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Prisonnières

 

Rathak enrageait. Son stratagème n’avait pas fonctionné. L’enfant, récipient de l’âme de la déesse-sorcière Ajriaz, était infirme et répugnante. Mystérieusement, la mère était arrivée à pénétrer dans le saint des saints. Elle l’avait vu tel qu’il était, et ce spectacle l’avait tellement perturbée dans sa débilité qu’elle en avait détruit sa prudente création. Il avait trouvé la jeune fille gisant seule au pied d’un escalier dans le donjon de cuivre. Elle avait dû s’enfuir et tomber après que ses cris eurent brisé la sphère de son sommeil. Comment elle avait franchi les protections de sa forteresse, il ne pouvait l’imaginer et elle ne semblait se souvenir de rien, délirant de douleur et de panique.

Il ne la punit pas immédiatement. Il avait besoin de l’enfant. Mais elle avait gâché l’enfant... ah ! Comme elle l’avait gâchée ! L’éviction prématurée dans le monde aurait pu résulter en un mort-né si l’âme n’avait pas été magiquement liée à la chair (et par un acier bien meilleur que tout ce que pouvait fabriquer Rathak). L’essence spirituelle avait donc été halée dans le corps par la main inflexible de la vie. Le dualisme reposait maintenant devant lui à l’intérieur du cercle de pouvoirs et de poudres, bossu, de guingois, miaulant. Dans la boule écrasée de son visage, les yeux maladifs glissaient inconscients après des papillonnements de lumière.

— Oui, petite horreur, je ne puis rien faire de toi. Même mon art ne pourrait réparer un tel gâchis ; il est réglé pour créer et non ravauder. Quant à un masque de beauté... J’ai besoin de cela pour quelqu’un d’autre : moi-même. Il apparaît donc que je ne puis t’utiliser ainsi que je l’avais ardemment espéré. Néanmoins, tu me donneras tout ce que tu peux.

Rathak prononça alors des paroles terrifiantes, fit des gestes de force, de telle sorte que la salle résonna comme sous un tonnerre inaudible.

Les lampes se couvrirent, l’air se glaça.

— Tu m’obéis, esprit fraîchement sorti du Néant. Les souvenirs de ta vie antérieure sont encore en toi, bien que tu ne puisses en user. La carcasse charnelle mutilée d’un bébé te retient, pourtant, en son cœur, tu es toujours Ajriaz. Tu m’obéis, Ajriaz, par le signe de ceci et de cela. Tu dois répondre.

La bouche amorphe de l’enfant s’ouvrit. Il en sortit une voix presque humaine, mais asexuée, très belle et également incorporelle ; métallique, fluide, éthérée, tout en étant à des siècles de là, elle emplissait la pièce.

— Oui, je réponds, magicien. Mais je ne suis pas celle que tu as nommée. Je suis uniquement moi.

— Pas de théosophie avec moi. Elle était celle en qui tu habitais.

— Il y a mille années mortelles, ou un après-midi.

— Et je t’ai emprisonnée. Sais-tu que tu es prisonnière ?

— Je sais que je suis prisonnière.

— Et que je suis ton maître ?

— De la chair qui me contient tu es peut-être le maître. Mais de ce que je suis, qui te parle en ce moment, tu n’es point le maître.

— Tu dois pourtant m’obéir.

— Tu es dans l’erreur.

Rathak déclara :

— Je tirerai de toi toute la connaissance dont tu étais propriétaire, que tu te rappelleras, et bien que certaines particules aient pu se perdre dans la translation, elle doit encore s’élever à une quantité tolérable. Soit tu m’obéis en cela, soit je torture à loisir, et avec une précision attentive, la cage de peau, d’os et de sang dont, jusqu’à la mort, tu ne pourras t’échapper. Cela te réjouira-t-il ?

— Cela me blessera à la fois dans le corps et dans l’esprit. Je souffrirai également, comme tu le sais. Mais sache aussi qu’Ajriaz, lorsque j’étais elle, s’est quelque peu endettée. Je me soumettrai à ces souffrances et les offrirai à mon moi intérieur en guise de paiement pour le mal qu’elle a pu commettre dans le passé. De cette manière, chacune de tes cruautés m’assistera en fin de compte. Cela te réjouira-t-il ?

