53

Le gigantesque quartier général des Défenses Orbitales, ravagé par les flammes, formait un second soleil dans les deux opalescents de Coruscant. Les flèches effilées et les tours élégantes de la Cité Impériale étaient baignées d’une lueur orangée. En descendant vers la plate-forme d’atterrissage réservée au Chef de l’Etat, Leia eut l’impression de débarquer en plein incendie de forêt. Han posa le cargo à moins d’un mètre des ailerons de queue de l’extravagant Luxuflier de Kothlis Systèmes appartenant à Fey’lya. Il désactiva l’unité de fusion avant même que le Faucon se soit stabilisé sur ses trains. Laissant le sosie d’Anakin – dont le véritable nom était Dab Hantaq – aux bons soins de Meewahl, Han et Leia abaissèrent la passerelle de débarquement. Ils se retrouvèrent nez à nez avec le canon d’une mitrailleuse G-40 installée sur son trépied.

– Quelque chose ne va pas avec le transmetteur du Faucon, Garv ? demanda Leia, guère surprise par l’accueil prudent qu’on leur réservait. Nous avons essayé de vous appeler mais la communication n’est pas passée.

– Simple précaution, Princesse. (Un homme très maigre, portant l’uniforme de général de la Nouvelle République, s’approcha.) Désolé pour le problème de communication. Les Yuuzhan Vong ont commencé à détruire le réseau satellite. Le Chef Fey’lya a donc ordonné le silence radio total pour toutes les transmissions qui ne concernent pas l’armée.

– Eh bien, voilà qui va faciliter les évacuations, dit Han.

Garv – ou plutôt « Général Tomas », pour tous ceux qui n’étaient pas ses supérieurs, actuels ou anciens – répondit d’un demi-hochement de tête fort énigmatique. Leia avait personnellement promu Garv au rang de responsable de la sécurité du palais. Depuis le temps qu’elle le connaissait, c’était la seule réponse qu’elle l’ait jamais vu adresser à un officier supérieur.

– Garv, nous avons un petit problème. Un sabotage signé Viqi Shesh, expliqua Leia. Serait-ce trop vous demander que de recharger notre réservoir de liquide de refroidissement ? Et puis j’aimerais m’entretenir avec le Chef d’Etat Fey’lya.

– Je peux arranger les deux. (Garv fit signe à un assistant Bothan aux bajoues très fournies d’aller quérir une équipe de maintenance. Puis il se tourna à nouveau vers Leia, avec un air perplexe qui ne lui ressemblait guère.) Je ne voudrais pas avoir l’air de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais j’ai entendu une rumeur concernant Anakin. Je ne sais comment vous exprimer ma sympathie…

– Merci, dit Leia. (Sachant qu’il lui faudrait rapidement s’habituer à recueillir les condoléances des gens qu’ils rencontreraient, Leia posa une main sur le bras de Garv.) Nous sommes très touchés.

– Il va beaucoup nous manquer, dit Han en hochant la tête.

– Il va beaucoup manquer à toute la Nouvelle République, dit Garv.

– En parlant de la Nouvelle République, dit Leia, bien trop contente de pouvoir changer de sujet. J’ai remarqué que les tours des archives sont toujours intactes. Est-ce que quelqu’un ne devrait pas s’occuper de les détruire ?

– Oui, quelqu’un devrait, effectivement, répondit Garv. Mais Fey’lya refuse de donner l’ordre.

– Et qu’est-ce qu’il croit ? Qu’il peut défendre la planète tout seul ? demanda Han, incrédule. L’imbécile ! Si les balafrés s’emparent de ces archives, alors il n’y aura plus un seul lieu sûr dans la galaxie où établir une base secrète !

Garv lui adressa un regard amer.

– Je le lui ai déjà dit.

– Je suis certaine que le Chef de l’Etat donnera l’ordre au moment qu’il jugera opportun, dit Leia. (Avec tous ces tirs de turbolasers contre les vaisseaux ennemis, émanant de toutes les batteries des toits de Coruscant, elle était persuadée que le moment était venu. Mais Garv Tomas était un officier intègre qui connaissait les limites de son autorité, même dans les circonstances présentes.) Cependant, ajouta-t-elle, ce ne serait pas complètement inutile d’armer les charges de destruction dès maintenant, n’est-ce pas, Général ?

– Absolument, Princesse, répondit Garv en souriant.

Il pianota un ordre sur un databloc et envoya un de ses sous-officiers s’assurer que celui-ci serait bien exécuté. Il emmena alors les époux Solo à travers le hangar jusqu’à la suite, installée au dernier étage du bâtiment, qui servait de bureau à Borsk Fey’lya. Après une brève dispute avec un droïde chargé des rendez-vous – à laquelle Garv mit fin en pressant l’interrupteur d’urgence de l’assistant cybernétique –, le général ouvrit les portes de l’appartement avant de se retirer pour vaquer à ses propres occupations. Han et Leia découvrirent Borsk Fey’lya seul, débarrassé de son entourage habituel de conseillers et de lèche-bottes, au milieu de son immense bureau, contemplant une représentation holographique des défenses de Coruscant sur le point de céder.

