5.
La liesse des trottoirs s’était volatilisée. Les terrasses remballaient leur convivialité. Les rues ne se retrouvaient plus au milieu de la grisaille. Adieu les plages, le farniente et la frime. Alger, sans son soleil, est une histoire triste.
Mme Raja était triste, elle aussi, en sortant du cabinet de son médecin traitant. Grelottante dans sa robe turquoise, elle s’arrêta sur le perron et tourna la tête vers le ciel.
Je descendis de la voiture pour aller la soutenir.
Elle refusa ma main, sans méchanceté.
– Emmenez-moi sur la plage.
La lumière du jour battait en retraite. Il était à peine 18 heures, et la nuit s’installait déjà dans la ville.
Effondrée sur le siège arrière, Mme Raja lisait et relisait les résultats des analyses que venait de lui remettre le docteur. Ses soupirs se rattrapaient au bout de chaque feuillet. Soudain, elle remit les documents dans son sac qu’elle ferma d’un geste sec. Après une interminable méditation, elle se détendit et desserra l’étreinte de ses doigts.
– Vous avez quel âge, monsieur Walid ?
Sa voix était en charpie.
– Vingt-six ans, madame.
Elle hocha la tête et s’intéressa aux immeubles déguenillés qui défilaient à travers la vitre.
Nous contournâmes les bas-quartiers pour rejoindre le littoral. La route était engrossée d’une circulation chaotique. Un camion s’était renversé en travers de la chaussée, répandant sa cargaison d’eau minérale.
– Parlez-moi de votre famille.
– Mon père est en retraite, madame. Il travaillait dans les chemins de fer. Nous habitons la Casbah depuis plusieurs générations.
– Vous êtes combien d’enfants ?
– Six, dont cinq filles.
– Vous êtes l’aîné ?
– Troisième.
Elle s’essuya le nez dans un petit mouchoir. Furtivement. Ses lunettes noires cachaient ses larmes que trahissaient les frémissements de son menton. Je ne pouvais pas me faire à l’idée qu’une dame de sa condition puisse pleurer, encore moins devant un domestique, elle qui veillait sur le moindre pli de sa robe, qui refusait de laisser transparaître le moindre de ses sentiments.
Devinant mon embarras, elle se réfugia dans la contemplation de la campagne.
Les gendarmes parvinrent à dégager une partie de la voie. L’un d’eux me montra un passage et me fit signe d’avancer.
– Parlez-moi de votre mère.
Je m’aperçus que je n’avais pas grand-chose à dire à propos de ma mère.
– Est-elle âgée ?
– Avec six enfants, illettrée et abusivement ménagère, elle n’a pas le temps de compter le nombre des années.
– Et votre maison, comment est-elle, comment y vivez-vous ?
– C’est une vieille bâtisse de trois pièces. On s’y serre les coudes.
– Se serrer les coudes, fit-elle songeuse.
Elle se tut.
Nous arrivâmes sur une plage déserte. La mer était sombre, ses vagues épileptoïdes se fracassaient contre les rochers.
J’éteignis le moteur.
Mme Raja se fit toute petite dans son châle.
– Elle s’appelle comment ?
– Qui, madame ?
– Votre maman.
– Wardia.
– L’aimez-vous ?
– Bien sûr.
La spontanéité de ma réponse la désarçonna, lui fit découvrir le caractère saugrenu de sa question. Elle exhala un soupir et se recroquevilla autour de ses mains laiteuses.
– Vous êtes si jeune, tellement jeune… À votre âge, je renvoyais sans ménagement mes prétendants. Je n’étais pas le genre de fille à languir de son prince charmant, derrière la fenêtre, tous les jours, au point de confondre les ombres du couchant avec sa silhouette. Je me croyais immortelle.
Je ne savais pas si elle parlait pour elle ou si elle attendait quelque chose de ma part.
