NOTES

 

Que savons-nous du Serpent de Mer ?

 

Une expédition océanographique danoise, dirigée par le professeur Schmidt, a rapporté il n’y a guère, une nouvelle qui stupéfia les zoologistes du monde entier. Jetant ses filets au large des côtes ouest d’Afrique, l’expédition ramena à l’air libre des larves d’anguilles longues de 1 m 80 et qui, selon les plus modestes estimations, devaient, à l’état adulte, atteindre une taille minima de 14 mètres. Selon le professeur Schmidt, ce seraient certains spécimens de ces anguilles géantes, d’une espèce inconnue jusqu’à nos jours, qui, apparaissant de temps à autre à la surface des océans, auraient donné naissance à la légende du Grand Serpent de Mer.

Pour le grand public, ce Serpent de Mer n’est rien d’autre qu’une invention des journaux à sensations qui, à certaines époques creuses, se servent de lui pour pallier la rareté de leurs informations. Ceci est en partie vrai puisque, au siècle dernier, un quotidien parisien, le Constitutionnel, s’est à jamais rendu célèbre en publiant chaque année, à l’époque des vacances, le rapport plus ou moins fantaisiste de quelque marin ou voyageur ayant rencontré le monstre au cours de son dernier voyage. La polémique qui s’ensuivait permettait au journal de remplir une grande partie de ses colonnes pour une durée de plusieurs semaines.

Il y a cependant aujourd’hui trop de témoignages en faveur de l’existence du Grand Serpent de Mer pour qu’il soit permis de considérer celui-ci uniquement comme une création de l’imagination humaine. Les zoologistes sont d’ailleurs formels : le Serpent de Mer, puisque c’est le nom que l’on continue à donner au grand inconnu des océans, n’est pas un mythe.

 

 

Sa majesté « le très terrible animal »

 

Déjà, dans leurs récits, Aristote et Pline parlent du mystérieux monstre marin. Mais il faudra attendre les XVIe et XVIIe siècles pour que des auteurs scandinaves, comme. Olaüs Magnus (522), Aldrovan Pus (1640) et Adam Obaris (1640), décrivent l’animal de façon fort vague et le disent capable d’entraîner un vaisseau par le fond et de dévorer un homme en une seule bouchée. Olaüs Magnus, dans son Historia Septentrionatibus, appelle le monstre Serpens Norwagicus (Serpent de Norvège) et lui assigne une longueur de 200 pieds (70 mètres environ). Pour tous, il est le « très terrible animal ».

En 1743, Hans Egede met un peu plus d’exactitude dans ses descriptions. L’animal, qu’il rencontra dans les environs du Groënland, était à demi soulevé au-dessus des flots et lançait, par sa gueule béante, une trombe d’eau. Il était velu et portait quatre puissantes nageoires. « Ce très terrible animal, écrit Egede, se dressa si haut au-dessus des flots que sa tête dépassa la hune de notre vaisseau. »

Vers la même époque, l’évêque-zoologiste Eric Pontoppidan, dans son Histoire Naturelle de Norvège, prit parti en faveur de l’existence du Serpens Norwagicus. Il ne l’avait pas vu lui-même, mais avait foi en la parole de navigateurs, dont Thorlack Thorlackson, qui assuraient avoir rencontré le « très terrible animal ». Pontoppidan, chez qui l’évêque prenait souvent le dessus sur le naturaliste, écrit très sérieusement : « Si l’on ne voit pas plus souvent le Grand Animal, c’est parce qu’il passe sa vie dans les profondeurs de la mer, par suite d’une sage et prévoyante disposition du Créateur en vue de la sécurité de l’homme. »

 

 

L’apport des temps modernes

 

Quittons les savoureux XVIe, XVIIe et même XVIIIe siècles, où les naturalistes prenaient le Serpent de Mer comme preuve de la bonté divine, et atteignons les temps modernes où ledit Serpent de Mer a dû, par la force des choses, quitter le domaine de la légende pour celui de la science.

Dès le XIXe siècle, les descriptions du monstre se précisent. En outre, contrairement aux siècles précédents, son habitat ne semble plus se limiter aux mers nordiques. On l’aperçoit sous toutes les latitudes, dans la mer des Caraïbes, dans l’océan Indien, dans le Pacifique, dans les mers de Chine. Il y eut ainsi, en deux siècles, plus de deux cents rencontres, dont nous nous contenterons de citer les principales.

