IX

Sous la lumière crue de la lune haute et pleine, la surface du rio se changeait en coulée de mercure. De chaque côté, la forêt faisait deux murs d’un vert sombre, presque noirs, troués par endroits de brèches de la couleur négative de l’enfer. Au-dessus de ces murs, des monstres végétaux hissaient leurs troncs en ombres chinoises sur le ciel qu’ils griffaient de leurs géantes mains de ténèbres. Sur tout cela, l’impression d’un danger latent, qui pouvait exploser à tout moment. Un danger qui pourtant n’existait pas.

Du moins venant de la nature. Le seul danger qui régnait là venait des hommes : soldats, Zapatistas, Zopilotes Rojos

Le silence eût été total, seulement percé de temps à autre par un cri de bête nocturne, s’il n’y avait eu le bruit ouaté des moteurs tournant à bas régime. Pour éviter de gaspiller le carburant, les deux pirogues avançaient à vitesse modérée.

Dans la première embarcation, Bob et Sophia ; dans la seconde, Bill Ballantine et le professeur Clairembart. Afin de gagner sur les militaires, qui devaient s’être arrêtés le soir pour camper, ils avaient navigué toute la nuit. Chan Anna et ses Lacandons, eux, s’étaient dispersés dans la forêt et Jacinto les avait accompagnés.

Le premier affluent de l’Usumacinta avait été dépassé. Un orifice sombre dans le mur végétal. Puis encore plusieurs heures de navigation. La pirogue montée par Bob et Sophia avançait en tête. Un remous agita les eaux de la rivière là où plusieurs courants se contrariaient. Sophia désigna un nouveau trou d’Ombre dans la masse confuse de la forêt.

— La seconde rivière ! fit-elle.

Bob ne dit rien. Les mâchoires crispées, toute son attention tendue, il se consacrait uniquement au pilotage du canot. Pas question de heurter une souche affleurante arrachée aux berges et descendant lentement le cours de la rivière. Heureusement, sa nyctalopie le servait. Derrière, la pirogue pilotée par Bill s’insinuait sagement dans le sillage de la première.

L’aube se levait et, avec elle, les premières nappes de brume à la surface de l’eau, les écharpes de brouillard matinal autour du faîte des arbres. Tout un décor cotonneux que les premiers rayons obliques du soleil effaceraient.

Sophia et Bob dans une des pirogues, Bill Ballantine et le professeur Clairembart dans l’autre, s’étaient, durant toute la nuit, relayés à la barre.

Pourtant, la fatigue commençait à se faire sentir. Il avait plu à différentes reprises au cours de la nuit – des averses tropicales brèves et drues – et l’humidité pénétrait les trois hommes et la jeune femme.

— Serais contente que le soleil se lève pour pouvoir me sécher un peu, dit Sophia en se tournant vers Bob, qui pilotait pour le moment.

Elle devait élever la voix pour dominer le doux ronronnement du moteur hors-bord.

Morane se mit à rire avec insouciance.

— Oui, fit-il, et ensuite on se plaindra qu’il fait trop chaud.

Sur la droite, un pan de brume fut chassé par un souffle d’air, découvrant une ouverture béante dans le mur de la forêt.

— La troisième rivière, dit Sophia. El rio sin nombre

Un vague regret dans la voix de la journaliste. Mais la pirogue avait déjà dépassé l’embouchure de l’affluent. Bob ne dit rien, continua à faire avancer son esquif. Derrière, le canot monté par Bill et Clairembart ralentit un peu.

— Eh !… commandant, hurla l’Écossais. La troisième rivière…

Aucune réaction de Morane et le second canot dépassa à son tour l’embouchure du rio sans nom. À aucun moment Bob ne se risqua à tourner la tête. Peut-être pour éviter de croiser les regards d’Aristide Clairembart qui, derrière ses lunettes cerclées d’acier, devait le maudire. Peut-être le rio sin nombre menait-il à la région où dormait la cité réoubliée de Kukulkan… le temple du Serpent à Plumes… Mais, pour le moment, le plus important était de se tirer du guêpier dans lequel Bob s’était fourré, et ses amis avec lui. Pour le reste, y compris le sort d’Anita Sorel, on verrait plus tard. Quant à la Cité de Kukulkan, elle pouvait encore dormir pendant quelque temps au creux de la jungle : elle ne s’envolerait pas.

