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Jaina franchit le sommet de la dernière d’une longue série de dunes de craie. Elle découvrit un quadripode impérial, dressé sur la colline suivante. Son cockpit blanc et son habitacle blindé se dessinaient parfaitement dans les ténèbres de la passe. Elle siffla un avertissement aux autres membres du groupe et s’accroupit en position de défense avant de décrocher prestement son sabre laser de son harnais. Un vieux Transporteur Blindé Tout Terrain était bien la dernière chose qu’elle s’attendait à voir sur un vaisseau-monde Yuuzhan Vong, mais, après une bonne centaine de missions exécutées au sein de l’Escadron Rogue, elle avait appris qu’il valait mieux ne pas se laisser surprendre par quoi que ce soit. Lorsque l’éclair d’un bâtonnet lumineux apparut par les hublots du cockpit du TB-TT, elle céda à ses instincts de combattante et dévala la dune en une série de sauts en zigzags.

Tout en roulant sur elle-même, elle se sentit couler dans cet état étrange d’engourdissement émotionnel qui semblait se produire régulièrement ces derniers temps au moment de livrer un combat. Les pilotes parlaient parfois de sensations de détachement, de cette impression de quitter leurs corps au moment d’une bataille. En général, cela se produisait lors d’une mission précédant de peu celle au cours de laquelle le pilote commettrait l’erreur stupide autant que fatale qui permettrait à un balafré quelconque de le transformer en supernova. La sensation que Jaina éprouvait aujourd’hui était plus proche de la résignation, de l’acceptation lasse de l’horreur et du déchirement suscitées par la guerre. Elle aurait aimé attribuer cet état d’esprit à son attachement à la Force, mais elle savait qu’il n’en était rien. Sa réaction était pareille à une armure émotionnelle, une façon d’éviter l’angoisse qui survenait lorsqu’on voyait mourir un ami ou un ailier, une manière de nier totalement le fait qu’un destin similaire vous attendait.

Jaina atteignit le bas de la dune dans un nuage de poussière de craie et cessa de rouler. Elle sauta et adopta une position de défense, un genou à terre, levant son sabre laser en une garde basse. C’est alors qu’elle entendit un sifflement familier.

– Sticks ? Tu devrais te laisser pousser une queue, dit Tesar Sebatyne. Peut-être que ça t’aiderait à ne pas perdre l’équilibre !

La remarque déclencha des gloussements aigus de la part de Krasov et Bêla.

– Très drôle… rétorqua Jaina. (Même sans le lien psychique – que Jacen avait relâché depuis quelque temps dans l’espoir que cela servirait à apaiser la discorde croissante qui régnait dans le groupe –, la jeune femme avait deviné l’hilarité dissimulée des autres membres du commando.) Vous auriez pu me prévenir.

– C’est ça, et j’aurais pu aussi m’arracher les écailles du cœur à la pince à épiler, gronda Bêla. Et puis quoi encore ?

Les sifflements joyeux reprirent.

Jaina sortit du nuage de craie et découvrit les Barabel qui attendaient auprès d’Anakin et des autres membres du groupe. Leurs combinaisons pressurisées avaient été repliées et rangées dans des étuis spéciaux accrochés aux harnais d’équipements. Recouverts de poussière des pieds à la tête, ils ressemblaient plus à des fantômes qu’à des Chevaliers Jedi. Ils se tenaient à présent le long du mur de la passe, surveillant en permanence les coraux skippers qui patrouillaient de façon incessante, déversant par endroits des nuées toxiques ou paralysantes. Deux lignes de traces de pas, dont l’une était assez imposante pour appartenir de toute évidence à un Wookiee, couraient le long de la dune voisine en direction du TB-TT.

Jaina projeta les ondes de la Force et sentit la présence de Lowbacca, ainsi que celle de Jovan Drark, dans le cockpit du quadripode impérial.

