3

Avec sa grande crinière de cheveux bruns, sa haute stature et ses manières aimables, Dion était une figure en vue dans l’Alexandrie de ma jeunesse. Comme la plupart des membres de la haute société égyptienne, Dion était de sang grec – avec une touche de Scythe, prétendait-il, pour expliquer sa taille, et un peu de sang éthiopien pour justifier son teint mat. On l’apercevait fréquemment sur les marches de la bibliothèque attenant au temple de Sérapis[10] où les philosophes se rencontraient pour débattre entre eux et instruire leurs élèves.

Jeune homme, j’avais fini par atteindre Alexandrie au terme d’un long périple. C’est là que j’avais rencontré ma future épouse, Bethesda, ou, plus précisément, que je l’avais achetée sur le grand marché aux esclaves. Elle était très jeune et très belle. Je passais les nuits dans une atmosphère enfiévrée de luxure. Et durant la journée, tandis que Bethesda s’occupait de mon petit appartement ou allait au marché, je gravitais autour des marches de la bibliothèque en quête de Dion. Je n’étais pas étudiant en philosophie – je manquais d’argent pour suivre un enseignement formel –, mais il existait une tradition chez les philosophes d’Alexandrie, celle d’engager de temps en temps gratuitement la conversation avec des hommes du tout-venant.

Maintenant, trente ans plus tard, je ne pouvais me souvenir que de fragments de ces conversations, mais je me rappelais à quel point Dion avait attisé ma passion juvénile de la vérité avec ses énigmes, tout comme Bethesda avait attisé mes… autres passions. A cette époque, rien ne me manquait : j’avais une ville inconnue à explorer, une compagne au lit et un mentor. Nous n’oublions ni les villes, ni les amours, ni les maîtres de notre jeunesse.

Dion était attaché à l’École académique. Il avait pour maître le grand philosophe Antiochus d’Ascalon – qui devait devenir bientôt le chef de l’Académie[11] – et fut l’un de ses principaux protégés. Dans mon ignorance, je lui demandai un jour où se trouvait l’Académie. Dion éclata de rire, expliquant que si le nom venait d’un lieu spécifique – un bosquet sacré où Platon enseignait[12] – il ne s’appliquait plus désormais à un lieu ou à un édifice particulier, mais à une école de pensée. L’Académie transcendait les langues – même si, naturellement, tous les grands ouvrages de philosophie, y compris ceux des académiciens, étaient écrits en grec. L’Académie englobait tous les hommes… mais n’appartenait à aucun. Cette école cherchait à découvrir les vérités fondamentales :

Comment un homme sait-il ce qu’il sait ? Les dieux existent-ils ? Peut-on prouver leur existence ? Quelle est leur forme ? Leur nature ? Comment pouvons-nous déterminer le juste et le faux ?

Pour un jeune Romain d’à peine vingt ans, immergé dans une métropole exotique et grouillante comme Alexandrie, ces questions étaient obsédantes. Dion les avait toutes étudiées. Sa quête de la connaissance m’inspirait. Il était à peine mon aîné de dix ans, mais il me semblait doué d’une sagesse infinie et d’une incroyable présence. En sa compagnie, je prenais conscience du gouffre de mon ignorance et j’étais flatté qu’il consacre quelque temps à m’expliquer ses idées. Assis sur les marches de la bibliothèque tandis que ses esclaves nous faisaient de l’ombre avec des parasols, nous discutions des différences entre l’intelligence et la sensation, nous considérions les différentes propensions de l’homme à se fonder sur la logique, le goût, l’odorat, la vue, l’ouïe et le toucher pour donner un sens au monde.

Trente ans avaient passé. Dion avait naturellement changé. A l’époque, il me semblait vieux, mais maintenant il était vraiment vieux. Sa crinière de cheveux noirs avait viré à l’argent. Sa peau était détendue et fripée, mais il n’était pas voûté.

Tu es un homme que l’on n’oublie pas, lui avais-je dit. Maintenant, alors qu’il m’implorait de l’aider à rester en vie, j’étais sur le point de dire : Tu as l’air d’un homme difficile à tuer.

Au lieu de cela, après une longue pause, je changeai de sujet.

— Ce que je trouve surprenant, maître, c’est que tu te souviennes de moi après toutes ces années. Oui, il est vraiment curieux que tu te sois souvenu d’un jeune Romain libre comme l’air, qui aimait flâner sur les marches de la bibliothèque, écoutant les discours de ses aînés et osant occasionnellement converser avec eux.

