CHAPITRE XXII
La navette de Kirtan Loor sortit de l’hyperespace une seconde avant que les torpilles à protons percutent le Ravageur. À près de dix kilomètres au-dessus du vaisseau, Kirtan ne vit pas grand-chose sinon un cône de rayons laser filant dans l’espace, puis une explosion monstrueuse. L’illumination diminua progressivement tandis que des capsules d’éjection jaillissaient du vaisseau.
— Que s’est-il passé ?
Le pilote de la navette secoua la tête.
— Je l’ignore, mais il y a un forceur de blocus corellien et des chasseurs de l’Alliance dans le coin. Je nous conduis tout droit à l’Expéditif !
— Interceptez autant de communications que possible, lieutenant. Et lancez une sonde de surveillance vers le forceur de blocus et vers les chasseurs.
— Sonde lancée. Pouvons-nous partir ?
— Les chasseurs sont-ils une menace pour nous ?
— Probablement pas. Ils sont trop loin. Mais je n’aime pas courir ce genre de risques.
— Parfait. Lancez les manœuvres d’accostage, mais continuez d’enregistrer les données de cette sonde.
Kirtan savait que la sonde ne lui fournirait pas un grand nombre d’informations. Elle était prévue pour recueillir des données atmosphériques. Ses capacités d’interception radio étaient limitées, comme la portée de ses senseurs visuels.
Mais Kirtan était sûr d’une chose : les chasseurs, ou certains d’entre eux, appartenaient à l’Escadron Rogue.
— Lieutenant, un signal en provenance de Grande Ile ?
— Des balises automatiques et des balises d’épaves de Tie, c’est tout.
Parfait ! Devlia a eu ce qu’il méritait.
Avant de déduire l’emplacement de sa base, Kirtan avait prévu que la Rébellion se vengerait du raid. Voilà pourquoi il avait demandé une sonde mécanique suivie par un assaut à grande échelle. Si on avait suivi son conseil, cela aurait sauvé le Ravageur et Grande Ile.
S’il m’avait écouté, l’amiral Devlia serait un héros au lieu d’être un imbécile mort.
Kirtan, ferma les yeux et fit appel à sa mémoire exceptionnelle pour réviser mentalement la position et la force des troupes de l’Empire autour de Coruscant.
Le secteur de Rachuk était le point faible du périmètre. L’endroit idéal pour une attaque des Rebelles serait une zone de l’espace où existaient des anomalies, des trous noirs ou des gaz ionisés, rendant les déplacements plus difficiles. Il faudrait aussi un lieu assez éloigné des mondes les plus peuplés de la galaxie, histoire de réduire le soutien logistique de l’Empire. Mais pas distant au point que les forces de l’Alliance aient des difficultés à l’approvisionner…
Sa mémoire encyclopédique lui fournit le nom d’une douzaine de secteurs convenant à sa définition. Mais il s’abstint d’en choisir un.
Supposer qu’une hypothèse de travail est exacte est le genre d’erreur qui a provoqué la mort de Gil Bastra. Je ne peux pas me permettre ce type de faute.
La navette se posa sur le croiseur.
Kirtan déboucla son harnais.
— Lieutenant, téléchargez les données sur un datadisk de stockage, puis effacez les informations de la mémoire de votre ordinateur.
— Oui, monsieur.
Kirtan quitta le cockpit et entra dans le vaisseau par la rampe d’accès. Le capitaine Rojhan l’attendait.
— Bienvenue, agent Loor. Votre minutage est précis. Nous ne sommes pas là depuis longtemps.
— Je ne sais pas ce qu’en pense l’équipage du Ravageur, dit Loor.
Le capitaine hocha la tête.
— Peut-être en saurons-nous plus si nous sommes autorisés à récupérer les capsules d’éjection.
— « Autorisés ? »
— Si certaines se dirigent vers Vladet, la plupart volent vers l’espace extérieur. Leurs occupants supposent sans doute que les Rebelles vont s’emparer de la planète. Je serais d’accord pour les récupérer, mais j’ai des ordres stricts : me diriger vers le système de Pyria dès que vous serez à bord.
Pyria faisait partie des systèmes propices à une attaque rebelle. Le seul monde habité était Borleias. L’Empire y avait une base commandée par le général Evir Derricote.
— Les ordres proviennent du directeur Isard ?
Rojhan acquiesça.
— Un document codé vous attend dans votre cabine.
— Sortez-nous d’ici. Si nous récupérons quelques capsules d’éjection pendant notre vol, je n’y vois pas d’inconvénient.
— Merci, monsieur.
— Inutile de me remercier, capitaine. Nous faisons partie de la même équipe.
J’échange un peu de temps contre sa loyauté. À l’époque de Corellia, je n’aurais pas su faire ça. Plus j’apprends, plus je deviens dangereux pour la Rébellion. Et plus je me rends utile à l’Empire, donc puissant.
Dans l’Empire, le pouvoir est tout.