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La pratique du massage
MASSAGES QUOTIDIENS POUR CHAQUE PARTIE DU CORPS
Le cadre
Le massage s’accommode de toutes sortes de situations. La plupart des professionnels disposent d’une salle tranquille et d’une table de massage. Mais vous trouverez peut-être qu’une table de cuisine ou une chaise peuvent suffire, et certains masseurs considèrent que le travail au sol convient parfaitement. L’important est de créer une atmosphère où les deux partenaires se sentent à l’aise.
Selon le style de massage aussi bien que les préférences du receveur, vous pourrez vous servir de talc ou d’huile. Le talc est parfois utile pour commencer un massage, tandis que l’huile convient mieux à un travail précis. Au début, il arrive qu’une certaine anxiété rende les mains du masseur et la peau de son partenaire un peu moites, ce qui complique les manœuvres d’effleurage. Par ailleurs, sur une peau très sèche, le massage peut créer des frictions désagréables. C’est pourquoi vous pouvez avoir recours au talc dans un souci de confort au moment de commencer la séance ou encore pour votre premier massage. Pour les enfants et les personnes âgées, on recommande parfois le massage à l’huile, qui a l’avantage de faire glisser les mains sur le corps et d’éviter les pressions directes trop fortes. Les massages qui visent à assouplir une articulation raide ou douloureuse peuvent aussi être une occasion propice pour faire appel aux vertus lubrifiantes de l’huile. Utilisez-en très peu à la fois et versez-la d’abord dans votre main plutôt que directement sur le corps.
Pour ma part, je vous suggère de vous exercer à masser sans recourir à l’un ou l’autre. Le contact direct entre votre main et la peau de votre partenaire est nécessaire pour mieux apprécier la tension et l’état des muscles. Tout le monde n’a pas besoin d’huile ou de talc pour être massé. Mais certaines personnes ont l’impression que cela les aide à se relaxer. Vous apprendrez vite à vous en rendre compte par vous-même.
Quand ils se font masser pour la première fois, beaucoup d’adultes viennent avec diverses idées préconçues. Quelle que soit votre propre approche, votre partenaire s’attend peut-être à une expérience musclée ou hédoniste, selon qu’il considère le massage comme inquiétant ou relaxant, franchement sensuel ou froidement clinique. Le massage proprement dit aura tôt fait de clarifier ces pensées, car, à la vérité, ce qui est en cause ici c’est la façon dont votre partenaire a l’habitude d’être « manipulé », aussi bien dans son expérience présente que dans sa petite enfance.
C’est cet aspect psychologique qui rend le receveur particulièrement vulnérable au premier et au dernier contact du massage. Il faudra donc veiller à commencer et terminer chaque séance en douceur, avec des gestes lents, précautionneux et rassurants.
Un massage corporel ne doit pas nécessairement suivre un ordre particulier. Pour vous exercer, vous pourriez adopter la séquence présentée dans ce chapitre. Lors de la première séance, le massage de la main (voir page 69) peut être une bonne entrée en matière, car il offre un point de contact familier et aussi la possibilité de se parler et de se regarder normalement.
Quand le massage est-il déconseillé ?
Avant de pratiquer un massage, vous devriez toujours vous enquérir de l’état de santé général de votre partenaire. Il n’y a guère de contre-indication, surtout s’il s’agit d’un massage relaxant. Toutefois, si l’un ou l’autre des critères mentionnés ci-après s’applique à votre partenaire, assurez-vous que toutes vos manœuvres restent bien dans les limites du confortable.
Vous aurez du mal à trouver quelqu’un qui n’ait jamais été concerné par aucun des critères en question. Lorsque le massage répond à un « consentement mutuel », chaque partenaire est capable de sentir si quelque chose ne va pas. Dans ce cas, interrompez la séance et parlez-en. Il faut aussi tenir compte de votre forme à vous. Votre partenaire peut souhaiter un massage tonifiant ou apaisant et il convient de savoir si vous êtes ou non en état de le satisfaire ce jour-là. Le contenu d’une séance de massage dépend donc des deux partenaires. Dans cet esprit de partage des responsabilités, si le receveur ou le donneur est concerné par l’un des critères suivants, il vaut mieux y aller doucement :
– traitement médicamenteux ;
– opération chirurgicale ;
– blessure ou traumatisme ;
– traitement par ostéopathie ou chiropraxie ;
– grossesse ;
– menstruations.
Bien que dans certains états graves le massage puisse être contre-indiqué, il est probable que, pour la majorité des personnes à qui on déconseille le massage, celui-ci serait pourtant plus souvent bénéfique que véritablement préjudiciable. Lorsque vous avez un doute, consultez un praticien expérimenté.