– Mais où ont-ils bien pu trouver ce machin ?

– Les dresseurs sont très consciencieux, expliqua Lomi. Ils gardent sous leur coupe une cité entière d’esclaves chargés de faire fonctionner du matériel confisqué afin d’habituer les voxyns à ces « abominations mécaniques ». Ils sont prêts à tout pour débarrasser la galaxie des Jedi.

– Ils ont même un paquebot de croisière stellaire en cale sèche dans une sorte de grotte hangar, ajouta Welk.

L’idée de jeter un vaisseau spatial d’un million de tonnes contre le centre de clonage germa dans la tête de Jaina.

– Est-ce qu’il…

– Non, les convertisseurs énergétiques ont été démontés, expliqua Lomi. Même les blindés et les speeders fonctionnent sur des batteries à basse capacité au lieu de leurs cellules de combustible habituelles. Leur autonomie ne doit pas pouvoir excéder la distance qui nous sépare actuellement du quartier des esclaves.

– C’était trop beau, soupira Jaina.

Avec un minimum de matériel et un peu de temps, elle et Lowbacca auraient pu trouver un moyen de restaurer la machinerie. Mais ils avaient déjà infiltré le complexe depuis près de trente heures et la dernière chose que le commando souhaitait donner aux Yuuzhan Vong c’était bien un peu plus de temps pour réagir. Une teinte vert pâle inonda soudain le passage crayeux. Jaina releva la tête et vit le disque de Myrkr apparaître par la fenêtre irrégulière d’une membrane translucide, utilisée pour colmater une brèche d’une vingtaine de mètres dans les parois du vaisseau-monde. Elle se sentit régénérée, un peu moins nerveuse, un peu moins inquiète. L’apparition d’un corps étincelant dans le ciel avait toujours sur elle un effet bénéfique, lui donnant chaque fois l’impression de se réveiller après une longue et bonne nuit passée dans une couchette confortable.

La voix du Rodien Jovan Drark retentit dans le comlink :

– La Force est avec nous, aujourd’hui. Les batteries sont encore chargées, mais les câbles d’alimentation sont pris dans des sortes de sécrétions minérales. Un frisson de danger parcourut la colonne vertébrale de Jaina.

– Des sécrétions ?

– On dirait un nid d’insectes, expliqua Jovan. Lowbacca est en train de tout nettoyer.

La voix de Jacen s’éleva alors sur le canal de communication :

– Quel genre d’insecte ? (Même si elle savait que son frère était toujours intéressé par la découverte de nouvelles créatures, Jaina sentit que sa question dépassait les simples termes de sa curiosité.) Est-ce qu’ils ressemblent à des vers avec des pattes ?

– Non, ce n’est pas une ruche de scolochocs, répondit Jovan. Là, ce sont des petits flitnats, parfaitement inoffensifs.

– Il n’y a jamais rien d’inoffensif dans ce que créent les Yuuzhan Vong, dit Alema Rar à Anakin. C’est un piège.

– Avec toi, tout est un piège, objecta Tahiri. (Pendant qu’elle parlait, les systèmes d’illumination du quadripode furent activés, produisant une pâle bande de lumière à la surface de la dune voisine.) Pourquoi la Force ne serait-elle pas de notre côté, une bonne fois pour toutes, hein ? Ça soulagerait tout le monde d’embarquer sur le quadripode.

– Qu’est-ce que vous savez de ces insectes ? demanda Anakin, avec sagesse, à Lomi.

– Qu’ils représentent un risque qu’il n’est pas nécessaire de courir. (Elle pointa son index en direction de l’endroit où la passe s’arrêtait face à une paroi abrupte de corail yorik.) Nous sommes presque arrivés à destination. Le principal centre de clonage se trouve à environ un kilomètre de cette falaise.

– Il était temps, dit Zekk, rejoignant le reste du groupe. Je commençais à me demander si vous n’étiez pas sciemment en train de nous retarder.