La situation était désespérée. Les vestiges de la flotte de la Nouvelle République étaient encerclés ou bien coupés de la planète. Souvent les deux à la fois. La moitié des plates-formes de défenses étaient en train de s’abîmer dans les flammes. Les symboles représentant les autres clignotaient de façon répétée, indiquant que les engins orbitaux avaient encaissé d’importants dégâts. Les forces de la sécurité atmosphérique se battaient farouchement à bord de leurs Ailes-V et de leurs Howlrunners. Mais, en dépit de l’excellence de ces appareils dédiés à la défense aérienne, ils n’arrivaient pas à contenir cet ennemi si supérieur en nombre. Les barges de débarquement Yuuzhan Vong étaient déjà en train de se rassembler, prêtes à fondre sur la planète. Leia comprit que, d’ici peu, la bataille se livrerait sur les toits des immeubles des environs.

Il fallut près d’une minute à Fey’lya pour remarquer qu’il avait de la visite.

– Alors, Princesse, vous êtes venue rire de ma défaite ?

Leia se força à adopter un ton chaleureux.

– Pas du tout, Chef. (En espérant que le visage de Han ne trahirait pas l’opinion qu’il avait émise à propos de Fey’lya quelques instants auparavant, Leia tendit les mains et s’avança vers le Bothan.) Je suis venue vous présenter des excuses.

Les oreilles de Fey’lya s’aplatirent en arrière.

– Des excuses ?

– Pour ne pas vous avoir aidé avec le commandement militaire, expliqua-t-elle. J’ai bien peur de m’être laissé emporter par le chagrin.

L’attitude de Fey’lya changea du tout au tout. Il prit les mains de Leia entre ses pattes poilues.

– Non, je vous en prie. C’est moi qui devrais vous présenter des excuses. Faire appel à vous dans un moment pareil…

– C’est que ça doit être très important, sinon, je suis certaine que vous ne l’auriez pas fait… (Persuadée que Fey’lya était déjà en train de réfléchir à la manière dont il pourrait se servir d’elle pour renforcer un pouvoir politique qui était totalement en train de lui échapper, Leia laissa sciemment sa phrase en suspens et posa les yeux sur le graphique tridimensionnel.) Notre situation semble bien précaire. Est-ce qu’on peut tenir ?

– Nous devons tenir, répondit Fey’lya. Si Coruscant tombe, alors mon gouvernement s’effondrera.

– Ah ouais, ce serait terrible, ça… dit Han.

Résistant à la tentation d’écraser le pied de son mari, Leia se força à sourire.

– Ce que mon cher époux veut dire, Chef Fey’lya, c’est que vous pouvez compter sur notre soutien. (Elle tira Han par le bras.) N’est-ce pas, mon chéri ?

– Bien sûr, ma chérie. (La réponse de Han sembla sincère. Suffisamment, en tout cas, pour déclencher un hochement de tête d’acquiescement de la part du Bothan.) Le Chef Fey’lya peut compter sur notre soutien.

Leia adopta une attitude des plus sérieuses.

– Si vous pensez que quelques mots de ma part pourraient soulager un peu la situation…

Le sourire de Fey’lya fut plus une expression de son soulagement que de sa confiance en l’avenir.

– Ça ne peut pas faire de mal, en tout cas. Si l’armée sait que vous êtes de mon côté, ils feront leur possible pour soutenir mon gouvernement. C’est bien là que réside le problème, voyez-vous ? Tous ces sénateurs qui essayent de regagner leurs planètes natales sont en train de réquisitionner les derniers vaisseaux en état afin d’obtenir une escorte.

– Je sais, dit Leia. J’ai vu ça aux actualités. La console des communications est toujours près de la fenêtre ?

– Non. L’endroit était idéal pour tous ces espions Baldavian capables de lire sur les lèvres.

Fey’lya prit Leia par le bras et la conduisit jusqu’à un réduit qui, à l’époque où elle occupait les lieux, servait de vestiaire.

 

– Une seule étendue d’eau à ciel ouvert sur cette planète et c’est là que tu poses nos Ailes-X ? dit Mara, entourant sa cheville fracturée d’une attelle gonflable. Une seule étendue d’eau… Qu’est-ce qui t’est passé par la tête, Skywalker ?

– Mara, je n’ai pas vraiment eu le choix, répondit Luke. (La chaleur dégagée par l’incendie de ses moteurs avait fait fondre les fibres du dos de sa combinaison de vol. Il aurait également besoin d’une coupe très courte avant que ses cheveux, brûlés eux aussi, ne reprennent leur couleur naturelle.) C’était ça ou bien s’écraser contre une des tours.

Mara et Luke regardèrent l’horizon, éclairé par les flammes, de la Mer Occidentale, un vaste lac artificiel transformé en base de loisirs pour les espèces qui résidaient sur Coruscant, s’étendant sur des milliers – voire des dizaines de milliers – de toits. Une douzaine de tourbillons indiquaient les emplacements d’atterrissages forcés bien moins contrôlés que les leurs. Les vaisseaux avaient dû perforer le fond de duracier du bassin et l’eau était en train de se déverser, comme par des bondes improvisées, sur les niveaux inférieurs de Coruscant. Après tout, l’endroit n’avait pas été si mal choisi pour y abîmer les deux chasseurs après que Luke et Mara se furent éjectés. Mais le fond de la Mer Occidentale devait être tellement jonché d’épaves de speeders et de droïdes usagés que la recherche de leur chère unité R2 au milieu de tout ce fatras se révéla particulièrement difficile, même pour Luke Skywalker.