Massage de la main
La main, avec tous ses muscles, ses nombreuses articulations et variations dans l’épaisseur de la peau, est une introduction naturelle au reste du corps. Le massage de la main, hormis ses vertus localement apaisantes, permet de soulager la tension au niveau des épaules et de la tête grâce à ses effets sur les systèmes nerveux et circulatoire.
1. Faites coucher votre partenaire, le bras droit fléchi et le coude posé sur un petit coussin.
2. Effleurez sa main en la pressant doucement entre vos deux mains, que vous faites glisser en partant du bout des doigts vers le poignet comme un gant qu’on enfile (ill. 19). Revenez ensuite vers les doigts en diminuant votre pression. Recommencez douze à vingt fois.
3. Tournez la main vers le bas et pétrissez-la en refermant votre pouce et le bout de vos doigts sur le dos de la main. Puis massez douze fois le dos de la main avec vos pouces.
4. Tournez la main vers le haut pour masser la paume et la base du pouce.
5. Recommencez l’effleurage comme au point 2. Pressez fermement en remontant.
6. Soutenez la main et frappez-la légèrement sur toute sa surface avec vos doigts tendus.
7. Terminez par un effleurage léger.
Posez la main de votre partenaire sur son abdomen et occupez-vous de l’autre main.
Si c’est votre premier massage, félicitations ! Demandez à votre partenaire de vous faire part de ses commentaires et de ses critiques, et dites-lui tout ce que vous remarquez d’intéressant à propos de ses mains. Plus tard, vous préférerez peut-être laisser vos massages parler d’eux-mêmes.
L’intérêt de commencer un massage général par le dos est que l’on peut relaxer rapidement les muscles de posture. Un autre avantage est que certains receveurs trouvent plus facile d’entamer la séance sans faire face au masseur.
Vous pouvez, par exemple, aborder le massage du dos par cette séquence « respiratoire » qui crée une atmosphère paisible et vous offre en outre l’occasion d’observer un phénomène très subtil concernant le squelette.
1. Faites coucher votre partenaire sur le ventre. Glissez un coussin sous ses pieds et un autre sous l’abdomen. Les bras peuvent être placés autour de la tête ou le long du corps (ill. 20).
2. Posez légèrement une de vos mains sur le milieu du dos et l’autre sur le bassin. Dites à votre partenaire de se détendre et de respirer profondément. Vous remarquerez que le thorax se soulève et redescend au rythme de la respiration. Pouvez-vous sentir un mouvement correspondant, mais plus faible, au niveau du bassin ?
3. Déplacez votre main du milieu du dos à l’arrière du crâne. Au bout d’un moment, le mouvement du bassin deviendra plus évident.
4. Concentrez-vous maintenant sur le crâne et vous pourrez y détecter un même mouvement, moins marqué.
L’anatomie orthodoxe enseigne qu’au repos, on n’observe guère de mouvement au niveau du bassin et certainement aucun en ce qui concerne le crâne. Avec la pratique, vous découvrirez que ces deux régions du corps, tout comme le thorax, bougent au rythme de la respiration. A la fin de cette séquence, votre partenaire et vous-même devriez vous sentir calmes et détendus, prêts à poursuivre la séance.
Massage du dos
Le massage complet du dos réclame d’ordinaire quinze à vingt minutes, certainement pas davantage s’il s’inscrit dans un massage général de tout le corps.
1. Installez-vous près de la tête de votre partenaire, face au corps allongé.
2. Effleurez doucement le dos en descendant le long de la colonne vertébrale et remontez ensuite jusqu’aux bras par les côtés (ill. 21). Répétez dix fois la manœuvre, en lui donnant de plus en plus de profondeur.
3. Avec le talon et la paume des mains, pratiquez diagonalement une pression appuyée en montant et en redescendant pendant trente secondes (ill. 22). Recommencez l’effleurage cinq fois de suite.
4. Déplacez-vous sur le côté de votre partenaire. Penchez-vous sur lui et effleurez la fesse qui se trouve du côté opposé. Pétrissez pendant trente secondes (ill. 23). Pratiquez quelques mouvements circulaires d’effleurage appuyé, puis dix secondes de percussion (claquements) sur la fesse et terminez par un effleurage léger.
5. Effleurez le côté de la poitrine. Pétrissez pendant trente secondes, en descendant de l’aisselle jusqu’à la hanche, puis en remontant (ill. 24). Appliquez quelques mouvements appuyés l’effleurage en remontant vers l’aisselle, puis dix secondes de percussion (hachures) et terminez par un effleurage léger.
6. Effleurez le haut de l’épaule, en partant de la tête vers le bras. Pétrissez pendant trente secondes (ill. 25). Exercez dix secondes de percussion (hachures), puis quelques mouvements circulaires d’effleurage.
7. Contournez votre partenaire pour vous placer de l’autre côté en gardant une main en contact avec le corps et répétez toutes les manœuvres.
