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On mit à notre disposition des lits de camp dans une tente d’officiers, non loin de celle du commandant. Si Trébonius croyait vraiment que Méto était un traître, il se montrait fort généreux en offrant une telle hospitalité au père de celui-ci. Plus vraisemblablement, il préférait m’avoir près de lui pour être certain que je quitterais le camp le lendemain.
Alors que les autres occupants de la tente dormaient depuis longtemps et que Davus ronflait à mes côtés, je restai éveillé. Peut-être m’étais-je assoupi une ou deux fois, mais je ne saurais dire si les images qui défilaient dans ma tête étaient des rêves ou le fruit de mon imagination une fois éveillé. Je vis le canyon où nous nous étions perdus au cours de l’après-midi, la clôture d’os, le temple ténébreux, la pierre primitive tombée du ciel, la forêt rasée, le devin omniscient…
Dans quel guêpier m’étais-je fourré ? Le lendemain, si Trébonius parvenait à ses fins, nous repartirions avant d’avoir rien pu découvrir.
Pour finir, je rejetai ma couverture et sortis de la tente à pas de loup. La pleine lune commençait à se coucher et projetait de longues ombres noires. Les torches qui éclairaient les passages entre les tentes avaient perdu leur éclat. J’errai sans but, jusqu’à une clairière près de la tente de Trébonius. C’était le sommet de la colline, d’où l’on pouvait voir la ville.
Dans l’obscurité, j’imaginai Massilia comme un énorme monstre sorti de la mer et affalé face contre terre, qu’on avait entouré de hautes murailles. La crête de son épine dorsale était une chaîne de collines.
Les murailles prenaient un reflet bleuté au clair de lune. Des ombres impénétrables se tapissaient dans les recoins au pied des tours. Les minuscules flammes orange des torches régulièrement espacées le long des remparts vacillaient. De chaque côté de la ville, au-delà des fortifications, deux baies s’ouvraient sur la pleine mer ; la crique la plus vaste, à gauche, était le port principal. La surface unie de l’eau était noire comme jais, excepté là où le clair de lune lui donnait des reflets argentés. Au large de la ville, les masses grises des îles, derrière lesquelles étaient postés les navires de César, se profilaient à l’horizon.
Entre la hauteur sur laquelle je me tenais et la partie la plus proche de la muraille s’étendait une vallée noyée dans l’ombre. De l’autre côté du gouffre, la muraille paraissait étonnamment proche ; je distinguai deux sentinelles massiliotes patrouillant sur les remparts. La lumière des torches dansait sur leur casque. Derrière eux se dressait une colline sombre : la tête du monstre marin que j’imaginais.
Quelque part dans les ténèbres qu’encerclaient ces murailles éclairées par la lune, mon fils était mort, englouti dans le ventre de cette énorme bête. Ou alors il vivait encore, poursuivant un destin aussi obscur que la nuit.
J’entendis des pas et devinai une présence derrière moi. Une sentinelle, pensai-je, venue pour me reconduire jusqu’à ma tente. Je me retournai : l’homme, de petite taille, portait une tunique de nuit et avait une barbe soigneusement taillée. Il se dirigeait vers le sommet de la colline. Il s’arrêta non loin de moi, croisa les bras et contempla la vue.
— Tu n’arrives pas à dormir, remarqua-t-il sans vraiment me regarder.
— Non.
— Moi non plus : je suis trop énervé à l’idée de ce qui va se passer demain.
— Demain ?
Il tourna la tête, m’examina quelques instants, puis fronça les sourcils.
— Est-ce que je te connais ?
— Je viens de Rome. Je suis arrivé dans la soirée.
— Ah ! Je croyais que tu étais l’un des officiers de Trébonius. Je me suis trompé.
Je l’examinai à mon tour. Je souris.
— Mais je te connais.