Le 4 octobre 1848, la corvette anglaise Daedalus, commandée par le capitaine McQuhae, rentre au port de Plymouth, venant des Indes Orientales. Entre le cap de Bonne· Espérance et l’île Sainte-Hélène, le capitaine et l’équipage avaient, le 6 août à 5 heures du matin, par 20 degrés 44 minutes de latitude sud et 9 degrés 22 minutes de longitude, aperçu un monstre marin nageant près du navire. La partie supérieure du corps, longue de 20 mètres environ, émergeait seule. La tête dominant l’eau de 4 pieds, ressemblait à celle d’un serpent. L’animal semblait posséder une crinière et évoluait si près du Daedalus que le capitaine put en prendre un rapide croquis et déclarer par la suite : « S’il avait été une de mes vieilles connaissances, je l’aurais tout de suite reconnu. » Cependant, lorsqu’on demanda son avis sur cette rencontre à Sir Richard Owen, le plus célèbre paléontologiste européen de l’époque, celui-ci déclara ne pouvoir enregistrer le rapport du capitaine McQuhae et de son équipage parce que ces hommes n’étaient pas des savants qualifiés.

Neuf ans plus tard, en 1857, le capitaine Harrington publiait dans le Times de Londres, des extraits du journal de bord tenu par lui sur Le Castilian, naviguant entre Bombay et Liverpool. À environ 7 mètres du navire, un animal marin de grande taille avait poussé, à 4,5 mètres de la surface de l’eau, sa tête large de 2,5 mètres à 3 mètres. Cette page de journal était signée des noms du capitaine, de son suppléant et de l’officier en second.

En 1872, John Macrae, pasteur à Gleveley, Inverness, et David Twopenny, vicaire à Stockburry. Kent, aperçurent, eux aussi, le Grand Animal. Les deux ecclésiastiques naviguaient sur un petit bateau, le Léda, dans le Sound of Sleat, entre l’Écosse et l’île de Skye, lorsqu’une bête marine de grosse taille jaillit des flots et s’enfuit devant eux. D’autres personnes, montées sur un second bateau de plaisance, aperçurent également l’animal et suivirent ses évolutions à la longue-vue. Tous les assistants le décrivirent de la même façon : un cou long, une tête serpentine, une sorte de crinière et deux paires de pattes palmées.

Le commandant Pearson, de la Royal Navy, adressait en 1877 à l’Amirauté Britannique un compte rendu rédigé à bord du yacht Osborne, suivant lequel, le yacht naviguant le long des côtes de Sicile, trois officiers remarquèrent une bête gigantesque nageant non loin du bord. Le rapport disait : « À la surface d’une mer calme, émergeait une rangée de nageoires appartenant visiblement au même animal. Une de ces nageoires avait certainement 2 mètres de long. Lorsque le yacht approcha, les nageoires disparurent mais, alors, un formidable monstre marin émergea près du beaupré. La tête était celle d’un phoque et devait avoir environ 2 mètres de diamètre ; le cou était long et mince et, de temps à autre, le monstre levait la tête bien haut au-dessus de la surface de l’eau. La partie avant du corps avait 7 mètres de diamètre aux épaules. Les pattes palmées étaient larges de 5 mètres. La partie visible de l’animal pouvait être estimée à 18 mètres de long et était lisse comme le corps d’un phoque. »

À la suite de cette dernière rencontre avec le « très terrible animal », un savant hollandais fort sérieux, le Pr A.C. Oudemans, directeur de la Société Royale Zoologique de La Haye, publia, en 1892, un ouvrage très documenté intitulé « Le Grand Serpent de Mer… » Comme nous le verrons plus loin, Oudemans s’efforce, dans ce livre, à trouver une identité au monstre, à l’existence duquel il croit totalement, au point de finir par lui donner un nom et par le classer dans un ordre animal bien défini.

Mais, le 4 décembre 1893, le capitaine R.J. Cringle, du Umfuli, steamer voyageant sur la ligne du Natal, apercevait, à 5 h 30 de l’après-midi, par 21 degrés 40 minutes de latitude nord et 17 degrés 30 minutes de longitude, un grand animal ressemblant à un plésiosaure, saurien dis· paru, à corps de barrique, à long cou et à tête serpentine. L’animal nageait très vite. Sa tête et son cou avaient une longueur de 5,50 mètres. Sa peau était lisse et de longues dents lui sortaient de la gueule. Le 7 décembre 1905, au large des côtes du Brésil, les passagers du yacht Walhalla faisaient une rencontre similaire. Deux de ces passagers, G. B. Meade-Waldo et M. J. Nicoll étaient des naturalistes de profession, membres de la Zoological Society. Tous deux affirmèrent que l’animal rencontré par le Walhalla était un monstre marin d’une espèce encore non classifiée.

