Chapitre 23

L’AMI DE ROTHEN

 

 

 

 

 

 

l n’y a pas cours aujourd’hui…

Rothen leva les yeux de son livre. Sonea avait le nez collé à la vitre, où un petit nuage blanc grandissait à chacune de ses expirations.

— Non, répondit-il. On est vaindredi. Personne n’a cours le dernier jour de la semaine.

— Alors, vous faites quoi pour vous occuper ?

— Ça dépend à qui tu poses la question. Certains mages en profitent pour aller voir les courses, d’autres s’intéressent aux sports ou à d’autres choses. Quelques-uns rendent visite à leur famille.

— Et les novices ?

— Ils font la même chose, à part les élèves plus âgés, qui étudient seuls.

— Et qui doivent déblayer les allées.

Rothen comprit pourquoi les yeux de Sonea semblaient suivre des mouvements à travers le carreau.

— Ce travail est une des tâches qui leur sont confiées durant leur première année ici. Ensuite, ces besognes-là sont réservées aux punitions.

— Quoi ?

— Les punitions. Parfois les novices font des farces infantiles ou manquent de respect à leurs supérieurs. Et ils sont un peu trop vieux pour les fessées.

— Alors, c’est pour ça qu’il a l’air si grincheux.

Rothen écouta le tapotement des doigts de Sonea sur la vitre. Pendant deux jours, elle avait travaillé son Contrôle – et avec plus de talent que Rothen n’en avait jamais vu chez aucun novice. Pourtant, aujourd’hui, sa concentration s’était relâchée à plusieurs reprises. Elle ne le montrait pas – ce qui prouvait que les leçons portaient leurs fruits –, mais quelque chose la tracassait.

Rothen avait d’abord cru que c’était sa faute, car il n’avait pas prévenu la jeune fille de la visite de Dannyl, pensant qu’elle serait trop distraite pour travailler. Ayant deviné que le mage lui cachait quelque chose, elle s’était rembrunie.

Conscient de son faux pas, Rothen lui avait parlé de son ami.

— Je me demandais quand je rencontrerai quelqu’un d’autre, avait dit Sonea.

— Si tu ne veux voir personne aujourd’hui, je lui dirai de passer demain.

— Non, j’aimerais le connaître.

Rothen avait été surpris et enchanté par la réaction de la jeune fille, et il avait essayé de terminer la leçon au plus vite. Sonea n’avait pas été plus attentive, le mage captant sa frustration et son impatience. Chaque fois qu’ils avaient marqué une pause, Sonea s’était campée devant la fenêtre.

Rothen calcula le nombre de jours qu’elle avait passés sans sortir. Il était facile d’oublier que ces appartements étaient pour elle une prison. Elle devait s’ennuyer à mourir et avoir la nausée à force de voir toujours les mêmes meubles.

C’était décidément le bon moment pour lui présenter Dannyl. Le grand mage intimidait à première vue, mais ses manières amicales et sa gentillesse mettaient rapidement à l’aise ses interlocuteurs. Rothen espérait que Sonea se ferait à sa présence avant la visite de Lorlen.

Et ensuite ? Rothen sourit en voyant Sonea regarder les jardins. Ensuite, il l’emmènerait se promener.

On frappa à la porte. Rothen se leva pour aller ouvrir et fit entrer Dannyl, qui paraissait un peu tendu.

— Tu es en avance, Dannyl.

— Tu veux que je revienne plus tard ?

Rothen secoua la tête et posa les yeux sur Sonea, qui fixait Dannyl, l’évaluant du regard.

— Dannyl, je te présente Sonea.

— Honoré de faire ta connaissance, dit Dannyl en saluant la jeune fille de la tête.

— Je suis également ravie de vous connaître. (Sonea eut un sourire en coin.) Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés. Comment va votre jambe ?

— Mieux, merci, répondit Dannyl avec un demi-sourire.

Rothen tenta d’étouffer un sourire, mais sans succès.

— Asseyez-vous, je vais faire du sumi.

Sonea alla prendre place en face de Danny et ils se regardèrent en chiens de faïence.

Rothen s’assit à une table et commença à préparer son breuvage.

— Comment vont les leçons ? lança Dannyl.

— Bien, merci. Et les vôtres ?

— Lesquelles ?

— Vous enseignez à la classe de Rothen, non ?

— Hum, oui… Eh bien, c’est… vivifiant. Je n’avais jamais donné de cours, et j’ai l’impression d’avoir plus à apprendre que les novices.

— Vous faites quoi, en temps normal ?

