2

 

Le 31 juillet, les marchands affluèrent, par la route et par le fleuve. A partir de midi on marqua les emplacements pour les étals et les baraques foraines, et les intendants de l’abbaye s’installèrent pour guider les colporteurs et les commerçants jusqu’à leur place, et lever les taxes selon la quantité de marchandises apportées. Un simple demi-penny pour une charge apportée à bras d’homme, un penny si c’était à cheval, jusqu’à deux et quatre pence pour une charrette en raison de sa taille et de sa capacité, et davantage encore pour les marchandises débarquées des péniches qui s’amarraient à la jetée temporaire de la Gaye. Sur tout le long de la première enceinte, l’air vibrait de couleurs et de mouvements, on bourdonnait, on s’agitait, on bavardait, la grange et l’écurie hors les murs de l’abbaye étaient pleines ; chiens et enfants couraient parmi les baraques et les roues charrettes en poussant des cris aigus.

La discipline conventuelle ne s’était pas relâchée, mais, entre les offices, un petit air de gaieté vacancière gagnait les hôtes. Élèves et novices pouvaient aller voir de plus près sans risque de punition. L’abbé gardait ses distances, pour préserver sa dignité ; en l’occurrence, il avait délégué ses pouvoirs aux intendants laïcs, tout en se tenant au courant de tout, et il avait envisagé les mesures à prendre en cas d’urgence. Dès qu’il apprit l’arrivée du premier commerçant flamand, dont le français était très limité, il lui dépêcha frère Mathieu qui avait passé quelques années en Flandres quand il était jeune et qui parlait couramment le flamand, au cas où il y aurait des problèmes. Si les négociants en belles draperies se présentaient, il faudrait leur accorder toutes facilités, car c’étaient des visiteurs intéressants. Le fait qu’ils entreprissent un aussi long voyage depuis les portes d’Est-Anglie montrait l’importance de la foire, puisqu’ils pensaient que cela valait la peine de louer chevaux et charrettes pour traverser tout le pays.

Il y aurait bien sûr bon nombre de Gallois, mais pour la plupart, il s’agirait de gens du cru, qui avaient un pied de chaque côté de la frontière et qui savaient assez l’anglais pour se passer d’interprète. Cadfael fut donc fort étonné de se faire encore aborder après le souper alors qu’il quittait le réfectoire, par un intendant préoccupé et hors d’haleine : on avait besoin de Cadfael à la jetée pour s’occuper d’un Gallois qui ne parlait que sa langue, un homme important, qui le savait, dont on ne se débarrasserait pas avec un Gallois qui habitait la région et qui serait peut-être son rival le lendemain.

— Vous avez l’autorisation du prieur, le temps qu’il faudra. Il s’agit d’un dénommé Rhodri ap Huw, de Mold. Il a remonté une cargaison importante de la Dee, avec partage sur la Vrny et la Severn ; ça a dû lui coûter chaud.

— Quel genre de marchandises ? demanda Cadfael, comme ils se dirigeaient ensemble vers le portail.

Tout de suite il avait été sincèrement intéressé. Rien ne pouvait lui plaire davantage qu’un bon prétexte pour fuir le bruit et l’agitation de la première enceinte.

— Je dirais des belles balles de laine, essentiellement. Et aussi du miel et de l’hydromel. Il m’a semblé voir des peaux en provenance d’Irlande, s’il fait du commerce sur la Dee. Tiens le voilà.

Solide comme un roc, Rhodri ap Huw se tenait sur la jetée de bois, près de sa péniche, et il laissait les hommes s’agiter autour de lui. Le fleuve roulait, vert et calme ; son niveau était correct pour la saison, même les bateaux nécessitant plus de tirant d’eau avaient pu circuler sans dommage et déchargeaient partout. Le Gallois surveillait, mesurant les balles des autres d’un regard aigu entre ses paupières à demi refermées, évaluant ce qu’il voyait. Il avait dans les cinquante ans ; et il semblait avoir tant d’assurance et d’expérience que son ignorance de l’anglais étonnait. Il n’était pas grand, mais puissamment bâti, et d’une ossature très galloise, comme sa chevelure et sa barbe aussi noirs que fournis. Ses habits de travail, tout simples, étaient faits d’excellent tissu et lui allaient bien. Quand il vit l’intendant qui avait manifestement exécuté ses ordres à la lettre, ses dents brillèrent joyeusement dans sa barbe sombre.

