CHAPITRE XXXX
— … de la lune de Borleias, continua l’image de Corran. Je devine que la décision de m’abandonner n’a pas dû être facile. Sachez que je ne vous tiens pas rigueur de m’avoir laissé. Pour vous le prouver, j’ai récupéré une bouteille de Réserve de Whyren dans le stock de M3. Le ryshcate devrait être cuit au moment de votre atterrissage.
— Super ! dit Gavin.
— Horn, si vous êtes encore en vie, je vous garantis que vous ne le resterez pas longtemps !
L’image de Corran éclata de rire.
— Je suis content de vous voir, commandant. Bienvenue chez nous.
Wedge leva son verre, faisant étinceler le liquide doré qu’il contenait. Revoir Corran vivant et en bonne santé l’avait aidé à se détendre.
Le message du pilote ne manquait pas d’humour, reconnut-il. Il regarda le lieutenant aux yeux verts couper et distribuer le ryshcate tiède. Tous avaient été horrifiés quand le « message d’adieu » était apparu dans les cockpits. Mais il doutait que les autres aient été aussi soulagés que lui quand ils avaient appris la vérité.
C’était une bonne blague, Corran. Cela dit, je jure que vous me le paierez !
Wedge se tourna vers Tycho.
— Je n’arrive pas à croire que tu l’as laissé envoyer ce message !
L’Alderaanien haussa les épaules.
— Ta tête était encore plus drôle que je l’avais imaginé, dit-il.
— Je n’oublierai pas ça, capitaine Celchu.
— Mon vieux, j’ai hâte de voir comment tu t’y prendras pour te venger de Corran. Je parie que ce sera gratiné !
— Tu peux en être sûr.
Wedge huma son whisky avant d’en avaler une gorgée.
— Corran est revenu d’entre les morts… Il avait trois Bourdons à ses trousses, n’est-ce pas ?
— Oui. Deux ont été abattus à bout portant. Un coup si simple que M3 aurait pu le faire. Le troisième était à distance normale.
— Tu as conscience, bien entendu, que l’équipe de sécurité de l’Alliance n’est pas ravie d’avoir été enfermée dans tes quartiers.
— Je sais. Les pauvres ont manifesté leur déplaisir quand nous les avons fait prisonniers. Nous avions une urgence, et pas le temps de leur expliquer au sujet de la fuite…
— Oui, il est plus simple de demander pardon que de quémander une autorisation. (Wedge eut un petit rire.) J’avais l’intention de faire la même chose pour retourner à Borleias. Le problème de la fuite est-il réglé ?
— Je crois. Mais il faudra passer pas mal de temps avec M3 pour verrouiller ce truc.
— Affecte-lui Corran.
— Ouh là ! C’est encore plus méchant que je pensais !
Wedge posa son verre en voyant Corran approcher avec deux morceaux de ryshcate.
— Ça sent bon.
— Mirax l’a fait. (Il tendit un morceau à Wedge et l’autre à Tycho.) Les Corelliens le servent lors des fêtes.
Wedge leva son verre.
— Vous avoir récupéré est une occasion digne d’être célébrée. Comme le fait d’avoir le meilleur pilote de l’Alliance dans mon escadron…
— Moi ? demanda Corran, surpris.
— Non. Félicitations, Bror Jace, dit Wedge à l’homme qui venait d’entrer. Le trio d’intercepteurs que vous avez descendu vous porte à vingt-deux ennemis détruits. Un de plus que le lieutenant Horn.
Le Thyferrien sourit, ses yeux bleus brillant de fierté.
— Merci, commandant. C’est une bonne nouvelle, qui compense un peu celle que je viens de recevoir.
— Laquelle ?
— Le message venait de Thyferra. Mon grand-oncle, notre patriarche, est mourant. Les droïds médicaux lui donnent deux semaines au mieux. Même le bacta ne peut rien contre la vieillesse.
— Je suis désolé, Jace. Tycho, peux-tu… ?
— Pas de problème, Wedge. Une perm est hors de question, mais si nous envoyons un de nos pilotes en mission de recrutement sur sa planète natale, je crois que le corps diplomatique nous soutiendra. Vous pourrez partir dès que vous aurez fait vos bagages, monsieur Jace.
— Merci.
Corran tendit la main à Bror.
— Je suis désolé que ton oncle soit malade, et que tu doives partir. Mais je suis ravi de tes performances.
— Et moi des tiennes, dit Bror. Je t’aurais volontiers proposé un autre concours, mais je crois qu’il vaut mieux nous abstenir, pour éviter de diviser l’escadron.
— Je suis d’accord avec toi…
Il prit un morceau de gâteau sur un plateau de service et le mordit à belles dents.
Tout le monde l’imita. Un instant, Wedge eut l’impression d’être revenu sur Yavin 4, prenant une collation avec ses amis avant de partir attaquer l’Étoile Noire.
J’éprouve le sentiment d’unité qui existait avant même la formation officielle de l’Escadron Rogue. C’était l’âme de l’escadron, et ça l’est resté.
— J’aimerais porter un toast, mes amis, dit-il en levant son verre. À l’Escadron Rogue, aux amis disparus, aux batailles que nous avons livrées, et à la terreur que notre retour inspirera à l’ennemi.