Chapitre 13

 

 

Les ténèbres étouffantes se refermèrent sur moi comme un poing gluant de sueur. Un lampadaire projetait une flaque brillante sur le trottoir, à croire que la lumière avait fondu.

Dans ce quartier, tous les lampadaires sont des reproductions des réverbères du début du XXe siècle. Noirs et gracieux, mais pas vraiment authentiques. Comme un costume d’Halloween très réussi, bien qu’un peu trop confortable pour être réel.

Le ciel nocturne surplombait les bâtiments, mais les lampadaires maintenaient l’obscurité à distance. Je me dirigeai vers le parking de la Première Avenue. Il a toujours été difficile de se garer dans le coin, et c’est encore pire depuis que les touristes affluent à Saint Louis.

Les semelles rigides des chaussures d’Irving résonnaient sur les pavés. Oui, de vrais pavés. Ici, les rues sont conçues pour des chevaux plutôt que pour des voitures. Charmant, mais pas très pratique. Mes Nike Air, en revanche, ne faisaient aucun bruit. La plupart des lycanthropes que je connais sont la discrétion incarnée. Irving me ferait plutôt penser à un gros chien enthousiaste et maladroit.

Nous croisâmes des couples et de petits groupes d’amis qui riaient ou discutaient d’une voix un peu trop aiguë. Ils étaient venus voir des vampires. Bande d’amateurs !

J’étais prête à parier que j’avais rencontré plus de morts-vivants qu’eux tous. Au bout d’un moment, la fascination s’estompe…

La nuit était tombée. Dolph et ses gars devaient m’attendre au cimetière de Burrell. Il fallait que je les rejoigne. Qu’allais-je faire du dossier sur Gaynor ? Et d’Irving ?

Parfois, ma vie me semble un peu trop compliquée.

Une silhouette se détacha de l’ombre d’un bâtiment. Je n’aurais pas su dire si elle m’attendait ou si elle venait d’apparaître par magie. Je me figeai comme un lapin pris dans le faisceau lumineux des phares d’une voiture.

— Qu’est-ce qui cloche, Anita ? demanda Irving.

Je lui tendis le dossier, qu’il prit, l’air interloqué. Je voulais avoir les mains libres au cas où je serais forcée de dégainer mon flingue. Mais ça n’en arriverait probablement pas là. Probablement.

Jean-Claude, maître vampire de Saint Louis, avançait vers nous. Il se déplaçait comme un danseur ou comme un chat, avec un mélange de grâce et d’énergie prêtes à se transformer en une explosion de violence.

Il n’était pas très grand, à peu près un mètre soixante-dix-huit. Sa chemise d’une blancheur aveuglante était ouverte sur sa poitrine pâle. S’il ne l’avait pas rentrée dans son jean noir moulant, elle aurait flotté autour de lui comme une cape.

Ses cheveux d’un noir de jais bouclaient autour de son visage, et ses yeux étaient d’un bleu si foncé qu’ils semblaient presque noirs. Deux joyaux sombres et scintillants, pour ceux qui osaient les regarder en face.

Il s’arrêta à deux mètres de nous, assez près pour que je distingue la cicatrice en forme de croix entre ses pectoraux. La seule chose qui entachait la perfection de son corps. Pour ce que j’en avais vu !

Ma cicatrice est due à une plaisanterie minable. La sienne, à la tentative d’évasion désespérée d’une de ses victimes. Je me demandais si elle avait réussi. Jean-Claude me répondrait-il si je lui posais la question ? Peut-être. Mais si la réponse était non, je préférais ne pas l’entendre.

— Bonsoir, Jean-Claude.

— Bonsoir, ma petite.

Sa voix était douce comme de la fourrure, riche, mélodieuse et vaguement obscène.

— Ne m’appelez pas « ma petite ». Il eut un léger sourire.

— Comme tu voudras.

Il dévisagea Irving, qui détourna la tête. Il ne faut jamais regarder un vampire dans les yeux. Alors, pourquoi le faisais-je en toute impunité ?

— Qui est ton ami ? demanda Jean-Claude en appuyant sur le dernier mot, le ton menaçant.

— Irving Griswold. Il est journaliste au Post Dispatch. Il m’aide dans mes recherches.

— Ah.

