CHAPITRE VIII

L'officier cubain se nommait Pérez. C'était un petit homme trapu, noir de poils et basané, dont la lèvre supérieure disparaissait sous une moustache hirsute et touffue. Très volubile, il accompagnait ses interminables tirades de gestes courts et nerveux de la main, qui donnaient l'impression qu'il était toujours en train d'expliquer, en. traçant des schémas dans l'air, le fonctionnement de quelque appareil fort compliqué !

Il avait accueilli Lou Montoya à son arrivée. Valour était déjà là. Les deux hommes l'avaient rejoint à Helguin, et le petit groupe avait aussitôt pris la route qui conduisait au petit aérodrome.

En cours de route, à bord du véhicule militaire qui cahotait sur la chaussée assez dégradée, Pérez leur avait fourni quelques explications. En fait, c'était tout ce que l'on savait.

Leur visite à l'aérodrome n'était motivée par rien de précis. Ils allaient se rendre compte de visu, sur place ; interroger le gardien ; essayer de lui tirer quelque chose.

Le terrain était davantage celui d'un aéroclub régional qu'un véritable aérodrome. Bien équipé, mais pratiquement désert en semaine.

Les appareils., mis à part quelques avions d'un type assez ancien qui appartenaient à l'aérodrome, étaient la propriété de quelques industriels et commerçants aisés des environs, qui venaient surtout les dimanches, sauf quand ils utilisaient, tantôt l'un tantôt l'autre, leurs appareils pour des déplacements d'affaires, généralement sur des trajets assez courts.

biréacteur de tourisme prévu pour le transport de six passagers en comptant parmi eux le pilote. Il appartenait au gérant d'une conserverie de Helguin. Un nommé Martin.

e — Nous avons déjà interrogé le gardien, avait expliqué Pérez. Il était seul à l'aérodrome. En semaine, vous savez... L'homme s'occupe aussi de l'entretien de routine des appareils et des bâtiments, les petites choses.

Pour les gros travaux, du personnel vient deux fois par semaine de Flelguin, et les réparations des appareils, ou les révisions, quoi que ce soit dès qu'il s'agit de quelque chose d'un peu • sérieux, sont faites par des mécaniciens spécialisés. Aucun d'eux n'est attaché au terrain.

Il y a trop peu de mouvements. Ils viennent quand c'est nécessaire... »

Devant la porte coulissante d'un vaste hangar de tôle onJulée, le gardien répétat maintenant les mêmes explications au petit groupe que formaient Montoya, Maurice Valour et l'officier.

Je me trouvais dans ce hangar, ici même. Je nettoyais l'appareil que vus voyez ici... Je n'ai rien ev-Itendu, rien vu... Le Golondrina de M. Martin est normalement rentré ici, avec deux autres avions plus petits..., ceux qui sont encore dehors...

— Ceux-ci demania Valour en se tournant vers les appareils proches.

— C'est cela ! Je les avais sortis tous les trois pour être plus à l'aise pour nettoyer celui-ci... Le hangar est grand, mais la place manque quand même ! Avec quatre appareils à l'intérieur, on ne peut pas se boupr làdedans sans risquer à tout moment d'accrocher une aile ou un empennage...

— Oui... Pouviez-vous voir les trois avions depuis l'intérieur du hangar ?

— L'un d'eux oui, les autres non. Vous voyez, l'appareil est au fond, et la paroi gauche du hangar me cachait donc la plus grande partie de la plate-forme où ils se trouvaient...

là..., ajouta-t-il avec un geste... De plus, j'étais occupé et, franchement, je ne me méfiais pas !

Je n'avais aucune raison particulière de surveiller ces appareils, comprenez-vous —Bien sûr..., fit Montoya.

On ne vous reproche rien, rassura Pérez.

—je sais... En définitive, je n'ai rien vu.

Mais j'aurais dû entendre ! L'appareil du seiior Martin était à l'extrême gauche. Je l'avais sorti le premier. Mais il était néanmoins à quelque cinquante ou soixante mètres, tout au plus, de l'endroit où je me tenais, et les réacteurs, ça fait tout de même du bruit, non 7... Je n'ai rien entendu...

Les trois hommes hochèrent la tête, indécis.

C'était inexplicable. Montoya questionna : —Quand vous êtes-vous aperçu de la disparition?

L'homme hésita un peu.

—Je ne sais pas quelle heure il pouvait être exactement... Je n'ai pas fait attention. A un moment, je suis sorti du hangar pour aller chercher un outil dans le petit atelier que vous voyez là-bas... Il fallait que je passe devant les trois appareils... Le Golondrina n'était plus là !

Au début, il avait cru à une distraction...

Il avait pensé qu'il avait cru sortir le Golondrina du fait que l'appareil se trouvait habituellement dans ce hangar, mais que l'avion avait dû être remisé dans l'un des deux autres locaux. Troublé malgré tout, il y était allé voir...

—Le propriétaire est-il au courant demanda Montoya.

Pas encore, répondit Pérez. Comme Je vous T'ai dit, cet homme a prévenu d'abord la gendarmerie de lielguin...

—Je me demandais si je ne devenais pas fou! coupa le gardien. Je n'y comprends rien d'ailleurs, toujours rien !

Là-bas, poursuivit Pérez, on était au courant des opérations de recherche que nous réalisons. L'incident a bien sûr paru curieux.

On nous a prévenus tout de suite, après avoir recommandé à M. Sanchez de n'en faire part à personne et de ne pas bouger d'ici jusqu'à notre arrivée.

Montoya acquiesça, se tourna de nouveau vers le gardien.

—Le Golondrina était-il en état de vol ?

—Oui, répondit Sanchez. Son propriétaire devait le prendre demain après-midi pour se rendre à La Havane. j'avais fait le plein dans la matinée...

Montoya soupira. Il regarda tour à tour Maurice Valour, Pérez, le gardien... Tous les visages reflétaient une perplexité identique à la sienne...

Les trois hommes reprirent place peu après dans le véhicule militaire que Pérez pilotait , "d'une main nerveuse, en continuant à gesticuler de l'autre. L'officier revenait sans cesse kik sur les mêmes faits et les mêmes détails. Son ' bavardage dérangeait un peu Montoya, sans apporter la moindre lumière à ce cas incompréhensible...

Ils allaient atteindre les premières maisons r" des faubourgs de Helguin quand un. motard surgit devant eux, freina violemment et fit signe à Pérez d'arrêter.

ml — On m'a envoyé à votre rencontre, dit-il sans descendre de sa moto, légèrement incliné vers la portière du véhicule. On a téléphoné au Iterrain, mais vous veniez de partir... Le Colon1drina-25 vient d'être retrouvé à Miami !

Valour et Montoya échangèrent un regard, sans avoir le courage de répondre, de poser ride nouvelles questions...

i C'était à en perdre la raison !

r A Miami... L'endroit de cette découverte était pourtant lourd de signification.

Accidenté? demanda finalement Montoya.

— Non, répondit l'homme. Posé sur un péta terrain au sud de la ville... On vous donnera tous les détails à Helguin...

pl' Ils redémarrèrent derrière le motard.

Le silence régnait à l'intérieur du véhicule.

SeChacun était abîmé dans ses propres pensées.

[ Des réflexions toutes assez identiques chez les trois hommes.

ile J'ai l'impression, murmura Montoya comme le véhicule parvenait au centre de la ville, qu'il est inutile de poursuivre ici les recherches.

Pérez le regarda, surpris d'abord. Puis il hocha la tête gravement.

— Vous avez sans doute raison, dit-il.

 

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