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Andreas, qui avait toujours la lampe à huile du caloyer avec lui, passa le premier dans le petit escalier au milieu du tombeau. Il était si étroit que ses épaules frôlaient les murs de chaque côté, et c’était une chose inquiétante que de descendre ainsi dans le royaume des morts.

D’un pas lent et silencieux, cérémonieux presque, ils s’enfoncèrent tous trois dans le cœur de la montagne, et si la descente se révéla fort abrupte, elle fut aussi très courte car déjà ils arrivaient dans une pièce, non pas une pièce mais une grotte, creusée dans le granit souterrain. Les murs, le plafond et le sol étaient d’une seule et même composition, surface brute et grise dont on distinguait mal les détails. La lumière de la lampe ne portait pas assez loin pour voir où se finissait la caverne, aussi, prudemment, s’avancèrent-ils dans les ombres, formant un groupe serré, et on eût dit une procession.

Après quelques pas ils purent distinguer le bruit d’une eau qui coule, et après d’autres pas encore ils virent scintiller les reflets d’une cascade qui jaillissait du mur du fond et tombait dans un bassin, lequel nourrissait un petit ruisseau souterrain, lequel était sans doute celui qui, plus bas, sortait au milieu des jardins (car ici, quoique sous terre, on était plus en hauteur).

Andreas souleva la lampe devant lui, et alors, au milieu de ce bassin, telle une île déserte dans l’océan, ils virent qu’émergeait un monticule de pierres sur lequel étaient deux choses, et ces deux choses médusèrent nos trois visiteurs.

Au deuxième plan, un buisson. Un buisson souterrain, de ceux qui se nourrissent non pas de lumière mais d’obscurité et d’air humide.

Au premier plan, posé au pied de celui-là, un étui en cuir, oblong et cylindrique, de ceux qui servaient à conserver les rouleaux de parchemin et que l’on nommait parfois scrinia (qui a donné le mot « écrin »), mais qui rappela aussi à Aalis les mezouzot qu’elle avait vues sur les linteaux des portes dans la juiverie de Bayonne.

— Le Buisson ! murmura Robin, qui en ce moment était proche de l’apoplexie.

Andreas, alors, moult agité, voulut s’avancer davantage, mais son apprenti le retint par l’épaule.

— Maître ! Vos chaussures !

— Pardon ?

— Enlevez vos chaussures !

— Et pour quoi faire ?

— Vous savez très bien !

— Parce que Dieu l’a demandé à Moïse ? Tu te moques de moi ? Tu m’as pris pour un autre !

— Maître ! À quoi bon prendre le risque ? Cela ne vous coûte rien ! Maintenant que vous êtes là !

— Cela me coûterait mon libre arbitre, jeune homme. En outre, je risquerais de me faire mal aux pieds. Tais-toi donc et laisse-moi !

L’Apothicaire se remit en route et rejoignit prestement le bassin. Là, il posa la lampe sur le sol et mit les genoux à terre. Il trempa les mains dans l’eau, qui était fraîche et limpide, puis il tendit le bras vers le petit îlet, mais il ne parvint pas à l’atteindre car il était trop loin.

Poussant un soupir, il jeta un regard agacé à son apprenti derrière lui.

— Tu as gagné, dit-il en enlevant ses chausses.

Lors, pieds nus, il entra doucement dans le bassin. Comme il avançait dans l’eau péniblement, ses jambes s’enfoncèrent de plus en plus, jusqu’à mi-cuisse, et alors il fut devant le monticule de pierres où poussait cet improbable buisson.

Malgré le caractère que le lecteur lui connaît, Andreas, en cet instant, éprouva quelque vive émotion. Peut-être pas une émotion de nature religieuse, mais au moins l’émotion que l’on ressent devant une chose sacrée, quel que soit le sens que l’on donne à ce mot. Ce respect qu’inspirent les plus anciens vestiges, les plus anciennes sagesses, cet émoi que provoque la découverte d’un trésor perdu, et cette joie mélancolique qui nous assaille quand on voit surgir devant soi l’objet d’un si long désir, la fin d’une si longue quête.

Adoncques, quand il leva les mains pour prendre l’étui de cuir, elles tremblaient, et il suspendit son geste un instant, puis, du bout des doigts, il effleura ce Graal, ce talisman, ce fétiche, comme si celui-ci eût pu le brûler, le foudroyer sur cette place. Enfin, la figure figée, les yeux grands ouverts, il le saisit entre ses mains et, le portant comme on porte une offrande, il se retourna lentement et ressortit du bassin sans quitter des yeux le trésor qu’il portait dans ses paumes.

Robin et Aalis, impatients, fébriles, l’attendaient sur le rebord. Quand il s’agenouilla pour inspecter son butin, ils se pressèrent dans son dos pour assister à l’ouverture du coffret.

En ce moment l’on peut dire que trois cœurs battaient plus fort qu’à l’accoutumée et certains diront même qu’ils battaient à l’unisson, et nous-même, en écrivant ces lignes, devons reconnaître que l’émotion nous gagne.

Andreas, chancelant, dénoua la lanière qui retenait le couvercle, puis il déboîta celui-ci. Soulevant l’extrémité de l’étui, il fit doucement glisser le rouleau qui était à l’intérieur, et qui était très épais.

Le papyrus – car c’en était un, et il avait un nombre de feuilles considérable – se posa lourdement dans sa main. Avec des gestes délicats, Andreas commença à en dérouler le bord, très légèrement, juste assez pour voir la première ligne manuscrite, mais il s’arrêta aussitôt en voyant que la matière s’abîmait.

