Assad

J'ai été la seule à partir en courant, à crier quand son cheval a glissé et qu'il est tombé. J'ai toujours l'image de mon frère devant moi : il avait une chemise verte avec plein de couleurs, et comme il y avait du vent sa chemise flottait derrière lui. Il était magnifique sur son cheval. Je l'aimais tellement, mon frère, que cette image ne m'a jamais quittée.

Je crois que j'étais encore plus gentille avec lui après la disparition de Hanan. J'étais à ses pieds. Je n'avais pas peur de lui, je ne craignais pas qu'il me fasse du mal. Peut-être parce que j'étais plus âgée que lui ? Que nous étions plus proches ? Pourtant il nous a battues, lui aussi, lorsque mon père n'était pas là. Il s'est même attaqué à ma mère une fois. Ils se disputaient, il la tirait par les cheveux et elle pleurait… je les revois nettement, sans pour autant me souvenir de la raison de cette bagarre. J'ai toujours cette grande difficulté à rassembler les images, à leur trouver une signification. Comme si ma mémoire palestinienne s'était éparpillée en petits morceaux dans la nouvelle vie que j'ai dû construire en Europe.

C'est difficile à comprendre aujourd'hui, après ce que mon frère a fait, mais à l'époque, une fois la terreur passée, je n'ai certainement pas réalisé que Hanan était morte. Ce n'est qu'aujourd'hui, en revoyant la scène qui a surgi dans ma mémoire, que je ne peux pas penser autre chose. En reliant les événements entre eux, logiquement et avec du recul. D'une part mes parents n'étaient pas là, or chaque fois qu'un drame se produit, c'est-à-dire qu'une femme est condamnée par sa famille, celui qui doit l'exécuter est le seul présent. Ensuite je n'ai jamais revu Hanan à la maison. Jamais. Assad était fou de rage ce soir-là, humilié d'être à l'écart de l'accouchement de sa femme, humilié par ses beaux-parents. Est-ce que la nouvelle de la mort du bébé attendu est arrivée par ce téléphone ? Est-ce que Hanan lui a mal parlé ? Je ne sais pas. Les violences chez mes parents, et dans notre village en général, étaient si répétitives et quotidiennes envers les femmes ! Et j'aimais tellement Assad. Plus mon père détestait son fils, plus j'adorais ce frère unique.

Je me souviens de son mariage comme d'une fête extraordinaire. Probablement le seul souvenir de véritable joie dans ce passé de folie. Je devais avoir environ dix-huit ans et j'étais vieille. J'avais même refusé d'assister à un autre mariage, parce que les filles se moquaient visiblement de moi. Des réflexions, des coups de coude des rires désagréables sur mon passage. Et je pleurais tout le temps. Parfois j'avais honte de sortir dans le village avec mon troupeau, peur du regard des autres. Je n'étais pas mieux que la voisine avec sa tache dans l'œil et dont personne ne voulait. Ma mère m'a autorisée à ne pas aller au mariage d'une voisine, elle comprenait mon désespoir. C'est là que j'ai osé parler à mon père : « Mais c'est ta faute ! Laisse-moi me marier ! » Il ne voulait toujours pas, et j'ai pris des coups sur la tête : « Ta sœur doit être mariée avant ! Fiche le camp ! » Je l'ai dit une fois, pas deux.

Mais pour le mariage de mon frère, toute la famille est heureuse et moi encore plus. Elle s'appelle Fatma, et je ne comprends pas pourquoi elle vient d'une famille étrangère, d'un autre village. Est-ce que c'est parce qu'on n'avait pas de famille avec une fille à marier autour de nous ? Mon père a loué des cars pour aller au mariage. Un pour les femmes et un pour les hommes, celui des hommes est devant, bien entendu.

