LE Puits.
Il s’enfonçait dans la glace translucide, à la verticale du point où avait été localisé l’émetteur du signal. Il avait onze mètres de diamètre. Une tour de fer semblable à un derrick le dominait, trépidante de moteurs, fumante de vapeurs que le vent transformait en écharpes de neige. Deux ascenseurs emportaient vers les profondeurs de la taille les hommes et le matériel qui s’enfonçaient un peu plus chaque jour vers le cœur du mystère.
A moins neuf cent dix-sept mètres, les mineurs du froid trouvèrent dans la glace un oiseau.
Il était rouge, avec le ventre blanc, les pattes corail, une aigrette de la même couleur, dépeignée, le bec jaune, trapu, entrouvert, l’œil roux et noir, brillant. Avec ses ailes à demi déployées, distordues, sa queue retroussée en éventail, ses pattes raidies en coup de frein, il avait l’air de se débattre dans une rafale de vent arrière. Il était hérissé comme une flamme.
On découpa autour de lui un cube de glace et on l’envoya vers la surface.
Le comité directeur de l’expédition décida de le laisser dans son emballage naturel. Il fut placé dans un réfrigérateur transparent, et les savants commencèrent à discuter de son sexe et de son espèce. La TV fit connaître son image au monde entier.
Quinze jours plus tard, en plumes, en peluche, en soie, en laine, en duvet, en plastique, en bois, en n’importe quoi, il inondait la mode et les magasins de jouets.
Au fond du puits, les tailleurs de glace venaient d’atteindre les ruines.