Qu'est-ce qu'un Huissier.—Des Huissiers Grecs et Romains.—Des Sergens.—Droits et prérogatives d'iceux.—Petites anecdotes qui démontrent les avantages attachés à la charge d'Huissier ou de Sergent.—Refuges et inviolabilité.—Conséquences.

«Hé! ne devrait-on pas à des signes certains,
Reconnaître le cœur des perfides humains!»

C'est ce que Racine nous souhaite dans ces deux vers relativement à la reconnaissance des huissiers. Car tant que le soleil est sur l'horizon, tremblez malheureux consommateurs qui vivez sans principes, ou plutôt qui n'en avez pas du tout; à la faveur de l'astre éclatant, bien que le soleil luise pour tout le monde, les huissiers ont droit de vous arrêter ou de vous faire arrêter, ce qui est à peu près la même chose, excepté cependant les dimanches et fêtes chômées par l'église.

Mais, me direz-vous, qu'est-ce dont qu'un huissier?..... Je vais vous le dire.

Un huissier est une espèce de ministre de la justice, habillé comme vous et moi, qui fait tous les exploits nécessaires pour contraindre les parties tant au jugement qu'à l'exécution de toutes commissions, droits et ordonnances émanés de juges légaux.

Les huissiers ont été ainsi nommés parce que ce sont eux qui gardent l'huis ou porte du tribunal. Le principal objet de cette fonction est de tenir la porte close lorsque l'on délibère au tribunal, et d'empêcher qu'aucun étranger n'y entre sans permission du président, d'empêcher même que l'on écoute auprès du lieu où se tient la délibération, qui doit être tenue secrète; de faire entrer ceux qui sont mandés au tribunal; d'en expulser ceux qui troublent les séances, en un mot, d'agir en tout selon la volonté du président.

Chez les Romains, ceux qui faisaient les fonctions d'huissiers étaient appelés apparitores, cohortales, executores, hatores, cornicularii, officiales. Ils remplissaient en même temps les fonctions de ce qu'on appelait encore, avant la révolution, des sergens.

En France, on les appela des serviantes, d'où l'on a fait sergens. On les appelait encore, aux XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles, des bedels ou bedeaux, ce qui, dans cette occasion, signifiait semonceurs publics.

En 1317, ceux qui faisaient le service au parlement étaient appelés vateli curiæ; mais dans une lettre du 2 janvier 1365, le roi les appela nos amés varlets. Au reste, on sait que le terme de varlet ne signifiait pas comme aujourd'hui valet, des fonctions viles et abjectes, puisque les plus puissans vassaux, tels que les comtes, les ducs et les barons se qualifiaient eux-mêmes du titre de premier varlet du roi, quoiqu'ils fussent bien loin de se considérer comme très-humbles serviteurs de Sa Majesté. Du reste, les places d'huissiers au parlement étaient regardées comme des charges, et s'achetaient à cause des gages et des émolumens qui étaient attachés à cette place.

Le nom d'huissier fut donc donné à ceux qui étaient chargés de la garde des portes des tribunaux. On en trouve un exemple pour ceux du parlement, dans un mandement de l'archevêque de Paris, en 1388, adressé: primo parlementi nostri hostiario seu servienti nostro.

Plus tard, la plupart des sergens (que l'on appelait aussi avant la révolution des pousse-culs), ambitionnèrent le titre d'huissier, quoiqu'ils ne fissent nullement de service auprès des juges ni des tribunaux; de sorte que les premiers furent appelés huissiers audienciers, pour les distinguer des autres huissiers, qui, dans le fait, n'étaient de droit que des sergens ou pousse-culs.

Il était défendu aux huissiers, même du parlement, de se qualifier de maître; ce titre n'était alors réservé qu'aux magistrats; mais depuis que ceux-ci se sont fait appeler monsieur, monseigneur, sa grâce, sa seigneurie, les huissiers se sont attribué le titre de maître.

Ils doivent marcher devant les membres du tribunal assemblés, afin de leur faire porter honneur et respect, et empêcher qu'on ne les arrête dans leur passage; faire faire silence au commencement de l'audience, et frapper de leur baguette pour faire tenir le public en repos et à sa place.

