II

Ti dirige une équipe de truands ; il assiste à une évasion légale.

 

 

Puisque ses supérieurs avaient confondu « sécurité » avec « surveillance » dans l’énoncé de ses fonctions, Ti se résigna à organiser le quadrillage de sa ville au cours des déplacements de foule suscités par la décollation. Cet événement comptait au nombre des réjouissances populaires les plus prisées, la tâche s’annonçait immense.

Le barrage militaire du poste sud était presque aussi désagréable que la veille, et l’endroit tout aussi désespérant. Seule l’amabilité avec laquelle l’accueillit son premier clerc lui rendit un peu de la dignité à laquelle il pouvait prétendre.

— J’ai préparé pour Votre Excellence une entrevue avec des personnes qu’il lui faut absolument rencontrer dans l’exercice de ses nouvelles fonctions, annonça Zhang Jiawu.

Ti s’attendit à recevoir quelque personnalité de l’administration impériale, un de ses pairs venu l’assurer de sa confiance.

On introduisit dans son beau bureau de bois laqué une ribambelle de clochards, de tire-laine, de vide-goussets et de pochetrons, si nombreux qu’ils y tenaient à peine.

— Voici le nouveau directeur qui va diriger vos opérations, annonça le clerc. Vous devez lui montrer le même respect qu’à vos père et mère !

Tout le monde s’inclina comme il put malgré quelques jambes de bois, le manque d’usage et une consommation d’alcool généralisée. Ti s’y connaissait assez en individus louches pour voir qu’il avait devant lui un ramassis de traîne-savates de la pire espèce. Chacun avait un style différent, du faux éclopé au vrai voleur, en passant par les marchands des rues. Ce qui les reliait, c’était un air sournois qui aurait dû éloigner tout comploteur à dix lis[10] à la ronde.

— Sont-ce là les hommes engagés par mon prédécesseur ? demanda-t-il avec une grimace.

— Je supplie Votre Excellence de croire qu’ils ont fait depuis longtemps la preuve de leur efficacité, affirma M. Zhang.

« Oui, et on sait comment cela s’est terminé », se dit le mandarin. Le plus triste était de penser que chacun de ces personnages avait passé le barrage de l’entrée en déclarant qu’il venait voir l’honorable Ti Jen-tsie. Il comprenait mieux l’opinion qu’avaient de lui les militaires.

Le premier clerc était ennuyé de voir ses efforts mis en doute. Il fit signe à l’un de ses protégés. Celui-ci, qui avait tout du mendiant fripon comme Ti en avait mis des centaines sous les verrous, prit la parole pour déclamer sur un ton monocorde :

— Au quartier de « Paix ascendante » vit le général-duc de King-ye, ministre de la Guerre. Depuis trois mois, il délègue ses fonctions afin de passer plus de temps avec une petite femme du nom de « Lentille d’eau », dont il a acheté la virginité et qu’il entretient sur un grand pied dans le Hameau du Nord[11].

Un deuxième espion, à l’allure de ces marchands de salaisons à qui mieux valait ne rien acheter si l’on tenait à son estomac, prit la suite.

— Le prince Huang-Fu des Li prétend avoir passé les deux derniers mois dans une ville d’eaux. En réalité, il a tenu maison ouverte dans son domaine de campagne, où il a reçu tous ceux qui résistent à la coterie de l’impératrice.

Ti commença d’être surpris par l’efficacité de ces ruffians dans le domaine de l’indiscrétion scandaleuse. Il trouva tout cela fort instructif, jusqu’au moment où un troisième larron, à l’air encore plus décavé que les autres, débita son topo :

— Au quartier de « Nouvelle Splendeur » vit l’ex-vice-ministre des Travaux publics, département des eaux et forêts. Sa troisième épouse est la fille d’un poète dévoyé qui mourut sous la hache, de même que son premier mari. Ses femmes dépensent une fortune en ces colifichets qu’affectionnent les parvenus. Il loge en ce moment un Ouïgour de la religion bouddhiste, ce qui laisse penser qu’il adhère à ce mouvement subversif d’origine étrangère. Il a rapporté d’un long et obscur séjour en province la réputation d’un monte-en-l’air irrespectueux des obligations de son rang, prêt à toutes les bassesses pour mener à bien ses investigations. Hier encore, on disait de lui à la conciergerie du palais que…

Ti manqua s’étouffer. Le département des eaux et forêts était sa précédente affectation. Le premier clerc s’empressa d’interrompre la présentation.