8. Revenez à la position 1 et recommencez l’effleurage à dix reprises, avec cette fois des mouvements de plus en plus lents et légers.
9. Couvrez le dos avec une serviette et demandez à votre partenaire de prendre trois respirations profondes.
Comment va votre dos à vous après ce massage ? C’est peut-être celui qui exige le plus d’effort de votre part et vous vous trouvez parfois, lorsque le receveur est très tendu, devant une surface à travailler qui résiste à vos manipulations. Gardez bien à l’esprit toutes les fois où vous allez devoir vous pencher pour atteindre différentes parties du corps, et quand vous vous sentez fatigué, profitez du répit que constitue l’effleurage. N’oubliez pas de fléchir légèrement les genoux et ne consacrez pas plus de vingt minutes au massage du dos.
Demandez à votre partenaire de se tourner lentement, car il pourrait faire un faux mouvement s’il est un peu somnolent ou encore se retourner d’un bond et tomber en bas de la table. Tenez-vous tout près de lui pour le retenir si besoin est, mais n’essayez pas de l’aider. Occupez-vous plutôt de retirer les coussins et soyez prêt à les remettre sous la tête et les cuisses au moment où le receveur se couche sur le dos. Les coussins sont importants car ils permettent une meilleure relaxation des membres et du cou. Ils prolongent également les effets du massage du dos.
Massage de la jambe
Tout à la fois organes locomoteurs et remarquables balanciers, les muscles de la jambe contribuent aussi à masser les veines voisines et à faire remonter le sang vers le cœur, alors que la force de gravité agit dans l’autre sens. C’est ainsi que l’on conseille maintenant aux cardiaques, à qui l’on prescrivait autrefois de garder le lit sans bouger, de faire travailler leurs jambes pour soulager l’effort du cœur. Les crampes et les varices sont des symptômes courants qui indiquent de la fatigue et un excès de tension dans les jambes. Le massage est donc tout indiqué.
1. Placez-vous face à votre partenaire étendu, à hauteur des pieds. Commencez par masser le pied, comme vous l’avez fait pour la main, si ce n’est que les manœuvres peuvent être plus appuyées, à moins que votre partenaire ne soit très sensible des pieds. Après les pressions autour du gros orteil, pétrissez le cou-de-pied, en descendant et en remontant à six reprises.
2. Pliez la jambe et mettez le pied à plat. (Si votre partenaire a des varices, vous éviterez les pressions appuyées et les percussions.)
3. Effleurez le bas de la jambe en épousant avec la paume et les doigts la forme de la masse musculaire (ill. 26). Allez de la cheville au genou et recommencez vingt fois la manœuvre en augmentant progressivement la profondeur avec un mouvement remontant plus appuyé.
4. Pétrissez et faites rouler les muscles du mollet. Pendant trente secondes, exercez une pression du pouce le long du tibia, puis recommencez l’effleurage appuyé à cinq reprises.
5. Appliquez quinze secondes de percussion (hachures) autour du mollet, puis effleurez légèrement.
6. Reposez la jambe étendue sur le coussin et placez-vous sur le côté. Pratiquez dix mouvements d’effleurage depuis la cheville jusqu’à l’avant du bassin.
7. Posez vos mains sur la face antérieure de la cuisse, les pouces de votre côté. Massez pendant trente secondes en exerçant un mouvement alterné de pression et de traction, avec la paume bien à plat et les doigts réunis. Pratiquez cinq fois de suite un mouvement appuyé d’effleurage en remontant du genou au bassin.
8. Pétrissez la région entre les tendons que vous pouvez sentir à l’arrière de la cuisse, dans le pli du genou. Pincez doucement les tendons et les muscles de l’aine avec le bout des doigts. Partez du genou et remontez vers l’aine jusqu’aux deux tiers de la cuisse, à l’endroit où les muscles se séparent. Recommencez l’effleurage appuyé cinq fois de suite.
9. Appliquez quinze secondes de percussion (hachures) partout sur la cuisse. Effleurez légèrement, puis étendez la manœuvre à la jambe tout entière.
Il y a des différences anatomiques évidentes entre les cuisses des hommes et celles des femmes : les cuisses des hommes sont plus musclées et parallèles, tandis que celles des femmes se rapprochent à hauteur des genoux et présentent une plus grande tension sur leur face extérieure. Pour le confort de votre partenaire, travaillez légèrement sur la face antérieure des cuisses, bien développée chez l’homme, et pour une femme, soyez particulièrement délicat dans la région de l’aine qui est très sensible pendant les règles.