Mara tira sur la goupille de gonflage de son attelle et serra les dents en sentant l’accessoire comprimer ses os cassés. Elle s’empara alors d’un injecteur dans le nécessaire médical d’urgence qu’elle avait pris soin d’emmener avec elle au moment de l’éjection et s’administra une dose d’anesthésiant au Bacta. D’ordinaire, elle préférait ne pas avoir recours aux analgésiques, mais Luke et elle auraient à se mouvoir très rapidement au cours des prochaines heures et elle ne souhaitait surtout pas que sa blessure puisse les ralentir. Les Yuuzhan Vong commençaient à envoyer leurs plus gros vaisseaux pour éradiquer les batteries d’artillerie des toits de la planète capitale. Mara sentit que le Byrt, emportant Ben à son bord, n’avait pas encore réussi à franchir le seuil de l’hyperespace. Il fallait qu’elle retourne en orbite, et vite.

Luke tendit enfin la main vers la surface de l’eau. La pointe de quelque chose s’éleva doucement au-dessus des ondes et la silhouette d’une Aile-X carbonisée creva les vagues de la Mer Occidentale. Deux barges Yuuzhan Vong jaillirent soudain dans le soleil pour attaquer. Une batterie de turbolasers toute proche ouvrit le feu pour les repousser. Pendant quelques secondes, le ciel au-dessus du lac s’embrasa d’un réseau de boules au plasma et de rayons énergétiques. L’une des barges explosa et l’autre partit immédiatement en chandelle, disparaissant dans le soleil avec une nuée de rayons laser aux trousses.

Mara adressa un signe de remerciement aux artilleurs de la batterie. Celle-ci était si bien camouflée dans le toit qu’elle eut besoin d’invoquer la Force pour en repérer l’emplacement. Luke fit planer son Aile-X jusqu’à la berge et dégagea R2-D2 de son alvéole de droïde-astromécanicien. A part quelques traces de brûlure, R2 avait l’air en bon état et, à écouter le salmigondis électronique qu’il ne cessait de produire, ses joints hermétiques semblaient avoir tenu le coup en dépit du feu et de l’immersion prolongée.

Il y eut une énorme explosion, juste au-dessus d’eux. Pendant quelques instants, l’éclat fut plus aveuglant encore que celui du soleil et de longues flammes blanches déchirèrent les cieux. Mara et Luke attendirent que l’intensité lumineuse baisse un peu. Ils virent alors des débris enflammés tomber vers la planète. Impossible de savoir si le vaisseau détruit appartenait à la Nouvelle République ou aux Yuuzhan Vong. Se sentant soudain accablée par le désespoir, Mara passa son bras au-dessus des épaules de Luke. Elle le laissa l’aider à soulager tout le poids qui pesait sur sa cheville blessée.

– Luke… Comment va-t-on y arriver ? (Depuis les airs, ils avaient pu constater que les voies aériennes étaient encombrées de véhicules ou bien obstruées par des épaves. Tous deux savaient que, même s’ils réussissaient à rejoindre un astroport rapidement, tout engin spatial digne de ce nom en aurait déjà décollé depuis belle lurette.) On aura de la chance si on parvient à décoller de cette planète. Alors pour ce qui est de retrouver Ben…

Luke lui prit le bras.

– Fais confiance à la Force, Mara.

– C’est tout ce que tu as à me dire ? demanda-t-elle amèrement. Tu crois que faire confiance à la Force a servi à Anakin ?

– Peut-être que le destin d’Anakin était de nous sauver, dit Luke tout doucement. (Il s’agenouilla face à R2-D2 et utilisa sa manche pour essuyer les capteurs audio du droïde.) Nous ne sommes pas seuls dans cette histoire, Mara. Si R2 peut détecter une fréquence militaire, peut-être que quelqu’un pourra nous venir en aide.

– Ouais, peut-être. (Mara détourna les yeux et essaya de contenir les émotions obscures qu’elle sentait monter en elle. Elle ne souhaitait pas accuser Han et Leia d’avoir mis leur fils en danger mais, après tout, c’était bien leur « aide » qui risquait de coûter la vie à Ben.) Bon, tu te magnes, Skywalker ?

– C’est bon, ça y est, répondit Luke. R2 ?

Le droïde se lança dans un long trille excité.

– Tu en es certain ? demanda Luke en essuyant la grille du haut-parleur du droïde. Tu as trouvé Leia ?

 

