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Les contes délirants de ma mère ont duré pendant toutes mes années d’école. Je suis entré au collège en 1951 et, après mon certificat d’études, en 1954, j’ai continué au lycée, dont je suis sorti en 1959 à l’âge de seize ans.

L’école me changeait un peu de la vie que je menais à la maison mais ne me rendait pas plus heureux pour autant. Je n’étais pas particulièrement doué, presque tous les professeurs me déplaisaient, et je n’étais guère populaire parmi les élèves. J’étais souvent chahuté, on me traitait de fils à maman ou d’orphelin, on me malmenait parce que je n’étais pas comme les autres. Néanmoins, j’ai survécu. J’étais assez malin pour obtenir la moyenne dans la plupart des matières, mais je n’ai jamais essayé de faire mieux. Tout ce que je voulais, c’était ne pas attirer l’attention sur moi. C’est aussi de cette façon-là que je me suis tiré des côtés plus « physiques » de l’école : je me débrouillais suffisamment aux divers jeux pour y jouer avec les autres, mais pas au point de gagner ou d’être sélectionné.

L’aspect extérieur de mon école occupait dans ma vie une place de tous les instants. Elle m’intimidait. Elle avait été édifiée au XIXe siècle par quelques philanthropes, industriels et hommes d’Église, dont l’influence se faisait sentir dans son architecture. Haute, étroite et sombre comme les anciens entrepôts et usines du centre de Manchester, elle avait des murs de brique noirs de suie, des toits d’ardoise en pente raide, de lourds pignons et, sous l’influence de l’Église, trois flèches : une petite à chaque extrémité du long bâtiment et une plus grande au milieu. L’entrée principale comportait un escalier de pierre imposant menant à une immense porte de chêne sculpté incrustée de vitraux. Elle ne servait que dans les grandes occasions, mais nous défilions tous les jours devant elle, sans jamais oublier que, juste derrière, se trouvait le bureau du proviseur, lieu que nous redoutions entre tous.

À l’origine, cette institution sévère et déprimante avait été bâtie en pleine campagne : mais depuis, les faubourgs s’étaient étendus tout autour, et elle se dressait à présent comme une anomalie au milieu de cités ouvrières. Comme elle avait été dotée d’un vaste terrain, une fois dans l’enceinte de l’école on ne voyait presque pas l’extérieur ; il y régnait une atmosphère pesante dont on devenait alors partie intégrante, et l’on y respirait les époques révolues et les années enfuies. On y était très respectueux de la tradition et on y appliquait les anciens principes d’éducation et de discipline.

On avait adjoint des bâtiments plus récents au corps principal, mais en s’inspirant de l’architecture d’origine : où qu’on se trouve, on éprouvait la sensation oppressante qui règne dans les institutions de ce genre. On faisait généralement la classe dans ces bâtiments de taille plus modeste, ou dans des préfabriqués rajoutés pendant la Seconde Guerre mondiale. L’édifice central servait aux rassemblements et à la prière, et abritait notamment les bureaux des professeurs, l’infirmerie et le gymnase, sans compter les dortoirs des internes. Ces derniers, connus sous le nom de « pensionnaires », provenaient presque tous des taudis de Manchester ; c’étaient d’authentiques orphelins pris en charge par l’école sous l’égide de son œuvre charitable. Durant mes années d’école j’ai côtoyé un grand nombre de ces enfants dont beaucoup avaient perdu leurs parents pendant le blitz.

Tout le monde gardait en mémoire les événements de la guerre. Comme tous les enfants de ma classe d’âge et des classes avoisinantes, j’étais né en plein conflit. J’ai grandi alors que le pays en subissait le contrecoup. On trouvait si souvent des éclats d’obus dans l’enceinte de l’école que plus personne n’y faisait attention. Au cours de ma scolarité, il m’est arrivé plusieurs fois d’être évacué le temps qu’on désamorce une bombe intacte trouvée dans un jardin voisin. À quelques kilomètres de là se perpétuait une sorte de guerre : il y avait une base aérienne américaine dans les environs, et nous étions tous habitués au spectacle de ses bombardiers et de ses lourds avions-cargos volant à basse altitude en rasant les maisons. Hors de l’école, le rationnement de la nourriture, des vêtements et du fuel domestique fut maintenu quasiment jusqu’à la fin des années cinquante ; tous les hivers, on nous imposait des coupures d’électricité. On vivait dans une ambiance d’austérité ; les esprits étaient fermés, les horizons bouchés. Tout n’était que morosité et restrictions.