— Tu étais plus que cela, dit Dion. Tu dis que tu serais un piètre limier si tu ne pouvais déduire l’identité d’un visiteur comme moi. Eh bien, quel philosophe serais-je si je me montrais incapable de reconnaître un esprit analogue, un égal, quand j’en vois un ?

— Tu me flattes, maître.

— Certainement pas. Je ne flatte personne, pas même les rois. Pas même le roi Ptolémée ! Et c’est une des raisons pour lesquelles je me trouve dans cette terrible situation.

Il esquissa un petit sourire, mais, dans ses yeux, je saisis le regard tourmenté d’un homme harcelé par la peur. Il se leva et commença à faire nerveusement les cent pas dans la petite pièce, croisant et décroisant les bras sur sa poitrine.

— Dis-moi, Gordien, te souviens-tu des choses dont nous parlions sur les marches de la bibliothèque ?

— Seulement de fragments, je le crains. Mais je me souviens parfaitement de ton éloquence quand tu parlais de perception et de vérité ; ah oui, et je me rappelle comment l’Académie avait clarifié plutôt que réfuté les enseignements de Platon et des stoïciens…

— Est-ce tout ce dont tu te souviens ? Comme c’est étrange ! Nos conversations ont laissé de tout autres souvenirs dans mon esprit.

— Que traitions-nous d’autre, si ce n’est de philosophie ?

Dion secoua la tête.

— Eh bien, je ne me rappelle pas avoir parlé de philosophie avec toi… Toutes ces abstractions et ces divagations pédantes… Comme j’ai dû te sembler pompeux !

— Absolument pas…

— Non, ce que moi je me rappelle, ce sont les histoires que toi, tu racontais, Gordien.

— Quelles histoires ?

— Tes aventures dans le grand monde ! Ton long périple depuis Rome jusqu’en Egypte, tes visites en cours de route aux Sept Merveilles du monde et tes exploits à Alexandrie. Comme ma vie semblait terne en comparaison ! Comme je me suis senti vieux en t’écoutant ! J’avais l’impression que toute mon énergie vitale s’était tarie. Tandis que moi et mes collègues débattions du bien et du mal sous des parasols, toi, dans les rues, tu rencontrais le bien et le mal, tu en faisais charnellement l’expérience, tu prenais part au drame tourbillonnant de la vie et de la mort. Qui étais-je pour oser parler des moyens de discerner le vrai du faux, alors que, près de moi, sur les marches mêmes de la bibliothèque, se trouvait le jeune Romain qui avait résolu l’énigme du chat assassiné dans le quartier de Rhakotis[13] meurtre qui avait provoqué le soulèvement de la moitié de la population de la ville ?

— Tu te souviens de cette histoire ?

— Je ne l’ai jamais oubliée ! Aujourd’hui encore, il me suffit de fermer les yeux et je t’entends la raconter. Je revois les philosophes et les marchands faire cercle autour de toi pour t’écouter, terrifiés.

— Le meurtre d’un vulgaire chat provoqua le soulèvement de la cité ? questionna Trygonion.

— Tu n’es évidemment jamais allé à Alexandrie. Les chats y sont des dieux, répliqua Dion sèchement. Il y a quelques années, un événement semblable s’est répété. Le coupable était un Romain… C’est en tout cas ce que l’on a prétendu. Mais, vu le climat politique du moment à Alexandrie, tous les prétextes étaient bons pour précipiter la populace dans les rues et courir sus aux Romains, tueurs de chats ou non.

Il s’arrêta de déambuler et respira avec difficulté.

— Il fait trop chaud ici.

— Je vais appeler Belbo pour ouvrir un autre volet.

— Non, non, allons plutôt faire quelques pas dans ton jardin.

— Comme tu veux.

Je les conduisis dehors. Trygonion se mit immédiatement à trembler. De son côté, Dion étudiait le bassin d’un air absent. Il leva les yeux vers le ciel qui s’obscurcissait. Plusieurs fois, il inspira profondément, puis recommença à déambuler… Soudain, il s’immobilisa, bouche bée, devant la statue de Minerve. D’une main, la déesse tenait une lance pointée vers le ciel et de l’autre un bouclier. Sur son épaule, une chouette était perchée, et un serpent se lovait à ses pieds. La déesse semblait respirer et nous observer sous la visière de son casque à cimier.

— Splendide, chuchota-t-il.

Trygonion, fidèle à la Grande Mère, n’accorda qu’un furtif coup d’œil à la déesse de la Sagesse.

