Chapitre VIII

Derrière le quatre-quatre bringuebalant, les enfants Baudelaire regagnaient la maison aux cotes de Mr Poe, la moutarde au nez et la rage au cœur. On est toujours très désemparé lorsqu’on vient de se faire démontrer par A + B qu’on a tort, surtout lorsqu’en réalité on a raison, et que c’est la personne en tort qui a démontré qu’on avait tort, démontrant, à tort, qu’elle avait raison. Ai-je tort ?

— Ce que j’aimerais bien savoir, c’est comment il a fait pour se débarrasser de ce tatouage, bougonnait Klaus tandis que Mr Poe toussotait dans son mouchoir blanc. N’empêche, c’est le comte Olaf. Ça crève les yeux, c’est lui !

— Klaus, dit Mr Poe en rempochant son mouchoir. Tu sais que tu es fatigant, à radoter comme un vieux grand-père ? Nous venons tous de voir la cheville de Stephano, parfaitement immaculée. Immaculé, c’est-à-dire…

— On le sait, ce qu’« immaculé » veut dire ! éclata Klaus, les yeux sur Stephano qui descendait du quatre-quatre et disparaissait prestement à l’intérieur de la maison. Ça veut dire sans tatouage, sans rien. Mais c’est quand même le comte Olaf. Faut être aveugle pour ne pas le voir !

— Moi, je vois ce que j’ai sous les yeux. J’ai sous les yeux un barbu, sans sourcils, sans tatouage, et ce n’est pas le comte Olaf. De toute manière, même si par extraordinaire ce Stephano vous voulait du mal, vous n’auriez absolument rien à craindre. Le décès du professeur Montgomery est un accident tragique, mais il va de soi qu’il n’est pas question de laisser son associé se charger de vous. Un homme qui n’arrive même pas à se souvenir de mon nom !

Klaus jeta un regard à ses sœurs et ravala un soupir. Discuter avec Mr Poe ? Autant discuter avec les haies serpents ! Son opinion était faite, il n’en démordrait pas.

Violette s’apprêtait à tenter de raisonner Mr Poe lorsqu’un coup d’avertisseur dans leur dos les fit sursauter tous les quatre. Ils se jetèrent sur le bas-côté, à temps pour laisser passer une petite auto grise roulant à fond de train. Le véhicule fit halte devant la maison et son conducteur en sortit, un grand escogriffe en blouse blanche.

Mr Poe pressa le pas et aborda l’inconnu :

— À qui ai-je l’honneur, je vous prie ?

— Dr Flocamot, pour vous servir, répondit l’arrivant, désignant sa blouse blanche d’une grande main un peu raide. On m’a appelé pour un accident. Morsure de serpent, si j’ai bien compris.

— Et… vous êtes déjà là ? s’étonna Mr Poe. Stephano doit à peine avoir eu le temps de vous joindre ! Comment se fait-il…

— Dans l’urgence, cher monsieur, la vitesse est d’or, ne croyez-vous pas ? S’il doit y avoir autopsie, le plus tôt sera le mieux.

— Bien sûr, bien sûr. Simplement, je suis surpris. Votre célérité m’impressionne.

— Où est le mort, que j’aille le voir tout de suite ?

— Stephano va vous le dire, répondit Mr Poe.

Et il passa devant l’arrivant pour aller ouvrir la porte.

Stephano accueillit son monde dans l’entrée, une cafetière à la main.

— Je vais commencer par nous faire un café. Qui en veut ?

— J’en prendrai volontiers une tasse ! se réjouit le Dr Flocamot. Rien de tel qu’un bon petit noir pour se mettre en train.

Mr Poe parut choqué.

— Vous ne commencez pas par examiner défunt ?

— Euh, oui, cher Dr Flocamot, approuva Stephano. Dans l’urgence, la vitesse est d’or, ne croyez-vous pas ?

— Très juste, admit le Dr Flocamot.

— Ce pauvre professeur est dans le Laboratoire aux serpents, indiqua Stephano, montrant la direction. Veuillez procéder à un examen complet, après quoi vous reviendrez prendre votre café.

— À votre service, s’inclina le Dr Flocamot.

Et, d’une main raide, il ouvrit la grande porte de la serre. Stephano convia Mr Poe à la cuisine et les orphelins suivirent le mouvement, la mine sombre.

Lorsqu’on se sent parfaitement inutile et impuissant, on dit parfois qu’on est « la cinquième roue du carrosse ». L’image se passe d’explication ; un carrosse à quatre roues n’a que faire d’une cinquième. Assis à cette table où ils avaient, huit jours plus tôt, savouré le gâteau à la noix de coco de l’oncle Monty, Violette, Klaus et Prunille se sentaient comme autant de roues de carrosse en trop. Et, dans les vapeurs de café, ils sentaient aussi que le carrosse fonçait dans la pire direction : droit vers les quais de Port-Brumaille, droit vers le Prospéro en partance.

