9. Un placement à mille pour cent

James se traîna lamentablement jusqu’au centre de contrôle des missions et se présenta au bureau de John Jones avec quelques minutes de retard. Tout dans la pièce était minutieusement organisé. Les dossiers et les piles de documents étaient disposés à l’équerre. Même la tasse du contrôleur de mission était ornée d’une étiquette imprimée sur ordinateur. Mais le maître des lieux, lui, n’était pas à son poste.

James eut la surprise de trouver Lauren et Dana confortablement installées dans les fauteuils de cuir réservés aux visiteurs. Cette dernière, fidèle à sa réputation de garçon manqué, était vêtue d’un T-shirt gris réglementaire deux fois trop grand pour elle, d’un pantalon de treillis baissé jusqu’aux hanches et de rangers ni lacées ni cirées. Dana se moquait éperdument de sa tenue vestimentaire. Lorsqu’elle était en civil, elle portait un jean baggy et des chaussures de skateboard si usées qu’elles laissaient apparaître ses orteils.

— Ah ! d’accord, lâcha sobrement James en prenant place à côté de ses coéquipières.

— Ça va ? demanda Dana. Pas trop la casquette ? Tu t’es vraiment mis minable, hier soir.

— J’ai pris plusieurs cachets d’aspirine, mais j’ai toujours l’impression qu’un CD de drum & bass tourne en boucle sous mon crâne.

— Et le réveil n’était pas trop difficile ? lâcha Lauren avec un sourire narquois.

— Ah ! oui, merci beaucoup. Quand je me suis réveillé, j’ai cru que j’avais dégueulé en dormant. J’ai retourné le matelas et changé les draps, mais je n’arrive pas à me débarrasser de cette saloperie d’odeur de vinaigre.

— De quoi vous parlez ?

— Ce matin, Bethany et moi, on a renversé le contenu d’une énorme boîte de sauce mexicaine dans son lit. Il était tellement défoncé qu’il ne s’est même pas réveillé.

— Ça va un peu loin, votre truc.

— Il l’a bien mérité. Il s’est pointé dans ma chambre à deux heures du matin. Il s’est couvert de ridicule devant mes copines. Je ne me suis jamais sentie aussi gênée de ma vie.

James, conscient qu’il s’était conduit comme un idiot, décida d’enterrer la hache de guerre.

— C’est vrai, j’ai déconné, et je le reconnais. Vous avez eu raison de vous venger. On en reste là, d’accord ? Apparemment, on va faire équipe, et je ne veux pas qu’il y ait une tension entre nous.

— De quelle tension tu parles ? demanda John en entrant dans la pièce, accompagné d’une inconnue aux cheveux roux et au visage constellé de taches de rousseur.

— Rien, rien, répondirent en chœur James et Lauren.

— Les enfants, je vous présente Abigail Sanders.

Les agents se levèrent et serrèrent la main de la femme.

— Je suis ravie de rencontrer enfin mon fils et mes deux filles, plaisanta Abigail. Tu avais raison, John, ils ont vraiment la tête de l’emploi.

Le contrôleur de mission s’installa derrière son bureau.

— Les agents de CHERUB ont le droit d’écarter les missions qui leur sont présentées, dit-il, et James, Lauren et Dana n’ont même pas encore été briefés. Cela dit, dans les faits, ils sont toujours partants. Je travaille ici depuis dix-huit mois et je n’ai jamais essuyé un refus.

Il se tourna vers les agents.

— Abigail est un officier de l’ASIS[1], les services secrets australiens. Vous avez été sélectionnés pour participer à une importante mission d’infiltration en Australie.

James et Lauren lâchèrent une exclamation enthousiaste. D’un naturel peu expansif, Dana fixa la pointe de ses rangers. Parmi ses camarades de CHERUB, on prétendait qu’elle aurait pu assister à une explosion atomique sans manifester la moindre émotion.

— Les ordres de mission ont déjà été rédigés ? demanda Lauren.

John se leva et composa la combinaison d’un grand coffre-fort mural. Il tira la lourde porte, saisit une enveloppe et distribua à chacun de ses agents un exemplaire de l’ordre de mission.

 

** CONFIDENTIEL **

 

ORDRE DE MISSION

DE JAMES ADAMS, LAUREN ADAMS ET DANA SMITH

 

CE DOCUMENT EST ÉQUIPÉ D’UN SYSTÈME ANTIVOL INVISIBLE.

