CHAPITRE XI
Le premier se nommait Hint, sans prénom car il était un bébé-éprouvette, l’un de ces trente-cinq millions d’Artificiels inventés après le grand boum pour repeupler la Terre exsangue. Hint appartenait à la quatrième génération de la série K, était dilué autant que faire se pouvait, à se demander comment un être humain avait pu voir le jour à partir de si peu de sperme et d’un ovule pâlichon.
C’est sans doute pour cette raison que Hint n’était pas tout à fait normal. Cela ne sautait pas aux yeux, surtout lorsqu’il assistait aux conseils d’administration, entre guillemets, présidés par… le président et Don Josu.
Hint et les douze avaient tellement de crimes sur la conscience qu’une seule mort ne leur suffirait pas pour les expier. Sans parler des tortures physiques ou morales dont ils étaient responsables… Pour les punir, il aurait fallu les torturer et les tuer cent fois.
Bien sûr que le patronat acceptait cette situation. On accepte tout quand la vie des siens est menacée par des hommes sans foi ni loi. Quelques exemples avaient donné le ton. On avait tué des enfants, violé et assassiné des jeunes filles et des épouses. Ce n’était pas compliqué. La société tombait vite à genoux devant l’horreur et la férocité.
Hint logeait dans une splendide maison-bulle de la résidence des Précieuses. Depuis sa colline de l’Avenue Émeraude, il avait une vue splendide sur la Plaine qui s’étendait de part et d’autre de la Seine. Cela lui donnait la sensation grisante de dominer la ville et, le soir, lorsque toutes les lumières brillaient, il se disait qu’il pouvait les éteindre d’un seul geste. Ce qui était vrai tant la puissance des douze avait pris de l’importance au cours des deux années écoulées. Maintenant, les douze n’avaient pratiquement plus d’opposants, régnaient incognito par le chantage ou la menace et l’argent entrait à flots dans leur caisse noire.
Hint avait trois femmes qu’il traitait comme des chiennes. Lorsqu’il était chez lui, il les obligeait à le servir au doigt et à l’œil. Elles étaient jeunes, de condition modeste, avaient l’obligation d’être continuellement et sexuellement disponibles, ce qui excluait le service en période menstruelle.
Hint était très satisfait de son fournisseur en personnel féminin, le payait grassement, renvoyait une femme dès qu’il en était fatigué ou que, pour une raison quelconque, elle ne faisait plus son affaire.
Hint était craint, respecté et détesté.
Cela lui plaisait bien.
Abel pénétra dans sa propriété après avoir paralysé les chiens cortans et mis hors d’usage le système d’alarme.
Il ne connaissait Hint que d’après photo, n’avait personnellement rien contre lui, allait l’abattre comme on abat un animal enragé et uniquement dans le but d’en débarrasser la société. Une exécution. Sans plus.
Quand Abel se pointa au fond du vaste living, Hint caressait une jeune femme contrainte d’adopter une position obscène. Abel resta dans l’ombre pendant tout le temps que dura la séance puis, lorsque Hint renvoya la femme, il sortit de sa gaine son gros pistolet thermique et s’approcha silencieusement de son objectif.
Il venait pour tuer, n’avait aucune confidence à entendre, aucun discours à tenir. L’homme qui, à présent, se vautrait sur son relaxe, ne méritait pas la pitié ni le jugement. Jadis, avant les années 2000, on aurait essayé de le comprendre, de justifier son comportement, moins par soucis d’humanité que pour faire travailler les juges, les psys en tous genres, tous les membres de la lourde machine médicale et administrative.
Maintenant, en 2302, on jugeait plus expéditivement lorsque toutefois les juges étaient disponibles. Ce soir-là, Abel 6666-4bis AG, Grand Héros de Silicon Valley, etc., et qui avait en outre le droit de tuer, s’érigeait en juge pour protéger ses semblables du monde laborieux.
Il aborda Hint par-derrière, approcha le canon du thermique de sa nuque et pressa le clap. La tête de Hint grilla, s’ouvrit en deux et la carbonisation empêcha sang et cervelle de couler.
