[1] Tacite, Hist.
Lib. IV, c.39.
[2] Vie de Domitien
[3] Tacite, Vie d’Agricola,
ch. VIII & IX
[4] Vie d’Agricola, ch.
XVII
[5] Plinius Jun., lib. IV,
ep. 8.
[6] Liv. IX, lett. 19.
[7] Hist. abr. de la litt.
rom., L. II, p. 454
[8] Daunou, Cours d’études
d’hist., t.1er, p. 431
[9] Essai sur l’hist. de
l’art militaire, t. 1er, p. 288.
[10] Mémoires de l’Académie
des sciences morales et politiques, t. iv, p. 839.
[11] Le texte de M. Naudet
porte Néron, sans doute par la faute du typographe.
[12] Avant d’écrire ce
recueil de stratagèmes, où tout est pratique, Frontin avait publié
des ouvrages purement théoriques sur l’art militaire.
[13] Opérations de stratégie
et de tactique, en général
[14] Stratagèmes, ruses de
guerre proprement dites.
[15] Plutarque (Vie de Caton
le Censeur, ch. X) porte à quatre cents le nombre des villes que
soumit Caton en Espagne. Tite-Live, après avoir rapporté ce fait,
avec le détail de toutes les circonstances qui l’ont amené, ajoute
(liv. XXXIV ch. 17) que le consul marcha contre les villes qui
refusaient d’obéir, et qu’il fut même obligé d’assiéger Segestica,
ville riche et importante, qu’il prit d’assaut. Polyen a compris ce
même fait dans son recueil de stratagèmes (liv. VIII, ch. 17).
Voyez aussi Polybe, Fragments, liv. XIX ; et Aurelius Victor,
qui a reproduit presque littéralement le texte de Frontin (Hommes
illustres, ch. XLVII).
[16] Selon Diodore de Sicile (liv.
XIV, ch. 55), le point de ralliement indiqué par Himilcon était
Panorme, aujourd’hui Palerme. Cet usage des ordres cachetés,
maintenant encore en vigueur dans la marine, était familier aux
généraux de l’antiquité.
[17] C. Lélius était envoyé
par Scipion. Celui-ci, après avoir fait reconnaître le camp de
Syphax, parvint à l’incendier pendant la nuit, ce qui mit un tel
désordre dans l’armée ennemie, que le fer et le feu détruisirent
quarante mille hommes. Voyez Tite-Live, liv. XXX, ch. 3-6 ; et
Polybe, liv. XIV, fragment 2.
[18] Gabies, ville du Latium
et colonie d’Albe. Elle était déjà en ruines du temps
d’Auguste.
Les détails de cet odieux artifice des deux Tarquins sont dans Tite-Live, liv. I, ch. 24. Voyez aussi Florus, liv. I. ch. 7 ; Valère-Maxime, liv. VII, ch. 4 ; Denys d’Halicarnasse, liv. IV, ch. 54 ; Ovide, Fastes, liv. II, v. 686 à 711.
Diogène Laërce rapporte que Thrasybule, tyran de Milet, donna un conseil du même genre à Périandre, tyran de Corinthe, dans les termes suivants :
THRASYBULE À PÉRIANDRE.
« Je n’ai fait aucune réponse aux questions de votre héraut ; mais, l’ayant mené dans un champ, j’abattis à coups de bâton, pendant qu’il me suivait, ceux des épis qui dépassaient les autres. Si vous l’interrogez, il vous dira ce qu’il a vu et entendu. Imitez-moi donc, si vous voulez conserver votre autorité ; faites périr les premiers de la ville, qu’ils soient, ou non, vos ennemis. L’ami même d’un tyran doit lui être suspect. »
Les détails de cet odieux artifice des deux Tarquins sont dans Tite-Live, liv. I, ch. 24. Voyez aussi Florus, liv. I. ch. 7 ; Valère-Maxime, liv. VII, ch. 4 ; Denys d’Halicarnasse, liv. IV, ch. 54 ; Ovide, Fastes, liv. II, v. 686 à 711.
Diogène Laërce rapporte que Thrasybule, tyran de Milet, donna un conseil du même genre à Périandre, tyran de Corinthe, dans les termes suivants :
THRASYBULE À PÉRIANDRE.
« Je n’ai fait aucune réponse aux questions de votre héraut ; mais, l’ayant mené dans un champ, j’abattis à coups de bâton, pendant qu’il me suivait, ceux des épis qui dépassaient les autres. Si vous l’interrogez, il vous dira ce qu’il a vu et entendu. Imitez-moi donc, si vous voulez conserver votre autorité ; faites périr les premiers de la ville, qu’ils soient, ou non, vos ennemis. L’ami même d’un tyran doit lui être suspect. »
[19] Zeugma. Ville de Syrie,
fondée par Seleucus 1er, ainsi appelée « joindre », parce
que, bâtie sur l’Euphrate, elle était le point de communication
entre la Syrie et la Babylonie.
[20] Hasdrubal s’aperçut en
effet, mais trop tard, de la réunion des consuls. On ne doit donc
pas prendre à la lettre cette dernière phrase de Frontin. Voyez le
§ 9 du chapitre suivant, et surtout le beau récit de Tite-Live,
liv. XXVII, ch. 43-5o.
« Quand on marche à la conquête d’un pays avec deux ou trois armées qui ont chacune leur ligne d’opération jusqu’à un point fixe où elles doivent se réunir, il est de principe que la réunion de ces divers corps d’armée ne doit jamais se faire près de l’ennemi, parce que non seulement l’ennemi, en concentrant ses forces, peut empêcher leur jonction, mais encore il peut les battre séparément. » (Napoléon.)
« Quand on marche à la conquête d’un pays avec deux ou trois armées qui ont chacune leur ligne d’opération jusqu’à un point fixe où elles doivent se réunir, il est de principe que la réunion de ces divers corps d’armée ne doit jamais se faire près de l’ennemi, parce que non seulement l’ennemi, en concentrant ses forces, peut empêcher leur jonction, mais encore il peut les battre séparément. » (Napoléon.)
[21] Il y a ici une grave
erreur. Lors de ce voyage de Thémistocle à Sparte, en 478 avant
J.-C., les murailles d’Athènes avaient été détruites par les
Perses ; et c’est soixante-quatorze ans plus tard, après la
bataille d Ægos-Potamos, que les Spartiates exigèrent la nouvelle
démolition de ces remparts. Cf. Cornélius Nepos, Vie de
Thémistocle, ch. VI ; et Vie de Conon, ch. IV.
[22] La plupart des
historiens attribuent ce mot à Metellus Macedonicus, qui vivait
longtemps avant Metellus Pius.
[23] Plutarque (Vie de
Demetrius, ch. XXVIII) rapporte un mot semblable d’Antigone. Son
fils Demetrius lui demandait quand on décamperait :
« Crains-tu, répondit-il avec l’accent de la colère, d’être le
seul qui n’entende pas la trompette ? »
[24] Le maréchal de
Luxembourg avait un espion auprès du roi Guillaume, et était
instruit de tout ce qui se passait dans l’armée ennemie. Le roi
s’en aperçut, et obligea l’espion à donner un faux avis, qui
faillit perdre l’armée française à Steinkerque ; mais le génie
et le courage de Luxembourg triomphèrent de celle difficulté.
[25] De constituendo statu belli.
Les modernes disent de même constituer la guerre, ce qui équivaut à
se faire un plan d’opérations.
Les principes résultant de l’expérience de tous les temps se résument en ces mots : « Un plan de campagne doit avoir prévu tout ce que l’ennemi peut faire, et contenir en lui-même les moyens de le déjouer. Les plans de campagne se modifient à l’infini, selon les circonstances, le génie du chef, la nature des troupes, et la topographie du théâtre de la guerre. » (Napoléon.)
Les principes résultant de l’expérience de tous les temps se résument en ces mots : « Un plan de campagne doit avoir prévu tout ce que l’ennemi peut faire, et contenir en lui-même les moyens de le déjouer. Les plans de campagne se modifient à l’infini, selon les circonstances, le génie du chef, la nature des troupes, et la topographie du théâtre de la guerre. » (Napoléon.)
[26] Il y a ici une erreur
historique que l’on peut rectifier, en transportant cet exemple
après le § 9. Périclès u’a jamais conseille aux Athéniens
d’abandonner leur ville, et d’envoyer ailleurs leurs femmes et
leurs enfants. Mais, ainsi qu’on le voit dans Thucydide (liv. II),
Périclès, au moment où les Spartiates ravageaient l’Attique,
s’embarqua avec des troupes athéniennes, alla dévaster le
territoire des Lacédémoniens, et les força ainsi à revenir défendre
leurs possessions.
[27] Nudaverat. Domitien fit
probablement couper ou incendier les forêts qui servaient de
retraite aux Germains : c’est, du moins, l’opinion des
commentateurs.
[28] Il s’agit sans doute de
Philippe, fils de Demetrius, qui fit la guerre aux Étoliens. Voyez
Tite-Live, liv. XXVIII, ch. 7.
[29] Selon Quinte-Curce
(liv. VIII, ch. 13) et Arrien (liv. V, ch. 2), ce fait s’accomplit,
ainsi que le précédent, sur l’Hydaspe, et non sur l’Indus.
Plutarque, dans la Vie d’Alexandre, parle d’une lettre de ce roi,
qui lui-même rend compte du passage de l’Hydaspe, et ne fait nulle
mention de l’Indus. Au reste, ces erreurs ne sont pas rares dans
Frontin, surtout quand il sort de l’histoire romaine.
Des stratagèmes semblables ont été pratiqués par Gustave-Adolphe pour passer le Lech, que gardaient les Impériaux, et par Charles XII, qui franchit la Bérézina en marchant contre les Moscovites.
Des stratagèmes semblables ont été pratiqués par Gustave-Adolphe pour passer le Lech, que gardaient les Impériaux, et par Charles XII, qui franchit la Bérézina en marchant contre les Moscovites.
[30] Les commentateurs
pensent qu’il s’agit ici, non du détroit de Cyanée, mais de celui
d’Abydos. Selon Polyen (liv. IV, ch. 2, § 8), Philippe aurait
employé cette ruse lors d’une expédition qu’il fit dans le pays
d’Amphisse.
[31] Frontin fait encore ici
erreur. Pendant le consulat de Duilius, Syracuse avait pour roi
Hiéron, allié et ami des Romains. Il est plutôt question du port de
Segeste, comme le conjecturent la plupart des critiques. Cf.
Polybe, liv. I.
En 156o, Montgomery, fuyant sur la Seine, après la prise de Rouen, franchit de la même manière une estacade que l’on avait établie sur le fleuve, pour empêcher l’approche des bâtiments anglais.
En 156o, Montgomery, fuyant sur la Seine, après la prise de Rouen, franchit de la même manière une estacade que l’on avait établie sur le fleuve, pour empêcher l’approche des bâtiments anglais.
[32] Cet acte de dévouement
de Calpurnius Flaima est rapporté par Florus, liv. II. 2. Tite-Live
(liv. XXII, ch. 6o), faisant le rapprochement de cette noble
conduite et de celle de P. Decius, attribue à Flamma ces
paroles ; « Moriamur, milites, et morte nostra eripiamus
ex obsidione circumventas legiones. »
Kléber, avec quatre mille hommes, avait attaqué vingt-cinq mille Vendéens. Se voyant débordé par l’ennemi, il dit au colonel Shouadin : « Prends une compagnie de grenadiers, arrête l’ennemi devant ce ravin : tu te feras tuer, et tu sauveras l’armée. — Oui, général, » répond l’officier ; et il périt avec tous ses hommes.