– Ce n’est pas terminé, dit Leia. Il y a deux ans, les Yuuzhan Vong ont débarqué dans notre galaxie. Ils ne sont pas arrivés en amis ou en égaux – nous aurions été très heureux de les accueillir en tant que tels – mais en voleurs et en conquérants. Ils ont vu une galaxie en paix et ont interprété la puissance de nos convictions comme une faiblesse de nos défenses. Ils ont confondu la sagesse de nos compromis avec la timidité des couards. Ils ont attaqué sans provocation, sans pitié, massacrant des milliards de nos concitoyens, faisant sombrer des mondes entiers dans l’esclavage, sacrifiant des millions d’individus pour apaiser la prétendue soif de sang de leurs dieux imaginaires. Ils pensaient pouvoir nous vaincre aisément, convaincus qu’ils étaient que nous céderions sans nous battre. Mais ils avaient tort. Nous avons combattu à Dubrillion, sur Ithor, au Bantha Noir, à Borleias et sur Corellia. Nous les avons combattus tout au long du chemin qui va de la Bordure Extérieure jusqu’au Noyau. Nous avons perdu un nombre incalculable d’êtres chers. Mon propre fils, Anakin, et le meilleur ami de mon époux, Chewbacca, ont perdu leur vie dans ce combat. Aujourd’hui, nous devons nous battre dans les cieux de Coruscant. Et nous devons tenir. Bientôt, l’ennemi sera sur nos toits, dans nos maisons, il investira jusqu’aux sous-sols de nos cités. A ceux qui sont en mesure d’évacuer, à tous ceux qui restent coincés en arrière, je dirai ce que j’aimerais dire à mes jumeaux si j’étais en mesure de les contacter au-delà des lignes ennemies : Continuez le combat. Ce n’est pas terminé. A deux reprises, les unités conduites par les Jedi ont décimé des flottes Yuuzhan Vong. Nous abordons chaque bataille avec de nouvelles armes et de meilleures tactiques. Nous l’avons déjà emporté face à des ennemis redoutables. Face à Palpatine. Face à Thrawn. Face aux Ssi-ruuk. Il s’agit d’une autre guerre et nous savons comment la gagner. Continuez le combat jusqu’à ce que vous ne puissiez plus vous battre. Alors, partez en courant, laissez l’ennemi s’épuiser en essayant de vous poursuivre. Et, quand il s’y attendra le moins, retournez-vous contre lui et battez-vous de nouveau. Continuez le combat. Nous l’emporterons.

 

La passerelle de pilotage de la Dame Chance était aussi silencieuse qu’un Noghri armé d’une vibrolame. Lando fit mine d’ajuster la puissance des déflecteurs, le temps de retenir les larmes qui lui montaient aux yeux. C’est alors qu’il entendit un curieux grognement provenant du fauteuil de copilote, juste à côté de lui. Il se tourna et vit le général Ba’tra essuyer ses joues couvertes de fourrure.

– Bon sang, cette femme serait capable de mettre un Hutt au régime ! (Le Bothan passa les quelques secondes suivantes à observer l’espace par le hublot avant. La silhouette du Byrt grossissait à vue d’œil. D’abord de la taille d’un index, elle atteignait à présent celle d’un bras. Un losange plus petit, noir et sinistre, était accroché aux flancs du paquebot par des tentacules. L’élégant yacht stellaire des chantiers navals de Kuat, appartenant à Viqi Shesh, croisait à proximité.) Dites-moi, Général Calrissian, grogna enfin Ba’tra. Je me trompe ou bien aucun de ces appareils ne ressemble à l’Aventurier Errant…

– Tout juste, dit Lando, ne cherchant pas à proposer de plus amples explications. (Pour lui, ses fonctions de général avaient pris fin avec la destruction du quartier général des Défenses Orbitales. A présent, Ba’tra et ses hommes n’étaient rien de plus que des réfugiés embarqués à bord de la Dame Chance pour évacuer les lieux. Il ouvrit un canal de communication pour contacter son épouse :) Est-ce que…

– Où étais-tu passé ? demanda immédiatement Tendra. Je me suis fait un sang d’encre.

– Tout va bien. Juste un peu… heu… retardé au Q. G. (Tout en parlant, Lando envoya ses coordonnées à sa femme sur une fréquence secondaire.) Lorsque Booster arrivera, est-ce que tu veux bien lui demander de rejoindre ces coordonnées ? C’est un petit service que je veux rendre à un ami commun et ce ne serait pas du luxe d’avoir un destroyer stellaire sous la main.

– Quel genre de petit service ?

– Un truc important. (Même si la fréquence était codée, Lando ne souhaitait guère en dire plus, au cas où des représentants des Brigades de Paix seraient à l’écoute.) Passe le mot à Booster. C’est tout ? Je te retrouve bientôt.

– Y a intérêt.

– Tu veux parier ?

Ne souhaitant pas alarmer Tendra, Lando coupa la communication sans lui dire combien il l’aimait. Ba’tra l’observait du coin de l’œil.

– Je ne vous imaginais pas en héros, Calrissian.

– Moi ? Je n’ai rien d’un héros. (Lando lui adressa son sourire de commerçant le plus peaufiné.) Mais je ne voudrais surtout pas rater l’occasion de faire la démonstration de mes droïdes auprès d’un public captif !

Ba’tra s’ébroua et eut un petit sourire en coin en observant le moniteur principal. Même à une orbite aussi haute, l’espace était encombré de vaisseaux. Pour la plupart, les Yuuzhan Vong étaient trop occupés à en découdre avec les formidables et vaillantes défenses de Coruscant pour s’en prendre aux appareils civils. Cependant, une douzaine de skips patrouillaient dans la zone aux alentours du Byrt et repoussaient tout engin qui s’en approchait d’un peu trop près.

Ba’tra tapota avec une de ses griffes contre l’écran.

– Une petite escorte ne nous ferait pas de mal. On pourrait peut-être demander à cette escadrille Jedi qui se charge du yammosk, non ?

