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Les postes de travail installés dans mon bureau étaient en permanence reliés à notre serveur d’évaluation, avec un accès instantané à l’ensemble du réseau. Je me servais plus particulièrement de trois d’entre eux, que je pouvais commander de ma table de travail : ceux-là étaient respectivement réservés aux informations touchant à la vie professionnelle des individus fichés, leurs activités politiques et leur vie privée. Naturellement, il m’était parfaitement possible d’intervenir sur les données.

 

Eleanor Seraphina Traynor, veuve Sinclair née Fulten

Sujet décédé. Les renseignements politiques n’avaient plus lieu d’être, mais j’avais remis à jour tout ce qui concernait sa vie privée.

 

Thomas Graham Davie

La fiche personnelle de Davie était parmi les plus abondantes de la section britannique. Il avait également un casier politique ; sans être aussi fourni que celui des principaux leaders syndicalistes, des anarchistes, des journalistes et autres activistes membres de divers groupes de pression, il était remarquablement diversifié pour un individu n’appartenant officiellement à aucun parti politique.

Le dossier de Davie m’était en grande partie familier, car ses agissements faisaient l’objet d’investigations régulières de la part de nos services. Aussi n’ai-je pas eu besoin de consacrer trop de temps à ses fiches après mon ultime week-end dans le Wiltshire ; néanmoins, j’y ai apporté un complément d’information nécessaire. Ses relations avec Alice Hazledine étant jusqu’alors inconnues, j’ai créé un lien entre leurs fiches respectives. Désormais, toutes les données nouvelles renverraient à son dossier à elle, et inversement.

 

Alice Hazledine

Mon personnel avait enfin mis à jour le dossier Hazledine ; aussi, une fois les renseignements sur Davie interconnectés, j’ai créé des renvois vers le dossier de ma mère. J’ai établi des critères de tri, de comparaison et de contact, puis je me suis mis au travail.

Alice Stockton avait changé de nom en épousant William Hazledine. Selon son dossier, elle n’avait entrepris aucune démarche officielle pour reprendre ensuite son nom de jeune fille. Naturellement, elle était libre de se présenter sous l’un ou l’autre nom, mais j’ai trouvé bizarre qu’elle emploie son patronyme dans sa vie privée et celui de son ex-mari pour écrire ses livres.

Voilà tout ce que j’avais de personnel sur Hazledine avant d’apprendre qu’elle connaissait Davie. Jusque-là, je n’avais pas fait preuve d’un intérêt démesuré pour son passé ; cela dit, il se pouvait très bien qu’un jour, moi-même ou un membre de mon équipe ayons lancé une recherche sur son dossier dans le cadre d’une opération de routine.

Alice Hazledine, née Stockton, était venue au monde à Chingford, dans le comté d’Essex ; elle avait fréquenté le collège d’Endlebury Road, puis le lycée de Chingford. Sport : médiocre ; activités extrascolaires : bien ; discipline : bien. À l’âge de dix-huit ans elle était entrée à l’université de Bath (bourse du conseil régional se montant à 1450 livres sterling, à quoi s’ajoutait une aide de son père). Elle en était sortie au bout de trois ans avec en poche un diplôme d’anthropologie sociale, obtenu avec la mention Bien. Au cours de sa première année d’études supérieures, elle avait été nommée vice-présidente de la Société littéraire de Bath ; elle avait par ailleurs travaillé bénévolement comme aide bibliothécaire, et rédigé des index et des catalogues.

L’année de son diplôme, Alice Stockton avait été mêlée au décès d’un étudiant, David Andrew McLennan, vingt-deux ans, consécutif à l’absorption d’une forte dose de barbituriques. L’enquête avait conclu au suicide entraîné par un déséquilibre mental. Alice et le jeune McLennan étaient fiancés depuis quatre mois et, le soir fatidique, ils s’étaient disputés.

Après l’université, Alice était revenue vivre chez ses parents.