Ces faits rappellent celui de Léonidas et des trois cents Spartiates.
Kléber, avec quatre mille hommes, avait attaqué vingt-cinq mille Vendéens. Se voyant débordé par l’ennemi, il dit au colonel Shouadin : « Prends une compagnie de grenadiers, arrête l’ennemi devant ce ravin : tu te feras tuer, et tu sauveras l’armée. — Oui, général, » répond l’officier ; et il périt avec tous ses hommes.
Ces faits rappellent celui de Léonidas et des trois cents Spartiates.
[33] Selon le récit de
Plutarque, Crassus enferma Spartacus dans la presqu’île de Rhegium,
en tirant à l’isthme, d’une mer à l’autre, un fossé de trois cents
stades de longueur, sur une largeur et une profondeur de quinze
pieds, et Spartacus s’échappa en comblant une partie du fossé avec
de la terre, des branches d’arbres, etc. ; mais le biographe
ne fait aucune mention des prisonniers que ce général, au dire de
Frontin, aurait mis à mort pour faire passer son armée sur leurs
cadavres. (Vie de Crassus, ch. XIII.)
[34] Darius, sur le conseil
de Gobrias, un des grands qui le suivaient, laissa non seulement
les ânes dans son camp, mais encore les malades et toute la partie
de son armée la moins capable de supporter les fatigues (Hérodote,
liv. IV, ch. 134 et 135). Cf. Polyen, Liv. VII, ch. 11, §
4 ; et Justin, liv. II, ch. 5.
[35] Ce fait est raconté par
Tite-Live (liv. XXII, ch. 16 et 17), par Polybe (liv. III, ch. 93),
par Plutarque (Vie de Fabius, ch. VI), par Cornélius Nepos (Vie
d’Hannibal, ch. V). Il a été de nos jours taxé
d’invraisemblance, et appelé le conte des bœufs ardents.
[36] Tite-Live (liv. XXIII,
ch. 24) fait le récit de ce stratagème. La forêt Litana était
située aux confins de l’Etrurie et de la Ligurie.
[37] Metellus avait pris
ces éléphants aux Carthaginois dans le combat livré sous les murs
de Panorme.
[38] Il s’agit ici du passage du
Rhône. Tite-Live, tout en rapportant le fait (liv. XXI, ch. 28),
semble peu y croire, et pense que les éléphants passèrent plutôt
sur des radeaux.
[39] De distringendis hostibus.
Il y a dans ce chapitre des exemples qui ne répondent pas bien au
titre, quelque extension qu’on donne au mot distringendis.
[40] « Le plus sûr
moyen de diviser les forces de l’ennemi, dit Machiavel (Art de la
guerre, liv. VI), est d’attaquer son pays ; il sera forcé
d’aller le défendre, et d’abandonner ainsi le théâtre de la guerre.
C’est le parti que prit Fabius, qui avait à soutenir les forces
réunies des Gaulois, des Étrusques, des Ombriens et des
Samnites. »
[41] Tite-Live rend compte
de ce fait (liv. XXXV, ch. 14), et rapporte un entretien
qu’aurait eu Hannibal avec son vainqueur, P. Scipion l’Africain,
qui faisait partie de l’ambassade. Cf. Cornélius Nepos, Vie
d’Hannibal, ch. VII-VIII.
[42] Machiavel fait
allusion (Art de la guerre, liv. VI) aux deux derniers exemples de
ce chapitre, en les généralisant comme des préceptes souvent
applicables.
[43] Qui est coupé de
monts, de hauteurs (Littré)
[44] Machiavel (Art de la
guerre, liv. VI) s’est encore emparé de ce récit pour en faire un
précepte : « Un point bien important pour un général,
dit-il, c’est de savoir habilement étouffer un tumulte ou une
sédition qui se serait élevée parmi ses troupes. Il faut, pour cet
effet, châtier les chefs des coupables, mais avec une telle
promptitude, que le châtiment soit tombé sur leur tête avant qu’ils
aient eu le temps de s’en douter. S’ils sont éloignés de vous, vous
manderez en votre présence non seulement les coupables, mais le
corps entier, afin que, n’ayant pas lieu de croire que ce soit dans
l’intention de les châtier, ils ne cherchent pas à s’échapper, et
viennent, au contraire, d’eux-mêmes se présenter à la
peine. »
[45] Ce n’est pas Fabius
qui envoya l’ambassade, mais il en fit partie, et montra au milieu
des sénateurs carthaginois toute l’énergie d’un Romain. Voyez
Tite-Live, liv. XXI, Ch. l8 ; Polybe, liv. III, Ch. 2.
[46] Quelques éditions
portent Xerxem. J’ai suivi la leçon d’Oudendorp et de Schwebel, qui
ont reculé devant l’accord des manuscrits, en imputant à Frontin
l’erreur historique qui frappe ici dans le texte. Leutychidas était
sur mer, et ce fut lui qui remporta, à Mycale, la victoire
attribuée par Frontin aux alliés. De leur côte, ceux-ci, sous le
commandement de Pausanias, gagnèrent la bataille de Platée. Voyez
Hérodote, liv. IX, ch. 58 et suiv. ; Justin, liv. II, ch.
i4 ; Cornelius Nepos, Vie de Pausanias, ch. I, et Vie
d’Aristide, ch. II.
[47] Il s’agit du combat
que se livrèrent Postumius et Mallius, ou Mamilius, près du lac
Régille. Tite Live, qui donne le récit du combat (liv. II, ch. 19
et 20), ne parle point de cette apparition merveilleuse.
[48] On trouve dans
Plutarque (Vie de Marius, ch. XVII) des détails sur cette
prophétesse, nommée Martha, et plusieurs faits qui donnent à
conclure qu’il y avait chez Marius moins de crédulité que d’adresse
à profiter des idées superstitieuses de ses troupes.
[49] « Teneo te, terra
mater. » Suétone raconte ainsi le fait (Vie de J. César, ch.
LIX) : « Prolapsus etiam in egressu navis, verso in
melius omine, Teneo te, inquit, Africa. » Des
commentateurs ont pensé que Frontin avait confondu ces paroles de
César avec celles qu’il attribue à Scipion dans le paragraphe
précédent. Il est certain, dans tous les cas, que les mots teneo te
ne sont pas dans un rapport bien direct avec l’intention attribuée
ici par Frontin à César, de revenir dans le pays d’où il partait.
J’ai dû, quant à moi, traduire conformément au texte.
[50] Il y a ici une erreur
de nom : ce n’est pas T. Sempronius Gracchus, mais P.
Sempronius Sophus, qui battit les Picentins, après avoir rassuré
ses troupes sur un tremblement de terre. Voyez Florus, liv. I, ch.
19.
[51] D’après Tite-Live
(liv. XLIV, ch. 37), Sulpicius annonça cette éclipse pendant le
jour, pour la nuit suivante, en précisant l’heure à laquelle devait
commencer le phénomène, et l’instant où il finirait. L’événement
ayant été conforme à cette prédiction, les soldats regardèrent la
science de Sulpicius comme une inspiration divine.
Ce fait s’accomplissait l’an 68 avant notre ère, et, selon Pline (Hist. Nat, liv. 11, ch. 9), Sulpicius Gallus fut le premier Romain qui expliqua la raison des éclipses de soleil et de lune. À une époque beaucoup plus reculée (583 ans avant J.-C.), Thalès de Milet avait prédit l’éclipse de soleil qui eut lieu sous le règne d’Alyatte.
Ce fait s’accomplissait l’an 68 avant notre ère, et, selon Pline (Hist. Nat, liv. 11, ch. 9), Sulpicius Gallus fut le premier Romain qui expliqua la raison des éclipses de soleil et de lune. À une époque beaucoup plus reculée (583 ans avant J.-C.), Thalès de Milet avait prédit l’éclipse de soleil qui eut lieu sous le règne d’Alyatte.
[52] Selon Justin (liv.
XXII, ch. 6), ce fut une éclipse de soleil ; et Diodore de
Sicile, qui affirme la même chose (liv. XX, ch. 5), ajoute que
l’obscurité fut assez complète pour que l’on pût, au milieu de la
journée, apercevoir les étoiles.
[53] Erreur historique.
Timothée fut envoyé par les Athéniens, non contre les Corcyréens,
mais bien à leur secours, contre les Lacédémoniens, comme le
rapporte Diodore de Sicile, liv. XV, ch. 47. Cf. Polyen, liv. VI,
ch. 10, § 2.
« Les anciens généraux, dit Machiavel (Art de la guerre, liv. VI) avaient à vaincre une difficulté qui n’existe pas pour les généraux modernes, c’était d’interpréter à leur avantage des présages sinistres. »
« Les anciens généraux, dit Machiavel (Art de la guerre, liv. VI) avaient à vaincre une difficulté qui n’existe pas pour les généraux modernes, c’était d’interpréter à leur avantage des présages sinistres. »
[54] Il y a dans ce récit
une inexactitude. Scipion avait fait sortir des troupes dès la
pointe du jour ; mais ce ne fut que vers la septième heure
qu’il engagea l’action sur toute sa ligne de bataille. Voyez
Tite-Live, liv. XXVIII, ch. 14 et 15.
Tous les livres de tactique ancienne recommandent de faire prendre le repas aux soldats avant la bataille
Tous les livres de tactique ancienne recommandent de faire prendre le repas aux soldats avant la bataille
[55] Les Gaulois étaient
venus au secours des Samnites. Ce fut dans cette affaire, racontée
par Tite-Live (liv. X, ch. 28 et 29, que Decius, collègue de
Fabius, se dévoua d’une manière héroïque.
[56] « La bataille
contre Arioviste a été donnée dans le mois de septembre, et du côté
de Belfort. » (Napoléon.)
[57] Il semble que cet
artifice doive être plutôt attribué à Titus, qui prit Jérusalem. On
peut consulter, pour la pratique du sabbat, Dion Cassius, ch.
LXVI ; Tacite. Hist., liv. V, ch. 4 ; Justin, liv. XXXVI,
ch. 2.
Si l’on en croit Josèphe, les Juifs avaient depuis longtemps obtenu de leurs chefs la permission de combattre le jour du sabbat, parce que leurs ennemis pouvaient profiter de leur observance scrupuleuse pour les attaquer.
Si l’on en croit Josèphe, les Juifs avaient depuis longtemps obtenu de leurs chefs la permission de combattre le jour du sabbat, parce que leurs ennemis pouvaient profiter de leur observance scrupuleuse pour les attaquer.
[58] Polybe (liv. XVIII,
ch. 11) indique l’usage que Pyrrhus faisait de cette phalange, dont
on trouve déjà une image du temps d’Homère :
« Les plus braves (des Grecs), rangés en bataille, s’apprêtent à recevoir les Troyens et le divin Hector ; ils se serrent lance contre lance, pavois contre pavois ; le bouclier est uni au bouclier, le casque au casque, le guerrier au guerrier. »
« Les plus braves (des Grecs), rangés en bataille, s’apprêtent à recevoir les Troyens et le divin Hector ; ils se serrent lance contre lance, pavois contre pavois ; le bouclier est uni au bouclier, le casque au casque, le guerrier au guerrier. »
[59] Vultarnum. Au lieu de
ce mot, il faudrait Aufidum, d’après Tite-Live (liv. XXII, ch.
43-46).