Morane sourit. Pour lui seul. Étonné de sa propre et soudaine sagesse. Peut-être, comme l’avait supposé Bill Ballantine, qu’il vieillissait.

Quelques îles, paquets de verdure accrochés par la brume, encombraient le cours de la rivière. Le courant, étranglé dans d’étroits chenaux, se fit plus rapide, Morane engagea sa pirogue dans un étroit goulet qui, longeant la berge, lui semblait plus praticable.

Le canot déboucha en eau calme. Un sursaut de Morane. D’une torsion de poignet, il coupa les gaz du moteur. L’embarcation ralentit rapidement, poursuivit pendant quelques secondes sur sa lancée, alla s’engager entre les racines de la rive qui le freina définitivement.

— Que se passe-t-il ? interrogea Sophia. Pourquoi stoppez-vous, Bob ?

Morane pointa le menton dans une direction précise.

— Regardez… là-bas…

À quelques centaines de mètres vers l’amont de la rivière, une douzaine de grandes tentes couleur kaki étaient plantées sur la berge, au centre d’un espace débroussaillé sans doute à la tronçonneuse. Des gros canots pneumatiques, tirés au sec, leurs puissants moteurs hors-bords relevés, ressemblaient à d’énormes tortues endormies. Au sommet de l’une des tentes flottait le drapeau mexicain.

Se tournant à demi, Morane fit signe à Bill de stopper, et la seconde pirogue, moteur arrêté, vint s’encastrer dans les plantes aquatiques, à côté de la première.

— Pourquoi on s’arrête ? interrogea Ballantine.

De la main Morane désigna les tentes.

— Les réguliers ! constata Clairembart.

La présence du drapeau ne permettait aucun doute.

— Pourrait-il s’agir de ceux que nous fuyons ? supposa Sophia.

Morane secoua la tête.

— Pas question !… Comment auraient-ils pu nous devancer sans que nous nous en soyons rendu compte ? Et puis, nous devions avoir pas mal d’avance sur eux… Non… non… il s’agit d’autres soldats…

— Ouais, dit Bill. Sûr… Mais comment sont-ils venus là ?

— Peut-être y sont-ils depuis plusieurs jours ? risqua Aristide Clairembart.

Morane tenta d’expliquer :

— Sans doute ont-ils été parachutés… ou déposés par hélicoptères… Mais la façon dont ils sont venus n’a qu’une importance secondaire. L’important c’est qu’ils sont là…

— Et que nous voilà bloqués, fit Sophia.

— Exact, approuva Bob. Nous sommes pris entre deux feux…

— Croyez-vous qu’on nous ait repérés, commandant ? interrogea Ballantine.

Geste vague de Morane.

— On ne dirait pas… Il doit y avoir des sentinelles et, si elles s’étaient rendu compte de notre présence, elles auraient donné l’alarme. Or, rien ne bouge dans ce maudit camp…

— Pourtant, le bruit de nos moteurs…, insista le géant.

— Ils tournaient à bas régime, dit Bob, et tout le monde doit encore dormir là-bas, dans le camp…

— Les sentinelles, commandant…

— Tu sais bien, Bill, qu’en général c’est les sentinelles qui dorment le plus profondément…

— Cessons les paroles inutiles, intervint Clairembart d’une voix sèche. Ce n’est pas le moment de perdre du temps à…

— Aristide a raison, coupa Sophia. La situation n’est pas brillante… Devant, des soldats ; derrière encore des soldats. Selon toute probabilité, nous nous trouvons au centre d’une opération anti-guerilla de grande envergure et nous n’avons pas à espérer le moindre égard de la part des militaires… Dans ce genre d’opération, on tire d’abord, on discute ensuite…

— Je ne vois qu’une solution, dit Ballantine. Nous tirer… et rapido… Mais, comme il n’y a moyen ni de reculer, ni d’avancer, une seule chose à faire, filer par la tangente… Et la tangente, c’est…

— … La rivière sans nom, c’est ça ? fit Morane.

Le colosse eut un rire gras.

— Vous avez gagné le poste TV en couleurs et en relief avec son stéréo, commandant…

Morane demeura un instant perplexe. Un petit muscle s’était mis à tressauter à la commissure de ses lèvres, tel un insecte affolé. Il ébaucha une grimace, ce qui rétablit l’équilibre nerveux de ses muscles faciaux, interrogea :

— Qu’en pensez-vous, professeur ?