Je contemplai le visage familier de la statue.

— La seule femme de la maison qui ne me répond jamais insolemment. Mais qui semble aussi ne jamais m’écouter.

— Elle a dû coûter une petite fortune.

— Probablement, mais j’en ignore le prix exact. J’en ai plus ou moins hérité comme de toute la maison.

Clairement impressionné, Dion examinait maintenant le portique qui entourait le jardin.

— Ces carreaux multicolores au-dessus des portes…

— L’œuvre d’artisans d’Arretium[14].

— Et toutes ces colonnes si finement ciselées…

— Sauvées d’une vieille villa de Baia[15] et ramenées ici au prix de maintes difficultés, comme la statue de Minerve.

— Et maintenant, tout cela t’appartient ? Tu t’es bien débrouillé. Quand on m’a dit que tu habitais une belle maison sur le Palatin, je me suis demandé si ce Gordien pouvait être celui que j’avais connu à Alexandrie, vivant presque en vagabond.

Je haussai les épaules.

— Oui, j’ai été peut-être une sorte de vagabond. Mais j’ai toujours conservé l’humble maison de mon père ici, à Rome, sur l’Esquilin[16]. C’est mon port d’attache.

— Elle n’est sûrement pas aussi belle que celle-ci. Tu as remarquablement prospéré. Je t’avais bien jugé, tu vois, quand nous nous sommes rencontrés à Alexandrie. J’ai connu bien des sages, des philosophes avides de connaissance comme d’autres hommes sont avides de vin, de vêtements somptueux ou de belles esclaves… Ce n’était pour eux qu’un moyen comme un autre d’obtenir le confort et l’estime de leurs contemporains. Mais toi, Gordien, tu cherchais la vérité… Tu la cherchais avec passion, ténacité… On aurait dit que tu ne pouvais vivre sans respirer son parfum chaque matin et chaque nuit. Tu aimais tous ses mystères : les grands mystères de la philosophie comme les petits mystères de la vie – par exemple, la découverte d’un tueur de chats. Chercher la vérité est une vertu. Les dieux l’ont récompensée.

Ne trouvant rien à répondre, je haussai les épaules. Je n’avais plus vu Dion depuis trente ans. Pendant tout ce temps, j’aurais pu mourir cent fois, car mon travail m’avait fait courir de grands dangers. J’aurais également pu tomber dans la pire déchéance comme tant d’autres. Au lieu de cela, je possédais une belle demeure sur le Palatin et comptais des sénateurs et de riches marchands parmi mes voisins. Dion avait une façon d’expliquer ma bonne fortune qui en valait une autre. Mais, à mon avis, même les philosophes sont incapables de dire pourquoi la Fortune [17] sourit à un homme et s’acharne sur son voisin. En le regardant, je ne pus m’empêcher de penser que Dion avait l’apparence d’un homme que la Fortune avait abandonné.

En passant la porte, je vis Dion trébucher et vaciller. Je tendis la main pour le retenir et sentis qu’il tremblait.

— Quand t’es-tu sustenté pour la dernière fois ?

— Je ne sais pas très bien.

— Comment ? Tu ne t’en souviens plus ?

— Hier, je me suis aventuré dehors, sous ce déguisement. J’ai acheté un peu de pain au marché. J’aurais dû en acheter davantage pour en avoir ce matin… mais quelqu’un aurait pu l’empoisonner pendant mon sommeil.

— Alors tu n’as rien mangé aujourd’hui ?

— Chez mon hôte précédent, les esclaves ont essayé de m’empoisonner. Même chez Titus Coponius, je ne peux me sentir en sécurité. Je ne mange que ce qui a été préparé sous mes yeux ou ce que j’ai moi-même acheté au marché.

— Certains hommes confient à des esclaves le soin de goûter leur nourriture, dis-je.

Je savais que cette pratique était particulièrement répandue dans l’Alexandrie de Dion, où les monarques rivaux – mais appartenant pourtant tous à la même famille – essaient en permanence de se débarrasser les uns des autres avec l’aide de leurs agents.

— J’avais naturellement un goûteur. Comment crois-tu que j’ai échappé à la tentative d’empoisonnement ? Mais le problème avec les goûteurs, c’est qu’il faut les remplacer et mon séjour à Rome a épuisé mes ressources. Je n’ai même plus d’argent pour rentrer à Alexandrie au printemps.

Il vacilla une nouvelle fois et tomba presque sur le brasero.

