilleux des poissons, accommodés du bout de sa baguette magique. Je ne vous dirai pas si les poissons sont frais, mais je vous engage à y aller goûter.
Et moi qui oubliais les noms des auteurs de ces vaudevilles et de ces comédies. Que dirait la postérité? George et Thérèse ont pour père M. Auvray; MM. Desnoyers et Danvin ont bâti la Chambre Verte; M. Bavard a conduit Mademoiselle Déjazet au Sérail: le Péché a été commis par MM. Samson et Jules de Wailly; M. Armand Durantin a fait tourner la Roulette, et M. Eugène a taillé la Statue de sainte Claire. Qui dit Eugène, ou Léon, ou Achille, ou Gustave, en matière dramatique, dit sifflets.
(Le paradis du théâtre des Funambules.)
Bulletin bibliographique.
Économistes financiers du dix-huitième siècle.--Vauran--: Projet d'une dîme royale.--- Boisguilbert: Détail de la France; Factum de la France et Opuscules divers.--Jean Law: Considérations sur le numéraire et le commerce; Mémoires et Lettres sur les Banques; Opuscules divers.--Melox: Essai politique sur le commerce--Dutot: Réflexions politiques sur le commerce et les finances. Précédés de Notices historiques sur chaque auteur et accompagnés de commentaires et de notes explicatives; par M. Eugène Dame.--Paris, 1843. Guillaumin. Un magnifique volume grand in-8, de 1,008 pages à une seule colonne. 13 fr. 50 c.
M. Guillaumin a commencé l'année dernière la publication des oeuvres des principaux économistes français ou étrangers. Cette importante collection doit former douze à quinze volumes. Cinq de ces volumes sont déjà en vente; ils contiennent le Traité et le Cours d'Économie politique de J.-B. Say, et la Richesse des Nations d'Adam Smith. Dans le courant de l'année 1843, paraîtront successivement: Turgot (1 vol.), les Physiocrates, Quesnay, Mercier de la Rivière, Dupont de Nemours (1 vol.); Malthus (1 vol.); Ricardo (1 vol.). Le texte de chaque ouvrage, revu et corrigé avec le plus grand soin, est accompagné de notes explicatives et historiques, de commentaires et notices biographiques, par M. M. Blanqui, Eugène Daire, Hippolyte Dussard, Rossi et Horace Say.
Les Économistes financiers du dix-huitième siècle formeront le premier volume de la collection des principaux économistes. A ces divers penseurs, que, un seul excepté, la France a vus naître, appartient, en elle, la gloire d'avoir marché les premiers à la conquête des vérités économiques. Avec eux finit l'ère de l'empirisme ou de la routine, et commence celle du raisonnement en ce qui touche les intérêts matériels de la société. Ils sont les véritables précurseurs de l'école physiocratique dont Quesnay fut le chef, et de l'école industrielle qui eut Adam Smith pour fondateur. Bien qu'ils soient désignés par le titre d'Economistes financiers, il ne faut pas induire de cette dénomination qu'ils n'ont accordé leur attention qu'à l'impôt. Loin de la, presque toutes les questions qu'agitent encore de nos jours la presse et la tribune des Chambres législatives, ont été soulevées et débattues ans les écrits de Vauban, de Boisguilbert et de leurs successeurs immédiats. En résumé, ce furent ces ancêtres de ta science, qu'on nous permette cette expression, qui détermineront le grand mouvement économique auquel la France doit sa prospérité actuelle.
Colonisation de l'Algérie; par Enfantin.--Paris, 1843. Bertrand. 1 vol in-8 de 542 pages, avec une carte. 7 fr. 50 c.
Le nouvel ouvrage de M. Enfantin se divise en cinq parties, une introduction et une conclusion séparées par trois livres.
