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Lau était propriétaire d'une maison spacieuse, avec à l'arrière une terrasse qui surplombait la promenade au bord de l'océan de plus de trois mètres et offrait une vue du Pacifique couvrant pratiquement toute la plage de Venice. Il invita Bosch et Chu à entrer et à s'asseoir dans sa salle de séjour. Chu s'assit, mais Bosch resta debout, le dos tourné au panorama de façon à garder toute sa concentration pendant l'interrogatoire. Ce qu'il éprouvait ne correspondait pas à ce à quoi il s'attendait. Lau donnait l'impression de prendre leur arrivée comme si c'était pure routine et quelque chose à quoi on pouvait normalement s'attendre. Ce n'était pas du tout ce que Bosch escomptait.

Lau portait un jean, des baskets et un tee-shirt à manches longues sur lequel était imprimée l'image d'un chevelu à lunettes de soleil, la légende déclarant : « Le mec s'incline1. » S'il avait dormi, c'était tout habillé.

Bosch lui montra un fauteuil carré en cuir noir équipé d'accoudoirs de trente centimètres de large.

- Asseyez-vous, monsieur Lau, dit-il. Nous allons essayer de ne pas vous prendre trop de temps.

Petit, Lau avait des allures de chat. Il s'assit et ramena les genoux sous le menton.

- C'est au sujet de la fusillade ? demanda-t-il.

 

 

1. Citation du film The Big Lebowski. (NdT.)

 

 

Bosch jeta un coup d'oeil à Chu, puis reporta son attention sur Lau.

- De quelle fusillade parlez-vous ?

- Celle qui a eu lieu là, dehors, sur la plage. Le vol à main armée.

- C'était quand ?

- Je ne sais pas. Il y a quelques semaines. Mais il faut croire que ce n'est pas pour ça que vous êtes ici si vous ne savez même pas quand ça s'est produit.

- Effectivement, monsieur Lau. Nous enquêtons bien sur une fusillade, mais pas celle-là. Acceptez-vous de nous parler ?

Lau haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Je n'ai pas connaissance d'autres fusillades, messieurs les agents.

- Inspecteurs.

- Inspecteurs ? De quelle fusillade parlez-vous ?

- Connaissez-vous un certain Bo-jing Chang ?

- Bo-jing Chang ? Non, je ne connais personne de ce nom. Il avait l'air sincèrement surpris. Bosch fit signe à Chu, qui sortit de sa mallette la photo d'identité judiciaire de Chang et la tendit à Lau. Pendant que celui-ci l'étudiait, Bosch gagna un autre endroit dans la pièce pour le regarder sous un angle différent. Il ne voulait pas rester immobile. Il voulait le désarçonner. Lau hocha la tête après avoir regardé la photo.

- Non, dit-il, connais pas. De quelle fusillade parlons-nous ici ?

- Permettez que nous posions les questions, lui renvoya Bosch. Nous passerons aux vôtres après. Votre voisine nous a dit que vous êtes scénariste.

- C'est exact.

- Un film que je pourrais connaître ?

- Nan.

- Comment le savez-vous ?

- Je le sais parce que jusqu'à maintenant, je n'ai jamais écrit quoi que ce soit qui ait été produit. Il n'y a donc rien que vous auriez pu voir.

- Mais alors... qui paie cette très jolie piaule au bord de l'eau ?

- Moi. On me paie pour écrire. C'est juste que rien de ce que j'ai écrit n'a encore été porté à l'écran. Ça prend du temps, vous savez ?

Bosch passant derrière lui, le jeune homme dut se tourner dans son fauteuil pour ne pas le perdre de vue.

- Où avez-vous grandi, Henry ?

- À San Francisco. Je suis descendu ici pour faire mes études et je suis resté.

- Vous êtes né à San Francisco ?

- C'est exact.

- Vous êtes pour les Giants ou pour les Dodgers ?

- Les Giants, mec.

- C'est bien dommage. Quand vous êtes-vous trouvé dans South L.A. pour la dernière fois ?

La question étant totalement inattendue, Lau dut réfléchir avant de pouvoir répondre.

- Je ne sais pas, dit-il en secouant la tête. Au moins cinq ou six ans. Un bon moment en tout cas. Mais j'aimerais assez que vous me disiez de quoi il s'agit pour que je puisse vous aider.

- Ce qui fait que si quelqu'un disait vous avoir vu là-bas la semaine dernière, ce serait un gros

menteur ?