Il fit le tour d’Irving en l’examinant sous toutes les coutures, comme si c’était une marchandise à vendre. Irving le surveillait nerveusement du coin de l’œil.

— Que se passe-t-il ?

— À toi de me le dire, Irving, susurra Jean-Claude.

— Fichez-lui la paix ! ordonnai-je.

— Pourquoi n’es-tu pas venue me voir, ma petite réanimatrice ?

Ça ne faisait pas une grosse amélioration par rapport à « ma petite » tout court, mais je laissai tomber.

— J’étais occupée.

De la colère passant sur son visage, j’ajoutai très vite :

— Mais je serais venue.

— Quand ?

— Demain soir.

— Ce soir.

Ce n’était pas une suggestion.

— Je ne peux pas.

— Bien sûr que si, ma petite.

Sa voix était pareille à une brise chaude soufflant dans mon esprit.

— Je vous trouve bien exigeant.

Il éclata d’un rire qui me fit penser à un parfum coûteux dont les effluves s’attardent dans une pièce longtemps après que son porteur l’a quittée. Un rire qui continua à résonner dans mes oreilles comme une musique lointaine. De tous les maîtres vampires que je connaissais, c’était celui qui avait la plus belle voix. Chacun son truc.

— Tu es vraiment exaspérante. Que vais-je faire de toi ?

— M’oublier.

J’étais sérieuse. En ce moment, c’était un de mes souhaits les plus chers.

Son visage se ferma comme si quelqu’un venait d’actionner un interrupteur.

— Trop de mes fidèles savent que tu es ma servante humaine, ma petite. Te contrôler m’aidera à consolider mon pouvoir.

Il semblait presque le regretter d’avance.

— Comment ça, me contrôler ?

Mon estomac était noué. Si Jean-Claude ne me faisait pas mourir de peur, il allait au minimum me flanquer un ulcère.

— Tu es ma servante humaine. Tu dois te comporter comme telle.

— Je ne suis pas votre servante.

— Bien sûr que si, ma petite.

— Fichez-moi la paix, Jean-Claude !

Soudain, il fut devant moi sans que je l’aie vu bouger. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je voulus reculer d’un pas, mais il me saisit le bras droit au-dessus du coude. Mauvais réflexe. J’aurais dû dégainer. J’espérais vivre assez longtemps pour que ça me serve de leçon.

— Je croyais que vous ne pouviez pas contrôler mon esprit, puisque je porte deux marques vampiriques, parvins-je à dire d’une voix normale.

Si je devais mourir, que ce soit dignement.

— Je ne peux pas t’ensorceler avec mes yeux, et il m’est plus difficile d’embrumer ton esprit. Difficile, mais pas impossible.

Ses doigts me serraient le bras. Je ne tentai pas de me dégager. Je savais qu’il pouvait me l’arracher sans le moindre effort. Je n’aurais déjà pas gagné au bras de fer contre Tommy, alors, Jean-Claude…

— C’est le nouveau maître de la ville, n’est-ce pas ? chuchota Irving.

Je l’avais presque oublié, celui-là.

Jean-Claude fronça les sourcils.

— Tu es le journaliste qui a demandé à me rencontrer.

— Oui.

Irving avait l’air résolu et je ne détectai qu’un très léger tremblement dans sa voix. Tant mieux pour lui.

— Après m’être entretenu avec cette jeune femme, je t’accorderai peut-être ton interview.

— Vraiment ? s’étonna Irving. (Il eut un large sourire.) Ce serait génial ! On fera comme vous voudrez. Je…

— Silence, siffla Jean-Claude.

Irving se tut, comme s’il était sous l’influence d’un sort.

— Irving, tu vas bien ? demandai-je.

— Oui, couina-t-il, apeuré. Mais je n’avais jamais rien senti de pareil.

Je levai les yeux vers Jean-Claude.

— Il est unique en son genre. Ses pouvoirs aussi.

— Toujours en train de plaisanter, ma petite ?

— Ça fait passer le temps. Alors, que me voulez-vous ?

— Je te trouve très courageuse, pour quelqu’un dans ta position.

— Vous n’allez pas me faire du mal en pleine rue, devant des dizaines de témoins. Vous êtes le nouveau maître, mais aussi un homme d’affaires qui tente de s’intégrer à une communauté. Ça limite votre champ d’action.

— Seulement en public, dit-il si bas que je fus la seule à l’entendre.