L'Introduction a pour titre: Des colonisations en général. M. Enfantin definit d'abord ce qu'il entend par le mot colonisation. Dans son opinion, «c'est le transport d'une population civile considérable, d'une population agricole, commerçante et industrielle, formant familles, villages et villes, et des arts et des sciences qu'une semblable population apporte ou attire nécessairement. Mais ce mot comprend aussi l'organisation par la France, c'est-à-dire par le gouvernement et l'administration, par des Français, de la population indigène, dans les villes et dans les campagnes.» Cette définition donnée, M Enfantin examine plusieurs systèmes coloniaux différents, selon les époques et selon le degré de civilisation des peuples colonisateurs; il se demande ensuite ce que peut et ce que doit être une colonisation faite par la France en Algérie, au dix-neuvième siècle. Selon lui, notre politique n'est plus absolue, elle transige et concilie, elle veut associer; par conséquent deux problèmes à résoudre: 1º modifier progressivement les institutions, les moeurs, les habitudes des indigènes; 2° modifier aussi celles des Européens colons, de manière à faire vivre les uns et les autres en société, sur un même sol et sous un même gouvernement. Les institutions coloniales données par la France à l'Algérie doivent faire tendre les deux populations (indigène et européenne) vers un ut commun, sous le triple rapport administratif, judiciaire et religieux. --application de ce principe à la constitution de la propriété dans l'Algérie française, telle est la base de l'ouvrage de M. Enfantin.
Ainsi, M. Enfantin aborde la question générale de la colonisation de l'Algérie par son côté le plus apparent, le plus matériel, qui lui permet cependant, sinon d'embrasser, au moins de toucher presque toutes les parties de ce grand ensemble.
Le Livre Ier, intitulé: Constitution de la propriété, se divise en trois chapitres. M. Enfantin recherche d'abord quel était, en 1830, l'état de la propriété en Algérie, et quel est actuellement l'état de la propriété en France; puis il compare ces deux manières de concevoir la propriété, et il se demande ce qu'elle doit être pour l'Algérie française.
Dans le Livre II (colonisation européenne), M. Enfantin établit, d'après des considérations historiques, géographiques et politiques, les lieux qui sont propres à la colonisation civile ou à la colonisation militaire, et l'ordre selon lequel ces deux espèces de colonisation doivent être commencées et progressivement développées; il traite ensuite du personnel et du matériel des colonies civiles et des colonies militaires.
Le Livre III colonisation indigène est consacré aux mêmes questions qui font l'objet du livre deuxième, seulement ces questions se rattachent à la population indigène.
La Conclusion renferme l'examen spécial d'une question naturellement touchée et soulevée dans toutes les autres parties, celle du gouvernement de l'Algérie. M Enfantin indique ses rapports avec le gouvernement central, la nature et les limites de ses attributions, et sa hiérarchie supérieure, politique, militaire et administrative, relativement aux colonies européennes et aux tribus indigènes; enfin, il expose l'organisation spéciale des villes d'Algérie, de leur population indigène et européenne, dans le but de compléter ce qui, dans le cours de l'ouvrage, a été plus particulièrement présenté comme relatif aux tribus indigènes et aux colonies agricoles, civiles ou militaires, fondées par la France.
Quoi que soit le sort réservé dans l'avenir aux projets de K. Enfantin, nous devons, dès aujourd'hui, nous empresser de reconnaître que la Colonisation de l'Algérie est un de ces ouvrages utiles, pleins de faits et d'idées, qui honorent leur auteur, et qui se recommandent d'eux-mêmes à l'attention de tous les hommes.
Histoire des Invasions des Sarrasins en Italie, du septième au onzième siècle; par César Famin. Tome 1er. in-8 de 27 feuilles 1/4.--Paris, 1843. Didot. 6 fr.
Cet ouvrage fut commencé en 1833, à Palerme et à Naples, où son auteur fit un séjour de huit années. Des circonstances extraordinaires avaient empêché M. César Famin de le continuer et de l'achever. Enfin il a pu reprendre ses travaux, si longtemps interrompus, et il vient de publier un premier volume.