– Prenez soin de vos parents. Un rien pourrait leur briser le cœur. Des enfants convenables, ça existe encore, je n’en disconviens pas. Je tiens seulement à ce que vous sachiez qu’une mère, aussi désagréable soit-elle, est sacrée. Qui la blesse ou l’ignore est maudit. Le ciel lui tournera le dos à jamais.
Sa main échoua sur mon épaule.
– Me suis-je bien fait comprendre ?
– Oui, madame.
– Je l’espère.
Elle ouvrit la portière. La brise lui fouetta le visage.
L’air était froid, humecté d’embrun. Les senteurs de la Méditerranée nous grisèrent presque.
– Je ne me rappelle pas à quand remonte ma dernière baignade. Avant, dès que je me jetais à l’eau, je déclenchais l’alerte. Les maîtres-nageurs étaient fatigués de devoir, à chaque fois, aller me chercher contre vents et marées. Ma mère râlait, ameutait la plage. Mon père, lui, s’enorgueillissait de ma témérité. Il m’appelait sa petite sirène adorée.
Un sourire chancela sur ses lèvres, comme un feu follet. Ses yeux n’étaient plus que douloureuses évocations.
– Nous avions la plus belle famille du monde. Ma fortune m’a donné de grandes joies, mais mon bonheur, c’est à l’amour de mes parents que je le dois… L’argent, c’est beaucoup de concessions, monsieur Walid. C’est juste de la poudre aux yeux.
– Oui, madame.
– Ce ne sont pas des paroles en l’air.
– Je comprends, madame.
– J’en doute, mon garçon.
Elle descendit de la voiture, marcha jusqu’à une dune et s’assit face aux flots. La nuit tomba. Le ciel gronda. Un éclair éventra les nuages, et de grosses gouttes de pluie éclatèrent sur mon pare-brise. Mme Raja se contenta de se ramasser dans son châle et ne bougea plus. Pendant longtemps, elle ne quitta pas la mer des yeux.
– Debout, là-dedans. Grouille-toi, va chercher la voiture.
Hamid était dans tous ses états. Il arracha mes couvertures, les jeta à terre. Ses doigts broyèrent ma cheville pour me tirer du lit. Tournoyant dans la chambre, en caleçon et pieds nus, il se rua sur l’armoire, décrocha un costume et me le balança.
– Habille-toi vite. On n’a pas une minute à perdre.
Il sortit en courant dans le couloir.
Je me levai, abasourdi. Ma montre indiquait 2 heures du matin. Sans me poser de questions, j’attendis de recouvrer mes sens et enfilai mes vêtements. Dix minutes plus tard, je retrouvai Hamid devant la porte sous le mimosa. Il grimpa à côté de moi et m’ordonna d’appuyer sur le champignon.
– Je peux savoir ce qui se passe ?
– Junior a un pépin.
– C’est si grave que ça ?
– Il n’a rien dit, mais, à sa voix, ça doit être moche. Il n’a pas l’habitude de perdre les pédales.
Le tonnerre ébranla la nuit dans un chapelet d’éructations. Une pluie torrentielle se déversait sur la ville. La chaussée chuintait rageusement sous les roues, soulevant, de part et d’autre de la voiture, d’énormes gerbes fangeuses.
La résidence de Junior était plongée dans le noir, ce qui inquiéta davantage Hamid. Nous pénétrâmes dans le vestibule. Un silence irritant nous accueillit.
– Junior, appela Hamid.
Un éclair illumina le hall avant de se rétracter aussitôt. Je trouvai le commutateur. Le salon était vide, mais en ordre. Hamid inspecta les pièces du rez-de-chaussée, revint bredouille, me fit signe de le suivre au premier. Nous escaladâmes un escalier en colimaçon. Une lumière tamisée saignait au fond du corridor. Junior était là, en kimono, affalé dans un fauteuil, la tête dans les mains il gémissait.
