ADDENDA{13}

sa vie d’épouse une longue alaise

qui du vieillard

l’histoire contera ?

dans une balance

absence pesera ?

avec une règle

manque mesurera ?

des maux du monde

la somme chiffrera ?

dans des mots

néant enfermera ?

les boutons de chaleur du judicieux Hooker

des limites à l’égalité de la partie avec le tout calme de mort, puis un murmure, un nom, un nom murmuré, dans le doute, la crainte, l’amour, la crainte, le doute, vent d’hiver dans les branches noires, calme mer froide qui blanchit murmurant vers la grève, qui glisse, se précipite, s’enfle, passe, trépasse, issue de rien, à rien rendue

soupirer de jour en jour

et rêver rêver l’âme partie

jusques adieu jeunesse bonheur

et de la vie toute la vie

Watt apprit à accepter etc. Utiliser pour expliquer la pauvreté de la troisième partie. Watt ne peut pas parler de ce qui se passait au premier étage, parce que la plupart du temps rien ne s’y passait, sans protestation de sa part.

noter que la déclaration d’Arsene n’est revenue à Watt que peu à peu

une nuit Watt monte sur le toit

mouchage digital de Watt

Repas. Chaque jour l’écuelle de Monsieur Knott à une autre place. Watt marque à la craie.

plan d’eau noire, frisson des rides qui gagne, rives tampons, retour au calme

naître sans être né

âge adulte de l’âme foetale (voir Embryologie sacrée de Cangiamila et De Synodo Diocesana, livre 7, chapitre 4, section 6, du Pape Benoît XIV)

sempiternelle pénombre

pour le bien que lui avaient valu ses fréquentes absences d’Irlande il aurait fait tout aussi bien d’y rester

une table ronde en bois, d’ample diamètre, reposant sur un lourd support tronconique, accaparait l’espace central

zitto ! zitto ! dass nur das Publikum nichts merke !

Dans le désert, sous le ciel, différenciés par Watt comme étant l’un au-dessous, l’autre au-dessus, de Watt. Que devant lui, derrière lui, tout autour de lui, il y eût autre chose, ni désert ni ciel, Watt n’en éprouvait pas la sensation. Et il n’avait toujours devant lui, de quelque côté qu’il se tourne, que leur longue et sombre coulée de concert vers un mirage d’union. Le ciel était de couleur sombre, d’où on serait tenté d’inférer que les feux habituels en étaient absents. Ils l’étaient. Le désert lui aussi, inutile de dire, était de couleur sombre. A vrai dire ciel et désert étaient de la même couleur sombre, ce qui n’a rien d’étonnant. Watt lui aussi, comme de juste, était de la même couleur sombre. Cette couleur sombre était si sombre que sa couleur ne se laissait pas identifier avec certitude. Par moments on aurait dit une sombre absence de couleur, ou un sombre mélange de toutes les couleurs, un blanc sombre. Mais comme Watt n’aimait pas l’expression blanc sombre il continuait d’appeler son sombre une couleur sombre tout court, ce qu’à strictement parler il n’était pas, vu que la couleur était sombre au point de défier toute identification comme telle.

La source de la faible lumière répandue sur cette scène est inconnue.

D’autres particularités de ce paysage d’âme :

La température était douce.

Au-dessous de Watt le désert se soulevait et retombait.

Tout était silencieux.

Au-dessus de Watt le ciel retombait et se soulevait.

