Chapitre 18
Je n’eus pas à attendre longtemps. La porte s’ouvrit derrière moi et Kincaid apparut. Il ne dit pas un mot, se contentant de s’installer dans sa berline de location et de s’en aller. Ortega sortit juste après lui. Une voiture s’avança depuis la rue et il ouvrit la portière côté passager. Il s’arrêta pour me parler.
— J’ai un certain respect pour vos principes et vos compétences, monsieur Dresden. Mais cette situation est de votre fait et je ne peux permettre qu’elle dure. Je suis navré.
Je le regardai monter dans sa voiture sans lui balancer la moindre réponse. Bon sang, il n’avait rien dit qui ne soit vrai. Ortega avait un véritable intérêt à défendre et des gens… enfin, d’autres monstres dans son genre… à protéger. Et jusqu’à présent, le tableau d’affichage du match « Dresden contre vampires » affichait : « un paquet à zéro ».
Si un vampire avait fait la même chose au Conseil Blanc, je me demande si nous aurions réagi avec autant de raison et de calme.
Les feux arrière de la voiture d’Ortega n’étaient pas encore tout à fait hors de vue lorsque Thomas sortit à son tour de la taverne et s’approcha nonchalamment de moi. Thomas faisait un peu moins d’un mètre quatre-vingts, soit une demi-tête de moins que moi. Il était cependant bien plus beau, et en dépit de mon commentaire précédent à propos de sa tenue, c’était l’un de ces hommes qui portent parfaitement bien tous les vêtements. Le tee-shirt en résille qu’il portait projetait de fins motifs d’ombre sur sa peau pâle qui venaient s’ajouter aux alignements de muscles sur son ventre.
Mon ventre aussi avait des muscles, mais pas au point que l’on puisse les voir onduler. J’aurais eu l’air pathétique dans un tee-shirt comme celui-là.
— C’était plutôt simple, finalement, dit Thomas.
Il tira une paire de gants de conduite en cuir noir de la poche de sa veste et entreprit de les enfiler.
— Même si j’ai cru comprendre que ce duel n’était pas le seul événement à avoir lieu en ville en ce moment.
— Pourquoi dis-tu ça ? demandai-je.
— Il y a un tueur à gages qui me suit depuis que j’ai atterri hier. La démangeaison entre mes omoplates a fini par devenir agaçante.
Je scrutai les alentours.
— Il est ici ?
Les yeux de Thomas scintillèrent.
— Non. Je lui ai présenté mes sœurs.
La Cour Blanche rassemblait les plus humains des vampires et, d’une certaine façon, les plus faibles. Ils se nourrissaient d’énergie psychique, de force vitale pure plutôt que de sang. La plupart du temps, ils séduisaient ceux dont ils se nourrissaient, aspirant leur vie par le biais du contact physique durant l’acte. Si deux ou trois des sœurs de Thomas avaient croisé l’assassin qui le suivait, le porte-flingue ne poserait plus de problème à personne. Jamais. L’une de mes paupières papillonna nerveusement.
— Le tireur était sûrement au service d’Ortega, dis-je. Il a embauché des gorilles pour se débarrasser de personnes que je connais au cas où je n’aurais pas donné mon accord pour le duel.
— Ceci explique cela, dans ce cas, répondit Thomas. Ortega ne m’aime pas beaucoup. Ce doit être à cause des mauvaises fréquentations que j’ai pu avoir par le passé.
— Eh ben merci ! Comment diable t’es-tu retrouvé à être son témoin ?
— C’est l’idée que mon père se fait d’une bonne blague, expliqua Thomas. Ortega lui a demandé d’être son témoin. Une preuve de solidarité entre la Cour Blanche et la Cour Rouge. Au lieu de quoi mon cher père a trouvé le membre de notre famille le plus agaçant et insultant possible pour prendre sa place.
— Toi, dis-je.
— C’est moi[2], confirma Thomas avec une petite révérence. On pourrait presque croire que père essaie de me faire tuer.