TOUTE TENTATIVE DE SORTIE HORS DU CENTRE DE CONTRÔLE

ALERTERA IMMÉDIATEMENT L’ÉQUIPE DE SÉCURITÉ.

 

NE PAS PHOTOCOPIER – NE PAS PRENDRE DE NOTES

 

Retour sur l’opération Hong Kong 2005

Fin 2005, le réseau de surveillance Echelon intercepte un message électronique relatif à une attaque de Sauvez la Terre devant se dérouler à Hong Kong. Contactés par la CIA, les services de renseignement britanniques mènent l’enquête grâce aux contacts maintenus parmi les membres des forces de sécurité de son ancienne colonie.

L’auteur du message, un jeune activiste nommé Clyde Xu, est rapidement identifié. Le MI5 charge trois agents de CHERUB d’approcher la famille de ce dernier dans l’espoir de découvrir l’identité de son contact, soupçonné d’être un haut dirigeant de Sauvez la Terre.

Au bout de six semaines, la mission porte ses fruits. L’équipe de CHERUB déjoue un attentat visant quinze dirigeants de compagnies pétrolières. En outre, l’un des agents parvient à saisir le passeport, le portefeuille, le PDA et le carnet de notes du complice de Clyde Xu, un sujet australien nommé Barry Cox.

 

Implication île la société lomborg financial

L’analyse du PDA – qui ne contient guère que les sauvegardes d’un jeu d’échecs – constitue une lourde déception pour les spécialistes du MI5. Le passeport, le carnet de notes et les facturettes trouvées dans le portefeuille permettent de reconstituer les déplacements et les dépenses du terroriste mais ne révèlent aucune information probante sur Sauvez la Terre. En outre, la comparaison des échantillons ADN et des empreintes digitales avec les profils de criminels figurant dans la base de données de la police australienne ne donne aucun résultat.

Le MI5 s’apprête à mettre un terme à ses investigations lorsqu’un enquêteur remarque que l’un des reçus trouvés dans le portefeuille ne correspond à aucune des cartes bancaires de Barry Cox.

La facturette a été émise six jours plus tôt au nom de Lomborg Financial, une société australienne, en règlement d’un déjeuner dans un restaurant de Brisbane. Les services secrets australiens sont chargés d’enquêter sur ce rendez-vous.

Sur la bande de vidéosurveillance de l’établissement, les agents de l’ASIS découvrent Barry Cox en compagnie d’Amos Lomborg, directeur de la banque d’affaires Lomborg Financial. À l’issue du repas, le banquier règle avec sa carte de crédit. Cox laisse un pourboire et empoche le ticket par mégarde.

Les activités de Lomborg Financial sont aussitôt placées sous surveillance. L’entreprise familiale, qui n’emploie qu’une trentaine de personnes, gère le portefeuille d’une douzaine de clients. La majeure partie de ses bénéfices est réalisée pour le compte d’un culte religieux connu sous le nom de Survivants.

Bientôt, les analystes réalisent que Lomborg Financial achète des actions de capitalisation et des contrats à terme auprès d’agents de change indépendants, de façon à dissimuler la nature réelle de ses échanges financiers.

Le portefeuille des Survivants a réalisé un bénéfice de mille pour cent en quatre ans : des profits extraordinaires qui démontrent que la secte se livre à quelque forme d’activité illégale.

L’analyse des comptes démontre que la stratégie d’investissement des Survivants coïncide avec les attaques de Sauvez la Terre. Par exemple, le 27 octobre 2004, les Survivants achètent des contrats à terme concernant quatre millions de barils de pétrole brut vénézuélien. Trois jours plus tard, un pipeline reliant le Venezuela et le Brésil est détruit par une action terroriste. Le prix du pétrole vénézuélien bondit de six pour cent et les Survivants réalisent au passage un bénéfice de 10 millions de dollars pour un investissement de 1 million de dollars.

Constatant que les Survivants ont placé 300 millions de dollars sur des comptes dans des paradis fiscaux, les enquêteurs concluent que le culte est le principal financier de Sauvez la Terre.

Les services de renseignement disposent désormais de preuves suffisantes pour poursuivre les dirigeants de Lomborg Financial pour fraude et blanchiment d’argent. Cependant, l’ASIS et le MI5 considèrent que toute action précipitée compromettrait leurs chances de démanteler le réseau Sauvez la Terre.