— Certes. Mais nous sommes d’accord : vous n’allez pas faire usage de violence ici et maintenant ! Alors, arrêtez votre cinéma et dites-moi ce que vous voulez.

Ses lèvres frémirent, esquissant l’ombre d’un sourire. Puis il me lâcha et recula.

— De la même façon, tu ne me tireras pas dessus en pleine rue sans que je t’aie provoquée.

Je trouvais qu’il m’avait déjà assez provoquée, mais j’aurais eu du mal à l’expliquer à la police.

— Je n’ai pas envie qu’on m’accuse de meurtre, dis-je.

Son sourire s’élargit, mais sans révéler ses crocs. Il fait ça mieux qu’aucun vampire vivant de ma connaissance. Un vampire vivant, ça ne serait pas un oxymoron ? Je n’en étais même plus certaine…

— Donc, nous ne nous ferons pas de mal en public, résuma-t-il.

— Probablement pas. Que voulez-vous ? Je suis déjà en retard pour mon rendez-vous.

— Tu relèves des zombies ou tu massacres des vampires ?

— Ni l’un ni l’autre.

Il me fixa, attendant que je continue. Mais je gardai le silence. Il eut un gracieux haussement d’épaules.

— Tu es ma servante humaine, Anita.

Il avait utilisé mon prénom. Ça ne pouvait signifier qu’un truc : j’allais avoir des ennuis.

— Non.

Il soupira.

— Tu portes deux de mes marques.

— Bien malgré moi.

— Tu serais morte si je n’avais pas partagé ma force avec toi[1].

— Oh, pitié ! Vous me les avez faites sans m’expliquer ni me demander mon avis. La première m’a peut-être sauvé la vie, mais la seconde n’a sauvé que la vôtre. Vous ne m’avez jamais laissé le choix.

— Deux marques de plus, et tu accéderais à l’immortalité. Tu cesserais de vieillir. Tu resterais humaine, vivante et capable de porter un crucifix ou de rentrer dans une église. Ton âme ne serait pas compromise. Alors, pourquoi luttes-tu contre moi ?

— Comment pouvez-vous savoir ce qui compromettrait ou non mon âme ? Vous avez renoncé à la vôtre depuis longtemps. Vous l’avez échangée contre l’éternité terrestre. Mais comme tous les vampires, vous pouvez encore mourir. Que deviendrez-vous alors, Jean-Claude ? Où irez-vous ? Pensez-vous que vous disparaîtrez simplement ? Non. Vous irez droit en enfer, car c’est votre place.

— Et tu crois, étant ma servante humaine, que tu m’y accompagnerais ?

— Je n’en sais rien, et je préfère ne pas le découvrir.

— En luttant contre moi, tu me fais paraître faible aux yeux de mes fidèles. Je ne peux autoriser ça. D’une façon ou d’une autre, nous devons trouver une solution.

— Fichez-moi la paix !

— Je ne peux pas. Tu es ma servante humaine, et tu dois te comporter comme telle.

— Ne me poussez pas à bout, Jean-Claude.

— Sinon, quoi ? Tu me tueras ? Tu crois que tu en serais capable ?

Je le fixai et répondis sans frémir :

— Oui.

— Je sens que tu me désires autant que je te désire. Je haussai les épaules.

— Juste une question d’hormones. Rien de plus. C’était un mensonge, et je le savais.

— Bien sûr que si. Je le lis dans tes yeux.

Une foule s’était massée autour de nous, à une distance prudente.

— Vous voulez vraiment discuter de ça en pleine rue ?

— Tu as raison. Tu me fais perdre la tête, ma petite.

— Je suis très en retard, Jean-Claude. La police m’attend.

— Nous devons finir cette conversation.

Il avait raison, même si ça ne me faisait pas plaisir de l’admettre. Difficile d’ignorer un maître vampire qui en a après vous.

— Demain soir.

— Où ?

Très aimable à lui de ne pas m’imposer une rencontre dans son antre. Je réfléchis au meilleur endroit possible. Je voulais que Charles m’accompagne à la Côtelette. Il m’avait dit qu’il voulait enquêter sur les conditions de travail des zombies dans une nouvelle salle de spectacle. Pourquoi pas là-bas ?

— Vous connaissez le Cadavre rieur ?