— Au téléphone, disait Stephano, quand j’ai joint le Dr Flocamot, je lui ai parlé aussi de vos ennuis mécaniques. Dès qu’il aura terminé ses examens médicaux, il vous ramènera en ville, cher Mr Poe, pour aller chercher un dépanneur. Je resterai ici avec les orphelins.

— Sûrement pas, dit Klaus d’un ton sans réplique. Pas question de rester seuls avec vous ! Pas une seconde !

Mr Poe sourit aimablement à Stephano qui versait le café, puis se tourna vers Klaus, sévère.

— Klaus ! Je veux bien croire que tu sois choqué, mais ce n’est pas une raison pour manquer de politesse envers Mr Stephano. Présente-lui tes excuses immédiatement.

— Non.

— Laissez, Mr Poe, dit Stephano d’un ton conciliant. Ces enfants sont très choqués par le meurtre du professeur Montgomery. N’attendons pas d’eux une conduite exemplaire.

— Meurtre ? s’écria Violette, scrutant les traits de Stephano pour tenter de lire au travers. Vous avez dit meurtre, Stephano ?

Stephano durcit la mâchoire, ses mains se crispèrent sur la cafetière. Une fraction de seconde, il parut prêt à étriper Violette.

— Quoi, j’ai dit meurtre ? Je voulais dire mort, bien sûr. Ma langue a fourché.

— Et c’est bien compréhensible, dit Mr Poe, sirotant son café. Étant donné les circonstances… Nous avons tous un peu la tête à l’envers. J’y pense : les enfants peuvent fort bien faire le trajet avec le Dr Flocamot et moi, s’ils préfèrent.

— Je crains qu’il n’y ait pas de place pour eux, objecta Stephano, un éclair dans les yeux. La voiture du docteur est vraiment très petite. En revanche, s’ils tiennent tant à venir, je peux les prendre dans le quatre-quatre et nous vous suivrons chez un garagiste.

Les enfants se consultèrent du regard en réfléchissant ferme. C’était comme un jeu très très compliqué, avec des enjeux très très élevés. Le but du jeu était de ne pas se laisser coincer seuls avec Stephano. S’ils perdaient cette manche, c’était le Pérou, en tête à tête avec ce monstre. Ensuite… Mieux valait ne pas songer à la suite et se concentrer sur l’affaire en cours : empêcher la chose d’arriver.

Au fond, leur vie se jouait sur une amusette, un casse-tête du type chèvre et chou : deux véhicules et six personnes à caser dedans, le plus astucieusement possible. Il est vrai que le fil de la vie ne tient souvent qu’à ce genre de détail.

— Et si nous montions plutôt dans la voiture du Dr Flocamot ? suggéra Violette prudemment. Mr Poe ferait le trajet avec Stephano.

— Mais pourquoi donc ? demanda Mr Poe.

— Euh, j’ai toujours rêvé de voir l’intérieur d’une voiture de docteur, répondit Violette, sachant fort bien que le prétexte ne tenait guère la route.

— Oh ! moi aussi, renchérit Klaus. S’il vous plaît, on peut faire le trajet avec le Dr Flocamot ?

— Impossible, malheureusement ! répondit le Dr Flocamot en personne, à la surprise générale car nul ne l’avait entendu revenir. Pas tous les trois à la fois, en tout cas. Je viens de charger dans ma voiture le corps du professeur Montgomery, ce qui ne laisse de place, au maximum, que pour deux passagers de plus.

— Vous en avez déjà terminé ? s’étonna Mr Poe.

— Des premiers examens, oui. J’emporte le corps en ville pour des examens plus poussés, mais il s’avère d’ores et déjà que le professeur est décédé des suites d’une morsure de serpent. Je prendrais bien ce café qui reste.

— Évidemment, dit Stephano, saisissant la cafetière.

— Qu’est-ce qui vous permet d’en être sûr ? demanda Violette au docteur.

Le Dr Flocamot prit un air étonné.

— Comment ça, ce qui me le permet ? Je suis sûr qu’il reste du café puisque je le vois là, sous mon nez.

— Ce n’était pas la question de Violette, je pense, dit Mr Poe. Elle veut savoir ce qui vous prouve que le professeur Montgomery est décédé d’une morsure de serpent.

— J’ai retrouvé dans son sang le venin du mamba du mal, l’un des plus venimeux de tous les serpents de la terre.

Mr Poe se raidit.

— Cela signifie-t-il… qu’un serpent venimeux se balade dans cette maison ?