— Des expériences. Des petites. Parfois je participe à de plus grandes.

Rothen apporta le sumi sur un plateau et s’assit.

— Parle-lui de ton projet, suggéra-t-il.

— Oh, c’est juste un passe-temps ! Ça n’a rien de passionnant.

— De quoi s’agit-il ? demanda Sonea.

— Je cherche un moyen de transférer les images mentales sur du papier, répondit Dannyl en acceptant une tasse de sumi. Pour l’instant, ça ne donne rien. Beaucoup de mages ont essayé depuis des siècles, mais personne n’a trouvé une substance qui garde ses propriétés assez longtemps. J’ai fabriqué un papier spécial composé de feuilles d’anivope qui garde l’image pendant plusieurs jours, mais les contours bavent et les couleurs passent en moins de deux heures. Dans l’idéal, l’image devrait être permanente.

— Vous voudriez en faire quoi ?

— Des portraits, pourquoi pas ? Si nous avions tous eu une image te représentant lorsque nous étions à ta recherche, ça nous aurait aidés. Rothen était le seul à t’avoir vue. S’il avait été capable de créer une image de toi, nous aurions pu la montrer aux gens.

— Et à quoi ressemblent les images quand elles perdent leurs couleurs ?

— Passées. Éteintes. Mais, parfois, on distingue encore ce qu’elles représentaient.

— Je peux en voir une ?

— Bien sûr. Je t’en apporterai.

Les yeux de Sonea pétillaient de curiosité. Si Dannyl faisait quelques expériences ici, pensa Rothen, elle pourrait juger sur pièce. Puis il imagina son ami tentant de traîner ses presses et son bric-à-brac de fioles jusque dans ses appartements.

— Je crois que Dannyl serait ravi de te faire visiter son bureau, Sonea.

— Maintenant ? s’étrangla Dannyl.

Rothen ouvrit la bouche pour rassurer son ami – mais il hésita, car Sonea le regardait attentivement. Dannyl ne l’impressionnait visiblement pas. Des deux, c’était Sonea qui semblait la plus à l’aise. Les appartements de Dannyl étaient au rez-de-chaussée du bâtiment, et le trio n’aurait pas à aller loin.

— Es-tu certain que ce soit judicieux, Rothen ?

Sonea dévisagea Dannyl. L’alchimiste ignora l’appel mental de son ami et la regarda.

— Tu voudrais y aller ?

— Oui, si ça ne vous embête pas, répondit Sonea en fixant Dannyl.

— Pas du tout. Cela dit, mes appartements sont… un peu en désordre.

— Un peu ? lança Rothen en buvant son sumi d’un trait.

— Vous n’avez pas de domestique ?

— Si, répondit Dannyl. Si. Mais je lui ai ordonné de ne jamais toucher à mes expériences.

— Eh bien, dit Rothen en souriant, pourquoi ne prends-tu pas un peu d’avance pour essayer de retrouver trois chaises sous tes éprouvettes ?

— D’accord, je vais aller ranger un peu.

Rothen raccompagna son ami et sortit avec lui dans le couloir.

— Tu es fou ? s’exclama Dannyl. Et si quelqu’un vous voit tous les deux ? Si on t’aperçoit avec elle en dehors de tes appartements, on dira que tu n’as aucune raison de garder Fergun à l’écart.

— Dans ce cas, je le laisserai la voir. Je le repoussais parce que j’avais peur qu’elle se braque devant un mage qu’elle ne connaît pas. Mais, si elle est tellement détendue avec toi, je doute que Fergun l’impressionne beaucoup.

— Merci, c’est très gentil…

— Tu es plus intimidant que lui, avec ta grande taille !

— Vraiment, tu trouves ?

— Sans oublier qu’il a beaucoup plus de charme. (Rothen coupa court à la conversation en riant et agita la main en direction de l’escalier.) Allez, allez ! File dans ta chambre. Lorsque tu seras prêt, et que le couloir sera vide, préviens-moi. Ne mets pas trop de temps à ranger, sinon nous serons tous les deux persuadés que tu as réellement quelque chose à cacher.

De retour dans son salon, Rothen vit que Sonea était debout devant sa chaise, les joues roses.

— On dirait qu’il n’aime pas les visites…

— Oh si, il les adore ! Ce sont les surprises qu’il déteste…

Le mage rangea les tasses sur le plateau et écrivit un petit mot pour Tania, lui disant où ils étaient. Au moment où il finissait, Dannyl l’appela.

— J’ai fait un peu de place… Vous pouvez venir.