Notre vie culturelle, si j’ose m’exprimer ainsi, tournait elle aussi autour de la guerre. Les films de guerre étaient populaires, les livres et les bandes dessinées décrivaient fréquemment des hauts faits militaires. Plusieurs de nos professeurs avaient servi sous les drapeaux, et replaçaient dans ce contexte une grande part de leur enseignement. Hideuse balafre surgie du passé, la guerre a terni toute mon enfance.

Il existait entre la guerre et l’école un lien officiel qui ajoutait encore à cette constante préoccupation.

Pendant la guerre, beaucoup d’enfants avaient été évacués de Manchester et de ses faubourgs ; mais l’école était restée ouverte. Certains bâtiments se trouvèrent alors désaffectés, et un détachement des Gardes volontaires s’y installa. Les hommes n’en partirent que trois ans après la fin de la guerre.

Aujourd’hui, les gens ne savent plus ce qu’étaient les G.V., mais à l’époque, l’école était fière de son lien avec eux. Les murs des couloirs étaient couverts de photographies représentant des Volontaires à l’entraînement ou en patrouille, c’étaient eux qui avaient construit les préfabriqués (qu’ils avaient plus tard transformés en salles de classe), et les invités qui venaient une fois par an faire un discours à l’école et recevoir ses honneurs étaient souvent des officiers supérieurs des G.V.

Naturellement, il y avait à l’école une section cadets des Gardes volontaires, dont je faisais partie comme tous les autres garçons. J’y ai appris à défiler, à faire l’exercice, à démonter et remonter un fusil, j’y ai acquis le sens de la camaraderie ainsi que le respect de moi-même. D’une manière générale, cela compensait la monotonie de mon existence. J’étais bien loin de me douter de l’influence que les G.V. auraient plus tard sur moi, mais je ne me sentais vraiment heureux à l’école qu’à l’occasion de nos réunions hebdomadaires.

À l’époque, il n’était pas rare de croiser dans la rue des membres attitrés des G.V. Je ne manquais jamais de saluer et de rester au garde-à-vous sur leur passage, mais comme tous les gosses, j’avais un peu peur d’eux : des histoires de torture circulaient dans la cour de récréation. Chez moi, l’uniforme élégant, le fusil, l’expression neutre et disciplinée provoquaient le respect et l’admiration, et non une véritable crainte.

L’école est toujours là ; sa flèche noire se dresse au-dessus des maisons environnantes. Je la vois souvent quand je passe par là en voiture, mais pour moi cet anachronisme victorien planté au beau milieu d’une banlieue prospère fait à présent partie du décor, sans plus. Par ailleurs, le coin a beaucoup changé. On a construit bien d’autres cités ouvrières ou zones résidentielles, les routes sont plus larges et mieux éclairées, il y a des usines d’électronique, des centres commerciaux et des complexes de loisirs. L’ancienne base de l’U.S. Air Force est devenue un aéroport international. Une autoroute traverse ce qui était jadis un champ, à une courte distance de la maison où nous habitions.

Quand ma mère et moi vivions là, tout était plus miteux, plus terne ; usé et épuisé par la guerre. Tout y respirait la désillusion, le manque de nourriture. Les G.V. géraient les transports en commun, étaient de service aux voitures de pompiers, s’assuraient du bon déroulement des élections, contrôlaient les files d’attente devant les magasins d’alimentation. Et puis le cadre de vie était morne : les maisons négligées pendant six ans tombaient en ruine, les routes n’étaient jamais refaites, rien ne fonctionnait correctement, on ne pouvait rien réparer, rien remplacer. De nombreux murs de brique portaient encore l’inscription « E.W.S.[6] » en grandes lettres jaunes, accompagnées d’une flèche pointant vers le plus proche point d’eau. Le bord des trottoirs était peint en blanc : c’était un repère pour les voitures qui roulaient sur les routes non éclairées, pendant la guerre. Au bout de notre rue se trouvait l’entrée barrée de planches d’un abri antiaérien. Chaque avenue de banlieue avait sa zone soufflée par les bombes, ses maisons et boutiques en ruine, ses murs et escaliers restés debout au milieu des décombres. Il n’y avait pratiquement aucune distraction pour les gens de mon âge : la radio ne diffusait que des discours pour adultes, les journaux ne publiaient pas de photos, la télévision n’existait pas, rares étaient les gens qui pouvaient s’offrir une voiture, les vacances signifiaient simplement qu’on n’allait pas à l’école.