— Âme, dit Rathak, je ne me soucie point de tes ambitions. Ceux qui me servent tireront grande joie de tes souffrances. Je vais les appeler. Que cela les réjouisse.

 

En entendant son enfant pousser des cris déchirants, Shemsin reprit ses sens et demanda en cherchant confusément autour d’elle :

— Où est ma fille ?

Mais les pleurs s’étaient éteints et elle entendit alors un bruit plus étrange qu’elle ne reconnut nullement.

Elle murmura alors :

— Quel est ce bruit ?

— Ma dame, dit quelqu’un à son côté, si tu pouvais rester ignorante de cela, je le ferais. Mais puisqu’il faut que tu l’apprennes, je vais te le dire sur-le-champ. C’est le bruit des maçons de Tête-Noire qui sont en train de nous emmurer vivantes à l’intérieur de cette pièce.

Shemsin quitta ses oreillers d’un bond. Immédiatement, elle reconnut tous ces bruits : le positionnement de grosses briques sur du mortier.

Et elle vit que la lumière du jour s’était déjà réduite dans la salle à un point minuscule qui s’éteignit sous ses yeux.

Curieusement, les détails de son entourage lui apparurent alors tels qu’ils étaient. Car la pièce était nue, hormis une chandelle qui clignotait et le divan sur lequel elle avait été allongée, tandis que sur le sol reposaient une jale d’eau et une miche de pain.

— Nos provisions nous ont été données pour prolonger et non pour alléger nos souffrances, dit paisiblement la voix.

Shemsin se retourna et découvrit, assise à son côté, sa compagne la sage-femme, toujours voilée, apparemment aussi paisible qu’une pierre.

— Tu... pourquoi es-tu ici ?

— Je dois être également châtiée. Nous avons permis à la progéniture du Seigneur Rathak de naître débile et déformée.

— Mon bébé, fit Shemsin.

La femme voilée hésita. Elle parut se décider.

— Ma dame, il n’a point survécu longtemps. Ce qui est aussi bien car, de toute façon, tu n’aurais pu sauver l’enfant.

Shemsin pleura. Mais, à travers ses larmes, son esprit se démena et elle dit :

— Ce n’est point pour cela que nous devons mourir, toi et moi. Mais pour être entrées dans la salle interdite. Pour avoir vu le menteur dans son répugnant état naturel.

Ce fut le tour de la femme voilée de sursauter.

— As-tu fait cela ?

La voix de Shemsin devint un hurlement.

— Tu le sais fort bien, puisque tu étais avec moi ! Oh, comme tu m’as abusée, en tuant mon enfant dans mon corps par les rigueurs du chemin, en me livrant à ce destin. Pourtant... (et sa voix baissa doucement)... le plus grand mal fut mien, d’avoir aimé une telle abomination. Les Déesses savent bien que l’enfant est probablement sorti déformé du fait de sa semence, et il vaut encore mieux qu’il soit mort. Comme moi.

Dans cette pièce, la chandelle était aussi proche de la mort. A l’extérieur, les bruits de toutes sortes s’étaient arrêtés. Le silence et les ténèbres posaient leurs mains sur les lieux.

— Shemsin, dit bientôt sa compagne voilée, notre fin est proche et tu comprendras donc que je n’ai aucune raison de mentir. Si tu es entrée dans le donjon du magicien, je n’étais pas avec toi. Cependant, si tu me l’avais demandé, par considération pour toi, j’aurais peut-être tenté cet exploit.

— Je suis donc folle, dit mornement Shemsin. Car je me rappelle que ce fut toi qui m’en persuadas. Et qu’en ce lieu tu fus mon guide, ouvrant ses portes immuables, soumettant par la magie ses diables et ses gardes surnaturels.

— Sûrement pas. Comment aurais-je pu accomplir de tels miracles ?

Shemsin eut alors dans les ténèbres comme un éclair de compréhension.

— Cela est vrai. Ce ne pouvait être toi, cette nuit-là, car elle n’avait ni ta démarche, ni tes façons habituelles, ni rien de ta douceur. Elle était fière, dure comme une femme de fer.