Les inconvénients du soleil, du vent, de la pluie, etc., qui sont l’objet d’une recommandation absolue de la part de Végèce (liv. III, ch. 13), ont paru trop peu importants à plusieurs écrivains modernes. Il y a cependant un grand nombre de faits accomplis dans nos dernières guerre, qui viennent à l’appui de l’ancien précepte : nous n’en citerons qu’un. Pendant la campagne de France, le 27 mars 1814, à Connantray, la cavalerie de la garde russe, profitant d’une giboulée qui fouettait violemment le front de l’armée du duc de Raguse et du duc de Trévise, fit une charge générale, et mit les Français en déroute, en leur prenant vingt-quatre pièces de canon.
Les inconvénients du soleil, du vent, de la pluie, etc., qui sont l’objet d’une recommandation absolue de la part de Végèce (liv. III, ch. 13), ont paru trop peu importants à plusieurs écrivains modernes. Il y a cependant un grand nombre de faits accomplis dans nos dernières guerre, qui viennent à l’appui de l’ancien précepte : nous n’en citerons qu’un. Pendant la campagne de France, le 27 mars 1814, à Connantray, la cavalerie de la garde russe, profitant d’une giboulée qui fouettait violemment le front de l’armée du duc de Raguse et du duc de Trévise, fit une charge générale, et mit les Français en déroute, en leur prenant vingt-quatre pièces de canon.
[60] Les tacticiens ont de
tout temps recommandé les stratagèmes de ce genre : Miltiade
en donna un exemple à Marathon. Voyez Cornelius Nepos, Vie de
Miltiade, ch. V.
[61] Ces Ibères étaient
sans doute des Espagnols mercenaires au service de Carthage.
[62] Cette manière
d’attaquer de biais l’ennemi n’est autre chose que ce qu’on nomme
aujourd’hui l’ordre oblique. Il consiste à réunir des forces
considérables contre un point quelconque de la ligne ennemie, de
manière à l’anéantir sur ce point, ou à la couper pour la prendre
ensuite en flanc et à revers, s’il est possible. Épaminondas passe
pour le premier général qui ait adopté ce système d’attaque, auquel
il fut redevable des victoires de Leuctres et de Mantinée. On
l’appelle oblique, par opposition à l’ordre parallèle,
habituellement suivi dans l’antiquité, mais abandonné aujourd’hui.
Il y a plusieurs manières d’employer l’ordre oblique : on peut
donner sur un point du front de bataille de l’armée ennemie, ou sur
deux points à la fois, comme fit Napoléon à Austerlitz, : ou
bien on tentera d’enfoncer le centre et de tourner une aile.
C’était la manœuvre de prédilection de l’empereur, à qui elle
réussit pleinement à Wagram. Quelquefois, enfin, on attaque
simultanément les deux ailes, en les débordant et en les tournant.
C’est ce que firent les armées alliées à Leipzig, dans la
désastreuse journée du 18 octobre, contre les Français, dont le
nombre, il est vrai, égalait à peine le tiers de celui des
ennemis.
Plusieurs écrivains ont attribué à Frédéric l’honneur d’avoir, le premier parmi les modernes, remis en vigueur l’ordre oblique ; mais il est prouvé que plusieurs généraux de Louis XIV, entre autres Turenne et Luxembourg, en avaient déjà fait usage.
Plusieurs écrivains ont attribué à Frédéric l’honneur d’avoir, le premier parmi les modernes, remis en vigueur l’ordre oblique ; mais il est prouvé que plusieurs généraux de Louis XIV, entre autres Turenne et Luxembourg, en avaient déjà fait usage.
[63] Il est utile de voir à
côté de cette description, celle de Tite-Live, qui est plus
complète, liv. XXX, ch. 33.
On sait que telle était l’ordonnance habituelle des légions romaines. « Rien n’est plus ingénieux que cette disposition, dit M. Rocquancourt (Cours complet d’art militaire, t. I, p. 98) ; tout y est calculé, tout y est prévu. D’abord les vélites préludent à l’action, en se portant en avant pour retarder la marche de l’adversaire, découvrir ses intentions, épier ses mouvements, masquer ceux de l’armée, et lui donner le temps de prendre ses mesures. Les soldats de nouvelle levée, les hastaires, combattent en première ligue, sous les yeux de toute l’armée, prête à les applaudir ou à les blâmer. Là il faut faire son devoir ou périr : la fuite est impossible à ceux qui seraient accessibles à la peur. Viennent ensuite les principes, plus avancés en âge et plus aguerris que les précédents : dans un clin d’œil ils ont pu remplacer ceux-ci ou combattre avec eux, en les recevant dans les intervalles de leurs rangs, ou plutôt en se portant à leur hauteur. Enfin paraît un troisième et dernier moyen pour enchaîner la victoire, ce sont les triaires, vieux guerriers que d’honorables cicatrices font distinguer des deux premières classes. Combien ne doit-on pas admirer la répartition et l’arrangement de ces différents combattants ! »
On sait que telle était l’ordonnance habituelle des légions romaines. « Rien n’est plus ingénieux que cette disposition, dit M. Rocquancourt (Cours complet d’art militaire, t. I, p. 98) ; tout y est calculé, tout y est prévu. D’abord les vélites préludent à l’action, en se portant en avant pour retarder la marche de l’adversaire, découvrir ses intentions, épier ses mouvements, masquer ceux de l’armée, et lui donner le temps de prendre ses mesures. Les soldats de nouvelle levée, les hastaires, combattent en première ligue, sous les yeux de toute l’armée, prête à les applaudir ou à les blâmer. Là il faut faire son devoir ou périr : la fuite est impossible à ceux qui seraient accessibles à la peur. Viennent ensuite les principes, plus avancés en âge et plus aguerris que les précédents : dans un clin d’œil ils ont pu remplacer ceux-ci ou combattre avec eux, en les recevant dans les intervalles de leurs rangs, ou plutôt en se portant à leur hauteur. Enfin paraît un troisième et dernier moyen pour enchaîner la victoire, ce sont les triaires, vieux guerriers que d’honorables cicatrices font distinguer des deux premières classes. Combien ne doit-on pas admirer la répartition et l’arrangement de ces différents combattants ! »
[64] Voici le précepte
d’Homère :
« Nestor dispose au premier rang les cavaliers et les chars, et derrière, de nombreux et vaillants fantassins, rempart de l’armée ; entre ces deux lignes il place les plus faibles, afin que, même malgré eux, la nécessité les oblige à combattre. »
« Nestor dispose au premier rang les cavaliers et les chars, et derrière, de nombreux et vaillants fantassins, rempart de l’armée ; entre ces deux lignes il place les plus faibles, afin que, même malgré eux, la nécessité les oblige à combattre. »
[65] On trouve le récit
bien circonstancié de cette grande bataille dans César, Guerre
d’Alexandrie, liv. III, ch. 88 et suiv.
« À Pharsale, César ne perd que deux cents hommes, et Pompée quinze mille. Les mêmes résultats, nous les voyons dans toutes les batailles des anciens, ce qui est sans exemple dans les armées modernes, où la perte en tués et blessés est sans doute plus ou moins forte, mais dans une proportion d’un à trois ; la grande différence entre les pertes du vainqueur et celles du vaincu n’existe surtout que par les prisonniers. Ceci est encore le résultat de la nature des armes. Les armes de jet des anciens faisaient, en général, peu de mal ; les armées s’abordaient tout d’abord à l’arme blanche ; il était donc naturel que le vaincu perdît beaucoup de monde, et le vainqueur très peu. Les armées modernes, quand elles s’abordent, ne le font qu’à la fin de l’action, et lorsque déjà il y a bien du sang de répandu. Il n’y a point de battant ni de battu pendant les trois quarts de la journée ; la perte occasionnée par les armes à feu est à peu près égale des deux côtés. La cavalerie, dans ses charges, offre quelque chose d’analogue à ce qui arrivait aux armées anciennes. Le vaincu perd dans une bien plus grande proportion que le vainqueur, parce que l’escadron qui lâche pied est poursuivi et sabré, et éprouve alors beaucoup de mal sans en faire.
Les armées anciennes, se battant à l’arme blanche, avaient besoin d’être composées d’hommes plus exercés : c’étaient autant de combats singuliers. Une armée composée d’hommes d’une meilleure espèce et de plus anciens soldats, avait nécessairement tout l’avantage ; c’est ainsi qu’un centurion de la dixième légion disait à Scipion, en Afrique : « Donne-moi dix de mes camarades qui sont prisonniers comme moi, fais-nous battre contre une de tes cohortes, et tu verras qui nous sommes. » Ce que ce centurion avançait était vrai. Un soldat moderne qui tiendrait le même langage ne serait qu’un fanfaron. Les armées anciennes approchaient de la chevalerie. Un chevalier armé de pied en cap affrontait un bataillon.
« Les deux armées, à Pharsale, étaient composées de Romains et d’auxiliaires, mais avec cette différence que les Romains de César étaient accoutumés aux guerres du Nord, et ceux de Pompée aux guerres de l’Asie. » (Napoléon.)
« À Pharsale, César ne perd que deux cents hommes, et Pompée quinze mille. Les mêmes résultats, nous les voyons dans toutes les batailles des anciens, ce qui est sans exemple dans les armées modernes, où la perte en tués et blessés est sans doute plus ou moins forte, mais dans une proportion d’un à trois ; la grande différence entre les pertes du vainqueur et celles du vaincu n’existe surtout que par les prisonniers. Ceci est encore le résultat de la nature des armes. Les armes de jet des anciens faisaient, en général, peu de mal ; les armées s’abordaient tout d’abord à l’arme blanche ; il était donc naturel que le vaincu perdît beaucoup de monde, et le vainqueur très peu. Les armées modernes, quand elles s’abordent, ne le font qu’à la fin de l’action, et lorsque déjà il y a bien du sang de répandu. Il n’y a point de battant ni de battu pendant les trois quarts de la journée ; la perte occasionnée par les armes à feu est à peu près égale des deux côtés. La cavalerie, dans ses charges, offre quelque chose d’analogue à ce qui arrivait aux armées anciennes. Le vaincu perd dans une bien plus grande proportion que le vainqueur, parce que l’escadron qui lâche pied est poursuivi et sabré, et éprouve alors beaucoup de mal sans en faire.
Les armées anciennes, se battant à l’arme blanche, avaient besoin d’être composées d’hommes plus exercés : c’étaient autant de combats singuliers. Une armée composée d’hommes d’une meilleure espèce et de plus anciens soldats, avait nécessairement tout l’avantage ; c’est ainsi qu’un centurion de la dixième légion disait à Scipion, en Afrique : « Donne-moi dix de mes camarades qui sont prisonniers comme moi, fais-nous battre contre une de tes cohortes, et tu verras qui nous sommes. » Ce que ce centurion avançait était vrai. Un soldat moderne qui tiendrait le même langage ne serait qu’un fanfaron. Les armées anciennes approchaient de la chevalerie. Un chevalier armé de pied en cap affrontait un bataillon.
« Les deux armées, à Pharsale, étaient composées de Romains et d’auxiliaires, mais avec cette différence que les Romains de César étaient accoutumés aux guerres du Nord, et ceux de Pompée aux guerres de l’Asie. » (Napoléon.)
[66] Pour que le détachement
envoyé ainsi à l’avance ne fût pas compromis, il fallait que Marius
eût la certitude que les Teutons accepteraient la bataille le
lendemain, et qu’ils ne feraient aucun changement à leurs
dispositions.
