Chapitre 1
L’étrange découverte de Chipoune
Il était une fois, loin, très loin, dans le pôle Nord, un petit renne qui s’appelait Chipoune. Son père était un des rennes qui tirait le traîneau du Père Noël. Au fur et à mesure que les jours passaient, Chipoune ne pouvait s’empêcher de surveiller les préparatifs. Le grand jour approchait. Noël !
— Si seulement je pouvais voir tous ces enfants ! Cela doit être fantastique de découvrir leurs yeux émerveillés. Qu’est-ce qu’ils doivent être contents !
Il faut dire que Chipoune avait entendu de nombreuses histoires concernant la nuit de Noël. Pendant toute l’année, les lutins racontaient ce que les petits enfants avaient vécu. Pour Chipoune, Noël était tout simplement magique.
Chipoune rêvait donc du moment où il pourrait accompagner son père. Survoler les maisons, et découvrir le Père Noël en train de faire la grande distribution. Bien sûr, Chipoune avait déjà vu certaines listes. Les lutins les gardaient soigneusement dans un bureau où l’accès était interdit. Mais Chipoune était un enfant curieux.
Un jour, il s’était rendu dans la Salle des Lettres.
Tout était désert. Comme après chaque journée de travail, les lutins étaient rentrés chez eux. Le petit renne, lui, avait préféré se promener. Sa curiosité l’avait poussé à pénétrer dans le Parc des Étoiles. Ce lieu éclairé de milliers d’étoiles était aussi lumineux qu’en plein jour. Chipoune regarda autour de lui. Personne. Il pouvait y aller sans se faire prendre. Mais il devait faire vite ! Si on le surprenait ici, il se ferait disputer par son père, et il détestait ça. Chipoune n’aimait pas le décevoir.
Il galopa. Ses pattes laissèrent des traces dans la neige. L’air glacé lui caressa les joues. Il se sentit alors frémir. Un hangar se dressait devant lui. Chaque lutin y occupait une place importante.
Soudain, il se trouva devant une grande bâtisse. Chipoune se mordilla les lèvres, et scruta à nouveau les environs. Il était toujours seul. Aussi, d’un coup de museau, il poussa la porte en chêne. Un horrible grincement le fit sursauter. Puis, il entra.
Chipoune découvrit la Salle des Lettres en silence. Malgré toutes les précautions, ses sabots claquaient sur le sol. Il avait vraiment peur de se faire surprendre. Pour éviter de faire encore plus de bruit, il ralentit.
Plusieurs tables occupaient une grande salle décorée de dessins d’enfants. Des étagères se dressaient contre les murs. Au centre se trouvaient un bureau vert et une chaise. C’était là que le Père Noël s’installait pendant des heures pour répondre aux courriers des enfants. Le petit renne l’avait déjà vu une fois. Chipoune s’approcha encore. Plusieurs étagères étaient parsemées de dessins colorés, de photos et de cadeaux. Chipoune prit une des lettres et commença à la lire, c’était la lettre de Sophie :
— Cher Père Noël,
Je t’aime beaucoup. Cette année, j’ai été très gentille. Maintenant, j’aide maman à mettre la table. S‘il te plaît, pourrais-tu m’apporter une belle trottinette, une poupée, et un livre ?
Merci
Chipoune fronça les sourcils.
— Qu’est-ce que c’est, une trottinette ?
Pour le savoir, il aurait fallu qu’il aille dans l’autre bâtiment. C’était là que les lutins travaillaient dans le plus grand secret. Chipoune décida qu’il n’avait pas le temps.
Le petit renne était vraiment intrigué. Il choisit une des lettres auxquelles le Père Noël était en train de répondre.
Père Noël,
Je suis vraiment déçu. L’année dernière je ne t’ai pas vu parce que j’étais tellement fatigué que je me suis endormi. J’espère que cette année je vais te rencontrer. S’il te plaît, apporte-moi un vélo rouge et une voiture téléguidée pour jouer avec mes copains.
Je te fais de gros bisous.
Je t’aime de tout mon cœur, Père Noël,
Guillaume.
Chipoune aurait voulu pouvoir lire toutes les lettres. Le petit curieux en lut beaucoup. Au fur et à mesure qu’il découvrait les longues listes, il comprenait mieux pourquoi Noël ne se fêtait qu’une fois par an. Pour satisfaire tous ces enfants, les lutins devraient travailler dur !
Chipoune allait partir quand il découvrit un carton sur lequel était écrit :
Demandes impossibles !
Il était tard, et Chipoune hésita. Devait-il aussi lire ces lettres ? Est-ce que certains enfants ne seraient pas récompensés ? Pourtant, Chipoune connaissait le Père Noël depuis qu’il était né. C’est un homme bon et honnête. Toute sa vie était consacrée au bonheur des enfants. Un nuage de buée se forma quand il se mit à soupirer.
Tout à coup, il prit la première enveloppe, sortit un papier à carreaux. Chipoune vit alors les beaux dessins de Benjamin.
Il lut à voix haute :
— Cher Père Noël,
Je m’appelle Benjamin. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de t’écrire. Parce que je ne crois plus au père Noël depuis longtemps.
Je crois que le Père Noël est une invention. Je sais que maman rouspéterait si elle savait ça. Mais maman est morte. Je suis tout seul dans un orphelinat. C’est sûr, les copains sont sympas, mais ce n’est pas une famille. J’aimerais que tout soit comme avant, mais je sais aussi que ce n’est pas possible !
Moi, ce que je te demande, Père Noël, ce n’est pas un jouet ou de l’argent ou un voyage. Moi, ce que je te demande, Père Noël, si tu existes vraiment, c’est de me donner une nouvelle famille.
Si le jour de Noël je suis toujours dans ce dortoir, je crois que ce serait assez normal que je me dise que tu n’existes pas !
Je te donne mon adresse :
Benjamin Alastra
Orphelinat des enfants perdus
88 599 MONDAILLEUR
— C’est interdit d’être ici ! fit une voix.
Chipoune sursauta de peur. Il se retourna et vit Myrtille. Myrtille était un très jeune lutin. Ses yeux verts l’observaient avec curiosité.
— J’avais envie de voir les jouets, fit Chipoune.
— Tu n’es pas au bon endroit, fit remarquer le lutin. Viens !
En compagnie de Myrtille, le petit renne admira les dernières nouveautés. Des poupées grandeur nature chantaient des chansons à la mode. Des toupies tournoyaient en diffusant des milliers de couleurs. Des petites voitures volaient à une vitesse surprenante. Une musique de Noël résonnait partout tandis que des rires joyeux s’égrenaient. Chipoune vit les lutins s’amuser avec des jeux vidéo. De temps à autre, une main venait piocher dans les assiettes remplies de gâteaux en pain d’épice disposées sur une grande table.
— Les filles et les garçons vont être heureux, fit Myrtille.
— Pas tous !
Ces mots avaient été prononcés si doucement que Myrtille avait cru rêver. Mais le lutin vit que Chipoune avait l’air très sérieux.
— Pourquoi dis-tu une chose pareille ?
— Parce que…
— Ce n’est pas une réponse ! Allez ! je t’écoute…
Chipoune tendit la lettre au lutin qui se dépêcha de la lire.
— Où as-tu trouvé ça ?
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