2

Le soleil couchant remorque à la traîne sa cape d’ornement, dessinant sur la forêt un sillage en ces tons orange qui semblent palpitants et encore incandescents. Arrimé à flanc de colline, un chalet monté sur pilotis fait face au spectacle. De loin, il ressemble à un petit brigantin perdu dans cet océan vert. Sa longue terrasse de cèdre blanc fait songer au pont supérieur d’un navire pirate avec le pilot central qui jaillit du sol et, six mètres plus haut, traverse la plate-forme comme un mât nu. Une baie vitrée en jalonne toute la longueur, dont l’une des portes est ouverte.

Les derniers pétales pourpres de la lumière y entrent tandis que la musique s’en échappe.

Les notes mélancoliques d’un piano s’élèvent, harmonieuses, soudain hésitantes. La sonate n’est pas parfaitement maîtrisée par son interprète. Il y travaille. En fait, plus que l’aspect technique c’est l’émotion qu’il recherche dans cette musique. Il y a un air de Beethoven là-dedans, ça ressemble un peu au Clair de lune.

L’homme est assis devant le Bösendorfer laqué, ses longs doigts caressant les touches avec un sens inné du rythme, il ne joue que pour lui, improvisant son monologue aérien dans un langage inconnu.

Joshua Brolin s’interrompit d’un coup, rabattit le clapet et traversa le salon silencieusement, ses pieds nus s’enfonçant dans la moquette. Frustré par son niveau technique trop en deçà de ce qu’il souhaitait pour s’exprimer pleinement. Il se servit un fond de Baileys et sortit sur la terrasse. Le cèdre, doux et chaud au contact, portait encore le baiser tiède d’un très bel après-midi.

Les ombres sourdaient lentement de la terre, se hissant dans les arbres tout autour du chalet ; sur la crête de l’horizon, le soleil ne formait plus qu’un minuscule point de couleur.

— Voilà, murmura Brolin, une nouvelle nuit.

Sa chevelure de jais s’agita un peu dans le vent, ses longues mèches courbes dissimulèrent un court instant son visage. Il était difficile de lui donner un âge, une trentaine d’années disait la surface de sa peau, ce qui était proche de la vérité, mais son regard en souffrait vingt de plus.

Sa chemise de soie noire claqua comme un drapeau corsaire dans le vent.

Quelque part dans le crépuscule se trouvait son passé. Portland, la ville où il avait été inspecteur, la cité tranquille à l’ouest, bordant la Willamette River et ses brumes étranges d’où était sorti l’impensable, presque trois ans auparavant[2]. Il but une gorgée en contemplant la forêt qui l’entourait, cette retraite qu’il avait choisie. Ici, il vivait avec sa solitude, sans le mensonge de la civilisation, cette alchimie de bonheur formaté et de communion virtuelle avec les autres. Il n’avait pas besoin de l’illusion d’autres vies pour se sentir mieux, le babil des oiseaux et le bruissement des branches suffisaient.

La démarche enthousiaste de Saphir vint le sortir de sa méditation. Le chien se posta à ses pieds, l’observant avec bonhomie. C’était un mélange de chien-loup et de labrador, un bâtard abandonné qu’il avait trouvé dans un vieil entrepôt new-yorkais cinq mois plus tôt.

Brolin vida son verre et rentra, imité par Saphir.

Depuis plusieurs mois, Brolin avait remarqué à quel point la nuit pouvait accentuer les failles, transformer les inquiétudes et les amertumes du jour en peurs et en peines véritables.

À vrai dire, il l’avait toujours su, il apprenait désormais à le craindre. Il dormait de moins en moins, mettant à profit ce temps supplémentaire pour travailler davantage. En peu de temps, il s’était forgé une très bonne réputation dans le monde des détectives privés, il s’était spécialisé dans les affaires de disparition et avait sur ce point l’une des meilleures compétences.

Sa main effleura les lattes ambrées du lambris. Il commençait à tourner en rond. Il ignora le piano – il n’en jouait presque plus la nuit, préférant l’aube et le crépuscule – ainsi que les kyrielles de livres qui s’entassaient sur plusieurs pans du salon et de la mezzanine.

Il entra finalement dans son bureau, entièrement boisé, où les poutres de la charpente couraient sur toute la longueur. Un immense attrape-rêve indien y était accroché, comme dans toutes les pièces de la maison. Cela n’avait rien à voir avec la superstition, c’était la symbolique, disait-il.

