Project Gutenberg's Les épaves de Charles Baudelaire, by Charles Baudelaire
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Title: Les épaves de Charles Baudelaire
Author: Charles Baudelaire
Editor: Auguste Poulet-Malassis
Illustrator: Félicien Rops
Release Date: September 27, 2008 [EBook #26710]
Language: French
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES ÉPAVES DE CHARLES BAUDELAIRE ***
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LES
EPAVES
DE
CHARLES BAUDELAIRE
AVEC UNE EAU-FORTE FRONTISPICE DE FÉLICIEN ROPS
![[CANTABIT QUI CANTAVIT]](/epubstore/B/C-Baudelaire/Les-Epaves-De-Charles-Baudelaire/26710/www.gutenberg.org@files@26710@26710-h@images@b.png)
AMSTERDAM
A L'ENSEIGNE DU COQ
MDCCCLXVI
Tirage avec eau-forte frontispice de F. Rops, à
10 ex. chine;
250 ex. grand papier vergé de Hollande; les uns et les autres numérotés.
EXPLICATION
DU FRONTISPICE
Sous le Pommier fatal, dont le tronc-squelette rappelle la déchéance de la race humaine, s'épanouissent les Sept Péchés Capitaux, figurés par des plantes aux formes et aux attitudes symboliques. Le Serpent, enroulé au bassin du squelette, rampe vers ces Fleurs du Mal, parmi lesquelles se vautre le Pégase macabre, qui ne doit se réveiller, avec ses chevaucheurs, que dans la vallée de Josaphat.
Cependant une Chimère noire enlève au delà des airs le médaillon du poëte, autour duquel des Anges et des Chérubins font retentir le Gloria in excelsis!
L'autruche en camée, qui avale un fer à cheval, au premier plan de la composition, est l'emblème de la Vertu, se faisant un devoir de se nourrir des aliments les plus révoltants:
VIRTUS DURISSIMA COQUIT.
AVERTISSEMENT
DE L'ÉDITEUR
Ce recueil est composé de morceaux poëtiques, pour la plupart condamnés ou inédits, auxquels M. Charles Baudelaire n'a pas cru devoir faire place dans l'édition définitive des Fleurs du Mal.
Cela explique son titre.
M. Charles Baudelaire a fait don, sans réserve, de ces poëmes, à un ami qui juge à propos de les publier, parce qu'il se flatte de les goûter, et qu'il est à un âge où l'on aime encore à faire partager ses sentiments à des amis auxquels on prête ses vertus.
L'auteur sera avisé de cette publication en même temps que les deux cents soixante lecteurs probables qui figurent—à peu près,—pour son éditeur bénévole, le public littéraire en France, depuis que les bêtes y ont décidément usurpé la parole sur les hommes.
LES EPAVES
I
LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE
Comme une explosion nous lançant son bonjour!
—Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve!
Se pâmer sous son œil comme un cœur qui palpite...
—Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon!
L'irrésistible Nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons;
Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons1.
1 Le mot: Genus irritabile votum, date de bien des siècles avant les querelles des Classiques, des Romantiques, des Réalistes, des Euphuistes, etc... Il est évident que par l'irrésistible Nuit M. Charles Baudelaire a voulu caractériser l'état actuel de la littérature, et que les crapauds imprévus et les froids limaçons sont les écrivains qui ne sont pas de son école.
Ce sonnet a été composé en 1862, pour servir d'épilogue à un livre de M. Charles Asselineau, qui n'a pas paru: Mélanges tirés d'une petite bibliothèque romantique; lequel devait avoir pour prologue un sonnet de M. Théodore de Banville: Le lever du soleil romantique.
(Note de l'éditeur.)
PIÈCES CONDAMNÉES
TIRÉES DES FLEURS DU MAL
II
LESBOS2
2 Cette pièce et les cinq suivantes ont été condamnées en 1857, par le tribunal correctionnel, et ne peuvent pas être reproduites dans le recueil des Fleurs du Mal.
(Note de l'éditeur.)
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux;
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,
Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades!
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
A l'égal de Paphos les étoiles t'admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho!
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Qui font qu'à leurs miroirs, stérile volupté!
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité;
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Tu tires ton pardon de l'excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l'œil austère.
Infligé sans relâche aux cœurs ambitieux,
Qu'attire loin de nous le radieux sourire
Entrevu vaguement au bord des autres cieux!
