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La seconde nuit qu’ils passèrent dans le monastère Sainte-Catherine leur fut beaucoup moins douce que l’avait été la première, car tous trois ne purent se défaire de leur grande déception ni de leur inquiétude. En outre, ils savaient qu’il ne leur restait plus qu’une seule journée à passer ici. Avaient-ils vraiment fait tout ce chemin pour ne trouver rien ? L’higoumène s’était-il moqué d’eux ? Devaient-ils maintenant retourner en France avec le goût amer de l’échec ?

Le lendemain matin, toutefois, Andreas réveilla ses deux compagnons pour leur exposer la nouvelle idée que la nuit lui avait portée, elle dont on sait qu’elle porte conseil :

— La situation prétendue sacrée de ce monastère est très théorique, expliqua-t-il. Les moines affirment qu’il se trouve à l’endroit précis du Buisson ardent, mais nous savons combien il est périlleux de prêter trop de foi aux dires des cénobites ! Peut-être le véritable buisson – s’il a existé – ne se trouvait-il pas tout à fait là, et donc, peut-être ne cherchons-nous pas au bon endroit ! Qui sait, il était peut-être au sommet du mont Sinaï, là-haut ? Ou bien un peu plus loin dans la vallée ! Ou même encore plus loin !

— Nous n’allons tout de même pas retourner toute la terre de la péninsule ! répliqua Robin d’un air découragé.

— Non pas, mais nous pourrions essayer de trouver à la bibliothèque quelque information sur la véritable situation du Buisson.

— Voudriez-vous que nous retournions voir le frère bibliothécaire ? Je ne suis pas sûr qu’il nous reçoive avec autant de bienveillance qu’hier ! En outre, s’il y avait dans sa bibliothèque un document invalidant la position supposée du Buisson, vous pensez bien qu’il ne l’y conserverait point !

— Tout orgueilleux qu’il est, je doute que ce caloyer ait réellement lu tous les livres que contiennent ses rayonnages, et je doute aussi qu’il connaisse toutes les langues dans lesquelles ils ont été écrits…

— Prétendez-vous les connaître toutes, vous ? se moqua Aalis.

— Non, mais au moins je sais ce que je cherche… Et cela ne coûte rien d’essayer. De toute façon, nous n’avons guère mieux à faire ! À moins que vous n’ayez une autre proposition ?

— Ne sachant toujours pas lire, j’ai bien peur de ne pas pouvoir vous être d’une grande utilité, avoua la jeune fille.

— Eh bien tu n’auras qu’à enquêter discrètement dans le monastère pendant que nous chercherons dans les livres, suggéra Andreas.

— Enquêter ?

— Oui ! Promène-toi, farfouille, visite les lieux ! Vérifie que nous n’avons rien oublié…

— En somme, vous avez envie de vous débarrasser de moi ?

— En somme.

La jeune fille haussa les épaules.

— Après tout, je serai mieux dehors qu’enfermée avec vous !

— Indubitablement.

Et ainsi, après un modeste déjeuner, ils se séparèrent pour la journée. Aalis partit seule déambuler dans les allées du monastère, observant les us de ses occupants, pénétrant dans toutes les pièces où elle était admise, et Andreas et Robin retournèrent voir le frère bibliothécaire qui, bien sûr, les vit arriver d’un fort mauvais œil.

— J’espère que vous n’êtes pas venus me demander encore quelque information sur ce livre fantasque…

— Comment le pourrions-nous, puisque vous dites qu’il n’existe pas ? rétorqua malicieusement Andreas.

— Tant mieux, tant mieux ! Dans ce cas, que puis-je pour vous ?

— Eh bien, mon apprenti et moi-même aimerions parcourir les ouvrages qui retracent l’histoire du monastère.

Le bibliothécaire fronça de nouveau les sourcils.

— Ne me dites pas que vous espérez y trouver quelque chose sur ce livre ?

— Je vous promets que non ! répondit l’Apothicaire. Nous aimerions savoir comment le Buisson a été découvert.

— Hmmm, fit le caloyer d’un air méfiant. Puis-je vous demander pourquoi ?

— Eh bien… Voyez-vous, improvisa Andreas, je suis apothicaire, et cette plante miraculeuse attire forcément mon attention.

— Vous n’envisageriez tout de même pas d’en faire un médicament ? demanda le moine, perplexe.

Andreas mima un rire ridicule.

