20

Hitch est arrivé en ville en boitant et avec deux doigts en moins à la main gauche, il m’a semblé ne plus sourire aussi volontiers qu’avant, même s’il a souri à Sue et m’a jaugé d’un coup d’œil plutôt amical. Il n’a certes pas fait sourire Ashlee.

Ashlee travaillait pour la municipalité à l’usine de traitement d’eau, où elle s’occupait, en plus de la rédaction des rapports requis par les réglementations étatiques et fédérales, de gérer les comptes clients pour le directeur financier. Elle est rentrée fatiguée et a failli s’évanouir en voyant Hitch Paley, qui avait pourtant mis un costume convenable et même une cravate. Hitch lui rappelait de mauvais souvenirs : il était là quand elle avait perdu Adam.

Bien entendu, elle n’a pas reconnu l’ex-employé de bureau du FBI, Morris Torrance, désormais plus chauve encore que Ray Mosely, et arrivé lui aussi dans la grande camionnette utilitaire garée devant l’immeuble. J’ai essayé de faire les présentations, mais Ashlee m’a coupé d’une voix blanche : « Nous ne pouvons pas loger tout ce monde, Scott. Même pour une nuit. »

Son intonation trahissait une légère appréhension et une forte animosité.

« Inutile, s’est empressé de préciser Hitch. Je viens de louer quelques chambres au Marriott. Content de vous revoir, Ashlee.

— Pareil pour moi, j’imagine, a-t-elle répondu.

— Et merci de nous avoir dépannés jusqu’à aujourd’hui, a ajouté Sue Chopra. Nos excuses pour le dérangement. »

Ashlee a hoché la tête, peut-être amadouée de voir que Sue avait déjà bouclé son sac marin. « Au Marriott ?

— Le vent a tourné en notre faveur », a indiqué Sue.

J’ai suivi Hitch jusqu’à la camionnette tandis que Sue et Ray terminaient leurs bagages. Hitch a fourré le sac de Sue à l’arrière puis m’a pris par l’épaule. « Scotty, demain, je ne refuserais pas un peu d’aide, si tu crois pouvoir te libérer.

— Un peu d’aide pour quoi ?

— Acheter des grosses machines, du style générateurs diesel ou autres.

— Les grosses machines, ce n’est pas vraiment mon rayon, Hitch.

— En fait, ce que je veux, c’est que tu me tiennes compagnie.

— Je travaille, demain.

— Ton stand au marché aux puces ? Prends ta journée.

— Je ne peux pas me le permettre.

— Mais si, tu peux. Nous avons le budget pour. »

Il a cité un tarif horaire pour une journée de huit heures. Pour simplement lui coller aux basques, la somme était princière, surtout de la part de quelqu’un dont les amis mendiaient une place sur mon canapé-lit quelques jours plus tôt à peine. Manifestement, il n’était pas arrivé en ville les mains vides, et son offre me tentait. Mais j’hésitais à l’accepter.

« Imagine-toi, a-t-il dit, que nous avons une ligne de crédit au ministère de la Défense, du moins pour le moment. L’argent est disponible et je sais que tu ne peux te permettre de manquer le boulot en étant prévenu si peu à l’avance. Et pourtant, il faut vraiment qu’on discute de deux ou trois trucs, toi et moi.

— Hitch…

— Et puis ça ne fait de mal à personne, si ? »

Là était la question. « J’ai l’impression que l’enjeu est plus important que ce que j’en vois.

— Ben, ouais. Tu l’as dit. On en reparle demain. Je t’appelle de l’hôtel et on avise à ce moment-là.

— Pourquoi moi ?

