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Le premier jour de la foire battait son plein et le brouhaha joyeux, attentif des marchandages, des commérages et des cris des vendeurs avait franchi le mur de l’abbaye pour pénétrer dans la grande cour et sous le portail comme le bourdonnement des abeilles par un beau jour d’été. Il poursuivit Beringar jusqu’à l’appartement de l’hôtellerie où son épouse et Emma Vernold comparaient, ravies, les vertus de laines différentes, et Constance, qui tissait merveilleusement, tâtait les échantillons en donnant son avis.

Hugh, avec son visage sombre, jeta un froid sur cette scène paisible qui avait permis à Emma de retrouver couleurs et gaieté. Il n’avait pas le temps de prendre des gants ; d’ailleurs Emma ne lui en saurait aucun gré, s’il y allait par quatre chemins.

— Dame Vernold, j’ai de mauvaises nouvelles ; je suis désolé. Dieu sait que je ne m’attendais pas à ça. On a retrouvé votre oncle. Un bateau est arrivé tôt ce matin de Buildwas. Ils ont repêché son corps dans le fleuve.

Le sang reflua de son visage. Elle resta immobile, effrayée, regardant devant elle, sans rien voir. On aurait dit que sa force vitale ne la soutenait plus, et pendant un moment elle parut perdre l’équilibre et sur le point de tomber. Puis elle respira profondément. » Mort », dit-elle d’une voix sans timbre ; elle s’était reprise et ne risquait plus de s’évanouir. Une fois disparus cette panique et cet étourdissement momentanés, elle regarda Hugh droit dans les yeux, sans le supplier.

— Noyé ? souffla-t-elle. Mais il nageait bien, il avait grandi près du fleuve. Il ne buvait pas beaucoup non plus. Je ne peux pas croire qu’il soit tombé dans la Severn et qu’il se soit noyé. Pas lui, affirma-t-elle, ses grands yeux dilatés.

— Asseyez-vous, suggéra Hugh doucement, on a des choses à se dire et ensuite je vous laisserai avec Aline, car nous allons nous occuper de vous, bien sûr. Non il ne s’est pas noyé, il n’est pas mort non plus de mort naturelle. On l’a poignardé dans le dos, dévêtu et jeté à l’eau.

— Comment ? dit-elle d’une voix basse, forcée, mais très ferme. Ce serait des voleurs qui l’auraient attaqué et tué ? Pour lui prendre ses bagues, sa robe et ses souliers ?

— A première vue, oui. Il n’y a guère de routes sûres en Angleterre et les grandes foires ont leur lot de malfaiteurs qui tueraient pour quelques pence.

— Mon oncle n’était pas craintif. Il s’est défendu plus d’une fois, et la peur ne l’a jamais forcé à rester chez lui. Alors pourquoi aurait-il succombé aujourd’hui ? Pourtant, c’est la seule explication.

— Certains se souviennent d’un incident pénible sur la jetée : plusieurs marchands qui déchargeaient leurs marchandises pour ranger leurs étals se sont fait agresser. Il est bien connu que les relations entre la ville et les marchands sont tendues, et que Maître Thomas avait beaucoup d’influence. Il s’est battu avec le jeune homme qui a mené l’assaut. Une vengeance, la nuit, dans un accès de rage, ça peut se terminer mal, même si on ne le voulait pas.

— En ce cas, on l’aurait laissé sur place, objecta sèchement Emma. Son agresseur aurait cherché à disparaître au plus vite. Il ne s’agissait pas de voleurs, mais de citadins en colère et frustrés. La frustration peut changer les gens en assassins mais pas en voleurs.

Hugh commençait à éprouver beaucoup de respect pour cette fille tout comme Aline, à en juger par son silence détaché et son visage attentif, avait appris à le faire.

— Je ne dis pas que vous ayez tort, admit-il. Mais il pourrait bien arriver à un jeune homme de tuer quelqu’un presque par accident, et de déguiser son crime en assassinat commis au cours d’un vol. Cela nous ouvre des possibilités. Vingt jeunes furieux qui en veulent à votre oncle pour le mépris qu’il leur a marqué pourraient passer inaperçus dans une foule, et on ne penserait jamais à les soupçonner s’ils font croire que le meurtre a eu lieu pour de l’argent.

