20

 

Alice alla chercher Lizzie à la gare de Ramsford. Elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre et s’embrassèrent de bon cœur. Puis elles enfermèrent le petit sac de voyage de Lizzie dans le coffre arrière de la voiture, et partirent faire le tour du village à pied.

Alice avait envie de lui faire valoir Ramsford, comme pour délimiter à ses yeux son nouveau territoire sentimental. Presque tous ses amis ignoraient comment elle vivait, et les joies simples de la vie villageoise étaient désormais une part d’elle-même qu’elle tenait absolument à partager avec autrui. Mais Ramsford n’avait rien d’un haut lieu touristique. Les attraits du village ne sautaient pas aux yeux et il manquait de pittoresque. Les échoppes et maisons qui encerclaient la place du Marché avaient toutes des toits de chaume, mais toutes ne dataient pas du siècle dernier : le village n’avait pas ce côté « carte postale » qu’on se serait attendu à y trouver. Il y avait bien une statue du roi Alfred sur la place du Marché, mais elle n’était ni grande ni très bien exécutée ; par ailleurs, il n’existait aucun lien historique particulier entre Alfred et le village, ce qui entourait sa représentation d’un certain mystère. Néanmoins, il émanait de sa présence une espèce de charme excentrique.

Lizzie réagissait consciencieusement à tout ce que lui faisait remarquer Alice, mais cette dernière sentait que son amie faisait davantage preuve de politesse que d’enthousiasme. Elle ne cessait de parler de ce qu’elle avait fait à Londres et des gens qu’elle y avait rencontrés. Au bout d’un petit moment, Alice commença à se dire qu’elle avait peut-être fait une erreur. Lizzie avait sans doute envie de se reposer après son voyage en train. Elle aurait dû la ramener directement chez elle et lui proposer cette balade plus tard. Elle écourta volontairement l’itinéraire prévu en supprimant la jolie promenade au bord de l’Avon, et rebroussa chemin en direction de la voiture.

C’était tout de même bon de revoir Lizzie, d’entendre son rire si familier. Elle avait pris du poids depuis leur dernière rencontre ; ses cheveux étaient plus courts et plus bouclés. Elle faisait Américaine, sans qu’Alice puisse dire en quoi ; peut-être étaient-ce ses vêtements, ou bien sa voix. Ses intonations américaines étaient encore plus sensibles qu’au téléphone, ce qui ajoutait encore à la sensation de dépaysement : après tout, elles avaient grandi ensemble.

« Le village est ravissant, Alice, dit Lizzie comme toutes deux prenaient place dans la voiture. Je parie que tu l’adores.

— C’est là que je vis, voilà tout. Oui, j’aime l’endroit où je vis.

— L’Angleterre me manque.

— Pourquoi ne pas revenir vivre ici ? »

Pour toute réponse, Lizzie se mit à rire.

Elles sortirent du village et prirent la route en pente douce qui menait du val de Ramsford aux Downs. Elles rattrapèrent bientôt un tracteur, dont les roues arrière expédiaient haut dans les airs de petites mottes de boue. Alice ralentit, resta quelques instants derrière lui, le temps que la visibilité se dégage, puis le doubla. On était samedi, il y avait donc plus de circulation.

Elles arrivèrent à proximité de la maison d’Eleanor. Alice voulut la montrer à Lizzie dans l’intention de lui parler ensuite de son nouveau livre, mais au moment où la maison entrait dans leur champ de vision, son amie déclara : « J’ai vu Bill, à Londres. »

Prise de court, Alice tourna la tête vers elle, et dut ensuite donner un coup de volant pour redresser.

« Tu ne m’en veux pas ? D’avoir vu Bill, je veux dire.

— Non, je suis simplement surprise. Je ne savais pas que tu le connaissais.

— J’étais à ton mariage, Alice.

— Je sais bien, mais… »

Mais Lizzie y était venue en tant qu’amie personnelle d’Alice. Elle était revenue des États-Unis tout exprès.

« Comme je cherchais à te joindre, j’ai appelé à ton ancien numéro. J’ignorais que Bill et toi étiez séparés. Je te l’ai dit au téléphone, d’ailleurs.

— Mais tu ne m’as pas dit que tu l’avais vu.

— Je ne pensais pas que cela avait de l’importance. Il a été très gentil.

— Je veux bien le croire », rétorqua Alice.

