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Ce fut donc au soir du vingtième jour de juin de l’an 1313 qu’Andreas, Robin et Aalis débarquèrent sur la côte sablonneuse et déserte de la péninsule du Sinaï.

Cette région qui, jusqu’au VIIe siècle, avait appartenu à l’Empire romain d’Orient, était devenue un territoire sarrasin après sa conquête par les armées arabes de ‘Amr ibn al-’As, général envoyé par Mahomet. Pendant les premiers siècles du christianisme, cette terre, ayant été identifiée comme l’endroit où Moïse eût reçu les Tables de la Loi, avait été un haut lieu de foi et de construction, et les Sarrasins l’avaient donc trouvée couverte d’églises et de monastères. Mais quand Andreas, Robin et Aalis traversèrent le pays, tout ceci avait disparu, et seul le monastère de Sainte-Catherine, irréductible, avait survécu, avec ses deux cents moines – qu’ici on appelait caloyers – et l’on verra plus tard de quelle manière.

Sur la côte nord de la péninsule, Andreas – qui, comme on l’a déjà dit, grâce aux grands médecins arabes qu’il avait étudiés, avait quelques notions de la langue que l’on parlait ici – trouva un groupe de trois Bédouins qui, pour une somme raisonnable, acceptèrent de les guider dans le désert jusqu’au sud de cette langue de terre, où devait se terminer leur long voyage.

On prêta à chacun d’eux un dromadaire, que les gens du pays appelaient « navire du désert » : c’était d’élégantes montures, hautes et gracieuses, au poil très clair, presque blanc, richement harnachées et qui, pour l’occasion, avaient la bosse recouverte d’une housse de velours. Ainsi, le matin qui suivit leur arrivée, nos trois compagnons partirent avec cette étonnante caravane de Bédouins, chargés de tentes, de tapis, d’outres pleines d’une eau bien rare en ces lieux, de nourriture pour les hommes et de fèves pour les animaux. Andreas, quant à lui, avait emporté un sac plein de drogues et de plantes médicinales qu’en homme prévoyant il avait pris le soin d’acheter à Alexandrie.

La traversée du désert dura quinze jours, qui furent à la fois merveilleux et éprouvants, car si le climat de ce pays y a forgé des décors somptueux, il est aussi un défi de taille pour le voyageur inaccoutumé.

Les Bédouins, qui n’étaient pas avares en conseils, amusés par les maladresses de ces étrangers, eux-mêmes vêtus de tuniques de laine sans manches, à raies brunes et blanches, et de turbans rouges, leur recommandèrent dès le premier jour de ne point trop s’animer afin d’économiser l’eau de leur corps et ne pas souffrir de la chaleur, mais surtout de ne laisser aucun bout de peau qui fût exposé aux puissants rayons du soleil. Malgré cette judicieuse mise en garde, Andreas dut soigner avec de l’huile de millepertuis les brûlures qui avaient envahi le premier soir les peaux blanches des deux jeunes adolescents, mais qui l’avaient épargné, lui dont on se souvient qu’il avait le teint mat. En effet, le lecteur n’a certainement pas oublié cette coïncidence troublante, car à en croire la découverte que fit Charles de Valois, la mère d’Andreas (bien que lui-même l’ignorât) était native de la Nubie, laquelle se trouvait non loin de là, au sud de l’Égypte, sur la rive ouest de la mer Rouge…

Tout le jour, ils foulaient cette terre aride et baignée de lumière, et alors tout autour d’eux était gris, fût-ce d’un gris blanc, foncé ou clair, mais tout était toujours gris, disons-nous, hormis bien sûr la mer à l’horizon, dont les flots étaient du plus bel azur. Dans les premiers temps ils franchirent de douces collines de sable qui se succédaient à perte de vue, parsemées çà et là de rares broussailles, de quelques palmiers et de quelques tamaris, puis les montagnes apparurent à l’horizon, le sable se teinta de rose, et alors ils s’enfoncèrent dans un décor de granit.

Dans ce désert où tout était nu, tout était stérile, où nul vie ne semblait pouvoir surgir, l’apparition d’un animal était toujours une sorte d’enchantement, une anomalie réjouissante, fût-ce un oiseau perdu, un improbable troupeau de gazelles, ou même ces serpents et ces lézards que l’on voyait le soir, ces chacals et ces hyènes qu’on entendait la nuit.

En chemin, Andreas ne se priva guère de ramasser les plantes et épices qu’il pouvait inscrire à sa pharmacopée : les gentianes qui poussaient là, les figues, le ricin, le safran, le styrax, l’armoise et le tanecetum qui embaumaient la route, et surtout l’hysope, qui avait la faveur des Bédouins pour lutter contre les infections et qui était justement mentionnée dans le livre de l’Exode.

Parfois ils croisaient aussi quelque habitation, quelque campement, et toujours ils étaient accueillis par le sourire curieux des habitants du désert, qui vivaient à moitié nus, et les enfants tout à fait, avec leur ventre gros, et il y avait dans leurs yeux entourés de ces mouches qu’ils ne prenaient pas même la peine de chasser une mélancolie et une fierté qu’Andreas n’avait jamais vues ailleurs, sinon peut-être dans le regard de Magdala, dont le souvenir le hantait encore.

