Onze

Le trajet jusqu’à la maison du Talamasca prit moins d’une heure et demie.

En y arrivant, Michael avait déjà une connaissance assez circonstanciée de ce qu’était le Talamasca. Il avait promis à Aaron de garder confidentiel, à tout jamais, ce qu’il allait lire dans le dossier. Il adorait le principe même du Talamasca et la façon plaisante et civilisée qu’avait Aaron de présenter les choses. Et il s’était dit plus d’une fois que s’il n’avait pas été aussi attaché à cette « mission » qu’on lui avait confiée il aurait été ravi d’entrer dans le Talamasca.

Mais il se trouva stupide car c’était sa noyade qui lui avait apporté cette mission et ce pouvoir parapsychique qui, à leur tour, l’avaient mené au Talamasca.

Tout cela aiguisait en lui le sentiment que son amour pour Rowan – car nul doute que c’était de l’amour – était étranger à sa rencontre avec les êtres, tout en sachant que les êtres avaient un rapport avec Rowan. En approchant des grilles de la propriété, il tenta de l’expliquer à Aaron.

— Tout ce que vous m’avez dit me semble familier. Comme ce que j’ai éprouvé quand j’ai revu la maison hier soir. Et vous savez bien qu’il est impossible que j’aie déjà entendu parler du Talamasca auparavant et que j’aie tout oublié. Sauf s’ils m’ont dit d’oublier pendant que j’étais noyé. En revanche, mon affection pour Rowan ne me semble pas familière. C’est nouveau. Pendant que je prenais le petit déjeuner avec elle à Tiburon, j’ai regardé la mer et j’ai dit aux êtres, sur un ton de défi, que mes relations avec Rowan étaient précieuses pour moi.

Aaron l’écouta attentivement, comme toujours.

Dès qu’ils eurent pénétré dans la propriété, laissant le quai du fleuve derrière eux, Michael reconnut la maison : il l’avait vue dans des albums de photos. Depuis des décennies, l’allée bordée de chênes avait été photographiée d’innombrables fois. C’était une maison de rêve, luxueuse, avec sa perfection gothique, ses arbres gigantesques à l’écorce sombre déployant leurs branches noueuses et lourdes pour former une voûte ininterrompue jusqu’aux porches de la maison.

De grandes guirlandes moussues pendaient des branches et, de chaque côté, des racines protubérantes bordaient l’allée de gravier creusée d’ornières.

La voiture s’enfonça dans ce tunnel de verdure ponctué çà et là de rayons de soleil qui avaient réussi à percer l’épais feuillage. Tout au bout, on apercevait de hautes herbes et des massifs d’arbustes non taillés qui semblaient toucher le ciel.

Michael appuya sur un bouton pour baisser sa vitre.

— Respirez ce bon air ! murmura-t-il.

— Oui, c’est remarquable, dit doucement Aaron.

Il avait un sourire indulgent. La chaleur était torride mais Michael n’y prenait pas garde.

Quand la voiture s’arrêta, il y eut un grand silence. Les deux hommes descendirent devant l’immense maison à deux étages. Bâtie avant la guerre de Sécession, c’était une de ces structures d’une simplicité sublime, massive et tropicale, une sorte de cube entouré de tous côtés par de profondes galeries et d’épaisses colonnes droites soutenant son toit plat.

Michael avait du mal à imaginer qu’au-delà du quai voisin circulaient les remorqueurs et les chalands aperçus moins d’une heure plus tôt du ferry essoufflé qui les transportait vers la rive sud. Mais tout cela était bien réel : la douce brise soufflant au-dessus du sol de brique, la large porte à double battant qui s’ouvrit soudain devant eux, le soleil se reflétant dans le carreau de la magnifique imposte semi-circulaire qui la surmontait.

Où était le reste du monde ? Peu importait. Michael entendit à nouveau les bruits merveilleux qui l’avaient bercé dans First Street : le chant des insectes, les cris comme désespérés des oiseaux.

Aaron lui prit le bras pour le faire entrer. Michael n’eut pas l’air de s’apercevoir de la climatisation.

— Allons faire un petit tour, lui dit Aaron.