« Il ne faut faire aucun détachement la veille du jour d’une bataille, parce que, dans la nuit, l’état des choses peut changer, soit par des mouvements de retraite de l’ennemi, soit par l’arrivée de grands renforts qui le mettent à même de prendre l’offensive et de rendre funestes les dispositions prématurées que vous avez faites. » (Napoléon.)
« Il ne faut faire aucun détachement la veille du jour d’une bataille, parce que, dans la nuit, l’état des choses peut changer, soit par des mouvements de retraite de l’ennemi, soit par l’arrivée de grands renforts qui le mettent à même de prendre l’offensive et de rendre funestes les dispositions prématurées que vous avez faites. » (Napoléon.)
[67] Cela n’est pas exact.
La victoire, qui penchait d’abord du côté des Romains, se déclara
enfin pour Pyrrhus. Voyez Plutarque, Vie de Pyrrhus, ch. XIV et
suiv. ; Florus, liv. I, ch. 18.
[68] Polybe, qui raconte ce
fait (liv. I, ch. 39 et4o), dit seulement que les éléphants
s’avancèrent sur le bord du fossé. Il est difficile de croire qu’il
n’y ait pas erreur de la part de Frontin, à moins que ce fossé
n’ait été creusé de manière à donner accès aux éléphants, ce qui
est peu probable. Voyez Tite-Live, Suppléments de Freinshemius,
liv. XVIII, ch. 52 et suiv.
[69] Selon Tite-Live (liv.
XL, ch. 31), Fulvius resta dans son camp pour le défendre, et
chargea Acilius, un de ses officiers, de surprendre celui des
Celtibériens.
[70] C’était sur le bord de
la Seine. Voyez César, Guerre des Gaules, liv. VII, ch. 58 et
suiv.
[71] Tite-Live (liv. XXII,
ch. 27 et suiv.) donne plus de détails sur ce stratagème, et fait
apprécier le beau caractère du dictateur Fabius, ainsi que
l’inexpérience présomptueuse de Minutius, et son noble
repentir.
[72] La ruse la plus
familière à Hannibal consistait à cacher des troupes qui devaient
tomber sur les derrières de l’ennemi quand l’action serait engagée.
À. la bataille de Hohenlinden, le 3 décembre 1800, le général
Richepanse recourut à un stratagème semblable, en allant
s’embusquer avec une division, et contribua ainsi puissamment à la
victoire. Cependant il ne faut pas se dissimuler que cet expédient,
en général, présente les plus grands dangers au corps détaché, qui,
s’il était aperçu, pourrait être écrasé sans aucun moyen de fuir,
attendu qu’il se trouve coupé par sa propre manœuvre.
[73] Il faudrait peut-être
lire Pharnapatis, comme on le voit dans Plutarque (Vie d’Antoine,
ch. XXXIII). Ce général eut dans ce combat le même sort que
Labienus, jeune Romain qui avait pris du service chez les Parthes.
Celui-ci était neveu du tribun Labienus, qui abandonna le parti de
César pour embrasser celui de Pompée.
[74] Aujourd’hui Castel
Franco, près de Modène.
[75] Ces fuites simulées
ont souvent réussi dans l’antiquité, parce qu’alors on ne prenait
presque jamais la peine de s’éclairer. Il y en a encore quelques
exemples notables dans les temps modernes : ainsi, à la
bataille de Lens, le grand Condé sut faire quitter à l’archiduc une
position excellente, en l’attirant, par une retraite simulée, dans
une plaine où la cavalerie eut bon marché de l’infanterie des
Impériaux.
[76] Cette odieuse trahison
est rapportée, avec quelques détails de plus, par Polyen, liv. I,
ch. 19.
[77] Il s’agit ici du
combat de Leucade.
[78] Il s’agit ici de la
bataille de Coronée.
[79] Ce pont avait été
construit, par ordre de Xerxès, sur l’Hellespont, près d’Abydos.
Voyez Hérodote, liv. VII, ch. 33-36, et surtout liv. VIII, ch.
109 et 110.
L’historien grec pense que Thémistocle ne laissa la retraite libre aux Perses que pour se ménager l’amitié de Xerxès, et s’assurer un asile chez ce roi, en cas qu’il éprouvât dans la suite quelque disgrâce de la part de ses concitoyens, ce qui arriva en effet.
L’historien grec pense que Thémistocle ne laissa la retraite libre aux Perses que pour se ménager l’amitié de Xerxès, et s’assurer un asile chez ce roi, en cas qu’il éprouvât dans la suite quelque disgrâce de la part de ses concitoyens, ce qui arriva en effet.
[80] Non usque adperniciem
fugientibus instaturns victores. À ce précepte de Pyrrhus on peut
ajouter celui-ci : « Clausis ex desperatione crescit
audacia : et quum spei nihil est, sumit arma formido. Ideoque
Scipionis laudata sententia est, viam hostibus qua fugiant,
muniendam. » (Vegetius liv. III ch. 21.)
De là vient sans doute la maxime : « Qu’il faut faire un pont d’or à l’ennemi qui fuit. »
Mais c’est une opinion qui a rencontré depuis longtemps des contradicteurs parmi les plus célèbres tacticiens : « Si Dieu vous donnait la victoire, dit l’empereur Léon (Instit. 14), ne vous arrêtez point à cette mauvaise maxime : Vince, sed ne nimis vincas ; ce serait vous préparer de nouvelles affaires, peut-être des retours fâcheux. Profitez de votre avantage, et poussez l’ennemi jusqu’à sa ruine totale. À la guerre, comme à la chasse, c’est n’avoir rien fait que de ne pas achever ce qui était commencé. »
Montecuculli et le maréchal de Saxe pensaient de même. Ce dernier, blâmant le proverbe du pont d’or, qu’il appelle une grave erreur, dit, par une sorte de corollaire, qu’il n’y a de belles retraites que celles qui se font devant un ennemi qui poursuit mollement.
« La force d’une armée consistant dans son organisation, dit M. Rocquancourt (Cours complet d’art militaire, t.IV, p. 352), et celle-ci résultant de l’harmonie et de l’union de tous les éléments entre eux et avec la volonté unique qui les fait mouvoir, on ne saurait pousser trop vivement une armée battue, puisque, après une défaite, cette harmonie entre la tête qui combine, et les corps qui doivent exécuter, est détruite ; leurs rapports, s’ils ne sont entièrement brisés, se trouvent au moins suspendus. L’armée entière n’est plus qu’une partie faible ; l’attaquer, c’est marcher à un triomphe certain. »
De là vient sans doute la maxime : « Qu’il faut faire un pont d’or à l’ennemi qui fuit. »
Mais c’est une opinion qui a rencontré depuis longtemps des contradicteurs parmi les plus célèbres tacticiens : « Si Dieu vous donnait la victoire, dit l’empereur Léon (Instit. 14), ne vous arrêtez point à cette mauvaise maxime : Vince, sed ne nimis vincas ; ce serait vous préparer de nouvelles affaires, peut-être des retours fâcheux. Profitez de votre avantage, et poussez l’ennemi jusqu’à sa ruine totale. À la guerre, comme à la chasse, c’est n’avoir rien fait que de ne pas achever ce qui était commencé. »
Montecuculli et le maréchal de Saxe pensaient de même. Ce dernier, blâmant le proverbe du pont d’or, qu’il appelle une grave erreur, dit, par une sorte de corollaire, qu’il n’y a de belles retraites que celles qui se font devant un ennemi qui poursuit mollement.
« La force d’une armée consistant dans son organisation, dit M. Rocquancourt (Cours complet d’art militaire, t.IV, p. 352), et celle-ci résultant de l’harmonie et de l’union de tous les éléments entre eux et avec la volonté unique qui les fait mouvoir, on ne saurait pousser trop vivement une armée battue, puisque, après une défaite, cette harmonie entre la tête qui combine, et les corps qui doivent exécuter, est détruite ; leurs rapports, s’ils ne sont entièrement brisés, se trouvent au moins suspendus. L’armée entière n’est plus qu’une partie faible ; l’attaquer, c’est marcher à un triomphe certain. »
[81] Il y a ici une double
erreur historique. Ce n’est pas le consul M. Fabius qui fut blessé,
mais son frère Q. Fabius, qui servait sous ses ordres ; et le
combat ne fut pas rétabli par Manlius, mais bien par M. Fabius, le
consul. Voyez Tite-Live, liv. II, ch. 46 et suiv.
[82] Pour exciter le
courage des soldats, les anciens lançaient au milieu des ennemis
non-seulement des enseignes ou des étendards, mais encore des
armes.
[83] Suivant Tite-Live
(liv. III, ch. 70), c’étaient les Volsques, et non les Herniques,
qui combattaient avec les Èques contre les Romains.
[84] Il s’agit plutôt ici
de T. Q. Cincinnatus. Voyez Tite-Live, liv. IV, ch. 26-29.
[85] Le même fait est
rapporté par Tite-Live, liv. VI, ch. 8.
Des moyens de ce genre ont été souvent mis en usage pour relever le moral du soldat. Ainsi, à la bataille d’Austerlitz, le 15e régiment léger, qui venait de se battre avec courage, se voyant forcé d’opérer un mouvement rétrograde, le faisait avec trop de précipitation pour pouvoir se reformer, et arrêter la marche de l’infanterie russe, qu’il avait en tête. Le colonel Dulong saisit l’aigle du 2e bataillon, et s’écria : « Soldats ! je m’arrête ici ; abandonnerez-vous votre étendard et votre colonel ? » Le 2e bataillon se reforme, et reprend l’offensive ; le 1er bataillon en fait autant, et bientôt les Russes sont repoussés.
Le général Souvaroff, voyant ses troupes en déroute, courut à la tête des fuyards, se coucha par terre, et s’écria : « Qui osera passer sur le corps de son général ? » On assure qu’il réussit plusieurs fois, par cet expédient, à rétablir le combat.
Des moyens de ce genre ont été souvent mis en usage pour relever le moral du soldat. Ainsi, à la bataille d’Austerlitz, le 15e régiment léger, qui venait de se battre avec courage, se voyant forcé d’opérer un mouvement rétrograde, le faisait avec trop de précipitation pour pouvoir se reformer, et arrêter la marche de l’infanterie russe, qu’il avait en tête. Le colonel Dulong saisit l’aigle du 2e bataillon, et s’écria : « Soldats ! je m’arrête ici ; abandonnerez-vous votre étendard et votre colonel ? » Le 2e bataillon se reforme, et reprend l’offensive ; le 1er bataillon en fait autant, et bientôt les Russes sont repoussés.
Le général Souvaroff, voyant ses troupes en déroute, courut à la tête des fuyards, se coucha par terre, et s’écria : « Qui osera passer sur le corps de son général ? » On assure qu’il réussit plusieurs fois, par cet expédient, à rétablir le combat.
[86] Voyez le récit de la
bataille de Munda, dans César (Guerre d’Espagne, ch. XXVIII –
XXXI), qui ne dit pas avoir quitté son cheval pour combattre à
pied.
« On dit que César fut sur le point de se donner la mort pendant la bataille de Munda. Ce projet eût été bien funeste à son parti : il eût été battu comme Brutus et Cassius !… Un magistrat, un chef de parti peut-il abandonner les siens volontairement ? » (Napoléon.)
« On dit que César fut sur le point de se donner la mort pendant la bataille de Munda. Ce projet eût été bien funeste à son parti : il eût été battu comme Brutus et Cassius !… Un magistrat, un chef de parti peut-il abandonner les siens volontairement ? » (Napoléon.)