Et moi j’étais au centre de tout cela, de mon point de vue du moins, entouré de toutes parts par ce monde de tristesse, pris au piège du salon défraîchi de ma mère, coupé des enfants de mon âge qui auraient pu devenir mes amis, solitaire, impuissant à lui résister, prêtant l’oreille à ses histoires démentes qui se dévidaient implacablement en essayant de me raccrocher à ma propre santé mentale.

Il n’existait pour moi qu’un seul refuge : mon univers intérieur.

Un jour, tandis que la voix de ma mère bourdonnait vaguement à mon oreille, je me suis rendu compte que je pouvais rêver éveillé. J’ai su tout à coup que je pouvais me plonger dans le rêve conscient ; je n’avais jamais rien fait d’autre.

Rétrospectivement, cela peut s’expliquer ; mais sur le moment, je n’ai pas compris. C’était une libération, une échappatoire, une quête de l’intimité essentielle.

Je n’avais d’intimité que dans le sommeil. Les rêves étaient mon sanctuaire, mais les rêves endormis étaient trop peu fiables. J’avais un besoin constant de cette étrangeté qu’on ne trouve que dans les rêves, de ces liens qui s’établissent inopinément, ces images irréelles, cette sensation de sécurité uniforme, mais je voulais également le pouvoir d’y entrer et d’en ressortir à ma guise, de maintenir intact le monde du rêve dans ma tête, d’en faire un contrepoint au monde réel. Si je voulais tout cela, c’est parce que je savais que c’était à ma portée ; et si je le savais, c’était parce que je l’avais toujours fait. À un moment donné de mon enfance, sans me rendre véritablement compte de ce que je faisais, j’ai découvert que les images-rêves ne provenaient pas du dehors, mais de l’intérieur de l’esprit.

Toute ma vie j’avais emmené partout avec moi une pseudo-réalité instinctive, aussi réelle à mes yeux que le monde extérieur, et à partir du moment où je me suis rendu compte de ce que j’avais fait jusque-là, je n’ai pas eu grand mal à m’en rendre maître.

Je savais faire la différence entre les deux mondes. L’un était ma propre création. L’autre, celui que je devais partager avec les gens.

Comment cela se passait-il, et que faisais-je pour cela ? Je n’employais pas de méthode consciente, même si j’ai lu plus tard dans des ouvrages consacrés aux pouvoirs de l’esprit que ce genre de phénomène n’était pas inconnu. Quand j’ai appris l’existence de l’autohypnose, des images hypnagogiques que certains invoquent juste avant le sommeil, j’ai constaté que mes expériences étaient de même nature.

Mon monde onirique a d’abord été infantile ; en ce temps-là, il s’agissait seulement d’évasion. Tout a commencé par des rêveries sur un lieu indéterminé, une version idéalisée, améliorée de la banlieue déprimante où nous vivions et de la campagne environnante. Plus je pensais à cet endroit, mieux je me le représentais mentalement ; et plus l’image était précise, plus il m’était facile d’y « aller ». Grâce à mes visites passées, tout était presque entièrement constitué dans mon imagination : aussi pouvais-je, quand je le désirais, invoquer ce rêve dans n’importe quel moment d’inaction, ou presque : en classe, en faisant semblant d’écouter une émission de radio, en parcourant sans les lire les pages d’un livre, et ainsi de suite. Mais il n’était pas nécessaire que je sois inactif. Je pouvais rêver tout éveillé en allant à l’école, en suivant de mauvaise grâce ma mère dans les magasins, ou en jouant avec d’autres enfants. Et même en écoutant ma mère.

Surtout en écoutant ma mère. Le monde du rêve devint ma seule véritable défense contre elle. Je laissais ses paroles dériver autour de moi sans m’atteindre et tournoyer sans prendre aucun sens pendant que moi, je suivais en pensée mon propre itinéraire.

Quand je pénétrais en ce lieu de rêve, j’étais enfin libre de faire ce que bon me semblait. Personne ne venait m’y déranger, et surtout pas ma mère. C’était donc un lieu de bonheur sans objet propre, un simple refuge loin de la réalité, un lieu dont personne ne connaissait l’existence et où nul ne pouvait pénétrer. Personne ne savait que je m’y rendais, et je n’en ai jamais parlé à quiconque.

Quand je me trouvais dans mon univers forgé de toutes pièces, seuls comptaient l’aspect extérieur des choses que j’y vivais et les sensations que j’en retirais. Mais c’était il y a plus de trente ans, et ce qui m’intéresse davantage maintenant, c’est de savoir si oui ou non cette expérience était « réelle ».

