Chapitre 8

 

Bones arriva à 0h10. Je sortis et regardai Cooper manœuvrer l’hélicoptère pour le faire atterrir. Bones en émergea le premier, suivi de ma mère, de Rodney et de Cooper. Ce dernier avait une allure franchement fantomatique, mais ma mère semblait presque blasée.

— C’était très instructif, fit-elle en guise de premiers mots. Catherine, tu ne m’avais jamais dit qu’on pouvait couper les membres d’un vampire autant de fois qu’on voulait mais qu’ils repoussaient toujours.

Charmant.

— Pas la peine de te demander si tu t’es bien amusée, marmonnai-je. Au moins, maintenant, je sais quoi t’offrir à Noël.

Elle fronça les sourcils.

— Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tu fasses la maligne ? Enfin… Je suis fatiguée, j’ai juste envie d’aller me coucher.

Je tendis le bras.

— Les quartiers privés sont par là.

Elle promena un regard peu enthousiaste autour d’elle.

— Je ne me rappelle que trop bien les casernes où nous devions loger quand tu as commencé à travailler pour Don. Autant dormir dans un cercueil, et comme je ne suis pas un vampire je vais décliner l’invitation.

— Maman, dis-je en serrant les dents. Ce n’est que temporaire. On te trouvera bientôt un nouveau logement. Je te proposerais bien de venir chez nous, mais ça ne résoudrait pas ton problème d’allergie aux vampires.

— Je peux trouver un hôtel, insista-t-elle.

— En donnant le nom sous lequel Max t’a trouvée ? rétorquai-je. Non. Don va te fournir une nouvelle identité et une nouvelle maison, mais en attendant…

— Elle peut habiter chez moi.

La proposition ne venait pas de Cooper. Non, ce dernier avait gardé les yeux rivés au sol pendant cet échange. Bones leva les sourcils, surpris.

Rodney haussa les épaules.

— Je possède une maison à deux heures de voiture d’ici. Comme je voyage beaucoup, je n’y habite pas souvent ; elle y serait en sécurité jusqu’à ce que ton oncle lui trouve autre chose, Cat.

Je soupirai.

— Rodney, merci pour ton offre, mais…

— Vous n’y conservez pas de morceaux de cadavres, j’espère ? m’interrompit ma mère. Je n’ai pas envie de tomber sur une tête coupée en ouvrant le réfrigérateur.

Rodney éclata de rire.

— Non, Justina, ce n’est pas la planque de Jeffrey Dahmer[4].

Elle étudia attentivement l’extérieur du bâtiment, puis reporta ses yeux sur Rodney.

— Si je dois choisir entre une caserne où est enfermé un jeune vampire affamé et la demeure d’une goule, je choisis la seconde option. Catherine, je suis sûre que l’un de tes soldats peut m’y conduire ?

Elle partit en direction de la caserne, suivie de Rodney. Un mort en sursis, me dis-je, et cela n’avait rien à voir avec sa nature de goule.

Bones les regarda s’éloigner puis se tourna vers moi.

— Cette femme est effrayante.

Je ricanai.

— C’est ce que je me suis dit toute ma vie.

Bones me regarda avec circonspection. Il se demandait certainement si j’allais me remettre à râler à propos de la manière dont il m’avait traitée, mais ce n’était pas mon intention. Bien que je ne sois toujours pas d’accord avec les raisons qu’il avait invoquées, les remontrances d’Annette avaient fait leur effet. Ma relation avec Bones comptait infiniment plus à mes yeux que ma fierté froissée. Je devais régler ce problème avec lui, et ni la fuite ni les pleurnicheries n’étaient des solutions viables ?

Pourtant, je me sentais mal à l’aise, indécise quant à ce que je devais faire. Je ne l’avais pas réellement salué. En temps normal, je l’aurais embrassé, mais cela me semblait inapproprié. Je choisis donc de fourrer les mains dans mes poches et de me balancer maladroitement d’un pied sur l’autre.

— Alors…, commençai-je, avant de laisser ma phrase en suspens.

Bones m’adressa un sourire ironique.

— C’est mieux que « fiche le camp », en tout cas.