— Votre Excellence conviendra que nos hommes connaissent leur métier, susurra-t-il.

— C’est le moins qu’on puisse dire, approuva leur nouveau chef avec un regard mauvais en direction de l’insolent en guenilles.

Ordre fut donné à ses précieux auxiliaires de rallier le lieu de l’exécution capitale. Ti leur laissa une bonne avance pour n’avoir pas à quitter la caserne en même temps que ces subordonnés crasseux, qu’il aurait préféré ne jamais avoir à côtoyer.

Comme son palanquin franchissait la porte du Sud, il dut s’écarter pour laisser le passage à une petite troupe de cavaliers empanachés qui se hâtaient vers la Cité interdite. Le ciel était parfaitement bleu au-dessus de la majestueuse muraille qui entourait la métropole des Tang.

— Quel dommage de gâcher un temps splendide par un acte aussi sinistre, dit son premier clerc, qui marchait à côté de l’équipage.

Ti était pensif depuis l’apparition de l’estafette montée.

— Qui sait ? Peut-être aurons-nous une bonne surprise ?

L’énergie négative qui se libérait au moment d’une mort violente ne devait pas souiller le sol de la cité. Aussi les exécutions avaient-elles lieu sur une esplanade hors les murs. On avait dressé une tribune à l’intention des dignitaires de première classe. Au centre du groupe se tenait le ministre de la Guerre, représentant de l’empereur, en grande tenue pourpre à ceinture d’or.

Les condamnés avaient été triés, non pas selon la gravité de leur crime, mais selon leur origine sociale. Les gens du peuple étaient passibles des tortures préalables, les nobles avaient droit à la hache, les criminels d’État seraient étranglés. Le premier clerc se pencha sur son maître pour lui désigner Nian Changbao, conformément à sa promesse de le lui présenter. Ti ne put voir sans horreur l’homme dont il avait récupéré le fauteuil presque encore chaud et dont il buvait le thé. Le directeur de la police n’avait pas grand air. Il avait les mains entravées dans le dos et n’avait pas été coiffé. Signe d’avilissement, ses cheveux en désordre étaient collés sur son front moite. On lui avait fait endosser une robe toute simple qui le rabaissait au rang de simple citoyen, terrible humiliation dans cette civilisation où le costume proclamait le statut de celui qui le portait. Il avait obtenu qu’un bonze l’accompagnât pour réciter des soutras à son oreille, ultime privilège qui devait moins à son rang perdu qu’à la protection de l’impératrice envers les moines de cette religion.

Un héraut rappela la loi : « Tout fonctionnaire qui, dans le cadre de ses fonctions, aura accepté un pot-de-vin d’au moins vingt rouleaux de soie pour détourner la loi encourra la peine de strangulation. »

— En tout état de cause, il devrait être étranglé plusieurs fois, vu la somme détournée, nota Ti.

Il était d’usage d’expédier les condamnés voués à une mort rapide avant de passer aux malchanceux qui allaient endurer la mort lente, c’est-à-dire un découpage en lanières qui pouvait durer plusieurs heures si le bourreau était habile, et ceux de Chang-an étaient les meilleurs de l’empire. Son ancienne qualité de mandarin valut à Nian Changbao de passer le premier. Il s’assit sur la paille et posa sa tête sur le billot. Le bourreau approcha, un lacet à la main.