C'est un huissier qui appelle les causes à l'audience, d'après le rôle qui lui est remis. Il doit toujours être couvert en remplissant ses fonctions. Les anciennes ordonnances leur défendaient, sous peine de blâme et d'amende, de ne rien prendre, recevoir, accepter ni exiger des parties pour appeler leurs causes; mais on sait qu'en France les vieilles ordonnances sont à-peu-près comme de nouvelles que je pourrais citer, tombées tout-à-fait en désuétude.

Ce sont les huissiers qui donnent les assignations et ajournemens, qui procèdent aux publications de ventes de meubles, qui exécutent (à la diligence de M. le procureur du roi) les décrets rendus en matières criminelles, qui font les procès-verbaux de perquisitions, les emprisonnemens, les saisies et annotations de biens. En cas de résistance ou de rébellion, ils peuvent appeler à leur secours la force armée et les habitans des lieux, qui sont tenus, arbitrairement, à leur prêter appui, secours et assistance, dans le ressort duquel ils exploitent.

François Ier ayant appris qu'un de ses huissiers avait reçu des coups de bâton, se mit un bras en écharpe, voulant marquer par-là qu'il regardait ce traitement fait à son huissier comme l'ayant reçu lui-même, et que la justice, dont il se regardait comme le premier organe, était blessée en sa personne.

L'édit d'Amboise, les ordonnances de Moulins et de Blois défendent, sous peine de mort et sans aucune espèce de grâce, d'outrager ou excéder des huissiers ou sergens lorsqu'ils font quelques exploits de justice.

Jourdain-de-Lille, fameux par ses brigandages sous Charles IV, fut pendu en 1322, pour avoir éventré un huissier qui l'ajournait au parlement.

Édouard, comte de Beaujeu, fut décrété de prise de corps et emprisonné à la Conciergerie, pour avoir fait jeter par la fenêtre un huissier qui lui vint signifier un décret.

Le prince de Galles, en 1367, ayant empêché un huissier qui venait pour l'ajourner de faire son ministère, fut déclaré contumax et rebelle par le parlement, et les terres qu'il tenait en Aquitaine furent confisquées.

Anciennement un huissier assignait verbalement les parties, et ensuite en faisait son rapport au juge du lieu en ces termes: A vous, Monseigneur le Bailly........ mon très-douté ou redouté Maître...... plaise vous savoir que le....... j'ai intimé....... à comparoître, etc., etc. Ce rapport s'appelait relatio. L'huissier ne signifiait pas, il mettait seulement son sceau, parce que la plupart ne savaient ni lire ni écrire; mais maintenant tous les huissiers sont forcés, par les nouvelles ordonnances, et obligés de savoir au moins lire et écrire: tous s'y conforment maintenant.

Ils peuvent porter sur eux des armes offensives et défensives, pour la sûreté de leur personne, et se faire assister d'une force civile ou militaire.

Vous ne sauriez donc trop étudier les abris que vous indique mon oncle par ma voix, et ceux que vous présentent les articles du Code, qui disent en beaucoup de mots ce que je vais vous dire en très-peu d'articles:

1º Vous ne pouvez pas être arrêté par eux pour une somme moindre de 100 fr.; ainsi donc, si vous avez la faiblesse de souscrire un ou plusieurs engagemens, ne les faites jamais de plus de 99 fr. 99 cent., et d'après cette latitude vous pouvez doubler, tripler, quadrupler la masse de vos engagemens.

2º Vous ne pouvez être arrêté ni avant ni après le coucher du soleil; de cette façon la lune devient votre protectrice. Invoquez-la donc, ô vous consommateurs romantiques!

3º Vous ne pouvez être arrêté dans les édifices consacrés au culte, mais seulement pendant le service divin. Belle occasion pour se remettre au courant du répertoire..... profitez-en en ne manquant pas un office.

4º Les résidences royales sont également inviolables pour vous, telles que le Jardin des Plantes, le Louvre, les Tuileries, le Luxembourg, le Palais Royal (le jardin seulement, les galeries exceptées).