— Vraiment ? dit-il en scrutant mon visage. Dans l’obscurité, je ne parviens pas à…
— Nous nous sommes rencontrés à Brundisium il y a quelques mois, dans des circonstances assez semblables à celles-ci[1]. César assiégeait la ville. Pompée y était bloqué et voulait à tout prix s’enfuir. César construisait de gigantesques ouvrages en terre et des digues à l’entrée du port, pour barrer le passage et prendre au piège les navires de l’ennemi. Tu m’avais expliqué la stratégie, toi Vitruvius, l’officier du génie.
Il claqua des dents, plissa le front, puis ouvrit tout grands les yeux.
— Bien sûr ! Tu es arrivé avec Marc Antoine juste avant que l’ouragan ne se déchaîne, acquiesça-t-il. Tu es Gordianus, n’est-ce pas ? Oui, je m’en souviens. Et tu es… le père de Méto.
— Oui.
Le silence tomba. J’étais embarrassé. Ensemble nous contemplâmes la vue au clair de lune.
— Que sais-tu sur mon fils ? demandai-je enfin.
— Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer, répondit-il en haussant les épaules. En tant qu’officier du génie, j’ai toujours eu affaire à d’autres officiers. Je le connais de vue, bien sûr, je l’ai aperçu à cheval à côté du général, prenant des notes tandis que celui-ci dictait. D’après ce que je comprends, son rôle consiste à aider César à rédiger ses lettres et ses mémoires.
— Que sais-tu d’autre ? Des rumeurs doivent circuler.
— Je n’écoute jamais les potins du camp, répondit-il en grognant. Je suis un ingénieur et un bâtisseur. Je crois ce que je peux voir et mesurer. On ne construit pas des ponts par ouï-dire.
J’acquiesçai d’un air pensif.
— Ton fils se trouve-t-il dans le camp ? questionna Vitruvius. Tu as fait tout ce chemin depuis Rome pour lui rendre visite ? Tu étais aussi venu à Brundisium pour le voir. Grâce aux dieux, tu dois avoir les fesses bien rembourrées pour couvrir de telles distances à cheval.
Je restai impassible. Vitruvius n’était pas au courant. Seuls ceux qui étaient plus haut placés ou dans le cercle intime de César connaissaient la « trahison » de Méto. Je respirai profondément.
— Trébonius affirme qu’il n’y a aucun moyen d’entrer dans Massilia, dis-je, en mentionnant sans insister le nom de l’officier.
— C’est une ville bien fortifiée, expliqua Vitruvius en levant un sourcil. Des murailles l’encerclent sans interruption, côté terre, côté mer, et aussi face au port. Elles sont constituées d’énormes blocs de pierre, renforcés à intervalles réguliers par des tours. Du beau travail ! Les blocs semblent ajustés et empilés à la perfection, sans ciment ni attaches en métal. Près du sol, des meurtrières permettent de lancer des flèches. Au faîte, des plates-formes sont aménagées pour les catapultes et l’artillerie à courte portée. Ce n’est pas du tout comme lorsqu’on assiège un fort gaulois fait de rondins assemblés à la va-vite, je peux te l’assurer ! Jamais nous n’enfoncerons la muraille à coups de bélier, jamais nous ne l’abattrons avec des catapultes.
— Mais on peut néanmoins ouvrir des brèches dans les murailles ?
— Que sais-tu de la façon d’assiéger une ville, Gordianus ? Ton fils a dû apprendre une chose ou deux en suivant César dans le nord et en rédigeant ses mémoires.
— Mon fils et moi avons d’autres sujets de conversation quand nous nous retrouvons.
— Eh bien, je vais te parler de l’art d’entreprendre un siège, dit-il en hochant la tête. Les qualités primordiales que doit posséder l’assiégeant sont la patience et la persévérance. Si on ne peut pénétrer dans la ville à coups de bélier ou en y mettant le feu, il faut creuser des tunnels, comme les termites. Aux soldats du génie les honneurs : ce sont eux qui sapent sous les murs. Creuse assez loin, et ton tunnel débouchera dans la ville ; creuse assez profond et sur une largeur suffisante, et un pan de mur s’effondrera sous son propre poids.
