15. TREMBLEMENT DE TERRE
Soudain le sol se met à trembler. Les gens de la horde s’arrêtent net et restent là, impuissants. Contre les prédateurs on peut se battre, contre le feu on peut fuir, mais quand le sol se met en colère, il faut juste espérer ne pas mourir.
Des arbres s’inclinent. Les oiseaux, tout en haut, sont les seuls à rester tranquilles à observer les malheurs de ceux qui sont collés à la surface de la terre.
IL aurait dû s’en douter. Il y avait depuis quelque temps des signes avant-coureurs. Les animaux se terraient. Les oiseaux restaient plus souvent en l’air. Ils savent. Mais ceux de la horde, à force de se vouloir plus évolués que les autres animaux, se sont peu à peu coupés de toutes leurs perceptions naturelles.
Ça se met à trembler plus fort.
De plus en plus fort.
Il y a comme un bruit. Le sol bouge. Le sol est effervescent. Le sable sautille. Les herbes vibrent.
Et puis soudain, dans un fracas, la terre s’entrouvre. Le sol s’entrebâille et happe deux des leurs. Puis, comme si ce festin l’avait repue, la planète se calme. Les vibrations cessent. Il y a encore un dernier tremblement. Comme un rot après cette ingestion de viande. Puis c’est fini.
Les oiseaux atterrissent.
Autour d’eux, tout est cassé, beaucoup d’arbres sont déracinés, des pans de sol entiers sont retournés, mais ils savent qu’il ne s’est passé qu’un séisme mineur.
Le chef de horde, d’ailleurs, ne s’attarde pas sur cette péripétie et donne le signal du départ, comme à l’accoutumée. Il reste étonnamment imperturbable malgré la catastrophe. Il joue les types que rien n’intimide. Il ne veut pas qu’on oublie que la pire source de stress c’est lui. Pour ça, il donne quelques coups de pied à ses comparses.
La terreur interne chasse la terreur externe. Finalement, le système de la horde tient le coup et permet d’encaisser pas mal de peurs.
La terre veut montrer sa puissance ? C’est fait. Chacun sa frime.
Maintenant on peut reprendre la route.