Pour un tueur de son espèce, il venait malheureusement de mourir sans souffrance.
Abel s’en alla comme il était venu, regagna son glisseur 6000 et piqua vers la propriété de Dek Hys. Il devait tuer vite, avant que les survivants ne s’organisent et ne lui opposent une farouche résistance.
*
* *
Olla Kia vivait tant bien que mal, mais plus mal que bien, dans le 130e arrondissement. Elle regrettait néanmoins très peu de ne pas avoir pris le chemin de l’Afrique.
« — N’y va pas, ma vieille, lui avait conseillé Baba Kas, là-bas ils crèvent de faim et sont retombés sous la coupe des négriers. Puis, il ne tombe plus une goutte d’eau et il faut faire des kilomètres à pied pour en trouver. Reste ici, j’ai peut-être un job pour toi…»
Le patron, un Noir, exploitait sans vergogne les filles qui lui tombaient sous la main. Il s’agissait de fabriquer, pour un salaire de misère et à longueur de journée, dans le cadre d’un atelier spécialisé dans les matières plastiques industrielles, des barres, tubes, feuilles et plaques en PCV, nylon, téflon, rislan, delrin, plexiglas, altuglas, polyéthylène, polypropylène, makrolon, votrolon et gertofan. Naturellement, Baba Kas était la maîtresse de Dolley Olamakana, se chargeait de recruter toutes les filles noires en détresse qui refusaient la prostitution.
— Quoi ! Dis-moi pas que t’es pas bien ici ! grondait Dolley Olamakana lorsqu’une fille se plaignait. Tu pars, tu tombes entre les pattes d’un souteneur blanc qui te fait bosser à l’abattage dans un bordel pendant douze heures par jour et, dans six mois, des mecs te trimbalent sur une civière jusqu’au crématoire !
Son speech portait parce qu’il était vrai et les filles restaient. Bien entendu, Dolley Olamakana ne disait pas que les filles pouvaient droper en direction des bureaux d’aide sociale, se faire prendre en charge pendant quelque temps et trouver ensuite du travail dans un ministère ou une grosse entreprise nationalisée. Dolley Olamakana ne disait pas non plus que les filles pouvaient éventuellement se marier, ou vivre à la colle avec un type plein aux as à moins qu’une lesbienne ne remplace le type.
Le truc de Dolley Olamakana c’était de semer la peur dans l’esprit des filles, de noircir la Cité Mère au point qu’elles n’osaient plus ensuite poser le pied sur le trottoir sans avoir des frissons dans le dos.
— Qu’est-ce que vous croyez, bande de sales petites négresses ? Ici, vous êtes dans une ville blanche habitée par des Blancs qui ne pensent qu’à bouffer du nègre ! Merde ! Allez ! Allez-vous faire bouffer ! Je me demande pourquoi je vous garde ! Ameni boda tili gotego ! D’ici à ce que je ferme cette saleté de baraque, y a pas loin !
Olla Kia ne l’écoutait que d’une oreille et le dévisageait sans passion. Elle n’avait pas beaucoup d’expérience de la ville. Cependant, après sa fuite des locaux de la Maison de la jeune fille en détresse, elle avait suffisamment navigué pour savoir que la Cité Mère n’était pas exactement le chaudron de sorcière que Dolley Olamakana décrivait.
Puis, Olla Kia se souvenait de ses pérégrinations avec Iacre. Tout ceci faisait que, malgré sa jeunesse, elle ne débarquait pas tout à fait directement de sa savane et parvenait à trier le bon grain de l’ivraie. Elle se disait qu’elle taillerait la route dès qu’elle aurait quelques économies de côté.
Mais, justement, pour faire des économies il aurait fallu être mieux payé… Pas fou le Olamakana ! Mais malgré tout sensible au charme de toutes ces pétroleuses qu’il employait et, principalement, à celui d’Olla Kia, petite futée menant sa barque entre les récifs… Baba Kas avait remplacé une fille dans le lit de Dolley, pourquoi Olla Kia ne remplacerait-elle pas Baba Kas ?