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre!
Et condamner ton front pâli dans les travaux,
Si ses balances d'or n'ont pesé le déluge
De larmes qu'à la mer ont versé tes ruisseaux?
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge?
Vierges au cœur sublime, honneur de l'Archipel,
Votre religion comme une autre est auguste,
Et l'amour se rira de l'Enfer et du Ciel!
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste?
Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,
Et je fus dès l'enfance admis au noir mystère
Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs;
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre.
Comme une sentinelle à l'œil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
Dont les formes au loin frissonnent dans l'azur;
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate
Et parmi les sanglots dont le roc retentit
Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,
Le cadavre adoré de Sapho, qui partit
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne!
Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs!
—L'œil d'azur est vaincu par l'œil noir que tachète
Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
De la mâle Sapho, l'amante et le poëte!
Et versant les trésors de sa sérénité
Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
Sur le vieil Océan de sa fille enchanté;
Plus belle que Vénus se dressant sur le monde!
Quand, insultant le rite et le culte inventé,
Elle fit son beau corps la pâture suprême
D'un brutal dont l'orgueil punit l'impiété
De celle qui mourut le jour de son blasphème.
Et, malgré les honneurs que lui rend l'univers,
S'enivre chaque nuit du cri de la tourmente
Que poussent vers les cieux ses rivages déserts!
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente!
III
FEMMES DAMNEES
DELPHINE ET HIPPOLYTE
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur,
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remercîment.
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir?
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants;
De chevaux et de bœufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma sœur! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon cœur, mon tout et ma moitié,
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin!»
—«Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi:
Je frissonne de peur quand tu me dis: «Mon ange!»
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Toi que j'aime à jamais, ma sœur d'élection,
Quand même tu serais un embûche dressée
Et le commencement de ma perdition!»
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'œil fatal, répondit d'une voix despotique:
—«Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer?
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour!
Cours offrir un cœur vierge à ses cruels baisers;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain: «—Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant; cet abîme est mon cœur!
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
Et que la lassitude amène le repos!
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux!»
Descendez le chemin de l'enfer éternel!
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Ombres folles, courez au but de vos désirs;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
A travers les déserts courez comme les loups;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous!
IV
LE LETHE
Tigre adoré, monstre aux airs indolents;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l'épaisseur de ta crinière lourde;
Ensevelir ma tête endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remord
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
Rien ne me vaut l'abîme de ta couche;
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
J'obéirai comme un prédestiné;
Martyr docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice,
Le népenthès et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë
Qui n'a jamais emprisonné de cœur.
V
A CELLE QUI EST TROP GAIE
Sont beaux comme un beau paysage;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poëtes
L'image d'un ballet de fleurs.
De ton esprit bariolé;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime!
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie
Le soleil déchirer mon sein;
Ont tant humilié mon cœur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma sœur!3
3 Les juges ont cru découvrir un sens à la fois sanguinaire et obscène dans les deux dernières stances. La gravité du Recueil excluait de pareilles Plaisanteries. Mais venin signifiant spleen ou mélancolie, était une idée trop simple pour des criminalistes.
Que leur interprétation syphilitique leur reste sur la conscience.
(Note de l'éditeur.)
VI
LES BIJOUX
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Et du haut du divan elle souriait d'aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses;
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe!
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre!
VII
LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi!»
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
GALANTERIES
VIII
LE JET D'EAU
Reste longtemps, sans les rouvrir,
Dans cette pose nonchalante
Où t'a surprise le plaisir.
Et ne se tait ni nuit ni jour,
Entretient doucement l'extase
Où ce soir m'a plongé l'amour.
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
L'éclair brûlant des voluptés
S'élance, rapide et hardie,
Vers les vastes cieux enchantés.
Puis, elle s'épanche, mourante,
En un flot de triste langueur,
Qui par une invisible pente
Descend jusqu'au fond de mon cœur.
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
Qu'il m'est doux, penché vers tes seins,
D'écouter la plainte éternelle
Qui sanglote dans les bassins!
Lune, eau sonore, nuit bénie,
Arbres qui frissonnez autour,
Votre pure mélancolie
Est le miroir de mon amour.
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
IX
LES YEUX DE BERTHE
Beaux yeux de mon enfant, par où filtre et s'enfuit
Je ne sais quoi de bon, de doux comme la Nuit!