Bien qu’elle fût abattue et se sentît seule, cette pensée la troubla. Hésitante, elle se mordit les lèvres.

— Vous pensez que ce pourrait être un de ces jeunes ? Ou plusieurs d’entre eux ? Qu’ils étaient furieux au point de le suivre dans l’obscurité pour le tuer ?

— Beaucoup de ceux qui ont assisté à la scène de cet après-midi le croient et le disent, déclara Hugh.

— Mais, fit-elle remarquer, fronçant les sourcils, vos hommes avaient emmené la plupart de ces jeunes bien avant que mon oncle allât sur le champ de foire. S’ils étaient déjà en prison, comment auraient-ils pu s’en prendre à lui ?

— C’est vrai pour la plupart d’entre eux. Mais on n’a pris leur chef qu’à l’aube, quand il est revenu en titubant à la porte de la ville où on l’attendait. Il est en prison au château, comme les autres, mais il était encore en liberté longtemps après le départ de votre oncle, on le soupçonne donc fortement de l’avoir tué. Ils seront tous déférés devant le shérif cet après-midi. Les autres, à mon avis, seront confiés à leurs familles et passeront au tribunal plus tard, mais pour Philippe Corvisart, j’en doute fort. Il faudra qu’il nous fournisse de meilleures réponses que celles qu’il nous a données pour le moment...

— Cet après-midi ! Alors je dois venir aussi ; j’étais présente quand tout a commencé. Il faudra aussi que le shérif m’entende surtout s’il est question de la mort de mon oncle. D’autres étaient également là. Maître Corbière et un moine de l’abbaye, celui que vous connaissez bien...

— Ils viendront et d’autres aussi. Votre témoignage serait précieux, mais vous le demander à un moment pareil...

— J’y tiens ! répliqua-t-elle fermement. Je veux qu’on découvre le meurtrier de mon oncle, si on l’a vraiment tué, mais je ne veux pas qu’un innocent soit accusé trop vite. Pour ce garçon je ne sais pas ; il n’avait pas l’air d’un assassin... J’aimerais dire ce que je sais, c’est mon devoir.

Beringar, hésitant, jeta un coup d’oeil à sa femme ; Aline lui sourit et acquiesça curieusement.

— Si c’est votre volonté, conclut-il rassuré, je demanderai à frère Cadfael de vous accompagner. Pour le reste, vous n’avez rien à craindre. Il faudra que vous restiez là jusqu’à ce que tout soit terminé, mais naturellement, Aline s’occupera de vous et nous vous aiderons dans toutes les dispositions que vous aurez à prendre.

— Je souhaiterais utiliser la péniche pour ramener mon oncle à Bristol, dit-elle.

A cet instant seulement, elle pensa qu’elle n’aurait personne pour la protéger à bord cette fois, sauf Roger Dod dont le dévouement jaloux, attentif et muet lui était insupportable et le pauvre Warin qui était solide, mais pas très malin. Elle inspira profondément, se mordit les lèvres, hésitante, et son regard se voila de nouveau.

— Au moins, il importe de le renvoyer là-bas... Son homme de loi prendra soin de ses affaires et des miennes.

— J’ai parlé au prieur. L’abbé accepte que vous utilisiez la chapelle de l’abbaye ; votre oncle pourra y reposer quand on le ramènera du château, et on le préparera comme il convient pour l’enterrer dignement. Demandez, et l’on vous donnera. Il faudra également que je prie votre serviteur d’être présent au château cet après-midi. Qu’est-ce que vous comptez faire pour la foire ? Je transmettrai les instructions que vous voudrez bien me donner.

Elle acquiesça, se forçant manifestement à affronter le monde retors des affaires quotidiennes auquel la mort de son oncle n’avait pas mis fin.

— Veuillez lui dire de continuer à vendre pendant la durée de la foire ; comme si son maître était encore là. Mon oncle ne voudrait pour rien au monde qu’un danger ou un deuil l’empêche d’agir normalement ; j’en ferai donc autant.