5º Chez soi, tant qu'on n'en sort pas; pourvu que ce ne soit pas en hôtel garni, et que vous n'ayez donné votre adresse à qui que ce soit.

6º Enfin dans les lieux où se tiennent les séances des autorités qui forment un des principaux corps de l'État; mais il faut qu'il y ait tenue de séance. Allez donc à la Chambre des députés entendre discuter les honorables défenseurs de nos libertés avec lesquelles la vôtre n'a rien de commun.

Tels sont les refuges que vous a réservés le Code contre les poursuites des huissiers. Hors de là, vous courrez le risque à chaque pas d'être appelé, saisi par le bras, si vous n'avez pas de jambes, et conduit au lieu dont le nom va vous sauter aux yeux à la page suivante....... Voilà!

DIXIÈME ET DERNIÈRE LEÇON.

Sainte-Pélagie.

Aveu tardif.—Itinéraire.—Connaissance des lieux.—Portraits divers.—Nouveau régime à suivre.—Les Visiteurs.—Consolations.—Dernières réflexions.

Malheureux consommateurs, c'est en vain que mon oncle a cherché à vous le dissimuler; mais moi je vous l'avoue, vous courez toujours le risque de finir par-là.

Dès qu'un débiteur est en prison, s'il ne peut pas payer et que son créancier soit devenu son ennemi, ainsi que cela arrive presque toujours, il faut qu'il se résigne à y passer cinq mortelles années; les seules chances qui lui restent, pour en sortir sans les secours du Comité de Bienfaisance ou l'oubli de la part du producteur de verser d'avance le montant des alimens auquel a droit le consommateur. Dans ce cas, une heure de retard lui rend la liberté. Mais en attendant il n'en faut pas moins aller en prison, et je vais me charger du soin de vous en montrer le chemin; car mon oncle ne s'étant jamais mis dans le cas de le parcourir, serait fort embarrassé pour vous l'indiquer lui-même.

Apercevez-vous dans cette ruelle presque déserte, qu'on nomme la rue de la Clef (que l'on prononce clé, même devant une voyelle, à ce que nous apprend le Dictionnaire de l'Académie), ce grand bâtiment entouré de hautes murailles, de bornes enchaînées, et dont la façade semble n'être qu'à moitié sortie des antres de la terre? Voyez-vous ce corps-de-garde, cette guérite et ce factionnaire? Distinguez-vous cette porte, haute de quatre pieds, avec un judas de huit pouces carrés? Frappez deux coups, baissez la tête et courbez-vous de manière à ce que vos jambes et votre corps ne fassent qu'un angle droit... On vous a ouvert, vous pouvez entrer!....

Maintenant vous voilà dans cet ancien couvent (réparé et mis à neuf aujourd'hui) qui servait d'asile à des nonnes timides, et qui sert aujourd'hui de prison aux consommateurs de toutes classes qui, ne connaissant pas la méthode de mon oncle, ont pour payer leurs dettes souscrit une ou plusieurs lettres de change qu'ils n'ont pas acquittées, ou bien encore à des gens distraits qui ont contracté l'habitude de prendre dans la poche de leurs voisins ce qu'ils ont probablement oublié de mettre dans la leur.

Ce seuil que vous venez de franchir vous a séparé du séjour des allans et venans; au milieu de Paris, vous êtes presque dans l'autre monde.

Ce grand Cerbère de six pieds deux pouces, cette espèce d'homme gris dont la main qui ferait envie au plus brave des claqueurs de nos théâtres royaux, semble être identifiée avec cette clé énorme qu'on prendrait pour la masse d'armes d'un évêque du XIIe siècle, a deviné que vous étiez un consommateur qui veniez de passer bail avec un des producteurs ordinaires de l'endroit. Dès ce moment votre signalement est gravé dans sa mémoire, et ce n'est qu'après cinq ans révolus qu'il lui est permis de vous effacer de son souvenir.