Je sentis l’un des coins de ma bouche se relever pour former un sourire.
— Belle figure paternelle. Du niveau de Bill Cosby. Comment va Justine ?
Thomas fit la grimace.
— Elle est à Aruba, voilà comment elle va. Et j’y étais également jusqu’à ce qu’un homme de main de papa Raith me ramène jusqu’ici.
— Qu’est-ce que vous avez décidé pour le duel, tous les deux ?
Thomas secoua la tête.
— Je ne peux rien te dire. C’est Shiro qui est supposé le faire. Je veux dire, techniquement, je suis en guerre contre toi.
Je fis la grimace à mon tour et regardai s’éloigner la voiture d’Ortega.
— Ouais.
Thomas resta silencieux quelques secondes, puis annonça :
— Il a l’intention de te tuer.
— Je sais.
— Il est dangereux, Harry. Malin. Mon père a peur de lui.
— Je pourrais l’apprécier, dis-je. C’est plutôt rafraîchissant d’avoir quelqu’un qui essaie de me tuer sans s’en cacher, plutôt que d’essayer de me prendre à revers ou de me tirer dans le dos. C’est presque plaisant d’avoir droit à un combat loyal.
— C’est sûr. Théoriquement.
— Théoriquement ?
Thomas haussa les épaules.
— Ortega est en vie depuis environ six cents ans. Ce n’est pas le genre de chose que l’on obtient en étant fair-play.
— D’après ce que j’ai compris, l’Archive ne tolérera pas de coups en douce.
— Il n’y a triche que si l’on se fait prendre.
Je fronçai les sourcils.
— Es-tu en train de dire que quelqu’un a prévu d’éviter de se faire prendre ?
Thomas mit les mains au fond de ses poches.
— Je ne dis rien du tout. Ça ne me gênerait pas de te voir lui botter le cul, mais je ne ferai absolument rien qui puisse attirer l’attention sur moi.
— Tu as l’intention de participer sans être impliqué. C’est rusé.
Thomas leva les yeux au ciel.
— Je ne vais pas te lancer une peau de banane sous les pieds. Mais n’attends pas non plus d’aide de ma part. Je vais juste m’assurer que le combat est loyal, et puis je retournerai vite dans ma maison sur la plage. (Il tira des clés de voiture de sa poche et se dirigea vers le parking.) Bonne chance.
— Thomas ! lui lançai-je. Merci pour l’avertissement.
Il s’immobilisa.
— Pourquoi faire ça ? demandai-je.
Le vampire me jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et sourit.
— La vie serait insupportablement ennuyeuse si nous avions les réponses à toutes nos questions.
Il s’éloigna vers une voiture de sport blanche dans laquelle il grimpa. Un instant plus tard, du heavy metal hurlant jaillit des haut-parleurs, le moteur rugit et Thomas s’éloigna.
Je regardai ma montre. Encore dix minutes avant l’arrivée de Susan. Shiro émergea de chez McAnnally et mit ses lunettes. M’ayant repéré, il me rejoignit et retira de nouveau ses verres.
— Ortega a refusé d’annuler le duel ?
— Il m’a fait une confession que je n’ai pas pu excuser, répondis-je.
Shiro émit un petit grognement.
— Ce sera un duel de volontés. Demain, juste après le coucher du soleil. Wrigley Field.
— Un stade ? Pourquoi ne pas diffuser le duel sur une chaîne payante pendant qu’on y est ? (Je lançai des regards de travers vers la rue et vérifiai de nouveau ma montre.) Je dois retrouver quelqu’un dans quelques instants. Je vais vous donner les clés de ma voiture. Je pourrai les récupérer chez Michael demain.
— Inutile, répondit Shiro. Mac m’a appelé un taxi.
— D’accord.
Je rangeai mes clés. Shiro resta debout sans rien dire pendant un moment, les lèvres pincées et l’air songeur. Puis il reprit la parole :
— Ortega a l’intention de vous tuer.