Et soudain, avec la simplicité d’un enfant, elle éclata enfin en sanglots.

 

Après que Hugh fut reparti, et que Constance se fut retirée sur un signe discret d’Aline, les deux femmes s’assirent jusqu’à ce qu’Emma eut cessé de pleurer, aussi soudainement qu’elle avait commencé. Elle avait ce don qu’ont certaines femmes de pleurer sans s’enlaidir, et sans s’en soucier le moins du monde. Chez beaucoup cette faculté disparaît à l’adolescence. Elle s’essuya les yeux, et fixa Aline qui la regardait tout aussi intensément avec une sérénité qui la réconfortait sans lui peser.

— Vous devez penser que je n’avais guère d’affection pour mon oncle, murmura Emma. Et je ne sais pas si vous auriez entièrement tort. Je l’aimais pourtant, ce n’était pas seulement de la loyauté ou de la gratitude, même si ces sentiments s’imposaient d’abord. Les gens disaient qu’il était dur, dur à satisfaire et dur en affaires. Mais il n’était pas dur à mon égard. Seulement difficile à approcher. Et ce n’était ni de sa faute, ni de la mienne.

— Il me semble, dit doucement Aline, puisqu’on l’invitait à plus d’intimité, que vous l’avez aimé autant qu’il vous l’a permis, qu’il était capable de vous le permettre. Il y a des hommes qui ne savent pas s’y prendre.

— Oui, mais j’aurais voulu l’aimer plus. J’aurais tout fait pour lui être agréable. Encore maintenant je veux tout faire comme il l’aurait souhaité. La boutique restera ouverte pendant la durée de la foire et on essaiera d’agir comme il aurait agi. J’entends qu’on exécute jusqu’au bout sa volonté.

Elle s’exprimait presque avec enthousiasme. Maître Thomas aurait aimé la façon dont elle avançait le menton et dont ses yeux brillaient.

— Aline, poursuivit-elle, cela ne vous dérangera pas si je reste ? Je..., il y a un des hommes de mon oncle qui m’apprécie un peu trop...

— C’est ce qu’il me semblait. Vous êtes la bienvenue et on ne vous laissera pas avant que vous puissiez rentrer sans danger chez vous, à Bristol. Non que je ne comprenne pas ce jeune homme, dans un sens, ajouta-t-elle en souriant.

— Certes, mais moi je ne l’apprécie pas autant. En outre mon oncle n’aurait pas voulu que je monte sur la péniche sans lui. Et maintenant j’ai à faire mon devoir, conclut-elle, redressant la tête avec décision et défiant du regard son avenir incertain. Il faut que je lui commande un beau cercueil pour le ramener. Il y a sûrement un maître-charpentier en ville.

— Oui. A mi-chemin à droite sur la Wyle, maître Martin Bellecote. C’est un brave homme et un bon artisan. Il paraît que son fils faisait partie de ces terribles émeutiers, dit Aline avec une moue indulgente, comme la moitié des jeunes gens en vue de la ville. J’irai avec vous chez Martin.

— Non, répondit Emma fermement. Chez le shérif ce sera long et ennuyeux, et vous ne devez pas vous fatiguer. D’ailleurs il faut que vous achetiez vos laines avant que les plus belles ne soient parties. Frère Cadfael, c’est bien son nom, n’est-ce pas ? me dira où est la boutique. Il la connaît sûrement.

— Il n’y a pas grand-chose que frère Cadfael ignore sur ce quartier et sur la ville, affirma Aline.

 

Cadfael reçut la permission de l’abbé d’assister à l’audience de l’après-midi et d’escorter la nièce de la victime, sans qu’on lui posât de questions. Qu’on soit religieux ou laïc, un devoir est un devoir. Radulf s’était déjà montré sévère mais juste et homme d’affaires tenace et avisé. Il devait son poste au roi autant qu’au légat du pape et il respectait et vénérait l’ordre du royaume au moins aussi ardemment que celui de son abbaye. Il saurait donc exploiter les capacités des rares moines qui avaient eux aussi une vaste expérience du monde extérieur.