Lomi sourit amèrement.

– Tu comprendras que je préfère la vie à la vitesse, Zekk. Nos destins sont liés dans cette histoire.

– Pour l’instant, elle nous a évité bien des ennuis, ajouta Anakin, affichant une expression courroucée face au ton provocateur de Zekk. (A l’inverse de presque tous les autres membres du commando, Anakin ne semblait guère troublé par le temps qu’il leur avait fallu pour franchir le terrain d’entraînement.) Jouons plutôt la carte de la sécurité et laissons tomber le quadripode. Nous en aurons fini et serons sur le chemin du retour dans deux heures, de toute façon. Quatre, tout au plus.

– Fais gaffe, Anakin, dit Jaina. Quand tu parles comme ça, j’ai l’impression d’entendre Papa.

Malgré le sourire jovial qu’elle adressa à Anakin, Jaina fut perturbée par la sensation d’excès de confiance qui émanait à présent de son frère cadet. En dépit de tous les ennuis qu’ils avaient rencontrés, le groupe n’avait perdu que trois éléments, Ulaha et les deux droïdes de guerre. Anakin semblait croire que le commando était intouchable, que même un vaisseau-monde tout entier, regorgeant de Yuuzhan Vong, serait incapable d’arrêter la marche d’un simple peloton de Jedi très entraînés. C’était peut-être vrai, mais Jaina avait appris, en volant au sein de l’Escadron Rogue, que le fait d’être le meilleur ne garantissait rien, que les plans les plus fiables pouvaient toujours mal tourner, en général au moment où on s’y attendait le moins.

Anakin hocha la tête en direction des Barabel, qui ne semblaient jamais fatigués de marcher, et le commando entreprit d’escalader la dune dans un nuage de poussière. Jaina resta à côté de son frère, réfléchissant à la nécessité de débattre avec lui des dangers qu’ils auraient encore à affronter. Avant de quitter la base Eclipse, Ulaha et les tacticiens avaient estimé que leurs chances de réussite baisseraient de deux pour cent à chaque heure écoulée. Ce qui signifiait que, à cet instant précis, les probabilités de succès du commando se réduisaient comme peau de chagrin. En ajoutant à cela que les Yuuzhan Vong avaient anticipé leur assaut suffisamment longtemps à l’avance pour leur tendre une embuscade et qu’on avait envoyé Nom Anor à leurs trousses, ces mêmes probabilités devaient avoisiner le zéro.

Même l’Escadron Spectre, dans une situation analogue, aurait abandonné et sonné la retraite. Mais, pour le commando, cette option n’était pas envisageable. Par la tournure des choses, ils avaient compris que toute flotte affectée au soutien de leur opération serait détruite dès qu’elle franchirait la zone de combat ou, au mieux, dès qu’elle serait détectée près de Myrkr. Voyant là une chance de sauver la galaxie, Anakin avait tout de même insisté pour monter l’opération, avançant comme argument que si le groupe devait être sauvé d’urgence, cela ne signifierait qu’une seule chose : que les Jedi étaient condamnés et que la Nouvelle République elle-même ne tarderait pas à succomber à son tour. La perspective effrayait Jaina, mais elle savait que son frère avait raison à ce sujet.

En approchant du sommet de la dune, Anakin se tourna vers sa sœur.

– Jaina ? demanda-t-il.

Elle le regarda et fut frappée de constater combien son frère avait grandi, combien il avait mûri. C’était à présent un beau jeune homme, en dépit de la barbe de plusieurs jours qui commençait à poindre à travers la pellicule de craie sur son visage.

– Ouais ?

– Qu’est-ce que tu fais en dehors du tracé ? (Il regarda par-dessus son épaule et se mit à parler si doucement qu’il invoqua la Force pour porter ses paroles jusqu’aux oreilles de la jeune femme.) Tu veux me dire quelque chose ?

