15.

Un étrange coma

Matt eut d’abord mal au ventre. Puis à la gorge et à la tête. D’affreux maux de tête, le tout entrecoupé de sommeils profonds, peuplés de présences inquiétantes. Ensuite Matt eut froid. Puis chaud. Très chaud. Jusqu’à délirer. Il eut de brefs moments de conscience, assez peu lucides, il entrevit la lumière du soleil. Puis il sentit la pluie. Et la nuit.

Des loups  – à moins que ce ne soit des chiens sauvages  – hurlèrent au loin.

Matt décodait un message complexe, compte tenu de son état. Son corps… son corps était douloureux. Alors les voix revinrent, différentes. En fait, Matt comprit que ce n’étaient pas les mêmes. Cette fois, les voix étaient dans la lumière. Plus accueillantes, plus rassurantes.

On parla de lui.

Il dormit à nouveau.

Longtemps.

Parfois il croyait avoir rouvert les yeux, mais il n’en gardait qu’un souvenir évanescent. Celui d’une clarté chaude, d’un repos confortable, moelleux. De soif et de faim également.

Il dormit beaucoup.

La force le quitta peu à peu. Ses muscles se ramollirent, commencèrent à fondre avec le temps.

Le soleil alternait avec la lune. Au début, il lui sembla que chaque fois qu’il ouvrait les paupières l’un remplaçait l’autre. Les jours et les nuits s’enchaînaient comme des secondes. Puis comme des minutes.

Bientôt il ne traversa plus qu’un enchaînement de souvenirs : une lueur agréable, de l’eau qui coule en lui, de la nourriture aussi. Parfois une démarche de somnambule pour le conduire dans une pièce toute proche, avec un puits sans fond dans lequel il avait l’impression de se perdre. Ses gestes étaient ceux d’un automate, il ne les contrôlait pas. Puis le retour à cette pièce blanche, réconfortante… un lit ! Matt vivait à présent dans un grand lit doux. Avec le temps, il plaça deux larges fenêtres dans sa vision de la pièce. La lumière du soleil traversait des rideaux en organdi couleur pêche. Il ne tarda pas à voir des murs jaune clair.

Les jours et les nuits se succédaient.

Matt peupla alors ses souvenirs d’êtres vivants. Des voix fluettes. Des silhouettes penchées au-dessus de lui. Elles lui parlaient sans qu’il parvienne à les comprendre.

Son corps était de plus en plus mou. Chaque effort lui demandait une énergie qui l’épuisait et ne tardait pas à le replonger dans une longue et profonde léthargie.

Simple spectateur de ce manège, Matt se laissait porter par le ressac des éveils et les vagues du sommeil, comme un radeau vivant au large du temps, loin de toute civilisation, de tout échange. Il s’était habitué à cette succession d’états, et cela aurait pu durer longtemps, si, un matin, un ange ne lui était apparu.

Ce jour-là, Matt entrouvrit les paupières et, dans cette vision floue qui était la sienne, distingua une silhouette aux longs cheveux blonds tirant sur le roux. Ses yeux, vivement, firent alors le point et chassèrent les brumes de son regard.

Il la vit, à côté de lui.

Une jeune fille, quinze ans peut-être, aux pommettes hautes, aux lèvres roses sous un nez fin, et qui se tenait parfaitement droite sur une chaise. Belle comme une fleur aux premiers jours du printemps, fière de ses pétales aux couleurs vives, soyeuse et volontaire. Et sa voix douce le berça pour adoucir son réveil :

— Alors ce n’est pas vrai ce qu’on dit de toi ?

Il sembla à Matt qu’elle chantait plus qu’elle ne parlait, tant ses intonations étaient apaisantes.

— Tu n’es pas dans le coma, n’est-ce pas ?

Un sourire illumina son visage, ses taches de rousseur s’allongèrent. Matt voulut faire de cette fille son ciel, de ces taches ses étoiles, et de ces yeux deux astres verts qu’il pourrait contempler à chaque instant.

Que lui arrivait-il ? Pourquoi parlait-elle de coma ? Où était-il ? Dans une maison…

— Je le vois bien, tu m’entends ! s’amusa-t-elle.

Le soleil brillait derrière les deux grandes fenêtres aux rideaux transparents. Le plafond était immensément haut. Une moquette immaculée et épaisse recouvrait le sol, et des meubles en bois ouvragé d’un blanc pur décoraient cette chambre que les rayons du soleil illuminaient, au point de la rendre magique, comme dans Le Seigneur des Anneaux qu’il aimait tant. Il était à Fondcombe.

— Je… suis…, articula-t-il.

Mais sa voix était éraillée, sa gorge sèche. La fille se pencha pour lui tendre un verre d’eau qu’il but d’une traite.

— Tu es sur l’île Carmichael, du moins ce qu’il en reste. Je suis Ambre.