Le registre de passeports indiquait qu’entre vingt et un et vingt-quatre ans, elle s’était rendue plusieurs fois à l’étranger, généralement pour de courts séjours d’été en France, en Grèce ou en Espagne. Elle n’était plus ressortie du pays depuis, mais son passeport restait valable. Pendant cette même période elle avait occupé un certain nombre d’emplois, le plus souvent en tant qu’assistante ou stagiaire : elle avait travaillé dans une perception, deux magazines et une agence de management d’artistes, puis exercé brièvement les fonctions de documentaliste dans une télévision régionale. À l’âge de vingt-cinq ans, elle était entrée comme secrétaire dans une maison d’édition ; mais était bientôt passée correctrice, puis rédactrice, et enfin assistante d’édition.

Relations sexuelles connues ou supposées pendant cette période : David Andrew McLennan à Bath, Anthony Alan Havers à Londres. Harry Laurence Minden à South Croydon, William Bush à Wimbledon, Paul Timothy Brode à Londres et Frederick Julian Hamilton, à Londres également. (À part McLennan, tous étaient encore en vie. Havers suivait une radiothérapie pour un cancer du foie. Minden était séropositif au H.I.V.)

Elle avait épousé Hazledine à l’âge de vingt-six ans. Le couple avait eu toute une série d’adresses provisoires à Londres avant d’acheter un appartement en rez-de-chaussée dans le quartier de West Hampstead, où vit toujours Hazledine. Le remboursement des traites s’était toujours effectue sans incident, encore que Hazledine ait contracté un second emprunt au moment du divorce. Le compte en banque qu’elle avait ouvert à la Barclays de Ramsford était au nom d’Alice Stockton, mais le couple possédait encore un petit compte joint à la Barclays de West Hampstead (aucune transaction depuis deux ans, solde inférieur à 2 livres sterling).

Alice Hazledine avait commencé à gagner de l’argent en tant qu’écrivain indépendant à l’âge de vingt-neuf ans. Son passé fiscal ne comportait aucune défaillance grave, encore que ses déclarations d’impôts soient régulièrement expédiées en retard et qu’elle ait souvent recours au paiement différé. Son dossier était classé « C.D. » : contribuable difficile. Ses cotisations sociales étaient à jour et payées par virement bancaire automatique. En tant qu’auteur indépendant, elle avait choisi un régime fiscal lui permettant de déduire la T.V.A., mais elle en avait été radiée au bout de deux ans pour revenus insuffisants.

Peu après son divorce, elle avait fait une demande de RMI, puis retiré sa candidature avant même le premier paiement.

En l’espace de quelques semaines, aussi bien avant qu’après leur séparation, les époux Hazledine s’étaient rendus à plusieurs reprises chez un conseiller conjugal, et cela d’un commun accord. Parmi les récriminations formulées par le mari et portées au dossier, on trouvait : la maussaderie naturelle d’Alice, son peu de goût pour les soirées chez les autres, son obsession du travail au détriment de son couple, la rareté de leurs rapports sexuels et son refus de la sexualité buccale. Les plaintes d’Alice portaient sur les points suivants : il se saoulait régulièrement, il n’éprouvait que de l’indifférence à l’égard de son travail à elle, il mettait la musique trop fort et invitait des amis alors qu’elle travaillait, il lui était constamment infidèle, avait des exigences sexuelles déraisonnables et excessives, au rang desquelles il fallait compter un prétendu viol postérieur à leur séparation. Le conseiller s’était prononcé sur chacune des deux personnalités. William apparaissait comme extraverti, impulsif et immature, Alice était jugée peu coopérative, égoïste et sexuellement inhibée. (Par la suite, William était revenu chez le conseiller – de sa propre initiative ; il lui avait déclaré qu’Alice avait une aventure extra-conjugale avec un de ses amis à lui – aventure dont, selon cet ami, les rapports buccaux n’étaient pas exclus.)

Le couple avait divorcé par consentement mutuel, bien qu’Alice eût entamé la procédure en accusant son mari de cruauté mentale : elle avait retiré sa plainte suite à une contre-attaque de William l’accusant d’adultère avec un dénommé John Lucien Nolan ; William s’était donc vu accorder le divorce, les frais avaient été partagés entre les deux plaignants et leurs biens également répartis. Il n’y avait pas eu d’enfants.