Enthousiaste, Sonea se leva d’un bond. Le mage sourit et ouvrit la porte. Les yeux de Sonea pétillèrent lorsqu’elle franchit le seuil.

— Combien de mages vivent ici ? demanda-t-elle en voyant les nombreuses portes qui donnaient sur le couloir.

— Plus de quatre-vingts, sans compter leurs familles.

— Il n’y a pas que des mages ?

— Non, mais uniquement les épouses et les enfants des magiciens. Personne d’autre.

— Pourquoi ?

— Parce que si nous devions accepter à la Guilde toutes les connaissances et les « proches » de chaque mage, la place manquerait vite, répondit Rothen en riant.

— J’avais compris, répondit aigrement Sonea. Et les enfants ? Que font-ils quand ils grandissent ?

— S’ils ont le don, ils rejoignent la Guilde – en général. Sinon ils doivent partir.

— Pour aller où ?

— Chez des amis, dans la cité.

— Dans le cercle intérieur.

— Voilà.

Sonea se tut un moment.

— Certains mages vivent dans la cité ?

— Quelques-uns… Ce n’est pas encouragé.

— Et pourquoi ?

— Parce que nous sommes supposés nous espionner les uns les autres, tu le sais bien. Pour que personne ne fasse de la politique ni ne complote contre le roi. C’est bien plus compliqué à mettre en place si tout le monde vit en dehors de la Guilde.

— Alors, pourquoi y a-t-il des exceptions ?

— Pour bien des raisons, répondit Rothen en s’engageant dans l’escalier. C’est au cas par cas. L’âge… La maladie…

— Il existe des mages qui n’ont pas voulu rejoindre la Guilde ? Des gens qui se Contrôlent mais qui ne savent pas se servir de leur magie ?

— Non. La magie des jeunes gens qui arrivent ici n’est pas encore éveillée. Nous apprenons d’abord le Contrôle à nos élèves. Souviens-toi que tu es unique : tu savais utiliser ta magie avant de savoir te Contrôler…

— Quelqu’un a déjà quitté la Guilde ?

— Non.

Sonea réfléchit à tout cela.

De l’étage inférieur montèrent soudain la voix de Dannyl, puis une autre. Rothen ralentit, laissant tout le temps à Sonea de prendre conscience qu’ils n’étaient pas seuls.

La jeune fille se plaqua contre le mur en voyant un mage flotter au-dessus des marches. Rothen sourit et salua son confrère.

— Bon après-midi, seigneur Garrel.

— Bon après-midi à vous, seigneur Rothen, répondit le mage.

Il vit Sonea et leva un sourcil.

La jeune fille ne le quitta pas des yeux. Une fois que ses pieds furent au niveau du sol, le mage se posa sur le parquet. Il jeta un coup d’œil à Sonea, puis continua sa route.

— Lévitation, souffla Rothen à l’adolescente. Impressionnant, non ? Ça demande un talent certain. La moitié des mages y parviennent.

— Et toi ?

— Dans le temps, oui… Maintenant, j’ai sans doute perdu cette capacité. Dannyl y arrive.

— Peut-être, mais je suis moins frimeur que Garrel.

Rothen baissa les yeux et vit que Dannyl les attendait au pied des marches.

— Je préfère me servir de mes jambes…, reprit-il. Mon tuteur disait que l’exercice physique est aussi important que l’entraînement mental. Néglige le corps, et…

— Tu négliges l’esprit ! acheva Dannyl avec un geste théâtral. Son tuteur était un homme sage et droit, Sonea… Il désapprouvait jusqu’au vin à table.

— C’est sans doute pour ça que tu le détestais, ajouta Rothen en riant.

— Tuteur ? répéta Sonea.

— C’est une tradition ici. Le seigneur Margen avait choisi de diriger mes études lorsque j’étais novice, et j’ai choisi de superviser celles de Dannyl.

Ils se dirigèrent vers les appartements du jeune mage.

— Comment tu lui as appris ce qu’il sait ?

— De bien des manières… Pour commencer, son puits de connaissance était à sec. J’y ai mis de l’eau. C’était la faute de certains professeurs, de leur négligence, de sa propre paresse et de son manque d’enthousiasme.

Sonea regarda Dannyl, qui sourit et hocha la tête.

— Dannyl m’a aidé à faire mes expériences et il a appris beaucoup plus que dans bien des classes. Le tutorat existe pour aider un novice à s’améliorer.

— Et tous les novices ont un tuteur ?