Pendant qu’elles parlaient, Alice ralentit puis amorça un délicat virage à droite pour s’engager dans le chemin menant à son cottage. Elle avait conduit machinalement, mais sans doute avait-elle fait tout ce qu’il fallait car tout à coup la maison était là, devant elles, avec Jimmy bien en évidence sur la pelouse. L’animal fila en voyant la voiture et disparut à l’angle de la maison.

Alice arrêta la voiture dans sa petite allée et coupa le moteur. Lizzie avait l’air soucieuse et sur la défensive.

« J’ai fait quelque chose de mal ?

— Mais non, simplement, je ne savais pas que tu étais allée le voir.

— C’est lui qui m’a répondu au téléphone, et il m’a proposé de passer le voir. Il m’a tout de suite dit ce qu’il en était. Moi, je croyais qu’il faisait ça par politesse. Je n’y ai rien vu de mal.

— Ça n’a pas d’importance, répondit Alice.

— Je vois bien que si.

— Il t’a parlé de nous ? Des raisons pour lesquelles nous nous sommes séparés ?

— Un peu. Je lui ai posé la question, puisque tu m’en avais déjà dit un mot. Je ne suis pas restée longtemps. Il était sur le point de sortir…

— Tu es allée le voir après m’avoir appelée ?

— Je viens de te le dire. » Lizzie ramassa son sac et se mit à fouiller tout au fond. « Il y avait du courrier pour toi. Bill disait qu’il voulait te le réexpédier. » Elle exhiba un petit paquet d’enveloppes comme s’il s’agissait d’une sorte de pièce à conviction. « Certaines de ces lettres sont là depuis quelque temps déjà, mais il a pensé qu’il n’y avait rien d’important. »

Alice les lui prit des mains et les tint sans les regarder.

« Lizzie, dit-elle simplement, je ne voulais pas que tu voies Bill. Tu ne comprends donc pas ?

— Si. Écoute, il ne m’a rien dit d’indiscret. Il savait à peine qui j’étais. Je ne suis restée qu’une heure, peut-être deux.

— Mais alors, pourquoi… ? »

Deux heures pour prendre le courrier ? Alice baissa les yeux sur les lettres et les passa rapidement en revue. Ainsi que l’avait prédit Bill, il n’y avait là rien d’important. Elle reconnut trois lettres à leurs marques distinctives : un agent immobilier de Salisbury avait un ordinateur qui continuait à lui adresser des descriptifs de maisons. Une enveloppe commerciale aux couleurs vives provenant d’un club de lecture lui annonçait qu’elle était sur le point de gagner cent mille livres sterling, une carte-lettre de son ancien dentiste lui rappelait de reprendre rendez-vous.

« Je te demande pardon, Alice. Je crois que j’ai mis les pieds dans le plat.

— Mais non, mais non. C’est la faute de Bill. » Elle s’efforça d’adopter un ton léger. « Il voulait simplement faire ta connaissance, au cas où tu serais libre.

— Tu te trompes du tout au tout.

— Je suis presque certaine que non, même si tu ne t’es rendu compte de rien. Bill est toujours avide de nouvelles rencontres féminines.

— Et c’est pour ça que tu es fâchée ? Parce que tu crois que j’ai couché avec Bill ?

— Non, et puis, je ne suis pas fâchée. » Elle essaya de croiser le regard de Lizzie, mais celle-ci s’était détournée et regardait en direction de la haie. Alice se sentit accablée, impuissante. Dès le début, tout allait de travers. « Lizzie, tu fais partie des gens qui n’étaient pas là au moment de la rupture. Toutes mes autres amies ont été, disons prises entre deux feux.

— Tu veux dire que je suis la seule qu’il n’ait pas baisée, c’est ça ?

— Mais non, bien sûr que non… »

Mais c’était exactement ça. Elle ne se l’était encore jamais clairement avoué, mais Lizzie venait de le formuler à sa place. Lorsqu’elle avait découvert que Bill avait couché avec deux de ses meilleures amies, non seulement la sensation d’avoir été trahie, humiliée, était devenue insupportable, mais en plus, elle avait englobé tous les membres de son entourage. À compter de ce jour, elle n’avait plus pu faire confiance à personne. Mais avec Lizzie, pas de risque ; elle avait été exclue de tout cela.

Malheureuse comme les pierres, Alice continuait de fixer les lettres gisant sur ses genoux, ces lettres dont elle ne voulait pas. Combien lui restait-il de temps avant que le passé ne la rattrape ? Ne la rattrape pour toujours ? Tout à coup, c’était comme si elle vivait ici en vertu d’une tolérance, comme si elle menait une illusion de vie nouvelle mais que, en réalité, le moindre de ses actes subissait l’emprise et le jugement du passé.