— Moi, dit l’archéologue en s’efforçant de parler d’une voix neutre, je suis de l’avis de Bill. Notre seule voie de sortie, c’est la troisième rivière…

— Et vous, Sophia ?

— Je suis également de l’avis de Bill, dit la jeune femme.

Morane n’était pas tout à fait certain de la bonne foi de l’archéologue et de la journaliste. Pour l’un, la troisième rivière c’était se rapprocher, peut-être, de la Cité de Kukulkan. Pour l’autre, cela représentait, peut-être également, l’amorce d’un nouveau scoop.

Un haussement d’épaules, et Bob décida :

— Va pour la Rivière sans nom !

Mais il n’aimait pas du tout ça…

 

*

* *

 

El rio sin nombre avait refermé sur les deux canots ses sphincters de forêt vierge. Il faisait maintenant grand jour, mais le soleil ne réussissait pas à s’imposer et tout baignait dans une pénombre verdâtre. Plus étroite – il s’en fallait de beaucoup – que l’Usumacinta, la Rivière sans nom se révélait également plus difficile d’accès. Des arbres, arrachés aux berges par l’érosion, barraient parfois le passage et il fallait les contourner. Ces obstacles franchis, la navigation redevenait plus aisée. Jusqu’au moment où des bancs de vase et de végétation pourrie obstruaient à leur tour le courant. À nouveau, il fallait slalomer entre eux pour chercher une voie menant à l’eau libre. En plus, il se mit à pleuvoir. Une averse si drue, si serrée que c’était à peine si on y voyait à quelques mètres. Ce qui compliquait le pilotage des deux embarcations. Comme, sur la droite, la berge s’incurvait pour former une étroite lagune, Bill héla :

— Eh !… commandant…

Il avait cessé de pleuvoir. Bob se retourna et aperçut, à une vingtaine de mètres, le second canot qui avait stoppé.

— C’qui se passe ? interrogea Morane.

— Goupille de l’hélice cassée ! cria l’Écossais.

— C’est réparable ?

— Je crois, mais, pour ça, faudrait-être au sec…

Rapidement, Morane regarda autour de lui, repéra une courte plage, au creux de la lagune, tendit le bras dans sa direction, cria à Ballantine :

— Abordons là…

Les deux pirogues, l’une au moteur, l’autre à la pagaie, allèrent s’échouer sur la plage, puis furent tirées au sec.

— Suis content de pouvoir dérouiller un peu mes vieilles jambes ! jubila Clairembart en esquissant un pas de danse qui ressemblait à de la gigue.

— Moi, dit Sophia, c’est plutôt le bas du dos qui me fait mal. Ça manque de coussins, ces pirogues.

Bill Ballantine inspectait l’hélice de la seconde embarcation. Bob interrogea encore :

— Réparable ?

— Oui… Je crois… Les Zopilotes avaient pensé à tout… Y a une boîte à outils dans le canot… Un clou devrait suffire… On va voir…

L’Écossais fouilla dans ladite boîte à outils, poussa un grognement de triomphe.

— Y a même des goupilles de rechange !… Ça va prendre à peine dix minutes pour réparer le moulin et…

Une voix, hurlante, coupa la parole au géant. Elle venait de derrière le mur de la forêt, disait :

— No se mueva !… Esta amenazado por nuestras armas !… Ne bougez pas !… Vous êtes sous la menace de nos armes !…

Un moment de stupeur. Bob et ses compagnons regardèrent autour d’eux, mais sans repérer aucune présence humaine. La forêt formait un écran impénétrable.

La voix répéta :

— Ne bougez pas ! Ne bougez pas !