— Non. Ce n’est pas habituel. Peu de mages ont assez de temps ou de goût des responsabilités pour prendre un novice sous leur aile. Seuls les élèves très prometteurs ont un tuteur.

— Alors, pourquoi… Non, rien.

Dannyl tendit un doigt vers sa porte, qui s’ouvrit toute seule. Une odeur de produits chimique envahit le corridor. Ce n’était pas désagréable.

— Bienvenue chez moi.

L’entrée était similaire à celle de Rothen, mais ici, des établis prenaient presque toute la place. Chaque surface était couverte d’un fatras d’objets, et des boîtes s’empilaient un peu partout. Le bureau de Dannyl était pourtant impeccable et rangé avec soin.

Sonea lorgna la pièce d’un œil amusé. Bien que Rothen soit venu plus d’une fois chez le jeune mage, il s’étonnait toujours de voir un alchimiste obligé de faire ses expériences dans ses appartements à cause du manque de place à l’université.

— À chaque visite, je comprends un peu mieux pourquoi Ezrille veut te trouver une femme, Dannyl.

Le jeune mage répondit comme à son habitude :

— Je suis trop jeune pour me marier, Rothen.

— Tu veux plutôt dire que tu aurais peur de perdre ton épouse entre deux cartons ?

Dannyl préféra faire signe à Sonea de s’approcher des éprouvettes. Il lui expliqua ses expériences, puis exhuma quelques feuilles aux couleurs passées et les lui montra. Sonea les examina de près.

— Je suis si près du but ! gémit Dannyl. Il suffit de trouver comment glacer l’image…

— Et vous ne pourriez pas en faire peindre une copie avant que tout disparaisse ?

— Pourquoi pas ? Le problème serait résolu, mais il nous faudrait un bon peintre. Et rapide, avec ça.

Sonea rendit les images à Dannyl et regarda les murs.

— Vous n’avez pas de peintures, ici. Juste des cartes.

— Oui. Je les collectionne. Les vieilles cartes et les plans.

— C’est la Guilde, constata Sonea devant un des cadres.

Rothen approcha. Le plan était annoté de l’écriture régulière de l’architecte le plus réputé de la Guilde, le seigneur Coren.

— Nous sommes ici, dit Dannyl en désignant un point sur la carte. Dans les quartiers des mages. Là, ce sont ceux des novices. Ils vivent tous dans ce bâtiment, même s’ils ont une maison dans la cité.

— Pourquoi ?

— Pour que nous puissions les torturer à loisir, lança Dannyl.

— Nous arrachons les novices à leur famille et à leurs habitudes, répondit Rothen. Nous les éloignons des petites intrigues qui se trament sans cesse entre les murs des Maisons.

— Nous héritons de nombreux adolescents qui n’ont jamais eu à se lever avant midi, dit Dannyl. Quand ils apprennent à quelle heure ils doivent être en cours, c’est un vrai choc pour eux ! S’ils vivaient hors de ces murs, ils ne réussiraient jamais à quitter leurs draps. (Dannyl montra un cercle sur le plan.) Ce sont les quartiers des guérisseurs. Certains y vivent, mais la plupart des pièces sont réservées aux cours et aux malades. Le petit rond, ici, c’est l’arène. Les guerriers s’en servent pour s’entraîner. Elle est entourée de mâts qui servent de supports à un bouclier, pour éviter que les sorts partent un peu partout. Nous y instillons tous un peu de notre pouvoir, afin qu’il reste en bon état.

» Voilà les bains. Ils sont construits sur des sources. Pour les chauffer, nous avons canalisé l’eau jusqu’à des tuyaux qui conduisent à des fourneaux. Juste à côté, ce sont les Sept Voûtes, où on trouve les salons.

— Que sont les résidences ? demanda Sonea en montrant une flèche du doigt.

— Plusieurs petites maisons où vivent les mages les plus âgés. Là, sur la vieille carte, tu les verras mieux. (Dannyl se dirigea vers un plan jauni de la ville.) Juste ici, à côté du cimetière.

— Pourquoi ne voit-on pas tous les bâtiments de la Guilde ?

— Parce que la carte a trois cents ans. Je ne sais pas si tu connais l’histoire de la Kyralie. Tu as déjà entendu parler de la Guerre sachakanienne ?

— Oui.