Un silence haletant se fit dans l’assistance. Même si le supplice paraissait bien léger, ce n’était pas tous les jours qu’on voyait périr un si haut personnage. L’attention générale, parvenue à son comble, fut soudain détournée par un bruit de cavalcade. Un messager de la Cour en uniforme d’apparat fendit la foule pour parvenir jusqu’à la loge des personnalités. Il sauta de sa selle et grimpa quatre à quatre les quelques marches pour s’entretenir avec le ministre. Celui-ci haussa les sourcils, conféra quelques instants avec ses pairs, donna des instructions à l’un de ses secrétaires et quitta l’estrade pour remonter dans son véhicule chamarré.

Le secrétaire fit rouler le tambour pour réclamer le silence. Il se posta sur le devant et annonça au peuple suspendu à ses lèvres que la guerre contre les sauvages des montagnes de l’Ouest était gagnée. La nouvelle fit sensation. Cela signifiait que les échanges avec les barbares allaient reprendre au meilleur prix, ce qui était synonyme d’emploi pour les plus pauvres et de bénéfices pour les autres. « Voilà la preuve que les dieux sont en parfait accord avec le gouvernement du Grand Dragon », déclara le second du ministre. Il donna le coup d’envoi de réjouissances qui dureraient plusieurs jours, avec distribution de nourriture aux frais de la Couronne, afin que tout le monde partageât la joie publique. Leurs Majestés étaient déjà en route pour apporter en personne leur offrande aux divinités, l’empereur au sanctuaire du dieu de la Guerre et son épouse à la pagode du Bouddha. La perfection n’étant pas de ce monde, les badauds étaient en revanche privés d’exécution : on ne pouvait laisser la mort ternir un jour glorieux.

Les condamnés furent emmenés, la foule commença à se disperser et Ti rentra à la caserne. Une circulaire lui confirma bientôt la nouvelle : les armées impériales avaient remporté une victoire éclair sur les insurgés. Les oasis avaient été reprises et la route de la Soie rouverte pour le bien de l’État. Afin de marquer ce jour d’une pierre blanche, l’empereur accordait son pardon à un millier de détenus selon le principe du « Grand Acte de grâce », Ti demanda si « l’ignoble Nian Changbao » était parmi eux.

— L’honorable Nian Changbao a cette chance, en effet, dit le premier clerc.

Son ancien patron venait de recouvrer une part de sa dignité. Le mandarin espéra qu’on n’allait pas lui rendre son poste par la même occasion, bien qu’il se vît chaque jour plus enclin à lui abandonner ce métier d’espion en chef.

Ti ne fut pas invité à faire partie des maîtres du pays qui paraderaient lors de la cérémonie de grâce. Pas question cependant d’aller chasser le lapin dans les prairies de la région. Comme le lui dit Zhang Jiawu : « Nous en profiterons pour surveiller un peu l’état de l’opinion. »

L’opinion ne devait pas être trop hostile, en cette période de fête populaire. Pour se donner moins l’air d’un vigile en chef, Ti décida d’emmener avec lui ses trois épouses, en palanquin.

La porte monumentale de l’Oiseau-Pourpre fermait la Cité interdite au sud. Dès l’aube, les dignitaires en robe de cour s’alignèrent le long de l’avenue, officiers à droite, mandarins à gauche, en robe pourpre, lavande ou verte selon leur catégorie. Entre les deux se bousculaient les citadins à pied, en voiture ou montés sur des chevaux frappant le pavé de leurs sabots.

La muraille rouge était parée de banderoles proclamant la liesse générale. La grâce impériale allait répercuter la bénédiction céleste qui s’était étendue sur l’empire. Le devoir de compassion réaffirmait l’unité du Ciel et de la terre. Il permettait par ailleurs de désengorger les prisons et de montrer que la volonté du Dragon s’imposait à la justice elle-même.

La porte de la Cité interdite s’ouvrit en grand. Les dames Ti écartèrent les rideaux de leur litière pour profiter du spectacle. En tête du cortège, un bataillon disposé en carré avançait en brandissant des étendards. Il précédait le palanquin ouvert où se tenait le Fils du Ciel, en robe jaune, couleur de l’immortalité, couleur divine, couleur de celui qui siégeait au centre de la terre comme le soleil au centre du ciel.