Massage du bras
L’une des particularités du système nerveux est qu’il existe un lien direct entre certains nerfs qui contrôlent des organes internes et ceux de la peau. C’est particulièrement vrai, par exemple, pour les organes de la poitrine et la peau des bras. Ainsi, lors d’un malaise cardiaque, on éprouve souvent dans les bras des sensations particulières parce que l’influx nerveux, dans ces deux régions du corps, part de la même « racine » dans l’épine dorsale. Grâce à ce que l’on appelle l’« action réflexe », les effets relaxants d’un massage du bras pourront être ressentis également dans la poitrine. En soi, le massage du bras est très apaisant et particulièrement bénéfique pour les personnes qui ne veulent pas d’un massage corporel complet.
1. Placez-vous comme pour un massage de la main.
2. Effleurez dix fois de suite, en partant du poignet vers le coude, par une pression glissée des deux mains autour du bras (ill. 27).
3. Pétrissez doucement l’avant-bras avec des mouvements ascendants et descendants pendant trente secondes. (Vous êtes en train de masser les muscles qui commandent les doigts et vous remarquerez peut-être un tremblement dans la main.) Terminez par cinq mouvements d’effleurage appuyé.
4. Pour pouvoir pratiquer dans de bonnes conditions l’effleurage du haut du bras, demandez à votre partenaire de poser la main sur votre épaule, tandis que vous vous penchez légèrement vers l’avant (ill. 28). Si cela ne convient pas, vous pouvez laisser le bras étendu sur la table ou encore le soulever d’une main pendant que vous le massez de l’autre. Effleurez dix fois de suite en partant du coude vers l’épaule.
5. Pétrissez des deux mains en détachant la masse musculaire de l’os. Remontez le long du muscle de l’épaule et continuez pendant trente secondes. Terminez par cinq mouvements d’effleurage appuyé.
6. Pratiquez quinze secondes de percussion (hachures) tout autour du bras. Effleurez légèrement.
Quand vous traitez la partie supérieure du bras, veillez à ne pas appuyer sur le point sensible que l’on appelle le « petit juif », où passe le nerf cubital qui continue ensuite dans l’avant-bras, la main et le petit doigt. La sensation n’a rien d’agréable pour votre partenaire, alors qu’il est détendu, et s’il a la main posée sur votre épaule, vous risquez vous-même une pichenette involontaire sur l’oreille !
Massage de la poitrine
Les muscles pectoraux fixés à la cage thoracique sont recouverts par un tissu particulièrement sensible chez la femme. Les hommes aussi peuvent ressentir désagréablement une pression directe sur la poitrine. C’est pourquoi ce massage porte sur des points de drainage du système circulatoire plutôt que sur les muscles. Au cours des règles ou de certaines maladies aiguës, comme la grippe, qui sensibilisent ces points, vos partenaires trouveront peut-être le massage de la poitrine insupportable. Toutefois, les manœuvres de claquements, de percussions ou de frictions sur les côtes peuvent procurer un soulagement en cas de congestion.
1. Votre partenaire doit être couché sur le dos, un petit coussin placé sous les épaules.
2. Continuez l’effleurage du bras, en le prolongeant cette fois de façon que votre main glisse ensuite sur la poitrine pour aller jusqu’au sternum, en passant juste sous la clavicule. De là, votre main doit repartir vers l’aisselle en un mouvement de retour légèrement plus appuyé. Recommencez quatre fois la manœuvre.
3. Faites glisser le bout ou la jointure de vos doigts du sternum à l’aisselle, dans ce sens uniquement. Si le receveur est un homme, vous pouvez utiliser le talon de la main aussi bien que les doigts. Recommencez quatre fois et terminez par une manœuvre d’effleurage comme au point 2.
4. Soutenez le bras et faites-le pivoter autour de l’épaule en l’étirant légèrement pour soulager la tension des muscles de la poitrine.
5. Après avoir massé les deux côtés de la poitrine, demandez à votre partenaire de respirer profondément, tandis que vous accompagnez l’expiration en pressant sur la cage thoracique. Placez vos mains à plat sur les côtes et appuyez doucement, puis relâchez au moment de l’inspiration.
En faisant coucher votre partenaire sur le côté, vous pouvez combiner le massage de la poitrine avec le massage du dos. Ainsi, il est possible de traiter en même temps la moitié du dos, l’épaule et la cage thoracique. En cas de congestion, essayez quelques claquements.
Massage de l’abdomen
Nous hésitons souvent à nous laisser toucher l’abdomen, peut-être parce que c’est là que se trouvent certains de nos organes vitaux et que c’est une partie de notre corps qui nous paraît très intime, ou peut-être simplement parce que c’est un endroit qui semble relativement vulnérable. Si l’on ajoute à cela que c’est aussi une région qui présente une grande densité de nerfs, il n’est pas étonnant que certains receveurs « chatouilleux » trouvent ce massage intolérable. Peut-être aurez-vous l’impression qu’en travaillant sur cette partie du corps, vous provoquez plus de tension que de relaxation. Toutefois, c’est un massage très bénéfique qui mérite que vous persévériez.