– En fait, oui, dit Jaina en souriant. (Elle tendit la main pour lui serrer l'avant-bras.) Tu fais du bon boulot, Anakin. Si nous réussissons à mener cette mission à bien, ce sera grâce à ta confiance et à ta détermination.

– Merci, Jaina. (Anakin voulut lui adresser un sourire en coin, l’air un peu goguenard, mais sa sœur devina que l’expression était plutôt teintée de surprise et de soulagement.) Je sais.

– Bien sûr que tu le sais ! répondit Jaina en riant. (Elle lui administra un coup de poing dans l’épaule, assez fort pour le faire tituber.) N’oublie pas qu’il ne faut jamais baisser sa garde, ajouta-t-elle.

Ils passèrent la dune et se trouvèrent à la hauteur du hublot de transparacier du TB-TT. Jaina pensa tout d’abord qu’on avait atténué les lumières à l’intérieur du cockpit. C’est alors qu’elle remarqua le derrière de Lowbacca, dans sa combinaison, qui émergeait de la console d’instrumentation. Elle se rendit compte que l’obscurité qui régnait à bord n’était pas due à une défaillance du système d’éclairage, mais aux nuées de flitnats. Le nuage d’insectes était si épais que le corridor d’accès principal, à l’arrière du cockpit, était à peine visible. Il semblait même s’assombrir de plus en plus en rejoignant le compartiment réservé aux passagers du blindé. Anakin se précipité sur son comlink.

– Qu’est-ce que vous fichez là-dedans ? Je vous ai pourtant dit de…

Lowbacca grogna une réponse brutale. Ses mains jaillirent de sous la console, tenant fébrilement une sorte de cartouche filtrante.

– Maître Lowbacca signale qu’il essaie tout simplement de récupérer l’équipement dont il a besoin, traduisit M-TD pour tous ceux qui ne comprenaient pas le Shyriiwook. Et il vous prie d’excuser sa brusquerie. Les flitnats commencent à le mordre.

– A le mordre ? répéta Jaina. (D’un coup d’œil, elle évalua la distance qui la séparait du cockpit, invoquant la Force pour se préparer à un très long saut.) Et toi, Jovan ?

Il n’y eut aucune réponse.

– Jovan ? cria Anakin dans son communicateur.

La tête poilue de Lowbacca apparut derrière la planche de bord du cockpit et se tourna vers l’arrière de la passerelle. Il aboya une question en direction du corridor d’accès, puis se releva, tenant à la main une deuxième cartouche filtrante.

– Le Jedi Drark ne semble pas répondre, rapporta M-TD. Maître Lowbacca le voit…

– Suspendu à la trappe inférieure, l’interrompit Tesar. Krasov va aller l’aider.

Lowbacca grogna un signal d’approbation et, se grattant furieusement au niveau du col de sa combinaison, retourna à la console d’instruments.

– Mais, Lowbacca, qu’est-ce que tu fabriques ? Sors de là ! appela Jaina.

Le Wookiee gronda une vague explication, affirmant qu’ils avaient besoin de masques respirateurs supplémentaires, puis il tomba lourdement à genoux et se remit au travail. Un grand bras apparut et empila maladroitement quelques bouts de tuyaux près des cartouches filtrantes. Puis il plongea sous la console et disparut complètement.

– Ciel ! annonça M-TD. Maître Lowbacca semble souffrir d’un crash de processeur !

Se servant de la Force pour franchir la différence de hauteur de cinq mètres qui la séparait du cockpit du TB-TT, Jaina exécuta un saut périlleux avant et atterrit en douceur sur la carlingue du blindé. Elle faillit basculer dans le vide lorsque Zekk et Anakin la rejoignirent. Anakin alluma son sabre laser et le fourra dans le joint qui fermait la trappe d’évacuation. Jaina activa sa propre lame et se mit au travail en direction opposée. Zekk, lui, se coucha à plat ventre et se glissa jusqu’au hublot avant afin de voir ce qui se passait à l’intérieur.