Nouvel Hartentirkof, il est incorruptible; rien ne l'émeut, rien ne saurait l'attendrir. Il ouvre et ferme la susdite porte avec la même impassibilité, tant à l'infortune qu'à la beauté qui va la consoler quelquefois. Jamais il ne sourit, si ce n'est lorsqu'il voit passer sous ses yeux un panier de Chambertin ou de Mercuray. Ah! s'il pouvait le confisquer à son profit!......... mais je ne dois pas m'arrêter avec vous aux bagatelles de la porte, et vais vous conduire tout droit au greffe.

Il est placé à l'extrémité droite du petit corridor où vous êtes; vous vous présentez à un modeste employé, à cheveux blancs et culotte courte, assez bon enfant, mais à califourchon sur les ordonnances émanées de M. le Préfet de police: vous voilà enregistré, et dès ce moment vous pouvez vous considérer comme un des commensaux de l'établissement.

Cependant lorsque le consommateur locataire a des principes, les convenances exigent qu'avant de passer outre, il fasse une courte visite au maître de la maison. Il se tient ordinairement dans une pièce de fond voisine, avec deux greffiers qui lui servent d'aides-de-camp. Vous serez étonné de l'amabilité de ses formes, de la politesse de ses manières; c'est le type de M. Jovial. Quoique ne vivant qu'entouré de chiens, de gardiens et de tristes murailles, qu'il sache l'argot mieux que l'auteur qui vient de publier un ouvrage important sur cette langue mère des voleurs et escrocs, échappés des bagnes, et autres fashionables de la même trempe, comme l'auteur du dictionnaire dont nous parlons, M. le greffier-concierge de Sainte-Pélagie (car tel est son titre officiel) ne s'en exprime pas moins d'une manière très distinguée, ce qui prouve que Sainte-Pélagie ne renferme pas que des gens mal élevés. Vous ferez bien de faire sa connaissance, d'autant plus qu'il est souverain absolu dans l'intérieur du gouvernement qui lui est confié, et que ses actes et jugemens sont sans appel.

Après avoir rendu vos hommages respectueux au maître de la maison, vous revenez tant soit peu sur vos pas, afin de traverser le chemin de ronde et pénétrer dans l'hôtel; vous vous trouvez en face de deux portes. Celle de droite est la porte qui aboutit à la détention pour opinion politique ou opinion de poche; ce n'est pas celle-là, mais c'est celle qui est à gauche, et qui aboutit à la dette. Vous frappez, on vous ouvre; vous exhibez votre écrou et cette fois-ci vous êtes dedans.

Un député[15] a dit à la tribune nationale que le sort des détenus pour dettes n'était pas aussi à plaindre qu'on le publiait, puisqu'ils donnaient tous les jours des fêtes et des dîners. Cette assertion peut avoir quelque chose de vrai, quoique manquant entièrement de générosité de la part de celui qui l'avait émise. Je sais qu'on trouve à Sainte-Pélagie quelques consommateurs aisés qui cherchent à s'étourdir à table avec d'autres consommateurs leurs amis qui viennent les voir; mais la masse des dettiers est dans la plus grande misère, et plusieurs périraient sans le secours de leurs compagnons d'infortune.

Ce que je dis là est exact, et plus d'un de mes lecteurs seraient à même d'en juger bientôt, s'ils n'avaient déjà mis en pratique les théories variées, enseignées par mon oncle.

La loi oblige le créancier incarcérateur à avancer au débiteur incarcéré, une somme de 20 fr. par mois; sur cette avance le consommateur doit d'abord payer le loyer de son lit et de son ameublement; quelque modeste qu'il soit, il lui coûte la moitié de ce qu'il reçoit par mois (10 fr., c'est prix fait comme pour les petits pâtés); il lui reste donc 10 fr. pour se nourrir; or, 10 fr. ou 1,000 cent. à partager en trente jours (terme moyen), font bien 33 cent. 2/3 par jour ou 6 sols et deux liards à-peu-près, avec lesquels il est tenu de faire deux repas par jour; reste 10 cent. par mois ou 24 sols par an pour s'habiller, se blanchir, se chauffer, jouer, lire, donner des étrennes, etc., etc. Certes ce n'est pas trop, et je doute qu'un économiste, serait-il de la même trempe que celle dont était mon oncle sur la fin de sa carrière, pût jamais faire honneur à ses affaires sans même payer ses dettes, avec un semblable revenu.