Commencez par vous exercer sur votre propre abdomen pour développer un toucher acceptable pour votre partenaire.
1. Tenez-vous tout contre la table à côté de votre partenaire. Pratiquez dix mouvements circulaires d’effleurage autour de l’abdomen dans le sens des aiguilles d’une montre. Vos mains doivent glisser sans appuyer, mais pas trop légèrement cependant pour éviter de provoquer un réflexe de frisson.
2. Mouvement croisé : C’est une manœuvre qui combine pression et effleurage pour détendre les muscles de la taille. Croisez les bras et posez vos paumes légèrement sous la taille (ill. 29). Appuyez et soulevez la taille, puis laissez glisser le corps entre vos mains et poursuivez le mouvement en travers de l’abdomen. Croisez alternativement vos bras dans un sens et puis dans l’autre, et répétez six fois la manœuvre. Terminez par un effleurage.
3. Les doigts bien étendus, palpez le centre de l’abdomen en montant et en redescendant six fois entre les côtes et l’avant du bassin. (Veillez à ne pas trop appuyer à hauteur de la vessie, dans le bas de l’abdomen.) Terminez par un effleurage.
4. Mouvement d’écope : C’est une autre manœuvre combinant pression et effleurage, qui contribue au bon maintien de l’abdomen. Faites remonter l’abdomen en vous servant alternativement de la paume et du tranchant de la main pour créer un « mouvement de vague » de bas en haut (ill. 30). Répétez vingt fois cette manœuvre qui permet de relâcher les muscles du bas du dos et de basculer légèrement le bassin vers l’arrière. Les viscères qui, sous l’effet de la gravité, ont tendance à retomber sont ainsi remis en place et la congestion abdominale est soulagée. Terminez par un effleurage.
5. Répétez dix fois les mouvements croisés et l’effleurage.
Il s’agit d’un excellent massage à pratiquer sur soi-même. Combiné au massage du bas du dos, le mouvement d’écope décrit au point 4 peut procurer un grand soulagement aux femmes qui souffrent de douleurs menstruelles. Dans les moments de découragement, quand la vie apparaît comme un fardeau, le massage de l’abdomen est aussi très bénéfique, car il stimule les nerfs du plexus abdominal et apporte une énergie nouvelle.
Massage du cou (position couchée)
Le cou est bien sûr ce qui soutient notre tête, mais c’est aussi un « pont » essentiel entre le cerveau et le reste du corps. Quand on songe aux tensions extrêmes que le cou peut endurer, il est vraiment remarquable que la communication passe aussi bien. Il faut dire que la structure du cou présente une souplesse et une élasticité étonnantes… du moins tant que les muscles sont suffisamment détendus. L’anxiété, les soucis augmentent la tension du cou et nos épaules ont tendance à remonter à mesure que les problèmes s’accumulent.
1. Placez-vous près de la tête de votre partenaire étendu sur le dos. Procédez avec une grande lenteur pour tous les mouvements de ce massage, en ayant soin d’expliquer clairement au receveur ce que vous comptez faire.
2. Pour permettre l’effleurage, commencez par faire rouler doucement la tête du côté gauche, comme une balle, sans la soulever. Passez votre main droite le long du cou jusqu’à l’épaule en montant et en redescendant dix fois. Faites pivoter la tête de l’autre côté et recommencez.
3. Ramenez la tête du côté gauche. Placez vos doigts sous la nuque et le pouce le long du cou. Palpez doucement en serrant et en relâchant la main autour du cou, sans presser directement avec le pouce (ill. 31). Procédez ainsi pendant trente secondes et puis recommencez de l’autre côté.
4. Placez la tête droite. En vous servant cette fois des deux mains, répétez les manœuvres de pression le long de la nuque en descendant et en remontant jusqu’à la base du crâne.
5. Étirement :
a. De la main gauche, faites rouler la tête vers la droite. Puis, en croisant les avant-bras, placez votre main droite sur l’épaule gauche (ill. 32). Demandez à votre partenaire de prendre une longue inspiration, puis d’expirer lentement. Pendant tout le temps de l’expiration, étirez doucement et sans à-coup la tête vers l’épaule droite. L’étirement est largement suffisant si le menton vient bien contre l’épaule. Faites rouler très lentement la tête de l’autre côté et répétez la manœuvre.
b. Soutenez la tête des deux mains et tirez-la vers l’avant jusqu’à ce que le menton touche presque la poitrine. Pratiquez cet étirement selon le même rythme respiratoire que pour le précédent.
c. La troisième manœuvre est une traction. Tenez la tête fermement, mais confortablement. Au moment de l’expiration, tirez-la vers vous (ill. 33). Contrairement à ce qu’il peut paraître, c’est une manœuvre très simple et sans danger ! En fait, l’étirement dépend davantage du mouvement de retrait du corps provoqué par l’expiration que de votre traction. Vous devez donc mettre moins de force dans cette manœuvre que dans les précédentes.