– Et attirer l’attention sur nous ? (Lando lui adressa un malicieux froncement de sourcils puis activa l’intercom.) Serrez vos harnais de sécurité, là, derrière, annonça-t-il. 1-1A ? Est-ce que ton détachement est prêt à partir ?

– Affirmatif, mon Général !

– Je ne suis plus général. Ce grade n’était que temporairement actif.

– Un général est toujours un général, mon Général !

Lando leva les yeux au ciel et ouvrit un panneau dans l’accoudoir de son siège. Il appuya sur un bouton à clenche de sûreté. Une valve dans le moteur tribord se mit alors à diffuser du gaz tibanna non comprimé dans le propulseur ionique. La Dame Chance éjecta une traînée de près d’un kilomètre de long évoquant une flamme blanche. En réalité, ce n’était rien de plus qu’une réaction chimique inoffensive, une décharge causée par l’ionisation soudaine du tibanna. Lando lança son appareil dans une série de tonneaux et programma une trajectoire en oblique vers le Byrt, prenant bien soin de conserver un angle suffisamment ouvert afin de frôler le paquebot avec une marge de sécurité acceptable. Les skips s’écartèrent prudemment sur son passage. Tirer sur un appareil en perdition pourrait altérer son cap et entraîner une collision avec les vaisseaux qu’ils étaient chargés de surveiller.

– Mes compliments, Général, dit Ba’tra, fermant les yeux pour éviter la nausée causée par la vision tourbillonnante du champ d’étoiles. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas assisté à une démonstration aussi probante de la célèbre ruse du Bothan Fou en Cavale !

Lando continua sur le même vecteur, une trajectoire qui devait passer à environ cinq cents mètres du paquebot. Les skips virèrent à sa suite mais se tinrent à distance de la traînée de tibanna. Le Byrt grossit par le hublot jusqu’à atteindre la taille d’un immeuble. Lando piqua vers le paquebot et décéléra brutalement. Bientôt on ne vit plus qu’une longue étendue de coque de duracier. Les deux appareils fusionnèrent brièvement leurs deux boucliers de particules au point que le paquebot, sous l’impulsion de la Dame Chance, s’en alla heurter l’engin Yuuzhan Vong accroché à son flanc. Lando rabaissa brusquement la poupe de son appareil et les deux vaisseaux se retrouvèrent côte à côte.

Deux coraux skippers intervinrent et décochèrent des boules de plasma sur les boucliers déflecteurs de la Dame. Lando coupa l’alimentation en carburant de ses subluminiques et ferma les volets d’évacuation des réacteurs. Le gaz tibanna fusa des échappements secondaires et se répandit à l’intérieur même du bouclier. Coincé dans le champ de particules, le gaz sembla engloutir la Dame Chance dans une tornade de « flammes » photoniques.

Les deux skips virèrent pour éviter ce faux incendie. Lando profita de la confusion pour baisser les boucliers qui juxtaposaient ceux du Byrt.

– 1-1A ! Go !

 

Au moment où lui parvint l’ordre du général Calrissian, CYV 1-1A était déjà arrimé avec ses crampons magnétiques au paquebot stellaire, occupé à coller un cordon de détonite élastique à la coque. Toujours perturbé par l’échec essuyé lors de la démonstration sur Coruscant, il avait entièrement dédié l’un de ses processeurs à la vérification perpétuelle de ses circuits d’armements. Tous ses systèmes tournaient à plein régime et toutes ses réserves de munitions étaient opérationnelles. Mais cela avait été également le cas sur Coruscant. Les routines analytiques du CYV passaient continuellement en revue l’image des rayons de blaster rebondissant contre le Yuuzhan Vong en armure et ne cessaient de signaler une défaillance à peine détectable du module d’alimentation. Pourtant, le centre logique du droïde de guerre savait que cette information n’était plus fondée. Peut-être qu’il s’agissait d’un bogue tournant en boucle dans ses mémoires permanentes. Mais pourquoi persistait-il donc si longtemps après la remise à zéro de tous ses circuits ?

Une seconde et deux dixièmes après que le général Calrissian eut donné son ordre d’attaque, deux unités subordonnées vinrent appliquer l’extrémité du tunnel de transfert amovible de la Dame Chance contre la coque du Byrt, enfermant ainsi CYV 1-1A. Celui-ci recula jusqu’au sas et activa la mise à feu de la détonite. Une section de la coque, de la taille d’une porte, sauta et vint heurter la poitrine blindée du droïde de guerre. Les pressions s’équilibrèrent.

Inspectant les alentours avec ses senseurs optiques et acoustiques, le CYV se précipita par la brèche et déboucha dans une petite station de contrôle des relais d’alimentation. Trois membres de l’équipage gisaient à terre en se tenant les oreilles, poussant des gémissements de douleur à la suite de la dépressurisation subite. 1-1A les ignora et traversa la cabine. Il s’arrêta net. Ses détecteurs à longue portée venaient de repérer une escouade de Yuuzhan Vong de l’autre côté de la paroi, dans le corridor principal.

Embuscade ? demanda 1-24A.

Affirmatif.

CYV1-1A projeta des points lumineux rouges sur le mur afin de signaler l’emplacement de chacun des soldats ennemis. Il était sur le point d’exposer une stratégie à son congénère lorsque 1-24A passa devant lui, ouvrit violemment la porte et commença à tirer. Les résultats confirmèrent que son système d’armement était parfaitement opérationnel.