– Je ne le crois pas ! dit-il. Il est toujours en train d’essayer de récupérer des respirateurs !

– Peut-être qu’il en a assez de devoir porter des Jedi inconscients, dit Lomi, atterrissant auprès des deux autres. (Elle indiqua deux points précis de part et d’autre de la trappe.) Entaillez ici et ici.

Jaina et Anakin suivirent ses instructions. Leurs sabres laser poussèrent des bourdonnements aigus en entamant le verrou et les charnières renforcées de la trappe.

Pendant qu’ils continuaient leur travail, ils entendirent la voix de Ganner retentir dans le comlink :

– Jovan est vivant. Sonné, malade, mais vivant. Tekli pense qu’elle peut le sauver.

– Le sauver ? s’étrangla Anakin.

– Tu devrais voir ça, Anakin, intervint Tahiri. Je n’aurais jamais cru que les Rodiens pouvaient enfler comme ça !

Anakin pâlit et ne dit rien, concentrant tous ses efforts sur le sauvetage de Lowbacca.

– Quels sont les ordres ? demanda Ganner.

– Nous devrions battre en retraite et trouver un autre chemin, suggéra Lomi.

Anakin secoua vivement la tête.

– Non, hors de question.

Un choc étouffé retentit, de l’intérieur du cockpit.

– Bave de Hutt ! jura Zekk. Il s’est évanoui !

Le sabre laser de Jaina traversa le verrou de la trappe dans un dernier crépitement aigu. Elle éteignit la lame et raccrocha son arme à son harnais d’équipement.

– Anakin, peut-être que tu devrais l’écouter, dit-elle nerveusement. Si c’est bien un piège, il y a fort à parier qu’ils ne vont pas tarder à venir nous cueillir.

– Et alors ? (Les articulations des mains d’Anakin se mirent à blanchir tandis que son arme continuait de trancher le métal.) On est des Jedi, pas vrai ?

– La valeur d’un sacrifice a des limites, même pour les Yuuzhan Vong, l’avertit Lomi. Ils nous tueront avant même que nous ayons atteint le centre de clonage. Nous devons faire le tour.

– Je pensais que c’était pour ça que nous étions passés par ici, déclara Zekk par-dessus son épaule.

– Ils ont anticipé nos mouvements, dit simplement Lomi. Mais il existe d’autres moyens d’agir.

– Et si les Yuuzhan Vong anticipent également ces autres moyens ? demanda Anakin, découpant les derniers centimètres de charnière renforcée.

– Alors nous trouverons un autre moyen et puis encore un autre, dit Jaina. (Elle savait bien que leur situation ne ferait qu’empirer au fur et à mesure que le temps passerait, mais elle savait également qu’il serait fatal de laisser les probabilités contraindre Anakin à prendre une décision trop hâtive.) Tôt ou tard, il faudra bien qu’on se batte. Mais à notre façon, pas à la leur.

Le sifflement ténu d’un sceau hermétique laissant soudain passer l’air retentit lorsque la trappe se détacha enfin et s’affaissa dans son logement. Anakin éteignit son sabre laser et, ne répondant toujours pas à Jaina ou à Lomi, fit un pas en arrière.

– Anakin ? Il y a un nuage de poussière qui descend dans le canyon dans notre direction. Je doute qu’il s’agisse d’un landspeeder de la Nouvelle République, dit Ganner. Alors ? Ces ordres ?

– Une seconde ! aboya Anakin. (Il poussa un long soupir pour se relaxer, s’agenouilla près de la trappe et regarda Jaina.) Prête ?