On traverse des montagnes, et chaque fois qu'on passe un virage les femmes font des youyous pour remercier Dieu de nous avoir tous protégés du ravin, tellement c'est dangereux. Le paysage ressemble à un désert, la route n'est pas goudronnée, c'est de la terre sèche et noire, et les roues du car des hommes font un grand nuage de poussière devant nous. Mais tout le monde danse. J'ai un tambourin coincé entre mes genoux et j'accompagne les youyous des femmes. Je danse aussi, avec mon foulard, je suis très habile pour ça. Tout le monde danse, tout le monde est joyeux, le chauffeur est le seul à ne pas danser !

Le mariage du frère est une fête bien plus grande que celle de la sœur. Sa femme est jeune, belle, petite de taille et très basanée. Ce n'est pas une enfant, elle a à peu près le même âge qu'Assad. Au village, chez nous, on s'est un peu moqué de mon père et de ma mère parce que mon frère est « obligé » d'épouser une fille d'âge mûr, et une inconnue. Il aurait dû épouser une fille plus jeune que lui, ce n'est pas normal d'épouser une femme de son âge ! Et pourquoi aller la chercher ailleurs ? C'est une très belle fille, et elle a de la chance d'avoir beaucoup de frères. Mon père a dépensé beaucoup d'or pour la demander. Elle a eu beaucoup de bijoux.

Le mariage dure trois jours entiers de danse et de fête. Et au retour je me souviens que le chauffeur a arrêté le car sur la route et que nous avons encore dansé. Je me vois avec mon foulard et mon tambourin, mon cœur est heureux, je suis fière d'Assad. Il est comme le bon Dieu pour nous, et c'est très étrange cet amour pour lui qui ne veut pas s'en aller. Il est le seul que je sois incapable de haïr, même s'il me tapait, même s'il a battu sa femme, même s'il est devenu un assassin.

Il est à mes yeux Assad le ahouia. Assad mon frère. Assad ahouia. Bonjour mon frère Assad. Jamais je ne pars travailler sans lui dire : « Bonjour, mon frère Assad ! » Une véritable dévotion. Enfants, nous avons partagé beaucoup de choses. Maintenant qu'il est marié et qu'il vit chez nous avec sa femme, je continue à le servir. Si l'eau chaude vient à manquer pour son bain, je vais la faire chauffer pour lui, je nettoie la baignoire, je lave et je range son linge. Je le recouds s'il en a besoin avant de le remettre en place.

Normalement, je ne devrais pas l'aimer et le servir avec autant d'amour. Car il est comme les autres hommes. Très vite après son mariage, Fatma est battue et lui fait honte en retournant chez ses parents. Et, au contraire de la coutume, son père et sa mère ne la ramènent pas chez nous de force le jour même. Ils sont peut-être plus riches, plus en avance que nous, ou, comme elle est leur seule fille, ils l'aiment davantage, je ne sais pas. Je crois que les bagarres entre mon père et Assad ont commencé à cause de ça. Mon frère avait voulu cette femme d'un autre village, il avait obligé son père à donner beaucoup d'or, et le résultat était que cette femme faisait une fausse couche au lieu de donner un fils, qu'elle nous apportait le déshonneur en retournant chez elle ! Je n'ai pas assisté aux réunions de famille, bien sûr, et je n'ai rien dans ma mémoire pour justifier les déductions que je fais aujourd'hui, mais je me souviens parfaitement de mon père sur la terrasse avec son panier de cailloux, les jetant l'un après l'autre sur la tête d'Assad. Et de cette armoire que mon frère avait coincée contre la porte de sa chambre pour l'empêcher d'y entrer. Assad voulait peut-être la maison pour lui tout seul, il se comportait alors comme si elle lui appartenait. Je crois que mon père ne voulait pas qu'il ait du pouvoir dans la maison. Qu'il le prive de son autorité et de son argent.