Coursive nettoyée, annonça 1-24A.

Efficacité maximale, le complimenta 1-1A.

Les circuits encore frémissants suite à sa propre hésitation, 1-1A assigna des missions aux différents membres de son unité : se débarrasser du vaisseau ennemi accroché au Byrt, s’emparer du centre de contrôle des propulseurs du paquebot, rechercher et éliminer tous les Yuuzhan Vong présents à bord. 1-1A laissa deux escouades en faction près de la brèche pour accueillir le général Calrissian et les autres êtres vivants, puis programma ses capteurs audio sur leur réglage le plus sensible et passa la porte de la cabine.

Quatre secondes et demie s’étaient écoulées. Les parois de la coursive étaient constellées de scarabées paralysants fichés au petit bonheur et le sol était jonché de cadavres de Yuuzhan Vong. Les escouades de droïdes investirent la coursive, se séparant en deux groupes partant en des directions opposées. Ils ouvrirent le feu avec leurs bras blasters et le couloir s’illumina bientôt d’éclairs colorés en rafales. 1-1A commença à analyser les détections acoustiques de ses processeurs audio. Il comprit alors qu’il avait sous-estimé la difficulté de sa mission. Rien qu’à portée de ses seuls capteurs, il venait de repérer les vociférations de cinquante-deux enfants exprimant leur mécontentement. Très violemment, même.

1-1A enjamba le corps fumant d’un Yuuzhan Vong et suivit les plaintes à travers un dédale de corridors jusqu’aux cabines de première classe. Un détachement de six soldats ennemis était en train de faire sortir de force les réfugiés de leurs quartiers. Le chef Vong tenait un bébé en pleurs par une jambe. Il le secoua sous le nez d’une femme terrorisée.

– Dis-moi ! Est-ce le bébé Jeedai ? demanda-t-il.

CYV 1-1A leva son bras blaster et le ronronnement de ses servomoteurs attira l’attention du guerrier Yuuzhan Vong. Celui-ci fit volte-face. Certains soldats renvoyèrent leurs captifs dans leurs cabines, d’autres les rassemblèrent devant eux pour les utiliser comme boucliers. 1-1A fit un bond en avant et ouvrit le feu. Hors de question de se laisser troubler par un défaut de son module de sélection ou bien par un câble d’alimentation endommagé. Il tira cinq fois, éliminant les cinq soldats. Le chef voulut jeter violemment le bébé contre le mur. Le droïde de guerre se sentit suffisamment en confiance pour tirer, tranchant la main du soldat juste au niveau du poignet.

La mère, abasourdie, rattrapa son bébé dans ses bras. Elle se tourna vers 1-1A en marmonnant d’incompréhensibles remerciements.

– Restez calme, se contenta de dire le droïde. Et veillez à vous trouver un abri.

 

Viqi Shesh donnait l’impression d’avoir été ressuscitée d’entre les morts par une sorcière de Krath. Ses joues étaient creuses, ses pupilles dilatées, sa peau aussi grise que celle d’un Noghri. Sa démarche laissait comprendre qu’elle était sous l’influence d’un puissant analgésique. Mais elle se tenait la tête haute et semblait bien déterminée à impressionner tous les Yuuzhan Vong qui la suivaient dans la coursive. De peur que la lueur de ses photorécepteurs ne trahisse sa présence, C-3PO fit un pas en arrière dans le sas d’évacuation et continua de regarder en oblique par le hublot de la porte.

– Et c’est alors que le méchant Sénateur Shesh partit à la recherche du gentil Ben Skywalker, dit-il tout doucement. (Dans une futile tentative pour calmer l’enfant en détresse, il avait programmé son module de synthèse vocale TranLang III pour qu’il imite la voix soyeuse de Mara. L’imitation était impeccable, mais il ne pouvait pas faire grand-chose pour modifier la froideur de ses mains métalliques ni influer sur ce que le bébé pouvait percevoir dans la Force.) Alors, le gentil Ben, très courageusement, se calma.

Ben poussa un cri assourdissant.

– J’avais pourtant bien dit à Maîtresse Leia que je n’étais pas le droïde adéquat pour ce travail, gémit C-3PO avec la voix de Mara. (Il ouvrit le nécessaire médical d’urgence qu’il avait décroché de la capsule de sauvetage qui se trouvait juste derrière lui et en sortit une dose de Tranquisûr.) Je vous en prie, taisez-vous, Messire Ben. Je suis certain que votre mère n’aimerait guère que je vous administre un sédatif.

Viqi Shesh s’entretenait depuis quelques instants avec les membres de son escorte. Les soldats entreprirent alors d’ouvrir méticuleusement tous les sas des baies d’évacuation. C-3PO avait, bien entendu, préparé une capsule de sauvetage, mais l’idée de voyager à nouveau à bord d’un de ces petits engins ne lui disait rien qui vaille. De plus, ils ne pourraient que retomber vers la surface de Coruscant.

Les Yuuzhan Vong se trouvaient encore à trois écoutilles de leur cachette lorsqu’un imposant droïde de guerre CYV apparut derrière eux.

– Le ciel soit loué ! dit C-3PO.