Lau eut une grimace de mépris, comme s'ils jouaient à des petits jeux avec lui.

- Oui, ou alors ils se tromperaient. Vous savez bien ce qu'on dit. - Non, qu'est-ce qu'on dit ?

- Que nous nous ressemblons tous.

Il eut un grand sourire et regarda Chu, en quête d'approbation. Chu resta de marbre et lui renvoya un regard complètement mort.

- Et Monterey Park, ça vous dit quelque chose ? reprit Bosch.

- Vous voulez dire... est-ce que j'y suis allé ?

- Oui, c'est bien ce que je veux dire.

- Euh... j'y suis allé dîner deux ou trois fois, mais ça ne vaut pas vraiment le détour.

- Ce qui fait que vous ne connaissez personne à Monterey Park?

- Non, pas vraiment.

Bosch n'arrêtait pas de tourner autour du pot, ses questions générales commençant à enfermer Lau dans ses rets. L'heure était venue de passer au combat rapproché.

- Où est votre arme, monsieur Lau ?

Lau reposa les pieds par terre, regarda Chu, puis revint sur Bosch.

- C'est mon arme qui vous intéresse ?

- Il y a six ans vous avez acheté et déclaré un Glock modèle 19. Pouvez-vous nous dire où il se

trouve ?

- Oui, bien sûr. Il est dans le coffret fermé à clé que je garde dans un tiroir près de mon lit. Là où il se trouve depuis toujours.

- Vous en êtes sûr ?

- D'accord, je comprends, laissez-moi deviner. M. Trou-du-Cul du 8 m'a vu le tenir sur la terrasse après la fusillade de la plage et a porté plainte.

- Non, Henry, nous n'avons jamais parlé à M. Trou-du-Cul. Et vous nous dites bien que vous aviez votre arme après la fusillade sur la plage, c'est ça ?

- C'est ça. J'ai entendu des coups de feu et des cris. J'étais chez moi, j'avais donc parfaitement le droit de me protéger.

Bosch fit un signe à Chu, qui ouvrit la porte coulissante, passa sur la terrasse et referma derrière lui. Et sortit son portable pour demander ce qui s'était passé sur la plage.

- Écoutez, reprit Lau, si on vous dit que j'ai tiré, sachez que c'est des conneries.

Bosch le regarda longuement. Il sentait confusément comme un trou dans cette histoire, comme un élément de la conversation qu'il ignorait encore.

- Pour autant que je sache, personne n'a rien dit de tel.

- Alors, je vous en prie, dites-moi de quoi il retourne.

- Je vous l'ai dit. Cela concerne votre Glock. Pouvez-vous nous le montrer, Henry ?

- Bien sûr, je vais le chercher.

Il bondit de son fauteuil et se dirigea vers l'escalier.

- Henry ! lui cria Bosch. On ne bouge pas. Nous allons vous accompagner.

Lau se retourna.

- Comme vous voulez. Finissons-en.

Bosch se tourna vers la terrasse. Chu en franchissait déjà la porte pour rentrer. Ils suivirent Lau dans l'escalier, puis le long d'un couloir qui obliquait vers le fond de la maison. Photographies encadrées, affiches de cinéma et diplômes s'étalaient sur les deux murs du couloir. Ils passèrent devant la porte ouverte d'une chambre qui faisait office de bureau, puis ils entrèrent dans la chambre de maître - superbe, avec un plafond de quatre mètres de haut et des fenêtres de trois donnant sur la plage.

- Je viens d'appeler la Pacific Division, dit Chu en regardant Bosch. La fusillade de la plage a eu lieu le soir du 1er. On a déjà deux suspects en garde à vue.

Bosch songea à la chronologie des événements. L'assassinat de John Li avait eu lieu une semaine après le mardi 1er.

Lau s'assit sur le lit défait, à côté d'une table de nuit à deux tiroirs. Il ouvrit celui du bas et en sortit un coffret en acier avec une poignée sur le couvercle.

- Un instant, lui dit Bosch.

Lau posa le coffret sur le lit et se leva, les mains en l'air.

- Hé, mais je n'allais rien faire de mal, moi. C'est vous qui avez demandé à voir le Glock.

- Laissez donc mon coéquipier ouvrir votre coffret.

- Comme vous voudrez.

- Inspecteur...

Bosch prit une paire de gants en latex dans la poche de sa veste et la tendit à Chu. Puis il s'approcha de Lau de façon à être à portée de main du type si cela s'avérait nécessaire.

- Pourquoi avez-vous acheté cette arme, Henry ? reprit-il.