— Tandis que je partais te rejoindre dans l’obscurité, dit l’autre, une femme est venue à ma rencontre dans l’escalier en dessous de ta cour et m’a fait faire demi-tour, elle aussi était voilée... oh, ma dame, cette maison est infectée de créatures anormales, de follettes, de spectres et, paraît-il, de démons. Ceux-ci sont capables de vilenies pour le simple plaisir de faire du mal.

(En ceci, la jeune sage-femme se trompait légèrement. Le Prince Hazrond, lorsqu’il avait adopté sa forme pour attirer Shemsin dans le danger, avait un dessein précis qui, assurément, était désormais accompli... la démolition physique de l’enfant. Règlement de comptes anciens ?)

Mais Shemsin déclara :

— Ne parlons plus de ces terribles choses. Ce sera bientôt la nuit pour nous. (Elle ajouta alors :) Pourtant, avant que la chandelle ne s’éteigne, permets-moi de voir ton visage, pour me réconforter. Ou bien cela ne t’est-il pas permis ?

— Dès que tu le voudras.

La sage-femme releva alors le voile de sur sa tête et ses épaules et le laissa tomber au sol. Révélée, elle s’avéra une jeune femme de l’âge de Shemsin, ou un peu plus âgée, aussi sombrement belle qu’un iris à côté d’un lis.

— Shemsin, répéta-t-elle, notre fin est proche.

— Tu l’as déjà dit et je l’ai compris.

— Je vais alors te conter pour quelle raison je ne levais jamais mon voile. C’était par peur car, dès que je t’ai vue, je t’ai aimée.

Shemsin répondit :

— Rathak avait dit de même la nuit de nos noces.

— Mais lui avait menti.

Au même instant, la flamme de la chandelle s’éteignit.

Les deux femmes s’enlacèrent. Dans le noir, sur la mer de la mort, elles se serrèrent l’une contre l’autre. Chacune pensa en son cœur : « Du moins ne suis-je pas seule. »

 

Il n’avait rien appris.

L’âme avait refusé de lui accorder une phrase de plus. Elle n’avait pas crié, ainsi que l’avait fait l’enfant. L’air était chargé des vapeurs puantes et des excroissances meuglantes des séides de Rathak. Au bout de quelques heures, il vit que l’enfant mourrait de ce traitement, malgré les sorts de rétention qu’il avait jetés pour la préserver. Sa mort n’était point son but. L’enfant morte, l’âme lui échapperait de nouveau et pourrait, d’ailleurs, chercher à se venger de lui. Telle était la conception qu’avait le grand mage des affaires astrales : il voyait le monde entier de son propre point de vue.

Il mit donc fin à ses efforts.

L’expression de sa déconvenue et de sa colère s’effectua d’un certain nombre de manières.

Par la suite, dans le vide de ce sous-sol moral brûlé par la sorcellerie, psychiquement violé et haut comme une tour, Rathak lança comme un sort vésicatoire un charme de guérison sur sa fille.

Mais, malgré sa magie, Rathak ne possédait guère de pouvoirs de guérison. Il avait passé ses jours dans un poison qui l’alimentait. Bien que la formule repoussât la mort, elle agit fort peu pour encourager la vie.

Ceci terminé, il appela une créature des profondeurs de son manoir.

Elle arriva en traînant lentement ses membres, baissant son crâne lourd dont la langue épaisse touchait les dalles. Elle ne ressemblait à rien de ce qui était terrestre, ni à un patchwork d’êtres terrestres, de telle sorte que la décrire serait inutilement pédant et peut-être impossible. Toutefois, en arrivant, elle considéra le magicien son maître de ses deux ou trois yeux bulbeux et sans éclat.

— Esclave, dit-il, vois-tu ce bébé ?

Par un moyen quelconque, la créature affirma que oui.

— Je devais en avoir l’usage, mais cela m’est actuellement impossible. Peut-être y parviendrai-je un jour. En attendant, ce marmot doit rester mon captif. Et surtout rester en vie. Assure-moi que tu as bien saisi mes paroles.