[87] « Au commencement d’une
campagne, il faut bien méditer si l’on doit, ou non,
s’avancer ; mais, quand on a effectué l’offensive, il faut la
soutenir jusqu’à la dernière extrémité. Quelle que soit l’habileté
des manœuvres dans une retraite, elle affaiblira toujours le moral
de l’armée, puisque, en perdant les chances de succès, on les remet
entre les mains de l’ennemi. Les retraites, d’ailleurs, coûtent
beaucoup plus d’hommes et de matériel que les affaires les plus
sanglantes ; avec cette différence que, dans une bataille,
l’ennemi perd à peu près autant que vous, tandis que, dans une
retraite, vous perdez sans qu’il perde. » (Napoléon.)
[88] Ce système de
retraite, par dispersion suivie du ralliement, est à peu près celui
que pratiquent encore aujourd’hui les Arabes en Afrique, devant les
troupes françaises.
[89] Florus (liv. II, ch.
2) dit un mot de cette défaite, qu’il attribue à un acte
irréligieux de Claudius. Au moment où il se préparait à livrer
bataille, on vint le prévenir que les poulets sacrés refusaient de
sortir de leur cage, et ne voulaient pas manger, ce qui était un
fort mauvais présage : « Eh bien, dit-il, s’ils ne
veulent pas manger, qu’ils boivent. » Il les fît jeter à la
mer, et donna le signal de l’attaque : Inde mali labes.
[90] On ne saurait croire à
quelle antiquité remontent l’invention et l’usage presque général
des machines et des ouvrages de siège, et pendant combien de
siècles les moyens d’attaque et de défense des villes et des camps
retranchés sont restés les mêmes, avant la découverte de la poudre.
M. Dureau de La Malle a établi, dans son ouvrage sur la
poliorcétique des anciens, que, plus de vingt siècles avant l’ère
chrétienne, les Égyptiens avaient porté à un point très-élevé l’art
de fortifier les villes, et que leurs temples étaient de véritables
citadelles ; que les monuments de Karnak, de Louqsor, etc.,
offrent des gabions, des machines pour l’escalade, et les
tortues ; que chez les Hébreux, la mine ou la sape étaient
employées du temps de Jacob ; que sous Ozias (870 av. J.-C.)
on faisait usage de balistes et de catapultes ; enfin, que
deux cents ans après, les villes étaient attaquées au moyen des
tours mobiles, des terrasses, du bélier, etc., toutes choses que
les peuples de l’Orient ont connues avant les Grecs.
[91] Ceci rappelle le mot
du maréchal de Saxe : « Tout le secret de la guerre est
dans les jambes. » Mais peut-être le maréchal avait-il en vue,
à côté des avantages de la vitesse, ceux du pas emboîté, dont il
est l’inventeur.
[92] Ce stratagème rappelle
l’artifice à l’aide duquel les Espagnols s’emparèrent d’Amiens en
1597. Des soldats, déguisés en paysans, entrèrent dans la ville en
conduisant une voiture chargée de noix, dont ils laissèrent tomber
une certaine quantité. Pendant que les gardiens des portes en
ramassaient, les soldats déguisés les sabrèrent, et ouvrirent la
ville à l’armée qui les suivait.
[93] Les déguisements ont
été de tout temps en usage pour surprendre ou pour reconnaître les
places. Ainsi Catinat prit les habits d’un charbonnier pour entrer
dans Luxembourg, et constater l’état des fortifications de cette
ville.
Après la paix de Tilsitt, la ville de Pilau, port de mer sur la Baltique, ayant refusé d’ouvrir ses portes aux Français, le général Saint-Hilaire en fit le siège. Dans le cours des hostilités, ce général convint d’une entrevue avec le gouverneur, et se fit accompagner dans l’intérieur de la ville par le colonel du génie Séruzier, qui se déguisa en hussard, pour n’inspirer aucune défiance, et reconnut les points attaquables des fortifications.
Cette ruse contribua à mettre les Français en possession de la place.
Après la paix de Tilsitt, la ville de Pilau, port de mer sur la Baltique, ayant refusé d’ouvrir ses portes aux Français, le général Saint-Hilaire en fit le siège. Dans le cours des hostilités, ce général convint d’une entrevue avec le gouverneur, et se fit accompagner dans l’intérieur de la ville par le colonel du génie Séruzier, qui se déguisa en hussard, pour n’inspirer aucune défiance, et reconnut les points attaquables des fortifications.
Cette ruse contribua à mettre les Français en possession de la place.
[94] Il y a ici erreur de
l’auteur ou des copistes : il faut lire Darius et non Cyrus. —
Voyez Hérodote, liv. III, ch. 153 ; et Justin, liv. I, ch.
1o.
[95] Suivant Tite-Live, qui
rapporte ce fait (liv.XXIII, ch. 18), Fabius n’aurait pu réduire
Capoue par famine, puisque cette ville ne fut prise que deux ans
après, ainsi que nous l’apprend le même historien, liv.XXVI, ch. 8
– 14.
[96] Les sept exemples contenus
dans ce chapitre ne parlent pas des lignes de circonvallation et de
contrevallation que les assiégeants établissent pour couvrir les
travaux de siège, et pour tenir en échec les troupes qui peuvent
venir au secours de la place. Il est cependant prouvé que César et
d’autres capitaines de l’antiquité en ont fait usage.
« Il n’y a que deux moyens d’assurer le siège d’une place : l’un, de commencer par battre l’armée ennemie chargée de couvrir cette place, l’éloigner du champ d’opérations, et en jeter les débris au delà de quelque obstacle naturel, tel que des montagnes ou une grande rivière ; ce premier obstacle vaincu, il faut placer une armée d’observation derrière cet obstacle naturel, jusqu’à ce que les travaux du siège soient achevés, et la place prise. Mais, si l’on veut prendre la place devant une armée de secours, sans risquer une bataille, il faut être pourvu d’un équipage de siège, avoir ses munitions et ses vivres pour le temps présumé de la durée du siège, et former ses lignes de contrevallation et de circonvallation en s’aidant des localités, telles que hauteurs, bois, marais, inondations. N’ayant plus alors besoin d’entretenir aucunes communications avec les places de dépôt, il n’est plus besoin que de contenir l’armée de secours ; dans ce cas, on forme une armée d’observation qui ne la perd pas de vue, et qui, lui barrant le chemin de la place, a toujours le temps d’arriver sur ses flancs ou sur ses derrières, si elle lui dérobait une marche. En profitant des lignes de contrevallation, on peut employer une partie du corps assiégeant pour livrer bataille à l’armée de secours. Ainsi, pour assiéger une place devant une armée ennemie, il faut en couvrir le siège par des lignes de circonvallation. Si l’armée est assez forte pour qu’après avoir laissé devant la place un corps quadruple de la garnison, elle soit encore aussi nombreuse que l’armée de secours, elle peut s’éloigner de plus d’une marche ; si elle reste inférieure après ce détachement, elle doit se placer à une petite journée de marche du siège, afin de pouvoir se replier sur les lignes, ou bien recevoir du secours en cas d’attaque. Si les deux armées de siège et d’observation ensemble ne sont qu’égales à l’armée de secours, l’armée assiégeante doit tout entière rester dans les lignes ou près des lignes, et s’occuper des travaux de siège, pour le pousser avec toute l’activité possible.
« Feuquières a dit qu’on ne doit jamais attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation, et qu’on doit en sortir pour l’attaque. Il est dans l’erreur ; rien ne peut être absolu à la guerre, et on ne doit pas proscrire le parti d’attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation.
« Ceux qui proscrivent les lignes de circonvallation et tous les secours que l’art de l’ingénieur peut donner, se privent gratuitement d’une force et d’un moyen auxiliaire qui ne sont jamais nuisibles, presque toujours utiles, et souvent indispensables. Cependant les principes de la fortification de campagne ont besoin d’être améliorés ; cette partie importante de l’art de la guerre n’a fait aucuns progrès depuis les anciens : elle est même aujourd’hui au-dessous de ce qu’elle était il y a deux mille ans. Il faut donc encourager les officiers du génie à perfectionner cette partie de leur art, et à la porter au niveau des autres. » (Napoléon.)
« Il n’y a que deux moyens d’assurer le siège d’une place : l’un, de commencer par battre l’armée ennemie chargée de couvrir cette place, l’éloigner du champ d’opérations, et en jeter les débris au delà de quelque obstacle naturel, tel que des montagnes ou une grande rivière ; ce premier obstacle vaincu, il faut placer une armée d’observation derrière cet obstacle naturel, jusqu’à ce que les travaux du siège soient achevés, et la place prise. Mais, si l’on veut prendre la place devant une armée de secours, sans risquer une bataille, il faut être pourvu d’un équipage de siège, avoir ses munitions et ses vivres pour le temps présumé de la durée du siège, et former ses lignes de contrevallation et de circonvallation en s’aidant des localités, telles que hauteurs, bois, marais, inondations. N’ayant plus alors besoin d’entretenir aucunes communications avec les places de dépôt, il n’est plus besoin que de contenir l’armée de secours ; dans ce cas, on forme une armée d’observation qui ne la perd pas de vue, et qui, lui barrant le chemin de la place, a toujours le temps d’arriver sur ses flancs ou sur ses derrières, si elle lui dérobait une marche. En profitant des lignes de contrevallation, on peut employer une partie du corps assiégeant pour livrer bataille à l’armée de secours. Ainsi, pour assiéger une place devant une armée ennemie, il faut en couvrir le siège par des lignes de circonvallation. Si l’armée est assez forte pour qu’après avoir laissé devant la place un corps quadruple de la garnison, elle soit encore aussi nombreuse que l’armée de secours, elle peut s’éloigner de plus d’une marche ; si elle reste inférieure après ce détachement, elle doit se placer à une petite journée de marche du siège, afin de pouvoir se replier sur les lignes, ou bien recevoir du secours en cas d’attaque. Si les deux armées de siège et d’observation ensemble ne sont qu’égales à l’armée de secours, l’armée assiégeante doit tout entière rester dans les lignes ou près des lignes, et s’occuper des travaux de siège, pour le pousser avec toute l’activité possible.
« Feuquières a dit qu’on ne doit jamais attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation, et qu’on doit en sortir pour l’attaque. Il est dans l’erreur ; rien ne peut être absolu à la guerre, et on ne doit pas proscrire le parti d’attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation.
« Ceux qui proscrivent les lignes de circonvallation et tous les secours que l’art de l’ingénieur peut donner, se privent gratuitement d’une force et d’un moyen auxiliaire qui ne sont jamais nuisibles, presque toujours utiles, et souvent indispensables. Cependant les principes de la fortification de campagne ont besoin d’être améliorés ; cette partie importante de l’art de la guerre n’a fait aucuns progrès depuis les anciens : elle est même aujourd’hui au-dessous de ce qu’elle était il y a deux mille ans. Il faut donc encourager les officiers du génie à perfectionner cette partie de leur art, et à la porter au niveau des autres. » (Napoléon.)
[97] Les Crotoniates, qui
sans doute avaient une citadelle, ainsi que les Épirotes et les
habitants de Delminium, dont il est question dans les deux exemples
précédents, ont péché contre la maxime suivante :
« Les circonstances ne permettant pas de laisser une garnison suffisante pour défendre une ville de guerre où l’on aurait un hôpital et des magasins, on doit au moins employer tous les moyens possibles pour mettre la citadelle à l’abri d’un coup de main. » (Napoléon.)
« Les circonstances ne permettant pas de laisser une garnison suffisante pour défendre une ville de guerre où l’on aurait un hôpital et des magasins, on doit au moins employer tous les moyens possibles pour mettre la citadelle à l’abri d’un coup de main. » (Napoléon.)