6. Terminez par un effleurage léger de la tête, du cou et des épaules. Vous pouvez, si vous le désirez, improviser un massage du visage pendant que votre partenaire se détend.
Les étirements ne sont pas dangereux. Grâce à l’effet relaxant du pétrissage de la nuque pratiqué dans un premier temps, vous sentirez les muscles du cou « se donner » pendant les manœuvres d’étirement. Pour autant que vous procédiez avec lenteur, votre partenaire sera toujours en mesure de maîtriser le mouvement. Toutefois, la souplesse diminue avec l’âge et sans le contrôle d’un praticien, il faut éviter les étirements pour les partenaires qui ont dépassé la cinquantaine.
Lorsque le receveur souffre d’arthrose dans les doigts ou les poignets, il se peut que les articulations du cou soient elles aussi affectées. Dans ce cas, vous pourrez préférer cette variante, très douce, du massage du cou, où le partenaire est assis.
Massage du cou (position assise)
Le massage du cou peut également être pratiqué avec des partenaires en position assise. Cette solution offre l’avantage que les tensions au niveau du cou peuvent ainsi être facilement chassées vers le bas, ce qui permet d’améliorer le port de tête. C’est aussi une forme de massage plus spontané qui peut être pratiquée à peu près n’importe où et qui a converti de nombreux sceptiques pour les amener ensuite à des traitements corporels complets.
1. Debout derrière votre partenaire, faites glisser vos mains de chaque côté de la tête en un mouvement d’effleurage que vous prolongez le long du cou, sur les épaules et le haut des bras. Répétez six fois la manœuvre.
2. Effectuez pendant trente secondes un pétrissage léger de l’arête des omoplates. Servez-vous de vos pouces, les autres doigts posés sur les épaules et déplacez vos mains du centre vers l’extérieur. Recommencez l’effleurage.
3. Soutenez de la paume de votre main droite le front de votre partenaire et pincez la nuque en montant et en redescendant pendant trente secondes. Répétez la manœuvre en changeant de main et recommencez l’effleurage.
4. Laissez la tête de votre partenaire reposer en arrière contre votre abdomen. Effleurez en descendant du front vers les tempes, puis en remontant du menton vers les tempes. Répétez six fois la manœuvre.
5. Pétrissez pendant trente secondes en décrivant des cercles du bout des doigts sur le visage (appuyez très doucement autour des yeux). Recommencez l’effleurage comme au point 4.
6. Toujours du bout des doigts, appliquez quinze secondes de percussion (tapotements) sur tout le visage. Recommencez l’effleurage.
7. Remettez la tête droite et, toujours en la soutenant d’une main, effleurez un côté six fois de suite en partant de la tête, puis le long du cou, sur l’épaule et le haut du bras. Recommencez de l’autre côté.
8. Demandez à votre partenaire de redresser le cou en soutenant lui-même le poids de sa tête et répétez la manœuvre d’effleurage avec les deux mains six fois de suite, de plus en plus légèrement.
Conclusion
Quand vous avez terminé une séance de massage, couvrez votre partenaire pour lui conserver quelque temps encore une sensation de chaleur et de prise en charge. A la fin du massage, certains receveurs sont parfois somnolents ou assoupis ; d’autres ont envie de parler. Vous devrez rester disponible pendant ce moment de transition que constitue leur retour à la « normale ». Mais, selon les cas, il se peut aussi qu’ils préfèrent rester seuls quelques instants. C’est pourquoi les masseurs professionnels pratiquent généralement cinquante minutes de massage effectif pour une séance d’une heure afin que celle-ci puisse s’achever tranquillement. Tant pour le donneur que pour le receveur, c’est une habitude profitable qu’il est bon de prendre dès le début, car les praticiens fort occupés ont un peu tendance à la négliger.
MASSAGES SPÉCIAUX – MOBILISATIONS
Les manœuvres de massage peuvent être suivies d’une « mobilisation » qui amplifie la sensation de relaxation. Il s’agit de faire jouer chaque articulation lentement dans son axe naturel avec la coopération du receveur, mais sans son concours actif. Il n’est pas si facile de laisser quelqu’un d’autre « actionner » notre corps, et souvent le receveur n’arrive pas, malgré une apparente bonne volonté, à se laisser aller complètement. Cela montre dans quelle mesure les tensions peuvent bloquer une partie de notre énergie. La patience et la douceur vous permettront mieux que la force de venir finalement à bout de cette résistance.
Les membres
Les articulations du bras et de la jambe ont un liquide lubrifiant qui facilite le mouvement. Normalement, ce sont les muscles qui, en se contractant, font jouer l’articulation. Avec la mobilisation, nos mains se substituent aux muscles de nos partenaires. Pour la souplesse de l’articulation, le plus profitable est de la faire jouer jusqu’où elle semble « vouloir » aller et juste un tout petit peu plus loin.