Par un moyen quelconque, la créature l’en assura.

— Je confie donc cette enfant à ta charge. Emporte-la en bas, chez toi, et alimente-la des nourritures de ton auge. Garde-la également de toute mésaventure, de toute évasion, notamment celle de la mort. Elle grandira avec le temps et pourra commencer à émettre des sons. Ce n’est qu’alors que tu devras m’en avertir grâce au sifflement que je t’ai appris. Autrement, toute ta tâche te revient.

La créature hocha la tête ou manifesta un autre signe d’acquiescement.

— En retour de ta vigilance et de tes soins, tu recevras de moi un paiement, ainsi que l’exige le code des marchés magiques. Tes gages seront ceci : durant trois minutes, chaque jour, tu connaîtras une félicité indicible de tous les sens dont je serai à l’origine. Pour obtenir une extase répétitive de grandeur comparable, bien des humains seraient prêts à des labeurs beaucoup plus astreignants. Ce salaire est-il acceptable ?

La créature bava. Elle exprima son acquiescement.

Rathak claqua des doigts.

La créature rampa jusqu’au cercle non fermé et en sortit le bébé. Elle l’emporta par un chemin inaccoutumé qui lui était familier dans les fondations de la maison du magicien.

 

Le coucher du soleil arriva sur le manoir et se réfléchit sur les portes d’airain, qui s’embrasèrent en rougeoyant. Après le départ du soleil vint le crépuscule mélancolique, qui s’attarda un moment. La nuit escalada alors la roche... mais le crépuscule se tenait toujours sous le portique. Le crépuscule était un homme en manteau violet.

Il leva sa main gantée et frappa aux portes.

Tout en haut, à gauche, le crâne fossilisé d’un dragon avait été fixé. Ses mâchoires s’ouvrirent en grinçant. Il parla.

— Qui est là ?

— Les Ténèbres, lui fut-il répondu, un cinquième des Ténèbres.

— Que cherches-tu ?

— Celui qui t’a cloué à ton poste.

— Tu ne peux entrer, dit le crâne du dragon.

— Il me semble que je sois déjà entré. Dois-je ôter mes gants ?

Le crâne souffla. Le panneau gauche de la porte s’ouvrit de deux ou trois pouces.

L’homme en violet avait disparu du portique. Il se tenait maintenant à l’intérieur de la cour de noir, de sang et d’émeraude et regardait tout autour de lui. Un léger phosphore issu du marécage était entré avec lui ; il scintillait aussi vivement que le verre. Il paraissait beau, bien qu’il conservât bien caché sous sa capuche le côté gauche de son visage.

— Rathak, Rathak, Rathak, chuchota-t-il.

La cour capta ce son et le beugla.

Rathak apparut soudain dans un nuage de lumière. Il fixa le visiteur, puis produisit hors des airs un foulard de vapeur. Rathak s’en couvrit les yeux. Puis il s’inclina très bas.

— Tu me connais, dit le visiteur.

— Je crois que oui, impérial seigneur.

— Mais pas toutes mes légendes.

— Si j’ai offensé ta royale personne de quelque manière que ce soit, je m’en acquitterai.

— Donne-moi mon nom, dit l’être en violet.

— Seigneur, dispense-m’en.

— Donne-moi mon nom.

— Tu es un Seigneur des Ténèbres et un Prince.

— Et...

— Tu es Chuz, Maître des Illusions.

— Et...

— Tu es La Folie.

Chuz arbora un sourire sur la belle portion de sa figure qui était visible et chassa d’un hochement de tête une boucle de cheveux blonds descendue sur son œil baissé aux longs cils.

— Tu n’as rien à craindre, dit Chuz, car ta méchanceté t’a tellement infesté que tu es déjà un dément dépourvu de raison, Rathak. Pourtant, un jour, tu regarderas dans ton miroir et tu m’y verras. Tu verras ce que tu es. Et alors tu danseras et chanteras mon chant.

Rathak prononça muettement une parole de conjuration.

Chuz eut un nouveau sourire.