Une jeune fille était allongée sur le dos, nue, un bras ballant contre le flanc du matelas. Ses yeux grands ouverts fixaient le plafond. Répandue sur le drap lactescent, sa chevelure noire évoquait un mauvais présage.
» C’est de ta faute, couina Junior. Où es-tu allé dégotter ta saloperie de came ?
– Chez notre livreur habituel, répondit Hamid en s’approchant de la fille.
Il lui prit le poignet, déglutit – « Putain ! » – relâcha le bras qui retomba mollement. Je réalisai enfin l’ampleur des dégâts. La fille, une adolescente à peine éclose, ne se réveillerait plus. Sa frimousse bouffie avait une sérénité qui ne trompait pas. Elle était morte.
– J’ai tout essayé pour la ramener, s’emporta Junior.
Il se dressa brusquement, sauta sur Hamid.
– C’est de ta faute, ordure, abruti, crétin. Tu t’es fait rouler.
– Ce n’est pas possible. J’ai vérifié, je t’assure. J’en ai consommé, avant. Tu sais que ce genre de chose ne m’échappe pas. Je jure qu’elle était d’une excellente qualité.
– Alors pourquoi m’a-t-elle pété entre les doigts ? Vise-moi ces traces de piqûres sur son bras. C’est la preuve qu’elle se shootait. Pourquoi son cœur a flanché, cette fois ?
– Overdose ?
– Faux. Je lui en ai administré deux fois moins. On t’a refilé n’importe quoi, un point, c’est tout.
Hamid repoussa doucement Junior. Avec les mains ouvertes, il le pria de rester tranquille.
– C’est un accident. Ça ne sert à rien de se chamailler. Gardons notre sang-froid, et réfléchissons.
– Je n’ai pas que ça à faire. Ce n’est plus mon problème. C’est toi qui t’es fait rouler, pas moi. Je ne veux pas être mêlé à ça. Cette gosse a craqué à cause de tes étourderies, tu entends ? Je prépare ma valise et je me casse. À mon retour, je veux trouver place nette. Pour moi, c’est jamais arrivé.
– Calme-toi, patron.
– Je suis calme. Débarrasse-moi de cette merde, et tout de suite. Je suis déjà ailleurs, vu ?
Il se précipita sur sa garde-robe, se rhabilla rapidement et quitta la chambre, sans un regard pour la dépouille.
De mon côté, je n’en menais pas large. La rigidité du cadavre me pétrifiait. Ma pomme d’Adam raclait ma gorge desséchée. Je m’agrippai à quelque chose pour ne pas m’écrouler. Des tremblements me picotèrent aux mollets, remontèrent mes jambes en se ramifiant. Lorsqu’ils déferlèrent à travers mes tripes, un vertige me happa. Je me surpris en train de tituber dans le couloir, cherchant à tâtons la salle de bains, puis, la tête dans le bidet, je me mis à vomir.
Hamid se campa derrière moi.
– C’est toujours sur moi que ça retombe.
Il était plus contrarié que préoccupé. Son sang-froid raviva mon malaise. Je plongeai la tête sous un robinet et laissai l’eau glacée me rafraîchir. Les battements de mon cœur résonnaient à mes tempes, assourdissants.
– Ce n’est pas la fin du monde, Nafa. Il s’agit d’un stupide accident. Nous allons le réparer.
Il m’attrapa par le col et me releva.
– Ça va, je te dis. Y a pas le feu.
– Tu parles !
– J’en ai vu d’autres.
– Pas moi… Je démissionne.
– Tu ne vas pas me laisser tomber.
– J’ai rien vu, je ne suis au courant de rien. J’ai jamais mis les pieds ici, ce soir.
Je m’épongeai dans une serviette. Mes mains vibraient spasmodiquement.
Hamid croisa les bras sur la poitrine, s’appuya contre le mur, le sourire froid et les yeux inexpressifs. Il me laissa reprendre mon souffle et me dit :
– Voilà ce que nous allons faire…
– Nous ?…
– Je ne te demande pas la lune, bordel. Contente-toi de me conduire hors de la ville.