Mon père disait souvent à mon frère : « Tu es encore un enfant ! »

Assad se révoltait d'autant plus qu'il était très sûr de lui et beaucoup trop gâté par nous. Il était le prince de la maison, et chez nous il ne faut surtout pas dire à un homme qu'il est un enfant, c'est une humiliation grave ! Et il criait : « Je suis chez moi ici ! » Mon père ne supportait pas ça. Dans le village, les gens se demandaient ce que Fatma avait fait comme bêtise, pourquoi elle allait si souvent chez son père. Peut-être qu'on l'avait vue avec un autre homme ? Les ragots vont vite dans ce cas-là. On disait de mauvaises choses sur elle, mais ce n'était pas vrai du tout, c'était une gentille fille. Malheureusement, si quelqu'un dit une seule fois : « Elle est mauvaise », pour tout le village elle est mauvaise et c'est fini, elle a le mauvais œil sur elle.

Ma mère était malheureuse de tout cela. Parfois elle essayait de calmer mon père quand il s'en prenait à Assad :

« Pourquoi tu fais ça ? Laisse-le tranquille !

— J'ai envie de le tuer ! Si tu essaies de le protéger, tu y passes aussi ! »

J'ai vu Fatma couchée par terre et mon frère lui donner des coups de pied dans le dos. Un jour, elle avait l'œil très rouge, et son visage était tout bleu. Mais on ne pouvait rien dire ni faire. Entre la violence du père et celle du fils, il ne restait plus qu'à se cacher pour ne pas prendre des coups nous aussi.

Est-ce que mon frère aimait sa femme ? L'amour est un mystère pour moi à ce moment-là. Chez nous on parle de mariage, pas d'amour. D'obéissance et de soumission totale, pas de relations d'amour entre homme et femme. Seulement d'une relation sexuelle obligatoire entre une fille vierge achetée pour son mari. Sinon l'oubli ou la mort. Alors où est l'amour ?

Pourtant je me souviens d'une femme du village, celle qui habitait la maison la plus belle avec son mari et ses enfants. Ils étaient connus pour le luxe de leur maison et pour leur richesse. Les enfants allaient à l'école. C'était une grande famille, car ils se mariaient toujours entre cousins. Chez eux, il y avait du carrelage partout. Même le chemin à l'extérieur était carrelé. Dans les autres maisons c'était des cailloux ou du sable, parfois du goudron. Là c'était une belle allée, avec des arbres devant. Il y avait un homme qui entretenait le jardin et la cour, entourée par une grille de fer forgé qui brillait comme de l'or. On la remarquait de loin, cette maison. Chez nous, on adore tout ce qui brille. Si un homme a une dent en or, c'est qu'il est riche ! Et quand on est riche, il faut le montrer. Cette maison était moderne et toute neuve, magnifique de l'extérieur. Il y avait deux ou trois voitures toujours garées devant. Je n'y suis jamais entrée, bien sûr, mais, lorsque je passais devant avec mes moutons, elle me faisait rêver. Le propriétaire s'appelait Hassan. C'était un monsieur très grand, très basané et très élégant. Ils étaient très liés, lui et sa femme, on les voyait toujours ensemble. Elle était enceinte de jumeaux et elle allait accoucher. Malheureusement l'accouchement s'est mal passé, les jumeaux ont vécu, mais la dame est morte. Paix à son âme car elle était très jeune. C'est le seul enterrement que j'aie vu au village. Ce qui m'a émue et frappée, c'est que toute sa famille criait et pleurait derrière le brancard où reposait le corps, et son mari plus que les autres. De chagrin il déchirait sa longue chemise blanche traditionnelle, en marchant derrière le corps de sa femme. Et sa belle-mère déchirait aussi sa robe. J'ai aperçu les seins nus de cette femme âgée, qui tombaient sur son ventre entre les morceaux de tissu arrachés. Je n'avais jamais vu un désespoir pareil. Cette femme que l'on enterrait était aimée, sa mort affligeait toute sa famille, tout le village.