Exemple : Soutenez de la paume le coude de votre partenaire et, de votre autre main, tenez la sienne. Pliez lentement le bras, en vous arrêtant si vous sentez que votre partenaire vous aide. Continuez jusqu’à la flexion maximale, puis étendez-le droit. Répétez la manœuvre jusqu’à ce que l’articulation du coude s’ouvre et se ferme avec facilité. Faites fléchir le bras avec la paume du receveur tournée tantôt vers le haut et tantôt vers le bas.
L’épaule
L’anxiété et la monotonie de certaines attitudes finissent par réduire sérieusement la mobilité de l’épaule qui devrait être de 360°. Votre partenaire est-il capable de lever le bras droit par-dessus la tête, de mettre le gauche derrière son dos et, en pliant les coudes, de faire se toucher les doigts de chaque main ? S’il n’y parvient pas, la manœuvre suivante pourra lui être bénéfique :
1. Demandez à votre partenaire de se coucher sur le côté, la tête posée sur un coussin, en pliant vers l’avant la jambe qui ne repose pas sur la table pour plus de stabilité.
2. Massez légèrement le bras et le côté du cou.
3. Glissez votre bras sous le sien pour le soutenir et serrez son épaule des deux mains (ill. 34).
4. Faites bouger l’épaule vers le haut et vers le bas, puis vers l’avant et vers l’arrière. Quand votre partenaire se détend et que son bras paraît plus lourd, commencez un mouvement circulaire. Si vous y arrivez, placez le bout de vos doigts sous l’omoplate ; cela soulagera davantage la tension.
5. Reposez le bras et terminez par un effleurage avant de demander à votre partenaire de se retourner lentement. Répétez les mêmes mouvements de l’autre côté.
Beaucoup de gens trouvent que ce traitement a des vertus soporifiques. Si votre partenaire tombe endormi avant que vous n’ayez fini de masser l’autre épaule, c’est probablement qu’il en a besoin. Couvrez-le et restez près de lui.
La hanche
La raideur de la hanche s’accompagne d’une tension accrue des muscles fessiers du côté affecté, ce que vous pourrez constater en faisant coucher votre partenaire sur le ventre. Ce traitement contribue également à soulager les douleurs dans la jambe qui ont leur origine dans le bas du dos, comme la sciatique qui irradie vers l’arrière de la jambe lorsqu’une pression s’exerce sur le grand nerf sciatique.
1. Demandez à votre partenaire de s’étendre sur le ventre. Placez un petit coussin sous l’abdomen et un plus grand sous les pieds.
Vérifiez s’il y a une tension au niveau des muscles fessiers.
2. Posez une main à plat sur le haut de la cuisse, en soulevant et en abaissant lentement le pied (ill. 35). S’il y a un problème à la hanche, vous observerez une gêne dans le fléchissement du genou.
3. Maintenez fermement la cuisse avec votre paume en fléchissant le genou à 90°. Appuyez plus fort sur la cuisse, puis laissez lentement redescendre le pied en relâchant la pression quand il touche le coussin.
4. Répétez trois fois la manœuvre. Vérifiez si la tension des muscles fessiers a diminué et traitez les deux jambes jusqu’à ce que les masses musculaires soient bien détendues des deux côtés. (En cas de tension localisée d’un seul côté, placez un coussin du côté opposé sous l’os du bassin.)
Le cou
A la différence des autres vertèbres, qui doivent soutenir le thorax et le bassin, les articulations du cou ont une grande mobilité. Toutefois, au bureau ou ailleurs, à force d’être figé dans une même attitude, le cou perd facilement ses courbes gracieuses. Cette mobilisation a pour objet de nous rappeler le potentiel complet de notre cou.
1. Demandez à votre partenaire de s’étendre sur le dos, de façon que sa tête et son cou dépassent du bord de la table, et soutenez la tête avec vos mains. C’est là un test crucial pour la confiance qui règne entre le donneur et le receveur, car si vos mains venaient à laisser glisser la tête de votre partenaire, il serait sans doute capable de la retenir, mais les muscles de son cou pourraient ne jamais vous le pardonner. (Pour être tous les deux plus rassurés, vous pouvez disposer sous la tête une table plus basse qui l’empêcherait de basculer complètement si vous la lâchiez, tout en autorisant les mouvements nécessaires à la manœuvre. Avant de commencer la mobilisation, relisez entièrement le texte, puis concentrez toute votre attention sur les mouvements.)
2. Faites bouger très lentement la tête vers le haut et vers le bas, puis d’un côté à l’autre (ill. 36). Si vous savez vous y prendre, vous la sentirez qui se fait plus lourde dans vos mains à mesure que le cou se relâche.