— Je comprends pourquoi tu as agi comme tu l’as fait, mais il faut qu’on trouve le moyen de régler ce genre de choses, dis-je avec précipitation. Je veux parler de cette manie qu’on a, toi et moi, de vouloir décider pour l’autre de ce qu’il est capable ou pas de supporter. Il y a quelques années, je ne pensais pas que tu t’en sortirais avec Don et ma mère, c’est pourquoi je suis partie, mais j’aurais dû te laisser en décider par toi-même. Tout comme tu aurais dû me laisser décider ce coup-ci.

Bones émit un ricanement incrédule.

— Tu mets sur le même plan mon absence d’une seule nuit et les quatre ans et quelques durant lesquels tu as disparu ?

Je sentis mon visage rougir.

— En fait, non… euh, ce que je veux dire, c’est que le principe est le même, bégayai-je. C’était une erreur stupide, et je peux t’affirmer que je n’ai jamais rien regretté autant que cette décision. Mais ce soir, tu ne m’as pas laissé le choix, Bones.

Je m’arrêtai pour inspirer profondément, en espérant que mes yeux exprimaient mieux que mes mots ce que je ressentais.

— Si tu m’avais seulement demandé de ne pas y aller, pour les mêmes raisons qui t’ont poussé à me l’ordonner, cela ne m’aurait posé aucun problème. J’aurais quand même considéré que tu étais paranoïaque, mais au moins je n’aurais pas eu l’impression que tu me la jouais « moi, grand méchant vampire ; toi, petite fille naïve ».

Bones me jeta un regard agacé.

— Comment peux-tu penser que je te considère comme une petite fille naïve ?

Il se mit à faire les cent pas. Je l’observai sans dire un mot.

— Je suis las d’être la raison pour laquelle tu dois être forte, dit-il, les pupilles cernées de vert. À cause de moi, tu as accepté il y a des années de servir d’appât pour ferrer une organisation de traite des Blanches. Tu as dû défoncer une maison au volant d’une voiture pour sauver ta mère, alors que tu étais encore couverte du sang de tes grands-parents. Tu as accepté de travailler pour Don, ce qui t’a valu de frôler la mort un nombre incalculable de fois. Et tout cela à cause de moi.

Il cessa ses allées et venues pour s’approcher de moi et il me saisit par les épaules.

— J’en ai plus qu’assez de te voir contrainte de prouver ta force pour moi, et c’est pour cela que je ne voulais pas que tu recommences avec Max. Tu ne peux pas comprendre ça ?

Je posai mes mains sur les siennes.

— Si. Mais tu ne m’as pas forcée à faire toutes ces choses, Bones. Même si je ne t’avais jamais rencontré, je traquerais quand même des vampires, et je devrais toujours en assumer les conséquences.

Il garda le silence un long moment, son regard dur et pénétrant plongé dans le mien. Finalement, il hocha brièvement la tête.

— Très bien, ma belle. La prochaine fois, je te laisserai le choix, je ne prendrai pas la décision à ta place.

Je serrai ses mains dans les miennes.

— Moi aussi, je te promets de ne plus rien décider pour toi.

Il afficha un rictus.

— On dirait que je vais être le premier à pouvoir tenir parole. La situation a évolué. Max nous a donné le nom du type qui lui a vendu le missile qu’il comptait utiliser sur ta voiture.

— Tu sais où le trouver ?

— Oui.

L’idée de rencontrer cette personne m’emplit d’une détermination froide.

— Je t’accompagne.

L’expression de Bones m’indiqua que c’était exactement la réponse qu’il attendait.

— Demain.

C’était la troisième fois que je me rendais au Canada. J’y étais déjà allée en mission pour Don, mais j’espérais bien un jour pouvoir visiter les chutes du Niagara en simple touriste, sans avoir à tuer personne.

J’étais assise dans un van avec mes compagnons. Dave était à huit cents mètres de là, en train de négocier la vente de trois cents missiles sol-air, de cinq cents grenades et de trois explosifs haute puissance. Il était en première ligne, car Bones était beaucoup trop reconnaissable. Grâce à sa longue carrière militaire, Dave pouvait parler avec les plus grands vendeurs d’armes du marché noir sur un pied d’égalité. À cet instant précis, ils étaient en train de discuter de la qualité du plastique nécessaire pour faire exploser une voiture.

Le silence régnait dans le van. Nous pouvions tous entendre chaque mot qu’ils prononçaient, ce qui signifiait que si des morts-vivants étaient dans les parages et tendaient l’oreille dans notre direction, ils pouvaient en faire autant avec nous. Cooper et Juan vérifièrent une nouvelle fois leurs mitrailleuses, chargées de balles en argent. Ces munitions modifiées étaient inefficaces contre une goule, mais elles avaient de quoi gâcher la journée d’un vampire. Si nous étions peu nombreux, c’était pour une bonne raison. De cette manière, nous courions moins de risques de nous faire repérer.