« Je te demande pardon, Lizzie. Je ne savais plus ce que je disais. Si on entrait ? J’aimerais bien te montrer la maison.

— Bill s’est comporté comme un vrai salaud avec toi, hein ?

— Il y avait probablement de notre faute à tous les deux.

— Non, je ne crois pas. Écoute-moi, Alice. Je n’ai jamais beaucoup aimé Bill. Tu le sais ? Il ne m’a pas plu quand je l’ai rencontré avant votre mariage, et pas davantage pendant que vous étiez mariés ; ses amis ne me plaisaient pas non plus, et je n’aimais pas beaucoup ce que tu me disais de lui dans tes lettres, et je suis ravie que vous vous soyez séparés. D’accord ?

— D’accord. Je ne savais pas. Excuse-moi.

— Ce n’est pas grave. »

Lizzie ouvrit la portière et descendit de voiture. Alice ramassa les lettres, attrapa son sac posé sur le siège arrière et l’imita.

Jimmy entra sur leurs talons. Lizzie s’extasia sur lui et, après avoir longuement flairé ses mains, l’animal réagit affectueusement. Alice remplit la bouilloire dans l’intention de faire du thé, puis conduisit Lizzie jusqu’à la chambre d’amis qu’elle lui avait hâtivement préparée à l’étage.

Lizzie posa son sac et entra dans la salle de bains.

Un long silence inexpliqué suivit le bruit de la chasse d’eau. Alice fit semblant de ne rien remarquer et continua d’aller et venir bruyamment au rez-de-chaussée en remuant les tasses, les sous-tasses, le pot à lait. Quand le thé fut prêt, elle s’assit à la table de la cuisine et écouta le silence de Lizzie.

Enfin elle entendit s’ouvrir la porte de la salle de bains et l’escalier craquer sous les pas de son amie. Elle tenait à la main une grande enveloppe.

« J’ai apporté des photos !

— Ah, bravo ! J’y comptais bien. »

Lizzie attira auprès d’Alice la chaise qui se trouvait de l’autre côté de la table. Elles poussèrent la théière pour faire un peu de place et Lizzie sortit de l’enveloppe un gros paquet d’instantanés en couleurs. Alice mit ses lunettes.

« Ça va, Alice ?

— Ça va. Mais j’ai un peu honte de tout ça.

— Moi aussi. C’était grossier de ma part d’aller voir Bill. J’aurais dû comprendre.

— On oublie tout ? »

Une heure agréable s’écoula, qu’elles passèrent à boire le thé en regardant les photos des enfants de Lizzie, de son mari Rolf, de leur maison, de leurs deux voitures. Jimmy était venu se lover sur les genoux d’Alice, où il pesait lourdement en ronronnant tandis qu’elle le grattait dans le cou et au-dessus des oreilles. Lizzie parla sans discontinuer, mais Alice l’écoutait avec plaisir ; elle était fascinée par ce que les clichés lui laissaient entrevoir de la vie en Amérique. Rolf était grand, avec des cheveux touffus ; le plus souvent, il avait un sourire affable pour l’appareil photo. Il n’avait pas l’air d’avoir tellement changé depuis l’époque où Lizzie et Alice avaient fait sa connaissance, à l’université. Les deux enfants, saisis à différents moments de leur croissance, paraissaient pleins de santé et d’énergie. La maison était blanche, toute de plain-pied, vaste selon les critères britanniques. Il y avait des arbres partout, des gens souriants, des collines en fond, de grosses voitures, de grandes tables chargées de nourriture. Alice ne put s’empêcher de faire le parallèle avec la vie qu’elle menait, mais cela la rapprocha de Lizzie ; elle était heureuse pour son amie, et regrettait de ne pas avoir, elle aussi, de photos à lui montrer.

Quand elles eurent examiné tous les clichés, Alice lui fit visiter la maison en essayant de mettre en valeur son minuscule domaine. Les livres et les dossiers pris chez Eleanor formaient d’énormes piles inamovibles sur le plancher de son bureau. Elles durent les contourner (« Je te parlerai de ça tout à l’heure », déclara Alice) ; mais à part cela, le cottage n’avait jamais été aussi propre et bien rangé.

Elles réintégrèrent la cuisine et Alice sortit la quiche qu’elle avait faite la veille. Pendant le repas, Lizzie lui parla encore de sa vie dans la grande banlieue de Pittsburgh, des différences qu’elle avait remarquées quand elle s’était mise en ménage avec Rolf, puis de ce qui avait changé quand elle s’était retrouvée enceinte de son premier enfant. Elle avait laissé tomber son travail à ce moment-là, mais comptait s’y remettre quand les deux gosses seraient à l’école.