Plus ils avançaient sur ces chemins pierreux, plus le sol s’élevait autour d’eux, et alors les dromadaires devaient se faufiler entre les passages escarpés, dans les gorges étroites où leurs pattes glissaient à chaque pas sur les cailloux arrondis. Mais les bêtes, qui pourtant portaient tout, semblaient moins fatiguées que les hommes.

Le soir, ils installaient leurs tentes à l’ombre de rochers de granit, si possible aux environs d’un puits ou d’un peu de végétation. Lors, les Bédouins leur faisaient à manger – on comptait parmi leurs spécialités un plat délicieux qu’ils appelaient kharouf mehchi et qui était du mouton cuit sous la braise, agrémenté de pistaches et d’amandes – et partageaient avec eux bien plus qu’un repas. Échangeant leurs coutumes, s’ouvrant à la culture de l’autre, tout ce petit monde s’amusait à se découvrir car, de fait, rien n’est plus enrichissant que la différence.

Un soir, ils participèrent même à un rituel très particulier, dont Andreas avait entendu parler mais auquel il n’avait jamais assisté : les Bédouins mirent dans une pipe en bois des petits blocs de couleur brune qu’ils avaient obtenus en raclant la résine qui couvre les feuilles et les fleurs du chanvre. On avalait la fumée de la pipe par plusieurs inhalations courtes, puis on la passait à son voisin. La substance, comme l’avaient expliqué les Bédouins, produisait des effets relaxants, euphorisants, et favorisaient l’introspection. Ces effets furent plus grands sur les deux adolescents que sur Andreas, à qui ils rappelèrent ceux que lui avaient donné ses premières prises de diacode, à l’époque où le looch agissait encore pleinement sur lui. Toutefois, ce soir-là, Robin et Aalis rirent bien plus qu’à l’accoutumée et ils dormirent plus profondément que les autres nuits, sans être réveillés par les bruits de leurs hôtes.

En effet, la nuit, les Bédouins faisaient délibérément du chahut pour faire savoir aux voleurs – il y en avait quelques-uns dans ces contrées désertiques – qu’ils étaient éveillés et en grand nombre.

Et puis, enfin, à l’issue du quinzième jour, après avoir franchi moult collines calcaires qui se chevauchaient comme des vagues sur une mer de tempête, après s’être avancés dans la chaîne de montagnes granitiques dont les sommets se perdaient dans les nues, ils arrivèrent, épuisés mais heureux, sur un haut plateau qui se refermait comme un amphithéâtre. Là, le monastère millénaire, citadelle de pierres jaunes, mirage au milieu du rien, se dressait fièrement au pied du mont Sinaï, le long duquel les derniers rayons du soleil ruisselaient comme autant de cascades argentées.

Nous ne saurions dire avec justesse l’émotion qui envahit alors nos trois héros, car ici était le terme de leur voyage, ici était la promesse d’une réponse tant attendue, pour laquelle ils avaient parcouru le monde, vaincu des ennemis et perdu des amis. C’est dans un silence éloquent, d’ailleurs, qu’ils admirèrent ce lieu dans la lumière orangée du crépuscule.

Le mur d’enceinte, épais, austère, carré, élevé en gros blocs de granit, était soutenu par de larges contreforts qui lui donnaient l’apparence d’une forteresse flanquée de tours et de bastions. De la même couleur que le sable qui l’entourait, tremblant dans les vapeurs vacillantes du soir, on eût dit un vaisseau fantomatique qui se fût soulevé du sol. Ici et là, l’enceinte était abîmée, et de loin on entendait des bruits de marteaux heurtant la pierre qui laissaient penser que, de l’intérieur, on la réparait encore. De cette muraille n’émergeait qu’une seule construction, et c’était un minaret, car le monastère abritait aussi une mosquée.

En face de la façade ouest du couvent, des murets en pierres sèches encerclaient un grand jardin dont la splendeur verte semblait purement miraculeuse dans ce désert, et au nord de ce jardin était un cimetière, dont on apercevait les tombes au milieu de hauts cyprès.

Tout autour de l’édifice, lequel était placé sur un terrain en pente, on voyait errer des Bédouins en guenilles, attirés là par la charité des moines qui, chaque jour, leur faisaient descendre des vivres par les murs du monastère.

Mais une chose, d’emblée, étonna vivement Andreas et ses compagnons : nulle part, sur la principale façade du bâtiment, qui était vers l’orient derrière le jardin, ils ne virent d’ouverture.

— Où est la porte ? demanda Andreas au chef des Bédouins qui les avaient accompagnés.

— Il n’y a pas de porte, répondit l’autre en souriant.

Andreas fronça les sourcils.

— Comment entre-t-on ?

Pour toute réponse, l’homme se contenta de tendre le doigt vers le sommet de la muraille. Andreas, plissant les yeux, aperçut alors une large corbeille attachée au bout d’une corde, laquelle passait par une poulie.