- Parce que, à l'époque, je vivais dans un trou perdu et qu'il y avait des jeunes gangsters absolument partout. Mais c'est drôle. J'ai payé un million de dollars pour cette baraque et ces mecs sont toujours là, sur la plage, à tirer dans tous les coins.

Chu enfila le second gant et regarda Lau.

- Nous autorisez-vous à ouvrir ce coffret ? demanda-t-il.

- Bien sûr, allez-y. Je ne sais toujours pas de quoi il retourne, mais bon... pourquoi pas ? Ouvrez-le. La clé est suspendue à un petit crochet à l'arrière de la table de nuit.

Chu passa la main derrière le meuble, la trouva et ouvrit le coffret. Un sac à pistolet en feutre noir y reposait sur des enveloppes et des journaux pliés. Il y avait aussi un passeport et une boîte de balles. Chu sortit très précautionneusement le sac, l'ouvrit et découvrit un semi-automatique en acier noir. Il le retourna dans sa main et l'examina.

- Une boîte de balles de 9 mm Cor Bon et un Glock modèle 19, dit-il. Pour moi, c'est bien ça, Harry.

Il éjecta le chargeur et examina les balles. Puis il sortit celle déjà engagée dans la chambre.

- Chargé et prêt à faire feu, ce flingue, ajouta-t-il.

Lau fit un pas vers la porte, mais Bosch lui posa aussitôt la main sur la poitrine pour l'arrêter avant de le pousser contre le mur.

- Écoutez, dit Lau, je ne sais pas de quoi il s'agit, mais vous commencez à me foutre les jetons. Qu'est-ce qui se passe, bordel de merde ?

Bosch garda sa main sur sa poitrine.

- Contentez-vous donc de me parler de ce flingue, Henry. Vous l'aviez le soir du 1er. A-t-il toujours été en votre possession depuis cette date ?

- Oui, je... C'est ici que je le range.

- Où étiez-vous mardi dernier à trois heures de l'après-midi ?

- Euh... la semaine dernière je ne suis pas sorti de chez moi. Je devais donc être ici à travailler. Le tournage n'a commencé que jeudi.

- Vous travaillez seul ?

- Oui. Écrire est une entreprise solitaire. Non, attendez ! Attendez ! Mardi dernier, j'ai passé toute la journée aux studios Paramount. Nous avons effectué un filage du scénario avec la distribution. J'y suis resté tout l'après-midi.

- Et il y a des gens qui pourront en témoigner ?

- Une douzaine au minimum. Matthew McConaughey le fera. Il était là. C'est lui qui tient le rôle principal.

Bosch passa brusquement à autre chose, le changement étant destiné à faire perdre pied à Lau. C'était étonnant, ce qui tombait des poches du suspect quand on ne cessait de le bombarder de questions apparemment sans rapport les unes avec les autres.

- Avez-vous des liens avec une triade, Henry ? demanda-t-il. Lau éclata de rire.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que c'est que ces conneries... Bon, écoutez, moi, je m'en vais.

Il repoussa la main de Bosch d'une tape et se dégagea du mur pour gagner la porte. Mais Bosch s'attendait à cette tentative. Il l'attrapa par le bras et lui fit faire demi-tour. Puis il lui fit encore un croche-pied et le jeta sur le lit, le nez dans les couvertures. Ensuite il s'approcha et lui colla le genou dans le dos en même temps qu'il le menottait.

- Putain, mais c'est dingue ! s'écria Lau. Vous n'avez pas le droit !

- Du calme, Henry, du calme. Nous allons descendre en ville éclaircir toute cette histoire.

- Mais j'ai un film, moi ! Il faut que je sois sur le plateau dans trois heures !

- Au cul le cinéma, Henry. Nous sommes dans le réel et nous allons descendre en ville.

Bosch le releva et lui indiqua la porte.

- Dave, dit-il, tout est sécurisé ?

- C'est fait.

- OK. Ouvrez-nous le chemin.

Chu quitta la pièce avec le coffret en métal où était enfermé le Glock. Bosch le suivit en veillant à ce que Lau reste devant lui et en gardant la main sur la chaîne des menottes. Ils longèrent le couloir, mais lorsqu'ils arrivèrent en haut des marches, Bosch tira sur les menottes comme sur les rênes d'un cheval et s'arrêta.

- Minute, dit-il. On revient un peu en arrière.