— Parce qu’il y a une flèche braquée sur toi, mon pote. » Il s’est hissé sur le siège conducteur, a grimacé en tirant derrière lui sa mauvaise jambe. « Du moins, c’est ce que croit Sue. »

 

Et donc, Hitch Paley et moi roulions sous le soleil matinal en direction des zones industrielles délabrées à l’ouest de la rivière. La climatisation de la camionnette ne fonctionnait plus. (Rien d’étonnant à cela : les pièces de rechange se faisaient rares et les militaires en accaparaient la plus grande partie.) À l’extérieur, la température de l’atmosphère desséchée approchait de celle d’une fournaise et Hitch conduisait en gardant les vitres teintées fermées mais les buses d’aération grandes ouvertes. Arrivés à destination, l’habitacle empestait le vinyle chaud, l’huile de moteur et la sueur.

Hitch avait rendez-vous avec le directeur commercial de Tyson Brothers, un distributeur de machines et de pièces détachées. J’ai traversé derrière lui le hall de réception pour m’asseoir dans le bureau du type en examinant son ficus flétri et ses murs à la décoration passe-partout tandis que Hitch négociait l’achat au comptant de deux petits bulldozers et d’assez de génératrices portatives pour alimenter une petite ville, le tout assorti d’une bonne quantité de pièces de rechange. Le vendeur s’est montré curieux et a demandé à deux reprises si nous étions des entrepreneurs indépendants. Il a semblé contrarié que Hitch élude sa question, mais était tout aussi manifestement ravi de remplir le bon de commande. Pour ce que j’en savais, Hitch pouvait bien sauver Tyson Brothers de la faillite, ou du moins retarder cette échéance inévitable.

En tout cas, il a dépensé davantage d’argent en quelques heures que je n’en avais gagné l’année précédente. Il a laissé au distributeur un numéro pour le contacter et l’a averti que quelqu’un appellerait pour les modalités de livraison. Il a ensuite salué la réceptionniste de sa main intacte, la droite, et est sorti d’un pas nonchalant dans la canicule. « Vous voulez faire quoi, exactement ?… Creuser un trou et l’éclairer ? lui ai-je demandé dans la camionnette.

— Nous sommes un peu plus ambitieux que ça, Scotty. Nous allons abattre l’une de ces pierres de Kuin.

— Avec une poignée de bulldozers ?

— C’est juste qu’il nous en manquait un peu. Nous avons un bataillon de génie militaire quasi complet qui n’attend qu’un mot de Sue pour se mettre en route.

— Vous voulez vraiment démolir un Chronolithe ?

— Sue affirme que nous le pouvons. Enfin, elle le croit.

— Et lequel avez-vous l’intention d’abattre ?

— Celui du Wyoming.

— Il n’y a pas de Chronolithe dans le Wyoming.

— Pas pour l’instant, c’est vrai. »

 

Hitch m’a expliqué toute l’histoire telle qu’il l’avait comprise. Sue a complété plus tard.

Sue Chopra n’avait pas chômé pendant ces quelques années.

« Tu t’es tiré pour te faire ta petite vie avec Ashlee, a dit Hitch, et tant mieux pour toi, Scotty, mais ce n’est pas parce que tu as cessé de cultiver notre code que nous, on est restés à se tourner les pouces. »

Je ne comprenais pas à l’époque et ne comprends toujours pas la physique des Chronolithes, à part dans le sens vulgarisation scientifique. Je savais que la technologie impliquait la manipulation d’espaces de Calabi-Yau, qui sont les plus petites parties constituantes à la fois de la matière et de l’énergie, et qu’elle utilisait une technique nommée décohésion fermionique lente pour rendre praticables les niveaux d’énergie nécessaires à cette manipulation. Mais pour ce qui se produisait réellement dans l’origami complexe de l’espace-temps, je n’en sais toujours pas plus qu’un nouveau-né. On dit de la géométrie à neuf dimensions qu’elle est une langue en elle-même. Il se trouve que je ne la parle pas.