L'Histoire des Invasions des Sarrasins en Italie se divisera en trois parties: dans la première, M. César Famin tracera l'histoire des différentes incursions faites par les Arabes d'Asie et d'Afrique, tant sur le continent, de l'Italie que sur les îles qui en dépendent, depuis l'année 632 jusqu'à l'année 1242. Cette première partie doit indiquer les dates précises des épisodes les plus importants, appeler sur la scène les principaux acteurs de ce grand drame, et relever, en passant, les erreurs plus ou moins graves dans lesquelles sont tombés la plupart des auteurs arabes ou occidentaux dont les écrits se rattachent au même sujet. La seconde partie sera consacrée à l'examen de la condition religieuse des Italiens pendant la domination des Arabes, du droit civil et criminel des Arabes, du mode d'administration, des impôts, de la division territoriale, du sort des esclaves, du partage du butin, de la valeur et de l'espèce des monnaies. Enfin, dans la troisième partie, l'auteur recherchera les traces de l'influence des Arabes sur l'Italie et sur ses habitants.
Le tome 1er, qui vient d'être publié, contient sept chapitres de la première partie intitulée Histoire.--Le chapitre premier a pour titre: Esquisse sommaire de l'histoire des Arabes et de celle des Italiens au moment où commencèrent les invasions.--Les six chapitres suivants embrassent la période de temps qui s'étend depuis les premières courses des Sarrasins, en 632, jusqu'à la mort du pape Jean VIII, en 885.
De l'Idiotie chez les Enfants, et des autres particularités d'intelligence ou de caractère qui nécessitent pour eux une instruction et une éducation spéciales; de leur responsabilité morale; par Félix Voisin, médecin en chef de l'hospice des aliénés de Bicêtre. Une brochure in-8 de 124 pages.
--Paris, 1843. Baillière.
Le Conseil général des hospices vient de prendre en considération particulière la seule et dernière classe des aliénés, qui, jusqu'à ce jour, était restée en quelque sorte dans l'oubli, celle des enfants idiots; il a pensé qu'il y avait des distinctions à faire et à établir entre les individus compris sous cette fatale dénomination, et qu'il était possible d'en appeler quelques-uns à une partie de l'existence intellectuelle et morale propre à l'humanité; en conséquence, il a voulu que les idiots qui peuvent présenter quelque prise à l'action des modificateurs externes, reçussent les bienfaits d'une instruction et d'une éducation spéciales, et il a nommé tout récemment, à Bicêtre, un instituteur qui, sous la direction et la surveillance des médecins en chef de l'hospice, pût exclusivement se consacrer à ces fonctions honorables.
M. Félix Voisin, qui, depuis treize ans, s'occupe de cette grave question avec un zèle digne des plus grands éloges, s'est empressé de réunir tous les matériaux scientifiques qu'il possède sur la matière, et d'exposer le plan qu'il a suivi et qu'il se propose de suivre encore dans l'intérêt des enfants idiots. En publiant ces documents, «il espère, dit-il, pouvoir démontrer que les médecins de l'époque actuelle ne sont point restés sans action devant les enfants qui, d'une manière ou d'une autre, sortent de la ligne ordinaire, et qui, par cela même, tant pour eux que pour la société, ont, en général, besoin,--selon les expressions de Montaigne,--d'être ployés et appliqués au niveau de la générale et grande maîtresse, la nature universelle. Dans cette oeuvre de science et de philanthropie, les médecins ne se sont laissé devancer par personne; ils ont les premiers fait connaître ce que c'est que l'idiotie, et expose les principes et indique les méthodes propres à modifier la constitution instinctive intellectuelle, morale et perceptive des enfants qui ont le malheur d'en être atteints.»
La brochure de M. Félix Voisin contient, entre autres documents curieux, un mémoire sur l'idiotie, donné à l'Académie royale de Médecine, le 24 janvier 1843, et une analyse psychologique de l'entendement humain chez les idiots.»
Rapport annuel sur les Progrès de la Chimie, présente le 31 mars 1842, à l'Académie royale des Sciences de Stockholm; par J. Berzélius, secrétaire perpétuel. Traduit du suédois par Ph. Plantamour (3e année). 1 vol. in-8 de 336 pages.