Il fit marcher Lau à reculons jusqu'au milieu du couloir. Quelque chose avait attiré son attention lorsqu'ils étaient passés devant, mais il ne s'en était rendu compte qu'en arrivant à l'escalier. Il regarda le diplôme encadré de l'université de Californie du Sud. Lau y avait obtenu sa licence ès arts en 2004.

- Vous êtes allé à l'UCS ? demanda-t-il.

- Oui, à l'école de cinéma. Pourquoi ?

Aussi bien l'école que l'année d'obtention de la licence cadraient avec le diplôme qu'il avait vu dans l'arrière-salle du magasin Fortune Fine Foods & Liquor. Sans même parler du lien avec la Chine. Bosch savait en effet que beaucoup de jeunes gens fréquentaient l'UCS, dont plusieurs milliers d'origine chinoise qui y obtenaient leurs diplômes. Et Bosch n'avait jamais cru aux coïncidences.

- Connaissez-vous un certain Li... L-i ?

- Oui, répondit Lau en hochant la tête, je le connais. Il était dans la même thurne que moi.

Bosch sentit soudain que des tas de choses se mettaient en place avec une force indéniable.

- Et Eugene Lam, vous le connaissez aussi ? Lau acquiesça de nouveau.

- Je le fréquente toujours, dit-il. Lui aussi partageait ma piaule.

- Où ça ?

- Comme je vous l'ai déjà dit, c'était un truc de merde en plein milieu d'un territoire de gang. Près du campus.

Bosch savait que l'UCS était une oasis de belle et très chère éducation supérieure au milieu d'un quartier misérable où la sécurité posait problème. Quelques années plus tôt un joueur de football américain qui s'entraînait sur un terrain avait été touché par une balle perdue lors d'un règlement de comptes intergangs.

- Est-ce pour ça que vous avez acheté votre arme ? Pour vous protéger ?

- Exactement.

Chu s'était rendu compte qu'il les avait perdus de vue et remonta vite l'escalier pour reprendre le couloir.

- Harry, dit-il, qu'est-ce qui se passe ?

Bosch leva sa main libre pour lui faire signe de reculer et de se taire.

-Henry, reprit-il, et ces types que vous connaissez savent que vous avez acheté cette arme il y a six ans ?

-Nous sommes allés l'acheter ensemble! C'est eux qui m'ont aidé à la choisir. Pourquoi me posez-vous ces...

- Vous êtes toujours amis ? Vous êtes encore en contact ? - Oui, mais quel rapport avec...

- Quand avez-vous vu l'un d'eux pour la dernière

fois ? - Je les ai vus tous les deux la semaine dernière. On joue au

poker pratiquement toutes les semaines. Bosch jeta un coup d'œil à Chu. L'affaire venait de s'éclaircir.

- Où ça, Henry ? Où jouez-vous au poker ?

- Les trois quarts du temps ici même. Robert habite toujours chez ses parents et Huge a une piaule minuscule dans la Valley. Je veux dire : regardez un peu, j'ai toute la plage à moi ici.

- Quel jour de la semaine dernière avez-vous joué au poker ? - C'était... mercredi.

- Sûr?

- Oui, je me rappelle que c'était la veille du jour où le tournage allait démarrer et que je n'avais pas trop envie de jouer. Mais ils se sont pointés et j'ai fini par jouer un petit moment avec eux. La soirée a été courte.

- Et la fois d'avant, c'était quand ?

- Une huitaine de jours avant. Mercredi ou jeudi, je ne sais plus très bien.

- Mais c'était après la fusillade sur la plage, non ?

Lau haussa les épaules.

- Oui, c'est presque sûr. Pourquoi ?

- Et la clé du coffre ? L'un d'eux savait-il où elle se trouvait ?

- Qu'est-ce qu'ils ont fait ?

- Contentez-vous de répondre à ma question, Henry.

- Oui, ils le savaient. De temps en temps ils aimaient bien prendre le flingue et déconner avec.

Bosch sortit ses clés et lui ôta ses menottes. Le scénariste se retourna et commença à se masser les poignets.

- Je me suis toujours demandé comment ça faisait, dit-il. Pour pouvoir le décrire. La dernière fois qu'on me les a passées, j'étais trop saoul pour m'en souvenir.

Enfin il leva la tête et découvrit le regard perçant de Bosch.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

Bosch lui posa la main sur l'épaule et le fit pivoter vers l'escalier.

- Redescendons parler dans la salle de séjour, dit-il. J'ai comme l'impression que vous allez nous apprendre des tas de choses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les neuf dragons
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