— Cela est inévitable. Je ne te pourchasse point. Tu te chasses toi-même. Tu es sur tes propres talons, Rathak Tête-Noire. T’entends-tu aboyer ?

Rathak trembla, mais tel était son sang-froid que cela resta invisible. Même Chuz, Prince La Folie, ne le vit point. Seul Rathak lui-même sut qu’il avait tremblé. Et il entendit un instant un aboiement lointain dans ses oreilles, comme des chiens sur une piste.

Lorsqu’il eut rejeté cette idée, Chuz ne se trouvait plus devant lui.

Rathak monta donc dans son donjon de cuivre ensorcelé et il s’y assourdit de tels chocs de pouvoir que l’air des salles devint aussi paresseux que de la mélasse, alors que dans le ciel au-dessus de la tour aucune étoile ni lune n’était visible ; et, lorsque le soleil se lèverait, il paraîtrait ratatiné, vu de ce lieu, tel une grenade ratée.

Mais même à l’intérieur de sa ruche surchargée de protections, Rathak resta conscient de Chuz, qui semblait ramper sur tous les murs et les toits, sur les piliers et sur les plafonds, tel un insecte violet.

— Il gratte à la vitre, dit Rathak. Il tape sur les pierres.

Rathak fit jaillir de l’atmosphère des étincelles de musique. A travers cette musique, il crut entendre Chuz, toujours en train d’avancer comme un insecte.

— Qui d’autre gratte sur les pierres ? Qui tape aux fenêtres ?

— Qui ? souffla la fille pâle à la fille sombre, qui donc frappe et gratte sur les pierres ?

— Silence, ma chérie. Ce n’est que notre imagination. C’est un rêve de faim et de désespoir. Ou peut-être est-ce le doux Seigneur La Mort qui est venu rapidement nous libérer de notre prison.

C’est alors que les briques de l’emmurement se dissipèrent.

Chuz, dans son manteau, mi-dissimulé, mi-magnifique, eut un sourire gracieux de ses mains gantées et de ses yeux baissés.

— Jolies dames, quittez cette sinistre cellule.

Éberluées, elles se mirent sur pied et se sentirent emportées jusqu’à la barrière disparue. A l’extérieur, le soir, très silencieux et bouclé. Un peu plus bas, les dômes du manoir, avec un énorme tapis tissé de velours, bleu nuit, magenta, violet et doré.

Et le beau Chuz caché leur faisait signe, enjôleur. Elles surent ensuite qu’elles s’étaient avancées sur le tapis merveilleux et que tous trois voguaient à travers la nuit brodée d’étoiles.

— Voici du vin et voici du lait, dit le courtois Chuz. Voilà des viandes, des fruits et des gâteaux. Voici pour toi des lis transparents et des iris sombres pour toi.

Il leur raconta des histoires d’un air rayonnant. Il chanta leur beauté d’une voix qu’elles n’oublieraient ou ne se rappelleraient jamais.

— C’est une hallucination de la mort, se dirent les deux femmes.

Mais la faiblesse les abandonna, la vigueur s’empara d’elles. Elles rirent, mangèrent et burent, et plaisantèrent même avec le Prince La Folie.

— Vous m’êtes chères, dit Chuz. Jadis, j’étais un autre, qui en aimait une autre, qui est maintenant une autre, mais vous l’avez toutes deux récemment connue.

Du demi-croissant de lune de sa bouche souriante, il les embrassa alors pour qu’elles s’endorment.

Le tapis était passé au-dessus d’un océan semblable à une tempête de soie, et sur un diadème de montagnes ; maintenant, dans une terre de fleuves et de blé vert, il le fit descendre et les quitta. Il les laissa endormies, le véhicule de velours en guise de couverture, les fleurs et le banquet à leurs côtés.

Mais, sur le lit d’un torrent, en lettres d’or (qu’elles trouvèrent au lever du soleil, étonnées et pleines de joie), il écrivit :

 

AJRIAZ

 

— Mais qui est Ajriaz ? demanda doucement Shemsin.

— Je l’ignore.

Elles se tournèrent l’une vers l’autre parmi les blés verts comme la mer.

L’inscription se fana bientôt au soleil.

Les sortilèges de la nuit
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