– Pas question. Tu es fou, ou quoi ? Puisqu’il s’agit d’un accident, appelle la police.
Il bondit comme sous la décharge d’un électrochoc. Sa carcasse me frappa de plein fouet. Je sentis mes vertèbres se tasser sous son poids.
– Pas ce mot, Nafa. Les Raja ne savent même pas ce qu’il signifie. Ce n’est pas le drame qui risquerait de les chiffonner, mais le scandale. Alors, fais gaffe à ton vocabulaire. Je te rappelle que tu dois te considérer dans la merde au même titre que moi. Tu te crois où, petit bonhomme ? Quand on fait partie d’une famille de hauts dignitaires, quelle que soit la place qu’on occupe, 0n se doit de la préserver de ce qui pourrait nuire à sa réputation. Si tu n’as pas encore compris, il n’est pas trop tard pour te rattraper. Je te somme de te calmer. Voilà ce que nous allons faire. Que tu sois d’accord ou pas n’y changera rien. Nous allons transporter le corps hors de la ville. Et sur-le-champ.
Ses doigts me ravageaient le cou. Je crus qu’il allait me tuer. Dépassé par la tournure des événements, incapable de remettre de l’ordre dans mes idées, je cédai dans l’espoir de gagner du temps et de me ressaisir.
La pluie redoublait de férocité sans parvenir à me dégriser. Hamid jeta le cadavre dans le coffre de la voiture. Ma poitrine manqua d’exploser lorsqu’il rabattit le couvercle. Je m’aperçus que mes jambes s’étaient ankylosées, que je ne pouvais pas démarrer.
– Espèce de mauviette, cria Hamid. Passe-moi le volant.
Au bout de quelques kilomètres, la vue d’un barrage de police me terrassa. Je cherchai la poignée de la portière pour m’enfuir. La main de Hamid m’en dissuada.
Le policier nous demanda de nous ranger sur le côté, promena sa torche sur le conducteur, l’attarda sur moi. À cet instant, mon ventre prit feu.
– Il a un problème, ton copain ?
– Il est souffrant, probablement une indigestion.
Le halo lumineux se déporta sur la banquette arrière.
– Vous allez où, comme ça ?
– À la maison. Nous rentrons d’un long voyage, monsieur l’agent, et nous sommes crevés. Nous travaillons pour Salah Raja.
Le flic hocha le menton dégoulinant de pluie et se retira.
Nous quittâmes la ville sans encombre. Une heure après, nous nous enfonçâmes dans la forêt de Baïnem. Hamid avait du mal à maîtriser la voiture sur la piste glissante que les ornières rendaient quasiment impraticable. Les arbres se déchaînaient, se contorsionnaient sous les rafales du vent. Leurs branches hystériques claquaient sur la carrosserie de la Mercedes.
Nous nous arrêtâmes au pied d’un tertre. Hamid sortit le cadavre du coffre et marcha sur un bosquet, en patinant. Je traînai derrière lui, sans comprendre pourquoi, comme si une force scélérate me poussait vers le cauchemar.
Hamid laissa tomber le corps par terre.
– Tu vas l’enterrer ici ?
– J’aurais pris une pelle, avant.
Il farfouilla dans les buissons alentour, rapporta une grosse pierre, la souleva et l’écrasa sur le visage de la fille avec une violence telle qu’un éclat de chair m’atteignit la joue. Pris au dépourvu, je me pliai en deux pour dégueuler.
Hamid frappa encore, et encore, m’éclaboussant de giclées de sang et de fragments d’os. Chacun de ses han me lardait l’esprit et me courbait un peu plus. Je ne pouvais pas détourner mon regard du visage de la fille en train de se transformer en bouillie. Mon urine cascadait sur mes cuisses flageolantes. À bout, laminé, je tombai à quatre pattes, la face dans mes vomissures, et me mis à hurler, à hurler…
– Voilà, dit Hamid en se redressant, même sa propre mère ne pourrait pas l’ identifier.