Il se dit qu’il devait s’agir d’un modèle de la série 1-1 mais cela n’avait guère d’importance. La série CYV était de la plus haute qualité et le simple fait qu’un exemplaire se trouve à présent à bord était un excellent présage. C-3PO s’empressa de transmettre un signal électronique pour s’identifier, ajoutant que lui-même et son jeune compagnon avaient besoin d’aide. Il reçut une réponse plutôt acerbe l’informant que le but même de la mission des CYV était justement de les sauver, lui et Ben. C’est alors que le droïde de guerre activa son mini-canon et, dans une tornade infernale, désintégra en moins de deux secondes quatre des soldats accompagnant Shesh.

Ben choisit ce moment précis pour crier de plus belle. Etant donné le vacarme qui régnait dans la coursive, C-3PO se dit que les trois centimètres de duracier constituant le mur de la baie empêcheraient certainement le bébé d’être entendu. Cette hypothèse se volatilisa complètement lorsque, s’approchant du hublot pour évaluer la situation dans le couloir, C-3PO aperçut Viqi Shesh, plaquée contre le mur opposé, qui regardait droit dans sa direction.

– Ben ! s’exclama-t-il. Regardez ce que vous avez fait !

 

C’était très exactement le type de problème tactique qui convenait à l’esprit retors d’un Bothan : un passage étroit, défendu par douze adversaires bien armés tenant en otage un nombre indéterminé de personnes. Ba’tra aurait normalement envoyé un commando par les bouches de ventilation, ou bien il aurait dupé l’ennemi en feignant une retraite. Cette fois, cependant, il se tourna vers un droïde de guerre CYV et indiqua la porte.

– 1-32, emparez-vous du pont !

– Oui, mon général.

CYV 1-32A s’élança au milieu d’un nuage d’insectes paralysant si épais que Ba’tra le perdit rapidement de vue. Le droïde contre-attaqua en déclenchant une tempête de feu laser. Trois secondes plus tard, il se tenait en travers de la porte, bras blasters fumants, son armure de laminanium perforée au point que ses circuits internes étaient visibles par endroits.

– Pont nettoyé, mon Général.

– Bien joué ! (Ba’tra leva son comlink à ses lèvres et s’adressa à un subordonné attendant à bord du yacht de Lando :) Capitaine ? Vous pouvez renvoyer la Dame Chance. Faites en sorte qu’elle dégage la zone rapidement. Je suis certain que le Général Calrissian appréciera que son vaisseau soit toujours intact lorsqu’il activera son unité de rappel automatique.

Le général éteignit l’appareil de communication sans attendre confirmation de son ordre puis il suivit une douzaine de soldats jusqu’à la passerelle. Aucun signe ne laissait croire que l’équipage du Byrt avait été obligé de se battre. Pourtant, deux des membres avaient été torturés à mort et tous les autres souffraient de plaies et d’hémorragies plus ou moins graves. Ba’tra regarda tout autour de lui. Il aperçut un Rodien dont l’uniforme était encore doté d’une vague trace d’épaulette de capitaine.

– Ce vaisseau est réquisitionné. (Ba’tra lui tendit une feuille de filmplast sur laquelle étaient inscrites des coordonnées.) Emmenez-nous à cet endroit.

– Vous ne nous réquisitionnez pas, Général, vous nous sauvez la vie, dit le Rodien. (Il étudia la feuille de filmplast puis regarda par le hublot. La Dame Chance, sans équipage et en vol programmé, filait à toute allure vers les profondeurs de l’espace avec un escadron entier de coraux skippers aux trousses. Les deux antennes sur le sommet de sa tête se tordirent, exprimant une certaine perplexité chez l’officier Rodien.) Mais je ne comprends pas, dit-il. Ces coordonnées ne sont pas très éloignées de la bataille. Nous n’y serons guère en sécurité.

– Nous y serons, Capitaine, dit Ba’tra en souriant. Dès que l'Aventurier Errant nous y aura rejoints.

 

Lando avait descendu plus de la moitié de l’échelle de service lorsqu’une onde de choc ébranla le paquebot si violemment qu’il n’eut pas besoin de finir de compter les barreaux. Il perdit prise, dévala les degrés et se retrouva les quatre fers en l’air sur le pont le plus inférieur du Byrt. Il entendit soudain le grondement d’une bataille qui devait se livrer non loin de là.

– Détonateur thermique activé, mon Général, rapporta 1-1A, au garde-à-vous sur le pont. L’appareil qui était accroché au paquebot est détruit.

– Merci de m’avoir prévenu.

Lando se releva. Il entendit un bourdonnement familier et se jeta immédiatement à terre. Un scarabée tranchant surgit au détour de la coursive. La chose fusa vers la gorge de l’humain mais 1-1A décocha un rayon à basse fréquence près de l’oreille de Lando qui pulvérisa la créature en plein vol. Calrissian sourit faiblement, essayant de ne pas trop montrer qu’il avait eu drôlement peur. Il savait pertinemment que le droïde de guerre avait dû détecter l’accélération des battements de son cœur et la très légère augmentation de température de son épiderme. Il dégaina son blaster et risqua un coup d’œil par-delà le coin du couloir.

Viqi Shesh et deux douzaines de Yuuzhan Vong étaient en train de battre en retraite vers la baie d’évacuation quatorze. Sur le sol derrière eux, ils avaient semé de curieuses petites cosses noires. Lando n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer ce type d’armement, mais il était persuadé que les drôles de petites coquilles devaient contenir de bien déplaisantes surprises.