— Me voici, maître Rhodri, dit gaiement Cadfael, pour vous servir d’interprète. Je m’appelle Cadfael.

— Soyez le bienvenu, frère Cadfael, dit cordialement Rhodri.

« Vous ne m’en voudrez pas, j’espère, de vous avoir arraché à vos dévotions...»

— Au contraire, je vous en remercie. Quel dommage de manquer toute cette animation ! J’aime bien aller dans le siècle de temps en temps.

D’un coup d’oeil rapide et perspicace, l’autre l’apprécia des pieds à la tête.

— Vous venez aussi du nord, ce me semble. Je viens moi-même de Mold.

— Je suis né près de Trefriw.

— Ah, un homme de Gwynedd. Mais vous n’avez pas limité votre horizon à Trefriw, si je ne m’abuse, moi, si. Voici mes deux compagnons, prêts à décharger et faire mon portage avant que je n’envoie une partie de ma cargaison en aval, jusqu’à Bridgnorth où j’ai de l’hydromel à vendre. Si on commençait par mettre les marchandises à terre ?

L’intendant les pria de choisir un emplacement à la convenance de maître Rhodri et les laissa surveiller la manoeuvre. Les deux petits bateliers gallois de Rhodri se mirent lestement au travail, manipulant adroitement les lourdes balles de peaux et de laines ; ils connaissaient leur affaire et les empilèrent sur la jetée ; Cadfael et Rhodri leur parlèrent avec plaisir, regardant de tous leurs yeux cette agitation, tout comme la plupart des citadins et des hôtes de l’abbaye. En cette belle soirée d’été, quoi de plus agréable que de s’appuyer au parapet du pont ou de flâner sur le sentier vert longeant la Gaye, en contemplant le spectacle, l’un des plus passionnants de l’année ? Si certains bourgeois faisaient la tête et s’entretenaient à mi-voix, il n’y avait là rien d’étonnant. Tout le monde en ville avait entendu parler de la discussion de la veille et on savait que la délégation était repartie les mains vides.

— Cela vaut la peine de remarquer que les deux moitiés de l’Angleterre arrivent à s’entendre pour faire des affaires alors qu’on se bat partout ailleurs, constata Rhodri, étendant ses jambes épaisses sur les planches de la jetée. Là où il y a de l’argent à gagner, les gens se précipitent. Si le roi et les barons avaient le même bon sens, le pays serait en paix et tout le monde y gagnerait.

— Je pense pourtant que les disputes ne manqueront pas entre les marchands, répliqua sèchement Cadfael. Et pendant ces trois jours, on trouvera mille manières de se couper la gorge.

— Oui, les gens raisonnables sont tous armés ; simple bon sens. Mais nous cohabitons mieux que les princes. Je reconnais cependant que les princes savent aussi mettre les circonstances à profit. Pas de meilleur endroit que ces grandes foires pour échanger discrètement nouvelles et points de vue, pour comploter ou encore pour rencontrer quelqu’un avec qu’on ne tient pas à être vu. On n’est jamais si seul que sur une place de marché.

— Dans un pays divisé, admit Cadfael, pensif, vous pourriez bien avoir raison.

— Tiens, regardez à votre gauche, sans tourner la tête. Ce bonhomme maigre et bien vêtu, qui marche comme sur des oeufs. Il est venu pour voir ceux qui arrivent par le fleuve ! Soyez sûr que s’il est là, il a dû arriver de bonne heure, et il a déjà entièrement préparé son étal pour pouvoir observer à loisir. C’est Euan de Shotwick, le gantier, un membre important de la cour du comte Ranulf de Chester, croyez-moi.

— Pour sa compétence professionnelle ? demanda vivement Cadfael, observant avec intérêt la silhouette maigre au visage sérieux et au nez aquilin.

— Entre autres, mon frère. Euan de Shotwick est l’un des meilleurs espions du comte, et l’un des plus appréciés. S’il est venu à Shrewsbury, ce n’est peut-être pas uniquement pour affaires. Et la péniche de l’autre côté, prête à accoster, plus bas que nous... regardez son allure. Je parierais mille marcs[1] qu’elle vient de l’ouest, de Bristol, que le roi n’a pas pu prendre l’an passé, et qu’il laisse tranquille depuis.