Avertissement prolongé immédiatement par :

— Levez les mains au-dessus de la tête !… Tous les quatre !…

Instinctivement, Ballantine eut un mouvement en direction du canot près duquel il se trouvait, avec l’intention de saisir une arme. Bob lui jeta, en français :

— Fais pas l’idiot, Bill !… Si tu veux pas être changé en passoire !… Obéis et lève les bras !…

L’Écossais se le tint pour dit, leva les bras très haut au-dessus de sa tête. Morane, Sophia et Aristide Clairembart avaient fait de même. Le silence s’était refait. Total. Bob se décida à le rompre, jeta, en espagnol :

— Bon… Voilà… Nous avons levé les bras… Vous voyez, vous n’avez rien à craindre de nous… Nous sommes des étrangers… Francés… Inglés…

— Eh !… minute, gronda Bill. Suis pas anglais, moi… Écossais si vous vous souvenez…

Morane fit mine de ne pas avoir entendu, poursuivit, toujours en espagnol :

— Nous sommes des touristes… Nous ne voulons faire la guerre à personne… Mon nom est Bob Morane… Et voici la señorita Sophia Paramount… Et le señor Clairembart… Et le señor Ballantine… Et vous, qui êtes-vous ?…

Un long moment de silence. Puis, soudain, tout autour de la plage, les branchages bougèrent. Puis une demi-douzaine d’hommes apparurent. Des Indiens selon toute évidence. Cela se voyait à leur teint couleur de pain trop cuit, à leurs hautes pommettes, à leurs nez courbes et à leurs yeux légèrement bridés. Les mines farouches de gens qui ne connaissaient que de rares moments de bonheur. Les regards brillants, à la fois tristes et sauvages, des peuples opprimés.

Pas d’uniformes. Des vêtements disparates qui voulaient cependant – sans y parvenir – ressembler à des battle-dress. Quelques-uns portaient des bérets à la Che Guevara, d’autres des coiffures genre casquettes de base ball. Seul, l’un d’eux était coiffé d’une sorte de passe-montagne à la visière relevée.

Tous étaient armés de Kalachnikov : la reine des batailles.

L’homme au passe-montagne s’avança. Son AK 47 paraissait être un prolongement naturel de son bras. Il était jeune et beau. Sauvage comme un jaguar.

— Viva Zapata ! fit-il d’une voix dure.

— Viva Zapata ! répondit Morane à qui cela ne coûtait rien.

À présent, ses amis et lui savaient à qui ils avaient affaire.

— Mon nom est Camacho, dit l’homme au passe-montagne. « Macho » Camacho… Je commande cette escouade des Compagnons de la Liberté… Quel est encore votre nom, señor gringo ?

— Morane, dit Bob. Robert Morane… Français…

Camacho éclata de rire.

— Eh ! bien, señor Morane, vous avez de la chance… Sans les cheveux rouges de la bonita señorita et du señor – il désignait Sophia et Bill – vous auriez été abattus sur place… Nous ne connaissons pas de « réguliers » qui aient des cheveux de cette couleur…

— Comme quoi ça sert parfois à quelque chose d’être rouquin, remarqua Ballantine.

— Et rouquine, compléta fièrement Sophia.

La glace rompue, les quatre amis baissèrent les bras, ce qui fut parfaitement accepté. Entre-temps, d’autres Zapatistas étaient sortis de la forêt. Ils étaient maintenant une cinquantaine, tous armés d’AK 47 ou de M 16. Une cinquantaine d’hommes dépenaillés, barbus, aux yeux brillants, ressemblant autant à des vagabonds qu’à des partisans. Une cinquantaine d’hommes qui, avec d’autres, à force d’être pressurés, à force d’injustices, s’étaient un jour dit : « Basta ! On va se révolter ! » Et ils faisaient la révolution. Comme Zapata, comme Pancho Villa jadis !

Ils se retrouvèrent au campement des Zapatistes, situé en pleine forêt, à quelques dizaines de mètres de la berge. Parfaitement camouflé sous les arbres, on ne pouvait l’apercevoir ni du rio ni du ciel. Une installation sommaire : lits de branchages sur pilotis, toits de feuilles de palmier ou de faux bananier. Cela ne changeait pas beaucoup les Zapatistes : toute leur vie de parias, ils avaient vécu à la dure. C’était justement pour échapper à la condition misérable à laquelle on les condamnait qu’ils combattaient.

Quand Morane eut expliqué les raisons de la présence de ses compagnons et de lui-même – sans omettre un détail – dans la selva lacandone, « Macho » Camacho hocha la tête. Les autres Zapatistas, apprenant la proximité des troupes régulières mexicaines dans la région, avaient poussé des exclamations hostiles. Tous ensemble, ils avaient entonné, à mi-voix, la chanson de guerre des révolutionnaires chiapastèques :

 

Les Indiens du Chiapas,

Pauvres et maltraités,

Se sont soulevés

Parce qu’ils étaient exploités

Jusqu’à ce qu’ils disent :

« Basta !… On va faire la révolution ».