— Incroyable !

En ce temps, la seule porte du monastère avait été murée, et tout ce qui entrait à l’intérieur des murs – les hommes comme les provisions – était hissé par le moyen de cette corde. Ainsi le couvent se préservait des intrusions, coupé du monde, inviolable, aussi imprenable même que l’eût été Troie sans ce grand cheval de bois imaginé par Ulysse. Quant au jardin, on y accédait par un souterrain secret dont les deux bouts étaient clos.

Tel était donc le secret du monastère Sainte-Catherine pour avoir survécu si longtemps en terre hostile !

Mais pour dire l’entière vérité, cette manœuvre, seule, n’eût peut-être point suffi : il fallut aussi compter sur l’astuce des moines pour protéger l’endroit.

Assurément, pour subsister et continuer d’offrir l’hospitalité aux pèlerins, les moines de Sainte-Catherine – les caloyers – durent moult fois composer avec les Sarrasins : ils affirmèrent notamment que le prophète Mahomet lui-même avait jadis séjourné en ces murs et garanti à leurs occupants quelque privilège, ce qu’ils prouvèrent en produisant un manuscrit signé de sa main. De même, les religieux firent construire au Xe siècle cette mosquée à l’intérieur du monastère pour éviter que les hommes du calife Al-Hâkim ne le détruisissent, comme ils en avaient reçu l’ordre. Enfin, ils effectuaient chaque jour des distributions de vivres, pain, huile et farine, pour s’attirer la bienveillance des Bédouins, et ils payaient certains pour entretenir le jardin.

Mais la porte, elle, restait toujours murée.

— Eh bien, demanda Robin perplexe, comment allons-nous faire, maintenant ?

— Je suppose que nous devrions aller au pied de cette poulie, répondit Andreas.

— Et après ?

— Ma foi, il semble qu’il serait indiqué de se présenter, comme on le fait quand on a quelque éducation. Mais il va falloir que je rafraîchisse un peu mon grec…

— Votre grec ?

— Oui. Le monastère de Sainte-Catherine dépend du patriarcat de Jérusalem, Robin, et au sein de celui-ci, on parle le grec. Mais au moins, cette fois, c’est une langue que tu connais un peu, mon garçon !

— Un peu, répéta l’apprenti en grimaçant.

— Et moi, je ne vais encore rien comprendre ! se plaignit Aalis.

L’Apothicaire demanda aux Bédouins de dresser un camp et de les attendre ici au cas où ils ne pourraient entrer le soir même dans le monastère, puis nos trois compagnons grimpèrent ensemble les marches qui longeaient le jardin jusque devant la façade orientale de l’imposant édifice. Là, au-dessus de l’ancienne porte murée, un verset des Psaumes était gravé dans la pierre qui, en grec, disait : « C’est là la porte du Seigneur, et les justes y entreront. »

— Reste à savoir si l’un d’entre nous, au moins, est juste, plaisanta Andreas. Moi, j’ai vécu toute ma vie dans le péché, et toi, Aalis, tu as aussi beaucoup à te faire pardonner, si je me souviens bien. Mon brave Robin, je crois que tu vas entrer seul ici.

— Ne dites pas de bêtises, Andreas ! On nous regarde !

L’Apothicaire leva la tête et aperçut en effet le visage d’un caloyer, coiffé de ce bonnet cylindrique sans bord, que l’on appelle kamilavkion et que portent tous les religieux dépendant du patriarcat de Jérusalem.

— Que voulez-vous ? leur cria le moine dans sa langue, et d’une voix peu amène.

Pris de court, Andreas dut improviser.

— Nous sommes des pèlerins venus de France et nous demandons l’entrée du monastère ! lança-t-il en collant la main près de sa bouche pour que sa voix porte plus loin.

— Avez-vous une lettre de recommandation de l’archevêque du Sinaï ou du patriarche de Jérusalem ?

L’Apothicaire grimaça.

— Non.

— Alors vous ne pouvez pas entrer.

Et avant qu’Andreas eut pu insister, le caloyer avait disparu derrière la muraille.

— La chose eût été trop belle, grommela l’Apothicaire.

— Ne pouvez-vous pas forger une lettre, comme vous le fîtes à Compostelle ?

— J’ai bien peur que ces moines érudits soient bien plus difficiles à tromper que le chanoine de Saint-Jacques. En outre, je viens de lui confesser que nous n’avions pas de lettre.

— Il fallait y penser avant ! intervint Aalis, et Andreas lui adressa aussitôt un regard fâché.

— Qu’allons-nous faire ? demanda Robin. Nous n’allons tout de même pas renoncer après tant d’efforts !

— Bien sûr que non, sombre idiot ! Nous allons prendre le temps de la réflexion, comme il se doit. Avec un peu de chance, un groupe de pèlerins se présentera ce soir et nous nous mêlerons à eux.

Mais aucun pèlerin ne vint ce soir-là, et nos trois Français, dépités, passèrent une nuit de plus parmi les Bédouins.

L'Apothicaire
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