Michael l’entendit à peine, il était entièrement absorbé par le bâtiment. Il aimait ce type de maison conçue autour d’une large entrée centrale, avec un escalier simple et de grandes pièces carrées parfaitement équilibrées de chaque côté. La restauration était somptueuse et le mobilier soigneusement choisi : des tapis vert foncé, des livres dans des vitrines en acajou et des rayonnages montant jusqu’au plafond dans toutes les pièces principales. Seuls quelques miroirs très ornés rappelaient la période d’avant-guerre et, à part un petit clavecin poussé dans un coin, tout le reste était résolument victorien, ce qui n’était aucunement déplaisant.

— On dirait un club privé, chuchota Michael.

C’était presque drôle. Quand ils passaient sans bruit devant une personne plongée dans un livre, celle-ci ne levait même pas la tête. L’atmosphère était très agréable. Il se sentait bien dans cet endroit. Il apprécia le rapide sourire de la femme qu’il croisa dans l’escalier. Il avait envie de prendre une chaise et de s’asseoir dans la bibliothèque. A travers les nombreuses portes-fenêtres, il apercevait le jardin verdoyant.

— Je vous conduis à votre chambre, dit Aaron.

— Aaron, je n’ai pas besoin de chambre. Où est le dossier ?

— Vous avez besoin de calme pour lire.

Il amena Michael dans la chambre du premier étage la plus à l’est de la maison. Les portes-fenêtres ouvraient à la fois sur les galeries centrale et latérale. Malgré le tapis aussi sombre et épais que dans le reste de la maison, le décor tenait de la tradition des plantations avec ses deux commodes au plateau de marbre et un immense lit à baldaquin. Plusieurs épaisseurs d’édredons recouvraient le matelas de plume. Les montants de deux mètres cinquante de haut du lit n’étaient pas ciselés.

Mais la pièce disposait aussi de tout le confort moderne, dont un petit réfrigérateur et un téléviseur enfermés dans une armoire sculptée, ainsi qu’un bureau et une chaise installés dans l’angle, de sorte qu’ils faisaient à la fois face aux fenêtres de devant et de l’est. Le téléphone était couvert de boutons et de petits numéros indiquant les différents postes. Une paire de fauteuils reine Anne à oreillettes attendait devant la cheminée et une porte était ouverte sur la salle de bains attenante.

— Je prends la chambre, plaisanta Michael. Où est le dossier ?

— Nous devrions d’abord prendre le petit déjeuner.

— Vous prenez votre petit déjeuner. Je me contenterai d’un sandwich pendant ma lecture. Vous m’avez promis. Le dossier, s’il vous plaît.

Aaron insista pour l’emmener jusqu’à une petite galerie, à l’arrière du second étage, donnant sur un jardin traditionnel aux chemins de gravier et aux fontaines patinées par les intempéries. Ils s’assirent pour déguster un petit déjeuner copieux typique de la Louisiane.

Michael était affamé. Comme avec Rowan, il apprécia d’être resté sobre. L’esprit très clair, il contempla le jardin vert où les branches des chênes descendaient jusque dans l’herbe.

— Tout s’est passé si vite, dit Aaron en lui passant la corbeille de biscuits fumants. J’ai l’impression d’avoir autre chose à vous dire mais je ne sais pas quoi. Nous voulions vous aborder sans précipitation. Mon intention initiale était de vous inviter à la maison mère de Londres et de vous introduire en douceur dans notre organisation. Même après des années de travail sur le terrain, jamais nous ne vous aurions demandé d’entreprendre une tâche aussi dangereuse que celle concernant les sorcières Mayfair. Personne dans notre organisation, à part moi, n’est qualifié pour cette tâche. Mais vous y êtes maintenant impliqué.

— Jusqu’au cou, dit Michael en continuant à manger. Mais je comprends ce que vous voulez dire. C’est comme si l’Eglise catholique me demandait de participer à un exorcisme tout en sachant pertinemment que je ne suis pas un prêtre ordonné.

— En quelque sorte. Je me dis parfois que notre absence de dogme et de rituel nous rend encore plus rigoureux. Notre définition du bien et du mal est plus subtile et nous n’aimons pas ceux qui ne se plient pas à notre règle.

— Écoutez, Aaron. Je ne parlerai pas de ce dossier à âme qui vive, sauf à Rowan. D’accord ?

Aaron resta un moment pensif.

— Michael, quand vous aurez lu le document il faudra que nous discutions de ce que vous devrez faire. Attendez avant de dire non. Écoutez au moins mon conseil.

— Vous avez peur de Rowan, n’est-ce pas ?