Jean-Claude sourit, révélant la pointe de ses crocs. Une femme hoqueta de frayeur.

— Oui.

— J’y serai à partir de 23 heures.

— Moi aussi.

Ses paroles caressaient ma peau comme une promesse. Et merde !

— Je t’attendrai dans mon bureau. Je sursautai.

— Comment ça, votre bureau ?

Son sourire se transforma en rictus, et la lueur des lampadaires se réverbéra sur ses crocs.

— Je suis le propriétaire du Cadavre rieur. Je pensais que tu le savais.

J’avais choisi l’endroit. Il était trop tard pour faire marche arrière.

— Bien reçu, dis-je sèchement. Tu viens, Irving ?

— Laisse-le rester. Il n’a pas eu son interview.

— Ne vous attaquez pas à lui, Jean-Claude.

— Je lui donnerai ce qu’il désire. Rien de plus.

Je n’aimais pas la façon dont il avait prononcé le mot « désire ».

— Que mijotez-vous ?

— Rien du tout, voyons…

— Anita, je veux rester ! intervint Irving.

— Tu ne sais pas ce que tu dis.

— Je suis journaliste. C’est mon boulot.

— Jurez-moi que vous ne lui ferez pas de mal.

— Tu as ma parole.

Le visage de Jean-Claude était dépourvu d’expression, comme si ses sourires avaient été des illusions. L’immobilité typique de la chair morte depuis longtemps. Agréable à regarder, mais aussi dénuée de vie qu’un tableau. Je fixai ses yeux vides et frissonnai.

— Tu es sûr de toi ?

— Je veux cette interview.

Je secouai la tête.

— Tu es fou.

— Non. Je suis un bon journaliste.

— Tu es fou quand même.

— Je suis assez grand pour me défendre, Anita.

Nos regards se croisèrent.

— Amuse-toi bien, dans ce cas. Tu peux me laisser le dossier ?

Il baissa les yeux vers la chemise bourrée à craquer, comme s’il avait oublié qu’il la tenait.

— Rapporte-le demain matin, ou Madeline piquera une crise.

— Pas de problème.

Je fourrai le dossier sous mon bras. Si je devais dégainer en vitesse, j’étais foutue !

Mais j’avais obtenu des informations sur Gaynor. Je connaissais le nom de sa dernière petite amie. Une femme bafouée. Peut-être accepterait-elle de me parler. Peut-être me fournirait-elle des indices. Ou peut-être me dirait-elle d’aller me faire foutre. Ça ne serait pas la première fois.

Jean-Claude me fixait de ses yeux morts. Je pris une profonde inspiration et expirai par la bouche. Ça suffisait pour ce soir.

— À demain.

Je me détournai et m’éloignai. Un touriste avait sorti un appareil photo et le braquait sur moi.

— Si je vois un flash, je vous arrache cet appareil et je le piétine, menaçai-je.

— Une petite photo ! supplia-t-il.

— Vous en avez assez vu. Dispersez-vous. Le spectacle est terminé.

Je me remis en route vers le parking. Arrivée à l’angle de la rue, je jetai un coup d’œil en arrière. Les touristes étaient toujours massés autour de Jean-Claude et d’Irving. Ils avaient raison : le spectacle n’était pas terminé.

Irving était un grand garçon, et il voulait cette interview. Qui étais-je pour jouer les baby-sitters d’un lycanthrope adulte ? Jean-Claude découvrirait-il son secret ? Si oui, cela ferait-il une différence ?

Pas mon problème ! Mon problème, c’était Harold Gaynor, Dominga Salvador et un monstre qui dévorait les bonnes gens de Saint Louis, Missouri. Qu’Irving se débrouille avec ses ennuis : j’avais assez des miens.

Anita Blake, Tome 02 : Le Cadavre Rieur
titlepage.xhtml
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_000.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_001.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_002.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_003.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_004.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_005.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_006.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_007.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_008.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_009.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_010.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_011.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_012.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_013.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_014.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_015.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_016.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_017.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_018.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_019.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_020.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_021.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_022.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_023.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_024.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_025.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_026.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_027.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_028.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_029.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_030.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_031.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_032.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_033.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_034.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_035.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_036.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_037.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_038.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_039.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_040.html
Hamilton,Laurell Kaye-[Anita Blake-02]_split_041.html