Mais Sue, oui, et je pense que personne n’avait idée à quel point elle la comprenait bien. Le gouvernement fédéral l’avait à la fois traitée en alliée et traquée comme si elle lui devait de l’argent, mais il n’avait aussi cessé de la sous-estimer. Elle évoluait avec tant de facilité dans la géométrie Calabi-Yau que je finissais par croire qu’elle y passait une partie de sa vie, qu’elle avait habité dans ces abstractions tel un astronaute sur une étrange et lointaine planète. Les paradoxes n’existent pas, m’a-t-elle affirmé un jour. Les paradoxes, disait-elle, ne sont que les illusions dues à l’observation par une fenêtre à trois dimensions d’un problème à n dimensions. « Tout est lié, Scotty, même si nous ne voyons ni les boucles ni les nœuds. Le passé et l’avenir, le bien et le mal, le çà et le là… Tout cela ne fait qu’un. »

En termes plus précis, les collaborateurs de Sue avaient déjà réussi à produire des événements tau-turbulents de petite échelle. De simples grains de sable comparés aux Chronolithes de Kuin, bien sûr, mais identiques sur le principe. Sue se croyait désormais à même de perturber l’arrivée d’un Chronolithe, en effectuant la même manipulation dans l’espace physique où le Chronolithe allait se manifester.

Elle préconisait cette action depuis presque un an, mais les systèmes globaux de surveillance et de prédiction des arrivées étant soit extrêmement secrets, soit en déroute (et parfois l’un et l’autre), l’examen comme l’approbation de ses propositions par la bureaucratie militaire avaient pris du temps. Le Wyoming représentait sa première opportunité réelle, m’a dit Hitch… et peut-être sa dernière. Et même le Wyoming n’était pas dépourvu de dangers : il était devenu une Mecque pour les milices copperheads d’obédiences politiques diverses (et souvent incompatibles). Côté bonnes nouvelles, ils disposaient d’une généreuse fenêtre de trois semaines avant l’arrivée, ainsi que d’un soutien militaire total. Leur action ne serait pas rendue publique, de peur d’attirer davantage de kuinistes. Elle serait donc furtive, mais pas timorée pour autant.

Tout cela était très bien, ai-je dit à Hitch, mais n’expliquait pas pourquoi j’étais là, dans sa camionnette, à écouter ce qui m’avait de plus en plus l’air d’un boniment commercial.

Hitch a pris une expression grave. « Cela n’a rien d’un boniment, Scotty. Du moins de ma part. Si je t’apprécie comme être humain, je ne suis pas convaincu pour autant que tu seras un atout dans cette expédition-là. Je respecte tout ce que tu as accompli ici, Dieu sait combien il est difficile de nos jours de garder une famille unie, mais nous avons besoin de techniciens, d’ingénieurs, de types capables de manipuler un équipement lourd, pas de quelqu’un qui vend des merdouilles d’occase au marché aux puces.

— Eh bien… merci !

— Ceci dit sans vouloir t’offenser. Mais bon… j’ai raison, non ?

— Oui, tu as raison.

— C’est Sue qui te veut avec nous, pour des raisons auxquelles elle se contente plus ou moins de ne faire qu’allusion.

— Tu as parlé d’une flèche.

— En fait, il s’agit plutôt d’un jeu genre points à relier. Je peux te raconter une histoire ?

— Tant que tu gardes les yeux sur la route. » La moitié des rues de Minneapolis étant retournées à l’état non surveillé, seul l’équipement embarqué d’un véhicule pouvait lui éviter une collision. Hitch s’était suffisamment approché de la carriole d’un colporteur pour déclencher la stridence des alarmes de proximité.

« Je hais la circulation », a-t-il dit.

 

Six mois plus tôt, Hitch était parti pour le compte de Sue à El Paso enquêter sur des menaces de mort qu’elle avait reçues sur son terminal domestique, une adresse que seuls quelques proches collaborateurs étaient censés connaître.