Est-ce que j'y étais aussi, ou est-ce que j'ai vu l'enterrement depuis la terrasse ? Plutôt de la terrasse car j'étais trop jeune. J'en pleurais en tout cas. Il y avait plein de monde. Ils sont passés lentement dans le village. Et cet homme qui criait sa peine, qui déchirait sa chemise, je ne l'oublierai jamais. Il était si beau avec ses cris d'amour pour sa femme.

C'était un homme qui avait beaucoup de dignité et d'allure.

Les parents de ma mère et de mon oncle habitaient le village, et mon grand-père, Mounther, était lui aussi toujours très soigné. Il était très grand, comme son fils, bien rasé, toujours bien mis, même s'il portait le costume traditionnel. Il avait toujours son « chapelet » à la main et comptait les perles l'une après l'autre entre ses longs doigts. Parfois il venait fumer la pipe avec mon père, et ils avaient l'air de bien s'entendre. Mais un jour ma mère a quitté la maison pour dormir chez ses parents, parce que mon père l'avait trop battue. Elle nous a laissés seuls avec lui. Chez nous, une femme ne peut pas prendre ses enfants avec elle. Qu'ils soient filles ou garçons, ils restent chez leur père. Et plus je grandissais, plus il la battait, plus elle s'en allait souvent. C'est le grand-père Mounther qui la ramenait de force à la maison. Elle partait parfois une semaine, parfois un jour, ou une nuit. Une fois elle est partie au moins un mois et mon grand-père ne voulait plus parler à mon père.

Je crois que si ma mère était morte, elle n'aurait jamais eu un enterrement comme celui de cette femme, et mon père n'aurait pas pleuré ni crié en déchirant sa chemise comme ce monsieur Hassan. Il n'aimait pas ma mère.

J'aurais dû me persuader que l'amour n'existait pas du tout chez nous, en tout cas dans notre maison. Finalement, je n'avais que mon frère à aimer malgré sa violence, et sa folie parfois. Mes sœurs l'aimaient aussi. Noura n'était plus à la maison, mais Kaïnat était comme moi, elle le protégeait et elle applaudissait quand il montait à cheval.

À part les petites sœurs, trop petites pour songer au mariage, il ne restait plus que nous à la maison. Deux vieilles filles. En ce qui concerne Kaïnat, j'avais le sentiment qu'elle se résignait. Elle n'était pas laide, mais pas très jolie ni très souriante. Kaïnat était différente de moi. Nous étions deux paysannes mal habillées peut-être, mal coiffées… Mais j'étais petite et mince, et elle était assez forte, avec beaucoup trop de poitrine. Chez nous, les hommes aiment les femmes bien en chair, mais ils n'apprécient pas à ce point une grosse poitrine. Elle ne devait pas plaire, elle en était triste et ne pouvait pas faire d'effort pour être plus jolie. Kaïnat était devenue grosse alors qu'elle mangeait la même chose que moi, ce n'était pas sa faute. Et de toute façon ni l'une ni l'autre n'avions la possibilité de nous rendre plus jolies que Dieu nous avait faites. Avec quoi ? Pas de belles robes, toujours les mêmes pantalons blancs ou gris, pas de maquillage ni de bijoux. Et enfermées comme des vieilles poules, rasant toujours les murs, comptant nos pas, le nez baissé, dès que l'on sortait de la maison avec les moutons.

Si Kaïnat n'a pas d'espoir et me ferme le chemin du mariage, je sais, moi, qu'un homme m'a demandée quand même. Ma mère m'a dit : « Le père de Faiez est venu, il t'a demandée pour son fils. Mais on ne peut pas parler du mariage pour l'instant, il faut attendre pour ta sœur. »

Depuis j'imagine qu'il m'attend et qu'il s'impatiente du refus de mes parents.