--Paris, 1843. Fortin, Masson et comp. 5 fr.
Il suffit d'annoncer la publication d'un pareil ouvrage pour appeler sur lui l'attention publique. Son titre indique son but et son utilité; le nom de l'auteur est une garantie de son importance et de sa valeur M. Berzélius a divisé son rapport en quatre grandes parties: chimie inorganique, chimie minera logique, chimie organique et chimie animale. Il passe successivement en revue, dans la première partie, les phénomènes physico-chimiques en général, les métalloïdes et leurs combinaisons binaires, les métaux, les sels, les analyses chimiques et les appareils;--dans la seconde, la loi de symétrie des cristaux, les minéraux nouveaux, les minéraux connus non oxydés, les minéraux oxydés, les minéraux d'origine organique; la troisième partie comprend les acides organiques, les bases végétales, les matières indifférentes, les huiles grasses, les huiles essentielles, les résines, les matières colorantes, les matières cristallisées propres à certains végétaux, les matières végétales non cristallisées, les produits de la fermentation alcoolique, la fermentation acide, les produits de la putréfaction et les produits de la distillation sèche, etc., etc.;--enfin, la quatrième partie est consacrée à l'examen de tous les phénomènes de la chimie animale, qui ont fourni quelques observations curieuses durant le cours de l'année 1842.
Un autre Monde, Transformations, visions, incarnations, excursions, locomotions, explorations, pérégrinations, stations, folâtreries, cosmogonies, rêveries, lubies, fantasmagories, apothéoses, zoomorphoses, lilliomorphoses, métamorphoses, métempsycoses et autres choses; par Grandville.--Paris, 1843. Fournier, libraire-éditeur. 1 vol. petit in-4, paraissant en 56 livraisons d'une feuille, comprenant du texte et 4 ou 5 gravures et un grand sujet tiré à part et colorié. Prix de la livraison: 50 c. (8 ont paru.)
Le titre et les nombreux sous-titres de cet ouvrage indiquent d'avance au lecteur, ou plutôt au spectateur, qu'il va voir des choses étranges et surnaturelles. Un autre Monde, ce n'est pas le monde que nous habitons, ce n'est pas non plus l'autre monde, celui que nous devons, selon certaines religions, habiter après notre mort, c'est un monde tout autre, dont nul être vivant n'avait pu jusqu'à ce jour soupçonner l'existence. Grandville l'avait enfanté, il y a longtemps déjà, dans les profondeurs mystérieuses de son imagination; et il commence, depuis quelques mois seulement, à nous initier peu à peu aux secrets de cette création nouvelle. Nous n'en connaissons encore,--il est vrai,--qu'une très-faible partie; mais notre curiosité est vivement excitée; les révélations déjà faites par le poète-dessinateur sont tellement bizarres, que nous attendons avec une impatience enfantine celles qui doivent suivre bientôt. Grandville est, sans contredit, le dessinateur le plus extraordinaire et le plus original de notre Monde. Ce qu'il avait fait pour les animaux, il essaie de le faire pour les objets inanimés, pour les végétaux; il leur donne une figure humaine. Jetez les yeux sur les premières livraisons de L'autre Monde, qu'y voyez-vous? des machines à vapeur qui font de la musique, des maillots qui dansent, des plantes qui se battent ou qui se réveillent au matin d'un beau jour. Cette tentative sera-t-elle aussi heureuse que les précédentes? c'est ce que nous apprendrons aux lecteurs du bulletin bibliographique de l'Illustration, dès que les trente-six semaines, nécessaires au créateur de l'autre Monde pour achever son oeuvre, seront écoulées. En intendant cette époque fatale, applaudissons aux efforts de Grandville, soutenons son courage, et promettons-lui un succès complet.
Fables: par M. Viennet, l'un des quarante de l'Académie française.--Paris, 1843. 1 vol. in-18. 5 fr. 80 c.