Ambre… même son nom avait des sonorités magiques. Matt voulut se redresser mais l’effort le terrassa et il s’effondra dans ses oreillers. La vague de fatigue s’enroula autour de lui et tout ce qu’il eut le temps de dire avant de disparaître dans l’écume du sommeil fut :

— Ambre… sois mon ciel…

 

 

Quand il rouvrit les yeux, il fut surpris de retrouver la pièce autour de lui. Tout ceci n’était donc pas un rêve.

Et Ambre ? Existe-t-elle ? Aussitôt, il se souvint de ce qu’il lui avait dit et la honte grimpa à ses joues. Il avait déliré ! Ça ne pouvait être que le délire !

Une porte s’ouvrit dans le fond de la chambre et deux adolescents s’approchèrent, deux garçons. Matt leur donna treize et seize ans. Le premier était petit, blond, vêtu d’une chemise blanche et propre et, tout aussi étonnant : il était coiffé d’un haut-de-forme, ces chapeaux que Matt n’avait vus que dans les mains de magiciens qui en faisaient surgir lapins et colombes. L’autre était sa copie conforme, son grand frère assurément, sauf qu’il était habillé plus simplement.

— Elle avait raison, il n’est pas comme d’habitude, fit le petit.

— Exact, ses yeux ont l’air moins… embués. On dirait qu’il nous comprend cette fois.

Matt avala sa salive et articula lentement :

— Bien sûr… que je vous… comprends ! J’ai… soif.

Le plus grand attrapa la carafe d’eau posée sur la table de chevet et lui emplit un verre que Matt vida sans s’arrêter pour respirer.

— Formidable ! Tu as survécu ! s’exclama le petit.

— À quoi ? J’ai… survécu à quoi ?

— Au délire ! À ton coma ! T’es resté comme ça si longtemps qu’on a cru que tu n’en sortirais jamais.

— Combien de temps ? demanda Matt, soudain inquiet.

Le petit ouvrit la bouche, mais son frère le devança :

— Vaut mieux te reposer, on va y aller doucement, d’accord ? Je vais prévenir ton ami.

— Tobias ? Il va bien ?

— Oui. Ne t’en fais pas.

— Mais je suis resté combien de temps ainsi ? Et le monde… il est revenu à la normale ?

Les deux frères s’observèrent, une pointe d’angoisse dans le regard.

— Non. Mais les choses ont évolué, on en sait un peu plus désormais. On s’est organisés. Je vais chercher Tobias, essaye de ne pas bouger, tu es faible.

Avant que Matt puisse insister, les deux étranges compères avaient disparu. Matt en profita pour tenter de se redresser, mais cette fois avec précaution. Il put s’asseoir dans son lit. Il était vêtu d’un pyjama gris qui bien entendu n’était pas à lui. Il réalisa qu’il était affamé. Tobias entra et courut vers lui.

Matt eut un choc en le voyant.

Tobias avait maigri, son visage était plus marqué, moins poupon. Il avait perdu ses joues d’enfant.

Tobias serra son ami dans ses bras.

— Ce que je suis content de te revoir !

— Moi aussi Toby… Moi aussi… Mais… Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Tobias haussa les sourcils et tira une chaise à son chevet.

— Il s’en est passé des choses ! commença-t-il. Tout d’abord, comment te sens-tu ?

— Ramolli, les jambes en coton, j’ai l’impression d’avoir passé six mois au lit !

Tobias ne partagea pas son rire.

— Quoi ? s’inquiéta Matt. Je n’ai pas passé six mois ici ! Rassure-moi !

Tobias soupira, et se lança :

— Cinq. Ça fait cinq mois que tu es comme ça.

— Cinq mois ? répéta Matt, incrédule. Comment… comment c’est possible ?

— Ce type qui m’a agressé dans l’épicerie, tu te souviens ? Il t’est tombé dessus, il t’a étranglé et te tapait la tête par terre. Je lui ai écrasé une bouteille sur le crâne et il est devenu tout raide. Mais tu étais inconscient. J’ai essayé de te réveiller sans réussir. Alors je t’ai porté à l’extérieur. Plume est arrivée en courant…

— Elle va bien ? le coupa Matt.

— Mieux que jamais, elle venait dormir ici jusqu’à ce que Doug la fasse sortir, il dit que ce n’est pas bon de dormir avec un chien. Je trouve ça idiot mais c’est lui le doc.

— Parce qu’il y a un médecin ici ?

— Oui, tu l’as vu tout à l’heure…

— Le grand blond ?

— Oui, et son petit frère, ils sont deux. C’étaient les fils du propriétaire, un grand docteur, connu dans le monde entier avant que la Tempête ne change tout.

Matt avait mille questions en tête, aussi préféra-t-il se concentrer pour ne pas se disperser.