— Non, non, rassurez-vous, dit le Dr Flocamot. Le mamba du mal est en sûreté dans sa cage. Il a dû s’en échapper, mordre le professeur Montgomery et regagner sa cage en la refermant sur lui.

Violette sursauta.

— Quoi ? Ça ne tient pas debout ! Un serpent, remettre en place un verrou ?

— Peut-être que d’autres serpents lui ont donné un coup de main, comment le saurais-je ? répondit le Dr Flocamot, très calme, lapant son café en connaisseur. Je pourrais avoir un petit morceau à manger ? Je suis venu si précipitamment que je n’ai rien avalé depuis hier.

— Tout de même, glissa Mr Poe, votre hypothèse me paraît un peu bizarre, à moi aussi.

Mais le Dr Flocamot, le dos tourné, inventoriait le contenu d’une caisse à provisions qui attendait là, prête pour l’expédition.

— D’après mon expérience, dit-il sans se retourner, les accidents tragiques ont souvent l’air bizarres.

— Ça ne peut pas être un accident ! déclara brusquement Violette. Oncle Monty est l’un… était l’un des plus grands herpétologues au monde. Jamais il n’aurait mis un serpent venimeux dans une cage que ce serpent risquait d’ouvrir tout seul.

— Si ce n’est pas un accident, dit le Dr Flocamot, farfouillant dans la caisse, qui donc aurait pu vouloir supprimer le professeur Montgomery ? À l’évidence, ni toi, ni ton frère, ni votre petite sœur. Et la seule autre personne dans cette maison au moment des faits était Stephano.

— Or il se trouve, enchaîna Stephano, que je ne connais rien aux serpents. Je travaille ici depuis moins de deux jours, à peine si j’ai eu le temps d’apprendre deux ou trois détails.

— Oui, dit Mr Poe, la thèse de l’accident est la seule vraisemblable. Je suis bien navré, les enfants. Le professeur Montgomery semblait un excellent tuteur pour vous.

— Oh ! il était bien plus, murmura Violette doucement. Bien, bien plus qu’un excellent tuteur.

— Dites donc ! Laissez ça ! aboya soudain Klaus, hors de lui, au Dr Flocamot qui sortait une boîte de la caisse. C’est à l’oncle Monty ! Arrêtez de piller ses affaires !

— J’allais juste goûter à ces pêches au sirop.

Dans ses grandes mains raides, le docteur tenait l’une des boîtes que l’oncle Monty avait rapportées avec des mines gourmandes, pas plus tard que l’avant-veille.

— S’il vous plaît, docteur, le pria courtoisement Mr Poe. Les enfants sont très contrariés. Je suis sûr que vous le comprenez. Violette, Klaus et Prunille, voulez-vous bien sortir de la pièce un petit instant ? Nous avons à discuter de mille choses, et vous êtes à l’évidence trop secoués pour prendre part à la discussion. Bien, et maintenant, Dr Flocamot, essayons d’y voir clair. Dans votre voiture, vous avez place pour deux passagers, en plus du professeur Montgomery. Et vous, Stephano, vous avez trois places.

— Absolument, et c’est donc très simple, enchaîna Stephano. Vous montez dans la voiture du Dr Flocamot avec le corps du regretté professeur, et je vous suis en quatre-quatre avec les enfants.

— Jamais ! lança Klaus.

— Enfants Baudelaire ! dit Mr Poe d’un ton sec. Si vous alliez faire un petit tour dehors, hmm ? S’il vous plaît.

— Non ! s’obstina Klaus.

— Afoup ! lança Prunille sur le même ton.

Ce qui signifiait « Non ! » aussi, très probablement.

Mais Violette fit un pas en avant et dit :

— Bon, d’accord ! On y va.

Et, prenant sa petite sœur sous le bras et son jeune frère par la main, elle les entraîna hors de la cuisine.

Klaus et Prunille la regardèrent, surpris. Quelque chose en elle avait changé. Au lieu d’un air de chien battu, elle avait la mine résolue et marchait d’un pas de hussard, comme pour combler un retard.

Contrairement à Klaus qui, adulte, devait souffrir d’insomnies répétées à la pensée de n’avoir pas saisi la balle au bond, Violette venait de repérer une balle, et celle-là ne lui échapperait pas. Oui, prendre un peu le large comme on venait de les y convier était une excellente idée. Une idée qui lui en soufflait d’autres.

— Qu’est-ce qui te prend ? demanda Klaus. On va où ?

Et Prunille leva vers sa sœur un petit minois interrogateur.

Mais Violette, sans un mot, accéléra le pas. Droit vers le Laboratoire aux serpents.

Le laboratoire aux serpents
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