Alice avait un mauvais indice de solvabilité suite à une erreur commise par une entreprise de vente par correspondance. La dette avait été annulée après enquête, mais l’indice, lui, n’avait jamais été rectifié. Elle possédait deux cartes de crédit. Visa et Access, mais son passé ne lui autorisait qu’un crédit très limité. Le solde de ces deux comptes avoisinait généralement ladite limite, mais elle y effectuait régulièrement des versements modiques, sans qu’il y ait jamais défaillance grave. Elle s’était vu refuser une carte American Express, mais détenait une carte de garantie bancaire comme on en exige pour les paiements supérieurs à une certaine somme, ainsi qu’une carte de retrait automatique, dont elle se servait très souvent.

Son compte à la Barclays Bank était fréquemment à découvert, mais pour l’instant, elle n’était pas dans le rouge.

Elle avait contracté un emprunt auprès d’un organisme de crédit, pour un montant de 67 500 livres sterling ; pas de traites impayées, même si l’on notait ici et là quelques retards. À cause de son mauvais indice de solvabilité, son taux d’intérêt était supérieur de un demi pour cent à la moyenne.

Elle était membre du Royal Automobile Club, de l’institut britannique pour le cinéma, de la Société pour la préservation des sites classés, de la Société Jane Carlyle[7], du club « Arts et Cinéma » ; elle n’avait plus depuis deux ans la carte de la Bibliothèque de Londres, ni celle de la Société des auteurs. Elle était membre bienfaiteur du Wharf Theatre de Devizes et avait un abonnement permanent aux bibliothèques publiques, au Literary Review, au London Review of Books, à Granta, au Publishing News et au Bookseller. Elle était titulaire du permis de conduire (pas de malus). Sa voiture était assurée au tiers, ainsi que contre le vol et l’incendie seulement. Le mobilier de sa maison était assuré pour quinze mille livres sterling, elle avait une assurance sur la vie de cinq mille livres dont le bénéficiaire était toujours William Hazledine. Elle n’avait pris aucune disposition concernant sa retraite.

L’Ordinateur national de la police ne révélait pas de casier judiciaire, même si l’on y trouvait dix-sept contraventions pour stationnement illicite en l’espace de huit ans ; les amendes avaient été payées dans les délais. Elle avait été interrogée, suite au décès de ma mère, par l’inspecteur Bowker, de la police du Wiltshire.

J’appris par son dossier médical qu’Alice Hazledine avait subi une amygdalectomie dans son enfance, ainsi qu’une appendicectomie lorsqu’elle était à l’université. Nulle mention d’autres interventions chirurgicales, mais elle avait consulté un généraliste à plusieurs reprises pour divers problèmes de santé mineurs : côte fêlée après une chute, règles irrégulières et douloureuses, sinusite, migraine, inflammation rectale, kyste mammaire, conjonctivite, et enfin irradiation présumée. Elle appartenait au groupe sanguin O positif. Elle avait fumé jusqu’à l’âge de trente-sept ans, mais le dossier ne mentionnait ni alcoolisme ni usage de solvants ou stupéfiants. (Le conseiller conjugal avait cru détecter une légère ivresse au cours d’une consultation.) Elle avait été vaccinée contre la polio, la tuberculose, le choléra, la paratyphoïde et le tétanos, et était séronégative au H.I.V. Lors de son dernier examen médical, elle mesurait un mètre soixante-treize pour soixante-cinq kilos. Elle avait demandé à son médecin une carte de donneur d’organes (rein, cœur et cornée), qu’elle était censée porter sur elle.

Elle n’avait pas de dents artificielles mais les quatre dernières molaires ainsi que la première molaire supérieure droite avaient été extraites ; la première prémolaire inférieure gauche était couronnée. Nombreux plombages, quatre abcès gingivaux connus, plus une crise de gingivite mineure. Prochain examen dentaire prévu pour dans trois semaines.

Pas de fax. Pas d’accès à Internet, ni d’adresse électronique. Pour sa correspondance, elle avait presque exclusivement recours à la poste.