Beaux yeux, versez sur moi vos charmantes ténèbres!
Vous ressemblez beaucoup à ces grottes magiques
Où, derrière l'amas des ombres léthargiques,
Scintillent vaguement des trésors ignorés!
Comme toi, Nuit immense, éclairés comme toi!
Leurs feux sont ces pensers d'Amour, mêlés de Foi,
Qui pétillent au fond, voluptueux ou chastes.
X
HYMNE
Qui remplit mon cœur de clarté,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'éternel.
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,
T'exprimer avec vérité?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité!
Qui fait ma joie et ma santé,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!
XI
LES PROMESSES D'UN VISAGE
D'où semblent couler des ténèbres,
Tes yeux, quoique très-noirs, m'inspirent des pensers
Qui ne sont pas du tout funèbres.
Avec ta crinière élastique,
Tes yeux, languissamment, me disent: «Si tu veux,
Amant de la muse plastique,
Et tous les goûts que tu professes,
Tu pourras constater notre véracité
Depuis le nombril jusqu'aux fesses;
Deux larges médailles de bronze,
Et sous un ventre uni, doux comme du velours,
Bistré comme la peau d'un bonze,
De cette énorme chevelure,
Souple et frisée, et qui t'égale en épaisseur,
Nuit sans étoiles, Nuit obscure!»
XII
LE MONSTRE
OU
LE PARANYMPHE D'UNE NYMPHE MACABRE
I
Ce que Veuillot nomme un tendron.
Le jeu, l'amour, la bonne chère,
Bouillonnent en toi, vieux chaudron!
Tu n'es plus fraîche, ma très-chère,
Tes caravanes insensées
T'ont donné ce lustre abondant
Des choses qui sont très-usées,
Mais qui séduisent cependant.
La verdeur de tes quarante ans;
Je préfère tes fruits, Automne,
Aux fleurs banales du Printemps!
Non, tu n'es jamais monotone!
Et des grâces particulières;
Je trouve d'étranges piments
Dans le creux de tes deux salières
Ta carcasse a des agréments!
Du melon et du giraumont!
Je préfère tes clavicules
A celles du roi Salomon4,
Et je plains ces gens ridicules!
4 Voilà un calembour salé! Nous ne cabalerons pas contre.
(Note de l'éditeur.)
Ombragent ton front de guerrière,
Qui ne pense et rougit que peu,
Et puis se sauvent par derrière
Comme les crins d'un casque bleu.
Où scintille quelque fanal,
Ravivés au fard de ta joue,
Lancent un éclair infernal!
Tes yeux sont noirs comme la boue!
Ta lèvre amère nous provoque;
Cette lèvre, c'est un Eden
Qui nous attire et qui nous choque.
Quelle luxure! et quel dédain!
Sait gravir au haut des volcans,
Et malgré la neige et la dèche
Danser les plus fougueux cancans5.
Ta jambe est musculeuse et sèche;
5 Sans doute une allusion à quelque particularité des caravanes de cette dame.
M. Prévost-Paradol l'eût avertie qu'elle dansait le cancan sur un volcan.
(Note de l'éditeur.)
Comme celle des vieux gendarmes,
Ne connaît pas plus la sueur
Que ton œil ne connaît les larmes,
(Et pourtant elle a sa douceur!)
II
Volontiers j'irais avec toi,
Si cette vitesse effroyable
Ne me causait pas quelque émoi.
Va-t'en donc, toute seule, au Diable!
Ne me laissent plus rendre hommage
A ce Seigneur, comme il faudrait.
«Hélas! c'est vraiment bien dommage!»
Disent mon rein et mon jarret.
De ne pas aller aux sabbats,
Pour voir, quand il pète du soufre,
Comment tu lui baises son cas!6
Oh! très-sincèrement je souffre!
6 A la Messe noire. Comme ces poëtes sont superstitieux!
(Note de l'éditeur.)
De ne pas être ta torchère,
Et de te demander congé,
Flambeau d'enfer! Juge, ma chère,
Combien je dois être affligé,
Etant très-logique! En effet,
Voulant du Mal chercher la crème
Et n'aimer qu'un monstre parfait,
Vraiment oui! vieux monstre, je t'aime!