— C’est un jeu d’enfant, on dirait.
— Tu te trompes ! Il faut réfléchir et déployer autant d’efforts pour abattre des murailles que pour les construire. Considère le cas présent : César a choisi ce lieu pour y établir un camp parce qu’il est situé sur une hauteur. Non seulement on peut découvrir la ville et la mer à l’horizon, mais on peut suivre les préparatifs du siège dans la vallée en contrebas. C’est le cœur même de l’action. En ce moment, il fait trop sombre, mais quand pointera l’aube, tu pourras voir ce que nous avons accompli là-bas.
« Quel que soit le siège, il faut commencer par creuser une contrevallation, c’est-à-dire un fossé profond parallèle aux murailles de la ville, et protégé par un parapet. On peut ainsi faire circuler des hommes et transiter du matériel. Notre contrevallation longe toute cette vallée, depuis le port à notre gauche jusqu’au petit bras de mer à notre droite, de l’autre côté de la ville. Elle protège notre camp en empêchant l’ennemi de tenter une sortie et de lancer une contre-offensive. Du même coup, elle empêche les habitants de la ville d’acheminer leur ravitaillement depuis l’extérieur. L’isolement, les privations, le désespoir, la famine, poursuivit-il en comptant sur ses doigts, aucun bélier ne saurait égaler leurs effets.
« Pour l’assaut, il faut amener les tours et les engins jusqu’au pied des murailles. Si le sol n’est pas plat – et il ne l’est certainement pas dans cette vallée –, il faut l’aplanir. C’est pourquoi César a ordonné de construire un énorme remblai perpendiculaire à la muraille, une sorte de chaussée surélevée. Il a fallu niveler le fond de la vallée avant de pouvoir poser les fondations. Le remblai est constitué principalement de rondins empilés les uns sur les autres, disposés en strates dans un sens, puis dans l’autre. De la terre et des cailloux ont été entassés dans les interstices pour consolider le tout. Là où il franchit la partie la plus profonde de la vallée, le remblai mesure quatre-vingts pieds de hauteur.
« Pendant que nous creusions et édifiions le remblai, les Massiliotes n’ont pas cessé de nous tirer dessus du haut des murailles, comme on pouvait s’y attendre. Les hommes de César sont habitués à combattre des Gaulois qui n’ont que des lances, des flèches et des lance-pierres. Avec ces Massiliotes, c’est autrement difficile. Bien qu’il m’en coûte de l’admettre, leur artillerie est supérieure à la nôtre. Leurs catapultes et leurs balistes tirent plus loin et lancent de plus gros projectiles. Ainsi, des javelots empennés de douze pieds pleuvaient sur les hommes occupés à entasser de lourds rondins. Les mantelets dont nous nous servons habituellement étaient tout à fait insuffisants. Tout le long du remblai, nous avons dû édifier des abris plus solides que ceux que nous avions utilisés auparavant. Voilà ce qui me plaît dans le génie, il y a toujours un nouveau problème à résoudre ! Nous avons construit les abris avec le bois le plus résistant que nous ayons pu trouver, nous les avons renforcés avec des segments de poutres d’un pied d’épaisseur et recouvert le tout d’argile ininflammable. En les heurtant, les grosses pierres roulent à leur surface comme des grêlons, les javelots géants rebondissent comme sur du bronze. Pourtant, quand s’abat un déluge de projectiles et de pierres, le tintamarre à l’intérieur de ces abris est assourdissant ! Je le sais, car j’y ai passé une bonne partie de mon temps pour superviser le travail.