Spade était là, occupé à se curer les ongles pour passer le temps. Il ne portait pas d’arme. Les Maîtres vampires comme lui et Bones n’en avaient pas besoin, car ils étaient eux-mêmes des armes. Des armes mortelles.

Le gilet pare-balles modifié que je portais sous mes vêtements m’irritait la peau. C’était le dernier cri, un vêtement fin et flexible qui couvrait tous les organes vitaux et ressemblait à une sorte de justaucorps médiéval. Bien sûr, il ne protégerait pas ma tête des balles, mais le reste de mon corps était paré. Cooper et Juan étaient équipés de la même tenue. Elle offrait une bien plus grande facilité de mouvement que les anciens gilets pare-balles, très encombrants.

— … question que je te donne le moindre centime, ce n’est pas le produit sur lequel on s’était mis d’accord, disait Dave. Qu’est-ce que je suis censé faire, retourner voir mon client et lui expliquer qu’il y a une chance sur deux que le déclencheur marche, et qu’une petite prière à Allah serait la bienvenue ? Vous n’êtes que des amateurs. Il y a tellement de merdes sur le marché ces temps-ci que je ne vois pas pourquoi je perds mon temps avec la camelote que tu veux me refourguer à des prix de tableaux de maître, alors va te faire foutre et bonne journée.

Il devait avoir commencé à s’éloigner, car on entendit des pas précipités derrière lui.

— Attends, on peut peut-être discuter…, commença nerveusement le négociateur avant d’être interrompu par un rire.

Bones se raidit à côté de moi, et Spade se redressa. Ce devait être notre cible.

— Harrison, je prends le relais, dit le nouveau venu d’une voix calme.

Nous ouvrîmes la porte coulissante du van et nous glissâmes à l’extérieur. Spade et Bones passèrent les premiers, leur absence de pouls faisant d’eux des cibles moins facilement repérables. Le reste du groupe suivrait une fois l’attaque déclenchée. Rien ne valait l’effet de surprise pour réussir son coup.

— Vous êtes qui ? demanda Dave d’un ton agacé. Encore un sous-fifre ?

— Je m’appelle Domino, et, pour votre information, je suis le chef, répondit-il d’une voix glaciale. Excusez l’échantillon de matériel. C’était un test. Il nous arrive de croiser des agents infiltrés qui se font passer pour des acheteurs, mais ils ne savent pas faire la différence entre une bombe et un panier en osier. Vous, de toute évidence, vous savez de quoi vous parlez. En revanche, moi, je n’ai jamais entendu parler de vous.

Il avait prononcé cette dernière phrase d’une voix encore plus glaciale, et ouvertement soupçonneuse. Dave grogna.

— Vous avez déjà vu beaucoup d’agents infiltrés dénués de pouls venir fourrer le nez dans vos affaires ? Aux dernières nouvelles, l’école de police n’accepte pas les candidats morts-vivants.

— Oui, mais il y a un début à tout, n’est-ce pas ? Bon, je n’ai pas que ça à faire. Logan, sors les autres caisses. Il est temps d’en finir avec cette af…

Domino s’était interrompu juste avant l’explosion. Il avait dû la sentir arriver avant que les deux bombes qui avaient été jetées dans l’entrepôt se déclenchent. Le staccato des coups de feu qui s’éleva en même temps que les cris m’informa qu’il y avait plus de personnes que prévu à l’intérieur.

Juan, Cooper et moi fonçâmes vers les structures dévorées par les flammes qui illuminaient la nuit. Nous ripostâmes aux coups de feu en gardant la tête baissée. Dans l’obscurité, j’aperçus des défenseurs humains et morts-vivants qui ne comprenaient pas pourquoi tant de cadavres jonchaient le sol. Utilisées dans le noir, nos mitrailleuses offraient deux avantages. Elles focalisaient l’attention des gardes sur nous pendant que Spade et Bones faisaient des ravages, et nous permettaient également de faire plusieurs victimes supplémentaires. Au beau milieu de la mêlée, Dave avait deux missions prioritaires à remplir : empêcher Domino de se faire tuer ou de s’échapper.