– Prête ! (Même sans lien psychique, peut-être même sans l'aide de la Force, elle se sentait suffisamment proche de son jeune frère pour comprendre ce qu’il attendait d’elle.) Attention…

Jaina souleva le lourd panneau par lévitation. Elle le fit sortir de son logement et le fit glisser sur le côté. Quelques flitnats surgirent de l’ouverture, leurs ailes émettant un bourdonnement à peine audible, entourèrent Anakin et se posèrent sur son visage. N’y prêtant pas attention, le jeune homme se pencha dans le cockpit et invoqua la Force pour soulever le corps de Lowbacca et le faire passer par la trappe. Sous son épaisse fourrure, les flitnats avaient envahi sa figure, courant sur ses paupières, essayant de s’introduire dans ses narines. Ses joues et ses lèvres avaient enflé et doublé de volume, sa respiration n’était plus qu’un toussotement étranglé.

Les massives épaules du Wookiee se révélèrent trop larges pour qu’on puisse le faire passer par la trappe. Anakin dut déposer à nouveau Lowbacca à l’intérieur du cockpit. Dès que le panneau avait été enlevé de son logement, des nuées de flitnats s’étaient engouffrés par l’ouverture, s’en prenant au visage d’Anakin, chaque morsure déclenchant chez le jeune homme un juron qu’il proférait entre ses dents. Il se glissa à l’intérieur du TB-TT et attrapa les bras de Lowbacca afin de les faire glisser en premier par l’écoutille. En compagnie de Zekk, Jaina descendit aux côtés de son frère. Elle agrippa l’un des bras pour qu’Anakin puisse uniquement se concentrer sur un moyen de pousser le massif Wookiee inconscient par l’étroit passage. Les mains et le visage de la jeune femme se mirent instantanément à brûler sous les assauts des flitnats. Lomi se glissa derrière le groupe et tenta d’invoquer un vent de la Force qui ne parvint cependant pas à chasser les insectes.

Le torse de Lowbacca franchit enfin la trappe. Des masses de flitnats, tous gorgés de sang, commencèrent à tomber de ses manches. La peau de ses mains avait été arrachée et des gouttes violettes, de la taille des phalanges de Jaina, se mirent à saigner en abondance.

Anakin n’hésita pas un instant et poussa le Wookiee complètement par l’ouverture. Un essaim de flitnats prit son envol à sa suite, ce qui incita Jaina à se concentrer immédiatement sur le panneau de l’écoutille. Les morsures des insectes commençaient déjà à la rendre malade. Les démangeaisons se firent si violentes qu’elle dut prendre une seconde pour recouvrer ses esprits avant de projeter ses ondes mentales sur le lourd morceau de métal. Avant de passer à l’action, elle découvrit Lomi, juste à côté d’elle, en train de soulever par lévitation un plein chargement de masques respirateurs et de cartouches filtrantes par l’ouverture.

– On ne doit pas les oublier, dit-elle, rassemblant le matériel dans ses bras avant de rejoindre l’avant de l’engin, où Anakin était déjà occupé à déposer Lowbacca sur la dune en contrebas. Après tout, le Wookiee a risqué sa vie pour ça…

Jaina reposa le panneau dans son logement et sentit la main de Zekk sur son bras. Il l’aida à se relever et l’entraîna à la suite des autres vers l’avant du quadripode. Elle fut surprise de constater qu’elle titubait au moment de sauter. La chute fut brève, mais suffisante pour laisser à son estomac le temps de lui remonter dans la gorge. Ils atterrirent lourdement entre Anakin et Lomi. Jaina tomba à genoux. Elle resta là un moment, toussant de la poussière de craie, tentant de résister à l’envie de se gratter et essayant de ne pas vomir.

Derrière son dos, Lomi prit la parole :

– Alors, jeune Solo, tu en penses quoi ? Toujours déterminé à te battre ?

Anakin réfléchit un court instant.

– Laser de laser ! jura-t-il. (Il aida Jaina à se remettre sur pied pour l’envoyer de l’autre côté de la dune. Puis il activa son comlink.) Ganner ? En route. On bat en retraite.