En théorie, c’était à Morris de se charger de la sécurité de Sue, mais le travail de terrain était toujours confié à Hitch. Il avait des relations dans les cercles kuinistes et assez de crédibilité dans la rue pour impressionner la plupart des voyous. Il savait se battre et sans doute aussi se servir d’armes de toutes sortes, mais je n’ai pas posé la question.

Morris avait remonté la trace des menaces jusqu’à une des grandes cellules kuinistes opérant depuis le Texas, et Hitch était parti s’infiltrer dans les armées de rue locales d’El Paso. « Malheureusement, j’ai fait l’erreur à ne pas faire, m’a-t-il raconté. J’ai posé trop de questions trop vite. Ça ne porte pas forcément à conséquence si l’ambiance est bonne. Mais ces foutus Texans sont paranos. Quelque part sur la route, quelqu’un a décidé que j’étais un client à risques. »

Finalement, cinq membres des troupes de choc kuinistes l’avaient traîné derrière une boutique d’entretien et de réparation automobile pour l’interroger à l’aide d’une machette à dents de scie.

Hitch a levé la main gauche pour mettre en évidence les moignons de son index et de son majeur. Tous deux avaient été sectionnés à ras. Les points de suture étaient irréprochables, mais on voyait que l’amputation avait été brutale. J’y ai réfléchi. J’ai réfléchi à la douleur.

« Fais pas cette tête, a-t-il dit. C’aurait pu être pire. J’ai réussi à m’échapper.

— Ton boitement aussi, il vient de là ?

— D’une balle de petit calibre dans le tissu musculaire. Au moment où je quittais les lieux. Ils avaient un vieux pistolet, une antiquité du XXe siècle au fût à moitié rongé par la rouille. Le problème, Scotty, c’est que j’ai reconnu celui qui m’a tiré dessus.

— Tu l’as reconnu ?

— Et je crois qu’il m’a reconnu aussi, du moins qu’il savait qu’il m’avait déjà vu quelque part. Ça l’a un peu ébranlé, sinon il aurait mieux visé. C’était Adam Mills. »

Presque par réflexe, je me suis éloigné de lui et collé contre la porte passager, glacé malgré la chaleur estivale. « Impossible, ai-je décrété.

— Putain que si, c’est possible. Il n’est pas mort à Portillo… il a dû en sortir avec les réfugiés.

— Et tu tombes sur lui à El Paso ? Comme ça ?

— Pas par coïncidence, d’après Sue. À cause de la turbulence tau. C’est une synchronicité significative. Et notre relation à Adam passe justement par toi, Scotty. La flèche, c’est Adam Mills, et elle est pointée droit sur toi.

— Je ne l’admets pas.

— Tu n’as pas à l’admettre, en ce qui me concerne. Je ne voulais pas de cette balle dans ma jambe. Pour tout te dire, il a fallu que je tue deux personnes pour ramener cette information à Sue. Ce qu’elle en fait, ce que tu en fais, cela ne me regarde pas.

— Tu as tué deux personnes ?

— Tu crois que je fais quoi, au juste, Scotty ? Que je me balade dans le pays en prêchant la bonne parole ? Ouais, j’ai tué des gens. » Il a secoué la tête. « Voilà exactement le genre de situation qui me rend nerveux. Tu me regardes et tu vois ce grand pote pittoresque avec qui tu traînais à Chumphon. Mais j’avais déjà tué un type avant de te connaître, Scotty. Sue le sait. Je dealais à l’époque, tu sais, je ne vendais pas des maillots de bain. Et il arrive qu’on se retrouve en mauvaise posture. Pareil maintenant. Je n’ai pas ton genre de conscience. Je sais que tu te prends pour un pestiféré moral parce que tu as merdé avec Janice et Kait, mais au fond, Scotty, tu es fait pour la vie de famille, voilà tout.

— Et Sue, qu’est-ce qu’elle veut de moi ?

— Ça, j’aimerais bien le savoir. »

Les Chronolithes
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