— Non ! Bien sûr que non ! J’aimerais étudier non pas ce buisson-là – Dieu m’en préserve – mais son espèce, et j’eusse donc aimé savoir si d’autres buissons similaires – je dis bien similaires, car celui-là est unique, assurément – eussent été découverts ailleurs dans la région. La chose est peut-être relatée dans une chronique…

— J’en doute fort. C’est justement la singularité de ce buisson qui en prouva la divine origine. Mais je vais voir ce que je peux trouver, dit le moine en quittant sa place.

Lors on le vit farfouiller dans les différentes étagères puis déposer plusieurs volumes sur un pupitre, fort éloigné de son bureau (sans doute craignait-il d’être dérangé). Puis, des archives, il sortit d’autres documents encore. Malgré l’antipathie soudaine qu’il avait conçue la veille à l’égard des Français, le frère bibliothécaire était visiblement si fier de sa collection qu’il ne résistait toujours pas à l’envie de la leur montrer ; en outre, son antre avait si peu de visiteurs qu’il était simplement heureux chaque fois qu’il se sentait utile.

— Tenez, voyez si vous trouvez quelque chose là-dedans, dit-il.

Aussitôt, Andreas et Robin – qui savaient que le temps leur était compté – se lancèrent avidement dans leurs recherches. Parcourant les livres chacun de leur côté, ils s’interrompaient par moments pour montrer à l’autre quelque découverte intéressante.

Dans les chroniques qu’ils parcoururent, et qui étaient presque toutes en grec ou en latin, ils constatèrent qu’un débat avait en effet animé les premiers siècles de la chrétienté quant à la situation exacte du mont Sinaï. Dans les premiers temps, nombreux le plaçaient dans le Djebel Serbal, une montagne qui n’était pas très éloignée de celle-ci, d’autres évoquaient plutôt l’ancien volcan de Hala el-Badr, qui était en Arabie, mais l’Église s’accorda finalement sur ce lieu-ci, fondant son affirmation sur la présence insolite d’un buisson en un tel endroit et, plus haut, d’une grotte qui ressemblait fort à celle où Moïse eût séjourné. Le troisième argument utilisé par l’Église pour affirmer qu’ici était bien l’emplacement du mont Sinaï ne put laisser Andreas indifférent : la région était connue pour être victime de nombreux tremblements de terre… Or, justement, l’Exode mentionnait un tel séisme au moment de l’apparition de Dieu sur ce mont : « La montagne de Sinaï était tout en fumée, parce que l’Éternel y était descendu au milieu du feu ; cette fumée s’élevait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence. » L’Apothicaire fit constater la chose à son apprenti.

— Et alors ? Vous croyez qu’il y a un tremblement de terre ici à chaque fois que…

— Je ne crois plus rien du tout, mon pauvre garçon ! Je me contente de constater un faisceau accablant de coïncidences. En revanche, je trouve l’argumentation de l’Église assez faible dans sa tentative de démontrer qu’ici se fût vraiment trouvé le mont Sinaï de la Bible… La manœuvre manque de rigueur historique.

Robin hocha la tête et ils se remirent à chercher.

Après un long moment, Andreas arriva au bout de la pile de volumes qu’il avait devant lui et, comme il n’avait rien trouvé de plus probant, il eut soudain une idée qui, certes, ne lui apporterait pas plus d’informations sur le Buisson, mais lui donnerait peut-être une indication néanmoins capitale. Abandonnant Robin qui, lui, était toujours plongé dans ses livres, il retourna voir le caloyer à l’autre bout de la pièce.

— Excusez-moi, frère bibliothécaire, mais conservez-vous un registre avec la liste des pèlerins qui visitent votre abbaye ?

— Naturellement ! répondit le moine, qui avait finalement retrouvé sa bonne humeur de la veille. Chaque visiteur est même invité à y laisser un petit mot et sa signature. S’il sait écrire, évidemment.

— Est-il possible de le consulter ?

— Mais bien sûr ! Et, bien que l’higoumène m’ait dit que vous n’étiez pas ici en pèlerinage, je veux bien faire un petit écart et vous laisser y mettre un mot à votre tour.

— C’est trop aimable.

Le frère bibliothécaire se leva de nouveau et alla chercher le registre, qui était rangé du côté des archives.

— Il n’y a qu’un seul volume ? demanda Andreas, surpris.