Watt était rivé sur place.

tout cela

Watt le dira

mais quel cela

Knott comment

par Watt trouvé

comment vécu

comment quitté

le long chemin

le bref séjour

le long chemin

à rebours

les mains vides

le cœur vide

l’esprit errant

dans l’ombre aride

le feu de noirs

orages ceint

qui va s’éteignant

qui s’éteint

les mains vides

le cœur vide

l’esprit perdu

dans la nuit aride

c’est ce cela

que Watt dira

tout ce cela

die Merde hat mich wieder

pereant qui ante nos nostra dixerunt

Second tableau dans la chambre d’Erskine représentant monsieur en pied quoique assis, au piano, profil droit perdu, nu à part le giron caché par du papier à musique. De la main droite il plaque un accord que Watt n’a aucun mal à identifier comme le deuxième renversement de la fondamentale de do majeur, pendant que de l’autre il amplifie le pavillon de l’oreille gauche. Le pied droit, renforcé de l’autre appuyé dessus, écrase la pédale forte. Aux muscles épais du cou, du bras, du torse, de l’abdomen, du lombe, de la cuisse et du mollet, saillant comme des cordes sous l’efïort, Monsieur O’Connery avait prodigué toutes les ressources de la tactilité jésuite. Des perles de sueur, exécutées avec un fini que n’aurait pas désavoué Heem, se répandaient généreusement sur les surfaces pectorales, subaxillaires et hypogastriques. Le tétin droit, d’où jaillissait long et roux un poil solitaire, était en état de tumescence manifeste, détail charmant. Le buste était penché sur le clavier et l’expression du visage, tourné légèrement vers le connaisseur, était celle de quelqu’un sur le point d’accoucher, après bien des jours, d’une selle exceptionnellement coriace, c’est-à-dire le front profondément plissé, les paupières serrées, les narines dilatées, les lèvres entrouvertes et la mâchoire tombante, dans une synthèse jolie à souhait faite d’angoisse, de concentration, d’effort, de délivrance et d’abandon, image de l’effet extraordinaire produit sur un tempérament de musicien par la faible cacophonie d’harmoniques lointains se mêlant à l’accord qui meurt. Le goût de Monsieur O’Connery pour le détail significatif se faisait jour encore dans le traitement des ongles de pied, d’une luxuriance remarquable et truffés de ce qui semblait être de la crasse. Les pieds eux-mêmes auraient gagné à un lavement, les jambes n’étaient pas exactement de la première fraîcheur, fesses et ventre appelaient un bain de siège à tout le moins, la poitrine était franchement dégoûtante, le cou tout simplement immonde, et on aurait pu semer dans les oreilles avec bon espoir d’une germination rapide.

Que cependant un chiffon mouillé eût été vivement passé à une époque récente sur les parties les plus voyantes du faciès (mot latin signifiant face) ne semblait pas impropable.

(Citation latine.)

La moustache, roux pâle sauf là où décolorée par le tabac, l’usure du temps, la mastication nerveuse, les ennuis de famille, les débordements du nez et de la bouche, tombait en cascade sur les lèvres molles et rouges, et hors de la mâchoire molle et rouge, et de même hors du fanon idem, pointaient paiement roux les débuts sans avenir d’une barbe drue roux pâle.

telle une fleur des taillis à jamais tue

complexe de Davus de Watt (crainte morbide des sphynges)

Une nuit Arthur vint dans la chambre de Watt. Il était agité. Il pensait qu’il avait été pris pour Monsieur Knott. Il ne savait pas s’il s’en sentait honoré ou non.

Se promenant dans le jardin il dit, Me voilà qui me promène dans le jardin, sans grand plaisir certes, mais néanmoins, de long en large, je me promène dans le jardin.

Il regarda ses jambes se mouvoir sous lui, en avant, en arrière.

Je m’installe d’abord sur une jambe, dit-il, puis sur l’autre, comme ça, et de cette façon je vais de l’avant.

Admire comme sans y penser tu évites les pâquerettes, dit-il. Quelle sensibilité.

Il s’arrêta pour contempler l’herbe, à ses pieds.

Ce gazon trempé de rosée n’est pas à toi, dit-il. Il joignit les mains devant la poitrine. Il les éleva vers le créateur et donateur de toutes choses, de lui, des pâquerettes, de l’herbe. Merci, chef, dit-il. Il se mit au repos. Il repartit.

Ceci est censé être bon pour la santé, dit-il.