Dans un ultime sursaut, je me relevai pour m’enfuir droit devant à travers les ténèbres.
Hamid me rattrapa au fond d’un fossé. J’avais heurté un tronc, et mon genou saignait.
– Tu me déçois, Nafa, franchement. C’est pas croyable, je t’assure. Si tu te voyais. Même une poufiasse ne tomberait pas si bas.
Il s’accroupit devant moi, chercha mes yeux.
– C’est un accident, un regrettable accident. Tu n’as rien à craindre. La fille était une fugueuse. Elle est même pas des environs. Maintenant, c’est fini. Le plus dur est passé,
– Je veux rentrer chez moi.
– Justement.
– Chez moi, à la Casbah.
– D’accord, où est le problème ? Je vais te déposer devant chez toi. Et demain, je t’emmènerai au Sun Center baiser les plus belles minettes de l’Algérois.
– Je n’irai nulle part avec toi. Nos chemins se séparent ici. Je ne veux plus entendre parler de toi, ni des Raja…
Il me saisit par les cheveux, fermement, me tordit le cou en ricanant. Un éclair illumina son faciès. C’était celui du diable.
– J’ai horreur des ingrats, Nafa. Je peux tout blairer, sauf eux. Y a moins d’une année, tu gueusais à Bab El-Oued, le ventre aussi vide que la tête. T’es venu chez nous. On t’a élevé au rang des gens fortunés. Tu connais désormais les endroits sélect, l’air du temps et l’odeur des fortunes. Tu n’étais qu’un minable qui ne savait même pas se tenir droit, tu as oublié ? Aujourd’hui, tu portes des chemises à cinq cent mille, des baskets avec de la griffe, et tu touches pas à ton salaire depuis des lustres puisque tu bouffes gratis. Et d’un coup, parce qu’une pute de quinze ans s’est prise pour une adulte, tu ne reconnais plus les tiens et tu ne penses qu’à te débiner. Ça ne peut pas marcher, Nafa. C’est pas juste, trop facile. Mais c’est des choses prévisibles. Et on n’y peut rien. Je suis déçu, pour sûr, mais pas plus. Tu veux te tailler ? À ton aise. Seulement, y a des conditions, mon gars. Je ne te demanderai pas de rembourser, ce serait con. J’exige que tu tires une fermeture éclair sur ta grande gueule. Ce que t’as vécu, cette nuit, tu dois le gommer de ton esprit comme tu viens de renier tes bienfaiteurs. Parce que je jure sur la tête de ma mère que si jamais tu t’amuses à seulement te souvenir de cette histoire, je te retrouverai où que tu te caches et te ferai sortir tes dents, une à une, par le trou du cul. Tu es d’accord ?
Son poing s’abattit sur mon front.
– Tu es d’accord ?
Il me souleva d’une main, m’assena un uppercut qui me coupa en deux.
– Ton prédécesseur aussi a voulu jouer au plus malin. Est-ce qu’on t’a raconté ce qu’il lui est arrivé ? J’suis sûr que non. C’est tellement horrible que personne ne voudrait le répéter… Je ne te laisserai pas me gâcher la vie à cause d’un stupide accident, Nafa fils de pute. Je ne permettrais pas même au bon Dieu de toucher à un seul cheveu de Junior. C’est mon Junior. Il est à moi, rien qu’à moi. C’est mon Pérou, mon bled à moi, il est toute ma raison d’être. Est-ce que tu comprends, minable, est-ce que tu as compris ?…
Pris de frénésie, il m’enfonça la figure dans la boue et s’acharna sur moi…
Il faisait encore nuit lorsque je revins à moi. La pluie continuait de rugir dans les rafales du vent. Étendu dans une mare d’eau, les bras en croix, je mis longtemps à reconnaître la façade lézardée de la maison de mon père.