— Enfin, regarde ! Tu ne tiens même plus debout tellement tu as besoin de manger, protestai-je, en l’agrippant par le bras. Tu dois manger. J’insiste. Sous mon toit, la nourriture est parfaitement sûre, et mon épouse n’est pas mauvaise cuisinière. Surtout lorsqu’elle prépare des plats à la mode alexandrine.

— Ta femme cuisine ? s’étonna Trygonion. Dans une maison aussi grande ?

— Mes biens sont plus considérables que mes ressources. Par ailleurs, Bethesda adore cuisiner. Tenez, la voilà !

Bethesda se tenait dans l’encadrement de la porte. J’allais la présenter, mais l’expression de son visage m’en dissuada. Son regard passa de Dion à Trygonion. Puis elle fixa le philosophe, si faible qu’il semblait ne pas l’avoir remarquée. Elle affichait cette moue que, même après trente ans de vie commune, j’étais incapable d’interpréter. Qu’avais-je fait ?

— Diane m’a signalé que tu as des visiteurs, dit-elle enfin.

Son accent égyptien et son ton hautain étaient encore plus accentués que d’habitude. Elle dévisagea mes visiteurs avec une telle dureté que Trygonion baissa les yeux, mal à l’aise. Dion finit par noter sa présence ; il cligna les yeux et rejeta le torse en arrière comme s’il venait de contempler le soleil.

— Quelque chose ne va pas ? demandai-je à Bethesda.

Je croyais que cela la ferait sourire. Je me trompais.

— Je pense que vous voulez manger quelque chose, dit-elle d’un ton indifférent.

Ah, nous y étions, pensai-je. Elle n’était peut-être pas contente que je lui laisse tout le travail, préférant discuter avec mes visiteurs – des gens plutôt louches – alors que je partais en voyage le lendemain matin. Je regardai Dion de nouveau, avec sa stola fripée et son maquillage maladroit. Puis j’observai Trygonion. Il jouait avec ses cheveux filasse et agitait nerveusement les plis de sa toge sous le regard hostile de Bethesda. Je les voyais tels qu’ils devaient lui apparaître. Bethesda acceptait depuis longtemps le défilé de personnages plus ou moins fréquentables dans notre maison. Mais elle ne manquait jamais de témoigner son mépris à l’endroit de ceux qu’elle n’aimait pas et, là, il était clair qu’elle avait une très piètre opinion de l’ambassadeur égyptien et de son compagnon.

— Oui, nous pourrions manger quelque chose, dis-je. Toi aussi, Trygonion ?

Le petit galle cligna de l’œil et acquiesça.

— Et toi aussi, maître… J’insiste ! Je ne te laisserai pas quitter ma maison sans que tu manges quelque chose.

Dion baissa la tête. Il avait l’air fatigué et perplexe ; il tremblait, sans aucun doute il était affamé. Il marmonna quelque chose d’inaudible, puis finit par lever les yeux vers moi.

— Oui… tu as parlé d’un plat alexandrin ?

— Que pouvons-nous offrir à nos visiteurs, Bethesda ?

Elle parut sortir d’un rêve éveillé.

— Je pourrais faire des petits pains égyptiens… et peut-être des saucisses aux lentilles…

— Oh oui, ce serait excellent ! s’exclama Dion.

Il avait beau être philosophe, la faim et le mal du pays pouvaient embrouiller l’esprit de n’importe qui.

Soudain, Diane surgit à côté de sa mère. Les yeux de l’Égyptien – plus troublé que jamais, apparemment – passaient de la mère à la fille. Leur ressemblance était frappante.

Bethesda disparut aussi rapidement qu’elle était apparue. Diane s’attarda un instant. Elle avait le même air renfrogné que sa mère. Plus on vit avec une femme, plus l’expérience devient mystérieuse. Maintenant qu’il y en avait deux à la maison, il y avait aussi deux fois plus de mystères.

Je regardai mes hôtes. Il était réellement plus facile de comprendre un homme – fût-il un philosophe en stola ou un galle ayant renoncé à son sexe – qu’une femme.

La jeune esclave nous apporta du vin et quelques morceaux de pain pour apaiser notre faim jusqu’à ce que le repas fût prêt. J’appelai Belbo pour attiser le brasero tandis que je fermais les volets. Le crépuscule était descendu sur l’atrium, plongeant dans les ténèbres le visage de Minerve.

Après avoir pris quelques gorgées de vin, Dion retrouva enfin le courage de raconter les événements qui l’avaient réduit à un tel état d’anxiété.

Un égyptien dans la ville
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