[98] Polyen (liv. I, ch.
4o. § 5) attribue, comme Frontin, cette ruse à Alcibiade ;
mais Thucydide, qui entre dans les plus grands détails sur cette
expédition en Sicile, dit positivement (liv. VI, ch. 64) qu’elle
fut imaginée par Nicias et Lamachus. Alcibiade avait déjà été
rappelé à Athènes pour y être jugé (Ibid., ch. 61).
[99] Voyez la description
de ce siège dans César, Guerre des Gaules, liv. VIII, ch. 40-43 –
La ville de Cadurcum, aujourd’hui Cahors, était aussi appelée
Uxellodunum.
[100] Il y a ici une grave
erreur de Frontin ou des copistes ; car tout le monde sait que
ce fait n’appartient qu’à Cyrus. Voyez Xénophon, Cyropédie, liv.
VII, ch. 5 ; Hérodote, liv. I, ch. 191 ; Polyen, liv.
VII, ch. 6, §5.
[101] Il s’agit ici de
Philippe, fils de Demetrius. Cf. Polyen, liv. IV, ch. 18, §
1 ; et Polybe, liv. XVI, ch. 10.
Le duc d’Anjou recourut à un moyen semblable pour s’emparer du château de Motrou. Après avoir fait amonceler de la terre au pied des murailles, et ouvrir une galerie de mine, de laquelle trois ouvriers jetaient non seulement de la terre, mais encore quelques débris de pierres, pour faire croire que les murs étaient déjà entamés, il envoya dire aux assiégés que les fortifications étaient minées, qu’on allait les faire sauter s’ils ne se rendaient pas sur-le-champ, et que, une fois l’assaut donné, les soldats ne feraient de quartier à personne.
Le général Légal usa aussi du même artifice devant la ville de Mouzon, en Lorraine.
Le duc d’Anjou recourut à un moyen semblable pour s’emparer du château de Motrou. Après avoir fait amonceler de la terre au pied des murailles, et ouvrir une galerie de mine, de laquelle trois ouvriers jetaient non seulement de la terre, mais encore quelques débris de pierres, pour faire croire que les murs étaient déjà entamés, il envoya dire aux assiégés que les fortifications étaient minées, qu’on allait les faire sauter s’ils ne se rendaient pas sur-le-champ, et que, une fois l’assaut donné, les soldats ne feraient de quartier à personne.
Le général Légal usa aussi du même artifice devant la ville de Mouzon, en Lorraine.
[102] La garnison numide
s’était postée en avant des remparts, et avait eu déjà plusieurs
engagements avec Marius, à qui elle prodiguait l’insulte. Voyez
Salluste, Jugurtha, ch. XCIII et XCIV.
[103] Au lieu de ce mot,
il faudrait peut-être lire Segestanos ; car Tite-Live, qui
fait (liv. XXI, ch. 7 et suiv.) une relation détaillée du siège de
Sagonte, ne parle pas de ce stratagème.
[104] Cornélius Nepos (Vie
d’Iphicrate) rend compte des améliorations qui furent introduites
par ce général dans l’art militaire et dans la discipline.
Cependant il faut une absolue nécessité d’exemple pour punir avec
autant de sévérité les infractions de ce genre. Iphicrate et
Épaminondas tuent des sentinelles endormies ; le grand
Frédéric fait mourir sur un échafaud le capitaine Zitern, qui, pour
écrire à sa mère, a enfreint l’ordre donné d’éteindre dans le camp
toutes les lumières passé une certaine heure ; Bonaparte
trouve aussi un factionnaire endormi après les trois journées
d’Arcole ; mais il lui enlève avec précaution son fusil, et se
met en faction à sa place. Le soldat, se réveillant un instant
après, et voyant son général près de lui, s’écrie : « Je
suis perdu ! — Non, reprend celui-ci : après tant de
fatigues il est permis à un brave comme toi de s’endormir ;
mais, une autre fois, choisis mieux ton temps. »
[105] On croirait, d’après
le récit de Frontin, que Camille était à Véies ; mais
Tite-Live et Plutarque s’accordent à dire qu’il était en exil à
Ardée. Notre auteur se méprend aussi sur deux faits qui se sont
accomplis presque en même temps. Fab. Doson descendit du Capitole
pour aller sur le mont Quirinal s’acquitter d’un sacrifice, et
revint après avoir traversé deux fois les postes ennemis. D’un
autre côté, Pontius Cominius, jeune soldat de l’armée romaine
réfugiée à Véies, s’offrit d’aller au Capitole pour obtenir du
sénat que Camille fût rappelé, et nommé dictateur. Il s’acquitta de
sa périlleuse mission. Voyez Tite-Live, liv. V, ch. 46.
[106] Il n’est pas sans
intérêt de rapprocher de cette histoire les deux faits
suivants :
En 1626, l’île de Ré était assiégée par les Anglais, pendant que l’armée de Louis XIII accourait pour la délivrer ; et la garnison des forts, dénuée de vivres, était aux abois. C’est alors que trois soldats du régiment de Champagne offrent de passer à la nage le trajet de mer, qui est de deux lieues, et d’aller demander du secours dans le continent. Il fallait une force plus qu’ordinaire pour nager pendant un si long espace, et un courage héroïque pour oser, dans cet état, traverser la flotte anglaise ; mais rien n’étonnait de la part des soldats de Champagne. Nos trois guerriers, chargés de leurs dépêches renfermées dans des boîtes de fer-blanc, se jettent ensemble dans les flots. Le premier se noie ; mais il fut assez heureux pour servir l’État, même après sa mort : la mer, en effet, jeta son corps sur le rivage ; et des habitants de la côte l’ayant trouvé, prirent la lettre attachée à son cou et la remirent au cardinal de Richelieu. Le second fut pris par les Anglais. Le troisième, nommé Pierre Lanier, longtemps poursuivi par une barque ennemie, nageant presque toujours entre deux eaux, n’élevant la tête de temps en temps que pour respirer, souvent obligé de se défendre contre des poissons voraces, arrive enfin au rivage, couvert de sang, dans un état affreux. Il se traîna quelque temps, le long de la côte, sur ses pieds et sur ses mains, faible, abattu et presque mourant. Un paysan l’ayant enfin aperçu, lui donna le bras, le conduisit au fort Louis, et de là au camp du roi, qui lui fit l’accueil le plus flatteur, et lui assura une pension considérable sur la gabelle.
Pendant le blocus de Gènes, en 1800, le chef d’escadron Franceschi se chargea de porter des dépêches du premier consul à Massena, enferme dans cette ville. « Monté sur une embarcation que conduisaient trois rameurs seulement, il avait traversé, à la faveur de la nuit, la croisière anglaise, et était arrivé jusqu’à la chaîne des chaloupes les plus rapprochées de la place, lorsque le jour le surprit. Il se trouvait au milieu de la rade, à plus d’une lieue du rivage, et exposé au feu croisé des bâtiments. L’un des rameurs est tué, un autre est blessé : Franceschi ne peut plus éviter d’être pris sur son frêle esquif. Dans cette extrémité, il attache ses dépêches autour de son cou, au moyen d’un mouchoir, se dépouille de ses vêtements, et se jette à la mer pour gagner le rivage en nageant ; mais il pense bientôt qu’il a laissé ses armes, qui vont devenir un trophée pour l’ennemi : il retourne à l’embarcation, prend son sabre, qu’il serre entre ses dents, nage longtemps encore, lutte opiniâtrement contre les vagues, et aborde enfin, presque épuisé par la fatigue du trajet qu’il vient de faire. »
En 1626, l’île de Ré était assiégée par les Anglais, pendant que l’armée de Louis XIII accourait pour la délivrer ; et la garnison des forts, dénuée de vivres, était aux abois. C’est alors que trois soldats du régiment de Champagne offrent de passer à la nage le trajet de mer, qui est de deux lieues, et d’aller demander du secours dans le continent. Il fallait une force plus qu’ordinaire pour nager pendant un si long espace, et un courage héroïque pour oser, dans cet état, traverser la flotte anglaise ; mais rien n’étonnait de la part des soldats de Champagne. Nos trois guerriers, chargés de leurs dépêches renfermées dans des boîtes de fer-blanc, se jettent ensemble dans les flots. Le premier se noie ; mais il fut assez heureux pour servir l’État, même après sa mort : la mer, en effet, jeta son corps sur le rivage ; et des habitants de la côte l’ayant trouvé, prirent la lettre attachée à son cou et la remirent au cardinal de Richelieu. Le second fut pris par les Anglais. Le troisième, nommé Pierre Lanier, longtemps poursuivi par une barque ennemie, nageant presque toujours entre deux eaux, n’élevant la tête de temps en temps que pour respirer, souvent obligé de se défendre contre des poissons voraces, arrive enfin au rivage, couvert de sang, dans un état affreux. Il se traîna quelque temps, le long de la côte, sur ses pieds et sur ses mains, faible, abattu et presque mourant. Un paysan l’ayant enfin aperçu, lui donna le bras, le conduisit au fort Louis, et de là au camp du roi, qui lui fit l’accueil le plus flatteur, et lui assura une pension considérable sur la gabelle.
Pendant le blocus de Gènes, en 1800, le chef d’escadron Franceschi se chargea de porter des dépêches du premier consul à Massena, enferme dans cette ville. « Monté sur une embarcation que conduisaient trois rameurs seulement, il avait traversé, à la faveur de la nuit, la croisière anglaise, et était arrivé jusqu’à la chaîne des chaloupes les plus rapprochées de la place, lorsque le jour le surprit. Il se trouvait au milieu de la rade, à plus d’une lieue du rivage, et exposé au feu croisé des bâtiments. L’un des rameurs est tué, un autre est blessé : Franceschi ne peut plus éviter d’être pris sur son frêle esquif. Dans cette extrémité, il attache ses dépêches autour de son cou, au moyen d’un mouchoir, se dépouille de ses vêtements, et se jette à la mer pour gagner le rivage en nageant ; mais il pense bientôt qu’il a laissé ses armes, qui vont devenir un trophée pour l’ennemi : il retourne à l’embarcation, prend son sabre, qu’il serre entre ses dents, nage longtemps encore, lutte opiniâtrement contre les vagues, et aborde enfin, presque épuisé par la fatigue du trajet qu’il vient de faire. »
[107] Les Romains ont
rarement infligé ce traitement barbare à leurs prisonniers.
Cependant il faut avouer que, s’ils n’ont jamais pratiqué
l’immolation solennelle, comme les Égyptiens et les Gaulois ;
s’il y a même dans leur histoire peu d’exemples de cette amputation
des mains, leur coutume de vendre les captifs comme esclaves, au
profit du trésor public, faisait peu d’honneur à la civilisation
dont ils se glorifiaient.
« Les prisonniers de guerre n’appartiennent pas à la puissance pour laquelle ils ont combattu ; ils sont tous sous la sauvegarde de l’honneur et de la générosité de la nation qui les a désarmés. » (Napoléon.)
« Les prisonniers de guerre n’appartiennent pas à la puissance pour laquelle ils ont combattu ; ils sont tous sous la sauvegarde de l’honneur et de la générosité de la nation qui les a désarmés. » (Napoléon.)