3. Abaissez un peu la tête et maintenez-la bien immobile (ill. 37). Puis faites-la pivoter à gauche et à droite et, quand elle est entièrement tournée d’un côté ou de l’autre, laissez-la descendre encore un peu plus bas. C’est le mouvement le plus bénéfique, alors ne le brusquez pas.
4. Répétez toutes les manœuvres, en vous assurant que votre partenaire se sent toujours à l’aise, puis soulevez la tête pour lui permettre de reprendre position sur la table, et déposez-la en glissant au-dessous un petit coussin. Demandez au receveur de respirer profondément.
Après une maladie ou une blessure, les mobilisations peuvent être très utiles pour rendre de la confiance à nos mouvements. Quand on sort d’une période relativement longue d’immobilité, même les gestes les plus quotidiens sont parfois douloureux, tandis que les manœuvres de mobilisation devraient s’effectuer sans souffrance. Après vous avoir ainsi laissé prendre en charge ses mouvements, votre partenaire risque de se sentir un peu désorienté. Donc, ne perdez pas de vue qu’il va peut-être chanceler en se relevant et recommandez-lui de bouger d’abord lentement.
Pour développer votre expérience en matière de mobilisations, commencez par vous exercer avec ceux de vos partenaires qui sont les plus disposés à vous suivre dans ce genre d’investigations… Si vous pensez qu’un mouvement plus approfondi pourrait être profitable à une personne en particulier, prenez bien la précaution de vérifier avec elle s’il n’y a pas de contre-indication. Il est peu probable que vous puissiez lui faire du tort, mais vous risquez de gâcher tout votre travail de relaxation préalable si votre partenaire n’est pas préparé à un massage plus approfondi.
MISE AU POINT
Avant d’aller plus loin et de nous tourner vers les applications spécifiques du massage, voyons un peu où vous en êtes dans la pratique :
Prenez-vous plaisir au massage autant que vos partenaires ?
Pour que votre énergie puisse rester à la mesure de votre enthousiasme, ne consacrez pas plus d’une heure à masser une même personne. Une séance trop longue risque d’affaiblir aussi bien le donneur que le receveur. Par ailleurs, si le nombre de personnes que vous massez s’accroît, vous ne serez pas en mesure de consacrer à chacune une séance bien longue.
Apprenez-vous toujours un peu plus sur le corps humain à chaque massage ?
Chaque séance, même la plus courte, doit être pour vous une occasion de mieux comprendre comment fonctionne le corps. Adaptez votre plan de traitement en fonction des changements que vous observez chez votre partenaire, en veillant cependant à ne pas lui donner le sentiment de vous servir de cobaye.
Avez-vous conscience de la tension émotionnelle associée à l’acte de masser ?
Même si vous ne voulez pas vous mêler des problèmes existentiels de vos partenaires, il peut y avoir des circonstances où votre propre état d’esprit vous rend vulnérable à la détresse d’un autre. Comment allez-vous réagir alors ? Si les séances ont l’air de bien se passer, vous n’établirez peut-être pas de lien entre les fluctuations de vos propres émotions et l’acte de masser.
Cette sorte de tension peut se manifester aussi bien par une simple fatigue que par un véritable surmenage. Vous devez bien comprendre que vos « muscles émotionnels », de la même façon que ceux qui vous servent à pratiquer le massage, doivent être mis en condition.
Les professionnels apprennent ainsi à se dissocier des problèmes d’un client avant de passer à un autre, grâce notamment au système des rendez-vous, qui encourage une concentration exclusive sur chaque cas. Sans aller jusqu’à ce niveau d’organisation, il existe d’autres méthodes qui peuvent vous être utiles, comme de vous laver longuement les mains ou de prendre des notes sur vos réactions à la fin d’une séance. A plus long terme, on ne saurait trop vous recommander de ne pas « endosser » le matériau émotionnel de votre partenaire, même si vous vous en sentez capable. Les personnes qui semblent attendre davantage d’un massage que ce que vous pouvez leur offrir devraient être adressées à des praticiens expérimentés.
Est-ce que vous prenez de l’assurance ?
Avec la pratique, vous apprendrez à discerner avec de plus en plus de netteté quelle partie du corps ou quelle technique de massage vous attire naturellement. Souvent des gens réclament un massage particulier parce qu’il fait partie des « classiques » (par exemple, ils viennent nous trouver en disant : « J’ai une gêne dans l’épaule »), même si nous voyons bien que c’est en fait tout le corps qu’il faudrait traiter. Sans vous lancer dans des diagnostics, faites comprendre à vos partenaires qu’il vous paraît plus intéressant de traiter les points de tension habituels. Dans certaines situations, c’est parfois le seul moyen d’intervenir sur des problèmes plus profonds qu’un massage général ne parvient pas à soulager, mais qui peuvent cependant être traités.