— Oui. Oui, en effet, dis-je en réussissant à ne pas grincer des dents. Tout le monde me dit ça comme si je ne le savais pas déjà.
— Mais vous ne savez pas comment.
Je fronçai les sourcils et baissai le regard vers Shiro. Son crâne rasé brillait dans la lumière d’un lampadaire non loin.
— La guerre n’est pas votre faute, ajouta-t-il.
— Je sais, dis-je.
Mais ma voix manquait de conviction.
— Non, reprit Shiro. Ce n’est vraiment pas votre faute.
— Que voulez-vous dire ?
— Cela fait des années que la Cour Rouge augmente discrètement ses ressources, expliqua-t-il. Sinon comment aurait-elle pu être en mesure de lancer ses attaques en Europe quelques jours après la mort de Bianca ?
Je lui lançai un regard perplexe.
Shiro tira un cigare de la poche intérieure de sa veste et en arracha l’extrémité d’un coup de dents. Il la recracha sur le côté.
— Vous n’êtes pas la cause de la guerre. Simplement une excuse pour la déclarer. Les Rouges auraient attaqué, une fois prêts.
— Non, dis-je. Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. Je veux dire, pratiquement tous ceux à qui j’ai parlé au sein du Conseil…
Shiro eut un rire étouffé. Il craqua une allumette et tira plusieurs fois sur le cigare tout en l’allumant.
— Le Conseil. Que d’arrogance ! Comme si rien d’important ne pouvait arriver sans qu’un magicien en soit à l’origine.
Pour quelqu’un qui ne faisait pas partie du Conseil Blanc, Shiro semblait en avoir remarquablement bien saisi l’attitude générale.
— Si la Cour Rouge voulait une guerre, pourquoi Ortega essaie-t-il d’y mettre un terme ?
— Prématurée, dit Shiro. Ils avaient besoin de plus de temps pour être complètement préparés. L’avantage de la surprise s’est envolé. Il veut frapper une seule fois et être certain que le coup sera fatal.
J’observai le petit homme pendant une minute.
— Tout le monde y va de son petit conseil ce soir. Pourquoi m’en donner ?
— Parce que par certains côtés vous êtes aussi arrogant que le Conseil, bien que vous ne vous en rendiez pas compte. Vous vous fustigez pour ce qui est arrivé à Susan. Vous voulez vous fustiger pour plus encore.
— Et alors ?
Shiro se tourna vers moi et me regarda en face. J’évitai son regard.
— Les duels constituent une épreuve du feu. C’est en termes de volonté qu’ils sont gagnés ou perdus. Et de cœur. Si vous ne trouvez pas votre équilibre, Ortega n’aura pas besoin de vous tuer. Vous le ferez à sa place.
— Vous étiez psychanalyste avant de devenir spadassin solitaire contre les forces du mal ?
Shiro tira sur son petit cigare.
— Dans les deux cas, je suis en vie depuis plus longtemps que vous. Et j’en ai vu beaucoup plus.
— Quoi, par exemple ?
— Comme ce vampire seigneur de guerre. La façon dont il vous manipule. Il n’est pas ce qu’il donne l’impression d’être.
— Vraiment ? Ça ne m’était jamais arrivé auparavant, rétorquai-je. Quelqu’un qui n’est pas ce qu’il semble être. Comment vais-je pouvoir m’habituer à cette idée ?
Shiro haussa les épaules.
— Il est âgé de plusieurs siècles. Il ne vient pas du même monde. Le monde dans lequel vivait Ortega était sauvage. Brutal. Les hommes tels que lui détruisaient des civilisations entières pour l’or et la gloire. Et pendant des centaines d’années depuis cette époque, il a affronté des vampires rivaux, des démons et les ennemis de sa race. S’il prend contact avec vous par le biais de moyens formels et civilisés, c’est parce qu’il pense que c’est la meilleure manière de vous tuer. Quoi qu’il arrive au cours du duel, il a l’intention de vous voir mort, par tous les moyens possibles. Peut-être avant. Peut-être après. Mais mort.