— Cette mort, dit-il quand il se retrouva seul avec Cadfael, après le départ de Beringar, jette une ombre sur notre maison et notre foire. On ne peut pas se décharger de ce fardeau sur d’autres. Je veux que vous me rapportiez tout ce qui se passera à l’audience. C’est à moi que les notables de la ville ont demandé une aide que je n’ai pu leur donner. C’est moi qui ai provoqué la colère de ces jeunes gens, qui les ai poussés à se conduire comme des imbéciles. Ils ont manqué de patience et de réflexion, mais ma responsabilité reste entière. Si je suis en partie responsable de la mort de cet homme, même si je n’ai pas pu agir, je devrai en répondre aussi sûrement que celui qui l’a frappé.

— Je vous ferai part de tout ce que j’aurai vu et entendu, promit Cadfael.

— Et aussi de tout ce que vous aurez pensé, mon frère. Vous avez en partie vu ce qui s’est passé hier entre la mort et ce jeune homme. Est-il possible que le résultat ait pu être celui-là ? Un coup de poignard dans le dos ? La colère se manifeste rarement ainsi.

Cadfael avait vu bien des morts dans la fureur des batailles mais il savait aussi que la fureur amenait parfois à tuer lâchement, plus tard et il s’agissait encore de colère, aigrie par le temps.

— Certes, dit-il. Mais cela arrive. Ne négligeons pas pour autant les autres hypothèses. Il pourrait bel et bien s’agir d’un meurtre commis pour voler des vêtements et des bagues, une occasion qui s’est présentée la nuit quand il n’y avait personne. Cela arrive quand les hommes se rassemblent et que l’argent change de mains.

— C’est vrai, constata Radulf, froidement et tristement. Le vieux démon est toujours là.

— Et puis, ce n’était pas n’importe qui dans son métier et sa région. Il avait peut-être des ennemis. La haine, la jalousie, la rivalité sont des mobiles aussi puissants que l’appât du gain. Dans une grande foire comme la nôtre, des ennemis peuvent se rencontrer loin des villes où tout le monde les connaît, et où il serait trop facile de deviner leurs raisons d’agir. Commettre un meurtre est plus facile et plus tentant loin de chez soi.

— Encore vrai. Autre chose ?

— Oui. La nièce, l’héritière du mort est très belle, déclara franchement Cadfael, affirmant son droit à reconnaître la beauté des femmes, même s’il avait renoncé à elles depuis longtemps. Son oncle avait trois hommes à son service, enfermés sur la péniche avec elle. L’un d’eux est assez âgé, me semble-t-il, pour tenir à sa tranquillité. L’autre est un peu simplet, mais pas aveugle, ni pour autant délivré de la chair. Le dernier est sain, capable, parfaitement normal, et il lui est très attaché. C’est lui qui a suivi son maître un quart d’heure environ après qu’il a quitté le champ de foire, à ce qu’il paraît. Dieu m’est témoin que je ne veux pas accuser un honnête homme. Mais on évoque des éventualités et on en parlera jusqu’à ce qu’elles deviennent des faits, ou devrais-je dire à moins que ?

— C’est aussi mon avis, approuva l’abbé, avec un demi-sourire et après avoir longuement regardé Cadfael. Allez témoigner, comme je vous l’ai demandé, mon frère, et revenez me rendre compte. J’ai foi en vous.

 

Emma, il le fallait bien, portait la même robe que la veille au soir, du même bleu sombre que ses yeux, avec un corselet aux broderies multicolores. Elle avait seulement consenti, en signe de deuil, à attacher sa lourde chevelure et à la dissimuler sous une guimpe d’emprunt. Elle n’en avait pas moins une allure imposante. Tout encadré de blanc sévère, son jeune visage rond gagnait en force et en profondeur ce qu’il perdait en délicatesse. Elle avait l’air grave et concentré comme une lance à l’arrêt. Mais Cadfael ne voyait pas très bien ce que cette lance visait.