XIII
FRANCISCÆ MEÆ LAUDES
VERS COMPOSES POUR UNE MODISTE ERUDITE ET DEVOTE7
7 Le sous-titre de cette pièce, supprimé dans la seconde édition des Fleurs du Mal, se trouve dans la première avec la drôle de note suivante:
«Ne semble-t-il pas au lecteur, comme à moi, que la langue de la dernière décadence latine,—suprême soupir d'une personne robuste, déjà transformée et préparée pour la vie spirituelle,—est singulièrement propre à exprimer la passion, telle que l'a comprise et sentie le monde poëtique moderne? La mysticité est l'autre pôle de cet aimant, dont Catulle et sa bande, poëtes brutaux et purement épidermiques, n'ont connu que le pôle sensualité. Dans cette merveilleuse langue, le solécisme et le barbarisme me paraissent rendre les négligences forcées d'une passion qui s'oublie et se moque des règles. Les mots, pris dans une acception nouvelle, révèlent la maladresse charmante du barbare du Nord, agenouillé devant la beauté romaine. Le calembour lui-même, quand il traverse ces pédantesques bégaiements, ne joue-t-il pas la grâce sauvage et baroque de l'enfance?»—C. B.
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.
O femina delicata,
Per quam solvuntur peccata!
Hauriam oscula de te,
Quæ imbuta es magnete.
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,
In naufragiis amaris.
—Suspendam cor tuis aris!
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis!
Quod rudius, exæquasti;
Quod debile, confirmasti!
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus!
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica;
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca!
EPIGRAPHES
XIV
VERS POUR LE PORTRAIT
DE M. HONORE DAUMIER8
8 Ces stances ont été faites pour un portrait de M. Daumier, gravé d'après le remarquable médaillon de M. Pascal, et reproduit dans le second volume de l'Histoire de la caricature, de M. Champfleury, où cet écrivain a rendu justice au caricaturiste avec la raison passionnée qui lui est habituelle.
(Note de l'éditeur.)
Et dont l'art, subtil entre tous,
Nous enseigne à rire de nous,
Celui-là, lecteur, est un sage.
Mais l'énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle,
Prouve la beauté de son cœur.
De Melmoth ou de Méphisto
Sous la torche de l'Alecto
Qui les brûle, mais qui nous glace.
N'est que la douloureuse charge;
Le sien rayonne, franc et large,
Comme un signe de sa bonté!
XV
LOLA DE VALENCE9
9 Ces vers ont été composés pour servir d'inscription à un merveilleux portrait de mademoiselle Lola, ballerine espagnole, par M. Edouard Manet, qui, comme tous les tableaux du même peintre, a fait esclandre.—La muse de M. Charles Baudelaire est si généralement suspecte, qu'il s'est trouvé des critiques d'estaminet pour dénicher un sens obscène dans le bijou rose et noir. Nous croyons, nous, que le poëte a voulu simplement dire qu'une beauté, d'un caractère à la fois ténébreux et folâtre, faisait rêver à l'association du rose et du noir.
(Note de l'éditeur.)
Je comprends bien, amis, que le désir balance;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir.
XVI
SUR LE TASSE EN PRISON
D'EUGENE DELACROIX
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d'un regard que la terreur enflamme
L'escalier de vertige où s'abîme son âme.
Les rires enivrants dont s'emplit la prison
Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison;
Le Doute l'environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,
Voilà bien ton emblême, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs!
1842.
PIECES DIVERSES
XVII
LA VOIX
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient. J'étais haut comme un in-folio.
Deux voix me parlaient. L'une, insidieuse et ferme,
Disait: «La Terre est un gâteau plein de douceur;
Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme!)
Te faire un appétit d'une égale grosseur.»
Et l'autre: «Viens! oh! viens voyager dans les rêves,
Au delà du possible, au delà du connu!»
Et celle-là chantait comme le vent des grèves,
Fantôme vagissant, on ne sait d'où venu,
Qui caresse l'oreille et cependant l'effraie.
Je te répondis: «Oui! douce voix!» C'est d'alors
Que date ce qu'on peut, hélas! nommer ma plaie
Et ma fatalité. Derrière les décors
De l'existence immense, au plus noir de l'abîme,
Je vois distinctement des mondes singuliers,
Et, de ma clairvoyance extatique victime,
Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
J'aime si tendrement le désert et la mer;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer;
Que je prends très-souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
Mais la Voix me console et dit: «Garde tes songes:
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!»