Shiro n’avait pas mis d’emphase particulière sur ses paroles. Il n’en avait pas besoin. Elles étaient suffisantes pour me terrifier sans avoir besoin d’en rajouter dans les effets dramatiques. Je jetai un regard mauvais à son cigare et lançai :
— Ces trucs vous tueront.
Le vieil homme sourit de nouveau.
— Pas ce soir.
— J’imaginais qu’un bon petit chrétien n’était pas du genre à tirer sur des cigares.
— Petit détail technique, dit Shiro.
— Les cigares ?
— Le fait que je sois chrétien. Lorsque j’étais enfant, j’aimais Elvis. J’ai eu la chance de le voir en concert lorsque nous avons émigré en Californie. C’était une grande réunion pour le renouveau de la foi. Il y avait Elvis, et puis un orateur, et mon anglais n’était pas terrible. Il a invité les gens à se rendre dans les coulisses pour rencontrer le « seigneur ». J’ai pensé qu’il s’agissait d’Elvis, donc je suis allé en coulisses. (Il soupira.) J’ai découvert plus tard que j’étais devenu baptiste.
Je lâchai un petit rire.
— Vous déconnez ?
— Non. Mais c’était fait, donc j’ai essayé de ne pas être un trop mauvais baptiste. (Il posa la main sur la poignée de son sabre.) Puis je me suis lancé là-dedans. Ç’a rendu les choses bien plus simples. Je suis en service.
— Au service de qui ?
— Des cieux. Ou du divin dans la nature. Du souvenir de mes ancêtres. De mes semblables. De moi-même. Tous éléments de la même chose. Vous connaissez l’histoire des trois aveugles et de l’éléphant ?
— Et vous celle de l’ours qui entre dans un bar ? rétorquai-je.
— Je prends ça pour un « non », répondit Shiro. On présente un éléphant à trois aveugles. Ils le touchent avec leurs mains pour déterminer de quel genre de créature il s’agit. Le premier touche la trompe et affirme que l’éléphant est comme un serpent. Le second touche les pattes et déclare que l’éléphant est semblable à un arbre. Le troisième touche la queue et avance que l’éléphant ressemble à une fine corde.
Je hochai la tête.
— Oh ! j’ai pigé. Ils avaient tous raison. Et ils avaient tous tort. Il leur manquait une vue d’ensemble.
Shiro eut un geste approbateur.
— Précisément. Je ne suis qu’un aveugle de plus. Je ne peux prétendre avoir une vue d’ensemble de tout ce qui se déroule en tout lieu. Je suis aveugle et limité. Je serais fou de me croire sage. Et donc, ne connaissant pas la signification de l’univers, je ne peux que tenter d’agir de manière responsable avec le savoir, la force et le temps qui me sont donnés. Je dois suivre mon cœur.
— Parfois ça ne suffit pas, dis-je.
Il pencha la tête sur le côté et leva les yeux vers moi.
— Comment le savez-vous ?
Un taxi tourna au coin de la rue et s’arrêta bruyamment. Shiro se dirigea vers lui en me faisant un petit salut de la tête.
— Je serai chez Michael si vous avez besoin de moi. Soyez vigilant.
J’opinai dans sa direction.
— Merci.
— Vous me remercierez quand ce sera fini, répondit Shiro.
Puis il monta dans son taxi et s’en alla.
Mac ferma boutique quelques instants plus tard et enfila un chapeau mou de couleur sombre en sortant. Il me fit un petit signe de tête en se dirigeant vers sa Pontiac et ne dit rien. Je trouvai un endroit dans l’ombre où attendre tandis que Mac s’en allait. Je gardai un œil sur la rue. Je n’aurais pas aimé que quelqu’un passe devant moi et me tire dessus avec un simple pistolet. Trop embarrassant.