Au-dessus de l’eau calme et verte de la Severn, qu’effleuraient les rayons argentés et obliques du crépuscule, la péniche vint se ranger le long des herbes de la rive, vers l’extrémité de la jetée. Elle était impressionnante, opulente et gracieuse, construite pour tirer à peine plus d’eau qu’un bateau deux fois plus petit, pour se manoeuvrer aisément et rester stable. Elle n’avait qu’un mât et, apparemment, une jolie cabine fermée à l’arrière ; trois hommes la tiraient vers le rivage à petits coups en attendant de l’amarrer dès qu’il y aurait de la place.

« Vingt pence », se dit Cadfael, » qu’on la décharge tout de suite ».

— Elle transporte du vin, et tient sûrement bien l’eau, signala Rhodri, les paupières plissées et le regard calculateur. Certains des meilleurs vins de France arrivent à Bristol, ils doivent vendre jusqu’ici. Je connais ce gréement.

De nombreux spectateurs, qu’ils connussent ou non le gréement ou le port d’attache, descendaient du pont pour voir arriver le bateau de Bristol. Il était assez remarquable pour mobiliser l’attention. Cadfael remarqua des visages familiers dans la foule des curieux : Pétronille, la femme d’Edric Flesher, Constance, la suivante d’Aline Beringar, se penchaient sur le parapet, un des intendants de l’abbaye oubliait ses devoirs, et regardait avec attention ; le soleil illumina soudain une courte chevelure d’un blond soutenu et un jeune homme arriva de la chaussée en courant, souplement. Il s’arrêta sur la pente herbeuse dominant la jetée pour admirer le bateau de Bristol abordant la berge, prêt à repartir. Le hobereau dont la beauté avait ébahi Mark était tout aussi curieux que les gamins qui parcouraient pieds nus et en haillons la première enceinte.

Les deux Gallois, ayant maintenant fini de décharger, attendaient les ordres, et Rhodri ap Huw n’était pas du genre à laisser aux autres le soin de ses affaires.

— Ils en ont encore pour un bon moment, dit-il. Si on allait choisir un endroit digne de mon étal, pendant qu’il reste de la place ?

Cadfael l’emmena sur la première enceinte, où se dressaient plusieurs baraques.

— Je suppose que vous préférez vous installer sur le champ de la foire aux chevaux, au carrefour de toutes les routes.

— Mes clients me trouveront, où que je sois, répondit Rhodri sans s’en faire.

Cela ne l’empêcha pas de prendre son temps pour choisir l’endroit idoine, alors même qu’ils avaient parcouru toute la première enceinte avant de parvenir au grand triangle de la foire aux chevaux. Les serviteurs de l’abbaye avaient monté quelques baraques plus élaborées qu’on pouvait fermer à clé, et qui fournissaient un abri à leurs occupants, mais elles n’étaient pas gratuites. D’autres marchands avaient apporté leurs tréteaux et un toit léger, alors que les petits marchands des campagnes transporteraient chaque matin ce qu’ils avaient à vendre, qu’ils étaleraient sur le sol sec ou une couverture tissée, remplissant tout l’espace intermédiaire. Rhodri, lui, voulait ce qu’il y avait de mieux. Il se décida pour une baraque solide près de l’écurie et de la grange de l’abbaye où tous ceux qui viendraient pour la journée pourraient mettre leurs bêtes et ne manqueraient donc pas de voir les étals voisins.

— Ce sera parfait. Un de mes gars pourra y dormir.

Le plus âgé les avait suivis ; d’un mouvement adroit, il fit glisser à terre le premier paquet qu’il portait sur l’épaule ; l’autre était resté pour veiller sur le reste. Il commença à ranger ce qu’il avait apporté, tandis que Cadfael et Rhodri revenaient vers le fleuve pour lui envoyer son camarade. En chemin ils arrêtèrent un des intendants qu’ils informèrent de l’emplacement choisi, et ils discutèrent le montant du loyer. Cadfael avait terminé sa mission pour le moment, mais continuait à s’intéresser à ce qui se passait sur la route et le fleuve, comme tous ceux qui assistent à cette scène une fois par an. Il avait du temps de reste avant Complies. C’était bon aussi de parler gallois ; l’occasion s’en présentait rarement à l’intérieur de la ville.