Un peu plus tard, vers la fin de la guerre 1914-1918, un écossais, J. Mackintosh Bell, en vacances aux îles Orcades, vit, alors qu’il se promenait sur la plage de Hoy, en compagnie de deux pêcheurs de l’endroit, un animal marin mystérieux qui se montrait d’ailleurs presque journellement. 7 mètres de long, un corps ovoïde et terminé à l’arrière par deux pattes palmées. Aux épaules, deux autres pattes palmées. Un long cou mince et une petite tête de serpent. C’est là le portrait tout craché du plésiosaure.

 

 

La vérité sur le Monstre du Loch-Ness

 

Arrivons maintenant à l’un des cas les plus célèbres entre toutes les apparitions du Grand Serpent de Mer, celui du Monstre du Loch-Ness.

C’était, beaucoup s’en souviennent, vers les années 25-30.

Aucune guerre, ou presque, ne ravageait le monde, les révolutions se faisaient rares et la crise, si elle s’annonçait, n’épouvantait encore personne. Et, brusquement, la nouvelle fut dans tous les journaux : dans un lac d’Ecosse, en communication avec la mer, vivait une bête inconnue et monstrueuse. La presse du monde entier envoya ses correspondants sur les lieux. Des polémiques s’engagèrent. Les uns rappelaient que l’Ecosse était la terre d’origine du whisky, liqueur très favorable aux hallucinations. D’autres, au contraire, prenaient le Monstre du Loch-Ness très au sérieux. Beaucoup de gens virent l’animal et le décrivirent. Puis, il y eut le célèbre krach de Wall Street, et on l’oublia.

Mais, en 1934, on reparla à nouveau de la bête inconnue.

Un jeune vétérinaire, Arthur Grant, roulant à motocyclette le long du Loch-Ness, avait vu le monstre étendu sur la berge. Il en fit un dessin et le décrivit comme suit : « Un long cou, une tête d’anguille, de grands yeux. Le corps est énorme et j’ai nettement vu les deux pattes palmées du devant. Les deux autres pattes étaient à l’arrière et la queue devait avoir 2 mètres de longueur. » Jusque-là, pas à hésiter : nous avons bien affaire à notre vieil ami le plésiosaure. Grant ajoute d’ailleurs : « L’animal a certainement 7 mètres de long. Il a l’air d’un croisement entre un plésiosaure et un phoque ou un morse. » Grant n’avait pas d’appareil photographique sous la main, et c’est dommage. Personne n’en a jamais dans ces cas-là. On s’attend très rarement, il faut le dire, à rencontrer un plésiosaure au détour du chemin.

Ajoutons encore, pour les incrédules, que le Monstre du Loch-Ness a cependant été filmé au cours d’une de ses apparitions. Le film, pris de fort loin, a été projeté devant plusieurs sociétés savantes et, bien qu’il fut impossible de déterminer la nature exacte dudit monstre, tous les spectateurs acquirent la certitude qu’il s’agissait bien là d’un être vivant, et non pas de la carcasse d’un dirigeable ou d’un chapelet de mines, comme certains avaient voulu l’affirmer.

 

 

Le Dragon des mers de Chine

 

Mais le Loch-Ness n’est pas le seul repaire connu du Grand Serpent de Mer. Les Chinois qui, comme on le sait, sont de grands adorateurs de dragons, qu’ils nomment Lung, certifient qu’il habite dans une caverne située sous une petite île, à cinq ou six jours de navigation de Su-Cheu (Kiang-Su). Selon certains voyageurs, il aurait existé, également dans une petite île, au nord de la Chine, un temple contenant le squelette du Serpent de Mer. Ce squelette, long de plus de 50 mètres, était adoré comme étant celui du Roi Dragon. Probablement avait-il été fabriqué par les prêtres à l’aide d’ossements de cétacés.