M. le ministre de l'intérieur vient, il est vrai, au secours des dettiers pauvres, en leur faisant distribuer ce qu'on appelle la pitence, c'est-à-dire, une écuelle de bouillon maigre et quelques légumes secs, remplacés les jeudis, dimanches et fêtes chômées, par un bouillon appelé gras et une petite portion de vache à laquelle on est convenu d'appliquer la qualification masculine. Lorsque le consommateur pauvre a une famille, et que cette famille se trouve dans l'abandon, il faut encore qu'il partage le peu qu'on lui donne avec sa femme et ses enfans.

Quel tableau que celui d'un malheureux privé de sa liberté, qui n'a devant lui, le jour de Pâque ou de Noël, que la pitence, et qui voit arriver sa femme et ses enfans affamés!.... Mon oncle, qui n'a jamais connu ses enfans, parce qu'on ne lui a jamais connu de femme, bien qu'il n'ait mis de sa vie le pied à Sainte-Pélagie, par superstition, n'en a pas moins laissé un tableau frappant des misères qui s'y engendrent, tout en raisonnant par analogie.

Cependant, il faut le dire, cet état de souffrance n'est pas tout-à-fait général: les consommateurs dettiers trouvent à Sainte-Pélagie une table d'hôte et trois ou quatre restaurans, fréquentés par la classe aisée, et qui (chose étonnante), ne font pas moins de crédit que les restaurateurs les plus aisés de la capitale. Ceci vient sans doute à l'appui de l'assertion de mon oncle: «quiconque ne fait pas de crédit doit infailliblement faire banqueroute.» Quant à moi, il me semble que s'il est au monde un restaurateur qui ne doive pas faire de crédit, ce doit être celui de Sainte-Pélagie. Eh bien c'est tout le contraire!

On trouve encore dans cette douce retraite des cafés-tabagies, un billard, un cercle où l'on joue à la bouillotte et à l'écarté, et un cabinet de lecture où on lit tous les journaux, excepté le Moniteur, la Gazette de France, la Quotidienne; on ne lisait pas davantage le Journal de Paris, l'Étoile et le Pilote, lorsqu'ils étaient encore de ce monde.

L'intérieur de Sainte-Pélagie ressemble à un caravansérail, reçoit des hommes de tous les pays et de toutes les professions. On y compte toujours vingt officiers, parmi lesquels se trouvent une demi-douzaine de colonels et un lieutenant-général; les marquis, les comtes, les barons et les chevaliers s'y trouvent toujours en grand nombre; on y voit même de temps en temps des abbés; le reste de la population se compose d'hommes de lettres, de musiciens, de peintres, d'ouvriers, de restaurateurs, de porteurs d'eau, de tailleurs et de voleurs de toutes les classes; ce qui est le plus rare à Sainte-Pélagie, c'est un négociant ou un gendarme.

Comme il y entre journellement de soixante-quinze à cent cinquante visiteurs par jour (terme moyen cent), et que ces visiteurs ne viennent pas pour être à la charge des consommateurs dettiers, les restaurateurs et les cafés y gagnent quelque chose. Sans ces puissans auxiliaires étrangers, il est probable que la plupart de ces établissemens ne pourraient tenir long-temps; car en général les consommateurs à postes fixes consomment peu et ne payent pas du tout; aussi les restaurateurs et les cafés n'y sont-ils pas fameux. Les habitués semblent posséder toutes les pratiques enseignées par mon oncle, sans en pratiquer la théorie raisonnée. C'est un grand service que rendra son ouvrage à ceux qui ne sont pas encore allés à Sainte-Pélagie et à ceux qui en sont sortis.

Lorsque l'on veut aller visiter un malheureux consommateur dettier à Sainte-Pélagie, il ne suffit pas de se présenter à la préfecture de police et d'y demander une permission; il faut préalablement se munir d'une autorisation par écrit émanée du dettier que l'on veut voir; ce n'est que sur cette autorisation, dûment visée au greffe de l'établissement, par le respectable employé dont j'ai parlé au commencement de cette leçon, que MM. de la préfecture de police délivrent ladite permission.