– Analyse ? demanda-t-il.

– Spécimen non référencé, répondit 1-1A. Haut risque de contamination aux biotoxines.

– Eh bien, merci pour tous ces précieux renseignements. Le Byrt fit une légère embardée sous l’action de la remise en route de ses propulseurs subluminiques. Lando comprit qu’ils mettaient le cap sur l'Aventurier Errant. Il décrocha son masque respirateur de sa ceinture d’équipement de combat.

– Tu es sûr que c’est le bon bébé cette fois ? demanda-t-il. J’espère qu’on n’est pas en train de pister une tronche de pieuvre enfermée dans un placard.

– La signature sonore est identique, dit 1-1A, quelque peu offusqué. Et le niveau de confirmation est très élevé. CYV 1-23A a reçu une brève transmission d’un droïde de protocole 3PO qui prétendait détenir l’enfant recherché.

– C’est bien eux, dit Lando. (Il enfila le masque de protection.) Envoie un de tes gars, 1-1A.

Lando avait à peine fini sa phrase que 1-25A se précipita en dansant adroitement entre les cosses. Il fit deux pas. Les cosses commencèrent à rouler vers lui. Encore deux pas. Et son pied se posa sur l’une d’entre elles. Rien ne se produisit.

C’est alors qu’il releva le pied. Une sorte de noyau en forme de cœur jaillit dans l’air juste derrière le droïde. Celui-ci se figea… et fut immédiatement aspiré par la chose.

– Ces mines sont comme des trous noirs, dit Lando en ôtant son masque. Mauvais plan, très mauvais plan.

– Mon analyse me confirme que cet obstacle est infranchissable, annonça 1-1A. Toute technique visant à nettoyer ou à contourner ce champ de mines serait vouée à l’échec.

Lando, décontenancé, secoua la tête.

– Rappelle-moi de m’entretenir avec ceux qui ont programmé tes centres logiques. J’aimerais bien leur dire deux mots au sujet de tes capacités d’ingéniosité et d’improvisation. (Il sortit son comlink et ouvrit une fréquence pour contacter la passerelle :) Ici Calrissian. J’aurais besoin qu’on coupe pendant deux secondes la gravité artificielle et les compensateurs d’inertie.

– Bien compris.

Lando s’accrocha à une poutrelle de la coursive et les droïdes arrimèrent leurs grappins magnétiques au sol. Un instant plus tard, Calrissian sentit son estomac se soulever et il vit les drôles de mines décoller dans les airs. Elles partirent à la dérive vers la poupe, remplissant la coursive de sinistres crissements, au fur et à mesure qu’elles frôlaient les murs et creusaient des trous de deux mètres de diamètre dans le duracier. Lorsque la gravité fut enfin restaurée, les dernières cosses roulèrent au sol et détruisirent ce faisant une section de plus de cinq mètres de long du corridor de service.

Lando lâcha sa poutrelle et courut vers la baie d’évacuation numéro quatorze. Il voulait diriger l’assaut lui-même mais les droïdes l’avaient devancé, déversant un feu nourri de leurs blasters par l’écoutille.

– Attention ! ordonna Calrissian. Faites gaffe au bébé. Et à C-3PO !

Il jeta un coup d’œil à l’angle suivant de la coursive. Les derniers Yuuzhan Vong étaient en train de s’entasser à bord d’une capsule de sauvetage déjà surpeuplée de leurs congénères. Des volées de scarabées paralysants fusèrent de l’ouverture. Viqi Shesh avait disparu et les gémissements étouffés d’un enfant montaient de l’intérieur de l’habitacle de la capsule.

– Allez ! hurla Lando. Ne les laissez pas s’enfuir !

CYV 1-1A était déjà en train de charger. Les volées de scarabées paralysants cessèrent et la silhouette dorée de C-3PO fut projetée dans le couloir.

– Ne tirez pas ! cria C-3PO. (Il se releva péniblement et leva les bras au ciel.) Je suis l’un des vôtres !

Les droïdes de guerre continuèrent de tirer tout autour de lui et se lancèrent à l’assaut de la baie d’évacuation. L’écoutille de la capsule se referma. CYV 1-1A bondit, la main tendue vers le panneau, mais arriva un millième de seconde trop tard pour l’empêcher de se sceller.

C-3PO appuya alors sur la commande de lancement automatique.

– C-3PO, qu’est-ce que tu fiches ?

Lando se jeta sur la console de contrôle et pressa le bouton d’arrêt d’urgence. Il y eut un claquement léger. Et puis les réacteurs de la capsule sur le point de décoller irradièrent de leurs flammes le bouclier de protection de la baie.

– Quel soulagement ! dit C-3PO. J’ai eu peur qu’ils ne m’emmènent avec eux.

Lando le rejoignit.

– Dis-moi, C-3PO, qui était en train de pleurer à l’intérieur de cette capsule ?

– Oh, ce n’était que moi, Général Calrissian, répondit le droïde avec une voix de bébé. (Il s’arrêta devant une armoire technique et en sortit un grand sac destiné au transport du matériel médical d’urgence. Un bébé s’y trouvait, profondément assoupi.) Ben, lui, ne pleurera plus avant un bon moment. J’en suis sûr et certain.

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