Un autre monstre marin, ou plusieurs autres, habiterait la fameuse baie d’Along, au Tonkin, où il a souvent été aperçu. Voici le récit d’une de ces rencontres, faite le 12 février 1904 par le lieutenant de vaisseau l’Eost, commandant la canonnière Décidée :

« J’aperçus d’abord le dos de l’animal à trois cents mètres, par bâbord avant, sous la forme d’une masse noirâtre arrondie. Peu après, je vis cette masse s’allonger et émerger avec l’apparence d’un serpent aplati dont j’estimai la longueur à une trentaine de mètres et la plus grande largeur à 4 ou 5 mètres. Sa peau était noire, présentant des taches jaunes marbrées. La tête avait la couleur des roches de la baie, c’est-à-dire grisâtre avec des blancs mélangés à des jaunes et ressemblait à celle d’une tortue. La peau paraissait rugueuse, cette rugosité me donnant l’impression d’écailles plutôt que de poils. Le diamètre qu’indiquent les témoins de l’équipage pour la plus grande largeur de la tête varie de 0 m 40 à 0 m 80. Deux grands jets d’eau vaporisée s’élevaient dans les airs, soufflés par les narines. Le corps lui-même demeurait à fleur d’eau. Il ondulait dans le sens horizontal. L’animal avançait à une vitesse propre de 8 nœuds environ. Personne n’a vu de nageoires. » De telles précisions semblent bien devoir écarter définitivement l’éventualité d’une supercherie. Elles concordent d’ailleurs avec celles données en 1898 par le lieutenant Lagrésille, commandant de la canonnière Avalanche qui par trois fois, avait rencontré un couple de ces énormes serpents marins également dans la baie d’Along.

 

 

Reptile, mammifère ou poisson ?

 

Il reste à présent à donner une identité au « très terrible animal ». Certes, dans un certain nombre de cas, il faut admettre que les témoins ont été victimes d’une illusion. Une bande de marsouins nageant à la queue leu leu, un requin-baleine, les bras d’un poulpe géant, quelque gros lion ou éléphant de mer, une épave flottant au ras de l’eau et soulevée de temps en temps par la vague, peuvent avoir abusé le spectateur, surtout si celui-ci n’était pas un familier des choses de la mer. Mais, en général, les descriptions sont trop précises et concordent trop bien pour laisser planer un doute sur l’existence réelle de l’animal. À ce sujet, le professeur Léon Vaillant, du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, a d’ailleurs écrit cette phrase définitive : « L’existence du monstre marin désigné vulgairement sous le nom de Serpent de Mer n’est plus douteuse aujourd’hui. »

De son côté, le professeur Oudemans, dans son livre célèbre « Le Grand Serpent de Mer », étudie près de deux cents cas de rencontres et en arrive aux conclusions suivantes. L’animal peut mesurer jusque 85 mètres. Sa couleur varie du noir au blanc grisâtre, en passant par toutes les gammes des gris et des bruns. Contrairement au mâle, la femelle ne porte pas de crinière. Enfin, son aire de répartition est fort étendue, car on l’a aperçu dans à peu près toutes les mers du globe. Finalement, Oudemans conclut que le Serpent de Mer n’est pas, à vrai dire, un serpent mais un mammifère géant de l’ordre des pinnipèdes, auquel appartient le phoque, l’éléphant de mer et le morse, et à la suite de Denys Montfort, qui étudia l’animal avant lui, il lui donne, un peu arbitrairement il faut l’avouer, le nom de Mégophias, qui veut dire Grand Serpent.

Alors, adieu Mosasaure ? Adieu reptile géant d’une espèce considérée comme éteinte ? Qui sait ! Au sujet des descriptions du Dragon de la baie d’Along, le professeur Léon Vaillant n’écrit-il pas en effet : « Ces particularités me paraissent ne pas se rapporter à un mammifère, mais confirmeraient plutôt l’opinion qu’on se trouve en face d’un reptile, très vraisemblablement pythonomorphe et plus ou moins voisin du Mosasaure. » D’autre part, n’oublions pas que la théorie du professeur Schmidt et de ses anguilles géantes doit être retenue.

Alors, reptile, mammifère ou poisson ? Seule, une capture ou la découverte d’une dépouille du Grand Animal pourrait répondre à cette question. Mais, après tout, pourquoi n’existerait-il pas plusieurs monstres différents, l’un reptile, l’autre mammifère et le troisième poisson, tous trois ayant été confondus en une même personnalité, celle du Grand Serpent de Mer des légendes anciennes ?

 



[1] Lire : La Galère Engloutie et Le Secret des Mayas.

La Croisière du Mégophias
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