Il ne s’était pas écoulé beaucoup de temps depuis cet aphorisme qu’Arthur fut pris d’un rire si fou qu’il dut, pour ne pas tomber, s’appuyer contre un buisson, ou arbuste, qui passait par là et qui entra de bon cœur dans la plaisanterie.

Dès qu’il eut retrouvé son calme, il se retourna pour examiner l’arbuste, ou buisson. Ce n’était pas un genêt d’Espagne, c’est tout ce qu’il pouvait en dire.

Mais voilà qu’il aperçoit, avançant vers lui à travers l’herbe, une masse confuse. Un moment plus tard c’était un vieillard, tout de haillons vêtu.

Celui-là alors, dit-il, qui diantre peut-il bien être, je me le demande.

Un penny pour un pauvre vieux, dit le vieillard.

Arthur lui donna un penny.

Dieu te le rendra, dit le vieillard.

Amen, dit Arthur, et adieu.

Je me rappelle de toi petit merdeux, dit le vieillard, j’étais petit merdeux moi-même.

Alors nous étions merdeux ensemble, dit Arthur.

Tu étais mignon comme tout, dit le vieillard, et moi aussi.

Regarde-nous à présent, dit Arthur.

Tu étais toujours à t’oublier dans ton froc, dit le vieillard.

Je m’y oublie toujours, dit Arthur.

Je cirais les chaussures, dit le vieillard.

Si ce n’avait pas été toi, ç’aurait été un autre, dit Arthur.

Ton père était très bon pour moi, dit le vieillard.

Tel père tel fils, dit Arthur. Adieu.

C’est un beau coin, dit le vieillard, j’y ai donné un coup de main.

En ce cas, dit Arthur, tu pourras peut-être me dire le nom de cette plante extraordinaire.

C’est ce que nous appelons un laurier hardi, dit le vieillard.

Arthur rentra dans la maison et écrivit, dans son journal : Fait un tour dans le jardin. Remercié Dieu d’une petite bonté. Rigolé avec le laurier hardi. Fait l’aumône à un vieillard jadis au service de la famille Knott.

Mais cela ne lui suffisait pas. Il courut donc trouver Watt.

C’était la première fois que Watt entendait l’expression famille Knott.

Il y eut une époque où elle lui aurait fait plaisir, et la pensée qu’elle lui proposait, à savoir que Monsieur Knott lui aussi était sériel, dans une série vermiculaire. Mais plus maintenant. Car Watt était maintenant une vieille rose et se foutait du jardinier.

das fruchtbare Bathos der Erfahrung

faede hunc mundum intravi, anxius vixi, perturbatus egredior, causa causarum miserere mei

changer tous les noms

chœur mixte entendu par Watt sur le chemin de la maison :
 

Sop. De tout notre cœur aspirons tête un instant
Alt. De tout notre cœur. . . . .de. . .tout. . .notre. . .
Tén. De tout . . . . . . . . de. . .tout. . .notre. . .cœur. . .
Bas. Aspirons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sop. sombrement à part l’éther asphyxiant
Alt. cœur. . . . . . . . . . . .aspirons aspirons
Tén. . . . . . . . . . . . . . . . .aspirons aspirons
Bas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .aspirons
Sop. du malheur qui se meurt du bonheur mort hier
Alt. du bonheur. . . . . . . . . . . . . . . . .mort hier. . . . .
Tén. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l’a. . . . .sphy. . . .
Bas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .ouf !. . . . . . . . . . . . .
Sop. un instant sombrement l’asphyxiant éther
Alt. l’a. . .sphy. . .xi. . .ant. . .é. . .ther. . . . . . . . . .
Tén. .xi. . . . .ant. . . . .é. . .ther. . . . . . . . . . . . . . . . .
Bas. l’a. . .sphy. . .xi. . .ant. . .é. . .ther. . . . . . . . . .

Watt l’air de quelqu’un qi arrive à la fin d’une série d’injections de pus stérile

parole non ci appulcro

honni soit qui symboles y voit