Soucieux d’établir une stratégie à long terme, l’ASIS estime que seuls des membres de CHERUB agissant sous couvert de liens familiaux seraient en mesure de mener une opération au sein de la secte.

 

Les Survivants

En 1961, Joël Regan abandonne une modeste carrière de représentant en distributeurs automatiques de snacks et boissons fraîches. Il fait l’acquisition d’une église désaffectée dans la périphérie de Brisbane, en Australie, et commence à diffuser sa propre lecture des Évangiles.

Regan prétend avoir reçu un message divin l’informant que la guerre nucléaire est imminente et qu’il a été choisi pour bâtir une Arche dans l’Outback, la région la plus désertique d’Australie. Selon ses prophéties, seuls ses adeptes survivront à l’holocauste pour établir un nouveau paradis terrestre.

Nul ne miserait alors un dollar sur le succès de cette nouvelle religion, mélange de valeurs chrétiennes et de prédictions apocalyptiques édictées par un marginal de trente-huit ans, mais Regan dispose de deux atouts majeurs de réels talents de vendeur et une expérience d’agent de renseignement dans l’armée australienne.

Les curieux venus assister aux premiers prêches du gourou se retrouvent harcelés par des représentants du sexe opposé qui les implorent de renouveler l’expérience. Ils sont nombreux à mordre à l’hameçon. Regan concentre ses efforts sur des individus isolés, mères célibataires ou divorcées, veuves de guerre et, plus généralement, toute personne en proie aux difficultés de l’existence. Au cours de ses offices religieux, ils trouvent une atmosphère chaleureuse, cet élan communautaire que Regan baptise océan d’amour.

Ce n’est qu’une fois le nouvel adepte convaincu que se manifestent les aspects les plus sinistres du culte des Survivants. Le gourou met en œuvre les techniques de contrôle de la pensée acquises au cours de sa carrière dans les services de renseignement. Il organise en particulier des séances de thérapie de groupe au cours desquelles les adeptes sont invités à revivre publiquement les événements les plus traumatisants de leur existence.

Ces réunions produisent sur leurs participants un effet connu sous le nom de lavage de cerveau. Elles mettent en valeur un contraste saisissant entre les horreurs du monde extérieur et l’univers amical de la secte. Après trois ou quatre séances intensives, l’adepte, devenu perméable aux techniques de contrôle mental, manifeste un changement radical de personnalité touchant ses pensées et son comportement. Il se défie de ses amis et des membres de sa famille, et finit par ne fréquenter que des membres du culte.

En parallèle de ses activités de recrutement, Regan développe l’aspect le plus original de sa religion : la construction de l’Arche dans l’Outback australien. Ce complexe, capable de fonctionner en autarcie, doit être en mesure de résister aux effets secondaires d’une guerre nucléaire et d’abriter une importante communauté d’adeptes pendant sept années.

La construction de l’Arche exigeant des sommes astronomiques, Regan invite ses fidèles à rompre tout lien avec leur existence passée, à s’installer dans des bâtiments situés à proximité de son église et à faire don de leurs biens pour réaliser son projet.

Les Survivants se livrent à diverses activités : si une minorité d’entre eux prêche et anime les séances de thérapie de groupe, les autres sont agents d’entretien, ouvriers agricoles, employés du bâtiment ou travaillent dans les entreprises de vente de distributeurs automatiques rachetées par Regan. Bien entendu, ils reversent l’intégralité de leur salaire à la secte.

 

Le culte aujourd’hui

L’Arche, sans doute la construction la plus extravagante de la planète, est située à deux heures de vol de Brisbane, au beau milieu de l’Outback australien, la région la plus aride du pays.

Quarante-quatre ans après sa fondation, le coût de ce complexe spectaculaire, qui dispose de son propre aéroport, est estimé à environ 5 milliards de dollars. Derrière un haut mur d’enceinte sont rassemblés des bâtiments d’habitation, des immeubles de bureaux, un temple dont le sommet culmine à cent cinquante mètres et un palais de soixante pièces réservé à Joël Regan. Aujourd’hui âgé de quatre-vingt-deux ans, c’est sans doute l’homme le plus riche et le plus controversé d’Australie.