[108] Tite-Live, qui fait
un récit long et bien circonstancié du siège de Tarente, ne parle
ni de ce Velius, ni de l’événement que rapporte ici Frontin. Au
lieu de Velius, il faut sans doute lire Livius, nom qui est bien
celui du défenseur de la citadelle de Tarente. Cette erreur est de
la nature de celles qu’on ne peut raisonnablement attribuer qu’aux
copistes. Cf. Tite-Live, liv. XXIV, ch. 10 ; liv. XXV, ch. 10
et 11 ; liv. XXVI, ch. 39.
[109] Ce fort n’était
autre chose qu’un petit camp fortifié, et enfermé dans un plus
grand, dont César était déjà maître quand Pompée survint. Voyez
César, Guerre civile, liv. III, ch. 66-70.
« Les manœuvres de César à Dyrrachium sont extrêmement téméraires : aussi en fut-il puni. Comment pouvait-il espérer de se maintenir avec avantage le long d’une ligne de contrevallation de six lieues, entourant une armée qui avait l’avantage d’être maîtresse de la mer, et d’occuper une position centrale ? Après des travaux immenses, il échoua, fut battu, perdit l’élite de ses troupes, et fut contraint de quitter ce champ de bataille. Il avait deux lignes de contrevallation, une de six lieues contre le camp de Pompée, et une autre contre Dyrrachium. Pompée se contenta d’opposer une ligne de circonvallation à la contrevallation de César : effectivement, pouvait-il faire autre chose, ne voulant pas livrer bataille ? Mais il eût dû tirer un plus grand avantage du combat de Dyrrachium ; ce jour-là il eût pu faire triompher la république. » (Napoléon.)
« Les manœuvres de César à Dyrrachium sont extrêmement téméraires : aussi en fut-il puni. Comment pouvait-il espérer de se maintenir avec avantage le long d’une ligne de contrevallation de six lieues, entourant une armée qui avait l’avantage d’être maîtresse de la mer, et d’occuper une position centrale ? Après des travaux immenses, il échoua, fut battu, perdit l’élite de ses troupes, et fut contraint de quitter ce champ de bataille. Il avait deux lignes de contrevallation, une de six lieues contre le camp de Pompée, et une autre contre Dyrrachium. Pompée se contenta d’opposer une ligne de circonvallation à la contrevallation de César : effectivement, pouvait-il faire autre chose, ne voulant pas livrer bataille ? Mais il eût dû tirer un plus grand avantage du combat de Dyrrachium ; ce jour-là il eût pu faire triompher la république. » (Napoléon.)
[110] Petite rivière de
l’Asie Mineure, appelée aussi Lycus. Le traducteur de 1772 a pris
ce nom pour celui d’une ville.
[111] Cf. César, Guerre
des Gaules, liv. V, ch. 49-51.
« Cicéron a défendu pendant plus d’un mois avec cinq mille hommes, contre une armée dix fois plus forte, un camp retranché qu’il occupait depuis quinze jours : serait-il possible aujourd’hui d’obtenir un pareil résultat ? Les bras de nos soldats ont autant de force et de vigueur que ceux des anciens Romains ; nos outils de pionniers sont les mêmes ; nous avons un agent de plus, la poudre. Nous pouvons donc élever des remparts, creuser des fossés, couper des bois, bâtir des tours en aussi peu de temps et aussi bien qu’eux ; mais les armes offensives des modernes ont une tout autre puissance, et agissent d’une manière toute différente que les armes offensives des anciens.
« Si on disait aujourd’hui à un général : Vous aurez comme Cicéron, sous vos ordres, 5,000 hommes ; de plus, 16 pièces de canon, 5,000 outils de pionniers, 5,000 sacs à terre ; vous serez à portée d’une forêt, dans un terrain ordinaire ; dans quinze jours vous serez attaqué par une armée de 60,000 hommes, ayant 120 pièces de canon ; vous ne serez secouru que quatre-vingts ou quatre-vingt-seize heures après avoir été attaqué : quels sont les ouvrages, quels sont les tracés, quels sont les profils que l’art lui prescrit ? l’art de l’ingénieur a-t-il des secrets qui puissent satisfaire à ce problème ? » (Napoléon.)
« Cicéron a défendu pendant plus d’un mois avec cinq mille hommes, contre une armée dix fois plus forte, un camp retranché qu’il occupait depuis quinze jours : serait-il possible aujourd’hui d’obtenir un pareil résultat ? Les bras de nos soldats ont autant de force et de vigueur que ceux des anciens Romains ; nos outils de pionniers sont les mêmes ; nous avons un agent de plus, la poudre. Nous pouvons donc élever des remparts, creuser des fossés, couper des bois, bâtir des tours en aussi peu de temps et aussi bien qu’eux ; mais les armes offensives des modernes ont une tout autre puissance, et agissent d’une manière toute différente que les armes offensives des anciens.
« Si on disait aujourd’hui à un général : Vous aurez comme Cicéron, sous vos ordres, 5,000 hommes ; de plus, 16 pièces de canon, 5,000 outils de pionniers, 5,000 sacs à terre ; vous serez à portée d’une forêt, dans un terrain ordinaire ; dans quinze jours vous serez attaqué par une armée de 60,000 hommes, ayant 120 pièces de canon ; vous ne serez secouru que quatre-vingts ou quatre-vingt-seize heures après avoir été attaqué : quels sont les ouvrages, quels sont les tracés, quels sont les profils que l’art lui prescrit ? l’art de l’ingénieur a-t-il des secrets qui puissent satisfaire à ce problème ? » (Napoléon.)
[112] Cette distinction
est justifiée par la plupart des exemples qui composent ce
quatrième livre : car tout ce qui a trait à la discipline des
armées, à l’exactitude du service, à la force morale du
soldat ; toutes les qualités et tous les moyens par lesquels
un chef inspire de la confiance à ses troupes, et exerce un
ascendant réel, même sur des nations ennemies ou étrangères, sont
des choses qui ressortissent à la stratégie, ou qui, du moins, ont
des rapports de dépendance ou de cause plus ou moins directs, mais
évidents, avec cet art de tracer des plans de campagne et d’en
diriger l’exécution ; avec ce pouvoir de faire concourir au
même but toutes les parties d’une armée, et de maintenir, au milieu
de la diversité des mouvements, une parfaite unité d’action, en un
mot, de diriger les masses. Mais à côté de ces exemples bien placés
ici, on en trouvera, dans plusieurs chapitres, quelques-uns qui
n’appartiennent ni à la stratégie, ni à la tactique, et qui, par
conséquent, ne répondent pas aux titres sous lesquels ils sont
compris dans ce nouveau recueil. Y ont-ils été introduits par des
copistes ? ou l’auteur a-t-il, par instants, perdu de vue ses
propres divisions ? Il y a même, notamment dans les chapitres
VI et VII, des faits déjà mentionnés dans le premier livre, comme
exemples de stratagèmes, et reproduits textuellement dans
celui-ci.
[113] Malgré les
caractères distinctifs qui ont fait séparer des stratagèmes
proprement dits les exemples contenus dans ce livre, il faut
reconnaître qu’un certain nombre de ceux-ci ont avec les premiers
des points de contact et des analogies de temps ou de
circonstances : un fait stratégique au fond, peut tenir en
même temps du stratagème. Or le lecteur qui aurait trouvé dans
l’histoire un fait de ce genre, et qui, ne l’envisageant que sous
ce dernier point de vue, c’est-à-dire comme stratagème, ne l’aurait
pas vu cité dans les trois premiers livres, eût pu accuser Frontin
de l’avoir ignoré ou omis, et d’avoir laissé une lacune. C’est pour
prévenir ce reproche que l’auteur complète ainsi son ouvrage.
[114] Tout ce que fit
Scipion pour rétablir la discipline militaire, notamment ce que
rapporte Frontin, a été signalé par plusieurs auteurs. Voyez Valère
Maxime, liv. II, ch. 7, § 2 ; Polyen, liv. VIII, ch. 16,
§ 2 ; Florus, liv. II, ch. 18 ; Appien, de Rébus Hisp.,
c. LXXXV ; Végèce, Instit. mil., liv. III, ch. 10 ;
et Plutarque (Apophtegmes), qui attribue encore au même Scipion
l’exemple suivant, ou, du moins, un fait semblable.
[115] Plutarque (Vie de
Pyrrhus, ch. VIII) signale les talents militaires de Pyrrhus. Si ce
roi ne fut pas le premier qui connut l’art de camper, du moins il
le perfectionna beaucoup ; et l’on peut opposer à l’opinion
contraire de Juste-Lipse (de Militia Romana, lib. V), ce passage de
Tite-Live (liv. XXXV, ch. 14) : « Pyrrhum, inquit
(Hannibal), castra metari primum docuisse ; ad hoc neminem
elegantius loca cepisse, præsidia deposuisse. »
[116] On ignore la formule
de ces testaments que faisaient les soldats au moment où, tout
équipés (testamenta in procinctu), ils allaient marcher au combat.
Ceux qui survivaient étaient chargés de faire connaître les
dispositions dernières de leurs compagnons.
[117] Tite-Live rapporte
(liv. XLI, ch. 27) qu’au début de la censure de Q. Fulvius Flaccus,
neuf sénateurs furent exclus, entre autres Cn. Fulvius, proche
parent du censeur, et même son héritier ; mais il ne fait pas
connaître le motif de cette disgrâce.
[118] Tite-Live dit (liv.
II, ch. 59) que ces soldats furent décimés et mis à mort.
[119] Le chef de cette
rébellion était Decius Jubellius. C’est donc à tort que plusieurs
éditions ont admis injussu ducis. — Voyez Tite-Live, liv. XXVIII,
ch. 28 ; Valère Maxime, liv. II, ch. 7, § 15 ; Polybe,
liv. I, ch. 7 ; Appien, de Rebus Samn., lib. IX, c. I et
sqq.
[120] On lira avec un vif
intérêt la narration de Tite-Live (liv. VIII, ch. 29 et
suiv.) ; c’est un véritable drame.
[121] La sévérité atroce
de Manlius passa en proverbe à Rome : Manliana imperia.
[122] Marcellus n’était
pas alors consul, mais il l’avait été peu de temps auparavant. On
lit dans Tite-Live (liv. XXV, ch. 6 et 7) un discours touchant que,
selon cet historien, les soldats relégués en Sicile auraient tenu à
Marcellus. C’est une respectueuse protestation contre le décret
rigoureux du sénat.
[123] Infrequens (miles)
signifie un soldat qui est inexact à remplir son devoir, un mauvais
soldat, ainsi que l’a traduit M. Naudet dans le Truculentus de
Plaute (v. 202). Voyez le récit bien circonstancié de ce fait dans
Tite-Live, liv. XLI, ch. 18.
[124] Alexandre dut, en
effet, une grande partie de ses succès à ses vieux soldats. C’est
une vérité reconnue par les tacticiens de tous les temps, que les
anciens soldats sont supérieurs aux jeunes, non seulement pour
supporter les fatigues en campagne, mais encore pour attaquer de
sang-froid et avec courage, et pour profiter de toutes les
circonstances qui peuvent mettre à l’abri du danger.
« Il faut encourager par tous les moyens, dit Napoléon, les soldats à rester sous les drapeaux, ce qu’on obtiendra facilement en témoignant une grande estime aux vieux soldats. Il faudrait aussi augmenter la solde en raison des années de service : car il y a une grande injustice à ne pas mieux payer un vétéran qu’une recrue. »
« Il faut encourager par tous les moyens, dit Napoléon, les soldats à rester sous les drapeaux, ce qu’on obtiendra facilement en témoignant une grande estime aux vieux soldats. Il faudrait aussi augmenter la solde en raison des années de service : car il y a une grande injustice à ne pas mieux payer un vétéran qu’une recrue. »
[125] Ce fait paraît ne
faire qu’un, pour le sens, avec le § 7, dont il a peut-être
été séparé par les copistes.