Cette mesure qui paraîtra au premier abord une entrave à la liberté de ceux qui sont en prison, est non-seulement nécessaire, mais encore toute philantropique. Sans elle, les malheureux consommateurs débiteurs seraient journellement harcelés par leurs créanciers producteurs, quoique les premiers fussent sous les verroux. Ce mode de communication établi laisse aussi au détenu la faculté de ne recevoir dans sa prison que les individus qui peuvent adoucir l'ennui de sa captivité: quant aux créanciers, ils n'ont d'autres moyens de voir leurs débiteurs, qu'en les faisant appeler au greffe où ils sont même libres de ne point se rendre, s'ils soupçonnent que celui qui vient les tracasser ne voudra, en aucune façon, entrer en arrangement en suivant la méthode du professeur.

Au surplus, il n'existe à Sainte-Pélagie comme dans la vie, que deux grandes époques: l'entrée et la sortie. Les premiers jours de l'une, comme les premières années de l'autre, paraissent interminables; mais lorsque vous êtes arrivés à une certaine période, ils se précipitent avec une vitesse extrême. La dernière semaine de la prison, comme la dernière saison de la vie, s'écoule rapidement et ne laisse dans la mémoire que des traces fugitives; alors on ne compte pas plus les jours que le vieillard ne compte les années.... Je voudrais qu'on m'expliquât clairement ce phénomène.

Il est prouvé d'ailleurs que les grands espaces nuisent au bonheur: en toutes choses on a besoin de voir et de sentir des limites. Milton ne travaillait à son Éden que dans une cave; Rousseau écrivit ses plus belles pages dans un grenier; Cervantes fit son chef-d'œuvre dans un cachot, et mon oncle composa ce savant traité à l'hôpital. Mais que sont Milton, Rousseau, Cervantes et une quantité d'autres, que je pourrais facilement nommer, en comparaison de mon oncle.... Tous ces grands génies n'eurent jamais un sou de dettes!

CONCLUSION.

Morale

qui n'a rien de commun avec celle que prêche mon oncle dans son ouvrage, et que par cette seule raison, j'engagerai le lecteur a suivre de préférence a la sienne.

Grâce à Dieu, nous ne sommes plus au temps où il était du bon ton d'avoir des dettes, et où des créanciers dans une antichambre étaient plus honorables que des laquais.

Le travers de quelques jeunes seigneurs de l'ancienne cour avait insensiblement gagné toutes les classes, mais il était réservé à mon très-remarquable oncle d'en faire un principe de droit civil, politique et commercial, en un mot d'en faire un livre pour prouver tout exprès que des dettes non-payées sont une preuve incontestable de la prospérité de celui qui les a contractées.

Je lui en demande pardon; mais tout en donnant mes soins à la rédaction de son art de payer ses dettes et de satisfaire ses créanciers sans débourser un sou, je n'ai jamais apprécié sa morale et encore moins senti le sel de ses plaisanteries sur les moyens qu'il conseille d'employer pour ne pas payer ses dettes, quand malheureusement on a été forcé d'en faire, et lorsqu'on trouve la possibilité de n'en plus avoir en les payant, bien entendu avec de l'argent. Il me semble que des dettes, de quelque nature qu'elles puissent être, sont des engagemens tout aussi sérieux que d'autres, et qu'il n'y a pas plus d'esprit que d'honneur à y manquer.

Je sais, et tout le monde sait comme moi que, par une de ces inconséquences dont il me serait facile de trouver dans nos mœurs une foule d'exemples, la loi condamne, sur ce point, ce que la société permet. Je sais encore que, pendant que les tribunaux frappent le matin les débiteurs, les théâtres se moquent le soir des créanciers, et qu'on est convenu, dans le monde et sur la scène, de rire des tours qu'on leur joue tous les jours. Mais ceux-ci se fatiguent de leurs courses inutiles, s'ennuyent des remises éternelles qu'on leur propose, et finissent enfin, à force de persévérance, par obtenir un arrêté de compte que le débiteur, pour obtenir un crédit nouveau, solde au moins en partie souvent avec le secours des usuriers.

