ÉPILOGUE
Kirtan Loor s’agenouilla devant l’hologramme grandeur nature de Ysanne Isard.
— Veuillez me pardonner, madame le Directeur, mais vous vouliez être informée aussitôt des nouveaux développements.
Elle fronça les sourcils.
— J’ai vu que le général Derricote demande davantage de Gamorréens. Y a-t-il eu une percée ?
— Je n’en suis pas sûr.
— Mais vous avez approuvé sa requête.
— Oui, madame le Directeur.
L’image venait du bureau de la tour, à près de trois kilomètres, pourtant Kirtan ne se sentait pas à l’abri de la colère de la femme.
On dirait que ses yeux projettent du venin dans l’HoloNet.
— Pardonnez-moi, madame, mais le général Derricote est toujours perturbé par la perte de ses installations sur Borleias. Il dit que vous avez promis de les lui rendre s’il exécutait son travail selon vos spécifications.
— Il en sera ainsi. La prise de Borleias par l’Alliance n’aura pas une grande importance en regard du plan global. Il n’y a aucun progrès au niveau de Derricote ?
— Aucun à ma connaissance, madame.
— Qu’est-ce qui vous a poussé à m’appeler, agent Loor ?
— Notre agent nous a transmis des informations intéressantes. L’Escadron Rogue va s’installer à Borleias. La base servira à préparer l’avancée des Rebelles vers le Noyau.
— C’était à prévoir.
— Il m’a été indiqué aussi que le meilleur des nouveaux pilotes, Bror Jace, part pour Thyferra rendre visite à sa famille. Étant donné l’équilibre précaire qui existe sur ce monde entre les loyalistes et les sympathisants de l’Alliance, il me semble que la visite d’un héros de la Rébellion ne sera pas une bonne chose. Son itinéraire m’a été communiqué. J’ai donné des ordres pour que le Vipère Noire l’intercepte et le détruise.
— Excellente idée, agent Loor. À un détail : je veux qu’il soit pris vivant. L’Empire dispose d’une installation où on parvient aisément à convaincre les Rebelles qu’ils feraient mieux d’être de notre côté. Jace a déjà une place réservée à Lusankya. Il nous sera très utile un jour.
— J’ai prévu sa capture dans un système où la contrebande est assez importante pour justifier la présence du Vipère Noire. Ainsi, personne ne saura que nous connaissions l’itinéraire de Jace.
— Croyez-vous ?
— Que voulez-vous dire, madame ?
— Corran Horn n’aura-t-il pas des doutes ?
Kirtan y réfléchit un instant.
— Probablement. Mais il n’est pas assez obstiné pour qu’il soit impossible de le lancer sur une autre voie.
— J’ai lu son dossier. Cela correspond à mon impression. Mais il faudra lâcher une information importante pour ça.
— Oui, madame.
— Parfait. J’ai fait dire partout que vous avez tué Gil Bastra.
— Comment ?
— J’ai ajouté des indices suggérant que vous vous trouvez au Centre Impérial.
Kirtan en resta bouche bée. Pour avoir vu Horn en colère plus d’une fois, il le savait impitoyable quand il poursuivait le meurtrier d’un membre de la CorSec. Horn avait même réussi à capturer le chasseur de primes trandoshan qui avait tué son père.
Kirtan avait pris grand plaisir à libérer Bossk sous le prétexte que la maladresse des Trandoshans expliquait pourquoi Hal Horn avait été tué par les rayons laser censés éliminer le contrebandier à qui il parlait.
— Madame le Directeur, ne m’aviez-vous pas dit que les Rogues viendraient au Centre Impérial ?
— Oui. Et je pense que ma prédiction se réalisera.
— Horn sera donc ici.
— Et il vous cherchera. Une erreur fatale pour lui, et, pour vous, une raison supplémentaire de détruire l’Escadron Rogue.
Dans ce cas précis, je ne suis pas du tout sûr que la fin justifie les moyens…
— Je comprends, madame le Directeur.
— Je n’en doute pas, agent Loor. Épargnez-moi d’autres rapports sur les crises de colère du général Derricote. Je veux des résultats. Et j’exige qu’ils soient positifs.
— À vos ordres, madame le Directeur, dit Kirtan dans une pièce vide, car Isard avait coupé la communication.
Il s’assit par terre. Un instant, il regretta le temps où Horn et lui étaient adversaires dans la CorSec. Ils se détestaient, surtout après l’affaire Bossk, mais la tension n’était pas encore mortelle.
Puis il réalisa qu’il n’avait pas vraiment peur de la vengeance de Corran Horn.
S’il me tuait, je serais hors des griffes d’Isard. Bien entendu, s’il savait ça, il s’arrangerait pour me cloner afin de pouvoir m’exécuter et s’assurer que je travaille à tout jamais pour Ysanne Isard.
— Oui, il en serait capable, mais il s’en abstiendrait. C’est sa faiblesse. Ici, au Centre Impérial, dans le domaine d’Isard, je n’ai ni l’envie ni le besoin de me modérer. Viens à Coruscant, Corran ! Amène avec toi tes amis et ton ennemi secret. La Cité Impériale est le dernier endroit où tu pensais te rendre un jour. Je ferai en sorte que ce soit vraiment le dernier !