Toutefois, en un éclair, il avait eu le temps d’apercevoir le titre, qui était inscrit tout en haut de la première feuille du rouleau, et Robin aussi, derrière lui, l’avait aperçu, et tous deux furent envahis par une grande exaltation, car ces caractères très anciens indiquaient Shatirum lâ-mi’umma.

— Maître ! Vous l’avez trouvé !

Andreas hocha lentement la tête, mais ce n’était pas seulement un acquiescement, c’était le signe de son contentement, de sa félicité, même, et peut-être aussi un moyen de se convaincre lui-même tant la chose était incroyable.

— Vous l’avez trouvé ! répéta l’apprenti, les yeux pleins de lumière.

— C’est vous, mes enfants, qui l’avez trouvé. Tout seul, je ne serais pas descendu sous cette tombe.

— Ha ! ha ! s’exclama Aalis amusée. Soudain je ne suis plus si misérable et si sotte que je l’étais tout à l’heure, n’est-ce pas ?

— Vous êtes deux petits génies, mes adorables.

Robin posa une main affectueuse sur l’épaule de son maître, et en cet instant, ce n’était plus un maître et son apprenti, mais deux amis.

— Bon, intervint la jeune fille. Et maintenant ?

Andreas, avant que de répondre, refit glisser précautionneusement le papyrus dans son étui.

— Maintenant, nous quittons le monastère, comme nous l’avons promis, et nous rentrons chez nous !

— À la bonne heure ! lança Robin. Mais croyez-vous, maître, qu’avant de partir je puisse prendre un rameau de ce buisson ?

— Pour ce qui me concerne, tu peux le prendre tout entier, mon garçon !

L’apprenti enleva ses chausses à son tour, puis, fort impressionné, traversa le bassin, et après s’être signé devant la plante il en ôta délicatement une toute petite branche. Nous devons dire que, ce faisant, il avait les yeux durement fermés et la mâchoire serrée, comme s’il s’était attendu à une horrible catastrophe, une divine punition, mais il ne se passa rien et, glissant le rameau dans sa chemise, il sortit du bassin, non sans s’être signé une deuxième fois.

— Et toi, Aalis ? Tu n’emportes pas un souvenir ?

— Mes souvenirs à moi sont dans ma tête, et ils sont immortels.

L’Apothicaire approuva, puis ils retournèrent tous trois, transformés, vers le petit escalier qui les ramena au dehors, où la nuit était tombée. Là, ils remirent, non sans peine, la pierre tombale à sa place.

— Je vais aller récupérer mes outils et la statuette que j’ai commencée, dit Aalis. Elle est pour toi, Robin, mais il faut que je la finisse.

L’apprenti sourit en voyant la jeune fille aller ramasser ses affaires, puis ils sortirent du cimetière et retournèrent aux jardins, où ils tombèrent sur deux moines de Sainte-Catherine.

— La nuit est tombée ! lança le plus vieux des deux d’un air de réprobation.

— Justement, nous partions ! assura Andreas.

Et de fait, passant de nouveau par le corridor qui s’enfonçait sous l’enceinte du monastère, ils suivirent les caloyers jusque dans leur cellule, où ils prirent leurs sacs, puis de là ils se rendirent à l’endroit dans la muraille où était la nacelle.

Émus – mais pour des raisons qu’ils ne pouvaient confesser – ils firent leurs adieux aux quelques religieux qui étaient là, puis les deux jeunes gens passèrent les premiers. On les fit descendre jusqu’au pied de l’enceinte, puis on remonta le panier au moyen de la poulie.

Andreas se glissa dans la nacelle, mais avant qu’on n’eût le temps de l’envoyer en bas, une voix s’éleva de l’intérieur du couvent qui suppliait qu’on attendît.

Lors, l’Apothicaire vit apparaître au bout de la coursive le frère bibliothécaire, le front trempé de sueur, car il avait couru.

L’homme se pencha vers Andreas et, comme s’il ne voulait pas que ses frères l’entendissent, il lui dit à voix basse et en français :

— Alors, vous l’avez donc trouvé !

Andreas, stupéfait, fronça les sourcils.

— Vous disiez ne pas croire en son existence !

Un petit sourire malicieux se dessina sur les lèvres du vieux moine.

— Contrairement à notre higoumène, qui est bien plus clairvoyant que nous tous, je ne vous savais pas digne de le recevoir.

Andreas sourit à son tour.

— Je ne suis pas encore certain de l’être.

— Je crois que vous êtes un homme meilleur que vous ne voulez le montrer ou l’admettre vous-même. Que la paix soit sur vous, monsieur Saint-Loup ! Mais avant de vous laisser partir, je voudrais vous donner un dernier conseil.

— Je l’écouterai volontiers.

Le caloyer jeta un coup d’œil vers le sac d’Andreas où, il l’avait deviné, se trouvait le long étui de cuir.

— Avant que de le lire, finissez ce que vous avez à faire.

— Que voulez-vous dire ? s’étonna l’Apothicaire.

— Que vous croyiez ou non aux pouvoirs de ce livre, ne le commencez pas que vous n’ayez d’abord tenu toutes vos promesses.

Andreas, d’un air grave, hocha lentement la tête.

— Je… Je comprends la chose que vous me dites.

Et puis on le descendit et alors il éprouva comme un pincement au cœur à l’idée de devoir déjà quitter l’endroit.

L'Apothicaire
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