Un large sourire carnassier aux lèvres, Juan proféra en espagnol des railleries que je ne compris pas alors que nous percions leur défense. Cooper était plus calme, voire méthodique tandis qu’il abattait ses cibles avec une précision remarquable. Il arborait un petit rictus, signe qu’il était au comble de la jubilation.

Une fois que je fus suffisamment proche, j’abandonnai ma mitrailleuse au profit de mes couteaux, mes armes de prédilection. Les lames jaillirent presque aussi vite que des balles en direction de la vingtaine de combattants encore debout. Les humains étaient faciles à éliminer. Ils portaient les mains à leur poitrine à mesure que les couteaux faisaient mouche.

Quelqu’un m’attaqua par-derrière en sautant sur moi et me fit tomber. Je luttai contre l’inconnu en éloignant ses canines avides de mon cou. Le vampire eut un regard incrédule, puis ses traits commencèrent à se flétrir lorsque je lui enfonçai une dague dans le cœur. Je repoussai son cadavre et me retournai rapidement pour faire face à mon adversaire suivant.

C’était un humain qui s’apprêtait à me tirer dessus à bout portant. J’évitai ses balles en exécutant une roue, et me délectai de son expression interloquée lorsqu’il s’aperçut qu’aucune d’entre elles ne m’avait touchée. Je lui arrachai son arme des mains et la retournai contre lui. Quelques courtes rafales plus tard, il s’écroulait sur le sol, mort.

Les trois vampires suivants étaient moins âgés et moins puissants. Je m’occupai d’eux à l’aide de mes couteaux tandis que Juan et Cooper vidaient leurs chargeurs sur ce qui restait de nos adversaires affolés. Les hommes de Domino tiraient sur tout et n’importe quoi, y compris sur leurs collègues, alors que notre attaque se poursuivait. J’entendis de nouvelles sentences de mort, des jurons étouffés, des efforts inutiles pour fuir. Du coin de l’œil, j’aperçus Dave qui coinçait le corps de Domino sous le sien, une lame en argent près du cœur du vampire.

Le temps d’un instant, son regard vert incrédule croisa le mien, puis la compréhension lui fit écarquiller les yeux et il commença à se débattre plus fort.

Dave lui cogna la tête contre le trottoir avec assez de force pour lui fracturer le crâne. Il n’allait pas en mourir, mais il lui faudrait un certain temps pour s’en remettre.

Peu après, les choses se calmèrent. On fit taire les blessés avant même qu’ils aient crié tout leur saoul. Je regardai aux alentours et ne vis plus qu’une résistance minimale, car les survivants commençaient à se rendre. Fixé à ma jambe, au milieu de mon arsenal, se trouvait un téléphone portable. J’appelai Don pour lui demander de contenir la police qui avait certainement dû être alertée par les explosions. Plusieurs membres de mon équipe attendaient mon appel quinze kilomètres plus loin. Ils retiendraient les autorités canadiennes pendant que nous en terminions ici.

Je sentis un souffle soudain au-dessus de moi. Je m’apprêtais à lancer les couteaux que je tenais encore à la main quand je vis Bones tomber littéralement du ciel. Il me regarda, certainement pour s’assurer que je n’étais pas blessée, puis tourna les yeux vers le vampire que Dave ceinturait.

— Tiens, bonjour, Domino. Tu sais qui je suis ?

Bones fit signe à Dave de laisser Domino se relever. Spade apparut, couvert de taches rouges, et saisit Domino d’une poigne d’acier. Juan et Dave rassemblèrent les rares survivants.

Domino lança un regard furieux à Bones.

— Non. Qu’est-ce que ça veut dire, tout ça ?

C’était un mensonge éhonté. Domino savait. Il ne cessait de me jeter des coups d’œil.

Bones sourit.

— Ah, génial. Il va falloir que je te cogne dessus pour que tu craches la vérité ? C’est ma méthode favorite.

Malgré mon habitude, la soudaineté de son mouvement me surprit. En une fraction de seconde, Bones arracha les jambes de Domino, qui lui restèrent dans les mains. Beurk.

La repousse des nouveaux membres était douloureuse. Enfin, c’était ce qu’on m’avait dit. À entendre les hurlements de Domino, ce devait être vrai.

— Tu ne vois toujours pas qui je suis, mon pote ? Allez, dis-moi encore un mensonge, juste pour voir où ça te mène.