Mon frère Assad le connaît. Il habite la maison en face de la nôtre, de l'autre côté de la route. Ce ne sont pas des paysans comme nous, ils ne travaillent pas beaucoup leur jardin. Ses parents ont eu trois fils, et il reste Faiez qui n'est pas marié. Il n'y a pas de filles dans la maison, c'est pour cela qu'elle n'est pas entourée de murs, mais d'une jolie clôture, et que la porte n'est jamais fermée à clé. Les murs sont roses et la voiture qui est toujours garée devant est grise.

Faiez travaille en ville. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais j'imagine qu'il est dans un bureau comme mon oncle. En tout cas il est bien mieux que Hussein, le mari de ma sœur aînée. Hussein est toujours en vêtements d'ouvrier, jamais très propre, et il sent mauvais.

Faiez c'est l'élégance, une belle voiture à quatre places, qui démarre tous les matins.

Alors j'ai commencé à épier sa voiture pour le regarder. Le meilleur observatoire, c'est la terrasse où je secoue les tapis de laine de mouton, où je cueille le raisin, où j'étends du linge. En faisant très attention, je peux toujours trouver quelque chose à faire en haut.

J'ai d'abord repéré qu'il garait toujours sa voiture au même endroit, à quelques pas de la porte. Comme je ne pouvais pas rester trop longtemps sur la terrasse pour deviner à quelle heure il sortait de chez lui, j'ai mis plusieurs jours avant de savoir qu'il s'en allait vers sept heures tous les matins, au moment où il m'était assez facile de trouver quelque chose à faire là-haut.

La première fois que je l'ai vu, j'ai eu de la chance. J'avais fait vite pour nettoyer l'écurie, et je ramenais du foin bien sec pour une brebis malade qui allait accoucher. J'étais à deux ou trois pas avec la paille dans les bras quand il est sorti. Aussi élégant que mon oncle, en costume, avec de belles chaussures noir et beige à lacets, une mallette à la main, des cheveux très noirs, le teint très basané, et fière allure.

J'ai baissé la tête, le nez dans la paille. J'ai écouté le bruit de ses pas jusqu'à la voiture, le bruit de la portière qui claquait, celui du moteur et des pneus sur le gravier. Je n'ai relevé la tête que lorsque la voiture s'est éloignée, et j'ai attendu qu'elle disparaisse, avec le cœur qui battait dans ma poitrine, et mes jambes qui tremblaient. Et je me suis dit : « Je veux cet homme pour mari, je l'aime. Je le veux, je le veux… »

Mais comment faire ? Comment le supplier d'aller lui-même supplier mon père de conclure le mariage ? Comment lui parler, d'abord ? Une fille n'adresse pas la parole à un homme. Elle ne doit même pas le regarder en face. Il est inaccessible et, même si cet homme me veut en mariage, ce n'est pas lui qui décide. C'est mon père, toujours lui, et il me tuerait s'il savait que j'ai traîné une minute sur le chemin avec ma botte de paille pour attirer l'attention de Faiez.

Je n'en espérais pas tant ce jour-là, mais je voulais qu'il me voie, qu'il sache que j'attendais moi aussi. Alors j'ai décidé de tout faire pour le rencontrer en cachette et lui parler. Au risque de me faire tuer à coups de pierre ou de bâton. Je ne voulais plus attendre encore des mois ou des années que Kaïnat quitte la maison, c'était trop injuste. Je ne voulais pas vieillir davantage et devenir la moquerie du village. Je ne voulais pas perdre tout espoir de partir ailleurs avec un homme, de me libérer des brutalités de mon père.

Chaque matin et chaque soir, je serai sur la terrasse, à guetter mon amoureux, jusqu'à ce qu'il lève les yeux sur moi et me fasse un signe. Un sourire. Sinon, j'en suis certaine, il ira demander une autre fille du village ou d'ailleurs. Et, un jour, je verrai une femme à ma place monter dans cette voiture.

Elle me volera Faiez.