Depuis l’installation du dispositif d’écoute agréé par les Télécommunications britanniques, toutes ses conversations téléphoniques et domestiques étaient enregistrées. Pour la plupart, ses coups de téléphone visaient le voisinage immédiat, mais il y en avait également eu trois pour son agent littéraire et un pour son éditeur, tous concernant de près ou de loin le manuscrit saisi. On notait aussi deux communications avec William Hazledine, toutes deux sur un ton acrimonieux. Elle avait aussi appelé quinze fois Thomas Graham Davie. Étaient chaque fois évoqués : (a) les activités subversives auxquelles avait pris part ma mère, (b) la notion de liberté d’expression en littérature, (c) diverses théories de nature politique et subversive, (d) des problèmes de santé et, dans ce domaine, (e) l’étendue d’une éventuelle contamination par la radioactivité. Tous les appels destinés à Davie contenaient des remarques personnelles devenant de plus en plus intimes. Dans l’autre sens, on notait un appel de son agent littéraire, un autre – non identifié – émanant des États-Unis, et dix-sept appels de Davie ; quant au reste, c’étaient des commerçants du coin, etc.

Les conversations domestiques étaient rares, car elle ne recevait que peu de visites. (J’ai effacé les passages où apparaissait ma propre voix.) Lorsqu’elle était seule chez elle, Alice s’adressait fréquemment a son chat, et il lui arrivait de parler en dormant. Tout cela avait été enregistré, mais il n’y avait rien de très intéressant là-dedans.

Elle avait publié quatre livres ; le premier, qui recueillait les souvenirs littéraires de différents personnages historiques, avait été écrit en collaboration avec un autre écrivain du nom d’Annette Sumpter, et publié sous son nom de jeune fille. Les trois suivants n’étaient signés que de son seul nom marital.

Une série d’articles issus de quotidiens et de magazines se dessinèrent en fac-similé sur l’écran du terminal. Les deux premiers ouvrages d’Alice avaient été bien accueillis, mais le troisième avait fait l’objet de vives critiques. Pour le quatrième, les réactions avaient été mitigées. Son deuxième livre, qui était aussi sa première tentative en solo, étudiait le cas d’un petit nombre de femmes (présentées comme ayant réellement existé) et racontait leur vie, de l’enfance à l’âge adulte. Plusieurs critiques littéraires louaient le naturel avec lequel Alice y abordait la question du sexe. Le Daily Mail avait publié une longue interview d’elle où l’on mettait l’accent sur le côté sexuel du livre. Il y avait aussi une photo : elle avait quelques années de moins, les cheveux longs et une robe d’été passablement décolletée. La légende disait : « Alice Hazledine : “Permissive”. » (En voyant cela, j’ai scanné la photo et fait un agrandissement numérique qui ne m’a plus quitté depuis.) Le livre avait ultérieurement paru en format de poche, où il avait remporté un beau succès. Il était toujours disponible sous cette forme, bien que l’édition reliée ait été soldée. Il avait également été publié aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas. Ses revenus en droits de prêt public pour les trois dernières années se montaient respectivement à £ 54.90, £ 56.65 et £ 62.80.

Son dernier livre était celui qui avait été saisi. À ce jour, il n’avait donc pas été publié, et n’existait que sous forme de manuscrit.

J’ai pris connaissance du résumé rédigé par les soins de mon équipe d’évaluation, puis je me suis fait apporter dans mon bureau le manuscrit et les disquettes. Le livre rapportait la vie de six femmes, et se préoccupait en proportions quasi égales de leurs préférences sexuelles et de la façon dont elles avaient profité du prestige de leurs maris ou amants pour améliorer leur carrière. J’ai d’abord parcouru les passages censurés par mon personnel, puis parcouru l’ensemble. Il m’a paru improbable que le livre voie jamais le jour puisqu’il enfreignait la loi Crown relative au secret d’État. Il y avait un chapitre concernant la concubine d’un diplomate accusé d’avoir secrètement agi pour le compte d’une puissance étrangère, mais la plupart des faits avaient été déformés. Le principal problème avec ce livre, c’est qu’il ne présentait aucun intérêt en soi. Personne n’aurait voulu lire un texte de ce genre.

Alice Hazledine avait délibérément intégré à son livre les questions controversées et qu’il était illégal d’aborder, aucun doute là-dessus : les notes qu’elle avait prises au fil de ses recherches figuraient au dossier depuis plus d’un an, et se retrouvaient telles quelles dans le manuscrit.

J’en étais encore à tenter de me faire une opinion sur tous ces éléments quand la réception m’a transmis une requête : Alice Hazledine demandait à être reçue en privé.

Une femme sans histoires
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