— Arrête ! cria Domino. Je sais qui tu es, mais je ne savais pas à quoi servirait le missile. Par Caïn, je te jure que je ne savais pas !

Bones leva un sourcil.

— Si ce n’est pas Max qui t’a payé, alors c’est qui ?

Domino regarda ses jambes arrachées, sur le sol devant lui, avec un mélange de dégoût et de fascination.

— Promets-moi que tu ne me tueras pas et je te dirai tout.

— Ce ne serait pas dans ton intérêt, fit Bones à voix basse. (Il se pencha jusqu’à ce que son visage ne soit plus qu’à quelques centimètres de celui de Domino.) Si je te laisse en vie, tu le regretteras. Je peux aussi te tuer ici même. Ce serait beaucoup plus simple comme ça. Tu vois, je te crois quand tu dis que tu ne savais pas à quoi servirait le missile. C’est pour cela que je te laisse le choix, mais, quelle que soit ta décision, je t’assure que tu me diras tout ce que tu sais.

J’observai le visage de Domino : j’y lus d’abord la dénégation puis l’espoir, le désespoir, et enfin une résignation amère.

— L’argent a été versé par virement, mais je ne sais pas par qui, finit-il par répondre, la voix blanche. Max avait reçu un numéro de compte où le transférer, mais il ne l’a pas fait lui-même. Je le sais, parce qu’il n’arrêtait pas de m’appeler pour savoir si l’argent était arrivé. Ça a pris quelques jours, il a fini par s’impatienter et a parlé d’une date butoir.

— Revenons au virement bancaire, dit Bones. Tu vas me donner tous les numéros de compte, ainsi que les endroits où tu stockes le reste de ta marchandise. Dépêche-toi. J’ai pas envie de passer la nuit ici.

Domino tenta de se dégager de l’étreinte de Spade, mais ce dernier était trop fort.

— Pourquoi tu les veux tous ? Prends le compte qui a reçu le virement, et laisse les autres !

Bones émit un petit rire qui n’avait rien de plaisant.

— Je les veux parce qu’en plus de ta vie je vais te prendre jusqu’au dernier centime. Ça servira de leçon à ceux qui seraient tentés de me contrarier. Bon, t’as besoin d’une motivation supplémentaire ?

Domino jura tout en commençant à énumérer des numéros, des lieux, des banques, des actions, des investissements, des codes de coffres-forts, et tout ce qui se cachait sous sa fortune colossale. Bones prit des notes, ne l’interrompant que pour l’interroger plus en détail sur certains points. Une fois qu’il eut terminé, Domino regarda dans le vide.

Bones posa les mains de chaque côté de la tête du prisonnier avec une douceur qui était en totale contradiction avec ce qu’il s’apprêtait à faire.

— Écoute-moi, mon pote, si tu as omis quelque chose, ou que tu m’as menti, tu ne seras plus là quand je m’en rendrai compte. Mais tu as un fils. Il est trafiquant de drogue, n’est-ce pas ? Il sera tout à fait à ma portée, et je n’aurai aucun remords à passer ma colère sur lui, histoire de m’assurer que le prochain blaireau dans ton genre à qui je ferai une offre honnête n’essaiera pas de me doubler. Je te pose la question une dernière fois : t’es sûr que t’as rien oublié ?

— J’ai toujours entendu dire que tu étais un enfoiré de première, fit Domino d’une voix terne. Tout mon travail réduit à néant… Il ne restera rien à mon fils.

Bones resserra ses mains pâles autour de la tête de Domino.

— Il lui restera la vie. À moins qu’il soit impliqué dans cette affaire ou qu’il cherche à se venger de moi, je le laisserai en paix. C’est ta dernière chance.

Domino dut prendre la menace au sérieux, car il révéla trois autres numéros de compte, d’un ton monotone et résigné. Le métier de marchand d’armes payait bien. Entre l’argent et la marchandise illégale, Bones venait de gagner des millions. Rien d’étonnant à ce que mon salaire le fasse rire.

— Tu as fait le bon choix, commenta-t-il une fois l’énumération de Domino terminée. Si tu t’es montré sincère, ton fils n’aura rien à craindre de moi ou des miens. Une dernière parole ?

— T’es vraiment un sale con.

Bones haussa les épaules.

— Il paraît, oui.

Deux torsions plus tard, c’était terminé. Je détournai les yeux de la tête qui roula au sol, près du reste du corps de Domino.

Froid comme une Tombe
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