La secte compte plus de treize mille cinq cents membres vivant dans vingt-trois communautés établies sur tous les continents. Dix-sept mille sympathisants assistent régulièrement aux offices et fréquentent les groupes de soutien. Une seconde Arche est en construction dans le Nevada. Un projet d’implantation au Japon est à l’étude.

Le culte manifeste un intérêt particulier pour l’agriculture biologique, les médecines parallèles et les technologies de l’information. En outre, il contrôle la plus grande entreprise mondiale de vente et de maintenance de distributeurs automatiques de snacks et boissons réfrigérées. S’il était constitué en société commerciale, et non en fondation à caractère religieux, il figurerait au dixième rang des entreprises australiennes.

 

La mission CHERUB-ASIS

Les membres de l’équipe ont pour objectif d’être admis à l’intérieur de l’Arche et de découvrir des preuves concrètes permettant d’établir la nature exacte des liens entre les Survivants et Sauvez la Terre. L’opération durera entre deux et six mois et comprendra quatre phases.

 

(1) recrutement

Abigail Sanders, jeune divorcée, et trois membres de CHERUB, ses enfants, emménageront dans une banlieue aisée de Brisbane connue pour être le terrain de chasse des recruteurs de la secte. Ils s’efforceront de se joindre au culte. Compte tenu du profil attribué à l’équipe, cette phase ne devrait pas poser de difficulté particulière.

 

(2) intégration

Les quatre agents, devenus membres à part entière des Survivants, s’installeront dans la communauté de Brisbane. Ayant reçu au préalable une formation concernant les méthodes de contrôle de la pensée, ils seront en mesure de résister aux manœuvres de manipulation des cadres de la secte.

 

(3) infiltration

Si l’Arche des Survivants est théoriquement un abri capable de résister à une guerre nucléaire, il fait aujourd’hui fonction de centre administratif et de lieu de formation. À l’exception des hauts dirigeants de la secte et des employés administratifs, les adultes n’y sont admis que pour de courts séminaires ou des cérémonies importantes, comme les mariages et les baptêmes. Seuls les plus jeunes adeptes peuvent espérer devenir résidents permanents de l’Arche. En effet, dix pour cent d’entre eux, sélectionnées sur des critères scolaires, sont rassemblés dans un internat consacré à la formation de l’élite des Survivants que Joël Regan destine à diriger le monde post-nucléaire.

La plupart de ces élèves, promis à une rapide promotion, sont nommés à des postes de responsabilité dès l’âge de vingt ans.

Le niveau scolaire des agents de CHERUB devrait amplement leur permettre d’accéder à cette école.

 

(4) investigation

L’ASIS ignore la nature exacte des relations entre les Survivants et Sauvez la Terre. Malgré ses efforts, elle s’est montrée incapable de déterminer s’il s’agit d’un simple soutien financier ou si le groupe terroriste est le bras armé de la secte.

Selon les déclarations d’anciens membres du culte ayant vécu dans l’Arche, un millier de Survivants fréquentent le complexe. Cependant, seuls Joël Regan, quelques membres de sa famille, cent vingt cadres et employés, et les cent cinquante élèves de l’internat y résident en permanence. Ils forment une communauté fermée sur elle-même et tiraillée par la jalousie et l’ambition. Bien que l’ASIS et CHERUB aient disposé de moins d’une semaine pour établir les détails de cette opération, tout porte à croire que les agents seront en mesure de faire bon usage de leurs compétences en matière de renseignement. S’ils parviennent à intégrer l’Arche, il est probable qu’ils pourront recueillir des informations capitales sur le lien unissant les Survivants et Sauvez la Terre.

 

LE COMITÉ D’ÉTHIQUE DE CHERUB APPROUVE À L’UNANIMITÉ L’ORDRE DE MISSION MAIS ATTIRE L’ATTENTION DES AGENTS SÉLECTIONNÉES SUR LES RISQUES SUIVANTS :

(1) Cette mission a été classée RISQUE ÉLEVÉ. Parvenus à la phase 4, les agents opéreront dans un univers clos et isolé où ils ne pourront pas compter sur l’intervention de leur contrôleur de mission.

(2) Les Survivants privilégient des valeurs dites traditionnelles incluant l’usage des châtiments corporels.

(3) Compte tenu de l’isolement géographique de l’Arche, les agents pourraient éprouver des difficultés à se retirer de la mission si nécessaire.

Les Survivants
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