— Dis donc, Olla, tu fous la paix à mon mec, hein ? Sans ça je te fais virer !
Olla regarda Baba avec de grands yeux innocents.
— Moi ? Tu rigoles, il n’est pas mon genre, ton gros lard !
Sur ce, Baba Kas eut la malencontreuse idée de rapporter à Dolley les paroles de Olla, si bien que le « gros lard » n’eut plus en tête que l’idée de coller Olla dans son lit, quitte à éjecter Baba. Elle avait fait son temps, n’avait plus de secret pour lui. Il avait besoin de chair fraîche.
Olla fut changée de machine. Ici le travail était moins dur et, entre deux pièces, on bénéficiait de quelques instants de repos. Elle ne demandait rien et recevait, se dit avec juste raison que Dolley finirait bien par lui demander quelque chose. Les hommes fonctionnent presque toujours grâce à des sentiments situés en dessous de la ceinture.
— Je pars en déplacement, Olla. J’ai besoin de quelqu’un pour m’aider dans mes achats. Tu viens ?
— Et Baba ?
— Elle doit rester pour surveiller l’atelier.
Baba les regarda partir, la rage au cœur. Si elle restait la légitime, elle risquait fort de ne plus être la favorite… Dolley faisait ses achats de matière première à la périphérie, dans les zones indus des secteurs nord.
Il emmena Olla partout avec lui, y compris dans un fameux boxnutri du 240e où ils mangèrent de la viande synthé et burent du vin entièrement chimique. Olla était un peu ivre lorsque Dolley s’allongea sur elle dans une chambre de passage du Clips.
Pas assez ivre cependant pour ne pas comprendre que Don Josu n’était pas le seul à la laisser sexuellement froide comme un glaçon. Dolley ne s’occupait heureusement jamais de sa partenaire. Il prenait son pied, roulait sur le côté et s’endormait comme une masse. Ce qu’il fit.
Olla Kia sortit du lit et alla grignoter des friandises en écoutant de la musique dans le casque. Elle allait avoir une vie plus agréable, avait donc atteint son but. Le fait d’être pénétrée par Dolley lui déplaisait beaucoup. Mais elle savait déjà qu’on n’a rien sans rien. Quant à l’amour révélateur, ou générateur, de plaisirs, elle ne saurait décidément jamais ce que c’était !
*
* *
Abel stoppa à proximité de la maison-bulle de Dek Hys. Située dans la résidence de la Colline, le quartier le plus résidentiel de la Cité Mère, et plus spécialement dans le lotissement des Couleurs ; cette demeure bénéficiait d’un panorama unique et d’un confort sans égal.
Les douze profitaient de la vie.
Ce en quoi ils avaient raison car leurs jours étaient comptés. Abel inspecta le terrain. Cette fois ce n’était plus des chiens et un système de protection électronique mais deux hommes et un système de protection magnétique.
Cela posait un problème. Dek Hys était mieux protégé que ne l’avait été Hint. Cela tenait sans doute au fait qu’il était plus intelligent et moins fataliste.
— J’ai des ennuis, Babar.
— Je vois ça, mon pote. Top.
— Tu captes quoi ?
— Des emmerdes. Top. Dek Hys est pour le moment un trop gros morceau. Top. Faudra le carboniser quand il sortira de sa forteresse. Top. Je te conseille en conséquence de laisser tomber et de passer au suivant. Top. Il s’agit de Bud Quil. Top.
Abel hésita. Il avait programmé ses interventions en fonction de l’importance des membres de la maffia. Selon toute vraisemblance, les difficultés iraient croissantes.
S’il « sautait » ce client en espérant que les autres seraient plus accessibles, ce serait un mauvais calcul car celui-là se renforcerait encore jusqu’à devenir tout à fait inabordable en apprenant la mort de ses acolytes.
— Je n’aime pas laisser Dek Hys derrière moi. J’aimerais nettoyer le terrain au fur et à mesure de ma progression. Là, je vais reculer, Babar !