« Une fois le remblai presque achevé, nous nous sommes mis à construire une tour montée sur des roues, avec un bélier intégré à la plate-forme inférieure. Elle se trouve de ce côté-ci du remblai. Demain, elle va emprunter la chaussée, et les Massiliotes n’auront aucun moyen de l’arrêter. Les hommes sur les plates-formes supérieures de la tour de siège sont protégés par des parapets en nattes de chanvre si épaisses qu’aucun projectile ne peut les traverser. Une fois la tour placée contre la muraille, les soldats des plates-formes supérieures pourront abattre les Massiliotes qui s’aventureront à l’extérieur de la ville pour s’opposer à notre attaque, alors que les hommes de la plate-forme inférieure pourront à volonté donner des coups de bélier. Sais-tu quelle sorte de panique engendre le boum, boum, boum d’un bélier qui frappe les murailles ? On peut l’entendre à des milles à la ronde.
Je dirigeai mon regard vers la vallée. Sur un arrière-plan de gris et de noir, je distinguai le tracé rectiligne du remblai qui franchissait la vallée pour atteindre la base des murailles. Je discernai aussi l’énorme masse de la tour de siège à l’extrémité la plus proche.
— Mais je croyais que les catapultes et les béliers ne viendraient jamais à bout des murailles de Massilia.
— C’est vrai, répondit en souriant Vitruvius.
— Le bélier ne serait qu’une diversion ?
L’ingénieur était trop fier de son plan pour le nier.
— Comme je l’ai précisé, c’est aux soldats du génie que reviendra l’œuvre ultime. Ils s’acharnent à creuser des tunnels depuis le premier jour où nous avons installé notre camp. Ils ont construit tout un réseau souterrain le long des murs. Le tunnel le plus long se trouve là-bas, dit-il en montrant du doigt un endroit vers la gauche, en direction de la porte principale de la ville et du port. D’après nos calculs, les sapeurs feront une percée demain. En un clin d’œil, nous déboucherons à l’intérieur de la ville.
« Juste derrière les sapeurs, des soldats seront massés à l’intérieur du tunnel, attendant de surgir à l’air libre. Une fois dans Massilia, ils se précipiteront vers la porte principale. Les Massiliotes auront concentré tous les hommes dont ils disposent dans le secteur où la tour de siège et le bélier attaqueront le mur. Un assaut contre la porte depuis l’intérieur de la ville les prendra au dépourvu. La porte sera à nous et, une fois que nos hommes l’auront ouverte, Trébonius en personne mènera la charge jusqu’au cœur de la ville. Le siège sera terminé. Les Massiliotes n’auront pas le choix : il leur faudra se rendre et implorer la clémence.
— Trébonius se montrera-t-il clément ?
— César a ordonné de prendre la ville et de la lui garder jusqu’à son retour. Il a l’intention d’imposer lui-même ses conditions aux Massiliotes.
— Il n’y aura donc pas de massacre.
— Non. À moins que les Massiliotes ne soient assez fous pour lutter à mort. C’est peu probable – au fond ce sont des marchands –, mais on ne sait jamais. Ou à moins que…
— Tu dis ?
— A moins que nos hommes ne se déchaînent.
A la façon dont il baissa la voix, je compris qu’il avait déjà vu cela se produire. Méto m’avait raconté le sac de villes gauloises pillées par des soldats romains pris d’un accès de folie meurtrière. Cela paraissait impensable qu’un tel sort fût réservé aux habitants de Massilia, l’alliée de Rome depuis des siècles, mais c’était la guerre.
— Tu comprends pourquoi je ne peux pas dormir, à l’idée de ce qui va se passer demain.
— Oui. Je croyais qu’une marche et de l’air frais pourraient me réconforter, mais maintenant je serai moi aussi incapable de fermer l’œil.
Le lendemain, si Vitruvius ne se trompait pas, on entrerait dans Massilia. Alors pourquoi Trébonius insistait-il pour m’éloigner ? Que savait-il sur Méto que j’ignorais ? M’épargnait-il la vue de l’exécution de mon fils ? Ou la découverte d’un sort plus horrible encore qui l’avait frappé ? Sous l’effet de la fatigue, mon imagination battait la campagne.