— Eh bien, après cette guerre, il ne restait pas grand-chose d’Imardin. Les Maisons profitèrent de la reconstruction de la ville pour refaire les plans. Tu vois la façon dont les cercles se suivent ? D’abord, un mur a été élevé autour du palais royal, puis un autre autour de la cité. Le mur extérieur a suivi quelques dizaines d’années après. La vieille ville a été appelée : « le cercle intérieur », et la nouvelle zone a été divisée en quatre quartiers. Le quartier est a été donné entièrement aux mages pour services rendus – avoir repoussé les envahisseurs sachakaniens. La décision n’a pas été prise à la légère, puisque la source qui alimentait à l’époque le cercle intérieur se trouvait à côté de la Guilde, ce qui mettait l’eau à l’abri de presque toutes les tentatives d’empoisonnement. La guerre avait appris aux gens à se méfier. (Le doigt de Dannyl glissa vers un petit rectangle.) C’est le hall de la Guilde qui a été construit en premier. Il est construit en pierre locale, grise et solide. Le hall pouvait loger tous les mages et les apprentis, et il restait même de la place pour les salles de cours. Si on en croit les vieux livres d’histoire, un vent de solidarité avait soufflé sur nos prédécesseurs. Le partage des connaissances a fait avancer notre art à pas de géant. Il n’a pas fallu longtemps avant que la Guilde devienne la plus grande et la plus puissante de toutes les écoles de magie que le monde connaisse.

» Et sa renommée grandit encore. Lorsque les Lonmars, les Elynes, les Vindos, les Lans et les Kyraliens ont formé l’Alliance, une partie de leur accord portait sur la possibilité pour leurs novices de venir se former ici. D’un coup, le hall n’a plus été assez grand et les mages ont dû construire de nouveaux bâtiments.

— Et pour les novices d’autres pays, comment ça se passe, une fois qu’ils sont devenus mages ?

— En général, ils retournent chez eux, répondit Rothen. Parfois, ils restent ici.

— Alors, comment pouvez-vous les surveiller ?

— Dans chaque pays, des ambassadeurs surveillent les activités des mages étrangers, précisa Dannyl. Tout comme nous jurons obéissance au roi et à la Guilde, ils font allégeance à leur souverain.

— Il ne me semble pas très futé d’apprendre la magie à des étrangers. Et s’ils nous envahissaient ?

— Si nous leur fermions nos portes, c’est sûrement ce qui arriverait, dit Rothen. Comme par le passé… Que nous leur donnions des cours ou non, ils attaqueront s’ils le veulent. En les formant, nous savons ce qu’ils apprennent. En réalité, les cours ne sont pas différents de ceux de nos propres novices. Ainsi, les étrangers savent que nous les traitons correctement.

— Personne n’osera nous attaquer, ajouta Dannyl. Nos lignées sont porteuses d’une puissante magie et nous avons plus de magiciens que n’importe quelle autre contrée.

— Les Vindos et les Lans sont les pires, nota Rothen. Ce qui explique pourquoi tu verras très peu de mages de ces pays ici. Nous avons plus de novices lonmars et elynes, mais leurs pouvoirs sont rarement impressionnants.

— Les Sachakaniens étaient puissants, dit Dannyl. Mais la guerre a tout changé…

— Laissant notre pays à la première place, acheva Rothen.

— Si c’est le cas, pourquoi le roi n’envahit-il pas les autres pays ?

— L’Alliance. Si tu te souviens de notre première conversation, je t’ai dit que le roi avait d’abord refusé de signer le pacte. La Guilde a suggéré qu’elle pourrait se mêler de politique, s’il ne se décidait pas.

— C’est ce qui empêche les autres pays de s’envahir mutuellement ?

— Eh bien, répondit Rothen, c’est une toile de diplomatie finement tissée – mais il y a parfois des ratés. Depuis l’Alliance, il y a eu quelques confrontations mineures. C’est toujours une situation embarrassante pour la Guilde. Ces conflits se résolvent en général…

Rothen se tut. On venait de frapper à la porte. Il regarda Dannyl et devina qu’ils se posaient la même question. Fergun avait-il eu vent de la promenade de Sonea ?

— Tu attends quelqu’un ?

— Non, répondit Dannyl en ouvrant la porte.

— Je vous ai descendu à manger, dit Tania en entrant.

Deux autres domestiques la suivaient, les bras chargés de plateaux. Ils les posèrent sur une table, saluèrent et repartirent.

— Je n’ai pas vu le temps passer, dit Dannyl en humant les bonnes odeurs de nourriture.

— Tu as faim ? demanda Rothen.

Sonea hocha la tête en lorgnant les assiettes pleines.

— Dans ce cas, assez d’histoire pour le moment et mangeons !

La Guilde des magiciens
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