Le chalet craqua de toute part dans la fraîcheur qui accompagnait enfin la lune.

Brolin prit le dossier qui était sur le bureau, sa dernière affaire en date, l’enlèvement d’une jeune fille de dix-sept ans qui s’était révélé en fait une fugue maquillée par l’adolescente et son petit copain. Pas tout à fait ce à quoi il s’était juré de travailler sans relâche. Il jeta le dossier par terre, affaire classée.

En cherchant du regard quelque chose à quoi s’intéresser, il prit conscience de l’obscurité et alluma sa lampe de bureau.

Ordinateur portable, fax, étagères couvertes de classeurs, la pièce ne recelait aucun trésor, et surtout aucune échappatoire. Brolin hésita ; depuis quelques semaines, dans ces errances nocturnes, il nourrissait le désir de décrocher son téléphone et de composer le numéro magique.

Peut-être était-ce à force de très peu parler, de voir peu de gens, quelques flics – ses ex-collègues –, parfois Lloyd Meats, Larry Salhindro bien sûr, et d’autres, mais tous le renvoyaient à un passé qu’il préférait ne pas remuer.

C’était surtout parce qu’elle lui manquait.

Pas physiquement, pas sentimentalement, non, juste elle et ses propres blessures. Ce qui la faisait lui ressembler. Annabel. Son amie.

Ils s’étaient rencontrés à New York, en janvier dernier lors d’une enquête particulière[3] et ils s’étaient trouvés. Ils avaient le silence commun. Cette faculté à ne pas éprouver de gêne en la présence de l’autre, à se comprendre sans avoir besoin de mots ; à ses côtés, Brolin avait eu l’impression que leurs ombres pouvaient se toucher sans pour autant s’éclipser.

Près de cinq mois sans se voir.

Au début, il n’en avait ressenti qu’une forme de nostalgie, il percevait à présent l’envie.

La minute d’après il tenait le combiné dans une main et composait le numéro qu’il avait déjà si souvent tapé avant de raccrocher aussi sec. Cette fois il entendit la première sonnerie.

On décrocha à la troisième alors qu’il s’apprêtait à fuir de nouveau et à reposer le téléphone. La voix suave d’Annabel emplit l’écouteur, Brolin se remémora aussitôt les longues tresses de la jeune femme et son parfum délicat qu’il avait capté en de rares occasions.

— Annabel O’Donnel, j’écoute ?

Enfoncé dans son siège, Brolin eut un léger sourire.

— Allô ? insista-t-elle.

— Bonsoir, fit-il simplement.

Après une courte pause, Annabel demanda :

— J... Joshua ?

— Je ne dérange pas ?

— Quelle surprise... Je... Ça fait longtemps.

— C’est ce que je me suis dit. Comment vas-tu ?

Il y eut un brait de frottement, Brolin supposa qu’elle changeait de position pour être plus confortable, elle enchaîna d’un ton plus décontracté :

— Bien, Brooklyn reste Brooklyn, le quotidien ne change pas.

Il y eut un silence.

— Tu... commencèrent-ils en même temps.

Ils rirent de bon cœur, ce qui termina de délier l’atmosphère.

— Tu es à Portland ? reprit-elle.

— Oui, chez moi, un peu à l’écart de la ville. Annabel, ça fait quelques jours que je songe à venir à New York, peut-être pourrions-nous passer un peu de temps ensemble.

— Bien sûr.

Elle avait répondu dans la foulée.

La nature singulière de leur relation les fascinait tous deux. Ils n’étaient pas amants, ne l’avaient jamais été, ils étaient deux solitudes écorchées, deux voix perdues dans l’immensité et s’étaient trouvés à l’unisson. Brolin ne parvenait pas à poser de mots sur ce qu’il éprouvait pour elle, elle n’était ni une petite sœur, ni une maîtresse, juste elle.

— Je n’ai pas d’affaire en cours en ce moment, je peux avoir un billet d’avion demain ou après-demain...

Elle approuva.

— C’est parfait, j’ai des congés à prendre, ajouta-t-elle. Tu te rappelles Coney Island, notre promenade nocturne sur la plage ? On pourrait y retourner maintenant que les beaux jours reviennent. Une bière dans chaque poche, comme la dernière fois...

— Avec plaisir. Nouveau silence.

— Josh... Je suis contente de t’entendre. J’ai souvent eu envie d’appeler.