Ils atteignirent le point où le sentier descendait vers le bord de l’eau et assistèrent à un spectacle animé. La péniche de Bristol était à l’amarre ; trois de ses bateliers commençaient à porter des tonneaux de vin sur la jetée, tandis qu’un homme d’un certain âge, corpulent, au visage rouge, vêtu d’une longue robe à la mode, coiffé d’un capuchon transformé en une coiffe compliquée, agitait ses larges manches en faisant de grands gestes et donnait ses ordres. Il avait le visage plein mais puissant, rond et coléreux avec des sourcils épais comme épineux et des bajoues bleuâtres. Il se déplaçait vite, avec une agilité surprenante ; manifestement il ne se prenait pas pour rien et il comptait bien que les autres en fissent autant.

— C’est bien ce que je pensais ! s’écria Rhodri ap Huw, content de sa perspicacité et de ses connaissances. Thomas de Bristol, c’est ainsi qu’on le nomme. Un des plus gros importateurs de vins ; il s’occupe aussi de babioles en provenance d’Orient, de sucreries, épices, bonbons. Les Vénitiens les lui apportent de Chypre et de Syrie. C’est cher et ça rapporte ! Les dames paieront gros pour avoir ce que leurs voisins n’ont pas ! Qu’est-ce que je disais ? L’argent rassemble les gens. Qu’ils soient pour Etienne ou l’impératrice, ils se côtoient à votre foire, mon frère.

— Apparemment, constata Cadfael, c’est quelqu’un d’important à Bristol.

— Oui, et on le dit très bien vu de Robert de Gloucester, mais les affaires sont les affaires, et la peur de s’aventurer en territoire ennemi ne suffira pas à le clouer chez lui alors qu’il y a de l’argent à gagner.

Ils commençaient à descendre vers le fleuve quand ils s’aperçurent qu’un murmure d’excitation se répandait parmi les gens qui regardaient du pont et qui tournaient la tête pour fixer les portes de la ville de l’autre côté du fleuve. La lumière du soir se répandait obliquement depuis le couchant, ses ombres profondes s’étendaient sous le parapet du pont, mais au-dessus flottait une fine couche de poussière, brillant dans la lumière du crépuscule et se dirigeant vers la rive de l’abbaye. Un groupe serré de jeunes gens apparut, se frayant un chemin parmi les badauds, marchant d’un pas vif, telle une petite troupe décidée. Les autres profitaient de cette promenade par cette belle soirée ; eux avaient un but précis, ils étaient résolus et pressés, d’autant plus agressifs qu’ils craignaient peut-être de ne pas aller jusqu’au bout. Ils étaient une bonne vingtaine de garçons, tous jeunes. Cadfael en connaissait certains. Il y avait Edwy, le fils de Martin Bellecote, l’ouvrier d’Edric Flesher, ainsi que les héritiers d’une demi-douzaine des métiers les plus en vue de la ville ; à leur tête, le jeune Philippe Corvisart avançait agressivement le menton et balançait les poings au rythme de ses longues enjambées. Ils paraissaient très graves et fermés ; on les regardait, tout étonné, et on s’assembla, prudemment après leur passage, pour voir ce qui allait arriver.

— Que je sois pendu, lança Rhodri ap Huw, remarquant l’air sombre des jeunes gens maintenant à une distance respectable, s’il n’y a pas de la bagarre dans l’air. On m’a dit qu’il y avait un différend entre la ville et votre maison. Je vais aller mettre mes biens sous clé avant que les choses ne tournent mal.

Et vif, comme un écureuil, il remonta ses manches et descendit le chemin menant à la jetée pour mettre à l’abri ses précieuses jarres de miel, laissant Cadfael, tout pensif, contempler la route. Il lui semblait que l’instinct du marchand ne l’avait pas trompé. Les anciens de la ville étaient venus en ambassade et ils étaient repartis comme ils étaient venus. D’après les apparences, les fils de famille, les têtes chaudes, envisageaient des mesures plus radicales. Un bref coup d’oeil le rassura : ils n’étaient pas armés, pas même d’un bâton. Mais il y avait indiscutablement de la bagarre dans l’air, et on n’allait pas tarder à sonner la charge.

La foire de saint Pierre
titlepage.xhtml
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_000.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_001.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_002.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_003.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_004.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_005.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_006.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_007.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_008.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_009.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_010.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_011.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_012.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_013.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_014.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_015.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_016.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_017.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_018.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_019.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_020.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_021.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_022.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_023.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_024.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_025.htm
Peters,Ellis-[Cadfael-04]La foire de saint Pierre.(Saint Peter's Fair).(1981).French.ebook.AlexandriZ_split_026.htm