— Tu recules pour mieux sauter, mon pote. Top. Mais si tu tiens à le dégommer, vas-y. Top. Ce qui est fait n’est plus à faire, n’est-ce pas ? Top.
— T’es favo ou pas ?
— Non favorable. Top. Dek Hys est un os de première grandeur, répertorié 7043-Lter. Top. Abel grimaça.
— Un 7043-Lter qui vient seulement en onzième position dans la hiérarchie de la maffia ?
— Dek Hys a été sous-évalué.
— T’es sûr ou tu supposes ?
— Je suppose, mon pote. Top. Quoi qu’il en soit le problème reste entier. Tu décides en quel sens ?
Abel aurait aimé mais ne pouvait pas. Les défenses de cette maison-bulle étaient réellement infranchissables, du moins à cette heure de la nuit. Il dit :
— Il est raisonnable de sauter Dek Hys pour passer à Bud Quil. Perspectives ?
Les bobines de Babar pivotèrent.
— Mauvaises, mon pote. Top. Tu n’auras pas les onze survivants aussi facilement que tu as eu Hint. Top. La mort de ce dernier est vraisemblablement déjà connue, tu peux d’ores et déjà te préparer à une lutte longue et difficile contre la maffia des patrons. Top.
Abel respira profondément, à plusieurs reprises, afin de chasser la contrariété qui le gagnait. Il craignait vaguement une réaction de défense des onze suite à l’annonce du décès brutal de Hint. Babar ne parlait que très rarement pour ne rien dire. S’il affirmait que les onze étaient déjà au courant du crime, c’est qu’il en avait eu la confirmation par l’une des cinquante-deux sources de renseignements dont il disposait dans le cadre des infos H.E.I.G.I.
— T’es pas encourageant, Babarowitch !
— Chuis pas là pour t’encourager, mon pote. Je suis là pour veiller sur ta santé, te mettre en garde contre les périls qui te menacent et éviter de ta part les élans par trop téméraires. Top… Un instant, mon pote, je capte une émission inquiétante.
— Pour qui ?
— Pour toi. Chut.
Abel la ferma, écouta Babar émettre des petits sons métalliques au fur et à mesure qu’il affûtait ses appareils de détections. Rien ne bougeait dans la maison-bulle et ses environs immédiats. Les deux gardes déambulaient à trente pas l’un de l’autre, faisait le nécessaire pour ne jamais se perdre de vue. Des pros.
— L’échange est meilleur, mon pote. Top. Je retransmets : « MOX-FOX-GAO-TOLL-0002 pour GOL 305. Dilili, dilili, dilili, dilili. Ding ! » Autrement dit, et en attendant la réponse de GOL 305, nous allons examiner cette nouvelle situation.
— Pas le loisir, râla Abel, je ne dispose que de quelques heures pour dynamiter la maffia ! Arrête ton cinoche, Machin !
« GOL 305 à l’écoute de MOX-FOX-GAO-TOLL-0002 = renvoya soudain le gros Télémax de Don Josu. Pourquoi êtes-vous en opération, MOX-0002 ? » Trois secondes s’écoulèrent dans le plus absolu silence et MOX-0002 déclara par l’intermédiaire du relai-Babar : « MOX-TASA-TOLL-0002 a la preuve de l’existence de o*//*o. Ding ! Piou, piou, piou, piou. »
Babar intercala :
— Voilà qu’on parle de toi, mon pote. Top. Tu as eu raison de renoncer à la Magie parce que ton incognito vient de voler en éclats. Top. Voici la suite : « GOL 305 réception 5 sur 5. Ding ! Annoncez preuve de l’existence de 6666-4bis AG ? » Tu vois que ça devient intéressant. Top. Va falloir faire vinaigre pour localiser ce MOX-TASA-TOLL-0002. Si tu t’en souviens, la fillette bourrée d’explosif était une MOX-HAN-FOO-0001. Top.
Abel alluma discrètement un tube eupho.
— Encore un robot-tueur ?
— Une humanoïde, rectifia Babar, l’émission MOX-0002 est féminine. Top.