Une fois la vaisselle faite, elles burent le café. Lizzie demanda : « On n’est pas très loin de Stonehenge, je crois ?

— Non, quelques kilomètres seulement. Tu veux y aller ?

— Tu vas trouver ça bizarre, mais je n’y ai pas mis une seule fois les pieds quand j’habitais la région. Et si je ne ramène pas de photos, Rolf ne me le pardonnera jamais. Ça t’embête ?

— Pas du tout. C’est un endroit que j’adore. Mais c’est toujours plein d’Américains… je veux dire, de touristes. » Lizzie la regardait en souriant. « Tu ne préférerais pas Avebury ?

— Non, je tiens à Stonehenge. Ça ne devrait pas être surpeuplé à cette période de l’année.

— Il y a toujours du monde. »

Alice retrouva son atlas routier et montra à Lizzie où se trouvait Stonehenge par rapport à chez elle. Elle repéra également Avebury, autre site ancien situé à peu près à la même distance, à son avis beaucoup plus intéressant. Mais c’était à Stonehenge que Lizzie voulait aller, aussi n’insista-t-elle pas.

Elles se mirent immédiatement en route, car déjà les jours raccourcissaient. Alice prit la route tout en virages qui menait à Amesbury en passant par les anciens camps et terrains militaires désaffectés. Les nuages étaient gris et bas, poussés par un fort vent de sud-ouest. Une petite pluie fine se superposait au paysage, brouillant les pentes douces de la plaine de Salisbury qui s’étendaient de part et d’autre.

Elles débouchèrent sur la grand-route. Un peu avant Amesbury, elles atteignirent le sommet d’une colline et Stonehenge s’offrit à leurs regards. Lizzie sourit.

« On m’avait bien dit que je trouverais ça plus petit que dans mon imagination. Mais pour ce qui est des touristes, c’est toi qui avais raison. »

À proximité des pierres levées, on voyait plusieurs personnes emmitouflées dans des anoraks ou des par-dessus. Alice se gara, puis elles passèrent devant le stand de souvenirs pour s’engager dans le passage souterrain menant aux mégalithes proprement dits. Alice put entrer gratuitement en sa qualité de membre de la Fondation nationale des musées britanniques, et paya donc la moitié du billet de Lizzie.

Elles restèrent une vingtaine de minutes sur le site, le temps que Lizzie prenne ses photos, mais il faisait un temps épouvantable sur cette plaine trop exposée ; la pluie leur fouettait le visage, le vent plaquait leurs vêtements contre leur corps. Au bout de quelques minutes, Alice avait déjà mal à une oreille à cause du vent.

Elle suivit courageusement Lizzie dans ses efforts pour prendre les mégalithes en photo, mais une corde maintenait les visiteurs à une distance de quelque trente mètres. Un flot de touristes arrivait et repartait sans relâche, têtes tournées pour se protéger du vent. Deux Japonais inventifs marchaient en réglant leur pas l’un sur l’autre sous une grande feuille de plastique qui leur servait de coupe-vent. Alice entendit un couple d’âge moyen échanger des propos en allemand, et une petite fille la dépassa à toutes jambes en criant quelque chose en italien. Alice chercha à repérer d’éventuels accents américains afin de justifier l’allusion qui lui avait échappé un peu plus tôt, mais les seuls Américains présents étaient manifestement une demi-douzaine de militaires U.S.

Visiblement déçue qu’on ne puisse pas approcher des mégalithes et après avoir lentement fait le tour du site, Lizzie déclara qu’elle en avait assez vu.

« Comment s’appelle l’autre endroit, déjà ? s’enquit-elle tandis qu’elles repartaient précipitamment vers la voiture.

— Avebury. Tu as bien dû en entendre parler.

— Je ne crois pas, non. Je ne faisais jamais ce genre de chose quand j’habitais la région.

— C’est un village entouré d’un cercle de mégalithes. Tu veux aller voir ?

— Est-ce qu’on peut s’approcher des pierres ?

— C’est pour ça que je t’en parle », répondit Alice.

Les vitres s’embuèrent aussitôt les portières refermées. Alice ôta sa veste trempée de pluie et la jeta sur le siège arrière. Elle alluma le chauffage et, pendant les trois premiers kilomètres, conduisit d’une main : l’autre était en coupe autour de son oreille endolorie.

Une femme sans histoires
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