Ces honnêtes trafiquans, toujours au fait des besoins et des ressources de ceux qui ont recours à eux, connaissent mieux que personne la valeur d'une acceptation faite sur papier timbré. L'étourdi qui tombe entre leurs pattes a beau répéter avec mon oncle: des billets tant qu'on veut, mais point de lettres de change! Ce n'est qu'à ce prix qu'on obtient de l'argent, emprunté à des intérêts énormes. Les jours s'écoulent, l'échéance arrive, la lettre de change est protestée, le jugement rendu, signifié; M. Legrip et consors vous quittent, et le lendemain, à son retour du bois, en entrant au café de Paris, notre élégant, sans respect ni pour la mode ni pour son appétit, est invité, par sentence du tribunal de commerce séant à la Bourse, à se rendre rue de la clef pour y séjourner entre quatre murailles, jusqu'à ce qu'un père complaisant, une mère tendre, une maîtresse compatissante, un ami généreux, ou enfin un oncle d'une autre trempe que celle dont était le mien, le rende à ses douces habitudes, et lui donne, en payant ses dettes, le moyen d'en contracter de nouvelles.

Cependant il est une idée consolante, c'est qu'il devient chaque jour plus difficile de se faire à Paris, comme autrefois, un revenu de ses dettes; les marchands sont moins crédules, les ouvriers moins patiens, les usuriers moins nombreux, les parens, les maîtresses, les amis, moins généreux et les tribunaux plus sévères qu'à l'époque où vivait mon original d'oncle..... à qui Dieu fasse paix et miséricorde!

FIN.


TABLE

DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CET OUVRAGE.

Avant-propos de l'éditeur. 5

Notice biographique sur mon oncle. 13

Aphorismes, axiomes, et pensées neuves dont on ne saurait trop se pénétrer avant que d'étudier les diverses théories enseignées par mon oncle. 33

PREMIÈRE LEÇON.

Des Dettes.

Impossibilité de n'avoir pas de dettes.—Qu'est-ce que l'on entend par le mot dettes?—Leurs diverses natures.—Leur nombre, leurs qualifications, et leurs significations enseignées par mon oncle.—Mont-de-Piété. 39

DEUXIÈME LEÇON.

De l'Amortissement.

Principe.—Vérité.—Préjugé.—Manières
diverses de payer ou d'éteindre les dettes de quelque nature qu'elles soient.—De la prescription.—Moyen légal enseigné par le Code.—Dangers des à comptes.—Mauvais effets des remboursemens en argent.—Satisfaction des créanciers.
50

TROISIÈME LEÇON.

Des Créanciers.

Différentes sortes de créanciers.—Tous ne se ressemblent pas.—A qui appartient-il de prendre le titre de créancier.—En vertu de quels droits.—Permissions dont peuvent user les créanciers.—Ce qui leur est défendu.—Coutumes diverses.—Terre classique des créanciers. 62

QUATRIÈME LEÇON.

Des Débiteurs.

L'Alexandre des débiteurs.—Qu'est-ce qu'un débiteur.—Droits et prérogatives accordés aux débiteurs.—Coutumes juives, indiennes, orientales et françaises.—Lois diverses concernant les débiteurs.—Usages reçus. 67

CINQUIÈME LEÇON.

Qualités nécessaires au consommateur quel qu'il soit, et sans argent, pour mettre a profit les préceptes
enseignés par mon oncle, et s'acquitter avec ses créanciers.

Qualités physiques et morales.—Leur nombre et leur nature.—De la santé et de l'aplomb.—Réflexions.—Exemples faciles à mettre en pratique. 75

SIXIÈME LEÇON.

Dispositions générales.

Vérité incontestable.—Choix d'un quartier.—Du logement.—Des portiers.—Du propriétaire.—Du mobilier.—Connaissances qu'il faut avoir en physique.—Des domestiques.—D'une femme de ménage.—Conseils à suivre. 85

SEPTIÈME LEÇON.

Manière de vivre.