Suite de l’échange radio : « MOX-pour GOL 305. Ding ! Abel 6666-4bis AG, CGS o*//*o, a été photographié au speed-flash en ville hier après-midi alors qu’il sortait du siège VOUTE-BAIGNOIRE. Ding ! pop, pop, pop, pop, pop. Instructions ? Ding »
Il se produisit un silence qu’Abel respecta. Il fumait, paupières mi-closes, curieusement tassé sur lui-même. Cette attitude ne lui était pas familière, révélait la somme de ses préoccupations. Rien ne pouvait davantage l’inquiéter que l’arrivée d’un robot-tueur, d’une ou d’un humanoïde, dans une affaire en cours. Cela établissait que Don Josu Huanta de Cochabamba était en piste, créait une diversion dont profiterait sans nul doute les truands de la maffia.
— Tu te goures, mon pote, émit Babar comme s’il avait la faculté de lire dans les pensées d’Abel. Top. C’est la même salade. Don Josu est en cheville avec les mecs de la maffia. Top.
— Tu débloques complètement !
— Prends pas tes désirs pour des réalités, mon pote. Don Josu est dans le coup depuis que la fillette a explosé sur ton palier. Top. Ce n’est pas une coïncidence. Avec Don Josu ce n’est jamais une coïncidence. Top. Tu devrais le savoir toi qu’il a failli liquider.
Autre silence, très bref, et Babar reprit :
— Suite de l’échange entre MOX et GOL. Attention je répète : « Message enregistré MOX-0002. Ding ! Si Abel reste l’homme à abattre, ordre a été donné de retrouver IACRE 6542 coupable d’un vol important. Dilili, dilili, dilili. Terminé. Ding ! » Eh bien ! tu sais au moins à quoi t’en tenir ! Tu vois que ce ne sera pas du nougat avec les onze survivants de la maffia ? Top.
Abel secoua la tête.
— Non, pas du nougat ! Je file chez Bud Quil !
Il lança les moteurs du 6000, donna la gomme et le glisseur décolla comme une fusée, fut emporté par la bande de circulation numéro trois. Babar rappela :
Bud Quil. Quatre-vingt-deux Avenue du Bélier dans la résidence du Zodiaque. Top.
— C’était programmé. Je suppose que ça va barder maintenant qu’ils me savent vivant ?
Babar ricana doucement, comme si sa pile était quasiment usée, mais c’était en réalité une sorte de coquetterie de sa part. Sa pile avait une durée supérieure à 90 ans. Il répondit de sa voix synthétique :
— Il est vraisemblable qu’ils n’ont jamais réellement cru à ta mort, mon pote. Top. De toute façon il est exact que ça va barder. Top. Mais, si j’étais à ta place, mon pote…
— C’est tout comme, glissa Abel.
— … Je ferais surtout gaffe à cette MOX-TASA-TOLL-0002. Top.
Le glisseur piqua en direction de la plate-forme de stationnement de l’Avenue du Bélier, résidence du Zodiaque. Abel fit remarquer :
— Dois-je faire gaffe à une humanoïde, une boîte à outils, une bouteille, une caisse ? Un robot-tueur peut avoir n’importe quelle forme ! Elle a quelle gueule cette MOX-TASA-TOLL-0002 ?
Le glisseur se posa en douceur sur la plate-forme. A travers l’agrandisseur, Abel constata que la maison-bulle de Bud Quil paraissait être sans défense particulière, si on excluait bien sûr sa clôture électrifiée.
— Tu vois ce que je vois, Trucmuche ?
— Parfaitement. Top.
Babar lança ses tricapteurs, ses détecteurs, ses palpeurs, ses calculateurs et, au bout d’un laps de temps infinitésimal, il indiqua :
— Mets les voiles, mon pote. Ici tout est planqué mais t’es repéré. Top. Il semble que Bud Quil soit capable de t’expédier un missile dans les gencives avant que tu cligne de l’œil. Top. Taille-toi.
Abel relança le glisseur et fila sur la bande inférieure, au ras des façades pour disparaître plus rapidement. Comme l’avait dit Babar : la lutte serait longue et difficile.