— Revenons à nous. Plume est arrivée en courant, tu disais…

— Oui, je crois qu’elle avait entendu le grabuge. J’ai réussi à te mettre sur son dos et la pauvre bête t’a porté tout le chemin, sans jamais ralentir.

— Je savais que c’était un chien extraordinaire.

— Tu lui dois la vie, sans elle je n’aurais jamais pu retrouver les autres.

— Qui ça ?

— Ceux qui avaient écrit la pancarte dans la forêt. Ils n’étaient plus que huit, un… Glouton en a tué un.

— Un Glouton ?

— Oui, c’est comme ça qu’on appelle les mutants maintenant. Bref, on a réussi à te faire boire et manger de la bouillie pendant les huit jours de marche. Jusqu’à ce qu’on arrive ici. Depuis, tu étais dans un coma étrange, tu en sortais de plus en plus souvent mais sans parvenir à nous parler. Tu mangeais ce qu’on te mettait dans la bouche, tu buvais, parfois même tu arrivais à te lever pour aller aux toilettes et pourtant on voyait bien que tu avais en permanence le regard dans le vague. Jusqu’à ce matin.

— C’est de la folie !

Doug, l’aîné des frères blonds, entra avec un plateau qu’il déposa sur les jambes de Matt avant de repartir. L’assiette contenait une omelette fumante que Matt s’empressa de dévorer tant il avait faim.

— Tu te souviens de quelque chose ? interrogea Tobias. Tu as pas mal cauchemardé, tu murmurais que tu étais poursuivi, tu parlais d’une grande forme noire derrière toi…

Matt cessa de mâcher et serra sa couverture dans son poing. Le Raupéroden, se souvint-il avec un frisson. Quel étrange nom… Et quel charisme terrifiant !

Voulant changer de sujet, il demanda :

— Où sommes-nous ? Cette… chambre, on dirait que tout est normal ici, pas de végétation, rien d’étrange.

— C’est l’île Carmichael. Notre sanctuaire ! À l’origine, c’est un milliardaire qui l’a achetée, elle est au milieu du fleuve Susquehanna, du moins ce qui était le fleuve Susquehanna…

— Attends une seconde, tu veux dire qu’on a marché jusqu’à… Philadelphie ! Plus de cent cinquante kilomètres !

— Exact.

— Et comment avez-vous trouvé l’île ? Au hasard ? s’enthousiasma Matt en avalant un énorme morceau d’omelette.

— Non, afin d’attirer tous les survivants de la Tempête, les gens de l’île avaient décidé de faire un grand feu, qu’ils alimentaient en permanence, pour faire un immense panache de fumée visible de très loin. Nous l’avons remarqué et nous sommes venus voir.

— Vous êtes nombreux ? fit le jeune convalescent, la bouche pleine.

— Assez, oui…

Matt ajouta précipitamment :

— Et les parents ? On sait ce qu’ils sont devenus ? Une trace d’eux quelque part ?

Tobias soupira, le regard triste.

— Pas vraiment…

Mais dans cette réponse laconique, Matt décela autant de doute que de souffrance. Il enchaîna :

— Et c’est quoi cette île ?

Tobias se fendit d’un rictus qui signifiait : « Tu ne vas pas le croire. » Au lieu de répondre il se contenta d’un énigmatique :

— Il vaut mieux que tu voies par toi-même, mais pour l’instant tu as besoin de repos.

Matt secoua la tête :

— Je viens de passer cinq mois dans mon lit, j’en ai eu du repos ! Je veux voir…

Tobias le repoussa sans difficulté lorsqu’il tenta de se lever.

— Tu es faible, Doug a affirmé que tu devrais te ménager les premiers jours, pour que ton corps se réhabitue à l’effort. Tes muscles sont « atrophiés ». Sois patient.

Matt soupira. À contre-cœur, il accepta de s’étendre.

Il inspira un grand coup et contempla sa chambre. Tout y était impeccable, impossible de croire que derrière ces murs le reste de la civilisation avait disparu. Soudain, Matt se demanda pourquoi la végétation ne recouvrait pas cette maison ? Il voulut questionner Tobias cependant la fatigue l’enveloppa d’un coup, aussi brutalement qu’une rafale de vent. Ses paupières clignèrent.

Tobias récupéra l’assiette vide.

— Je vais te laisser te reposer, tu en as besoin, murmura-t-il. Je reviendrai demain, peut-être qu’on pourra faire un tour dehors, tu verras, tu n’en croiras pas tes yeux !

Matt se sentit sombrer dans le sommeil. Incapable de lutter. Comme victime d’un sortilège surpuissant. Pourtant il aurait voulu questionner Tobias pendant des heures, Doug et son frère avaient dit qu’ils en savaient un peu plus sur le monde…

La dernière chose dont il eut conscience fut d’entendre Tobias chuchoter :

— C’est bon de te revoir parmi nous.

Autre-monde 1 - L'Alliance des Trois
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