[126] Il s’agit ici de la
bataille de Leuctres, qu’Épaminondas gagna, non seulement parce que
ses troupes étaient bien disciplinées, mais aussi parce qu’il
exécuta une savante manœuvre d’ordre oblique, voir la note
62.
[127] Si l’on s’en
rapporte au récit de Valère Maxime (liv. IV, ch. 4, § 10), Cn.
Scipion n’avait qu’une fille, qui fut dotée par le sénat, pendant
la guerre même que son père faisait en Espagne.
[128] Deux lits ne
supposent que six couverts, ou huit au plus.
[129] Scipion Émilien
voulait, dit Plutarque (Apophtegmes), que ses soldats prissent
leurs repas debout, et qu’ils ne se missent à table que pour le
souper. Quant à lui, il se promenait dans le camp, etc.
[130] Florus rapporte la
chose autrement. « Les Numantins, dit-il (liv. II, ch. 18),
pressés par la famine, demandèrent la bataille à Scipion, afin de
mourir en guerriers. Ne l’obtenant pas, ils firent une sortie, dans
laquelle un grand nombre périt ; et les autres, en proie à la
faim, se nourrirent quelque temps de leurs cadavres. Ils prirent
enfin la résolution de s’échapper ; mais cette dernière
ressource leur fut encore enlevée par leurs femmes, qui coupèrent
les sangles de leurs chevaux, faute énorme, inspirée par l’amour.
Ayant donc perdu tout espoir, ils s’abandonnèrent aux derniers
transports de la fureur et de la rage, et se déterminèrent à
mourir, chefs et soldats, par le fer et par le poison, au milieu de
l’embrasement de leur ville, qu’ils livrèrent aux
flammes. »
[131] Plutarque
(Apophtegmes) attribue à Metellus Cécilius une réponse
semblable.
Le mot de Fabius rappelle celui du maréchal de Saxe. Un de ses officiers généraux, lui montrant un jour une position qui pouvait être utile, lui dit : « Il ne vous en coûtera pas plus de douze grenadiers pour la prendre. — Douze grenadiers ! répondit le maréchal ; passe encore si c’étaient douze lieutenants généraux. »
Le mot de Fabius rappelle celui du maréchal de Saxe. Un de ses officiers généraux, lui montrant un jour une position qui pouvait être utile, lui dit : « Il ne vous en coûtera pas plus de douze grenadiers pour la prendre. — Douze grenadiers ! répondit le maréchal ; passe encore si c’étaient douze lieutenants généraux. »
[132] Oudendorp fait
observer que cet exemple, par lequel Frontin recommande la
modération ou la bonté, devrait appartenir au chapitre précédent.
Mais il est probable que l’auteur n’a eu en vue que la prudence et
le sang-froid du chef d’armée.
« La première qualité d’un général en chef est d’avoir une tête froide, qui reçoive une impression juste des objets ; il ne doit pas se laisser éblouir par les bonnes ou mauvaises nouvelles. Les sensations qu’il reçoit successivement ou simultanément, dans le cours d’une journée, doivent se classer dans sa mémoire, de manière à n’occuper que la place qu’elles méritent d’occuper : car la raison et le jugement sont le résultat de la comparaison de plusieurs sensations prises en égale considération. Il est des hommes qui, par leur constitution physique et morale, se font de chaque chose un tableau : quelque savoir, quelque esprit, quelque courage et quelques bonnes qualités qu’ils aient d’ailleurs, la nature ne les a point appelés au commandement des armées, et à la direction des grandes opérations de la guerre. » (Napoléon.)
Mais cette prudence et ce sang-froid ne doivent point dégénérer en irrésolution. « Un général irrésolu, qui agit sans principes et sans plan, quoiqu’à la tête d’une armée supérieure en nombre à celle de l’ennemi, se trouve presque toujours inférieur à ce dernier sur le champ de bataille. Les tâtonnements, les mezzo termine perdent tout à la guerre. »
« À force de disserter, de faire de l’esprit, de tenir des conseils, il arrivera ce qui est arrivé dans tous les siècles en suivant une pareille marche : c’est qu’on finit par prendre le plus mauvais parti, qui presque toujours, à la guerre, est le plus pusillanime, ou, si l’on veut, le plus prudent. La vraie sagesse, pour un général, est dans une détermination énergique. » (Napoléon.)
« La première qualité d’un général en chef est d’avoir une tête froide, qui reçoive une impression juste des objets ; il ne doit pas se laisser éblouir par les bonnes ou mauvaises nouvelles. Les sensations qu’il reçoit successivement ou simultanément, dans le cours d’une journée, doivent se classer dans sa mémoire, de manière à n’occuper que la place qu’elles méritent d’occuper : car la raison et le jugement sont le résultat de la comparaison de plusieurs sensations prises en égale considération. Il est des hommes qui, par leur constitution physique et morale, se font de chaque chose un tableau : quelque savoir, quelque esprit, quelque courage et quelques bonnes qualités qu’ils aient d’ailleurs, la nature ne les a point appelés au commandement des armées, et à la direction des grandes opérations de la guerre. » (Napoléon.)
Mais cette prudence et ce sang-froid ne doivent point dégénérer en irrésolution. « Un général irrésolu, qui agit sans principes et sans plan, quoiqu’à la tête d’une armée supérieure en nombre à celle de l’ennemi, se trouve presque toujours inférieur à ce dernier sur le champ de bataille. Les tâtonnements, les mezzo termine perdent tout à la guerre. »
« À force de disserter, de faire de l’esprit, de tenir des conseils, il arrivera ce qui est arrivé dans tous les siècles en suivant une pareille marche : c’est qu’on finit par prendre le plus mauvais parti, qui presque toujours, à la guerre, est le plus pusillanime, ou, si l’on veut, le plus prudent. La vraie sagesse, pour un général, est dans une détermination énergique. » (Napoléon.)
[133] Ce n’est point à
Antiochus, mais bien à Prusias, que ce stratagème fut enseigné par
Hannibal. Voyez Cornelius Nepos, Vie d’Hannibal, ch. XI ; et
Justin, liv. XXXII, ch. 4.
Ce fait, malgré le témoignage de plusieurs historiens de l’antiquité, est dépourvu de vraisemblance, aux yeux des tacticiens modernes. « Quoi de plus ridicule, dit M. Carion-Nisas (Essai sur l’hist. de l’art militaire, t. 1er, p. 242) » que de supposer, dans un pays civilisé, ou du moins habité par dos hommes, un assez grand nombre de vipères pour en remplir cinq ou six cents vases ! Combien ne faudrait-il pas de temps pour les ramasser, et combien d’hommes ne faudrait-il pas occuper à une pareille chasse ! »
Ce fait, malgré le témoignage de plusieurs historiens de l’antiquité, est dépourvu de vraisemblance, aux yeux des tacticiens modernes. « Quoi de plus ridicule, dit M. Carion-Nisas (Essai sur l’hist. de l’art militaire, t. 1er, p. 242) » que de supposer, dans un pays civilisé, ou du moins habité par dos hommes, un assez grand nombre de vipères pour en remplir cinq ou six cents vases ! Combien ne faudrait-il pas de temps pour les ramasser, et combien d’hommes ne faudrait-il pas occuper à une pareille chasse ! »
[134] Remarquez le
misérable jeu de mots que Pachès a mis à profit pour commettre
cette atrocité. Polyen rapporte une autre perfidie de ce général
(liv. III, ch. 2).
[135] Volons, esclaves
enrôlés comme volontaires. Voyez leur histoire dans Tite-Live (liv.
XXII, ch. 67 ; liv. XXIII , ch. 35 ; liv. XXIV, ch.
14 et suiv. ; liv. XXVII, ch. 38 ; et liv. XXVIII,
ch. 46).
[136] T. Gracchus avait
juré au nom de la république, et se trouvait lié par son serment.
Voyez le récit de Tite-Live, liv. XXIV, ch. 14 et suiv., surtout le
ch. 16.
[137] Alexandre s’est
souvent annoncé comme libérateur aux nations dont il franchissait
les frontières. C’est une ruse de tous les temps. Le général
Bonaparte, débarquant en Égypte, adressa aux habitants une
proclamation qui commençait par ces paroles :
« Depuis longtemps les beys qui gouvernent l’Égypte insultent à la nation française et couvrent les négociants d’avanies ; l’heure de leur châtiment est arrivée.
« Depuis longtemps ce ramassis d’esclaves, acheté dans le Caucase ou dans la Géorgie, tyrannise la plus belle partie du monde ; mais Dieu, de qui tout dépend, a ordonné que leur empire finît.
« Peuples d’Égypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion ; ne le croyez pas : répondez que je viens restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte, plus que les mameluks, Dieu, son prophète et le Coran. »
« Depuis longtemps les beys qui gouvernent l’Égypte insultent à la nation française et couvrent les négociants d’avanies ; l’heure de leur châtiment est arrivée.
« Depuis longtemps ce ramassis d’esclaves, acheté dans le Caucase ou dans la Géorgie, tyrannise la plus belle partie du monde ; mais Dieu, de qui tout dépend, a ordonné que leur empire finît.
« Peuples d’Égypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion ; ne le croyez pas : répondez que je viens restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte, plus que les mameluks, Dieu, son prophète et le Coran. »
[138] Le rôle des vélites,
des archers et frondeurs, en un mot, des fantassins armés à la
légère, était principalement d’engager le combat. Ils
escarmouchaient en avant et sur les flancs de la légion ; et,
quand ils étaient forcés de plier, ils se retiraient dans les
intervalles que présentaient les cohortes, les manipules, et même
les centuries, comme le dit ici Frontin.
[139] Sous les murs mêmes
de Capoue. Voyez le récit plus étendu de Tite-Live, liv. XXVI, ch.
4 ; et Valère Maxime, liv. II , ch. 3, § 3.
On a essayé plusieurs fois dans les temps modernes, notamment en 1802, au camp de Boulogne, de renouveler cet usage, en exerçant des voltigeurs à sauter en croupe derrière les cavaliers : mais on a dû y renoncer, parce que les essais réitérés n’ont fait espérer aucun succès.
On a essayé plusieurs fois dans les temps modernes, notamment en 1802, au camp de Boulogne, de renouveler cet usage, en exerçant des voltigeurs à sauter en croupe derrière les cavaliers : mais on a dû y renoncer, parce que les essais réitérés n’ont fait espérer aucun succès.
[140] Ce combat eut lieu
près de Thyatire, en Lydie : Tite-Live en fait une longue
description ; mais, d’après cet historien, P. Scipion était
alors malade à Élée, et ne pouvait, par conséquent, donner à son
frère le conseil dont parle Frontin. Voyez liv. XXXVII, ch. 37 et
suiv., surtout le ch. 41, qui contient une description des chars à
faux de l’armée d’Antiochus. Appien (de Rébus Syr., c. XXIX et
sqq.) fait une narration très circonstanciée de cette
bataille.
[141] Il y a évidemment
une lacune en cet endroit : d’abord, la phrase ainsi
construite n’est pas latine, les mots Metellus et Hermocrates
s’excluant comme sujets de l’unique verbe confecit. Ensuite,
comment expliquer historiquement cette rencontre de Metellus et
d’Hermocrate ? Selon toute apparence, il y a ici deux
fragments de deux récits différents : c’est par respect pour
les meilleures éditions que je ne les ai pas séparés.