 

D’un geste de la main, Camacho leur avait intimé l’ordre de se taire. Son regard perçant était allé de Sophia à Bill, puis de Bill à Clairembart, et il avait interrogé :

— Tout ce que vient de dire le señor Moràn est-il exact ?

— Bob n’aime pas qu’on doute de sa parole, fit gravement Sophia.

Ballantine avait poussé un grognement.

— Tout macho que vous soyez, faudrait voir…

Déchaussant ses lunettes pour en essuyer les verres embués, Aristide Clairembart coupa la parole au géant. Ses yeux clairs, aux regards presque enfantins, pétillants de jeunesse et de sincérité, accrochèrent ceux de Camacho.

— Tout ce que vient de dire le señor Moràn est parfaitement exact… Je puis vous en donner ma parole…

La voix ferme, le ton de parfaite assurance du vieil archéologue en imposèrent au jeune révolutionnaire. En même temps, il devinait que ces trois hommes et cette jeune femme pouvaient se révéler redoutables. Il sourit de toutes ses dents blanches, mais son regard demeurait aigu et dur.

— Creo que es la verdad, dit-il. Je crois que c’est la vérité.

Et il ajouta :

— Vous nous rendez service, amigos… Grâce à vous, nous connaissons maintenant les intentions des « réguliers » et même la situation de leurs forces… Quand ils viendront ici, nous nous serons dispersés dans la forêt… Nous les harcèlerons et ils regretteront d’être venus… Quant à vous, il vous faut nous séparer… Si les « réguliers » vous trouvaient en notre compagnie, ils vous tueraient, et notre combat n’est pas le vôtre…

— Nous avions l’intention de passer au Guatemala, fit Morane.

Macho Camacho réfléchit rapidement puis il dit :

— Il vous faudra remonter le rio sin nombre jusqu’à ce qu’il cesse de devenir navigable. Cet endroit est marqué par une chute d’eau. De là, vous vous enfoncerez à travers la forêt, en direction du sud…

— Nous avons l’habitude de la forêt, glissa Clairembart.

— Après un jour ou deux de marche, vous atteindrez un caribal lacandon. Il se trouve au bord d’une petite rivière, en territoire guatémaltèque… De là, il vous sera aisé, avec l’aide des Lacandons, de joindre un endroit où des prospecteurs de pétrole yankis ont établi leur camp…

— On dit qu’il se passe d’étranges choses dans la région des sources de la rivière sans nom, risqua Sophia. On parle du retour des anciens dieux mayas… de Kukulkan…

— Ce serait de ce côté également que se trouverait la Cité du Serpent à Plumes, enchaîna le professeur Clairembart.

Bob Morane et Bill Ballantine échangèrent un regard. Sophia et Aristide n’en démordaient pas. La première pour son scoop – depuis le début, elle n’avait cessé de prendre des photos à l’aide d’un appareil miniaturisé – scoop dont faisait partie la Cité de Kukulkan. Quant à l’archéologue, il tenait à ses vieilles pierres ; à moins que ce ne fût les vieilles pierres qui ne le tiennent. Il voyait très bien son nom associé à la redécouverte de la cité perdue.

— Oui, dit Camacho, on dit que les vieux dieux sont revenus… Peut-être qu’ils nous protégeront, comme dans la vieille chanson des Mayas, nos ancêtres.

Et le chef zapatiste de réciter, en vieux langage :

 

Ahac tok ! Kukikan Cu Kaluc

Tun Keluctic Kilk

Tun tuxticti h’ mayà ca xiic h’ baatel[6]

 

— Vous voyez, enchaîna Camacho, Kukulkan nous protège…

— Vous croyez encore à Kukulkan ? interrogea Bill Ballantine.

Le Zapatiste eut un geste vague.

— Pourquoi ne pas y croire, señor ?… Écoutez !…

Tous prêtèrent l’oreille. Venu on ne savait d’où, un bruit se faisait entendre. Cela ressemblait au galop d’un cheval. Mais un cheval galopant en pleine forêt vierge ?!

— Écoutez, répéta Camacho. Kukulkan n’est pas seul à nous protéger… Le vieil Emiliano combat avec nous…

 

Le Réveil de Kukulkan
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