Dicton de mon oncle.—Cas que l'on doit toujours prévoir.—Principe invariable.—Fournisseurs de tous genres auxquels on doit accorder la préférence.—Craintes mal fondées.—Emploi de la journée d'un consommateur qui sait raisonner son affaire.—Biens immenses occasionnés au commerce.—Résultats. 95

HUITIÈME LEÇON.

De la Contrainte par corps.

Réflexions morales et philosophiques.—Trois
petits pâtés, ma chemise brûle!—Sainte-Foix et mon oncle.—Histoire de la contrainte par corps, depuis son origine jusqu'à nos jours.—Causes pour lesquelles on peut être appréhendé au corps.—Anecdotes.—Avertissement.
107

NEUVIÈME LEÇON.

Des Huissiers.

Qu'est-ce qu'un huissier.—Des huissiers Grecs et Romains.—Des sergens.—Droits et prérogatives d'iceux.—Petites anecdotes qui démontrent les avantages attachés à la charge d'huissier ou de sergent.—Refuges et inviolabilité.—Conséquences. 119

DIXIÈME LEÇON.

Sainte-Pélagie.

Aveu tardif.—Itinéraire.—Connaissance des lieux.—Portraits divers.—Nouveau régime à suivre.—Les visiteurs.—Consolations. —Dernières réflexions. 129

Conclusion.

Morale qui n'a rien de commun avec celle que prêche mon oncle dans son ouvrage, et que par cette seule raison, j'engagerai le lecteur a suivre de préférence a la sienne. 143

FIN DE LA TABLE


NOTES:

[1] M. de Chateaubriant.

[2] M. de Pradt.

[3] Le général Foy.

[4] L'oncle de l'auteur.

[5] Aphorisme de l'oncle de l'auteur.

[6] Ces 50.000 fr. sont ici pris comme terme moyen.

[7] M. le Baron de l'Empésé a scrupuleusement rempli les dernières volontés de son Oncle.

[8] Fin de non-recevoir dans cette acception signifie qu'un débiteur n'est pas recevable à intenter une action à son créancier.

La prescription est un moyen d'acquérir la propriété d'une chose par la possession, non interrompue pendant le temps accordé par la loi. (Dict. de l'Acad.)

Par exemple, votre propriétaire néglige de réclamer de vous pendant trois termes la somme que vous pouvez lui devoir, ou plutôt vous oubliez de remplir vis-à-vis de lui, et à chaque fin de terme, cette formalité usitée. Le quatrième terme commencé, il n'a rien à vous réclamer aux termes de la loi, parce que vous le remboursez avec la prescription, c'est-à-dire, sans qu'il vous en coûte un sou.

Dans les hôtels garnis il y a prescription au bout de six mois; c'est-à-dire, que le septième commencé vous avez de droit votre quittance, et souvent votre congé en même temps; ce qui fait un double avantage.

[9] C'est-à-dire, hypothécaires. [Voir [i]]

[10] Voyez ma Leçon, qui traite exclusivement de la contrainte par corps.

[11] Le prévôt était autrefois un juge royal qui connaissait des causes entre les habitans privilégiés, et ceux qui ne l'étaient pas, et jugeait s'il fallait qu'elles fussent appelées au parlement, ou non.

Les voyers étaient des officiers préposés à la police des chemises à la campagne et à la ville; cette charge existe toujours sous la même qualification; mais ils ont chacun des attributions spéciales.

[12] Exod. 22, vers. 25.

[13] Voyez l'Histoire de l'Empire ottoman.

[14] Hist. civil et commerc. des Indes; par le traducteur des Voyages d'Arthur-Youngh.

[15] M. Bazre.

[i] Note au lecteur:
Il faut probablement lire: "non hypothécaire", compte tenu qu'un créancier est chirographaire en vertu d'un acte sous seing privé, qui dès lors ne peut emporter hypothèque et ne donne au créancier qu'une action personnelle contre le débiteur. Cf. le Dictionnaire de l'Académie française de 1762, qui n'a pas varié depuis.







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satisfaire ses créanciers sans débourser un sou, by Marco de Saint-Hilaire

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work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations. Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
Dr. Gregory B. Newby
Chief Executive and Director
gbnewby@pglaf.org


Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment. Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including including checks, online payments and credit card
donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


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