LA VIE ET L’ŒUVRE
DE ROBERT DESNOS

 

 

1900, 4 juillet. Naissance de Robert Desnos, à Paris. Son père est mandataire aux Halles. L’enfant passera toutes ses années de jeunesse dans le quartier Saint-Martin, dont les rues se nomment Quincampoix, Nicolas-Flamel ou Saint-Merri et dont l’atmosphère à la fois historique, magique et populaire devait exalter son imagination avant d’inspirer souvent sa poésie. Études à l’école communale, puis, quelque temps, au lycée Turgot. Surtout – à partir de six ou sept ans – il dessine et peint, lit des romans populaires et commence à noter ses rêves.

1917. Le jeune homme, qui a quitté sa famille va, tout en vivant de divers métiers, écrire et publier, d’abord dans des revues ; deux ans plus tard, en 1919, Le Fard des Argonautes et L’Ode à Coco. Il rencontre aussi ses premiers amis : Benjamin Péret, André Breton, Aragon, Tristan Tzara, Ribemont-Dessaignes, qui font déjà partie du mouvement Dada et viennent de créer la revue Littérature (1919).

1920. Robert Desnos fait son service militaire au Maroc.

1922. De retour à Paris, il retrouve ses amis, avec d’autres, en particulier Paul Eluard, Philippe Soupault, René Crevel, enfin tous ceux qu’on appelle maintenant les surréalistes ; il participe aux séances de sommeil hypnotique organisées par ceux-ci (il y apparaît vite comme le plus doué) et collabore à la revue Littérature (« Rrose Sélavy » et des récits de rêves y paraissent cette même année), puis après à La Révolution surréaliste. Jusqu’en 1929, il prend part à toutes les activités du groupe surréaliste, signe la plupart des tracts, fréquente les lieux qui seront bientôt liés à sa légende, du passage de l’Opéra et du bar Certa à la Centrale surréaliste où il rencontrera, en 1924, Raymond Queneau et à la rue du Château où il rencontrera, en 1925, Jacques et Pierre Prévert, Marcel Duhamel et quelques autres.

1924. Deuil pour deuil (Éditions Kra).

1926. C’est les bottes de sept lieues cette phrase « Je me vois », avec des eaux-fortes d’André Masson (Galerie Simon).

1927. La Liberté ou l’amour ! ouvrage condamné et mutilé par jugement du tribunal correctionnel de la Seine (Éditions Kra).

1930. Corps et biens (N. R. F.).

The Night of Loveless Nights, avec des illustrations de Georges Malkine (H. C., Anvers).

Cette même année 1930, Robert Desnos, qui vient de se séparer, avec quelques autres, d’André Breton et de ses disciples, écrit dans un pamphlet : « Le surréalisme est tombé dans le domaine public, à la disposition des hérésiarques, des schismatiques et des athées »… C’est dans le « domaine public » – le journalisme, la radio, la chanson, le cinéma, un moment la publicité – aussi bien que dans la poésie, qu’il en poursuivra désormais l’esprit. À la liste des premiers amis auxquels il est resté fidèle, en particulier Roger Vitrac, le peintre Malkine, le docteur Théodore Fraenkel, il faut en ajouter beaucoup d’autres : Picasso, Miró, Félix Labisse, les Deharme, Armand Salacrou, Henri Jeanson, Jean-Louis Barrault… Et il a fait la rencontre de Youki, qui va devenir sa femme.

1934. Les sans cou, avec des eaux-fortes d’André Masson (H. C.).

1939. Robert Desnos est mobilisé, fait prisonnier puis libéré, et rentre à Paris où il continue à écrire et à publier.

1942. Fortunes (N. R. F.).

1943. Le vin est tiré, roman (N. R. F.).

État de veille, avec des gravures de Gaston-Louis Roux (Robert Godet).

1944. Robert Desnos, qui fait partie d’un réseau de résistance, est arrêté, un matin de février, par la Gestapo. Il partira bientôt pour le camp de Buchenwald ; puis connaîtra, pendant plusieurs mois, l’exode misérable à travers les villes concentrationnaires nazies.

La même année 1944, paraissent :

Contrée, avec des illustrations de Picasso (Robert Godet) ; Le bain avec Andromède, avec des illustrations de Félix Labisse (Éditions de Flore) ;

Trente Chantefables pour les enfants sages (Librairie Gründ).

1945, 8 juin. Au camp de Térézine, en Tchécoslovaquie, que les SS ont abandonné à l’arrivée des forces alliées, Robert Desnos, malgré les soins qui lui sont donnés, meurt d’épuisement à l’âge de quarante-cinq ans.

La même année 1945, paraissent ;

Félix Labisse, essai (Sequana) ;

La Place de l’Étoile, antipoème (Rodez).

1967. La ville de Sarcelles donne le nom de Robert Desnos à sa nouvelle École maternelle.

 

PUBLICATIONS POSTHUMES :

1946. Choix de poèmes, avec une préface de Georges Hugnet (Éditions de Minuit).

1947. La Rue de la Gaîté, avec des illustrations de Lucien Coutaud (« Les 13 épis »).

Les Trois Solitaires, avec des illustrations d’Yvette Aide (« Les 13 épis »).

Les Regrets de Paris (« Journal des poètes »).

1952. Chantefables et chantefleurs, avec des illustrations de Christiane Laran (Librairie Gründ).

1953. Domaine public, volume contenant la majeure partie de l’œuvre poétique de Robert Desnos, avec un avant-propos de René Bertelé (Le Point du jour, N. R. F.).

De l’érotisme considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l’esprit moderne, essai (Cercle des Arts).

1962. La Liberté ou l’amour ! suivi de Deuil pour deuil (N. R. F.) (nouvelle édition en un seul volume).

Calixto, suivi de Contrée (N. R. F.).

1966. Cinéma, textes réunis et présentés par André Tchernia (N. R. F.).

1968. Corps et biens, préface de René Bertelé (Poésie/Gallimard).

1969. Fortunes, suivi de la Cantate pour l’inauguration du Musée de l’Homme (1937) (Poésie/Gallimard).

1975. Destinée arbitraire, textes réunis et présentés par Marie-Claire Dumas ; le volume reprend, parmi d’autres, État de veille et Le bain avec Andromède et donne de nombreux inédits (Poésie/Gallimard).

1978. Nouvelles Hébrides, édition présentée et établie par Marie-Claire Dumas (N. R. F.).