Aaron but une gorgée de café et regarda fixement son assiette. Il n’avait mangé qu’une moitié de biscuit.

— Je n’en suis pas sûr, répondit-il. Mon unique rencontre avec elle était très spéciale. J’aurais juré…

— Quoi ?

— Qu’elle mourait d’envie de me parler. De parler à quelqu’un. Mais j’ai ressenti une certaine hostilité de sa part, comme si elle était surhumaine et rejetait instinctivement les êtres humains. J’ai ressenti sa différence, si je puis m’exprimer ainsi.

— Je veux le dossier, dit Michael.

Il s’essuya la bouche avec sa serviette et avala le reste de son café.

— Vous allez l’avoir, soupira Aaron.

— Je peux aller dans ma chambre, maintenant ? Et serait-il possible d’avoir un peu plus de ce délicieux café ?

— Bien sûr.

Aaron accompagna Michael et s’arrêta pour commander le café. Ensemble, ils descendirent jusqu’à la chambre, à l’étage inférieur.

Les tentures en damas sombre masquant les fenêtres de façade avaient été tirées et la lumière d’été, filtrée par les feuillages, pénétrait dans la pièce par chaque carreau.

La mallette contenant le dossier était posée sur le lit.

— Bien, mon ami, dit Aaron. On va vous apporter votre café. Le domestique ne frappera pas pour ne pas vous déranger. Installez-vous sur la galerie de devant, si vous voulez. Et lisez bien attentivement. Vous avez un téléphone si vous avez besoin de moi. Composez le numéro du standard et demandez Aaron. Je serai en bas. Je vais essayer de dormir un peu.

Michael ôta sa cravate et sa veste et entra dans la salle de bains pour se rafraîchir le visage. Au moment où il sortait ses cigarettes de sa valise, le café arriva.

Il fut surpris de voir Aaron reparaître, le visage troublé. Celui-ci demanda au jeune domestique de poser le plateau sur le bureau puis attendit qu’il soit sorti.

— Mauvaise nouvelle, Michael.

— C’est-à-dire ?

— Je viens d’appeler Londres. Ils ont essayé de me joindre à San Francisco pour me dire que la mère de Rowan était mourante.

— Rowan voudra le savoir, Aaron.

— Trop tard. Deirdre Mayfair est décédée ce matin vers 5 heures. Nous étions en train de discuter, à ce moment-là.

— C’est terrible pour Rowan. Vous n’imaginez pas à quel point elle va être affectée.

— Elle arrive, Michael. Elle a pris contact avec l’entreprise de pompes funèbres et leur a demandé de reporter le service. Ils ont accepté. Elle leur a parlé de l’hôtel Pontchartrain. Nous allons vérifier si elle a réservé une chambre. Mais je crois qu’il faut nous attendre à ce qu’elle arrive très bientôt.

— Vous êtes pire que le F.B.I, vous savez ?

— Oui, nous prenons beaucoup de précautions, dit tristement Aaron. Nous pensons à tout.

— Vous connaissiez la mère de Rowan ?

— Oui, répondit Aaron avec amertume. Et je n’ai jamais pu faire quoi que ce soit pour l’aider. Cela nous arrive souvent. Mais cette fois ce sera peut-être différent.

Il tourna le bouton de la porte et poursuivit :

— Tout est là, dit-il en montrant le dossier du doigt. Mais nous n’avons plus le temps de parler.

Michael se sentait triste. L’émotion qu’il avait perçue chez Aaron le surprenait totalement mais le rassurait aussi. Il était peiné de n’avoir pas su trouver un mot de réconfort. S’il commençait à penser à Rowan, à imaginer la tenir dans ses bras et à essayer de tout lui expliquer, il deviendrait fou. Plus de temps à perdre.

Il prit le dossier sur le lit, le posa sur le bureau, attrapa ses cigarettes et s’assit sur la chaise en cuir. D’un geste absent, il prit la cafetière en argent, se servit une tasse et ajouta du lait chaud.

Une bonne odeur remplit la pièce.

Il souleva la couverture et prit la chemise brune marquée tout simplement : « Les Sorcières Mayfair : numéro 1 » Elle contenait une épaisse liasse de feuillets dactylographiés et une enveloppe marquée : « Photocopies des documents originaux ».

Rowan lui manquait.

Il commença sa lecture.

Le lien maléfique
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