— J’ai une idée ! s’exclama Vitruvius d’un air joyeux. J’ai vu deux ou trois chaises pliantes près de la tente de Trébonius. Je vais aller les chercher. Nous pourrons nous asseoir ici tous les deux, attendre le lever du soleil et parler du siège de Brundisium ou de tout autre sujet. Tu dois avoir des nouvelles fraîches de Rome. Je ne parviens pas à imaginer comment cela se passe là-bas avec l’ami de César, Marc Antoine, comme chef suprême. Je suppose que l’orgie bat son plein à une grande échelle… Mais toi, tu reste ici.
Il partit chercher les chaises et revint sans tarder avec, en plus, deux couvertures.
Nous parlâmes de choses et d’autres : César avait-il des chances d’en finir rapidement avec ses ennemis en Espagne ? Pompée envisageait-il de lever une armée colossale en Orient pour défier César ? Marc Antoine méritait-il sa réputation d’amateur de beuveries ? Ivre ou non, celui-ci avait fait régner l’ordre. J’assurai Vitruvius qu’à Rome, on était loin de penser aux orgies. Abasourdie par le tumulte des derniers mois, la ville retenait son souffle.
Nous évoquâmes aussi le cas des exilés célèbres qui avaient quitté Rome pour Massilia. Caius Verrès était le plus connu : en tant que gouverneur de Sicile, il avait témoigné d’une telle cupidité que Cicéron avait obtenu sa condamnation pour concussion, et l’avait forcé à se retirer à Massilia, où il avait emporté son butin qui représentait une fortune. Il y avait aussi des hommes reconnus coupables de divers crimes politiques durant la campagne menée par Pompée pour épurer le Sénat. Quelques anciens partisans de Catilina devaient également vivre là, des rebelles qui avaient choisi la fuite et l’exil, plutôt que de périr dans la bataille aux côtés de leur chef.
J’avais les yeux rivés sur les murailles. Quel effet cela faisait-il d’être un exilé alors que le nouveau maître de Rome frappait aux portes de la ville ? Certains devaient trembler de peur, d’autres jubiler.
Vitruvius me donna d’autres renseignements sur le siège. Le premier combat important avait été une bataille navale. Une flotte massiliote de dix-sept navires s’était risquée à sortir du port. Les douze navires de César postés derrière les îles étaient venus les affronter. Les Massiliotes avaient observé la scène du haut des murailles de la ville, tandis que les Romains l’étudiaient du sommet de la colline où nous nous trouvions.
— Ce n’était pas une flotte digne de ce nom, constata Vitruvius en décriant son propre camp : des navires construits à la hâte avec du bois vert, difficiles à manœuvrer, avec pour équipage des soldats qui n’avaient jamais navigué de leur vie. Ils ne se sont même pas donné la peine de surpasser en habileté les Massiliotes : ils ont foncé droit devant eux, immobilisé les navires ennemis avec des grappins, se sont rués à bord où ils se sont livrés à des combats corps à corps, comme s’ils se battaient sur la terre ferme. La mer a vite été ensanglantée. D’ici, on pouvait voir de grandes flaques du rouge carmin le plus vif, qui se détachaient sur le bleu de la mer.
La bataille avait mal tourné pour les Massiliotes. Neuf de leurs dix-sept navires avaient été coulés ou capturés ; les autres s’étaient réfugiés dans le port. Les violentes rafales de vent du nord avaient empêché les navires de César de les poursuivre. Face à ce vent, seuls les capitaines massiliotes expérimentés avaient réussi à ramener les navires dans le port par les chenaux. Il était impossible de forcer le blocus, pouvait-on conclure après la bataille. Massilia était isolée par terre comme par mer.
Il pourrait y avoir un autre combat naval si Pompée réussissait à envoyer des renforts aux Massiliotes. Mais, Vitruvius en était convaincu, le conflit se réglerait sur terre et dans les plus brefs délais.
— Demain, murmura-t-il, tandis que, sous ma couverture, je me laissais gagner par un sommeil agité, trop las malgré mes soucis pour rester éveillé un instant de plus.