Une longue limousine noire fit son entrée sur le parking. Un chauffeur en costume en sortit et ouvrit la portière la plus proche de moi. Une paire de longues jambes couleur de miel brun perchées sur des talons aiguilles se glissa hors de la voiture. Susan sortit du véhicule de manière gracieuse, malgré ses chaussures, ce qui lui conférait en soi, et ceci sans aucun doute possible, un côté surhumain. Un fourreau sans manches fait d’un tissu noir scintillant et dont le côté était généreusement fendu s’accrochait à ses formes. Des gants noirs recouvraient ses avant-bras jusqu’aux coudes et sa chevelure avait été soigneusement enroulée sur le dessus de sa tête, maintenue en place par deux baguettes d’un noir brillant.
Ma langue jaillit de ma bouche pour retomber sur mes chaussures. Enfin, pas littéralement, mais si j’avais été un personnage de dessin animé, mes globes oculaires se seraient étirés sur six pieds de long.
Susan avait déchiffré mon expression et semblait apprécier ma réaction.
— C’est combien, beau jeune homme ?
Je baissai les yeux vers mes vêtements froissés.
— Je crois que ma tenue est un peu trop décontractée.
— Un smoking pour la une ! lança Susan.
Le conducteur ouvrit le coffre et en tira un cintre recouvert par une housse en plastique de teinturier. Lorsqu’il se retourna, je m’aperçus que le conducteur n’était autre que Martin. Il s’était contenté pour seul déguisement de passer l’uniforme archétypal du chauffeur et je ne l’avais même pas reconnu avant d’y regarder de plus près. J’imagine que c’est parfois pratique d’être ordinaire.
— Est-ce que c’est ma taille ? demandai-je en prenant le smoking que Martin me tendait.
— J’ai été obligée de deviner, dit Susan en baissant les paupières de manière sensuelle. Mais ce n’était pas comme si je n’avais pas une bonne idée de la personne à habiller.
Un soupçon de désapprobation était peut-être apparu sur le visage de Martin. Mon pouls s’accéléra légèrement.
— Très bien, dis-je. Mettons-nous en route. Je m’habillerai en chemin.
— Je pourrai regarder ? voulut savoir Susan.
— Ça te coûtera plus cher, dis-je.
Martin ouvrit la portière pour Susan et je me glissai à l’intérieur à sa suite. Je lui expliquai ce que j’avais appris au sujet du suaire et de ceux qui en avaient après lui.
— Je devrais pouvoir repérer l’objet si on s’en approche.
— Tu penses qu’il y aura d’autres deniériens sur place ?
— Probablement, dis-je. Si les choses tournent mal, on prendra la poudre d’escampette, pronto. Ces types-là n’emploient pas la manière douce.
Susan acquiesça de la tête.
— On dirait que les voleurs n’ont pas vraiment peur de sortir les flingues, eux non plus.
— Et il y aura également Marcone dans le coin, ajoutai-je. Où que ses pas le mènent, les porte-flingues surarmés et les inspecteurs de la criminelle ne sont jamais bien loin.
Susan sourit. C’était la première fois que je lui voyais cette expression : un petit sourire discret qui dévoilait ses dents. Ça lui allait bien.
— Avec toi on ne peut que s’amuser, hein, Harry ?
— Je suis le Bruce Lee de l’amusement, admis-je. Fais-moi un peu de place.
Susan glissa sur la banquette de façon à me laisser le plus de place possible pour enfiler mon smoking. Je tentai de ne pas trop le chiffonner malgré le manque d’espace. Susan me jeta un regard légèrement soucieux.
— Quoi ? lui demandai-je.
— Tu es en train de le froisser.
— Ce n’est pas aussi facile que je parviens à en donner l’impression, dis-je.
— Si tu n’avais pas les yeux braqués sur mes jambes, peut-être que ça ne serait pas aussi compliqué.
— Je ne regardais pas tes jambes, mentis-je.
Susan me sourit tandis que la voiture traversait le centre-ville et je fis de mon mieux pour ressembler à Roger Moore. Après un moment, son expression se fit pensive et elle se tourna vers moi :
— Eh ?
— Quoi ?
— Où est passé ton manteau en cuir ?