M. Viennet a exercé un grand nombre de professions: d'abord il devait être l'un des curés de Paris, la Révolution de 1789 le força de devenir un artilleur de marine; sous la Restauration, il fut nomme député; la Révolution de Juillet en a fait un pair de France et un académicien. Mais, dans quelque position que le sort l'ait place, M. Viennet n'a jamais cessé d'être ce qu'on appelle vulgairement un homme de lettres, car il est né, comme il l'avoue lui-même, «avec un prodigieux amour pour la gloire sans alliage du lucre.» Son ambition était attachée à une idée fixe. Il ne tenait nullement à être un César ou un Richelieu; si Dieu le lui eût proposé, il ne répond pas qu'il l'eût accepté: c'est à la gloire des poètes qu'il visait. Une statue de Corneille, de Molière, de Voltaire, le tenait un extase. Il lui importait fort peu que l'histoire parlât de lui à la postérité, c'était lui qui voulait parler par ses ouvrages aux générations futures. L'idée de voir ses livres entre les mains d'un homme qui devait naître dans trois ou quatre siècles, le faisaient bondir de joie comme un enfant.
Entraîné par cette passion fatale, M. Viennet s'est rendu coupable de bien des péchés littéraires; il a fait des comédies, des tragédies, des poèmes, des épîtres, des dialogues, des épigrammes, des histoires, des opéras-comiques, etc.; aussi passa-t-il tour à tour--pour nous servir de ses propres expressions,--du Capitole à la roche Tarpeienne, du Panthéon aux Gémonies. Aujourd'hui il publie un recueil de fables, et les rieurs se rangent de son côté. Oubliant qu'il s'est un peu moqué d'Arbogaste et de certaines épîtres, le public lit avec un véritable plaisir ces charmants apologues satiriques, qu'un homme qui naîtra dans trois ou quatre siècles tiendra peut-être encore un jour entre ses mains. Que M. Viennet soit donc heureux, si l'histoire ne parle pas de lui à la postérité, il doit espérer de parler au moins par ses fables aux générations futures.
Oberon, poème héroïque; par C.-M. Wieland; traduction entièrement nouvelle, par Auguste Jullien, précédée d'une notice et suivie de notes.--Paris, 1843. 1 vol. in-18. Paul Masgana. 3 fr. 50 c.
«Aussi longtemps que la poésie sera de la poésie, l'or de l'or, le cristal du cristal, on aimera, on admirera Oberon comme un chef-d'oeuvre de l'art.» Que pourrions-nous ajouter à cet éloge de Goethe?
Tous les matériaux qui ont servi à Wieland pour la composition de son poème, et surtout pour la fable proprement dite, sont tirés en grande partie d'ouvrages connus. C'est la réunion de ces éléments divers qui constitue l'originalité réelle du poème Dans le fait, Oberon comprend trois actions principales: l'entreprise tentée par Huon sur l'ordre de l'empereur; l'histoire de ses amours avec Itezia, et la réconciliation d'Oberon et de Titania. Mais ces trois actions, ou plutôt ces trois fables se rattachent si intimement au noeud véritable du récit, qu'aucune ne peut, sans le concours des autres, ni se développer, ni se dénouer avec succès. Tout s'enchaîne avec un art admirable. «Mouvements dramatiques, tableaux variés, exploits héroïques, magiques, incantations, se trouvent unis, a dit un critique, par une dépendance mutuelle si bien établie, que l'absence d'un seul des événements ou de l'un des personnages détruirait l'harmonie de l'ensemble.»
Ce chef-d'oeuvre de l'art, depuis son apparition en 1780, a trouvé plus d'un interprète; mais ses traducteurs français ne se contentaient pas de faire de grossiers contre-sens, de mutiler des strophes, de sacrifier des images charmantes, ils avaient supprimé un chaut tout entier. M. Auguste Jullien a corrigé les fautes et a réparé les injustices de ses prédécesseurs. La traduction qu'il vient de publier est aussi fidèle et aussi complète qu'elle est élégante. En la lisant, on peut jusqu'à un certain point se consoler de ne pas savoir l'allemand.
Séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques. Compte-rendu par M. M. Ch. Vergé et Loiseau, sous la direction de M. Mignet, secrétaire perpétuel de l'Académie. Douze cahiers de 4 ou 5 feuilles par mois, formant chaque année 2 forts vol. in-8 avec une table générale des matières.--Paris, au bureau du Moniteur universel. 20 fr. par an.
Réunir dans une collection accessible à tous, les Mémoires et communications soit des membres de l'Académie, soit des savants étrangers admis à l'honneur de lui soumettre les résultats de leurs recherches; tel est le but que s'est propose le Compte-rendu de l'Académie des Sciences morales et politiques.
Cette publication, organisée sur des bases analogues à celles du Compte-rendu périodique de l'Académie des Sciences, paraît sous les auspices de l'Académie elle-même, et sous la direction de son secrétaire perpétuel. Les encouragements que l'Administration lui a accordés dès son début, et l'accueil favorable qu'elle a reçu du public, attestent assez son importance et son utilité.
Elle se compose de deux parties distinctes: 1º d'un Bulletin mensuel qui résume sommairement, dans un ordre chronologique, les actes officiels et les décisions de l'Académie; 2º des Lectures, communications et travaux académiques, qui sont reproduits ou dans leur texte primitif et sans aucune modification, ou par extraits et sous forme d'analyse toujours très-développée, suivant la nature des divers documents soumis à l'Académie.
Le Compte-rendu, publié par M. Charles Vergé et Loiseau, paraît depuis un an.--Deux volumes sont en vente au prix d'abonnement.
Modes.
COSTUMES D'HOMMES PAR HEMANN. Alexandrine prépare pour la grande semaine des pailles de riz qu'elle terminera selon les exigences de chaque toilette, avec ce goût d'innovation artistique qu'il nous est permis de signaler et non pas de révéler. |
COIFFURES DE PRINTEMPS.
Voici paraître des capotes en couleur tendre, coiffure légère qui repose la tête des lourds chapeaux d'hiver. Alexandrine fait des capotes entourées de plusieurs biais qui ont beaucoup de légèreté, et donnent au visage une grande douceur. La forme en est légèrement cambrée, et s'évase un peu vers le bas, de façon à laisser les cheveux en liberté. Ses petits chapeaux de crêpe, avec une plume-saule, ont toute l'élégance qu'exige une toilette recherchée. C'est une véritable parure de printemps, une coiffure destinée à briller en voiture ouverte par une de ces premières belles journées qui font valoir toutes les coquetteries. Le châle de cachemire va faire place au mantelet, quelque chose qui ressemble à la mante et à la pelisse de nos mères, un retour au mantelet garni, faisant écharpe. |
Il est question de robes garnies sur le côté; c'est probable, en raison de la mode de l'hiver, et parce que la direction semble être encore une grande élégance à laquelle les robes unies ne répondraient pas. Quant aux manches et aux corsages, rien n'est connu. Le soir en demi-toilette, les manches courtes se portent familièrement. Quelle que soit l'étoffe de sa robe, une femme peut, à son gré, mettre des manches courtes avec un fichu très-simple, et un petit bonnet de tulle à rubans de gaze. En un mot, les manches courtes n'ont plus aucune prétention à la parure, c'est une façon comme une autre.
Pour ces derniers jours de réunion où le velours est encore permis, je recommande les coiffures turques que fait Alexandrine, avec des fichus ou des écharpes en tissus d'Orient. Il est difficile de trouver l'élégance plus riche et plus distinguée que sous cette forme artistique. On ne saurait appeler cela un turban, cela peut-être n'en a pas la sévérité; cependant c'est une coiffure de caractère qu'il ne faut pas confondre avec les caprices colifichets nés d'une fantaisie parisienne.
La semaine prochaine, nous comblerons toutes les lacunes laissées aujourd'hui par scrupule. Ce sera près du jour des révélations, et nous parlerons à coup sûr.
Rébus.
EXPLICATION DU DERNIER RÉBUS. Je ne suis sensible qu'à l'argent. |