SCÈNE II.

 

TRIBOULET, SALTABADIL.

 

SALTABADIL.

Ouf ! c’est lourd. Aidez-moi, monsieur, pour quelques pas.

Triboulet, agité d’une joie convulsive, l’aide à apporter sur le devant de la scène un long sac de couleur brune, qui paraît contenir un cadavre.

Votre homme est dans ce sac.

TRIBOULET.

Voyons-le ! quelle joie !

Un flambeau !

SALTABADIL.

Pardieu non !

TRIBOULET.

Que crains-tu qui nous voie ?

SALTABADIL.

Les archers de l’écuelle et les guetteurs de nuit.

Diable ! pas de flambeau ! c’est bien assez du bruit ! –

L’argent !

TRIBOULET, lui remettant une bourse.

Tiens !

Examinant le sac étendu à terre pendant que l’autre compte.

Il est donc des bonheurs dans la haine !

SALTABADIL.

Vous aiderai-je un peu pour le jeter en Seine ?

TRIBOULET.

J’y suffirai tout seul.

SALTABADIL, insistant.

À nous deux, c’est plus court.

TRIBOULET.

Un ennemi qu’on porte en terre n’est pas lourd.

SALTABADIL.

Vous voulez dire en Seine ? Hé bien ! maître, à votre aise !

Allant à un point du parapet.

Ne le jetez pas là. Cette place est mauvaise.

Lui montrant une brèche dans le parapet.

Ici, c’est très-profond. – Faites vite. – Bonsoir.

Il rentre et ferme la maison sur lui.