XVIII
L'IMPREVU10
10 Ici l'auteur des Fleurs du Mal se tourne vers la Vie Eternelle.
Ça devait finir comme ça.
Observons que, comme tous les nouveaux convertis, il se montre très-rigoureux et très-fanatique.
(Note de l'éditeur.)
Se dit, rêveur, devant ces lèvres déjà blanches:
«Nous avons au grenier un nombre suffisant,
Ce me semble, de vieilles planches?»
Et naturellement, Dieu m'a faite très-belle.»
—Son cœur! cœur racorni, fumé comme un jambon,
Recuit à la flamme éternelle!
Dit au pauvre, qu'il a noyé dans les ténèbres:
«Où donc l'aperçois-tu, ce créateur du Beau,
Ce Redresseur que tu célèbres?»
Qui bâille nuit et jour, et se lamente et pleure,
Répétant, l'impuissant et le fat: «Oui, je veux
Etre vertueux, dans une heure!»
Le damné! J'avertis en vain la chair infecte.
L'homme est aveugle, sourd, fragile comme un mur
Qu'habite et que ronge un insecte!»
Et qui leur dit, railleur et fier: «Dans mon ciboire,
Vous avez, que je crois, assez communié,
A la joyeuse Messe noire?
Vous avez, en secret, baisé ma fesse immonde!11
Reconnaissez Satan à son rire vainqueur,
Enorme et laid comme le monde!
11 Voir à propos de la messe et de la fesse, la Sorcière, de Michelet, la Monographie du Diable, de Charles Louandre, le Rituel de la haute Magie, d'Eliphas Lévi, et, en général, tous les auteurs traitant de la sorcellerie, de la démonologie et du rit diabolique.
(Note de l'éditeur.)
Qu'on se moque du maître, et qu'avec lui l'on triche,
Et qu'il soit naturel de recevoir deux prix,
D'aller au Ciel et d'être riche?
Qui se morfond longtemps à l'affût de la proie.
Je vais vous emporter à travers l'épaisseur,
Compagnons de ma triste joie
A travers les amas confus de votre cendre,
Dans un palais aussi grand que moi, d'un seul bloc
Et qui n'est pas de pierre tendre;
Et contient mon orgueil, ma douleur et ma gloire!»
—Cependant, tout en haut de l'univers juché,
Un Ange sonne la victoire
Seigneur! que la douleur, ô Père, soit bénie!
Mon âme dans tes mains n'est pas un vain jouet,
Et ta prudence est infinie.»
Dans ces soirs solennels de célestes vendanges,
Qu'il s'infiltre comme une extase dans tous ceux
Dont elle chante les louanges.
XIX
LA RANÇON
Deux champs au tuf profond et riche,
Qu'il faut qu'il remue et défriche
Avec le fer de la raison;
Pour extorquer quelques épis,
Des pleurs salés de son front gris
Sans cesse il faut qu'il les arrose.
—Pour rendre le juge propice,
Lorsque de la stricte justice
Paraîtra le terrible jour,
Pleines de moissons, et des fleurs
Dont les formes et les couleurs
Gagnent le suffrage des Anges.
XX
A UNE MALABARAISE
Est large à faire envie à la plus belle blanche;
A l'artiste pensif ton corps est doux et cher;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t'a fait naître,
Ta tâche est d'allumer la pipe de ton maître,
De pourvoir les flacons d'eaux fraîches et d'odeurs,
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
D'acheter au bazar ananas et bananes.
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus;
Et quand descend le soir au manteau d'écarlate,
Tu poses doucement ton corps sur une natte,
Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
Pourquoi, l'heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L'œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars!
1840.
BOUFFONNERIES
XXI
SUR LES DEBUTS D'AMINA BOSCHETTI
AU THEATRE DE LA MONNAIE, A BRUXELLES
Le Welche dit: «Tout ça, pour moi, c'est du prâcrit;
Je ne connais, en fait de nymphes bocagères,
Que celle de Montagne-aux-Herbes-Potagères.»
Amina verse à flots le délire et l'esprit;
Le Welche dit: «Fuyez, délices mensongères!
Mon épouse n'a pas ces allures légères.»
Qui voulez enseigner la valse à l'éléphant,
Au hibou la gaîté, le rire à la cigogne,
Et que le doux Bacchus lui versant du bourgogne,
Le monstre répondrait: «J'aime mieux le faro!»
1864.