Dans la faible clarté de sa lampe de bureau, il hocha la tête. Lui aussi. Il savait également pourquoi elle ne l’avait pas fait. Ils se savaient incapables d’une relation épistolaire ou téléphonique, ce qui les unissait c’était justement leur présence, le mélange de leurs manques, côte à côte. Il l’imagina un instant, allongée comme à son habitude dans son sofa, admirant la skyline de Manhattan par la baie du salon, à quatre mille cinq cents kilomètres de là.

— Je t’appelle demain lorsque je serai à l’aéroport, fit-il, et il raccrocha.

Cela n’avait pas duré plus de deux minutes. A aucun moment avant de le formuler, il n’avait envisagé de venir à New York pour quelques jours. C’était venu comme ça, de loin à l’intérieur.

Il secoua la tête, encore amusé de la situation, puis se leva et ôta sa chemise avant d’atteindre la chambre. Il alluma une bougie et s’allongea en jean sur le lit sans quitter la flamme des yeux.

Pour une fois, la nuit n’allait pas être longue.

Il venait de sombrer dans le sommeil lorsque le son d’un moteur lui fit ouvrir les yeux. Une voiture venait de se garer devant chez lui. Il se leva. Il enfilait une chemise propre lorsqu’on frappa à la porte.

La nuit était déjà bien entamée.

Larry Salhindro se tenait sur le seuil, les yeux rouges et le teint blême.

Au lieu de son uniforme habituel de la police, il portait un haut de jogging gris sur un short avec des baskets. Depuis sept ans qu’ils se connaissaient, Brolin ne l’avait jamais vu vêtu ainsi.

— Josh... C’est mon frère... Fleitcher... Il est mort. Brolin le fixa un instant dans les yeux puis s’écarta, l’invitant à entrer.

Un mug de thé fumant posé devant lui, Larry Salhindro se tenait la tête à deux mains. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux gris et la bedaine généreuse, c’était aussi et surtout l’ancien collègue de Brolin et son ami.

— Ils l’ont trouvé hier après-midi, comme foudroyé par la peur.

Il avait dit ça entre ses doigts, à la manière d’une supplique répétée pour la énième fois. Brolin le dévisagea depuis le fauteuil opposé. Les mains potelées de son ami tremblaient dans la pénombre du salon. Salhindro n’avait ni femme ni enfant, il vivait seul, et Brolin savait que son frère était son unique famille.

— Un accident ? demanda Brolin. Salhindro inspira lentement.

— On ne sait pas. Il doit y avoir une autopsie. (Il leva les yeux vers Brolin.) Josh, je l’ai vu, il était... tétanisé par la terreur. On aurait dit qu’il était mort de peur !

Ses yeux devinrent humides et ses mâchoires se serrèrent.

— Même le médecin en était tout secoué, finit-il par articuler entre ses dents. L’autopsie sera faite aujourd’hui...

Salhindro posa une main maladroite sur sa tasse de thé.

— Je... je crois pas que je pourrai y aller...

Brolin s’avança dans son fauteuil et se pencha vers son ami.

Ils avaient partagé des heures par centaines, tous les deux, à refaire le monde comme deux adolescents ; vieux dinosaure de la police de Portland, Salhindro avait veillé sur Brolin à son arrivée, jouant le rôle du père, puis celui de l’ami. N’ayant que mère Justice pour femme, Larry avait souvent convié Joshua à des barbecues dominicaux qui s’étaient achevés dans l’herbe, sous les étoiles, à boire des bières en pestant contre la bêtise humaine.

À le voir abattu comme cela, Brolin en avait une boule douloureuse dans le ventre. Il oublia aussitôt ses projets de voyage.

— Tu vas rester ici quelques jours, lui lança-t-il, juste toi et moi dans ce coin paumé.

Salhindro prit son inspiration pour protester ; lorsque son regard croisa celui de Brolin, il s’interrompit. Les prunelles du détective privé étaient aussi tranchantes que le ton de sa voix.

— Tu vas t’installer ici le temps que tu voudras, on ira faire quelques courses et on pourra monopoliser la terrasse avec une glacière pleine et autant d’heures devant nous pour parler.

Brolin s’empressa d’ajouter sur un ton aussi calme que possible :

— Et c’est moi qui irai à l’autopsie de ton frère, je veillerai à ce que ça se passe bien.

Salhindro hocha mollement la tête. Il perçut le contact d’une main sur son bras.

Au-dessus d’eux, l’attrape-rêve se mit à tourner doucement.

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