— Frère Cadfael. C’est bien cela, n’est ce pas ? Vous portez un nom gallois. Vous avez été très bon hier. Lady Beringar m’a dit que vous m’indiqueriez la boutique du maître-charpentier. Il faut que je commande un cercueil pour ramener mon oncle à Bristol, dit-elle très calme, avec la franchise d’un enfant. Avons-nous le temps avant d’aller au château ?

— C’est sur la route. Adressez-vous à Martin Bellecote, il s’occupera fort bien de ce que vous lui demanderez.

— Tout le monde s’est montré très gentil, observa-t-elle, avec la politesse d’une jeune fille bien élevée. Où est le corps de mon oncle ? Il faudrait que je m’en occupe. C’est à moi de le faire.

— Plus tard. Il est au château. Le shérif doit l’examiner, le médecin aussi. Mais que ça ne vous trouble pas, l’abbé a ses ordres. On amènera votre oncle dans l’église, avec tout le respect qui lui est dû, et nous le préparerons pour l’enterrement. S’il pouvait nous le dire, il souhaiterait sûrement que nous nous occupions de tout. Il veillait à vous protéger et vous lui devez toujours obéissance.

Cadfael avait vu le mort, et souhaitait vivement épargner cette épreuve à la jeune fille. Mieux valait qu’elle conservât l’image de l’homme qu’elle avait respecté et admiré dans son impressionnante dignité.

Il avait trouvé le seul argument capable de fléchir sa détermination, qu’elle aurait payée cher. Elle y réfléchit sérieusement quand ils franchirent le portail côte à côte et en étudiant son visage il sut quand elle se décida à accepter.

— Il pensait que j’avais un rôle à jouer, même dans ses affaires. Il voulait que je l’accompagne et que j’apprenne le métier. C’est le troisième voyage que je faisais avec lui (et le dernier aussi, songea-t-elle). Je peux au moins donner de l’argent pour faire dire des messes pour lui là où il est mort, ajouta-t-elle, hésitante. Il était très pieux, il l’aurait souhaité !

Elle avait sûrement plus d’argent que de tranquillité d’esprit ; Pourquoi se serait-elle refusé cette petite consolation ? Les prières ne sont jamais perdues.

— Voilà une excellente résolution.

— Il est mort sans les sacrements, s’exclama-t-elle, soudain furieuse contre le meurtrier qui avait privé son oncle de confession et d’absolution.

— Ce n’est pas de sa faute. Cela arrive souvent. Même aux saints qu’on a martyrisés sans qu’ils s‘y attendent. Dieu sait ce qu’il en est sans qu’on ait besoin de parler. L’âme des morts connaît ces vaines recherches. L’important est de se repentir dans son coeur et non en paroles.

Ils se trouvaient sur la grand-route, et tournèrent à gauche vers le fleuve, reflet brillant entre ses rives d’herbe grasse, coiffé par le pont de pierre qui menait à la tourelle du pont-levis, et à la porte de la ville. Levant la tête, Emma regarda Cadfael ; ses joues très claires retrouvèrent un peu de couleur comme si les jeux de lumière sur le fleuve se reflétaient dans ses yeux. C’était la première fois qu’il la voyait sourire, un sourire pâle, mais éblouissant.

— Il était bon, vous savez, frère Cadfael ; déclara-t-elle, sincèrement. Il n’était pas facile avec les imbéciles, les mauvais ouvriers ou les gens malhonnêtes, mais il était bon. Pour moi surtout ! C’était un homme de parole, loyal envers son seigneur...

Malgré la douceur de sa voix et la simplicité de cette apologie, elle s’enflammait. Elle avait presque dit « loyal envers son seigneur jusqu’à la mort ! » Et il convenait de ne pas prendre au sérieux cet air noble, héroïque, dans un si jeune visage.

— Dieu sait tout cela, affirma Cadfael d’un ton chaleureux. Inutile de le lui répéter. Et n’oubliez pas que vous avez votre vie à vivre. La meilleure façon de rendre justice à votre parent, c’est de vous l’accorder à vous-même.

— Oh ! pour cela oui !, s’exclama Emma rassérénée et, pour la première fois, en un geste de confiance, elle posa la main sur la manche du bénédictin. C’est exactement ce que je veux et ce que je vais faire.

La foire de saint Pierre
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