XXII
A M. EUGENE FROMENTIN
A PROPOS D'UN IMPORTUN
QUI SE DISAIT SON AMI
Mais qu'il craignait le choléra;
—Que de son or il était chiche,
Mais qu'il goûtait fort l'Opéra;
Ayant connu monsieur Corot;
—Qu'il n'avait pas encor voiture,
Mais que cela viendrait bientôt;
Les bois noirs et les bois dorés;
—Qu'il possédait dans sa fabrique
Trois contre-maîtres décorés;
Vingt mille actions sur le Nord;
—Qu'il avait trouvé, pour un zeste,
Des encadrements d'Oppenord;
Dans le bric-à-brac jusqu'au cou,
Et qu'au Marché des Patriarches
Il avait fait plus d'un bon coup;
Ni sa mère;—mais qu'il croyait
A l'immortalité de l'âme,
Et qu'il avait lu Niboyet!12
12 Nous ne savons pas ce que vient faire ici M. Niboyet; mais M. Baudelaire n'étant pas un esclave de la rime, nous devons supposer que l'importun s'est vanté d'avoir lu les œuvres de M. Niboyet, comme ayant tous les courages.
(Note de l'éditeur.)
Et qu'à Rome, séjour d'ennui,
Une femme, d'ailleurs phtisique,
Etait morte d'amour pour lui.
Ce bavard, venu de Tournai,
M'a dégoisé toute sa vie;
J'en ai le cerveau consterné.
Ce serait à n'en plus finir;
Je me disais, domptant ma haine:
«Au moins, si je pouvais dormir!»
Et qui n'ose pas s'en aller,
Je frottais de mon cul ma chaise,
Rêvant de le faire empaler.
Il fuyait devant le fléau.
Moi, je fuirai jusqu'en Gascogne,
Ou j'irai me jeter à l'eau,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.
Bruxelles, 1865.
XXIII
UN CABARET FOLATRE
SUR LA ROUTE DE BRUXELLES A UCCLE
Et des emblêmes détestés,
Pour épicer les voluptés,
(Fût-ce de simples omelettes!)
Devant cette enseigne imprévue,
J'ai rêvé de vous: A la vue
Du Cimetière, Estaminet!
13 La malice est cousue de fil blanc; tout le monde sait que M. Monselet fait profession d'aimer à la rage le rose et le gai.—Un jour M. Monselet reprochait à M. Baudelaire d'avoir écrit ce vers abominable, à propos d'un pendu dont les oiseaux ont crevé le ventre:
«Mais, dit le poëte impatienté, je ne pouvais pas faire autrement. Le sujet voulait cela. Qu'auriez-vous préféré à cette image?—Une rose!» répondit M. Monselet.
Cependant il ne faudrait pas croire que l'indispensable mélancolie ne perce pas de temps en temps sous ce vernis anacréontique. Nous avons vu récemment une petite composition de lui, où, se reprochant d'avoir rebuté une pauvresse, le poëte se met à sa recherche, et ne se couche que tout triste de ne l'avoir pu retrouver. Cette pièce est d'un homme vraiment sensible, même à jeun.
Regrettons que M. Monselet ne cède pas plus souvent à son tempérament lyrique, qu'une gaîté, tant soit peu artificielle, a trop souvent contrarié.
(Note de l'éditeur.)
TABLE
LES EPAVES
PIECES CONDAMNEES, TIREES DES FLEURS DU MAL.
- II—Lesbos.
- III—Femmes damnées.—Delphine et Hippolyte.
- IV—Le Léthé.
- V—A celle qui est trop gaie.
- VI—Les Bijoux.
- VII—Les métamorphoses du Vampire.
GALANTERIES.
- VIII—Le Jet d'eau.
- IX—Les Yeux de Berthe.
- X—Hymne.
- XI—Promesses d'un visage.
- XII—Le Monstre.
- XIII—Franciscæ meæ laudes.
EPIGRAPHES.
- XIV—Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier.
- XV—Lola de Valence.
- XVI—Sur le Tasse en prison, d'Eugène Delacroix.
PIECES DIVERSES.
- XVII—La Voix.
- XVIII—L'imprévu.
- XIX—La Rançon.
- XX—A une Malabaraise.
BOUFFONNERIES.
FIN DE LA TABLE.
End of the Project Gutenberg EBook of Les épaves de Charles Baudelaire, by
Charles Baudelaire
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