— Oh ! oui ! Vous savez, nous n’avons pas tant de visites que cela. Il se passe parfois six mois sans que personne vienne nous voir.

L’Apothicaire posa le registre sur un pupitre et commença à le feuilleter.

Il ne remontait pas plus loin qu’au XIe siècle, mais c’était déjà fort instructif : on y pouvait voir le jour d’arrivée, la provenance et la destination de tous ces voyageurs, dont la plupart étaient français, italiens, espagnols et anglais, et certains y laissaient même quelque impression.

Andreas en lut plusieurs au hasard.

 

« Robert de Boyeus, marchand français, venant d’Égypte et se rendant au mont Liban, à Constantinople et de là en Perse, vingt et unième jour d’avril de l’an 1134. »

 

Puis, plus bas, en castillan :

 

« Le neuvième jour de septembre 1148 sont arrivés ici Simón Ruiz, de Tolède, et Jose Vázquez, de Cáceres. »

 

Plus bas encore :

 

« Maître Hubert de Lille, clerc français, est arrivé le septième jour de mai 1189 pour visiter cette prodigieuse contrée. Son projet était de monter après sur le mont de Moïse, mais les grandes fatigues qu’il a supportées et la mauvaise eau qu’il a bue dans le désert l’ont rendu tellement malade qu’il ne pourra quitter le monastère que quand ses forces lui seront revenues. »

 

Quelques pages plus loin, en anglais :

 

« Ici j’ai reçu la plus douce hospitalité et lu le Décalogue sur le point le plus élevé où l’on dit que la Loi fut donnée à Moïse. Thomas D. Noton, de Londres, treizième jour de mars de l’an 1225. »

 

N’y tenant plus, l’Apothicaire tourna rapidement les pages pour trouver la partie qui l’intéressait : Juan Hernández Manau avait affirmé, lors de leur étrange entretien à Burgos, que la personne auprès de laquelle Andreas eût appris son métier, à Compostelle, cette personne qui eût disparu de son souvenir, donc, était soudain partie en voyage en janvier 1297, laissant son apothicairerie à son apprenti. Si, comme Andreas le pensait, cette personne était venue ici chercher le livre, elle fût donc probablement arrivée aux environs de mars 1297.

De fait, après avoir fouillé dans le registre, ébahi, l’Apothicaire trouva ce qu’il avait prédit (nous n’osons dire « espéré ») : entre deux autographes, l’un daté de février 1297, et l’autre de mai, il y avait un grand vide. Un espace blanc dans lequel, sans doute, un texte eût dû apparaître.

Andreas, aussitôt, apostropha son apprenti :

— Regarde ! Comme dans le registre de l’hôpital d’Étampes !

— Une preuve de plus ! s’exclama Robin, fasciné.

— Oui… Et regarde, il y en a d’autres avant ! Ici un premier en 1044, et là un second en 1127. Je suis sûr qu’en y regardant de plus près nous en trouverions plusieurs.

— À chaque blanc correspondrait une personne venue ici et qui eût ensuite disparu en lisant le livre ?

— C’est ce que cela laisse penser, n’est-ce pas ? Prodigieux ! Mais cela ne nous donne toujours pas d’information sur ce maudit buisson. As-tu trouvé quelque chose, toi ?

— Non, maître. J’ai épluché tout ce que j’avais, et je ne trouve aucun document qui donne une indication précise sur la situation du buisson, ni sur sa découverte.

L’apothicaire fit une moue de désappointement.

Prenant une plume, il tourna le registre à la dernière page manuscrite et y inscrivit un petit texte à son tour :

« Le septième jour de juillet de l’an 1313 sont arrivés ici Andreas Saint-Loup, apothicaire à Paris, Robin Messonnier, son apprenti, et Aalis Nouet, de Béziers, non pour le mont Sinaï, mais dans un but d’utilité. »

Avec aux lèvres une espèce de petit sourire, il apposa sa signature et rapporta le registre au frère bibliothécaire.

— Avez-vous trouvé quelque chose dans tous ces documents ? demanda celui-ci.

— Nous avons trouvé de nombreuses choses, répondit poliment Andreas, mais pas tout à fait ce que nous cherchions.

— Je vois… Je dois reconnaître qu’hier je me suis peut-être trompé à votre sujet : votre détermination vous honore, tout comme vous honore votre amour de la chose écrite. De mon côté, j’ai réfléchi : il y a peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. Suivez-moi.

L'Apothicaire
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