— Sa Majesté est très majestueuse, aujourd’hui, remarqua madame Troisième.

Le monarque était assis en tailleur sur un plateau carré soutenu par seize eunuques en robe grise. Au-dessus de lui, un mât, brandi à bout de bras par deux serviteurs, supportait un dais rond à longues franges. Les prêtres, munis de lanternes à sa gloire, lui faisaient une haie d’honneur doublée par deux rangées de gardes armés de lances. La tête de l’empereur était surmontée d’un haut couvre-chef d’où pendaient deux rubans rouges et, sur le devant, un rideau de perles dissimulant ses traits.

— On pourrait croire qu’il s’est fait remplacer : n’importe qui peut se cacher sous ces perles, remarqua madame Deuxième.

— S’il avait envoyé un sosie, il l’aurait pris en meilleure forme, dit la Première.

Au moment où le souverain rejoignit l’avenue triomphale, le personnel du palais se mit à scander « Longue vie à Sa Majesté ! » d’une voix puissante. Les gens du peuple venus à pied s’agenouillèrent pour le ko-téou, triple prosternation qui s’effectuait en touchant le sol de son front en signe de respect et de gratitude. Un ordre bref les autorisa à se relever.

Apparut alors la voiture de la Grande Épouse impériale, toute de soieries bleu et or, avec huit fenêtres tendues d’étoffes pourpres. Le toit et les roues étaient peints en vermillon. On avait garni les côtés de plumes de faisan, symbole des reines de Chine. Le harnachement des chevaux brillait de mille feux. Elle était précédée de porte-étendards et de cavaliers en uniforme de cérémonie. Les esprits fins ne purent manquer de noter que l’empereur était en quelque sorte arrivé à pied, tandis que sa chère moitié, sous prétexte de se cacher de leurs sujets, circulait en char attelé.

Le vice-ministre en charge des prisons amena solennellement les détenus aux mains liées. A leur approche, les tambours commencèrent à frapper un millier de coups, un pour chacun, si bien que la place ne résonna plus que de ce bruit. Les graciés rejoignirent la place qui leur avait été attribuée et se tournèrent vers leur monarque, devant qui ils s’aplatirent, semblables à un immense tapis de mille corps.

Devant la porte de l’Oiseau-Pourpre se dressait un mât surmonté d’une petite plateforme d’où pendaient des cordes écarlates. Le mât soutenait le Poulet doré, une statue dotée d’une tête en or, dont le bec tenait une bannière en soie. De jeunes acrobates de l’École impériale des arts du spectacle saisirent les cordes pour y grimper. Le premier à atteindre la plateforme s’empara de la bannière, qu’il rapporta en bas pour y recevoir le titre envié d’« Aliment de Poulet », ainsi qu’une prime versée sous forme de grain.

Un mandarin se détacha du groupe des officiels pour lire à haute voix le « Grand Acte de grâce ». Que leurs crimes soient légers ou lourds, qu’ils leur vaillent la peine capitale ou non, qu’ils aient été découverts ou soient encore ignorés, jugés ou en attente de procès, les prisonniers présents étaient tous amnistiés et pardonnés.

Dès que les derniers mots de l’édit eurent résonné sur la place, les gardes ôtèrent les fers qui entravaient leurs prisonniers. Ceux-ci se mêlèrent à la foule et s’égaillèrent dans les rues adjacentes.

— Paix et prospérité, dit madame Deuxième. Ce sont des jours comme celui-ci que l’on mesure la grandeur inégalée de notre empire.

Ti chercha des yeux le bonnet de son prédécesseur, mais celui-ci n’est déjà plus visible. En tant que citoyen, il était enchanté de voir son gouvernement faire preuve de mansuétude. En tant que magistrat, il espéra ne pas avoir à regretter ces largesses.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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