Cela n’a pas duré jusqu’à l’âge adulte. Lorsque j’ai eu seize ans et que je me suis pour la première fois échappé de l’influence de ma mère, le monde du rêve a été remplacé par les découvertes excitantes que cela a entraîné. Presque d’un coup, je n’ai plus pu rentrer dans mon monde-fantasme.

J’en garde encore un souvenir très net. Les images qui me restent de ces rêves éveillés sont aussi présentes à mon esprit que mes souvenirs de la vie réelle même si le monde du rêve n’avait rien de remarquable.

Au début, c’était une vision refondue de mon environnement. Tout m’y était familier : il y avait des endroits, des rues que je voyais tous les jours, des maisons où j’avais pénétré, des coins de campagne que je connaissais bien. Dans ma version, toutefois, tout était net, intact, débarrassé des effets secondaires calamiteux de la guerre.

Parfois je me représentais le bord de mer, où j’étais allé dans ma petite enfance. Ou bien je partais pour de grandes villes paisibles, splendides. J’apprenais à me déplacer, à marcher, courir ou monter à bicyclette. Je longeais des allées désertes, je dépassais des demeures désertes, je traversais des champs de graminées solitaires, ou j’arpentais des plages sans vie au long desquelles poussaient des arbres austères.

Parfois, je nageais dans des mers silencieuses.

J’ai appris tout seul à voler. Je savais m’enfouir dans le sol, me déplacer latéralement sur les murs, devenir très grand, m’aplatir comme une feuille de papier par terre.

Je me cachais.

Puis, me cacher ne m’a plus suffi. J’ai voulu faire quelque chose de cet endroit que j’avais découvert, en apprendre davantage sur lui. Je me suis mis à l’explorer ; je ne me contentais plus de voir, je voulais voir derrière.

J’ai choisi d’examiner une maison en particulier ; je suis entré. Il y avait là des gens, mais ils ne m’ont pas remarqué. Je les ai observés quelques instants, mais je les ai vite trouvés sans intérêt. Ils étaient statiques, muets, irréels ; leur corps s’était immobilisé dans une attitude banale. J’éprouvais à leur égard des sentiments ambigus : je leur en voulais d’être présents dans mon petit monde, et pourtant je ressentais de la curiosité envers eux. Pourquoi restaient-ils sans rien faire, sans rien dire ? Que faisaient-ils juste avant mon arrivée, que feraient-ils une fois que je serais reparti ? Pourquoi pouvais-je me tenir en face d’eux sans qu’ils s’aperçoivent de ma présence ?

Au cours de mes visites suivantes, j’ai évité les maisons ; j’avais créé ces gens, mais le résultat me décevait. Il m’a fallu accéder un certain nombre de fois au monde du rêve pour comprendre que c’était moi-même qui détenais la solution.

Après cela, lorsque j’ai revu ces gens, ils n’étaient plus confinés dans leurs maisons ; ils paraissaient avoir une vie propre. Comme ils me faisaient peur, j’ai préféré me rendre en bord de mer.

Là, je suis monté sur la grande roue avec mon père, je me suis blotti contre lui pendant qu’il prenait photo sur photo et que la nacelle se balançait délicieusement dans la brise. Nous avons tourné, tourné, de plus en plus vite, fusant dans le ciel pour plonger à nouveau vers le sol. Frank attendait tout seul en bas.

Lors d’un autre accès, comme je me sentais plus brave après avoir côtoyé mon père, je suis retourné rendre visite à d’autres gens. Ils ne pouvaient toujours pas me voir, alors je les ai suivis, j’ai écouté ce qu’ils disaient et observé leurs agissements. J’ai entendu leurs noms. L’un d’entre eux s’appelait Hugh. Une des femmes répondait au nom de Pénélope. Il y avait aussi un chien, un bâtard baptisé Alex qui savait faire quelques tours.

Mais je les connaissais déjà !

Les histoires de ma mère prenaient vie dans mon propre monde-rêve !

Lors d’un séjour ultérieur, je me suis retrouvé à bord d’un bateau à voiles. Soudain, les pirates ont attaqué. Une autre fois, j’ai vu des disques argentés planer dans le ciel ; quand ils ont atterri sur la lande désolée, j’ai vu des hommes étranges portant des combinaisons tissées de fibres dorées. Une autre fois encore, je me suis vu dans une boutique qui ne vendait que de la porcelaine. Dans un autre séjour, le chien me suivait partout où j’allais.

Les phrases de ma mère ronronnant en arrière-fond, sa vie imprégnant la mienne, ses histoires prenant corps dans ma tête… Jamais je ne lui échapperais.

Une femme sans histoires
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